Le Grand Jeu

Plan de Terra => Territoire de Tekhos => Prison Eternum => Discussion démarrée par: Enora le samedi 12 novembre 2011, 18:11:14

Titre: Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le samedi 12 novembre 2011, 18:11:14
_Allez avance, bordel, avance !

Enora titubait, traînant la patte, encore toute endormie par les calmants et autres sédatifs qu'on lui injectait continuellement depuis sa capture. La riposte des gardes fut rapide et efficace : d'un mouvement du poignet, ils la firent basculer sur le dos et la traînèrent comme un vieux sac jusqu'à l'entrée de sa cellule, où ils la jetèrent. Gémissant au contact du sol, la ESP.er réussit finalement à monter sur l'un des deux lits à la force de ses bras, lit sur lequel elle s'allongea. Elle avait la bouche pâteuse et si mal au crâne...
Les gardiens n'avaient pas même pris la peine de lui donner les vêtements carcéraux, ils lui avaient juste ôté ses armes.
Quelle connerie... Tout ça pour une histoire de combat... Le problème quand on est aussi réputée pour tuer un peu tout le monde, c'est que le nom vient vite aux oreilles de Hommes de lois, du coup, il suffit d'un peu de malchance... Et Enora n'était pas réputée pour être très chanceuse.

Tout avait pourtant bien commencé : une petite présomptueuse avait osé essayer de piquer l'homme que la jeune femme avait mis sous sa coupe pour la soirée, cette petite salope s'était enorgueilli et avait carrément défié Enora en combat "d'égale à égale", pour voir si elle était réellement digne de sa réputation... Est-ce que c'était sa faute si cette bécasse maniait aussi bien une arme blanche qu'une poule, un couteau ? Et était-ce de sa faute si cette grognasse s'était d'elle-même empalée sur sa lame ? Au moins... elle se serait faite empaler, peut-être pas par ce qu'elle aurait souhaité mais...!
Enora eut un rire pour elle-même, elle adorait voir ce genre de personne crever pour leurs bêtises, après tout, c'est eux qui le cherchaient... jamais elle.
Non, tout cela avait été plaisant, réellement plaisant...
Le problème c'est qu'il y avait une putain de flic là... Dans ce même bar et que, évidemment, quand elle avait entendu le nom d'Enora, quand elle l'avait vu tuer cette bonne femme... Bien sûr, ça a conforté tout ce qu'elle avait pu entendre sur cette folle meurtrière, cette "Dame Cruauté", ce qu'elle avait fait à son oncle, à ces hommes... On ne fait pas justice soi-même, à ce qu'il paraît.
Alors, hop, sédatif, arrestation, et maintenant... cette cellule... Une liste de meurtre longue comme le bras, des faits de tortures, de crimes odieux... Ah ! Oui, on ne s’ennuierait pas au procès...

Enora ferma les yeux, sa tête était si lourde, si lourde...

Lorsqu'elle s'éveilla, le soleil était déjà haut dans le ciel. Il devait être près de midi. Se redressant, elle constata avec joie que son mal de crâne et son engourdissement étaient partis. Souriant cruellement, elle regarda tendrement les barreaux de sa cellule...


_A nous deux...!

Mobilisant ses pouvoirs, elle les envoya exploser contre lesdits barreaux... sur lesquels ils rebondirent pour venir la cueillir au ventre avec un craquement sinistre. Elle hurla de douleur au moment de l'impact, alors que sa tête venait heurter le mur du fond. Étendue sur le sol, elle passa une main sur le haut de son ventre : elle s'était brisée deux côtes.

_Oh c'est pas vrai... Ha !

Fermant ses yeux, elle réussit à les remettre en place par la force de son pouvoir. Vraisemblablement, elle n'avait rien d'abimer, comme organes... Mobilisant encore ses forces, et faisant fi de sa douleur, elle ressouda ensemble ses os.
Elle poussa un long soupir. Au même moment, un gardien passa devant sa cellule, goguenard :


_He, ma belle, ils sont beaux nos barreaux, n'est-ce pas ? Amuse-toi bien avec eux, ils sont équipés contre tes petits sorts... Amuse-toi, après tu testeras le mien !

Il eut un grand éclat de rire avant de passer son chemin, évitant de fait le crachat que lui destinait Enora. Quelle pourriture... !

Elle balaya la pièce des yeux : deux lits face à face, dans un coin, derrière un rideau, elle distinguait des toilettes avec un lavabo, une petite table de chevet, deux lampes au-dessus de chacun des lits, ainsi qu'une grande, au plafond, certainement reliée au système général d'extinction des feux.


_Eh bien c'est... cosy...

Elle s'allongea sur son matelas, fermant une nouvelle fois les yeux. La douleur de ses fractures précédentes était toujours là, mais elle commençait à se calmer, de toutes façons, elle avait l'habitude de la douleur... Elle sourit tendrement. Elle revoyait Gwenaëlle...

_Petite soeur... je ne mourrais pas, je te le jure, pas ici... Je t'aime...

Pour la seconde fois, elle sombra dans le sommeil.



_Hé, belle au bois dormant, réveille-toi !

L'injonction, brutale et sonore, tira la jeune femme de sa léthargie, elle se dressa sur ses pieds, s'approcha des barreaux.

_T'approches pas trop, princesse, tu risquerai d'entrer en contact avec le champ magnétique mis en place pour contrer tes pouvoirs. Bref. Ma belle, tu vas avoir un copain de cellule.

_Un ? Un copain ?

_Ouais, les cellules des hommes sont pleines, alors on va te le refourguer... Fais pas la tête, il nous restera toujours du temps, rien que toi et moi. Hahaha !

De même que l'autre chiure, il s'éloigna sans jeter un regard à la prisonnière.

_C'est pas vrai, bon sang...

Avec un grand cri elle balança ses poings sur les murs, avec une telle force qu'elle y creusa deux trous. De rage, elle se rendit dans la "salle de bain", tirant le rideau. Elle ôta son haut, scrutant son reflet dans le miroir. Ses yeux traduisaient sa panique, sa haine, sa folie... Un monstre. Elle rit. Se retournant, elle passa une main songeuse sur sa cicatrice, dans son dos... Un doux sourire se dessina sur ses lèvres. Mine de rien, elle regrettait ces quelques jours de torture qu'elle avait fait subir à son oncle et ces connards... C'était si... beau.
Entendant des pas dans le couloir, elle se rhabilla prestement et repassa dans la cellule. S'asseyant sur son lit, elle sentit quelque chose de dur sous ses fesses : ses cigarettes ! Joie ! Elle en alluma une, vrillant son regard bleu-vert vers la porte de la cellule, attendant que son compagnon d'infortune franchisse la porte.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le samedi 12 novembre 2011, 21:49:31
"Et notre Divin fit alors un Sacrifice. Il extirpa de ses cuisses ses propres fémurs et les plaça au milieu du cercle qu'il avait tracé de Son propre sang."

Il sentit un coup derrière sa tête. Visiblement son "escorte" était agacée des citations qu'il leur servait toutes les deux minutes, citations tirées d'écrits qu'ils ne connaissaient pas. Une voix rude dans son dos lui demanda gentiment de fermer sa grande gueule et de continuer d'avancer. Ils étaient énervés car il les avait traités d'ignorants, et les ignorants sont hostiles. Les gardes avaient fini par conclure que le nouveau détenu était fou. Pieds et poings liés, il avançait dans le couloir sombre en devisant et en raillant les hommes qui le conduisaient à sa cellule. Il avait reconnu sur ses jolis bracelets des gravures qui scellaient son mana dans son corps. Au moins, il n'y avait plus de flamme sur son bras. Mais il n'y avait plus la possibilité de tout faire péter. S'il était là, c'est parce qu'il avait été trop sot pour faire fi de ses principes.

En plus, ce n'était pas vraiment sa faute. Comme s'il avait pu prévoir que la meute de dragons le suivrait à l'odeur après qu'il ait tué le patriarche? Comme s'il avait pu savoir d'avance que les bestioles le suivraient jusqu'à Tekhos? Bon, d'accord, au final l'incendie qui s'était déclaré, et les immeubles qui s'étaient écroulés, c'était sa faute. Mais il fallait bien s'en débarrasser de ces lézards là non? En plus elle était belle l'armée du bled, à intervenir seulement une fois qu'il avait rétamé le dernier dragon! Bon, c'était marrant quand même, la cohorte de soldats qui sortait de nulle part pour l'encercler alors que les bâtiments continuaient de se péter la gueule juste derrière. Vu l'arsenal déployé, la tentative de fuite se serait soldée par des tirs qui auraient détruit une grande majorité de ses cellules. Et à ce qu'on lui avait dit, quand un Dieu est réduit à l'état de petites cellules en suspension, il met plusieurs mois à guérir. C'était un peu chiant. Mais ce n'était pas dans ses habitudes de faire du mal aux demoiselles. Enfin pas aux Mortelles. Pas en faisant exprès. Alors il avait mis ses mains derrière la tête en souriant et en abdiquant devant cette bonne centaine de jolies filles surentrainées. Il n'avait pas prévu que l'interpellation soit aussi violente, mais on passera les fantasmes de Kyô sous silence pour cette fois.

Vu qu'il n'avait pas les quelques soixante millions de pièces d'or nécessaires aux réparations et pour les familles des victimes, et qu'il avait refusé d'obtempérer en taisant tout simplement son nom, on n'avait pas attendu longtemps pour le coller 250 ans au trou, sans procès.

Ils atteignaient sa nouvelle cellule. Un des gardes sortit une clé et la tourna dans la cellule, alors que deux autres lui mettaient une lame sous la gorge. Il y avait deux autres gardes aussi, pointant leurs arbalètes au travers des barreaux. La cellule était déjà prise? Le garde adressa un sourire à Kyô en ouvrant la grille.

"Ta nouvelle colocataire t'attends!"

Le Dieu eut un haussement de sourcils. Il allait être enfermé avec une femme, et il n'était même pas capable de se faire des bandelettes pour voiler le haut de son corps. Bonjour la pudeur. Mais bon, il ne rechignait pas, et avança avec la mine triste d'un prisonnier, alors qu'il exultait de joie intérieurement. Il n'osait pas tourner la tête pour regarder à l'intérieur avant d'entrer. Il s'arrêta sur le seuil, regardant la codétenue. Ouf, elle est pas moche! Un nouveau coup derrière la tête avec un "allez avance!", et il était forcé d'entrer, de s'approcher. Pas moche du tout en fait! La porte se refermait derrière lui, il tourna la tête par-dessus son épaule et regarda celui qui aimait bien le frapper, avec un sourire narquois.

"Ah je vois, le gros connard là c'était juste pour le trajet, ensuite on me laisse avec la lady?"

Le concerné renforça sa prise sur son arme, déglutissant et fronçant les sourcils. Selon lui, le nouveau ne tiendrait pas longtemps.

"T'aurais au moins pu me détacher les pieds, gros babouin!"


Le type vira au rouge, et ses collègues l'emmenèrent. On entendit leurs pas s'éloigner, il s'adossa aux barreaux et leva deux doigts en V en guise de salut à la jeune femme. Il soutint son regard, les yeux dans les yeux. Des yeux vairons! Jackpot! Il brisa le silence qui venait à peine de s'abattre avec un "Yo!" espiègle pour accompagner son geste.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le samedi 12 novembre 2011, 22:26:26
L'énergumène qui allait lui servir de compagnon de cellule était... pathétique. Maigrelet, torse nu, à l'allure nonchalante, il ne semblait n'avoir aucune manière en vérité. Par contre, il avait très certainement une grande estime de lui. Une espèce de séducteur. Un dragueur des plages au sourire freedent.
Enora le scrutait d'un oeil à la fois moqueur et méprisant. D'ailleurs, cela ne manqua pas. Il lâcha un "yo" avec un sourire pseudo séduisant, et faisant ce signe qui lui avait toujours échappé, avec ses doigts.
Il était réellement présomptueux, il avait suffi de l'entendre parler aux gardes pour s'en rendre compte, au-delà de sa dégaine. Il... répugnait Enora.
Levant un sourcil d'un air vaguement interrogatif, elle sourit grandement, une idée naissant dans son esprit : elle ne pouvait approcher des grilles, ni lancer quoi que ce soit dessus, en revanche, elle pouvait utiliser son pouvoir à l'intérieur des murs... D'un geste de la main et grâce à son pouvoir, elle fit décoller l'inconnu, le posa sur le lit en face de celui de la ESP.er :


_Ca, c'est ton lit. Moi c'est Enora et je suis pas du genre sympa et rigolote, encore moins avec les fanfarons dans ton genre, que les choses soient claires. Si tu m'emmerdes un peu trop, je te brise tous les membres et te noue les intestins entre eux. Je parle au sens propre et pas au figuré. Clair ?

Sans attendre de réponse, elle lui sourit, écrasa sa cigarette sur son pantalon de cuir et s'engouffra une nouvelle fois par le rideau, dans la salle d'eau. Posant ses mains sur les rebords du lavabo, elle releva sa tête pour observer son visage dans le miroir.

# Pourquoi ce genre d'insupportables personnages tombent-ils toujours sur moi...? #

Soupirant, elle retira son kimono, se retournant une seconde fois pour scruter sa cicatrice. Elle était douloureuse, aujourd'hui, et ses pouvoirs étaient inefficaces sur cette estafilade. Bougeant doucement son omoplate, elle grimaça. Sans doute une mauvaise chute.
Ignorant totalement son colocataire, elle repassa dans la cellule, son kimono à la main. S'asseyant sur son lit, tirant une nouvelle clope qu'elle alluma, elle entreprit d'ôter ses bottes. Torse nu, oubliant toujours l'effet qu'elle pouvait produire sur les hommes, elle retira bientôt son pantalon, finissant complètement nue. Sans un mot, elle se glissa sous les draps et, tirant de longues bouffées sur sa cigarette, elle passa sa main libre sous sa tête, ferma les yeux pour se plonger dans ses pensées.



[Je te rappelle que 'Nora n'a pas "conscience" de son corps autrement que comme objet de combat et, à l'occasion, comme moyen d'avoir du plaisir avec un autre corps. Toute notion de réelle séduction physique lui est plus ou moins étrangère]
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le dimanche 13 novembre 2011, 17:09:46
Il avait des yeux tout ronds. Visiblement, elle ne l'aimait pas. C'est clair que pour le coup des membres et des intestins, il avait connu pire. Mais bon, en gros elle hésiterait pas à essayer de le tuer, même si c'était impossible. Il mettait sa mauvaise hueur sur le compte de l'enfermement. Après tout, il ne savait pas depuis combien de temps elle était là, et l'arrivée d'un homme viendrait sûrement déranger son quotidien de criminelle en cage. Elle se leva et se glissa de l'autre côté du rideau, on entendait de l'eau couler. Donc par là, ça devait faire office de salle de bain. Il parcourait la pièce des yeux. Même son placard à balais était plus accueillant. Et... Merde, personne ne savait qu'il était là, ni ses fidèles, ni tonton Arès, ni Onii-chan! Il regarda le lit de sa nouvelle colocataire. Un paquet de clopes! Il en tira une du paquet, l'alluma et reposa le tout juste avant qu'elle ne ressorte. Elle terminait de se désaper juste sous ses yeux: il n'en perdait pas une miette, mais se posait des questions. Est-ce qu'elle se moquait de sa présence ou voulait-elle juste le mettre au défi de faire quoi que ce soit? Il resta passif, et elle s'engouffra sous ses draps. Lui se recula sur son propre lit pour s'adosser au mur, ramenant ses genoux à son menton. Il se décida lui aussi à faire les présentations:

"Désolé si j'ai été grossier. Je m'appelle Kyô, je viens de prendre 250 ans sans procès. Les gens normaux s'en foutent, ils finissent par crever avant 40 ans. Moi en sortant j'aurais pas pris une ride..."

Tant qu'on y était, on pouvait sympathiser non? Elle ne réagissait même pas, lui tournant le dos. Il tira une autre bouffée sur sa clope, puis attrapa la chaîne qui attachait ses chevilles et tira. Les maillons se brisèrent et il les laissa tomber au pied de son lit. Il continua, histoire de nouer le dialogue:

"En plus bon, c'est pas vraiment ma faute. Ok, c'est vrai que j'ai rasé une bonne partie de Tekhos, mais c'était jamais que deux trois immeubles! En plus j'en avais même pas fait exprès!"

Il écarta les bras pour rompre le lien entre ses poignets et voilà, il était libre de tous mouvements. Il en profita pour s'étirer un peu et regarda ses bracelets. Ils allaient être durs à enlever, et ces saloperies le privaient toujours de son pouvoir. Il jura et bailla, puis il se lava, et tapota l'épaule d'Enora:

"Allez, je sens ton aura somnolente depuis que je suis là, tu vas quand même pas me faire croire que tu passes ta vie à piquer du nez? Hé, Enora-chan! Tu dors pas! T'es là pour quoi?"

N'étant pas du genre à demander de l'aide, il avait décidé de l'asticoter. Pour voir si elle lui briserait quand même les membres. Si elle pouvait en profiter pour casser ce qui restait de ses menottes, ça l'arrangeait.

"Tu portes jamais de sous-vêtements?"
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le dimanche 13 novembre 2011, 17:55:07
Non, en fait, elle aurait dû lui coudre la bouche.
Il ne s'arrêtait jamais de parler ?
Mais quel boulet ! Oh, le roi des chieurs !
Il n'arrêtait pas de déblatérer ses conneries, Enora se retourna vers le mur, avec le -très, très, très - faible espoir qu'il comprendrait qu'elle s'en moquait comme de l'an quarante, de ces histoires, et qu'elle voulait juste qu'on lui foute la paix. Mais apparemment il ne comprenait pas. Elle jeta sa clope consumée au pied de son lit sans même regarder. Elle entendait cliqueter les chaînes de... Kyô (quel foutu drôle de nom !), pour voir ce qu'il faisait elle jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule : elle l'avait peut-être un peu sous-estimé, il avait au moins pour lui sa force. De ce fait, elle constata que des runes étaient gravées dans le métal, bien que trop loin pour les voir distinctement, elle fit l'hypothèse que ses chaînes, à la manière des grilles de la geôle pour elle, étaient ensorcelées de façons à bloquer son ou ses pouvoirs...
Mine de rien, réfléchissant aux propos de l'indésirable, elle soupira d'un très léger soulagement : au moins ce n'était pas un humain.

Elle l'entendit soudain approcher, lui tapoter l'épaule. Faisant violemment volte-face elle planta son regard bicolore dans celui de son homologue.


_Tu portes jamais de sous-vêtements?

_Et tu ne sais pas te taire ? Ecoute, c'est simple, si tu n'arrives pas à fermer ta petite bouche de mignon petit trognon, je te soude les lèvres entre elles.

Se redressant dans son lit, elle balança les draps - fouettant au passage le visage de Kyô avec - et s'assit sur le bord. Avec un nouveau soupir, elle tira une cigarette de son...

_Tu m'as piqué une clope ?! Espèce de... Espèce de sale troll des cavernes, chiure de mouche ! bâtard ! Dégénéré de ta race !

Elle avait avancé sur Kyô, jusqu'à ce qu'il soit collé au mur, coincé entre ce dernier, et le corps nu d'Enora. Gonflant la poitrine de rage contenue, elle lui plaça les clopes sous le nez :

_Ca. C'est comme mon lit, mes fringues, et tout ce qui m'appartient : tu ne touches pas. Sauf autorisation de ma part. Tu es entravé par tes chaînes et, si je ne m'abuse, il n'y a que moi qui pourrais t'en libérer :

Pour illustrer son propos, faisant fi des lourdes attaches maintenant les lits dans le béton du sol, elle fit se tordre en une superbe torsade celui de Kyô.

_Donc. Si tu veux entrer dans mes faveurs pour obtenir ce que tu veux de moi, tu vas d'abord apprendre à te conduire comme quelqu'un de poli et de courtois... et surtout de discret. Est-ce que, cette fois, j'ai été assez claire !?

Face au silence de son interlocuteur, Enora sourit, saisissant la cigarette qu'elle avait commencé à sortir de son paquet, elle l'alluma sous le nez de Kyô.

_Maintenant. Si tu me le demandes gentiment et poliment, bien sûr que tu pourras me prendre une cigarette, à vrai dire, une fois que tu me l'auras demandé, tu pourras en prendre autant qu'il te plaira. Mais j'ai des principes, et les principes c'est important.
Tu es là pour 250ans, et je ne doute pas qu'après mon procès j'écope environ de la même peine, et je ne pense pas que les cellules se videront, alors apprenons à vivre ensemble. Quand bien même je meurs d'envie de te tuer...!


A son propre jeu de mots, Enora éclata de rire, soufflant sa fumée sur le visage de son codétenu. Enfin, elle se recula et retourna s'allonger sur son lit, regardant à travers la fenêtre, face à elle.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le dimanche 13 novembre 2011, 18:24:53
Irritante, si irritante... C'était quoi son problème à elle, il voulait être gentil et taquin, et elle elle crisait! Et puis c'était quoi ses histoires? C'était elle qui avait besoin de lui non? D'une main il attrapa le bord de son lit et lança le grand objet sur Enora. La couchette torsadée s'abîma en partie sur le mur bruyamment, alors que Kyô s'avançait en brandissant le poing:

"D'où est-ce que tu te permets de dire que je suis inférieur à ma race? Sale conne, je suis le plus fort! Et t'es aussi gonflante que ma mère, si tu continues je vais vraiment te buter!"

Il se tourna et envoya son poing dans le mur. Pas solide comme construction, son poing était ressorti dans la cellule d'à côté. Heureusement qu'elle était vide... Il retourna ensuite près du lit d'Enora et éjecta le lit qu'il lui avait jeté dessus, en le lançant par-dessus son épaule. Il la saisit ensuite par la gorge sans la ménager, la fixant ensuite de ses yeux étincelants de colère. Elle était si irritante!

"Des Mortels j'en ai buté pour moins que ça! Et tu m'effraies pas avec tes pouvoirs ridicules! Sans ces foutus bracelets je mettrais pas longtemps à tout démolir ici! Tu peux pas me tuer! Je suis un Dieu!"

Il la laissa retomber sur son lit, et retourna à son propre plumard. Il le tordait dans l'autre sens, à la main. C'était bosselé et bancal maintenant, mais on pouvait s'asseoir dessus. Et c'est ce qu'il fit.

"T'as raison sur un point: les principes, c'est important. D'ordinaire je ne fais pas de mal aux femmes qui n'ont pas de sang divin, et t'en as pas. Cependant j'ai un autre principe... Non, plutôt un art de vivre. Je ne ploie jamais l'échine devant personne. Va falloir faire avec petite, je suis pas ta nounou."

Il sourit. C'était mesquin de l'infantiliser, mais en tant que Dieu, il était sûrement bien plus âgé qu'elle. Il soupira et écrasa sa cigarette contre sa couverture. Rien à faire, il ne comptait pas glander là. Il s'appuya les mains sur les genoux et se leva, en se dirigeant vers la grille:

"Bon, de toutes façons tu me gaves, je me casse!"

Il donna un coup de pied dans la grille, qui vint claquer contre le mur d'en face. C'était ouvert, ils pouvaient sortir. Et comme ça, elle arrêterait de le gonfler. Le problème, c'était ce type qu'on entendait courir au bout du couloir, et qui hurlait "ALEEEEERTE!". Bon, il aurait peut-être du vérifier avant d'enfoncer la porte. Mais Enora était si irritante!
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le dimanche 13 novembre 2011, 18:57:45
Enora sursauta en constatant la réaction de son colocataire, elle ne s'attendait pas à ce qu'on lui résiste et, à vrai dire... Ce n'était pas pour lui déplaire. Elle poussa un cri en voyant le lit lui foncer dessus, s'étala contre son matelas pour l'éviter consciencieusement. Coincée entre les deux lits, elle l'entendait vaguement hurler de colère, un craquement sonore (sans doute un mur)... Elle soupira, attendant que la tempête se calme. Evidemment, ce ne fut pas le cas, soulevant le lit, il l'attrapa, manquant de l'étrangler (Enora ouvrit davantage ses poumons pour ne pas suffoquer), et voilà qu'il continuait à vomir ces stupidités, rien de bien nouveau, il allait la tuer, tout ça... Roulant des yeux, elle attendait que ça passe. Cependant, elle se figea : un dieu... Une saloperie de dieu... Sa haine s'éveilla tout aussi brutalement en elle, son sang ne fit qu'un tour.
Il avait réellement l'air fou de colère, le souci, c'est qu'il ne semblait pas réfléchir, sa colère le poussait à agir sans y penser, en deux-deux il fit éclater les barreaux et se retrouva dans le couloir, ne sachant où aller. On entendait déjà les sirènes qui arrachaient les tympans, les pas des gardes dans les escaliers.


_Pauvre con, glissa-t-elle entre ses lèvres.

Projetant son pouvoir, elle l'intercepta, le ramenant dans la cellule. Profitant de ce que le champ magnétique soit brisé par l'absence de la porte, elle la ressouda avec le reste de la grille, l'ayant au préalable redressée, réenclenchant du coup le pouvoir des barreaux, à peine scellée, la barrière lui renvoya son pouvoir - une seconde fois - l'envoyant valser directement sur le dieu, derrière elle. Ils étaient l'un sur l'autre quand les gardiens s'arrêtèrent devant leur cellule :

_Ils sont là tous les deux, c'est pas ici, continuez à chercher !

Gémissant de douleur, Enora bascula sur le côté, histoire de libérer son codétenu. Son bras était fracturé. Une belle fracture ouverte.

_Putain...

Elle ferma les yeux. Maintenant elle était épuisée, elle pourrait remettre l'os en place mais ressouder les chairs prendrait du temps.
Grimaçant, elle se hissa sur son lit, et remit effectivement son cubitus et son radius en place, elle ressouda les os, et referma partiellement la plaie, histoire que ça ne pisse plus le sang. S'allongeant, essoufflée, elle se tourna vers Kyô.


_Tout Dieu que tu sois, n'agis pas sans conséquence. C'est vrai, tu peux me tuer, et si je ne peux pas te tuer, je peux du moins te faire exploser en million de particules et tu mettras plus de trois cents ans à te ressouder, te rematérialiser... 
Je n'ai pas l'intention de moisir ici, Kyô. Seulement si tu ne réfléchis pas plus, si tu n'apprends pas à être... discret, comme je te le disais, tu réussiras juste à aggraver ton cas, et ils trouveront le moyen de te neutraliser définitivement. Sans doute dans une pièce sans aucune lumière, jamais, enchainé du crâne jusqu'aux orteils, frappé jour et nuit... Tu sais comme moi que c'est ce qui risque fort d'arriver..
.

Reprenant son souffle, elle continua en regardant le plafond :

_Tu m'es insupportable et je te le suis tout autant, mais évitons de comparer nos capacités de mutuelle destruction, on ira pas bien loin comme ça. Il vaudrait mieux pour nous essayer de trouver un moyen - discret - de sortir d'ici, tu ne crois pas...?

Pour la seconde fois, elle se tourna vers lui, lui faisant pour la première fois un sourire sincère :

_Désolée de t'être tombée dessus, il fallait bien que je referme la porte, histoire de camoufler ton... ton coup de sang. J'espère ne pas t'avoir blessé.

Enora faisait preuve d'une étonnante maîtrise d'elle-même. D'une part, elle haïssait les dieux, d'autre part, ce jeune blanc bec (il devait en effet être un jeune dieu) l'agaçait prodigieusement, et qui plus est, elle avait manqué se tuer en essayant de lui sauver la mise...
Mais il était évident qu'ils n'arriveraient à rien s'ils ne se mettaient pas à travailler ensemble.

Se redressant dans son lit, Enora referma encore la blessure de son bras, cette fois cela ne saignait plus du tout, mais elle avait toujours la chair plus ou moins à vif. Enfilant son kimono, elle regarda le lit de Kyô, toujours tordu. Ca, c'était simple à faire : elle le remit droit.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le dimanche 13 novembre 2011, 20:29:20
Alors qu'il quittait la cellule, il sentait ses pieds décoller du sol, et il reculait alors qu'il voulait avancer. Il plantait sur elle son regard venimeux mais elle ne le regardait même pas. Elle réinstalla la grille, alors qu'il lui demandait ce qu'elle foutait bordel, et fut projetée sur lui. Il tenta d'amortir le choc mais tomba à la renverse avant d'avoir pu prendre ses appuis. Ça avait du être violent vu l'état de son bras, Kyô s'était à peine cogné la tête en tombant. Il ne voulait pas faire de cinéma pour si peu, il se frotta légèrement l'arrière du crâne et se releva. Enora s'était allongée, elle avait du gaspiller beaucoup d'énergie alors que lui ne pouvait même pas utiliser la sienne. C'était quoi ce speech bidon? A l'état de particules, il lui fallait environ six mois pour guérir, il le savait bien, il s'en était déjà pris une fois à Zeus. Pas deux. Cet enfoiré de vieux con n'avait même pas daigné se lever de son trône pour affronter Kyô. Lorsqu'elle se mit à parler de la pièce sans lumière, il arbora un sourire moqueur. L'obscurité était son domaine après tout, c'est propre à tout Dieu du Chaos qui se respecte. Vint finalement le moment le plus surprenant, celui où elle s'excusa. Il grogna et lâcha un merci inaudible.

Puis il s'en retourna vers la grille, inspectant les barreaux. Des glyphes de renvoi de sorts entre autres, pas étonnant qu'elle ait pris un sacré coup, c'était une sacrée combinaison magique. Sûrement pour éviter aux Mortels de faire des conneries du genre. Il parla sans même détourner les yeux des barreaux de sa cage.

"Je me fous d'être discret, c'est à toi que ça pose problème, personne ne peut arrêter une personne qu'il ne peut tuer. Je compte pas camper ici."

Il arracha les barreaux à la main. De toute façon, l'alerte était déjà lancée. Il laissait tomber chaque barre de métal au pied du lit d'Enora, comme pour lui dire qu'elle s'était embêtée pour rien. De toute façon, il allait sortir.

"Être enfermé à jamais ne m'effraie pas, en fait. Mon propre fils a été scellé dans une pièce vide au fond de l'Océan Atlantique, sur Terre, pendant deux millénaires par ma faute. Pendant que Moi, je l'oubliais, passant mes journées à assouvir mes envies de plaisir et mes ambitions. Je suis un très mauvais père, tu vois."

Il ramassa les vêtements d'Enora et lui envoya sur le visage avec négligence. Il fit ensuite venir à lui son arme (il le pouvait car faire apparaitre Suffering n'était pas son pouvoir mais bien celui de l'épée) et la posa sur le lit à côté de la jeune femme.

"C'est parce que je suis un mauvais père que je ne dois pas perdre mon temps dans ce trou. C'est mon enfant. Il est né de mes deux fémurs et de mon sang."

Il n'avait plus le choix maintenant. Il se devait de faire une chose qu'il n'avait jamais faite jusqu'alors. Il maudit intérieurement l'ensemble du monde carcéral et tous les magiciens de l'Histoire qui avaient un jour gravé ou écrit des sceaux magiques. Pour la première fois de sa vie, au pied du lit d'Enora, Kyô posa les genoux à terre et baissa la tête. Le visage empourpré par la honte, il présentait ses poignets à la télékinésiste. Oui, pour la première fois de sa vie, Kyô allait supplier qu'on l'aide.

"J'ai besoin d'aide... Je... S'il te plait, retire-Moi ces putain de bracelets, je dois sortir d'ici, MAINTENANT!"

Être enfermé à jamais ne m'effraie pas avait-il dit. C'était certes vrai, mais ça ne devait pas arriver maintenant. Pas avant qu'il ait arrêté son fils, pas avant qu'il ait été un vrai père. Et là, seulement à partir de là, il pourrait dire qu'il était meilleur que Zeus.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le dimanche 13 novembre 2011, 21:38:48
Il n'était pas très content qu'elle l'ait refait entrer, mais il valait mieux éviter les gardes, maintenant ils devaient être partis dans une autre section de la prison... Ne restait que ceux des portes entre chaque couloir, à chaque passerelle... C'était de la folie...
Et voilà qu'à peine redressé il retournait devant les grilles. Il était encore plus têtu qu'elle. Un par un, il ôtait des barreaux de la cellule, les jetait à ses pieds, enfin devant le lit. Elle leva les yeux au ciel, elle essayait de se montrer raisonnable, et lui se montrait d'une provocation si... Elle serra les dents. Elle ne voulait pas rester croupir ici, et si elle voulait s'échapper... Elle porta son regard vers lui, de dos. Ouais, le seul espoir qu'elle avait c'était lui. Elle soupira, ne prêtant qu'une mince attention à ce qu'il disait : il était père ? La belle affaire, elle n'avait aucune idée de ce que cela pouvait avoir, comme sens. D'abord, parce qu'elle n'avait aucun souvenir du sien, d'autre part parce qu'étant une meurtrière, franchement, la fibre parentale n'était pas la plus développée en elle... On est d'ailleurs en droit de se demander si elle avait carrément la moindre idée de comment venait au monde un être vivant. Oui, la gestation, l'accouchement, l'"instinct maternel" était des notions qui lui étaient étrangères.
Son pantalon, jeté en pleine figure, la tira de ses pensées. Elle émit un grognement de rage... Il fallait pas qu'il charge trop la mule, non plus !
S'asseyant sur le bord du lit, elle l'enfila. Le cuir, froid, la fit frissonner. Elle attrapa ses bottes, les laça puis reporta son attention sur Kyô. Il venait de poser une longue et magnifique épée à côté d'elle... Le coeur d'Enora se serra : son épée, à elle, lui manquait. Elle ne se risqua pas à la prendre, elle n'était pas idiote au point d'essayer de prendre l'arme d'un dieu : si ça se trouve, elle était ensorcelée de telle façon qu'un mortel ne puisse la toucher, ce genre de chose... Et puis, elle n'aurait pas supporté, elle, que quelqu'un touche sa lame, elle respectait ça, au moins : "ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse". Oui, alors certes elle n'aimerait pas qu'on la torture, et qu'on la tue. Mais c'était pas pareil. C'est vrai, quoi.

Si elle n'avait été assise, Enora serait surement tombée sur le cul, comme on dit. Voilà qu'un dieu s'agenouillait devant elle et lui demandait, que dis-je ? la suppliait...!


_J'ai besoin d'aide... Je... S'il te plait, retire-Moi ces putain de bracelets, je dois sortir d'ici, MAINTENANT!

Elle sourit. Elle voyait que ça le faisait souffrir. Tant mieux, il se calmerait peut-être un peu comme ça. Tant mieux et en même temps Enora le plaignait : elle comprenait ce qui lui en coûtait. Elle lui posa doucement une main sur la joue, avec un sourire qui se voulait clairement amical.

_Pas la peine de crier, ni de te mettre à genoux, Kyô. Je pense avoir besoin de toi pour sortir d'ici, et tu as besoin de moi pour enlever ces... bijoux ? Disons que tu auras une dette envers moi, dès que je te les aurai enlevé. Mais d'abord, il faut que je boive.

Se disant, elle se dirigea à pas rapides dans la "salle d'eau", buvant de grandes lampées, elle finit de refermer sa plaie, la faire cicatriser complètement lui aurait demandé trop d'énergie sans doute. Elle repassa dans la pièce, enfonça son paquet de cigarette dans sa poche, s'approchant des grilles maintenant inoffensives, elle se retourna vers Kyô, le délestant mentalement de ses entraves.

_Maintenant tu as une dette envers moi, tâche de ne pas l'oublier. S'il te plaît.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le mercredi 16 novembre 2011, 16:14:29
"Hahaha... Une dette?"

Une flamme sombre s'avivait dans l'obscurité. La voix résonnait dans les ténèbres de la cellule, le vent se levait dans cet espace clos. Un Dieu était libéré.
Alors qu'il revêtait les bandelettes qu'il avait toujours portées, une sensation de danger emplissait la petite cellule, un pressentiment de mort prochaine qui envahissait tout le couloir et les prisons proches. L'atmosphère se glaçait, un Démon était libéré.
Il se faufilait derrière elle et plaquait son avant bras sur sa gorge. De son autre bras d'où s'agitait la flamme noire, il lui montrait son arme, avec ces dents si dangereuses, Suffering. Elle portait bien son nom, elle ressemblait à une simple épée, dans cette main c'était l'incarnation même de la souffrance à venir. Et son propriétaire continuait à ricaner.

"Quelle dette? Je suis un Dieu du Chaos Enora, tu as eu tort de m'accorder ta confiance, tort de penser que je n'ai qu'une parole. Tu as besoin de Moi, mais maintenant je n'ai plus besoin de toi. Et puis tu m'as vu supplier non? Je ne peux pas te garder en vie..."

Tout était terminé, comme tant d'autres, il allait la tuer parce qu'elle l'énervait, et ensuite il sortirait, sans aucun problème notable. D'ici une heure, il était dehors, d'ici deux heures, il se changeait les idées avec des filles de joie comme si de rien n'était. C'était aussi simple que ça.

"Cependant..."

Sa main gauche se saisit du poignet droit de la jeune femme. Il la retourna pour qu'elle le regarde dans les yeux, il souriait sous son masque, bien que ses yeux restaient mauvais. Une chaîne jetait à la jeune femme son haut de kimono, alors que Kyô mit son arme dans la main de la Mortelle.

"Tu es téméraire et tu n'obéis à personne. Mon Nouveau Monde serait bien emmerdant s'il n'y avait que des gens que j'aimais bien. Je t'aime pas, mais je te déteste pas. Tu vas vivre parce que ça m'amuse."

Son regard se fit rieur et il passa délicatement sa main dans les cheveux d'Enora. Puis il la contourna, lui indiquant tout simplement de s'habiller pour ne pas attraper froid. Sortant dans le couloir pour voir s'il n'y avait personne, il observait son nouveau bibelot: une espèce de barrette, avec des fleurs et deux plumes maculées de sang. Elle avait l'air d'y tenir, elle ne l'enlevait même pas pour dormir. Il lui parlait sans se retourner.

"En attendant qu'on sorte, je vais garder ça. Si tu veux le récupérer, tu vas devoir te battre jusqu'au bout pour sortir. Garde mon jouet en attendant, je n'utilise cette épée que sur les ennemis de haut niveau. Et s'il y avait une aura puissante dans le coin, je le saurais."


Il attacha le petit ornement à son hakama, au niveau de sa taille, et tourna à gauche purement au hasard. Cette prison était un vrai dédale. Puis une autre intersection. A droite ou tout droit? Il allait se retourner pour voir où en était la jeune femme, quand trois hommes en armure apparurent. Ils étaient lourdement cuirassés, lourdement armés, et n'avaient pas l'air très contents de voir un homme hors de sa cellule. Arme en avant, ils chargeaient de façon coordonnée, comme quoi ils étaient bien formés. Ce qui ne servait pas à grand chose face à Kyô, qui préférait ne pas se salir les mains et adoptait rapidement la posture qui annonçait une Dark River. Lorsqu'il la relâcha, elle n'était pas des plus impressionnantes. Juste assez pour désintégrer trois clampins en armures. De la petite frappe quoi...
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le mardi 22 novembre 2011, 20:28:06
A peine les chaînes avaient-elles heurté le sol que l'atmosphère changea du tout au tout. La pièce s'assombrissait tandis qu'un mal insidieux se glissait dans toutes choses, répandant derrière lui une trainée malfaisante, oppressante, suffocante. La ESP.er porta la main à sa poitrine, qu'elle sentait opprimée. L'air semblait si dense, si... mauvais, elle avait le sentiment qu'elle allait étouffer dans la seconde, sa respiration s'altérait, irrégulière, elle tituba contre les barreaux encore debout de cette cage. Les barreaux...? Non... Elle sentait le torse chaud de Kyô dans son dos, elle sentit son bras glisser sur son ventre, sa poitrine, venant enserrer sa gorge, lui coupant davantage le souffle. Elle n'aurait jamais dû faire ça... Mais c'était sa seule chance...

_Quelle dette? Je suis un Dieu du Chaos Enora, tu as eu tort de m'accorder ta confiance, tort de penser que je n'ai qu'une parole. Tu as besoin de Moi, mais maintenant je n'ai plus besoin de toi. Et puis tu m'as vu supplier non? Je ne peux pas te garder en vie...

Un dieu...? Elle haïssait ces créatures. Impérieuses, arrogantes, stupides, cruelles, irresponsables, enfermées dans leur sûre suprématie, insupportables... Ils ne méritaient ni respect, ni adoration, ils méritaient de se balancer au bout d'une corde, ils méritaient de tous crever la bouche ouverte, dégueulant leur sang dans le caniveau, tous crever, tous pourrir...

Et qu'avaient-ils tous à vouloir la tuer...? Enora retint sa respiration, ses yeux se fermaient, l'image de cette épée gravée au fond de son crâne. C'était donc comme ça que ça allait finir....? Tout ça, pour ça ? Elle invoqua en elle le souvenir de sa soeur. Peut-être n'était-ce pas si mal, au fond... Retrouver enfin son ange, cesser de respirer de haine, cesser d'étouffer de toute cette haine, penser mourir de cette putain de haine... Au moins, qu'il fasse ça vite, elle ne tenait pas à souffrir le martyr ne serait-ce que quelques secondes de plus. Oui, finalement, mourir paraissait une douce idée. De toutes façons, vu la manière d'agir de ce... dieu, elle ne saurait sortir d'ici vivante. Quitte à mourir...

_Cependant... elle rouvrit brusquement ses yeux, tandis qu'il lui faisait faire volte-face, tu es téméraire et tu n'obéis à personne. Mon Nouveau Monde serait bien emmerdant s'il n'y avait que des gens que j'aimais bien. Je t'aime pas, mais je te déteste pas. Tu vas vivre parce que ça m'amuse.

Le sang de la mercenaire se figea de colère. Parce que ça l'amusait...? Tout dieu qu'il était, il dépassait les bornes ! Il passa sa main dans la longue chevelure de la jeune femme - geste qui la surpris tant et si bien qu'elle sursauta tout bonnement - avant de se détourner.

_En attendant qu'on sorte, je vais garder ça. Si tu veux le récupérer, tu vas devoir te battre jusqu'au bout pour sortir. Garde mon jouet en attendant, je n'utilise cette épée que sur les ennemis de haut niveau. Et s'il y avait une aura puissante dans le coin, je le saurais.

Elle leva les yeux vers lui : de quoi parlait-il ? Cette fois son sang se glaça d'effroi et de haine mêlés. Les plumes de Gwenaëlle...! Il lui avait pris son ornement... Il lui avait pris sa soeur...! Elle enfonça ses ongles dans ses paumes de main de haine, serrant si fort les poings que de minces filets de sang coulèrent le long de ses doigts serrés et gouttèrent doucement sur le sol.


_Rends-le moi.

Mais il avait déjà disparu dans la noirceur de ce couloir. Elle franchi la porte de la cellule juste pour le voir envoyer valser quelques gardiens. Elle jeta un regard derrière elle : leur cage était vide, elle y jeta alors l'épée, et sauta lestement devant le dieu :

_Rends-le moi. Maintenant.

Elle montrait les dents, menaçantes, et quoi qu'elle se sache incapable de lui faire subir quoi que ce soit, sa haine la dévorait toute crue. Elle envoya le dieu valser contre le mur :

_Tu as beau être un dieu, je ne transporterai pas ton épée, je ne porterai jamais les poubelles d'un voleur. Je me battrai, contre toi ou avec toi, selon que tu me rendes ou non ce qui m'appartient. Un dieu, d'ailleurs. Surprenant que tu te sois fait prendre, qu'aucun de tes pairs ne soit venu à ton secours... Quant à ton discours minable sur ton fils... Je m'en fous. Rends-moi ce que tu m'as pris. Dépêches-toi. Je n'ai pas peur de toi. Je préfère mourir pour une chose aussi futile que cet ornement que mourir pour t'aider, si tu me manques autant de respect... Le respect est à double sens, seigneur, et tout dieu que tu es, tu me le dois un minimum...
Et puis, je n'ai jamais entendu parlé de toi... Kyô... Non, ça ne me dit rien... Tu dois être un dieu fort important pour que les mortels t'ignorent, que tu te retrouves cloîtré ici et qu'en plus tes pairs t'abandonnent comme... un mortel.
Tu ne serais rien sans moi, présentement, tu n'aurais jamais réussi à te défaire de tes chaînes, pauvre type, tu ne serais rien...
Un rien qui devient un rien... Pour un dieu je ne te trouve pas si impressionnant
.

Elle le regardait, à la fois haineuse et méprisante.

_Ta lame t'attend dans ta cellule... A moins que tu ne la siffles, elle aussi...?
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le mercredi 23 novembre 2011, 19:38:22
"Wah, carrément..."

Sa réaction flegmatique faisait penser à un anglais à cinq heures de l'après-midi, comme s'il s'en cognait carrément. On ne distinguait aucune colère, aucune agressivité, jusqu'à ce qu'il n’exécute un rapide coup de pied sauté qui frappa violemment Enora dans la joue droite, la laissant défiler dans le couloir sans toucher le sol. En posant le pied pour se réceptionner, il envoyait une chaîne sombre à la poursuite de la femme, qui s'enroula autour de son cou. Kyô tira, et elle refit le couloir dans le sens inverse. Une fois revenue à sa hauteur, il la saisit par son nouveau collier. On aurait dit qu'il la tenait en laisse.
Jamais il n'avait frappé une femme mortelle jusque là. Il sortait de ses gonds, la levant de sa seule main gauche:

"Je n'ai pas besoin de mon pouvoir pour sortir, c'est juste que je n'ai pas de temps à perdre! Et tu es une vraie plaie, hors de question que je perde mon temps avec une petite conne irrécupérable!"

Il la plaqua contre le mur. Il savait déjà que le fait de la tenir ainsi devait lui faire mal à la nuque, en plus de l'étrangler. Ce n'est pas ça qui le retint de lui coller une droite dans l'abdomen. Courroucé? Ouais, peut-être un peu...

"Ensuite, la prochaine fois que tu me rapporte à un Mortel... Non, la prochaine fois que tu oses dire des autres Dieux qu'ils sont mes pairs, je n'hésiterais pas à te tuer! Et ne crois pas que se sera rapide et indolore! Gamine idiote!"


Il la laissa choir au sol, rattrapant l'amont de la laisse. Il désigna du doigt le petit ornement attaché à sa taille et la siffla, comme un sale clébard.

"Maintenant en route, ou je le fais péter Moi, ton grigri!"

Il se détourna et tira sur le lien, trainant la pauvre Mortelle derrière lui dans les couloirs. D'autres gardes, sûrement alertés par tout ce boucan, rappliquèrent en nombre sur son chemin. Il les écrasait tous sur le sol, contre les murs, de sa seule main libre et de quelques coups de pieds. Leurs armures lourdes d'acier semblaient se plier comme des feuilles de papier sous les coups, les pavés et la maçonnerie sur leur chemin devenaient peu à peu maculés de sang, comme quoi avec Enora, il s'était vraiment retenu. Il arpentait les chemins totalement au hasard, de toute façon ils se ressemblaient tous. Il s'arrêta devant une porte en bois sur laquelle il était indiqué "salle des gardes". Il parlait sèchement sans même poser ses yeux de feu sur la faible femme.

"Tu sais, la dignité, il y a parfois des moments où il vaut mieux la ravaler et faire avec. T'es prête à crever pour ton bibelot, alors que la seule condition pour que je te le rende c'était de pas faire chier et me suivre? Ok, je vais changer les clauses du contrat. Une fois sortis, je te rendrai ton ornement si je ne suis pas d'humeur à le faire exploser sous tes yeux. Et dès à présent, je me porte garant de ta libération, pas de ta protection. Si tu crèves, je laisse ton cadavre pourrir devant la porte d'entrée."

Il attrapa l'extrémité de la chaîne qui les liait et l'attacha autour de son poignet gauche, c'était plus pratique. Et puis il ouvrit tout simplement la porte, la salle avait été abandonnée en raison de l'alerte. Une salle des gardes, qui chercherait un fugitif ici?
La pièce semblait confortable, trois hamacs superposés dans un coin, un canapé et un fauteuil autour d'une table basse, un râtelier dévalisé, un billard, un frigo, et une autre porte où l'on voyait un chérubin en train de pisser. Kyô entra et se servit directement dans le frigo, attrapant un poulet fumé et une cervoise, et marmonnant "D'la viande et d'la bièèère!" avant de poser le tout sur la table de billard. Puis il refit apparaître Suffering dans sa main et la balança négligemment sur le canapé sans rien dire. Il laissait l'arme à disposition.
Suffering n'était bien sûr pas une arme ordinaire. Certaines voies du sabre disent que la lame possède une "âme" et qu'il est donc possible de "communiquer avec". Kyô avait fait la demande spéciale que son arme n'ait aucune âme et ne soit jamais qu'un outil, parce que si en plus je dois taper la discute avec mes accessoires, ça va devenir casse-couilles la baston.
Le Dieu s'avachit dans le hamac le plus bas et ferma les paupières. Il n'était pas question de dormir mais bien de se calmer, lui qui d'habitude était si doux et attentionné avec les femmes était à deux doigts de tuer Enora. Il sentait et entendait la chaîne s'agiter autour de son poignet, alors il grogna sans daigner ouvrir un œil.

"Au pied la chienne! Et arrête ton bordel!"

Il ressentit soudainement plusieurs auras plus puissantes pénétrer les lieux. Et ça puait les crétins de l'Ordre Immaculés, de plus leur agressivité prouvait qu'ils n'étaient pas là pour l'atelier couture. Il jugea bon de ne pas informer la jeune femme, parce que ça l'inquièterait... Non, en réalité c'était qu'elle n'avait qu'à le découvrir elle-même, parce qu'il était boudeur et qu'il n'en avait rien à faire, et que ça lui ferait les pieds à cette godiche.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le lundi 12 décembre 2011, 16:04:23
La réplique, lâchée du bout des lèvres, aurait presque fait rire Enora. Et, vous voulez savoir... ? Un instant – court mais quand même – l'espace d'un tout petit instant, elle cru qu'il lui taperait sur l'épaule en éclatant de rire et en lui rendant l'ornement, limite s'il n'aurait pas dit qu'elle « en avait une sacrée paire ! » comme disent les humains. Mais ce n'était vraisemblablement pas le genre du dieu (sans blague?) Avant qu'elle n'ait pu réaliser quoi que ce soit, elle fut projetée violemment en arrière, avant qu'une chaîne ne vienne l'étrangler et la ramène près du dieu, qui la saisit à la gorge avant de la plaquer – sans douceur bien sûr – contre le mur. Les quatre impacts différents étaient allés crescendo dans la douleur, lui tirant une onomatopée de façon systématique.
Ses pieds ne touchaient plus sol, elle sentait son visage tourner au rouge tandis que son crâne allait sûrement exploser, pris ainsi entre deux forces contraires : le mur et le dieu. Ah oui, il était fâché-fâché-fâché. S'il n'avait pas été aussi brutal, honnêtement elle aurait rit : connaissez-vous quelque chose de plus jouissif que de mettre en boule un dieu ? Et puis c'était si facile... C'est tout irritable cette race ! Il suffit de souffler tout doucement sur leur prétention et c'est parti pour le grand spectacle. Oh, si elle n'avait été que spectatrice, nul doute qu'elle aurait été réjoui du spectacle. Non, le souci, c'est qu'elle partageait l'affiche avec ce fou dangereux, qu'ils jouaient une farce pré-Molière, et que, malheureusement, c'est elle qu'on foutait dans un sac de toile et qu'on rouait de coups pendant que le public riait. Ingrats.


_Je n'ai pas besoin de mon pouvoir pour sortir, c'est juste que je n'ai pas de temps à perdre! Et tu es une vraie plaie, hors de question que je perde mon temps avec une petite conne irrécupérable!
Ensuite, la prochaine fois que tu me rapporte à un Mortel... Non, la prochaine fois que tu oses dire des autres Dieux qu'ils sont mes pairs, je n'hésiterais pas à te tuer! Et ne crois pas que se sera rapide et indolore! Gamine idiote!


Ce qu'il venait de dire la laissa estomaquée (et toujours étranglée), il ne voulait être comparé aux autres dieux... ? Voilà qui le rendait beaucoup plus intéressant !
Cependant, elle ne put s'empêcher de remarquer qu'il ne dévoilait pas son rôle en tant que dieu, sans doute avait-elle fait mouche : ce n'était qu'un dieu subalterne... Très bien, elle le ferait chier avec ça.
Il la lâcha sans douceur, elle heurta le sol avec un grognement de douleur. Elle voulut porter ses mains à son cou pour se le masser, mais l'anneau d'acier était toujours là. Elle allait encore une fois l'injurier pour qu'il retire cette connerie, mais il ne lui laissa pas même le temps d'ouvrir la bouche :


_Maintenant en route, ou je le fais péter Moi, ton grigri!

Il l'avait... Sifflé ? Enora ne put réprimer un long grognement de haine. Elle tentait à grande peine de réprimer son envie de lui sauter à la gorge et lui arracher la carotide mais il se mit en route, alors qu'elle était toujours à genoux. Elle se retrouva donc à plat ventre, les grilles du sol lui arracha presque les seins, le corps frottant dessus. Mobilisant son pouvoir, elle se rétablit en douceur sur les jambes, massant douloureusement sa poitrine. L'étage au dessous et sur les couloirs environnant s'agglutinaient déjà de nombreux gardes, que Kyô réduisait à l'état de purée... Elle qui pensait se débarrasser de ses chaînes mentalement, se dit qu'il vaudrait mieux attendre que ce salopard soit calmé. Il lui déblatéra un discours tout droit sorti d'un film d'action américain, bourré de phrases clichées. Elle aurait aimé lui rétorqué que c'était l’hôpital qui se foutait de la charité, mais, une nouvelle fois, elle se tut. Quelque chose lui disait qu'il valait mieux pour le moment qu'elle la joue profil bas, et qu'elle se montre surtout plus maline que lui, sinon ce serait la catastrophe assurée. Il était aussi discret qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Poussant la porte de la salle des gardes, il se servit rapidement, avant de s'affaler dans un hamac, yeux clos. L'épée apparue, il la jeta sur le canapé, non loin de la mercenaire. Provocation ? Elle ne tenterait pas de l'enlever avec l'arme d'un autre. Elle avait ses principes, et même en pareille circonstance, elle se tenait à ses principes.
Tentant de dégager un peu d'espace entre l'acier et sa peau, elle triturait le collier en lorgnant la pièce. Laide. Et sombre. Crasseuse. Répugnante, en un mot.
Elle alla à son tour au frigo, prenant une bière. Elle avait du mal à contrôler ses pulsions meurtrières envers ce petit trou du cul, mais, en même temps, il l'amusait. Non, vraiment. Sa manière disproportionnée d'agir lui donnait le sentiment d'avoir face à elle... Un enfant. Un véritable gamin faisant des caprices pour un rien. Un gamin aux capacités surprenantes. Qui que soient ses parents, ils devaient amèrement regretter leur copulation. A moins que leur fils ne les ai tué.
Le problème d'Enora, c'est que, lorsqu'elle s'amuse, elle ne mesure pas forcément le danger. Elle avait bien conscience que le dieu tentait de se calmer, elle pouvait ressentir sa haine viscérale jusqu'au tréfonds d'elle-même, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Saisissant la chaîne à la base de son cou, elle la secoua de façon à la faire cliqueter.


_Au pied la chienne! Et arrête ton bordel!

Elle eut un grand sourire – qu'elle se permit seulement parce qu'il avait les yeux clos – ça marchait à tous les coups !

Alors qu'elle avançait vers le dieu, la bière à la main, elle se figea. Il y avait dans l'air quelque chose d'étrange. Une odeur... ? Une... Non... pas une odeur... Elle avait senti ça, une fois... Il y a bien longtemps... Où était-ce... ?
Le hangar. C'était ces types, ils étaient venus... Oui... Ils avaient retrouvé et ramassé les corps... Ils l'avaient trouvé, elle... Mais elle s'était enfui... Ils avaient dit qu'ils auraient pu s'occuper de son oncle d'une autre façon, que ce qu'elle avait fait été mal... Il fallait qu'elle vienne avec eux mais elle ne voulait pas... Oui, eux... Eux... Ils disaient que de toutes façons elle ne pourrait aller nulle part sa « colère te trahira toujours, on la sent à des miles à la ronde ! » N'empêche, ils avaient mis du temps avant de la retrouver...
Sa colère... Elle vrilla son regard sur Kyô. Ce petit con était encore plus en colère qu'elle. Elle ne voulait pas se faire repérer.
Une tonne de solutions défilèrent dans son esprit. Contrôler et anéantir sa colère...

Elle eut une grimace de dégout.

S'approchant du hamac du dieu, elle s'agenouilla devant lui.


_Kyô. Ils sont là.

Pas besoin de préciser.

_Je crois que j'ai une idée, mais ça ne va pas du tout te plaire... Ils me repèrent grâce à ma colère. La tienne est plus forte que la mienne présentement. J'imagine qu'ils te repèrent à autre chose mais, on peut peut-être essayer ça.

A vrai dire, elle disait ça plus pour elle, que pour lui. Sans lui poser de question, elle vint s'asseoir à califourchon sur lui et l'embrassa violemment.

[NAH!]
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le jeudi 15 décembre 2011, 21:57:51
Un baiser?
Par habitude, il s'était laissé faire. Mais son regard restait incendiaire. Quoi, elle avait soudainement décidé de faire ça pour calmer sa mauvaise humeur? Elle avait un grain... C'était idiot d'essayer de le manipuler ainsi, même s'il trouvait ça agréable. Ça restait intêressé, sans passion et banal. Il souriait quand même.
Leurs lèvres se séparèrent et il la laissa se redresser. Les mains du Dieu empoignèrent les revers de son kimono et il tira, dévoilant sa poitrine avec gourmandise. Jolis poumons... Il éclata de rire:

"Sans blague, t'es prête à faire tout ça parce que tu as peur de te faire gauler par quatre glands sortis du couvent? Elle est pas mal celle-là!"


Quatre, c'était pour minimiser, ils devaient bien être une vingtaine au bas mot, et pas des apprentis. Ils avaient dû découvrir que l'un des détenus était ce qu'ils nommaient une divinité hérétique. Bah, un Mortel est un Mortel. Il fit basculer Enora sur le côté et la laissa bêtement tomber. Il se leva à son tour, refit ses bandages et regarda sa main de feu noir. Le mana grandissait peu à peu, et il serra le poing, toujours souriant. Et puis il s'étira le cou en gémissant:

"Aaah, j'vais enfin pouvoir me dérouiller les muscles, tabasser les gardes était aussi emmerdant que de botter le cul d'un chiot sur le passage!"

Il fit craquer ses doigts et s'en retourna près de la table en faisant quelques à-coups sur la chaîne pour emmerder la femme. Il décapsula la bière, la siphonna d'un trait, puis arracha les deux pattes du poulet et s'approcha de la porte. Il ne jeta pas un regard à sa chienne.

"Pour la dernière fois prends cette putain d'épée! Elle est passée par des milliers de mains, je la laisse tout le temps trainer! En plus c'est pas de la camelote, c'est le vieux forgeron très moche qui l'a faite!"

Il mordit dans une des cuisses de poulet et délogea la porte avec un coup de pied mauvais, comme fond les bourrins dans les séries fantasy, ceux-qui sont trop cons pour ouvrir une porte avec sa poignée. Mais là il avait les mains prises, et les doigts gras. Il inspira très fort et se mit à beugler dans le couloir comme un sourd:

"Hé!! Les culs-bénis de mes couilles! On est lààà!~♫"

Il tira une rafale dans le couloir pour être sûr, et retourna dans la pièce, l'air de rien, en sifflant l'air d'une chanson paillarde, l'air léger. Il retourna s'allonger dans le hamac, comme si rien ne s'était passé, et tira encore sur la chaîne pour amener Enora. Ce serait tellement plus simple de claquer des doigts...

"Bon, ils devraient pas tarder maintenant, j'espère que t'as un plan! Parce que t'es enchaînée à Moi et que tu te démerdes, je veux faire la sieste!"

Il sourit, referma les yeux et essaya de s'endormir. Bien sûr qu'il allait l'aider, il n'avait pas que ça à foutre! Mais pour le moment, il la laissait se démerder toute seule. De toute façon, il y avait un Haut Paladin dans le groupe. Ça représentait donc un défi assez intéressant pour qu'il daigne se joindre au combat.

"Si tu tiens vraiment pas à essayer mon jouet, essaye les queues de billard... Mais j'te promets rien!"
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le vendredi 16 décembre 2011, 18:12:37
# Mais quel petit con... ! Quel espèce de merdeux ! #

Et il était là, allongé, tout fier de sa connerie, les bras croisés sous la tête... Elle dut faire un effort surhumain...

# Et puis merde. #

Elle lui colla une baffe magistrale. Tout dieu qu'il était, là il dépassait réellement les bornes.


_J'en ai rien à foutre que tu sois un dieu, mon grand. Rien à foutre si t'es pas foutu de respecter un tant soit peu les autres. Tu me traites comme ton chien, comme une sous-merde, comme... comme une humaine. Sauf que je t'interdis de me considérer comme une simple marchandise, okay ? Alors oui, encore une fois, je vais essayer de régler les conneries que tu as semé puisque tu n'es bon qu'à ça. Tu sais quoi ? Tu t'étonnes d'avoir été un mauvais père et je sais pas quoi, ben y a qu'à voir comment tu es en train d'agir maintenant. Et même, je crois qu'il vaudrait mieux pour ton fils qu'il crève dans son trou plutôt que tu ne viennes le « sauver ». De toutes façons malin comme tu es, tu ne réussirai probablement qu'à le tuer.

Rajustant son kimono, des larmes au coin des yeux tellement il la poussait à bout, elle se saisit en effet de l'épée du dieu. Contrairement à ce qu'elle avait imaginé jusqu'alors, elle n'était pas ensorcelée, juste puissante, elle pouvait le sentir, à son poids, à son équilibre et puis, bien sûr, à la force qu'elle dégageait.
A peine avait-elle eu le temps d'apprécier la qualité de l'arme que la porte s'ouvrait avec fracas. Elle ne jeta pas un regard à Kyô, elle le savait toujours immobile. Quatre types, baraqués, étaient entrés. Ils n'avaient pas vraiment l'air enclin à une négociation. Enora ne chercha pas à négocier. Se jetant sur celui de gauche, elle envoya celui à l'opposé contre le mur avec tant de force que son crâne s'y fracassa simplement, éjectant de la cervelle un peu partout. L'épée qu'elle tenait à la main semblait comme animée d'une volonté propre qui répondait à la sienne, en un éclair, celui sur lequel elle s'était jeté fut coupé en deux dans le sens de la longueur. Faisant volte-face vers les deux derniers, elle fit faire un arrêt cardiaque à l'un et lui fit vomir ses entrailles par le nez à l'autre (ce serait plus long et douloureux pour lui, mais il fallait planter un décor pour les prochains, la peur chez l'ennemi est un avantage dont on ne peut se priver).
Reculant derrière la porte, elle vit arriver quatre nouveaux, l'air un peu plus costauds que les autres, mais toujours dépourvus de pouvoirs. La ESP.er arracha tous les membres de l'un, étrangla deux des trois restant avec les mains ainsi arrachées de leur compagnon. Le troisième, elle lui fit éclater chaque veine du corps et lui brisa tous les os avant de déclencher une mort cérébrale.

Elle haletait, le visage bariolé de sang. Elle souriait, heureuse comme jamais. Peut-être avait-elle giflé le dieu un peu trop vite. Elle fit volte-face, se retrouvant face à lui, se mettant sur la pointe des pieds, elle lui déposa un nouveau baiser sur les lèvres


_Pardon, c'est vrai que c'est cool la baston. Excuse-moi..

Elle se doutait qu'une fois la bagarre finie, elle prendrait cher par ce dieu qui n'avait pas le pardon ou la compassion facile, mais pour le moment... Wah quelle éclate !

Cette fois seulement trois entrèrent, dont un tout encapuchonné comme dans les anciennes gravures représentant les mages anciens. Elle n'eut le temps de rien faire, une sorte de boule de lumière vint la cueillir au creux de l'estomac et l'envoya violemment contre le mur derrière. Il y eut un craquement sinistre dans ses flancs. Retombant au sol, l'épée échappa de ses mains...
Un filet de sang coulait de sa bouche tandis qu'elle ne voyait plus clairement les choses nulle part autour d'elle. Sous ses cheveux, à l'arrière de son crâne, une petite tâche de sang commençait à envahir le sol.
Elle tentait de se relever, mais rien n'y fit, et la tâche s'agrandit...
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le vendredi 16 décembre 2011, 21:48:15
La claque avait été aussi violente que bruyante. Il ne l'avait pas sentie venir, mais ouvrit les yeux juste après. Son regard était toujours aussi mauvais. Et son feu meurtrier montrait son envie de lui sauter à la gorge. Mais elle avait l'air résolue et indomptable, alors il daigna écouter son petit discours.

"J'en ai rien à foutre que tu sois un dieu, mon grand. Rien à foutre si t'es pas foutu de respecter un tant soit peu les autres. Tu me traites comme ton chien, comme une sous-merde, comme... comme une humaine. Sauf que je t'interdis de me considérer comme une simple marchandise, okay? Alors oui, encore une fois, je vais essayer de régler les conneries que tu as semé puisque tu n'es bon qu'à ça. Tu sais quoi? Tu t'étonnes d'avoir été un mauvais père et je sais pas quoi, ben y a qu'à voir comment tu es en train d'agir maintenant. Et même, je crois qu'il vaudrait mieux pour ton fils qu'il crève dans son trou plutôt que tu ne viennes le « sauver ». De toutes façons malin comme tu es, tu ne réussirai probablement qu'à le tuer."

Amusant... Elle ne comprenait pas que le rejeton n'avait pas besoin d'être sauvé. Que c'était tous les autres qui devaient être sauvés de lui. Il soupira et regarda le plafond un instant, comme s'il s'en moquait. Enora ramassait enfin Suffering et appréciait la qualité de son jouet. Elle comptait s'en servir? La bonne blague, à part de sa propre main, il n'y avait eu qu'une personne capable de le blesser avec sa propre épée. Il s'agissait d'Hadès, la seule fois où ils s'étaient disputés. Pour des conneries, en plus. Kyô n'avait pas bougé d'un pouce.
Des types entrèrent par vagues et ce fut une jolie boucherie. Derrière, le Dieu faisait comme si de rien n'était, se levant, assistant au spectacle en se massant la joue. Devant les effusions sanglantes, il restait passif, se frottant l’œil gauche comme un enfant au réveil. C'est qu'elle se démerdait bien, pour une grande gueule. Et puis, sans aucune raison, elle vint lui glisser un baiser furtif.

"Pardon, c'est vrai que c'est cool la baston. Excuse-moi..."

Il ne répondit rien, partagé entre l'envie de lui proposer une baston et celle de lui gueuler dessus car sa joue piquait. Il releva les yeux vers la porte et vit les trois hommes entrer. Lorsque la femme prit le coup et s'écrasa contre le mur, sa seule réaction fut de bailler bruyamment, puis de recouvrir son visage sous son masque. Il se grattait l'arrière de la tête en regardant tour à tour chacun des trois types, jusqu'à ce que le chef prenne la parole:

"Yamiusagi Kyô, vos actes et votre existence elle-même vont à l'encontre de la Voix de Dieu. Vous avez détruit une partie de Tekhos, et c'est la raison pour laquelle vous êtes ici. Mais nous savons que vous, sale abomination Démoniaque, avez souillé des milliers de femmes, et massacré de votre propre chef des dizaines de milliers de gens. Vous avez aussi perverti bon nombre de personnes à votre culte païen, et causé de grands problèmes politiques sur le tout Terra, par les meurtres de divers nobles de Nexus et d'Ashnard. Au nom de l'Ordre, je me dois de vous exécuter sur-le-champ."

Le type laissait aller son aura, lumineuse, vertueuse, effroyable et pitoyable. C'était visiblement pas un mage de merde, si on considère la facilité avec laquelle il fit venir ses deux épées faites de lumière. La réaction de Kyô? Il grogna un peu, puis sourit. Le lien entre lui et sa chienne s'évapora:

"C'est bon, t'as fini?"

Il tendit les bras en les croisant, faisant sortir deux chaînes qui allaient s'enrouler autour du cou des deux sous-fifres, puis tira, les faisant rentrer dans leur supérieur. Et ensuite, les maillons gonflèrent et explosèrent tous à la suite, créant une série de détonations qui arracha les têtes des malheureux et éleva un nuage de poussière. La voix du Sanctus Tenebris était le seule son qu'on entendit ensuite:

"Baneful Chainkill... Elle charge ma Burning Rain dans mes chaînes, et les rend explosives."

Il ne parlait pas tout seul. L'aura du chef était toujours présente, raison pour laquelle Kyô ne cilla pas lorsqu'il sortit de l'écran de fumée, les épées en avant. Il se contenta d'un pas de côté, puis tira sur la manche du type pour le placer en déséquilibre avant, et lui envoyer son genou dans l'abdomen. Le divin reposa à peine le pied au sol pour se redonner de l'élan, et attrapa la tête du mage par l'arrière pour l'amener vers un second coup de genou. On entendit son nez craquer, et les deux adversaires reculèrent tous deux d'un pas. Il se redressait, essuyant son nez ensanglanté avec sa manche blanche. Et puis sans prévenir, il tira trois boules blanches, visiblement les même qui avaient mis Enora au tapis. N'ayant pas le temps d'éviter, le Dieu contracta les muscles abdominaux et encaissa, ses pieds frottants le sol avec le recul. Il regarda l'homme et se mit à rire:

"C'est tout? Haha, c'est vraiment tout ce que tu sais faire? Et c'est avec ces trucs que tu as mis minable l'autre idiote? Je me marre!"

Le croyant n'avait pas l'air surpris. Il se contenta de lever deux doigts, et le ventre de Kyô explosa, l'envoyant au pied du mur à côté d'Enora. Il s'avançait:

"Ne me sous-estime pas, Black Heart Kyô. Je me doutais que des sphères normales ne suffiraient pas face à une hérésie de ton espèce..."

Les épées du type disparurent et ses mains se mirent à rayonner. Kyô se relevait péniblement en tenant son ventre brûlé, et remit des bandages par-dessus. Il eut à peine le temps de réagir qu'un flot de lumière se dirigeait vers lui.

"Dark River!"

Il contrait avec son propre flot d'énergie, mais il avait à peine eu le temps de la charger, donc elle n'était même pas au dixième de la puissance maximale. Néanmoins, elle suffisait à contenir l'attaque.

"Tu me gênes, j'ai dit que je sortirai... Et j'en ai pas fini avec cette petite conne!"

Une chaine sortit du mur et écarta Enora, puis Kyô se poussa à son tour en lâchant tout, laissant les deux attaques s'écraser sur le mur. Surpris, l'ennemi vit soudain la main flamboyante de Kyô s'écraser sur son visage, puis l'attraper et le faire reculer alors que le Dieu l'emportait dans son élan.

"Enora est..."

Il s'arrêta net et lança son adversaire, qui termina sa course en passant à travers la porte du frigo, suivi par une pluie de sphères noires et explosives qui l'achevèrent. Le réfrigérateur était maintenant hors service, tout comme le cadavre brûlé, mutilé et méconnaissable qui était encastré dedans.

"MA PROIE!"

Il tourna les talons et s'approcha d'elle, elle n'avait pas bougé. Elle crachait du sang, et avait une sacrée hémorragie à l'arrière de la tête. Son mana se faisait de plus en plus faible. Le fils d'Artémis s'accroupit et grogna:

"J'te jure, mise K.O d'un seule coup, et après ça fait sa fière en baffant un Dieu..."

Il lui donna un petit coup sur la tête pour la faire réagir, et haussa le ton:

"ALLEZ, LÈVE-TOI, ESPÈCE DE SALE CLÉBARD! T'AS PAS LE DROIT DE CLAQUER SANS MON AUTORISATION PIGE?"

Aucune réaction. Il se mit à grommeler une série d'insultes en grec ancien, puis posa sa main de feu noir sur la blessure sanglante à l'arrière de sa tête. Sa flamme noire augmentait, encore et encore, et il continuait de faire la gueule:

"Putain... Qu'est ce que je fous, je l'ai fait qu'une fois, je suis même pas sûr que ça marche cette connerie..."
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le samedi 17 décembre 2011, 23:33:21
Sonnée, Enora ne voyait plus que le monde trouble désormais. Elle tenta de se relever plusieurs fois mais s'écroulait toujours, tremblante et saignante. Kyô s'était levé, il regardait un des trois hommes, celui qui se tenait au milieu, celui là même qui avait blessé la mercenaire. Elle eut un gémissement sourd en tentant d'attraper l'épée, mais une grande lumière lui fit détourner le regard, le mage venait de faire sortir deux épées magnifiques... Elle n'entendait rien de ce qu'ils disaient, ne comprenaient plus rien, elle ne voyait que leurs bouches qui s'agitaient, qui auraient du produire des sons clairs et distincts mais il ne lui parvenait que des grognements, des meuglements sourds. Kyô défit la chaîne qui lui enserrait le cou, elle eut un soupire de soulagement.
Elle sentait son corps qui, lentement commençait à s'engourdir. Elle ne sentait déjà plus ses orteils, et sa tête, en comparaison, lui semblait si lourde... Elle aurait pu traverser le sol et les étages inférieurs tant elle pesait.

Machinalement, elle tenta d'appeler le dieu, le seul à cet instant qui aurait été capable de la sauver. Mais ce n'était qu'un filet de gémissement, pas même un murmure, un souffle tout au plus, et il était bien trop occupé pour pouvoir s'en soucier.

# Kyô... Kyô...#

Elle se contentait de le penser, n'ayant pas même la force de le prononcer.

# C'est ici et en cette place que je vais mourir... #

Des éclairs de sang jaillirent, finissant de décorer la pièce aux couleurs que la ESP.er avait d'ores et déjà lancées dans la salle des gardes.

La suite, Enora eut un mal fou à la suivre, des éclairs lumineux ou au contraire fort sombre illuminait son regard. Elle ne sentait plus ses jambes, ne parvenait pas même à les remuer. Elle bougea légèrement sa tête, elle entendait comme l'écrasement de... comme si on écrasait une tomate à l'arrière de son crâne... Ses cheveux étaient collés entre eux. Elle n'avait pas besoin de vérifier : elle devait pisser le sang. L'odeur qu'elle sentit brusquement ne fit que corroborer ce qu'elle pensait. Elle eut un nouveau gémissement. Au moins elle ne sentait pas la douleur, c'était juste une horrible sensation de se vider, effrayante, terrifiante, effroyable... Tout ce sang qui s'écoulait, c'étaient sa vie, ses souvenirs, ses amours, ses haines, ses joies et ses peines, c'était elle enfin qui sortait d'elle-même pour disparaître dans un néant dont on ne sait rien, dont on ne sait pas même s'il est réel. Mais elle ne voulait pas... Oh par pitié, non, elle ne voulait pas. Pas tout de suite, pas maintenant...

Il y avait de plus gros éclair dans la salle, ces fortes lumières fatiguaient les yeux d'Enora, elle les ferma...

Cette sensation de vide... Aussi effrayante soit-elle, était apaisante aussi. Plus de colère, plus de haine, plus de peur ni même de rancœur, un grand vide en soi, une paix, enfin, une paix... Elle sourit doucement.
Il y eut une grande détonation...




_Gwenaëlle... ?

Un grand jardin. Une maison de pierres blanches, haute, et un toit en ardoises noires. Une douce matinée d'automne, et Gwenaëlle qui courrait dans le jardin, regardant fréquemment derrière elle, hilare. Enora baissa les yeux. Elle était pieds nus. Des petits pieds. Des petites jambes. Une robe bleue de coton légère. Pas de poitrine, pas de cicatrice, ni d'yeux bicolores. Pas d'armes. Pas de haine, juste la paix... Riant, elle se lança à la poursuite de sa sœur, joignant leur rire. Ses pieds foulaient une terre qui semblait plus légère que le vent dans les arbres, plus douce qu'une caresse, et plus tendre qu'une mère.
Bientôt, elle atteint sa sœur, sautant sur elle dans un grand rire. Elles roulaient un moment, Enora s'emmêlant dans les ailes de sa sœur, ces ailes blanches, douces, belles.... Tout comme l'était leur propriétaire, tout comme l'était sa sœur, son âme, son miroir...
Ecartant les plumes pour retrouver le visage de sa sœur, elle poussa un cri d'effroi en se retrouvant face à celui de son oncle. Elle rampait à reculons, hurlant de frayeur, tandis qu'il avançait vers elle, ouvrant son pantalon, en sortant l'objet de toutes les tortures. Il avançait sur elle, cette hallebarde dirigée droit vers la jeune femme. Il se jeta sur elle avec un cri de rage, forçant ses jambes à s'écarter. Elle lui griffait le visage, lui mordait la chair, donnait des coups de pied, mais rien n'y fit, rien n'empêcha son intrusion en elle, plus que douloureuse, insoutenable, inimaginable.
[/i]





_Enora !? Enora !?

Kyô. Elle ouvrit brusquement les yeux. Elle avait le visage barbouillé de larmes et de sang, le cœur qui battait la chamade et le souffle altéré. Regardant autour d'elle, elle constata que le mage était bel et bien mort. Elle était dans les bras de la déité et, tournant son regard vers le sol elle put constater qu'elle avait perdu énormément de sang.
Elle eut un sourire faible, elle caressa la joue de Kyô :


_Tu l'avais dit... Il ne faut jamais laissé une chienne et idiote de mortelle au contrôle d'une situation...

Elle ferma les yeux. Elle se sentait un peu mieux, mais toujours si fatiguée. Elle n'arrivait même plus à sentir son pouvoir... Ca, elle n'aimait pas, elle se sentait alors terriblement vulnérable, inutile, faible et... Humaine. Ce qui était pire que tout.
Reportant son regard sur le dieu, elle lui sourit de nouveau :


_Merci mais... Tu aurais sans doute mieux fait de me laisser mourir, je doute d'être en état de te suivre dans les dédales de la prison, et même dans nos joutes verbales.

Elle eut un rire étranglé. Ce petit con de dieu avait finalement des sentiments, était capable d'en éprouver, au-delà de sa défiance, de sa vanité et de son amour-propre. C'était tout à fait remarquable.
Mais, si la question du cœur de pierre – ou non – était réglée par rapport à Kyô, elle était loin de l'être quant à la façon dont ils allaient désormais devoir se déplacer dans la prison.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le dimanche 18 décembre 2011, 05:24:22
Un sourire qui découvrait ses dents blanches, un air victorieux et un regard fier. C'est ainsi que Kyô accueillait les propos d'Enora. Il avait réussi à refermer un peu la blessure à sa tête sans comprendre comment, mais la survie de la jeune femme devait être due au fait que Thanatos eut été de bonne humeur, ou que tonton Hadès commençait à saturer sur les rives des Enfers. Quoiqu'il en soit, Kyô avait buté le mage, et il cranait à mort.

"De quoi tu parles? T'as une dette envers Moi, ta vie m'appartient, t'as pas le droit de crever sans mon autorisation! Et puis j'ai envie de me foutre de ta gueule, tu tombes K.O vraiment pour rien, gamine prétentieuse!"

Il la jeta par-dessus son épaule et lui claqua les fesses, puis quitta la pièce sans perdre de temps:

"Ton copain qui s'est servi dans le frigo n'était pas le Haut Paladin que j'ai senti tout à l'heure. Un Diacre ou un Prêtre à tout casser, mais on n'est pas sortis si tu continues tes conneries."

Il arpentait les couloirs totalement au hasard en fredonnant une chanson qui parlait d'un certain Gurdil et de ses aventures dans une forêt. Et puis, soudainement il s'arrêta en grognant, puis se massa l'abdomen un moment. Le coup qu'il avait reçu avait été plus dangereux que prévu. Il retira les bandages et observa, profitant du fait qu'Enora n'était pas en position de regarder devant, vu qu'il la transportait comme un sac à patates. Son ventre était cramoisi, le moindre coup traverserait les tissus et atteindrait les organes. Un Mortel de sa constitution ne serait pas en état de bouger, un Mortel lambda aurait été éclaté en deux par l'explosion. Il se mit à insulter les mages blancs dans plusieurs langages différents, et continua à avancer. Il jeta rapidement un coup d’œil à sa taille:

"T'as de la chance, ton grigri n'est pas abimé, pourtant l'autre n'y a pas été de main morte. T'es vraiment une fille chanceuse..."

Ils passèrent à côté d'une cellule, de laquelle jaillit soudain deux bras, qui firent sursauter le Dieu. Le type enfermé l'appelait en hurlant "Dieu".

"D'où tu sors, tête de con?"

Le gars avait une tête de déterré et semblait sortir de l'hôpital psychiatrique le plus douteux au monde. Sa dentition était inégale et jaunâtre, il louchait, il puait et malheureusement, quelque chose dans son aura montrait qu'il était l'un des croyants du Sanctus Tenebris.

"Mon nom est Taigan Sokomeda, je suis un de vos prêtres! Je suis ici parce que j'ai essayé de convertir ma famille à votre foi! Il ne m'ont pas écouté, je n'ai pas eu d'autre choix que de les tuer, pour leur montrer la véritable Voie du Chaos!"


Le divin fit sauter la serrure d'un doigt et l'homme sortit en remerciant Kyô et en répétant "libre", mais le poing enflammé de Kyô s'écrasa contre sa moelle épinière et le tua instantanément. Le Dieu soupira:

"Conneries, comment peut-on se prétendre l'un de mes fidèles si on est prêt à sacrifier les siens pour un inconnu? Je passerai régulièrement te casser la gueule aux Enfers, Taigan Sokomeda..."


Il continua d'avancer, l'air de rien, et tomba sur deux autres représentants de l'Ordre, accompagnés d'un garde. L'air de rien, il les interpella:

"Hé les mecs, c'est par où la sortie?"


Il leur fit exploser la tête avant même de les laisser réagir.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le dimanche 18 décembre 2011, 22:42:31
Un fanfaron. Un adorable petit fanfaron. Elle sourit davantage. Évidemment, il ne reconnaîtrait jamais qu'il s'était inquiété pour elle, en voyant qu'elle ne se relevait pas, mais elle en était persuadée, il n'était pas totalement insensible, alors il avait du s'inquiéter. Et c'est lui qui la traitait, elle, de gamine prétentieuse... L'hôpital qui se fout de la charité, mais vraiment.

_Ton copain qui s'est servi dans le frigo n'était pas le Haut Paladin que j'ai senti tout à l'heure. Un Diacre ou un Prêtre à tout casser, mais on n'est pas sortis si tu continues tes conneries.

# Mes conneries ? Manque vraiment pas de culot ! #

Il l'avait balancé par-dessus son épaule lui claquant la fesse, comme un vulgaire sac de marchandises vendues en gros, elle eut un gémissement de douleur. Sa tête restait incroyablement lourde, et visiblement le dieu n'avait refermé cette blessure que partiellement. La tête ainsi en bas, dans le dos de Kyô, le sang affluerait et se viderait deux fois plus vite que si elle restait debout, tête en haut. Et en plus là le dieu ne le verra pas. Et comme d'habitude, il ne l'écoutera pas. Son pouvoir n'était toujours pas revenu, elle était impuissante.
Il n'y allait pas de main morte, en plus, se déplaçant sans prendre garde au colis qu'elle était, son corps bringuebalant comme une vulgaire poupée. Sauf que la poupée était salement amochée et qu'il n'y faisait même pas attention. Elle manqua se reprendre un mur en pleine poire lorsque le dieu bondit :


_D'où tu sors, tête de con?

L'échange avec l'inconnu ne dura pas, Kyô le tua aussi sec, comme il tua les autres gardes. Enora voyait des gouttes de sang les suivre, par terre, le dieu jouait au petit poucet avec une force bien plus grande que le mage, et elle était les miettes de pain qu'il semait. Sa tête commençait à lui tourner gravement, elle donna un coup de coude dans le trapèze de la déité : tout le monde concentre des tensions là, les dieux n'échappent pas à la règle, et ça ne loupa pas, il sursauta et la mit face à lui prêt à lui exploser la tronche, mais elle glissa comme une vulgaire poupée de chiffon, les jambes toutes cotonneuses :

_Attends, Kyô, regarde...

Elle pointait du doigt les gouttes de sang qui montraient leur trajet

_... Ça va les mener à nous ou, si tu t'en fous, ça va juste me tuer avant que tu en ais fini avec moi... Me mets pas la tête en bas... Laisse-moi un peu de temps et je refermerai mes blessures...

Elle s'appuya sur l'abdomen du dieu, à travers les bandelettes elle sentit quelque chose d'à la fois chaud et rugueux... Elle écarta les tissus avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit et fit une grimace de dégoût. La peau n'était pas brûlée, non, elle était cramée, cramoisie, incandescente, presque. Le sort avait dû être puissant, la peau donnait l'impression de continuer à se consumer, comme une... clope.

_Et après tu prétends nous sortir d'ici... Okay... Il faut que je mange un truc...

Un des deux gardes était plus gros qu'un éléphant, ce genre de mec gras, bedonnant, devait avoir quelque chose à manger sur lui. Titubant, elle se laissa tomber près de lui. A l'endroit, elle se sentait déjà mieux, cela devrait marcher...

# De toutes façons, il faut que ça marche... #

Elle fit les poches du type, essayant au maximum de ne pas se mettre de son sang partout. Elle finit par trouver quatre barres protéinées et trois barres de céréales.

# Pomme verte... Mes préférées ! #

S'adossant au cadavre sans tête, elle déchira les emballages et avala avec hâte les sept confiseries. Son métabolisme, affaiblit, accueillit cette ressource avec joie, bientôt les nutriments parcouraient son corps, son pouvoir absorbait cette énergie et s'éveillait. Il n'était pas à son maximum, certes, mais il suffirait pour ce qu'elle avait à faire. Se relevant, de nouveau avec un visage rosé et non plus blanchâtre, mais loin d'être ce qu'il était avant, elle se rapprocha de Kyô, se colla toute entière à lui, elle était trop fatiguée pour que cela soit réellement efficace juste mentalement, il fallait que les flux de son pouvoir passent directement dans le corps du dieu pour agir plus efficacement, sans qu'elle ne meurt par manque d'énergie.


_Fais-moi confiance, s'il te plaît.

Ne lui laissant pas le temps de répondre, elle se concentra au point d'en suer. Avec difficulté, elle réussit à transposer son pouvoir sur Kyô. Elle n'avait jamais soigné un dieu, et la puissance qui régnait en lui luttait contre celle, étrangère de la ESP.er, même son corps était têtu comme une mule. Son corps, si grandement lié à son âme, se défendait, encore dans la bataille qui avait eu lieu. Comme une bête blessée, son corps ne se laissait pas approcher. La mercenaire dût forcer le passage, elle devenait rouge de concentration. Finalement, elle parvint à envoyer son pouvoir sur l'abdomen du dieu. Mentalement, elle ressouda les tissus, arrêtant la combustion, réparant les chairs et faisant disparaître la douleur. Elle se contenta de le soigner, trop épuisée pour faire disparaître la cicatrice de brûlure qui régnait désormais sur le corps du dieu. Elle se recula, admirant son œuvre. Elle tâta la peau, un instant :

_C'est bon... Tu es frais comme un nouveau-né... Je m'occuperai de cette cicatrice plus tard, sauf si tu veux la garder... Il faut...

Elle déglutit, chancelante. Guérir Kyô lui avait demandé plus d'énergie que ce qu'elle pensait, elle s'appuya contre lui :

_Trouve moi un truc à manger si tu veux pas que je clamse dans tes bras, et je te jure que je ferai tout pour que ma mort te soit encore plus chiante que ma vie.
Et je te préviens, je boufferai pas les types que tu as tué, même à l'agonie je ne verserai pas dans le cannibalisme.


Elle eut un sourire, ce n'était pas vraiment une menace, même si elle l'avait voulu, elle aurait été incapable de se rendre insupportable, elle était trop exténuée.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le lundi 19 décembre 2011, 02:52:25
"Je continue de penser que tu es une gamine un peu idiote, Enora."

Il glissait une main dans le haut de son dos et passa son autre bas à l'arrière des genoux de sa codétenue. Il la souleva et la porta en princesse, en gémissant comme si la porter était aussi éprouvant que de lever un camion-citerne. Il ajouta même dans l'effort une remarque:

"C'est tout le poids de ta connerie?"

Il commença à avancer en continuant de errer aléatoirement dans les couloirs, montant et descendant des escaliers, en bassinant la pauvre fille sur le dégout que lui inspiraient le cannibalisme et l'auto-mastication, et se mit à disserter un petit moment sur les relations consanguines dans la famille, tout ça pour faire de la conversation et la tenir ainsi éveillée.

"... En même temps si tu voyais sa gueule, tu comprendrais pourquoi même si c'est le mari d'Aphrodite c'est le seul à pas l'avoir sautée. Bref, tout ça pour te dire que t'avais pas besoin de me soigner tout à l'heure, j'ai connu pire, c'est pas à toi qu'Arès a fait bouffer ses deux jambes, ça se voit."

Il ricana, en repensant à ce doux souvenir de convivialité familiale avec son tonton préféré. Il avait omis le fait que toutes ses cicatrices finissaient par disparaitre de toute façon, sans quoi il en serait couvert. Mais bon, détail sans importance, surtout qu'il venait enfin de trouver les cuisines. Il enfonça cette porte d'un coup de pied comme il l'avait déjà fait, même si cette fois il avait l'excuse de ne pas pouvoir tourner la clenche. Puis il resta sur le seuil, perplexe.

"J'ai un truc à t'avouer. Je sais peindre, jouer de plusieurs instruments, graver, sculpter, danser et même faire du lasso avec mes intestins. Par contre, la dernière fois que j'ai fait la cuisine, j'ai réussi à atomiser mon temple. Tu vas devoir te démerder à partir de là."

Il l'allongea sur le plan de travail et ouvrit le frigo, et quelques placards. Il trouva une gamelle remplit d'une drôle de mixture, encore chaude. Il frissonna de dégoût:

"Sérieux, ils voulaient nous faire avaler ça? Même de l'arsenic ça le rendrait meilleur!"

Il regarda le menu. Ce midi, c'était le jour du  steak-frites. Pourquoi il n'y en avait pas? Il traversa la double-porte qui menait au réfectoire, et trouva enfin ce qu'il cherchait. Il trouva aussi une dizaine d'hommes en armure blanche, et un type moins rigolo avec deux armes dans son dos, une hache enchantée dans chaque main, une grosse cuirasse avec un heaume fermé et un gros air de leader. Il n'avait même pas senti l'aura du Haut Paladin, alors qu'il était si près? Les flammes de son bras diminuèrent et se mirent à vriller autour de son bras.

"Comment vous nous avez retrouvés?"

Le Haut Paladin, courtois, répondit:

"Comme vous étiez blessés et que votre frigo était dans un sale état, et puisque vous n'avez pas terminé le poulet, on s'est dit que vous finiriez par passer ici."
"Mais c'est complètement débile! Et si on avait tout simplement plus faim?"
"..."
"VOUS VOUS FOUTEZ DE MOI??"
"Yamiusagi Kyô... C'est parce que ce raisonnement était insensé qu'il nous a directement menés à toi."


Il soupira, désespéré. Pourquoi fallait-il toujours qu'il tombe sur les plus cons? Il se mit à préparer une Dark River, et tous se jetèrent sur lui dans un assaut parfaitement coordonné. Il n'avait véritablement pas de temps à perdre. Des chaînes sortaient du sol et immobilisèrent tous les ennemis, même le Haut Paladin, qui n'allait pas tarder à s'en libérer. Un peu tard.

"Ça, c'est la Link Jungle. Et ça... C'EST UNE DARK RIVER DÉSÉQUILIBRÉE!"

Oui, les flammes tournoyantes de son bras indiquaient qu'il avait utilisé sa forme déséquilibrée, celle qui rabaissait sa force, sa vitesse et son endurance au niveau d'un simple Mortel, pour lui conférer un pouvoir égal à un Dieu de première génération. Le flot noir était aussi large que la pièce, et infiniment plus puissant que n'importe quel TGV lancé avec un moteur de navette spatiale. La destruction du plafond et de l'étage du dessus lui permis de savoir qu'il était au premier sous-sol, et qu'il avait fait un gros trou dans la prison et dans le budget de Tekhos. Encore. Il piqua une assiette, la remplit et retourna dans la cuisine. Il avait un peu la tête qui tourne.

"Prends ton temps... On est moins pressés maintenant..."

Il dégueula son poulet sur le carrelage et sa flamme reprit sa forme habituelle. Les déséquilibres usaient de beaucoup d'énergie, et il valait mieux éviter un tel exercice peu après s'être enfilé deux pattes de poulet bien grasses. Il alla se rincer la bouche dans l'évier, et sourit:

"Il reste encore un peu de poulet, si tu veux."
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le dimanche 25 décembre 2011, 20:51:06
Qu'il était soûlant celui-là, une vraie pipelette, en plus, il l'engourdissait par ce flot de paroles autant qu'il l'empêchait totalement de dormir. Insupportable. Si elle avait été en pleine possession de ses moyens, elle aurait sans doute fait en sorte de l'assommer, au moins l'aurait-elle bâillonné. Une horreur que ce dieu. Une véritable horreur. Sa tête bringuebalait de nouveau, alors qu'elle lutait contre le sommeil qui l'envahissait. Son corps et son crâne lui semblaient encore plus lourd. Sa tête roula dans le creux du cou de la déité, elle ferma les yeux, laissant son corps aller aux balancements qu'entraînait la marche de Kyô, et se laissant bercer par sa voix. Un grand et lourd bruit la sorti de sa transe : il avait ouvert la porte. Avec délicatesse. Comme il savait si bien le faire. Elle soupira très, très fort, tandis qu'il clôturait son long discours sur ses souvenirs émus et émouvants de famille unie qui composait l'Olympe. Il faudrait qu'elle fasse à manger... Une blague ? Elle était incapable de tenir debout, alors tout autant de cuisiner. Surtout, de cuisiner. Elle y mettait toujours une grande concentration et une grande attention, et puis, elle avait pris l'habitude de courir un peu d'un fourneau à l'autre. Non, faire la cuisine ne serait pas dans ses capacités, décidément...
L'allongeant sur le plan de travail jouxtant le frigidaire, il farfouilla un peu avant de tomber sur un plat – sans doute – qui avait l'air, elle tombait d'accord avec lui, réellement immonde. Sans plus de cérémonie, il passa dans une pièce attenante, hors de la vue de la mercenaire.

Elle regarda autour d'elle. Rien pour se défendre, rien pour manger (non, elle ne mangerait pas cette  prétendue bouillie!). Rien à faire non plus pour qu'elle se relève et puisse bouger à sa guise. Bon, eh bien elle attendrait gentiment le retour de la déité, couchée sur ce plan de travail, comme une bonne petite chienne, comme il l'avait nommé.

Des bruits dans la pièce jouxtant la cuisine me firent me redresser avec frayeur. J'entendais vaguement les voix de différents protagonistes, et parmi eux j'y distinguais les cris de Kyô-sama. Pour changer. Je poussais un soupir et me laissais retomber mollement contre le marbre froid. Mauvaise idée, je me cognais le crâne dessus, poussant un lourd gémissement de douleur, me crispant. Comme dans la salle des gardes, j'entendais le bruit d'une grande explosion qui me glaça le sang. Incapable de bouger, je craignais de ne voir paraître un nouvel ennemi qui n'aurait aucun mal à me faire quelque mal qu'il soit. Mais au bout d'un court instant, elle vit poindre non pas un inconnu menaçant, mais juste ce foutu et même dieu, l'air légèrement palot mais tout aussi détendu et irresponsable qu'avant. Il lui tendit une assiette pleine d'une nourriture diverse, avant de régurgiter sa propre nourriture, lui proposant gentiment si elle voulait du poulet : amusant ce bougre en plus... Elle sourit d'un air faussement touché et attendri et se redressa, le laissant à son poulet et ses régurgitations. Rapidement, elle fit le tri parmi les mets rapportés par le divin, elle avala aussi vite ceux qui ne nécessitaient nulle cuisson. Après un court instant, elle sentit ses forces lui revenir, assez pour qu'elle puisse se maintenir debout. Elle se saisit du nécessaire pour faire à manger et se mit à la tâche de cuisiner. Elle aurait certes pu refermer son crâne à cet instant, mais elle aurait par la suite été trop fatiguée pour cuisiner et donc voyager de nouveau, il fallait agir par étape, d'abord recouvrer au maximum ses forces, ensuite se soigner.
Ôtant son haut, elle le noua autour de son crâne comme une sorte de turban afin d'endiguer le flot de sang. Quelle conne, elle aurait pu y penser avant. Seins nus, elle entreprit donc de se cuisiner quelque chose de comestible, et au bout de quelques minutes, agrippant une fourchette, elle se mit à dévorer un véritable festin de poisson, petits légumes, et autre à même la casserole. Elle reprenait des couleurs, soupirant de satisfaction, elle reposa bientôt son ustensile et, défaisant son espèce de turban, vint apposer sa main contre la plaie ensanglantée. Elle frissonna de dégoût à ce contact : la peau était froide et gluante. Elle eut tôt fait de refermer la plaie et, bien que fatiguée, elle se sentait cette fois à l'aise et opérationnelle pour les combats et l'évasion qu'avait prévu cet abruti fini de Kyô.

Plongeant son kimono dans un bac rempli d'eau chaude fumante, afin d'en enlever le sang, elle tourna sa tête vers lui :


_Pour la seconde fois, permet à la pauvre gamine conne et idiote que je semble être selon tes dires de te remercier pour lui avoir sauvé la vie... Mais que cela ne devienne pas une habitude,

De toutes façons, ce qui commençait à être sérieusement habituel, c'était davantage les situations plus que dangereuses dans lesquelles le dieu les fourrait continuellement. Elle eut un lourd soupir, dévisageant la déité. Puis, ayant enlevé autant de sang qu'il était possible, elle se tourna vers lui :

_Si nous ne sommes plus pressés, prends un moment pour te reposer, tu es encore tout pâle, plus qu'une petite culotte de vierge, et puis mon kimono n'est pas sec.
Et si tu ne veux pas te reposer, réfléchis à la façon dont nous allons aller récupérer mes armes avant de sortir d'ici, je ne sortirai pas sans elles, et si tu refuses, j'irai me faire tuer bêtement, histoire que tu ais bien les boules. Donc, s'il te plaît, mon très cher Kyô, penses-y...


Elle lui sourit gentiment, espérant faire pencher la balance de son côté. Elle avait l'impression de toutes façons qu'il commençait à l'avoir à la bonne, mais, qui sait, cet énergumène était à peu près autant prévisible qu'une femme enceinte maniaco-dépressive, alors, les spéculations et les estimations faites sur le dieu valaient à peu près autant que zéro. Voire moins.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le dimanche 01 janvier 2012, 23:32:37
Il se gargarisa et cracha dans l'évier. Il avait connu des moments beaucoup plus glorieux dans sa vie d'Immortel que ceux où il se mettait à dégobiller par terre pour passer ensuite trois plombes à se rincer la bouche pour passer le goût qui restait dans sa gorge. Il l'écoutait parler, sans rien dire, attendant gentiment qu'elle ait fini. Et puis, toujours aussi taciturne, il attrapa la barrette d'Enora, qui était restée à sa taille, et la fit jouer entre ses doigts. Il brisa le silence:

"Pour la troisième fois, t'as pas le droit de mourir si je l'ai pas décidé. Et pour la je-ne-sais-quantième fois, j'ai pas de temps à perdre, que ce soit pour récupérer d'une petite nausée ou visiter toute la prison pour retrouver quelques armes pourries."

Il alla s'asseoir en tailleur sur le plan de travail, et se claqua les cuisses en souriant:

"Après c'est comme tu veux mon caniche, soit tu joues les exigeantes, on va chercher tes jouets et comme j'en ai plein le cul, j'explose ton ornement emplumé, soit on sort, je te le rends, tout le monde est content, et on va voir le vieux boiteux tout moche pour qu'il te fasse un joli truc qui coupe."

Il examina encore une fois ledit ornement, l'effleurant de ses doigts enflammés. Il reconnut les plumes. Des plumes d'Ange. Pourquoi?

"Troisième option, tu vas chercher tes armes toute seule, Moi j'me casse avec ton truc, je m'en vas trouver le piaf d'où tu tiens ces plumes et je me fais un nouvel oreiller. Comme t'as pu le voir les Anges et Moi c'est pas l'amour fou, ils ont tendance à raconter des conneries pour rien et à essayer de me buter, alors que je me casse le cul à sauver leurs pauvres gamines qui se font réduire en esclavage comme des connes. Même les divinités salvatrices ils essayent de leur péter les dents!"


Il avait nommé et insulté les deux catégories d'Anges les plus courantes pour la faire tiquer. Il avait bien compris que le propriétaire de ces deux plumes, quel qu'il soit, avait une grande valeur pour Enora. Qu'il eut été ami ou ennemi, on ne garde pas sur soi les plumes rougies d'un Ange qu'on n'a pas connu, à moins d'être complètement timbré, ou suicidaire. Sauf si l'Ange en question était un proche. Et dans ces cas-là, il faisait pencher l'avis d'Enora pour son grigri, et donc elle suivrait la décision du Dieu, aussi insupportable soit-il. Et puis il bailla, et comme il lui menait un peu la vie dure, et qu'il la maintenait d'ailleurs en vie juste pour mieux la tourner en dérision, il se décida à ajouter une quatrième option.

"Ou alors, dernière chance: on va chercher tes armes, je te rends ton machin là... Et en échange, tu m'offres un combat. Et aussi... Ta dévotion, tant qu'on y est. Avoir un chien c'est nul. Avoir un chien irritant c'est juste emmerdant. Mais avoir un chien obéissant, ça c'est marrant. La décision t'appartiens, mais si tu décides d'aller crever toute seule, je te retiendrai pas."


Il voleta vers elle, et posant sa main sur l'épaule de la jeune femme, il eut un sourire, à la fois moqueur, mauvais et complice.

"En fait se promener avec toi c'est un peu comme aller au bordel. Je m'éclate bien mais quand je décide que tout s'arrête, ben j'arrête tout et je me barre sans payer!"
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le samedi 21 janvier 2012, 17:13:18
Pas le droit de mourir sans sa permission... Il était réellement con ou... ? Entre arrêter une hémorragie et ressusciter quelqu'un il y avait quand même plus qu'un simple fossé. Son arrogance commençait à lui taper sur le système. Soupirant en l'écoutant encore vomir ses conneries, elle appuya son dos contre un des plans de travail.
Il jouait maintenant avec les plumes de Gwenaëlle, elle se doutait qu'il trouverait une nouvelle façon de l'emmerder. Il fallait bien que le pauvre chéri se sente fort, non... ?
Cela ne tarda pas, en fait... Quel répugnant crétin.


_Après c'est comme tu veux mon caniche, soit tu joues les exigeantes, on va chercher tes jouets et comme j'en ai plein le cul, j'explose ton ornement emplumé, soit on sort, je te le rends, tout le monde est content, et on va voir le vieux boiteux tout moche pour qu'il te fasse un joli truc qui coupe. Troisième option, tu vas chercher tes armes toute seule, Moi j'me casse avec ton truc, je m'en vas trouver le piaf d'où tu tiens ces plumes et je me fais un nouvel oreiller. Comme t'as pu le voir les Anges et Moi c'est pas l'amour fou, ils ont tendance à raconter des conneries pour rien et à essayer de me buter, alors que je me casse le cul à sauver leurs pauvres gamines qui se font réduire en esclavage comme des connes. Même les divinités salvatrices ils essayent de leur péter les dents!

A vrai dire, elle n'entendait pas grand chose à ces derniers discours, connaissant assez mal le fonctionnement de tout Terra, elle faisait un peu ce qu'elle voulait, sans souci de savoir ce qui était juste ou non, ce qui était légal ou pas. Ceci dit, et malgré son ton encore une fois insultant, elle ne put retenir un sourire : massacrer l'ange à qui elle avait pris les plumes... ? Ironie du sort, lui qui voulait le brûler, cet ange était déjà en cendre.
En revanche, l'idée d'abandonner ses armes, si cela ne lui plaisait pas, impliquait, si elle choisissait la première option, d'avoir des armes bien plus puissantes et, même si son katana et son revolver étaient pleins de souvenirs, elle les conservait aussi dans son ornement... L'idée était alléchante, on ne pouvait le nier. Une arme peut-être aussi puissante que celle qu'il possédait, en fait... Elle contempla un moment l'étrange épée du dieu. C'est vrai qu'elle défonçait tout, légère et pourtant mortellement dangereuse et efficace, superbe de cruauté. Il lui en faudrait une comme ça, oui...
Mais il reprit, comme amusé par son propre caractère insupportable :


_Ou alors, dernière chance: on va chercher tes armes, je te rends ton machin là... Et en échange, tu m'offres un combat. Et aussi... Ta dévotion, tant qu'on y est. Avoir un chien c'est nul. Avoir un chien irritant c'est juste emmerdant. Mais avoir un chien obéissant, ça c'est marrant. La décision t'appartiens, mais si tu décides d'aller crever toute seule, je te retiendrai pas.

Flottant jusqu'à elle, il lui sourit, si proche qu'elle put sentir son haleine :

_En fait se promener avec toi c'est un peu comme aller au bordel. Je m'éclate bien mais quand je décide que tout s'arrête, ben j'arrête tout et je me barre sans payer !

Elle ne put se retenir de rire. Très bien, elle jouerait le même jeu que lui, quand bien même il était seul à en dicter les règles. Elle s'avança vers lui, se collant au corps brûlant du dieu. Elle vint murmurer sur un ton suave, au creux de son oreille, et caressant la nuque du divin d'une main lascive :

_Dans un cas comme dans l'autre, votre Honneur, c'est vous qui êtes baisé... Si j'étais une putain d'un bordel que vous auriez visité, et même sans me payer, vous paieriez pour les herpès et autres cochonneries que je vous aurais refilé et puis...

Elle se dégagea du dieu, marchant lentement à travers la pièce, ses hanches se balançant outrageusement.

_...l'ange en question est mort, il y a bien des années, je crois que, comme pour beaucoup de choses, vous n'arriviez un peu tard pour ne pas dire le dernier..., elle eut un sourire, Alors voyez-vous mon cher dieu, puisque dans votre immense bonté vous me laissez le choix... La question importante, en fait, est de savoir si, même si vous avez un chien docile à vos basques, vous supporterez son insolence et son impertinence car, crois-moi, Kyô, si je devenais vraiment ta chienne, je ne t'écouterais pas passivement sans rien faire pour tenter de t'emmerder. Au risque que tu me tues, bien sur, ou détruises ceci, continua-t-elle sur un ton plus sérieux, désignant son ornement. Etre au service de quelqu'un, au fond, ne me dérangerait pas, surtout toi, qui a l'air d'être un dieu de colère, quelque chose me dit que je ne saurais m'ennuyer, et que je pourrais même continuer mon entreprise de meurtre. A côté de ça, il faut considérer ton offre d'aller voir Héphaïstos et la sincérité de tes mots : tu ne t'entends pas avec les autres déités, qu'est ce qui me prouve que tu saurais le convaincre de me forger une lame, dis-moi... ?

Elle sourit davantage, s'approchant, se collant presque à lui, coincé maintenant entre le corps de la ESP.er et le plan de travail. Elle fit marcher ses doigts sur le visage du dieu, grimpant sur le nez, jusqu'au front :

_Reste à savoir si je peux vous faire un minimum confiance... Mon chou.

Là, elle aussi pouvait être insupportable !
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le mercredi 01 février 2012, 20:20:48
Bien sûr que non, elle ne pouvait pas lui faire confiance. D'ailleurs ça aurait été normal, Ça faisait environ vingt ans qu'on avait pas vu Héphaïstos sur l'Olympe, il avait laissé un écriteau devant son temple où il était écrit "en vacances". Personne ne savait où et pour combien de temps, mais ce qu'on savait, c'est qu'il n'allait pas forger d'armes pour un petit moment. Le Dieu resta naturellement sûr de lui, et étouffa un petit rire.

"Pure envie d'insoumission... Et t'as beau savoir à quel point mon pouvoir est terrifiant, tu persistes à me tenir tête. C'est parce que ça m'amuse que j'ai décidé que tu mourrais pas maintenant."

Il posa ses mains sur ses épaules en souriant et la repoussa doucement en tendant les bras. Allumeuse! Il n'avait pas le temps pour ça. Il préférait jouer avec sans gaspiller de temps, il n'aimait pas traîner dans la même zone que l'Ordre. C'était peut-être pour son sale caractère qu'au fond, il arrivait à la supporter. Ils avaient le même côté désobéissant, la même façon de s'entêter. Kyô réalisa alors qu'il avait du mal à rester avec quelqu'un qui lui ressemble trop. Il n'apprécierait pas sa propre compagnie.

"Bien, je vais te dire ce sur quoi tu peux avoir confiance : si je suis contraint de te livrer pour sortir, sans autre option, je n'hésiterai pas un seul instant pour te ligoter et te coller au milieu des gardes libidineux et agressifs. Pour ce qui est du vieux forgeron c'est d'une simplicité évidente, il se fout bien de qui est son client, on lui file un boulot il le fait. Je sais même pas ce qu'il pense de Moi, ni même de Zeus. Je lui ai demandé Suffering, il me l'a faite."

Voilà pour ce qui était le la sincérité. Brusquement, il déposa un petit baiser sur ses lèvres (c'est elle qui avait commencé!) et se dégagea, quittant la pièce en déclarant ouvertement Héphaïstos est introuvable !, et adressant à Enora un signe de main qui lui indiquait de le suivre. Au moins, ça, c'était réglé. Il n'y avait donc plus de gros soucis, vu que l'Ordre était de l'histoire ancienne. Il n'y avait personne en ces lieux capable de terrasser Yamiusagi Kyô... Personne.

Ah non ?
Il s'était à peine engagé dans le couloir en déclarant être le plus fort qu'il s'arrêta net, alors même que son sang éclaboussa le mur. Son corps était barré de profondes entailles en diagonale. Trois pour être précis, parallèles et espacées entre elles, comme des griffures. Les dommages internes étaient importants : myocarde entaillé, trois côtes cassées, une fêlée, muscles intercostaux déchirés, poumon gauche perforé, intestins laminés et rein droit endommagé. Ajouté à cela une hémorragie abondante, il fallait vraiment être un immortel pour survivre à une attaque pareille. Il tomba à genoux, puis à quatre pattes, toussant une gerbe sanglante sur le sol. Trop confiant , il avait baissé sa garde. Sa vue se troublait, mais il relevait la tête vers la personne qui lui avait fait ça.

Stature de femme. Non, de fillette. Un peu comme dans les mangas, où c'est toujours la gamine toute frêle la plus dangereuse de tous. Celle qui bute les vétérans surentraînés et dopés aux stéroïdes rien qu'en se fâchant tout rouge. Vous voyez ? Ce genre de saloperies-là. C'est seulement lorsqu'elle prononça ces mots que le Dieu du Chaos, l'Indigne fils d'Artémis, le plus fort de la fratrie la reconnut :

"Enfin trouvé, Usagi-chan!"

Les yeux écarquillés, le regard rouge plongé sur le sang qu'il venait de cracher, il se maintint l'abdomen de peur de perdre des morceaux. Comment? Comment cette sale gosse pouvait l'avoir abattu d'un unique coup? Deux raisons.
La première, il était en excès de confiance. La garde baissée, après avoir vaincu un Haut Paladin et emmerdé sa chienne comme il se devait, il ne s'attendait pas à un tel coup.
Le deuxième, cette fillette faisait partie de ses nombreux jumeaux. Elle était Mole (http://i46.servimg.com/u/f46/15/96/64/89/85d5e710.jpg), Déesse des Taupes. Kyô l'avait déjà battue auparavant à plusieurs reprises, avec une facilité innommable. Le soucis ? Mole possédait trois pouvoirs : Le premier, le fait de pouvoir dissimuler sa présence et son aura lorsqu'elle était sous terre. Le second, c'était ces griffes énormes qui sortaient de ses doigts, et qui l'aidaient à creuser plus vite qu'un puits de forage. Le troisième était de loin le plus emmerdant : plus Mole était en-dessous du sol, plus sa puissance augmentait. De base elle n'était pas très forte, mais Kyô n'avait jamais eu à l'affronter sous terre, se battant constamment avec ses frères au beau milieu de l'Olympe.

Et là, elle sautillait sur place, toute fière d'avoir mis le plus fort de ses frères au tapis d'un unique coup. Le divin roula sur le flanc, dos au mur, le visage crispé de douleur, grognant comme un animal blessé. Ses yeux de braise finirent par trouver une personne floue qui se tenait immobile. C'était Enora. Sa voix était faible, mais son ton était ferme.

"Sans commentaire... Casse-toi, va-t-en, maintenant!"
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le samedi 09 juin 2012, 23:21:17
Son impertinence commençait en fait à l'amuser, d'autant plus qu'il se montrait toujours aussi insupportable, certes, mais semblait se radoucir un peu.
Un sourire se dessina sur les lèvres de la mercenaire, quand, surprise, elle resta coite sous le baiser fugace du dieu. C'était un peu chaud. Le baiser, hein, veillez à raison garder, jeunes gens ! Sans doute son côté démoniaque. Ou alors le simple fait que le corps d'Enora soit encore un peu froid entre son hémorragie et le glacial contact du plan de travail contre lequel elle était appuyée quelques instants plus tôt.
Elle n'avait cru aucune parole prononcée par le dieu, et grand bien lui en fasse, car, évidemment, quand bien même il lui aurait dit la vérité, avec pareil personnage il y a toujours un couac, en l’occurrence, l'introuvabilité d'Héphaïstos
.

_Petit con... ne put-elle s'empêcher de sourire avant de le suivre.

A peine avait-elle franchi le seuil de la porte, qu'une pluie, non, une averse, une douche de sang l’éclaboussa sans vergogne. Crachant le fluide qui avait pénétré dans sa bouche, elle eut un haut-le-cœur. Essuyant d'un revers de main le sang qui embuait son regard, elle resta immobile de stupeur face à la gamine qui se tenait devant elle, et surtout face aux énormes griffes qui prolongeaient les doigts de la frêle enfant. Enfin, frêle, de façon bien relative, à en croire les litres de sang, et le boyau qui pendouillait hors du corps de Kyô.
Avec un gémissement animal, il se tourna vers elle, lui intimant l'ordre de se barrer
.

Après un dernier regard lancé vers la gamine, Enora s'enfuit avec vitesse.
Elle courut le long de plusieurs longs et sombres couloirs dont seul le bruit de ses pas troublait la quiétude, bruit qui appelait automatiquement les cris des prisonniers voisins.
… Les prisonniers voisins ! Mais oui !
Aussitôt, au fur et à mesure de sa course, Enora faisait péter les portes des cellules, ne s'attardant pas sur celles qui étaient en plus verrouillées par des sorts. Bientôt, alors que de dangereux sorciers et autres créatures se heurtaient encore aux maléfices de leur prison, de nombreux détenus se ruaient hors des leurs avec de longs hurlements de rage. Les alarmes hurlaient dans les tympans, tandis que bien vite, aux hurlements des évadés se joignaient les beuglements d'ordres aboyés avec fermeté et comme une pointe de panique.
Dès qu'elle vit poindre le premier escadron, la mercenaire concentra son pouvoir, neutralisant en un tour de main les armes et autres sorts dudit escadron, elle le fit léviter en même temps qu'elle et poussa tout ce bazar droit vers l'endroit où elle avait abandonné Kyô et la gamine.

Dès que cette dernière fut visible, elle relâcha sa maîtrise des armes et sorts et lança les gardes surentraînés sur la gamine. Elle n'imaginait pas un seul instant qu'ils parviendraient à lui tenir tête, mais vue leur nombre et leur entraînement, ils suffiraient à l'occuper assez longtemps pour qu'elle puisse soigner – au moins un peu – le dieu.
Aussitôt dit, aussitôt fait, elle se précipita sur Kyô qui avait toujours les tripes à l'air. Comme à son habitude, il maugréait sur la stupidité de la tueuse, et Enora lui imprima fermement sa main sur la bouche afin de le faire taire en même temps qu'elle l'adossait au mur.


_Pour une fois, ferme ta gueule, on a pas le temps.

Sans attendre de réponse et sans même y prêter attention, elle plaqua ses mains sur la plaie béante et dégueulante de sang de l'infernal rongeur. Au vue de sa capacité d'auto-régénération il suffirait sans doute de peu pour le remettre sur pied, enfin suffisamment pour qu'il bute la grognasse aux sucettes. Alors que de la sueur perlait sur son front, l'abdomen du dieu se referma, laissant de larges cicatrices croûtées sur la peau fine. Elle s'attarda un petit moment afin de replacer correctement les intestins et autres boyaux et eût juste le temps de tirer le dieu dans la pièce où ils se tenaient quelques minutes auparavant pour éviter un nouveau coup de griffes.
Plaquée à la fois contre le sol et le mur, elle tourna son regard vers Kyô :


_Il faut vraiment que tu apprennes à te socialiser, là c'est plus possible !

Entre le vrombissement des sirènes d'alertes, le boucan des combats entre gardiens et évadés, les hurlements hystériques de l'affreuse gamine, c'était un sacré bordel. Enora se pencha vers le rongeur :

_Dis-moi p'tit lapin, je peux faire quoi là ? A part me barrer, s'entend...
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le lundi 11 juin 2012, 01:31:03
"Tu triches... J'suis fatigué là..."

Il était content qu'Enora l'ait écouté pour une fois, mais Mole était plutôt sanguinaire. S'il ne la retenait pas, elle serait partie à la poursuite de la jeune femme, et l'aurait égorgé sans cérémonie. Alors pour gagner du temps, et même si ça lui déplaisait, il avait engagé la conversation avec sa sœur. Il levait les yeux vers elle, haineux, les dents serrées. Elle esquissait un demi-sourire, froid, accompagné d'un regard calculateur.

"J'peux savoir ce que tu fous là?"

Malgré ses airs enjoués, la Déesse des Taupes n'était pas du genre à dévoiler ses arrière-pensées, et c'était surtout pour ça que Kyô ne l'aimait pas. Les deux autres raisons? Elle faisait partie des enfants d'Artémis les plus dévoués, et aussi, elle venait de lui charcuter le bide. De toute la fratrie, jamais un enfant d'Artémis n'avait autant blessé Kyô qu'elle, à l'instant.

"Tu as fait beaucoup de grabuge ces temps-ci, ça a pas été dur de te retrouver. Volpe..."
"Volpe est un connard!"

Il n'avait pas vraiment tort. Dieu protecteur des Renards, Volpe était certainement le plus rusé de tous, et s'était auto-proclamé rival de Kyô. Pour cette raison, il s'était démarqué comme un vrai lèche-cul auprès d'Artémis, et mis à part la protection de ses fidèles, son occupation principale était de remettre son frère dans le droit chemin, autrement dit lui pourrir l'existence. Heureusement, même s'il était un stratège fin et sournois, Kyô avait toujours réussi à se débarrasser de lui avec quelques baffes.

"... De te ramener auprès de Mère pour que tu rendes compte de tes actes."
"Artémis est une connasse aussi."


Tous avaient leur façon de nommer leur Déesse Créatrice: Volpe et Mole l'appelaient Mère, en guise de respect. La grande majorité des autres se contentait de Maman, certains d'un affectueux et amical Boss. Kyô l'appelait Artémis, parce qu'il avait du mal à la considérer comme une figure maternelle, ou même un être digne de son affection. Quand il s'adressait à elle, il disait connasse. Il trouvait que ça lui allait "divinement bien".

"Ecoute frangine, on sait déjà comment ça va se passer, si tu me ramènes. Je vais insulter ta mère, je vais vous faire exploser la cervelle, à toi, Volpe et les autres, et ensuite je vais encore me faire la malle en retirant les flèches d'or de mes organes vitaux. Artémis sera encore plus furax, vous aurez tous mal au crâne pendant deux mois, et faudra faire réparer les colonnes que je t'aurai collé au fond du..."
"C'est les ordres Usagi-chan, Je dois te ramener et je le ferai!"


Il entendait les bruits qui s'approchaient, ainsi que l'aura déployée de cette chieuse de mercenaire. Heureusement que sa sœur était plus douée pour cacher son aura que pour sentir celles des autres. Il fallait reconnaitre qu'Enora avait du cran: elle désobéissait à un Dieu, elle s'opposait à une Déesse, et pour ça, elle avait libéré un paquet de type super dangereux. Je le savais, mes beaux yeux lui font de l'effet.

La diversion fut plutôt surprenante, mais Kyô connaissait bien Mole et ne se faisait pas d'illusions: Une armée de mille hommes surentrainés ne tiendrait pas dix minutes contre elle. Enora revenait comme une espèce d'héroïne à la Xéna, qui tombe toujours à pic pour sauver le pauvre second rôle. Le problème, c'est que le second rôle en danger, c'était lui. Et que Kyô ne connaissait pas Xéna.

"Je t'ai dit de te tirer, pas de me sauver la mise dans des tentatives désespérées, espèce d'abruti congéniMMMM!"
"Pour une fois, ferme ta gueule, on a pas le temps."


Malgré la main qui lui couvrait la bouche, il grogna quelque chose qui ressemblait à va chier, mais se laissa faire sans broncher lorsqu'elle se mit à soigner ses blessures. Mole était en train de réduire les pauvres mortels qui la gênaient à l'était de hachis parmentier sauce ketchup, et il regarda son avant-bras gauche: sa peau était translucide, tous ses vaisseaux sanguins apparents. De l'autre côté, sa flamme était devenue basse. Il devait avoir perdu quatre litres de sang, au bas mot. Le sol devait être glissant.

Enora le ramena dans la cuisine, et bien qu'elle s'asseyait au pied du mur, il préféra s'allonger sur le sol froid et dur, pour ne pas faire un malaise. Sa vision était encore très vague, mais un Immortel comme lui savait aller au-delà des limites du corps. Il n'était pas un humain du tout, après tout.

"Il faut vraiment que tu apprennes à te socialiser, là c'est plus possible!"

Venant de la fille qui avait voulu le démembrer dès son arrivée pour une histoire de clopes, il avait vraiment touché le fond. C'était ça qu'il lui fallait, dans l'immédiat: une clope. Il ricanait tout bêtement, alors que sa flamme reprenait une taille normale par saccades. Son cœur battait extrêmement vite et fort, si bien qu'on avait l'impression qu'il sautillait, ainsi allongé sur le sol. Il reprenait de la couleur, lentement mais sûrement.

"Dis-moi p'tit lapin, je peux faire quoi là? A part me barrer, s'entend..."

P'tit lapin? Elle avait dû trouver ce surnom à cause de la façon dont Mole l'avait nommé. Il ne répondit pas, respirant profondément, puis se redressa, et se releva comme si de rien n'était. Il n'y voyait encore pas très bien, et il avait l'impression que des piverts s'acharnaient sur ses tempes, mais il était debout, avec cet air enjoué et mesquin qu'il aimait arborer devant Enora.

"T'as peur l'emplumée? Je croyais que se barrer était la priorité? Sinon, on peut toujours retourner se pieuter dans la cellule, mais mon plumard est un peu abîmé."

Il regarda le plafond:

"Dans l’immédiat, il faut rejoindre la surface, au moins le niveau du sol. Mole sera moins emmerdante après ça. L'avantage, c'est que vu le merdier que t'as foutu, je peux ouvrir un accès direct en faisant tout péter, sans trop attirer l'attention. Mais je suis pas encore au mieux de ma forme, et si j'utilise la magie maintenant, je pourrai pas me la faire une fois en haut."

Il s'arrêta de penser, et écouta le silence. Le silence d'Enora, le silence du couloir. Dans la zone proche, la lutte avait cessé. Il attrapa Enora par l'épaule et la jeta derrière lui, juste avant que les griffes qui jaillirent du mur ne la touchent. Une fraction de seconde plus tard, et la mercenaire était perforée à cinq endroits différents. Les griffes se retirèrent, et Mole passa par la porte.

"Usagi-chan, je ne sais pas qui est cette Mortelle, mais si elle me fait obstacle, je la tuerai elle aussi."

Elle s'exprimait comme si elle avait détecté un lien entre Kyô et Enora, comme si son frère éprouvait un quelconque intérêt pour l'humaine. Il se mit à rire, à sa grande surprise:

"Une Mortelle? Il n'y a que trois êtres vivants dans cette pièce. Un mec cool, branché et bien gaulé, son clébard inutile qui passe son temps à aboyer bêtement, et une sale gamine obsédée par sa môman qui a grand besoin d'une manucure!"

L'épée en main, il se remit en garde devant sa sœur. Il avait beau jouer aux durs, ses appuis étaient peu fiables, et il distinguait la silhouette floue d'une Déesse qui lui sauterait à la gorge d'une seconde à l'autre. Sa flamme était de taille normale, mais elle témoignait plus du mana qu'il utilisait pour rester conscient et libre de ses mouvements, plutôt que d'un état stable et d'une capacité optimale.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le jeudi 02 mai 2013, 02:30:23
En fait, quoi que grande gueule irritante qu'il était, ce petit con de dieu était assez marrant, dans le fond. D'ailleurs ce devait être la seule raison pour laquelle Enora lui avait sauvé la vie. Bon, peut-être aussi parce que sans lui elle aurait dû affronter l'autre tarée avec des griffes. Peut-être.
La mercenaire écouta attentivement le discours de son homologue. En dehors de la énième pique qu'il venait de lui lancer, il venait aussi de lui livrer la faiblesse de leur actuelle ennemie commun.
Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas le silence qui s'était fait dehors, que le combat avait cessé, que tous les gardes qu'elle avait envoyé à la gamine étaient morts. Ce n'est que lorsque Kyô la projeta violemment hors du mur contre lequel elle se tenait qu'elle réalisa soudainement que la petite pause qu'elle avait réussi à instaurer venait de prendre fin. Presque simultanément, les griffes percèrent le mur et la ESP.er déglutit difficilement en imaginant ces instruments la transpercer de part en part.
Se retirant, les griffes disparurent, avant de reparaître, mais avec le reste du corps, par la porte. Machinalement, elle bondit sur ses pieds, glissant derrière le dieu, qui l'avait fait passer derrière lui, de la même façon. Si Enora était bel et bien une mercenaire sanguinaire un peu timbrée, elle n'en oubliait pourtant pas son instinct de survie. Grognant de mécontentement face à l'invulnérabilité de cette sale gosse elle laissa les deux protagonistes échanger quelques mots.
Sentant son orgueil de nouveau piqué à vif à la mention du « chien » qui s'adressait bien sûr à elle, elle agrippa le bras libre du dieu :


_Arrête de m'insulter ou je t'empale sur les griffes de la gamine. Franchement.

Regardant, avec un air de défit, ladite créature gamine, elle ramassa sa taille sur ses genoux légèrement pliés :

_Et toi, sale gosse, tu ne me tueras pas.

D'une prodigieuse poussée, elle s'éleva dans les airs, Kyô pendant au bout de son bras. Epuisée par les combats et par les soins prodigués précédemment, elle serrait les dents, souffrant véritablement le martyr, et luttant pour ne pas s'évanouir en plein vol. Ils traversèrent plusieurs plafonds (ou sols, c'est selon, comme vous voulez), avant de parvenir à une sorte de vaste hall, l'intérieur du dôme qui constituait le toit de la prison. Se concentrant davantage, elle en fit exploser une partie, par laquelle elle hissa leurs deux corps.
Si le vol s'était déroulé sans encombre, l’atterrissage, lui, fut rude. Ils roulèrent tous les deux le long de la surface ronde jusqu'à l'espèce de terrasse qui continuait le toit. Heurtant brutalement une aspérité, son souffle fut un instant coupé après un vif son de douleur. Maugréant, elle parvint à se remettre sur pieds, chancelante et tremblante. Des yeux, elle chercha son arme, et la fit venir à elle. Elle n'avait jamais été autant à bout de force face à un adversaire et sa vision floue l'inquiétait.
Elle ne chercha pas Kyô des yeux, se contenta d'hurler à son intention :


_Putain t'as intérêt à la dégommer maintenant !

Un bruit strident se fit entendre de loin : comme elle s'y attendait, la sœur du dieu les suivait en escaladant, usant de ses griffes, les murs et les plafonds de la prison. Alors que les bruit se rapprochait, Enora s'éleva de nouveau dans les airs et, au même moment où la gamine sortait du trou du toit qu'elle avait fait, la ESP.er se laissa tomber, lame de katana en avant, sur la créature, lui sectionnant brutalement un bras.
Le cri de la fillette fut immédiatement suivi de sa contre-attaque : sans ménagement, elle empala le corps de la mercenaire sur l'une de ses griffes. Quoi qu'elle s'y attende, elle laissa échapper un petit bruit de surprise, sous le coup et la douleur. Ses mains lâchèrent son arme qui tomba avec un tintement métallique sur la structure du toit. Retirant sa griffe, la fillette laissa le corps agonisant d'Enora rouler le long de la paroi, de nouveau, et s'échouer sur la terrasse, encore.

Gémissante, Enora porta ses mains à la blessure, un trou énorme dans l'abdomen. Avec les quelques forces qui lui restaient, elle tenta d'enrayer l'hémorragie, n'y parvint qu'à moitié. Du sang continuait de sortir d'elle avec un gargouillis sinistre. Levant ses yeux embrumés par la douleur, l'épuisement et, est-il nécessaire de faire toute la liste, tout le reste, elle parvint à distinguer la silhouette des deux divinités qui s'affrontaient.

Luttant pour ne pas partir, elle serra ses mains contre sa blessure, comprimant son haut contre la plaie pour endiguer le flot de sang.


_Kyô, butte la..., parvint-elle à murmurer.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le jeudi 02 mai 2013, 18:23:43
Il se relevait avec difficulté. Il avait dû perdre conscience l'espace de quelques instants, car il ne savait même pas où il était. Il se souvenait avoir décollé avec Enora, et puis il s'était réveillé là. Elle, elle était à terre. Et une nouvelle plaie suintait de son ventre. Putain, qu'est-ce que t'as encore fait?

"Kyô, bute-la..."

Il relevait les yeux. Sa sœur était au sommet du dôme, fixant ce qui lui restait de bras avec une expression crispée. Oh, elle avait connu pire, mais cette fois, c'était différent. Cette fois, c'était une Mortelle qui l'avait blessée. Kyô découvrit alors une chose sur Mole: blessée par un Mortel, elle perdait toute sa contenance. Elle semblait... Atteinte de folie furieuse, oui. Elle jurait, crachait et hurlait sa colère à Enora pour l'avoir mise dans un tel état. Elle, un être éphémère, privant une Déesse de son bras. D'ordinaire, Kyô aurait fait des remarques et aurait eu la vanne facile. Mais il n'écoutait même pas sa sœur, même quand elle rejeta la faute sur lui. Non, ses yeux rouges restaient rivés sur la mercenaire et sur le sang qu'elle perdait. Les corps des humains sont si fragiles... Sa voix était rauque, mauvaise, et ferme. La colère lui resserrait la gorge et rendait son ton encore plus amer:

"Boucle-la. Garde tes forces. T'es la seule de nous trois à pouvoir crever, alors accroche-toi à ta vie."

Il enjamba Enora comme il le ferait avec n'importe quel cadavre, et commença à gravir le dôme en marchant. Ça donnait un côté solennel à la scène, mais il y avait une vraie raison. Ne pas courir, même pas voler. Conserver ses forces et en finir, maintenant. Lorsque son regard de braise revint sur Mole, la Déesse se figea l'espace d'un instant. Son frère avait les lèvres pincées et les yeux d'un tueur glacial. La même expression qu'il accordait à Artémis. Et pourtant, elle se permit quand même de lui rire au nez.

"Ne me sous-estime pas, Kyô! Même si je n'ai plus qu'un bras et qu'on est à la surface, j'aurais aucun soucis à t'écraser vu ton état. Ensuite, j'achèverai cette petite pute!"

Kyô? C'était rare qu'elle l'appelle par son prénom. Il continua d'avancer, et leva la main gauche, pour bien la montrer, avant de refermer le poing et de le mettre dans son dos. Ses lèvres s'étirèrent en son habituel sourire de défi, dévoilant ses dents couvertes par un fin filet de sang. Il remarqua l'absence d'une de ses molaires, et comprit ce qui s'était bloqué dans sa gorge à son réveil. Mole, quant à elle avait saisi le message:

"J'ai pas besoin de mes deux bras pour en finir, connasse. Je vais te rappeler où est ta place."

La Déesse des Taupes était hors d'elle. Elle se rua à la rencontre de Kyô dans un rugissement indigne de sa profession, ses griffes crissant contre le dôme. Bien que son pas était rapide et régulier, son corps balançait comme un pantin désarticulé, et ses yeux fous fixaient Kyô malgré le balancement frénétique de sa tête.
Ses griffes percèrent. La peau, les muscles, le sternum, puis le péricarde, le myocarde, l'endocarde. Encore les muscles, encore la peau, et elles ressortaient du dos du Dieu, couvertes de son sang. Sous le choc, il cracha une nouvelle gerbe de sang, et rejeta la tête en arrière, les bras ballants. Mole esquissait un sourire victorieux. Ça y était. Elle avait battu Usagi. Enfin.
Et puis, d'un coup, la main droite de Kyô lui saisit le poignet, et le serra. Les yeux au ciel, il gloussait. Le ciel était gris, presque blanc. Alors que le rire du Dieu s'intensifiait, il abattit sa tête, violemment, contre celle de Mole. Front contre front, il lui adressa une dernière remarque:

"Putain, t'es faible!"

Il extirpa alors les griffes de son corps, et tira sur le bas de sa sœur par dessus son épaule pour loger son genou dans son abdomen. Et un deuxième. Et un troisième. La rejeter en arrière, Pied dans les côtes, poing au visage pour briser le nez, talonnade au tibia, crochet du droit, revers du coude. Et il continuait, la malmenant comme une poupée de chiffon. Mole sentait sa chair s'attendrir sous l'avalanche de coups, puis ses côtes cédèrent. Une de ses hanches, aussi. Et une rotule. Sa mâchoire tenait bon, mais son nez était couvert de sang et une de ses arcades avait fini par éclater. Elle n'était plus très jolie à voir. Et puis, il y eut une petite pause, et un dernier coup. A la gorge. Avec Suffering. La Déesse sentait l'air entrer directement dans sa gorge. Puis elle s'effondra, sous un crachat rougeâtre de Kyô. Il se retourna et héla l'E.S.Per, au cas où elle fut toujours consciente:

"J'viens de décider un truc, trancheuse de Dieux! A partir de maintenant, je suis le seul qui ait droit de t'ôter la vie!"

Il allait ajouter un petit "c'Moi qui décide", mais ses jambes flanchèrent, et rien d'autre qu'un long soupir ne s'échappa de sa bouche. Il dévala le dôme, encore, et c'était pas super glorieux.

Le noir total.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le lundi 17 juin 2013, 14:18:27
Une intense puanteur la tira de sa léthargie. Une odeur de sang poisseuse, de sang grillant au soleil. A cette odeur s'ajouta bientôt une intense douleur provenant de son abdomen. Se relevant péniblement sur les coudes, elle put constater à loisir la plaie béante dans son ventre. Le sang avait cessé de couler avec autant d'abondance, mais il continuait à s'échapper par minces filets, se répandant autour d'elle dans une vaste marre. Il était étonnant qu'elle soit encore en vie. Avec le peu de force qu'elle avait pu récupérer pendant son inconscience, elle se concentra pour refermer un peu ce qu'elle pouvait. Ce n'était pas du grand art, et elle avait perdu énormément de sang.
Elle pensa aussitôt à Kyô, lui seul pourrait la sauver. Même si cette idée était loin de lui plaire. Ses organes refermés, et la peau vaguement rattachée, laissant encore filtrer du sang, elle le chercha des yeux. Il était à quelques mètres plus loin, lui aussi sur la vaste plate-forme du toit.
Gémissant douloureusement, elle rampa jusqu'à lui. Sa lenteur était accentuée par la chaleur qui l'accablait. Il devait être midi car le soleil était haut et brûlant. A mi-chemin elle dût s'arrêter, haletante. Son visage était souillé de sang et de larmes, de poussières émanant des batailles ayant eu lieu dans la prison. Elle se demanda un moment ce qui pouvait bien se passer, d'ailleurs, dans la prison. Avec tous les prisonniers, ou presque, dehors, les gardes massacrés... Sûr qu'après ça, elle deviendrait une sérieuse criminelle recherchée.
Grognant pour se donner du courage, elle avança un nouveau bras, et tirant, elle se traîna sur cette petite et infime distance. Des larmes de douleur jaillissaient de ses beaux yeux et des cris de souffrance sortaient de sa gorge. Elle n'avait jamais été autant blessée.
Il lui fallut plus d'un quart d'heure pour atteindre le Dieu qui n'était en fait qu'à une dizaine de mètres.
Elle se hissa sur le torse de Kyô pour voir correctement son visage. Il était inconscient et son corps était entièrement couvert de sang. Paniquant, la mercenaire scruta les alentours, mais il n'y avait que le corps de la déesse, plus haut, sur le dôme. Son anxiété grimpa brusquement. Quoi que visiblement battue, elle restait une déesse et elle pouvait se réveiller à tout moment et Enora n'était pas assez stupide pour croire la vaincre. Hoquetant de douleur, de peur et de fatigue, elle secoua faiblement Kyô :


_Debout ! Réveille-toi ducon ! Allez... !

Mais rien. Il était dans les vapes, absent, pouf, envolé.
S'asseyant contre lui, le dos reposant contre le buste de la déité, elle se mit à sangloter. Ca ne lui ressemblait certes pas, mais elle était à bout de force. Brusquement, une idée lui traversa l'esprit : Kyô lui avait dérobé sa barrette fétiche avec les plumes de sa sœur. Se retournant aussi vite qu'elle le pouvait – c'est-à-dire plutôt lentement – elle fouilla Kyô. Elle n'eut aucun mal à la retrouver, au fond d'une des poches du Dieu. Avec un sourire, elle serra les plumes dans sa main avant de les embrasser et de remettre l'objet dans sa chevelure toute maculée de sang.
Alors qu'elle s'appuyait de nouveau contre lui, elle vit soudainement le corps de Mole se mouvoir. Un frisson de terreur lui parcourut l'être entier. La déesse était maculée de sang et même de la distance où elle était, Enora pouvait deviner ses yeux emplis de haine. Elle s'adressa à la ESP.er avec une voix sifflante :


_Tu pourras dire à mon frère que notre mère n'oublie rien, jamais. Qu'il s'attende à une nouvelle visite.

La mercenaire déglutit péniblement alors que la taupe humanoïde disparaissait étrangement.
S'allongeant contre Kyô, la tête reposant sur son buste percé à de multiples endroits, elle ferma les yeux. S'il ne se réveillait pas bientôt, c'en était fini de Dame Cruelle et de ses frasques...
Se tournant péniblement sur le côté, pour être face au visage du Dieu, elle posa sa main sur sa joue :


_Gros naze... Réveille toi.

Puis, de nouveau, tout noir, sa main retomba mollement contre l'épaule de Kyô.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le dimanche 14 juillet 2013, 04:54:45
Le réveil était rude. A peine ses paupières étaient-elles entrouvertes que les rayons du soleil étaient venus s'écraser sur sa rétine. Et le simple fait de bouger son bras pour couvrir ses yeux éblouis avait réveillé des douleurs musculaires dans tout son corps. Son corps était à bout, cette fois. Et la sensation poisseuse dans son dos lui indiquait que la plupart de son sang s'était répandue sur le sol. Et il n'y avait pas que le sien.
A côté de lui, Enora, les yeux clos, avait une expression figée et grimaçante. Elle en avait bavé, elle aussi. Pourtant, voir cette barrette de plumes revenue dans sa chevelure arracha un demi-sourire amusé au divin. Et puis, parce que ses côtes lui faisaient un mal de chien quand il inspirait, il se rendit compte d'une chose. Il était le seul ici, à respirer encore.
Kyô se redressa d'un bond. Son corps pesait une tonne, et la douleur lancinante le fit grogner et jurer. Fais fi de la douleur. Tu as déjà ressenti ça. La première fois que la foudre de Zeus a traversé ton corps. Il y avait une trainée écarlate sur plusieurs mètres, derrière la mercenaire. Un goût amer le prit à la gorge, et il regarda à nouveau la femme, avec un air quelque peu effrayé, et des yeux grands et ronds.

"Ah putain, déconne pas toi!"

Il posa sa main dans son cou, avec plus de violence que prévu. Son triceps l'avait fait tressauter, si bien qu'on aurait cru qu'il lui avait mis une claque. Nouvelle grimace. Mal de chien.
Rien. Fini, elle était partie chez Hadès. Mole avait eu raison d'elle? Enora avait succombé au châtiment des Dieux. Et la colère qui grondait au fond de Kyô raviva les flammes sur ses mains, son bras, son épaule. Sa mâchoire se crispait, et son cœur qui se rétablissait déjà se remettait à battre à cent à l'heure. Il se voyait déjà brandir la tête de Mole, en poussant un cri hargneux.
Tou-doum.
C'était faible, mais il l'avait senti. Il y avait un pouls, aussi insignifiant soit-il. Il y avait encore une lueur de vie. Il y avait encore de l'espoir. Ses lèvres s'étirèrent, il découvrit les dents. Et puis, sa flamme se mit à croître, devenant si dense qu'il crût un instant qu'elle allait consumer son propre bras. Il la bascula sur le dos sans aucune douceur, et posa sa main droite sur l'abdomen, sur sa plaie béante et sanguinolente.

"Je te le redirai un milliers de fois s'il le faut! T'as pas le droit de crever! Et t'as certainement pas le droit de me laisser là, tout seul, comme un con!"

Il sentit quelque chose, glisser de son épaule jusque sa main. A l'intérieur de son bras, comme une boule que se déplaçait sous sa peau, d'un froid mordant, qui disparaissait au bout de ses doigts. Et une autre. Et encore une autre. Cette sensation de gel le brûlait de l'intérieur, mais peu à peu les douleurs dans son bras se calmaient. Et quand enfin ce fut terminé, il retira sa main: le trou dans le ventre de la mortelle n'était plus qu'un souvenir. Plus aucune trace sur sa peau, pas même de sang. Comme si le liquide rouge s'était résorbé.
C'était comme si, à ce moment précis, il savait exactement quoi faire. Il se mouvait machinalement, comme si c'était dans sa nature, comme si ce qu'il comptait faire était gravé dans ses gênes. Il reculait son coude et son épaule, paume exposée, doigts quelque peu repliés, comme s'il allait la frapper. Et, en fait, c'était le cas.

"DEBOUT, BORDEL!"

Sa main s'écrasa contre la poitrine d'Enora, et pourtant, rien ne se cassa, rien ne bougea. C'était comme si le peu de sang qui lui revenait se mettait à vriller à l'intérieur de sa main, et se libérait en une impulsion. Le corps de la belle sursauta, et son cœur se remit à battre vivement. Elle était sauve. Et lui n'avait absolument aucune idée de ce qu'il venait de faire* (http://www.angelfoodcomic.com/wp-content/uploads/I-have-no-idea-what-I-am-doing.jpg). Il roula sur le dos, pris d'un rire soulagé. Elle n'allait pas tarder à se réveiller, et il faudrait foutre le camp en vitesse. Il avait un peu de temps pour se reposer.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le lundi 05 août 2013, 16:02:01
C'est avec un crachat monumental de sang que la belle au toit dormant remercia son prince charmant à son réveil. Suffocante encore du flot de sang s'étant répandu dans les organes inappropriés et par les mauvaises voies, le corps d'Enora était secoué de saut de cabri et de toux violents alors même qu'elle était toujours dans les vapes.
Après ce brusque remue-ménage il n'y eut plus rien, si ce n'est le son de sa respiration sifflante. Si le Dieu avait bel et bien soigné la plaie béante dans le torse de la jeune femme, il n'avait pu effacer si facilement les séquelles moindres (enfin, façon de parler) qui parcouraient l'ensemble de son organisme. Au bout de quelques longues minutes, la conscience de la mercenaire lui revint. Les yeux toujours clos, des flash lumineux défilaient dans son esprit endolori, présentant les scènes de combat précédentes, les murs explosant, les gardes anéantis par une gamine à l'apparence vaguement humaine puis l'envolée sur le toit... Les événements défilaient dans son subconscient à une allure folle, comme si son esprit tentait de refiler le court du temps pour comprendre comment elle avait pu arriver là.
Puis ce fut le pique de douleur. Intense, insupportable, incroyable. Ouvrant brusquement les yeux, la douleur fut telle que la ESP.er fut incapable de crier pour dégager un peu de cette peine, le hurlement était coincé dans la gorge, comme paralysé par la trop vive sensation. Son corps était tendu de tout son long et chaque muscle vibrait de cette douleur. Chacun de ses putains de muscles ressentait cette douleur : aucun moyen de s'y soustraire, aucun moyen de la fuir, et son cœur battait comme un diable pour la ramener, la conserver ici, son cœur battait et se battait pour la garder en vie après que Kyô l'eut sauvée.
Le cri muet s'étrangla dans un râle alors que gémissante elle se détendait petit à petit. La lumière lui brûlait la rétine, l'épuisait davantage. Il lui fallut encore quelques minutes pour reprendre conscience des événements, de là où elle se trouvait. Papillonnant des yeux, les dernières paroles du Dieu résonnaient dans son esprit et elle réalisa soudain qu'elle lui devait la vie. Tournant péniblement la tête vers lui, elle lui prit difficilement la main, qu'elle serra en signe de remerciement, incapable d'articuler un mot pour le moment.
Refermant les yeux, elle tenta de résumer la situation dans son esprit. Les gardes devaient encore être occupés avec les derniers détenus. Certainement ceux qu'elle avait pu libérer avaient à leur tour libéré d'autres prisonniers, peut-être même ceux derrière leurs champs magnétiques, les sorciers, ceux aux pouvoirs magiques divers. Ce devait être un sacré bordel. Ils avaient encore un peu de temps, mais pas indéfiniment, il faudrait bientôt trouver une solution pour s'enfuir pour de bon, sachant qu'en redescendant du toit les attendraient encore les miradors, les clôtures électrifiées, les barbelés... Sortir puis trouver une planque, se reposer. Mais avant tout, il lui fallait ses armes. Tournant la tête à l'opposée de son sauveur, suivant des yeux la traînée de sang qu'elle avait laissé derrière elle en rampant vers lui, elle vit, au bout, son cher sabre. Tâtonnant à sa ceinture d'une main maladroite, elle y sentit son pistolet. Soupir de soulagement. Elle ne se souvenait plus de comment elle les avait récupéré, sûrement dans la cohue... ou bien un coup de Kyô, peut-être ?
Incapable de bouger plus que ça pour le moment, son corps trop en manque de sang encore, elle tendit le bras en direction de son katana en gémissant doucement, pour attirer l'attention de la déité et pour qu'il la lui ramène...
Ronchonnant comme il savait si bien le faire, il s'exécuta pourtant. Au fond, il avait dû s'attacher à cette emmerdeuse de mercenaire, comme elle s'était attachée à lui. Lorsqu'il revint, jetant négligemment le katana près du flanc de sa propriétaire, elle lui saisit la cheville en gémissant encore, tentant de se relever, sans succès.
Ils devaient fuir et elle était au plus bas, une vraie loque, une encombrante, pourtant il ne la laisserait pas là, n'est-ce pas... ?
Des yeux à la fois rageurs d'être si faible et pleins de panique s'étaient levés vers Kyô, yeux qui semblaient dire « et maintenant, tu vas faire quoi de moi... ? »
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le lundi 12 août 2013, 21:57:12
Un sourire victorieux irradiait sur le visage du divin au cœur noir. Il posait son regard sur Enora, ce pauvre petit corps Mortel qui s'accrochait à la vie. On est dehors, t'es toujours là. Le plus gros est fait. Et elle, elle levait les yeux vers lui. Oh, elle avait l'air déterminée, malgré ce qui les attendaient encore. Elle n'était qu'une étincelle de vie à peine consciente, mais quelle étincelle! De celles qui font de grandes lueurs au cœur même des ténèbres. Mais quelle que fut sa volonté, elle était un être inférieur. Elle ne pouvait pas tenir par la seule force de son énergie magique. Elle ne se rétablirait pas si facilement que lui. Il leva le pied et le remua pour qu'elle le lâche, comme pour se débarrasser d'un chien trop affectueux. L'image l'amusait, oui. Et puis, de la pointe du pied, il la retourna sur le dos comme il l'aurait fait avec un cadavre. Clébard moribond ou mortelle à demi-morte? Il lui laissait à penser qu'elle était un peu des deux. Avant de lui rappeler qu'elle valait mieux que ça.
Il passa une main sous son dos, l'autre derrière ses genoux, et la souleva délicatement, la serrant contre lui. Et puis il eut un nouveau ricanement moqueur:

"Tu verrais ta gueule, ça fait peur!"

La sortie était en vue, mais le comité d'accueil aussi. En bas du bâtiment, c'était une véritable petite armée qui les attendait. Et encore, une bonne partie devait être à l'intérieur, en train de mettre fin aux émeutes. Ça règlerait pour un moment le problème de surpopulation dans les prisons. Les enceintes étaient protégées par des tireurs, des barbelés, des fils électrifiés, et un champ de force avait été mis en place au-dessus d'eux, pour éviter la fuite aérienne. Et de ce qu'il avait vu en arrivant, il y avait des douves toutes neuves remplies de solution électrolytique, ce qui expliquait l'option "démolir un mur pour sortir". Plus que la porte. Et il avait les mains prises. Manquait plus que les requins mutants, les hélicoptères avec mitrailleuse à plasma, une armée de slimes d'acide, et pourquoi pas Gaïa juste sur le seuil de la porte. Il avait le sentiment que c'était pas le meilleur endroit pour un pique-nique en amoureux. Il se contenta de hausser les épaules.

"Je tiens le pari. Sans les mains, et sans même une égratignure de plus pour ta part."


De toute façon, il n'avait pas de mains à utiliser. De toute façon, il devait traverser. De toute façon, il était un Dieu. Et il n'aimait pas perdre un pari. Il avait bien rétamé une Déesse d'une seule main, il pouvait bien s'en passer pour quelques mortels, aussi organisés fussent-ils. Il prit son élan et sauta au bas du toit, accélérant sa chute pour atterrir sur le crâne d'un gardien, distribuant acrobatiquement quelques coups de pied à ses collègues alentours, les envoyant valser.Il se mouvait de façon à mettre Enora hors de portée de chaque coup, tout en évitant au maximum de la secouer. Ses mouvements étaient surhumains, ses postures, elles, frisaient le ridicule. Ils venaient s'écraser sur lui, vague après vague, et lui les accueillait avec un rire puissant et un jeu de jambe rapide et agile. Des mâchoires éclataient sur ses genoux puissants, mais ils revenaient, toujours plus nombreux.

"Bon, je crois que j'ai pas d'alternative..."

Des chaînes sortant du sol balayèrent les ennemis alentours, alors que Kyô rejetait la mercenaire par-dessus son épaule, le temps de nouer ses cheveux en une longue queue de cheval, à l'aide d'une petite chaînette noire. A ce moment-là, il aurait pû utiliser sa main libre. Mais un pari est un pari, non?
L'atmosphère devint glacée. A nouveau la terreur s'installait dans les alentours, et les yeux du Dieu devenaient une source de malaise général. Des dizaines de chaines sortaient de ses omoplates et se tressaient pour prendre la forme d'ailes gigantesques, et une autre, plus épaisse, au bas de son dos, s'agitait comme la queue d'un fauve. Au bout de celle-ci apparut Suffering, prête à répandre le sang. Kyô ressemblait à un Ange de la mort fou de guerre, à un véritable Dieu démon. Les ailes se repliaient pour protéger ses flancs, le laissant face à l'objectif: la sortie était droit devant. Il s'avançait au pas, son épée se chargeant de lui dérouler un tapis rouge fait de sang et de cadavres. Qu'y avait-il pour l'arrêter, désormais?
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le dimanche 16 mars 2014, 14:43:22
La douceur n'était décidément la qualité première de ce petit Dieu. Sans ménagement, il l'avait soulevé du sol – enfin du toit s'il faut être précis – et avait sauté à bas de leur perchoir. Malgré les précautions qu'il pouvait prendre, Enora grimaçait à chacun des mouvements de Kyô qui déclenchaient dans son corps des sortes de vibrations et micro-mouvements de son propre corps toujours aussi endolori. La douleur, les chocs, la fatigue et tout ce qu'elle avait enduré la rendait parfaitement cotonneuse et elle peinait véritablement à cerner le déroulement de la situation. Tout ce qu'elle percevait était les paroles de la déité mais était incapable de comprendre – et même de chercher à comprendre – ce qu'il pouvait bien baragouiner, elle entendait les entre-chocs, les casques se heurter aux pieds du dieu, les mâchoires, coudes, genoux, et autres membres indistincts craquer impitoyablement sous les coups de son insolite protecteur.

Avouez tout de même que la situation était grotesque, surréaliste et... et elle était à court d'adjectifs.
Sérieusement, elle qui haïssait tant les dieux se retrouvait sous la protection de l'un d'eux et quand bien même il n'aimait pas, lui non plus, ses compatriotes, il n'en restait pas moins que la situation était.... grand-guignolesque. Que voilà un adjectif parfait !

Kyô tournoyait sur lui-même, prenant garde à prémunir la jeune femme des coups distribués, tandis qu'il semblait danser un étrange tango avec leurs ennemis... Kyô voulait donc juste une dernière danse.
Si elle n'avait pas mal partout, elle aurait très certainement pouffer de rire de sa propre plaisanterie, mais le simple fait de respirer lui donnait l'impression qu'on lui enfonçait des milliards d'épingles un peu partout dans l'être. Oui, c'était douloureux, désagréable, tout ce que vous pouvez imaginer. A vrai dire, elle aurait sans doute préféré accoucher d'une vingtaine de trolls géants en même temps que de subir ça. Histoire de donner une échelle de comparaison, quoi.

Un cliquetis sinistre attira son attention : des chaînes sortant de nulles part fauchaient avec élégance les pelotons d'adversaires les envoyant valser avec une délicatesse toute relative vers les clôtures électrifiées.
Elle grimaça en entendant le choc de ces soldats contre les grilles, ne pouvant s'empêcher d'imaginer la violence de l'impact, multiplié par le grésillement électrique. Ca aussi, ça devait picoter.
Un contact froid la fit simultanément sursauter et frissonner, et alors qu'elle tournait la tête, une ombre étrange se dessina sur elle : d'énormes et imposantes ailes d'acier, faites de chaînes entremêlées se dressaient dans le dos de la déité. Clignant des yeux, incrédule, elle ne put s'empêcher de penser que, bon, Kyô avait beau être agaçant, trop fier, et absolument têtu comme une bourrique, ce coup-là était quand même bien badass, comme on dit.
Les ailes se rétractèrent sur le corps de leur maître et, par extension, sur l'ESP.er qui avait été nonchalamment balancé sur l'épaule du dieu. Cette position, passablement plus inconfortable que la précédente, empêchait qui plus est la jeune femme de contempler la scène, ce qui la frustra. Et quand on est physiquement blessée comme elle, les petites attentions sont importantes, or, il en manquait sévèrement et elle se promit d'être de nouveau insupportable dès qu'elle serait en mesure d'articuler autre chose que de vagues voyelles.

Et maintenant, quelle était la suite du plan génial de ce dieu... ? Et que feraient-ils une fois sortis ? Il convenait tout de même d'y penser et il y avait peu de chances qu'une fois dehors il l'abandonne à son sort en pleine forêt, sinon il ne se serait certainement pas donné la peine de la sauver jusque là. Elle se retrouvait donc encore à sa merci et cela la débectait. Un bon coup de pied au derrière, voilà ce qu'il fallait à ce foutu garnement et, en même temps, il lui avait sauvé la vie... Entre reconnaissance et fierté, c'est pas toujours facile de s'y retrouver, croyez-moi.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le dimanche 06 avril 2014, 01:07:02
S'il lui avait dit qu'elle ne se ferait pas blesser davantage, ce n'était pas le cas de Kyô: une entaille à la tempe, le flanc droit écorché, il commençait à être à bout de souffle. Après cette escapade, la bataille se trouvait être très éreintante, et il sentait déjà que sa limite arrivait. Il avait beau être fort, il restait un Dieu mineur, et il venait d'affronter sa propre soeur. Et malgré tous ses efforts, les ennemis arrivaient toujours en nombre, et Enora se trouvait ballotée en tous sens. Quand bien même on l'attraperait de nouveau, il voulait la sauver, elle. Non pas qu'il ait ressenti de l'affection pour ce poids mort qui n'avait cessé de lui rappeler toute la journée à quel point il était insupportable, non. Mais avec toutes les conneries qu'il faisait, il pouvait bien réaliser une bonne action de temps en temps. Ca fait toujours bien sur le CV.

"Hé... Tu te dis que si on en est là, c'est juste parce que tu m'as cassé les couilles pour une histoire de clopes?"

Il rejetait la faute sur elle, alors qu'elle était aux frontières mêmes de la conscience, et que son esprit pataugeait entre la vie et la mort. Si elle pouvait s'énerver, oui, si elle avait fait attention à ses paroles, peut-être sa combativité l'aiderait à tenir davantage. Mais Kyô ne comptait plus trainer. Il allait la sortir d'ici, maintenant, coûte que coûte. Immature, irresponsable, et insupportable, il demeurait être un Dieu. Dieu des lapins, certes, mais un Dieu quand même.
Et face à cette horde de gardes armés, entre ces murailles énormes, il souriait, comme un gosse.

"On fait comme ça, alors? Je te dois une clope, et tu me dois la vie."

C'était fou comme les deux choses lui paraissaient insignifiantes. Et pourtant, dans l'instant, elles étaient importantes. Ses ailes et son étrange queue disparurent, et Suffering tomba à terre, tout simplement. Il déplaça le corps d'Enora comme un rien, et la serra contre lui, une main dans les cheveux pour lui tenir la tête. On aurait dit deux amants se faisant des adieux au milieu d'un champ de bataille. La seule chose qui manquait à ce tableau, c'était des sentiments.
Tout autour d'eux, des milliers de chaînes étaient sorties du sol, frappant chaque ennemi, les envoyant tous valser dans le même temps. Une ligne droite s'aménagea entre eux et les porte fermées Et c'était le moment de tout donner. Alors il donnerait absolument tout. Il s'inclina en avant, laissant donc la mercenaire basculer en arrière, exécutant le célèbre pas de danse du tango pathétique avec un cadavre n°9. Puis leurs pieds décollèrent du sol. Et ils foncèrent droit sur la porte, comme un missile. Il n'avait plus aucune main libre, et plus assez d'énergie pour créer d'autres chaines. Et bien tant pis. Il allait enfoncer la porte. Avec sa propre tête. Et nul ne saurait dire si c'était le fait d'un miracle, de sa constitution hors normes ou bien du fait que le divin était complètement timbré, mais la porte céda, malgré son épaisseur et ses verrous. Et le Dieu n'avait même pas prêté attention au fait qu'il avait senti un crac en haut de son crâne, ni même le fait que sa nuque lui faisait maintenant atrocement mal. Une fois les portes passées, il prit de la hauteur, de la vitesse, et partit loin, très loin.

Il ne sut combien de temps de vol passa, mais il finit par perdre de l'altitude, et il se crashèrent en pleine forêt, à cinq mètres d'une petite rivière d'eau claire. Il avait su pivoter pour se retrouver en dessous d'elle au moment de leur rencontre avec l'herbe humide, et il avait fait ainsi une bonne trentaine de mètres en glissant sur le dos, s'enfonçant peu à peu dans le sol, jusqu'à se nicher entre les racines d'un arbre énorme. Il ne voyait plus rien, percevait des sons inconnus qui venaient de partout et nulle part, et ne sentait plus son dos que par le biais d'un caillou anguleux qui s'était niché en dessous de lui. et il transmit le peu d'énergie qu'il lui restait au corps immobile dans ses bras.
Se montrer gentil, ça fait vraiment chier...

Le noir complet.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Enora le dimanche 08 mars 2015, 15:05:44
La suite des événements ne parvint qu'indistinctement à la jeune femme. Une sensation de vide, puis un choc brutal, de nouveau le vide puis un nouveau choc, plus long. Du moins lui semblait-il. Après ? Plus rien.

Ce qui réveilla Enora en premier, ce fut l'odeur : un mélange écœurant de sang, de fer, de sueur, et tout un tas d'autres choses indescriptibles. Ce qui vint immédiatement après, fut la douleur. Une douleur incommensurable, aussi indescriptible que la puanteur qui régnait autour d'elle.
Elle peina à ouvrir les yeux, et ne put retenir une grimace qui accentua encore sa souffrance.
Au-dessus d'elle se déployait un important réseau de branches épaisses et entremêlées, sur lesquelles naissaient de belles et grasses feuilles vertes. Elle voulut bouger, mais la prise que Kyô avait sur elle l'en empêchait. Péniblement, elle tourna la tête vers son bras gauche, emprisonné, et constata qu'il ne s'agissait pas du dieu, mais d'une énorme racine qui la bloquait juste au niveau du coude. Retenant un juron à la perspective de devoir faire des efforts supplémentaires pour se dégager, elle prit une grande inspiration avant de se décider à remuer le bras. La douleur jaillit dans son épaule tel un éclair et elle ne put retenir un hurlement. Un regard vers cette dernière lui fit rapidement comprendre qu'elle était démise : on pouvait voir l'os luire en dehors de son logement, sous la peau. Formidable. Elle était donc coincée sous une racine de la taille d'un troll sans la possibilité de s'en défaire. Levant les yeux vers les feuilles, elle resta un instant immobile à réfléchir aux possibilités qui s'offraient à elle. Elle manquait de force, et elle ne pouvait se défaire de cette emprise par le biais de ses pouvoirs sans risquer sa vie ou celle de Kyô qui avait sûrement besoin de soins lui aussi. Elle n'aimait certes pas les dieux, mais en tuer un qui lui avait sauvé la vie lui semblait pour le coup quelque peu malhonnête.
Puisqu'aucun bruit alentour ne laissait présager de l'arrivée de soldats, de troupes ou peu importe quoi encore, elle prit encore quelques minutes afin de remettre ses idées en place, puis, lorsqu'elle eut réussi à penser à autre chose que la douleur, elle se décida à tenter de se dégager. De sa main droite, elle se saisit du haut de son épaule invalide, et, serrant les dents, elle tira de toutes ses maigres forces afin de se défaire de cette emprise.
L'épaule dégagée, elle n'avait plus qu'à ramper, ce qu'elle fit, avant de se retourner vers l'endroit où elle se tenait étendue quelques instants plus tôt. Ce n'est que là qu'elle réalisa qu'elle avait été couché tout ce temps sur le corps inerte de son compagnon d'infortune, coincé lui aussi entre, et sous plusieurs racines épaisses de l'arbre gigantesque. Leur deux corps entremêlés s'étaient enfoncés de plusieurs dizaines de centimètres dans la terre meuble. Le souffle coupé en prenant conscience de la violence du choc qu'ils avaient dû subir, elle réalisa du même coup les incroyables et innombrables blessures qui saillaient le corps de Kyô.
Au même moment, son cerveau finit enfin par réaliser que, non loin, courait un ruisseau dont on percevait le clapotis apaisant et rassurant. Jetant un œil à son épaule démise, au dieu agonisant – voire sans doute déjà mort – elle ne put retenir un profond soupir de dépit qui lui tira immédiatement une grimace de douleur. Elle n'avait pourtant pas le temps de s'en soucier davantage car si elle voulait avoir une chance de s'en sortir, et de tenter de sauver l'autre branquignolle, elle n'avait guère le choix : tendant son bras valide vers le haut, elle parvint à trouver une racine à laquelle s'agripper. Serrant une nouvelle fois les dents afin de se préparer à l'effort auquel elle allait se soumettre, elle tira de toutes ses forces afin de se hisser. La terre roulait sous son poids, se dérobait sous ses pieds, mais elle refusait de lâcher prise. De l'autre côté il y avait de l'eau, de l'autre côté il y avait la promesse de la vie, de sa survie, et peut-être celle du dieu. Il n'y avait par ailleurs aucun doute sur le fait que, quoi qu'il ne soit pas très apprécié de ses pairs – de ce qu'elle avait pu voir – elle aurait sans doute des soucis si elle ne le tirait pas d'affaire, et elle ne tenait pas particulièrement à se retrouver avec une armée de dieux aux fesses.
Son pied droit butta contre quelque chose de dur et, de la pointe de sa botte, elle dégagea la prise et finit de se hisser jusqu'à la racine émergeant. S'y cramponnant plus que jamais, maintenue par miracle sur sa petite plate-forme, elle en profita pour reprendre brièvement son souffle avant de lancer de nouveau sa main vers le haut du talus qu'ils avaient créé dans leur chute. Cette fois ce fut une touffe d'herbe qu'elle saisit et quoi qu'elle s'y accrocha de toute son âme, elle ne pouvait empêcher les brins de glisser entre ses doigts, d'abandonner la terre, ne lui promettant aucune prise ferme et sûre. De rage, elle planta ses ongles dans la terre qui, humide, s'agglomérait en de gros amas qui n'offraient, une nouvelle fois, aucune prise. Elle ne s'avouait pourtant pas vaincue et enfonça avec toute la force et l'élan dont elle était capable dans la terre, en profondeur, là où elle n'avait pas encore labouré la terre. Avec les dernières forces qu'il lui restait, elle parvint à se hisser hors du trou que leur atterrissage forcé avait causé. Là, elle resta un long moment immobile, à écouter sa respiration rapide et sifflante, tandis que la douleur sourde battait ses tympans.
La gorge sèche, elle trouva la force de tourner la tête vers l'origine du murmure de l'eau. Le ruisseau s'étendait là, à un ou deux pas de l'endroit où elle gisait comme une poupée de chiffon. Deux tout petits pas, insignifiants, qu'elle était incapable d'accomplir. Et pourtant il le fallait.

Une chose à la fois, se dit-elle avec sérénité.

Ne trouvant pas la force de faire autre chose, elle décida de rouler sur elle-même jusqu'aux abords de l'eau. Elle y percuta de petites pierres aux bouts pointus qui s'enfoncèrent avec application dans ses plaies. La moitié droite de son corps reposait dans l'eau. Sa fraîcheur lui mordit la chair avec passion, mais elle s'interdit de frissonner, de peur de déclencher de nouvelles douleurs dans ses côtes, ses jambes, et son bras inerte. Oubliant toute idée de courage, elle se contenta d'entrouvrir les lèvres et de laisser un mince filet d'eau y entrer. Elle se désaltéra tout son saoul. La fraîcheur de l'eau, si elle était désagréable pour sa peau, l'était bien plus pour le feu de ses organes qui semblaient oublier toute douleur sur son passage.
Elle resta près de deux heures sans bouger, aspirée dans un autre temps, un autre espace, là où l'enfer duquel elle avait réchappé n'existait pas. Elle flottait dans les airs, ne sentant même plus le contact de l'eau contre elle, et dans sa bouche. Les yeux clos, il lui semblait pourtant voir défiler des myriades d'oiseaux, toutes sortes de bêtes sauvages, des paysages magnifiques...
Son esprit l'emportait loin, loin de ses préoccupations physiques, il l'enfermait avec douceur dans un monde de beauté et de pureté. Elle ne sentait plus rien. Et plus rien n'avait d'importance. Jusqu'à ce que par hasard, la queue d'un petit poisson lui heurte le visage. Ce petit malin nageait à contre courant. Et les yeux de la ESP.er ne tardèrent pas à le détailler de pied en cape. Il devait peser 100grammes à tout casser mais, elle le savait, elle ne pouvait se passer de l'apport énergétique qu'il lui prodiguerait. Il ne semblait pas effrayé par la présence de la jolie brune, et qui l'en aurait blâmé.. ? Que peut-on craindre encore d'un cadavre ? Elle ne remua pas pour ne pas le détromper, elle ne battit pas même des cils. Elle projeta simplement son esprit et son pouvoir impressionnant vers le petit être frétillant. Elle battit des cils, et le petit poisson cessa simplement de nager. Elle retira doucement son pouvoir, grimaçant de dépit en constatant qu'un simple arrêt cardiaque sur une aussi petite chose l'avait encore affaiblie. Achevant de s'étaler dans le ruisseau afin de dégager sa main droite du poids de son corps, elle se saisit de l'animal inerte. Prenant une grande inspiration et fermant les yeux, elle ne put s'empêcher qu'elle le ferait payer à Kyô, d'une façon ou d'une autre, et elle mordit à pleines dents dans la chair visqueuse.

Les écailles se fichaient dans ses gencives comme autant de cure-dents acérés mais elle se faisait violence pour ne pas y penser. Le goût infect de la bête n'était par ailleurs rien comparé à la texture spongieuse de cette chair crue. Mais elle n'avait pas le choix et, tandis qu'elle avalait cette pitance, elle s'obstina à penser à des choses plus réjouissantes, comme... comme... massacrer des soûlards dans une taverne, par exemple. Oui, voilà. Penser aux os qui craquent sous ses poings, au contact étrangement doux et dur d'une joue heurtée en plein vol. Voilà. C'était tout ce qu'il lui fallait.
Déglutir était horrible. Elle avait beau mâcher, il lui semblait qu'on lui enfonçait un sac de nœud gorgé d'eau et de sang dans le gosier et elle devait se faire violence pour ne pas rendre sur place.
Enfin, elle en vint au bout et se permit même le luxe d'arracher les écailles fichées dans ses gencives et entre ses dents.
Et son immobilité reprit.

Le soleil était haut dans le ciel. Il devait être midi, quatorze heure, peut-être, au plus tard. Elle avait encore faim. Même si déguster un nouveau petit poisson cru ne la réjouissait pas, il faut en convenir. Il fallait qu'elle mange, de toutes façons. Qui sait depuis quand son sauveur et elle étaient là, et combien de temps cela lui avait pris, à elle, de se sortir de là. Et Kyô ne s'était toujours pas réveillé, il fallait donc qu'elle prenne toutes les forces qu'elles pourraient trouver. Elle ne savait tout simplement pas par quoi commencer : les contusions de ses jambes ? Ses côtes ? Son épaule ? Ses muscles froissés voire déchirés ? Elle n'arrivait pas à voir ce qui pouvait primer sur le reste : son épaule et son bras lui seraient pratiques pour pêcher plus vite, plus facilement, et en plus grande quantité ainsi que pour soigner l'autre tantouze, mais ses côtes la freineraient considérablement, surtout qu'elle n'était pas sûre que l'une d'elles n'ait pas transpercé un de ses poumons et qu'elle n'osait pas y projeter son esprit, de peur d'épuiser les maigres forces qu'elle avait récupéré. Quant aux contusions de ses jambes, elles l'empêchaient de marcher, voire de courir, ce qui signifiait de continuer à se traîner sur le sol telle une mendiante, et ne pas pouvoir être très très utile au dieu si besoin était. Bref, c'était la méga merde.

_Kyô j'te jure que si t'es réveillé ce serait bien d'le faire savoir parce que j'en ai un peu marre, là ! Merde !

Elle s'étrangla à s'être époumonée de la sorte et tenta maladroitement de calmer la toux qui la secouait comme une vieille cancéreuse en phase terminale.

Le fait était que l'autre guignol refusait toujours d'émerger de son sommeil/coma/trauma/mort et qu'Enora n'avait donc plus guère le temps de tergiverser, il lui fallait prendre une décision, et rapidement. Elle ne traîna pas et, projetant son pouvoir, d'un grand CLAC, elle remit son épaule dans son logement. La douleur lui tira un nouveau hurlement. Les yeux brouillés d'étoiles et de larmes, elle tâta de son autre main l'articulation, afin de vérifier que tout était en ordre, bien remis à sa juste place. Tout avait l'air bien, mais elle souffrait comme une diablesse. Maintenant il fallait prier pour trouver un nouveau petit poisson à se mettre sous la dent, ramper jusqu'au dieu toujours silencieux, et voir ce qu'elle pouvait faire. Une journée somme toute normale, hein.


Une ou deux heures plus tard, Enora était de nouveau rendue près du trou dans lequel elle se trouvait auparavant et au fond duquel reposait toujours Kyô. Elle n'avait guère de forces pour y redescendre et s'occuper vraiment de son sauveur, mais elle ne pouvait pas rester là, à ne rien faire.
Elle avait réussi à trouver et avaler trois autres poissons et sentait que son organisme se réveillait petit à petit grâce à la nourriture, mais pas suffisamment pour accomplir les miracles qu'exigeait la guérison totale du dieu. Rouspétant entre ses dents serrées, elle se résolut à projeter son esprit vers le corps inerte. Les multiples et complexes blessures qu'elle y trouva lui coupèrent le souffle. Même en forme olympique (haha) elle n'aurait pu guérir tout ce bordel. Plus elle explorait et plus elle comprenait qui plus est que l'organisme même de la déité était complexe et qu'elle risquait de le tuer en cherchant à le soigner, car de nombreux fonctionnements lui échappaient. Il fallait qu'elle opère par étapes, et avec précaution afin de minimiser les risques. Cherchant ce qui était à sa portée – tant de compréhension de ce métabolisme divin que de ses forces amenuisées – elle repéra plusieurs fractures des côtés dont deux qui avaient partiellement perforé les poumons. Tout dieu qu'il était, elle ne doutait pas que Kyô eut besoin de ses poumons et d'oxygène pour survivre, aussi décida-t-elle de commencer par là : réparer sommairement ces côtes puis sortir son compagnon de son coma. Au moins était-il toujours en vie, c'était déjà ça, non... ?
Elle s'attela à la tâche sans trop tarder, et répara les côtes les plus amochées, les laissant fêlées la plupart du temps, afin de ne pas perdre d'énergie inutile. Elle referma les plaies internes du poumon, ne s'attardant pas à vider ces derniers du sang qu'ils pouvaient contenir – une quantité négligeable car elle ne menaçait pas directement la vie de la déité – elle aurait toujours le temps d'y revenir plus tard.
Elle sentait ses forces s'amenuiser, des étoiles naissaient sous ses paupières closes et il lui semblait que son esprit voulait se dérober à elle, mais non. Elle tenait bon. Dans un dernier sursaut, elle vint piquer l'esprit cotonneux de son hurluberlu avec une rage inédite, de quoi le sortir de sa torpeur, enfin ! Ceci fait, la ESP.er se laissa retomber, les bras pendant lamentablement dans le trou, la tête reposant dans une motte de terre. Elle respirait avec difficulté et comptait bien sur le réveil de son ami pour survivre.
S'ils devaient s'en sortir, c'était ensemble. Sinon ils crèveraient tous les deux. Tout simplement. Youpie.
Titre: Re : Auprès de mon arbre je vivais heureux... [PV Kyô]
Posté par: Itami no Kyô le lundi 09 mars 2015, 02:46:14
Un animal sauvage se précipitait vers eux à toute allure. Kyô se sentait balloté au milieu des ténèbres. Elles étaient familières, c'était une sensation qu'il avait déjà connu un bon nombre de fois auparavant. Souvent, et pendant des siècles. Il voyait son corps flotter dans l'obscurité, mais il n'avait plus aucune sensation. Aucune réponse à ses mouvements. Si cette incapacité de faire quoi que ce soit l'avait effrayé par le passé, elle ne lui faisait plus rien désormais. La bête au pelage noir se rapprochait, l’œil éclatant. Il fallait juste attendre. Attendre que ça passe. Ça finissait toujours par passer. Chacune de ses foulées était vive et énergique. Bientôt, la créature serait là.
En un instant, sa passivité disparut. Seul dans le noir, il avait ressenti une rage indescriptible. Il ne comprenait pas. C'était comme un appel. La voilà maintenant au bord du trou. Son regard oscille entre les deux corps inanimés. Elle observe. Il fallait revenir. Il fallait revenir, maintenant. Il fallait se réveiller.

Lumière du jour. Malgré les feuillages, elle est agressive. Mais très vite, elle devint le cadet de ses soucis. Il fut secoué d'une toux violente, laquelle le fit redresser légèrement la tête et contracter quelques muscles: la réaction fut immédiate. Toutes les douleurs musculaires reparurent, les os brisés de son cou ne semblaient pas avoir apprécié le redressement, et son rythme cardiaque qui s'était emballé par le retour de la douleur lui provoqua quelques tiraillements. Le bon côté, c'est que cela signifiait qu'il s'était régénéré. Le reste suivrait bientôt s'il se fiait au mana qui recommençait à le parcourir. Il manquait juste une chose. Une chose qui semblait n'être rien, mais qui lui était absolument nécessaire. Il tendit une main au ciel -ce qui fut assez difficile tant il lui semblait pesant et douloureux-, et articula d'une voix faible:

"v... Viande..."

L'animal qui observait depuis son arrivée se saisit de cette occasion. Guidé par son instinct, il sauta sur cette main tendue, plaquant son petit ventre duveteux sur la paume du Dieu. Kyô utilisa sa seconde main pour le manipuler, l'approchant de son visage, et le regarda droit dans les yeux. C'était un magnifique lièvre noir, au pelage soyeux , la musculature correcte, et en parfaite santé. Il ne tremblait pas. Il ne faisait que fixer le divin en remuant son petit nez. Il était venu lui donner sa vie comme si ce devoir était inscrit dans ses gênes. Kyô le regarda encore un peu, lui caressa la tête, et le remercia avant de lui rompre le cou. Il planta ensuite ses dents dans son flanc, et commença à dévorer l'animal qui lui avait fait don de sa vie. La viande crue avait ce gout fort et assez désagréable qu'ont les bêtes sauvages, mais c'était une chair nutritive et Kyô avala chair et organes sans broncher, par respect pour le sacrifice de la petite bête.
Pour clarifier son esprit, il passa en revue tout ce qu'il s'était passé depuis son incarcération. Et sa seule conclusion fut un rire. Perdre connaissance plusieurs fois, se retrouver couvert de blessures et le pousser à consumer jusqu'à la dernière parcelle d'énergie qu'il avait, seul les Dieux en avaient été capables, surtout ses combats fréquents avec Arès. La différence, c'est qu'aucun Dieu n'avait vraiment eu envie de le tuer. Les Mortels étaient capables de choses stupéfiantes.

En parlant de Mortel stupéfiant...

Il avait recouvré assez de force pour se redresser, et se préoccuper de l'E.S.Per inconsciente. Elle semblait toujours en vie, et cette simple idée le réconfortait. Au fond, sa ténacité l'impressionnait. Elle l'avait supporté, assisté et soigné au détriment de sa propre santé, et avait même affronté une Déesse à ses côtés. C'était pas une chose qu'aurait fait le premier abruti venu, même avec de la bonne volonté. L'idée lui vint d'utiliser son mana pour l'aider à guérir, mais il n'était pas très certain de la façon dont il pouvait faire ça. Et il avait l'impression qu'ils tomberaient dans un cercle vicieux.
Il se contenta de sortir du trou, et partit les jambes branlantes vers le couvert des arbres pour ramasser des branches, des brindilles et des feuilles sèches. Son égo en prit un sacré coup quant à la difficulté qu'il eut à briser en buches de fortunes le maigre tronc d'un arbre mort, mais il en récolta suffisamment de bois d'allumage et de buches pour faire tenir un feu. Il disposa le tout à un mètre d'Enora avant de se rendre compte que ses vêtements étaient en partie trempés. Attends, elle est sortie du trou, elle a été jusqu'au ruisseau et elle est revenue vers Moi? Il parvenait à se donner une idée approximative de ce qu'il s'était passé depuis le crash. Et il était... Oui, il était impressionné. Il fallait qu'elle vive, ne serait-ce que pour le surprendre davantage. Il aimait ça.
Il s'accroupit à ses côté et lui caressa la joue avec tendresse, puis fouilla la poche arrière de son pantalon pour lui reprendre son paquet de cigarettes. Putain, tu nous en auras causé des emmerdes, toi., avait-il pensé. Parce qu'il préférait se dire que c'était de la faute des clopes, pas la sienne. Il l'ouvrit et en sortit le briquet, qu'il utilisa pour démarrer son feu dans un premier temps. Puis il vola à nouveau une cigarette à Enora. Comme un connard.

La chaleur du feu leur ferait du bien et permettrait à l'organisme d'Enora de tenir un peu plus longtemps tout en tenant éloigné les prédateurs: Kyô ne se sentait pas en assez bon état pour affronter un ours brun affamé. Dans l'immédiat, un humain bien constitué aurait pu le mettre au tapis sans problème. Il se sentait frêle, et chétif.
Il profita de l'inconscience de la mercenaire pour s'occuper de son épaule déboitée. Il avait quelques notions en médecine comme toute autre chose, mais il n'avait pas d'outils et n'avait aucune envie d'aller se paumer en forêt pour trouver des herbes aux vertus curatives, encore moins s'il fallait en faire du baume ou les pilonner. Il ouvrit donc son kimono sans cérémonie et s'attela à nettoyer ses blessures à l'eau avec minutie, en faisant attention de ne pas trop appuyer sur un os cassé sous la peau, ne pas ouvrir une plaie plus qu'elle ne l'était déjà. Elle se soignerait elle-même plus tard. Elle se débrouillerait mieux que lui. Les longs soupirs sifflants le dérangeaient un peu, mais tant qu'elle respirait, ça restait un bon signe. Ils avaient tous deux besoin de repos. Il s'allongea à ses côtés et ferma les yeux. Pas question de dormir maintenant, mais il devait reprendre des forces.