Suite du RP Gravité (http://hentai.forum-rpg.net/index.php?topic=8897.0)
Mercredi, manoir Warren
12h10
Une semaine après la visite d’Hitomi au manoir WarrenChère Madame,
Comme d’habitude, je vous écris cette lettre pour vous parler de la semaine de votre fille. J’ai bon espoir que vous recevrez ces quelques informations Vendredi. Comme d’habitude, j’ai également joint à ce courrier un CD comprenant une vidéo montrant votre fille en train de jouer, de rire, et de prendre un repas. Ont été également joints une photocopie de sa dissertation de philosophie et d’une interrogation de mathématiques, qui confirme bel et bien que votre fille est plus intéressée par la réflexion abstraite que la logique cartésienne.
Cette lettre est porteuse de bonnes nouvelles. Comme je vous l’avais informé Mercredi dernier, votre fille continuait à manquer volontairement plusieurs cours, notamment les enseignements d’anglais. Ces raisons, indépendantes de votre volonté, commencent à se résoudre, et, bien que je comprenne vos interrogations à ce sujet, il m’est impossible de tout vous révéler pour le moment. Soyez assurée que votre fille est en train de se reprendre en main, et dispose à cet effet de tout un cercle d’amies prêtes à la soutenir dans les moments difficiles.
En revanche, je me dois aussi de vous informer de plusieurs problèmes qui me préoccupent. Les blessures et cicatrices au dos de votre fille se sont encore rouvertes, et ce malgré mes pansements. Cette dernière refuse de se faire hospitaliser, et je pense devoir bientôt prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à ces souvenirs d’un passé que, ni elle, ni vous, ne souhaitez raviver. Je tiens néanmoins à vous rassurer, et à vous certifier, comme les vidéos le montreront, que, malgré ces quelques blessures, votre fille est sereine, et fait preuve d’une vigueur et d’un entrain d’esprit qui sont très contagieuses. Elle est un peu le pilier de ma petite entreprise, et la voir ainsi me comble personnellement de joie.
Conformément à votre requête, j’ai tenté de lui parler de vous, mais, à la simple mention de votre nom, cette dernière s’est rétractée, et a refusé d’en entendre parler. Bien que je ne doute nullement de vos bonnes intentions, et de votre volonté de renouer avec votre ville, je suis toujours en réflexion sur votre proposition.
Bien cordialement.
C’était la lettre classique. Mélinda la contemplait silencieusement, hésitant à choisir quelle lettre elle devrait mettre dans l’enveloppe. Elle se mordilla les lèvres, en pleine réflexion, et contempla la nouvelle, celle qui avait germé dans son esprit quand Hitomi était venue la voir, il y a une semaine. Celle-là était plus audacieuse, plus originale, mais aussi plus risquée.
Chère Madame,
J’ai longuement réfléchi à votre proposition d’une rencontre, afin de vous permettre de revoir votre fille. J’ai soigneusement pesé le pour et le contre des implications et des conséquences d’une telle décision, et j’ai finalement consenti à accepter ceci. Comme vous avez du le constater, cette lettre, contrairement aux autres, ne contient aucun fichier joint. Je compte en effet vous remettre en mains propres ces éléments, et éventuellement vous permettre de revoir votre fille.
Je me tiendrais à disposition aujourd’hui même, à 18h, au café Dwanzig. C’est précisément celui où vous travaillez en tant que serveuse. J’espère vous y voir.
Bien cordialement.
Cette seconde lettre était bien plus courte, car Mélinda avait tout simplement eu moins de choses à mettre. Elle contempla les deux, l’enveloppe, et se titilla les lèvres. Habituellement, elle chargeait l’un des agents de la Sombra d’aller poster cette lettre depuis Tokyo, de manière à ce que la femme en question ne puisse pas remonter jusqu’à elle. Mais ce petit jeu épistolaire qui durait depuis des mois commençait à la fatiguer. Et elle avait justement l’occasion d’y mettre un terme. Grâce à Hitomi. La prof’ avait bel et bien dit qu’elle serait toujours disponible pour elles. Il était justement temps de le prouver. Mélinda consulta sa montre. 12h11. Hitomi était en route. Elle lui avait envoyé un message à 11h55, vers la fin de son cours, sur son téléphone portable. Un message court et simple :
« J’ai besoin de toi. Tu peux passer rapidement, stp ? Je t’offrirais à manger.
M. »
M. pour «
Merci », M. pour «
Mélinda ».
L’accusé de réception avait confirmé que le message était bien arrivé, et, depuis, Mélinda attendait, nerveuse et inquiète. Si Hitomi ne venait pas, elle devrait envoyer la lettre classique. Et ce n’était pas vraiment ce qu’elle souhaitait. A vrai dire, Mélinda ne savait pas du tout ce qu’elle souhaitait, car elle se retrouvait ici face à un problème insoluble pour elle, un problème qu’elle n’avait jamais pu connaître, et qu’elle se prenait de plein fouet, maintenant qu’elle avait une fille. Ce problème était cauchemardesque, et le fait d’avoir Akira à domicile lui avait justement rappelé de la manière la plus désagréable possible l’existence de ce souci.
L’amour entre une mère et sa fille. Entre Clara et sa mère. Avec Mélinda qui se tenait en plein milieu.