Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Dictature d'Ashnard => Discussion démarrée par: Princesse Alice Korvander le lundi 05 février 2018, 00:44:53

Titre: L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 05 février 2018, 00:44:53
Sylvandell était un royaume assez sauvage, une terre entourée de montagnes. Le royaume s’articulait autour d’une grande vallée verdoyante cerclée de montagnes, et se continuait ensuite au-delà de cette vallée, dans les hauts-plateaux. Le Château royal était de fait très surélevé, près de la cime de grandes montagnes. Outre le Territoire des Dragons, cette chaîne de montagnes abritait aussi d’antiques clans barbares, des tribus éloignées, et d’anciennes forteresses abandonnées. Sylvandell était un pays bien plus riche que ce qu’on pouvait penser de prime abord, mais il fallait bien reconnaître que le royaume était surtout connu pour ses dragons. Le royaume organisait même des séances touristiques avec les dragons les plus commodes, généralement les dragons verts. Sous la commande d’un dragonnier, des enfants disposaient de la capacité de voler dans les airs, à dos de dragon, une expérience toujours fascinante, et en soi inoubliable.

Aujourd’hui, il faisait plutôt beau à Sylvandell, et, profitant de ce soleil d’après-midi, Alice était de sortie. En fait, elle faisait trempette dans la vallée de Sylvandell. Elle aurait pu aller à une piscine sur Seikusu, ou à la plage, mais elle aimait bien aussi se reposer dans les discrets lacs des forêts de la vallée. Bien sûr, la Princesse ne passait jamais inaperçue quand elle sortait, mais elle se débrouillait généralement pour essayer de passer inaperçue, bénéficiant de l’aide de ses Commandeurs. En l’espèce, Cirillia (http://hentai.forum-rpg.net/index.php?topic=7749.0) l’avait aidé à passer inaperçue.

Alice avait retiré ses vêtements, ne portant qu’une serviette blanche (http://img96.xooimage.com/files/4/b/a/alice---bains-429e35b.jpg), qu’elle avait retiré avant d’aller dans l’eau. Ciri’, quant à elle, s’était assise en tailleur, et méditait, à la manière des sorceleurs. La jeune Princesse, de son côté, en profitait pour utiliser ce petit bijou de technologie que Mélinda lui avait donné sur Terre : un walkman. Couchée dans l’eau, la tête posée sur le rebord, elle écoutait donc « Bring It On Home To Me (https://www.youtube.com/watch?v=gZB4jcPmFGo) », fredonnant légèrement, entrecoupant ensuite ça de séances de nage, où elle s’amusait à filer dans les profondeurs du lac.

La jeune Princesse, qui se détendait agréablement, ne pouvait pas se douter qu’une visite imprévue allait bientôt compliquer ses plans...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le lundi 05 février 2018, 07:36:50
Elle avait faim. C'était la seule chose que Veronique pouvait vraiment comprendre sur son propre corps. Quand son ventre grognait et remuait sous sa peau, elle savait qu'elle devait mettre quelque chose dedans. Mais comme elle ne savait pas vraiment où elle était, et qu'elle ne captait aucune odeur de fumée dans les environs qui aurait pu lui indiquer qu'il y avait de la nourriture, elle devait se résigner; elle allait devoir chasser. Et elle était mauvaise à la chasse, très mauvaise. Parfois, elle devait même se résigner à des carcasses laissées par d'autres bêtes, même si son instinct lui disait que cette nourriture n'était pas fraiche. Elle ne rechignait pas à la viande crue, et quand elle parvenait à attraper un lapin, elle n'hésitait pas à le tuer et le manger; les animaux étaient faits pour être mangés, et son anatomie était apte à manger de la chair fraiche.

Les notions de territoire et de géographie étaient bien étrangers à la jeune Terranide. Impossible pour elle de savoir qu'elle était en territoire Sylvandin. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'il y avait des dragons qui rôdaient. La bonne nouvelle, c'est que dragon signifie également une faune suffisante pour les rassasier, ce qui veut dire qu'il y avait de la bouffe quelque part, il suffisait de fouiller. C'est donc avec très peu d'enthousiasme que la Terranide s'enfonça dans le territoire Sylvandin.

L'avant-midi se révéla infructueuse. Après des heures à fouiller chaque terrier dans la forêt à la recherche d'un lapin ou, pour son plus grand bonheur, une petite belette bien fringuante, la Terranide ronchonna. En plus de la faim, avec un tel soleil, c'était aussi la soif qui la tenaillait. Heureusement, il n'était pas difficile de trouver de l'eau; le vent portait à ses narines la position des points d'eau près d'elle. Elle renifla donc l'air pour trouver un endroit où elle pourrait étancher son besoin de boire. Il y avait un point d'eau, tout près. C'est avec bon train, mais aussi avec découragement, qu'elle se dirigea vers cet endroit, plus profondément dans la forêt. Soudain, il se mêla à l'odeur un son bizarre. Elle entendait, à très bas volume, des notes de musique; un piano. À une centaine de mètres, Veronique pouvait capter des sons normalement inaudible pour des humains, donc il n'était pas rare pour elle d'entendre des choses que d'autres ne percevaient pas, mais même pour elle, un piano n'avait rien à faire dans la nature. Et puis, c'est lourd, un piano.

Avec méfiance, elle s'enfonca encore plus dans la forêt, curieuse de savoir ce qu'elle entendait. Le vent lui apportait aussi des odeurs nouvelles; du parfum et des odeurs corporelles. Il y avait des gens! Et qui dit gens dit bouffe! Cette fois, elle accéléra le pas et se faufila entre les arbres jusqu'à une clairière. Il y avait deux personnes présente; une un peu plus loin, et l'autre dans l'eau. Le cerveau de Veronique processa cette information à toute vitesse; pas question d'aller boire, elle se ferait remarquer immédiatement, mais... il y avait une pile de vêtements laissés à l'abandon. Peut-être qu'elle y trouverait de la nourriture?

Elle se faufila discrètement, inconsciente du risque que Cirilla pouvait potentiellement poser, et s'approcha des vêtements. Elle souleva la robe d'Alice et la secoua. Pas de nourriture. Elle regarda ensuite les autres vêtements et les examina; une culotte, des bijoux. L'Inu poussa accidentellement une grosse plainte de découragement en voyant qu'il n'y avait pas de nourriture.

-Uuuungh! fit-elle.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 12 février 2018, 00:51:58
La musique était quelque chose qu’Alice aimait bien. Sur ce point, elle était toujours impressionnée de voir à quel point la musique était importante sur Terre. Sylvandell comptait aussi des ménestrels et des troubadours, mais il s’agissait de groupes itinérants, d’artistes improvisés. Sur Terre, il y avait des individus qui ne faisaient que ça ! Alice devait bien admettre qu’elle aimait beaucoup ça, mais elle devait faire attention. Ici, à Sylvandell, il n’y avait pas de prise de courant ! Un walk-man constituait d’ailleurs, techniquement, un outil de contrebande, mais elle l’utilisait à bon escient .Yeux clos, elle se reposait donc, sans savoir que quelqu’un avait réussi à approcher. Cirillia ne détecta guère la présence de Véronique, puisque celle-ci ne dégageait aucune aura malfaisante susceptible de perturber sa concentration.

Cependant, la musique d’Alice arriva à son terme, et elle se retourna avant de se redresser. Ses vêtements étaient à proximité, sur une serviette, et elle comptait ranger son baladeur, avant de nager un peu. Retirant les écouteurs, elle les enroula autour du baladeur, et, alors qu’elle s’approchait...

« Hein ?! »

Alice sursauta en voyant une drôle de créature émerger de ses vêtements, avec sa culotte sur la tête.

« Hîîî !! »

Cirillia ouvrit alors les yeux en entendant Alice hurler, et bondit sur place, roulant sur le sol en dégainant son épée, et apparut brusquement.

« Qu’est-ce qui se passe ?!
 -  Je... »

La Princesse vit la Terranide filer, visiblement effrayée par l’arrivée de Cirillia, mais en emportant la culotte de la Princesse !

« Hey ! Reviens !
 -  Hein ? Qu’est-ce que... ?
 -  C’est une Terranide ! Elle a pris ma culotte !
 -  Hein ? Une Terranide ?
 -  Tu le fais exprès de répéter ce que je dis ? Elle est partie avec ma culotte ! »

Les yeux de Cirillia s’abaissèrent brusquement, louchant sur les formes d’Alice, qui mit les poings sur ses hanches, et récupéra sa serviette.

« Ça va ?! Je ne te gêne pas trop, des fois ?!
 -  Oh... Hmmm... »

Ciri’ se racla la gorge, et Alice mit la serviette, la nouant proprement, puis se déplaça ensuite, s’approchant des arbres.

« Petite ? Ouh ouh, petite ! Je ne vais pas te faire de mal, tu sais ! Viens par là, ma belle ! »

Soupirant lentement, Cirillia observa brièvement les bijoux de la Princesse, puis sortit de ses propres affaires une pomme, et commença à la manger, tout en s’écartant un peu, laissant sa sacoche ouverte, avec d’autres pommes bien mûres qui trônaient à l’intérieur...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le lundi 12 février 2018, 18:23:45
Une humaine? Non, elle sentait différent. AH! Elle était armée! Vite! Il faut partir! Et évidemment, Veronique n'oublia pas d'emmener un trophée; dans son poing serré se trouvait la culotte de la dame, qu'elle avait volé parfaitement par hasard. Elle mit rapidement de la distance entre elle et ses possibles poursuivantes, sautant tête la première dans les fourrés pour disparaitre de la vue des demoiselles. Mais elle avait bien senti de la nourriture! Elles en avaient, elle en était sûre, et pas question de partir l'estomac vide, ou sans sa tête. Elle exécuta donc un petit détour à travers les bois, les fourrés et les fougères pour revenir près du lieu où elle avait trouvé la Princesse et sa Sorcelienne. Elle remarqua que la Sorcelienne avait un sac rempli de pommes à proximité.

-Oooouh! fit-elle discrètement en trépignant dans son fourré.

La diète de Veronique était extrèmement variée, mais les fruits n'en faisait pas souvent partie, préférant la viande et le sucre. Mais les pommes étaient très sucrées, elle pouvait le sentir de son poste d'observation. Elle entendit alors Alice l'appeler. Enfin, "l'appeler" était un grand mot. Mais puisqu'elle s'adressait à la direction générale où elle s'était enfuite, Veronique était peut-être complètement dénuée de logique et de sens commun, elle pouvait quand même comprendre les intonations de la demoiselle. Donc, prudemment, et surtout pour essayer d'avoir l'occasion d'avoir une de ces fameuses pommes, la Bestiale sortit lentement de sa cachette, accroupie comme la sauvage qu'elle était, et s'approcha un petit peu de la Princesse presque nue, pas assez pour être à portée de main, et encore moins à portée de lame, mais assez près pour que la princesse puisse s'apercevoir qu'elle s'adressait au vide, et qu'elle avait changé de position, se trouvant maintenant à sa droite. Avec précaution, la petite contourna la princesse, s'approchant du sac rempli de pomme, puis elle planta ses dents dans la bandoulière, commencant à la tirer vers la forêt, en dévisageant évidemment Cirillia, prête à décamper avec la culotte si elle faisait le moindre geste suspect. Une fois à bonne distance, peut-être une dizaine de mètre, elle s'assit dans l'herbe et agrippa une grosse pomme, ouvrit sa gueule et prit une énorme bouchée, puis une autre, puis encore une autre toute aussi démesurée pour une si petite bouche.

-Nam! Miam! Mioum! fit-elle avec appétit, sans plus de regard pour sa sécurité.

Après s'être rassasiée, l'étrange créature leva la tête et sourit gaiement, montrant de ce fait le collier passé à son cou, et le médaillon qui pendait au dessus de sa, ma foi, généreuse poitrine. Sur le médaillon, on pouvait clairement lire son nom.

"Veronique.
Si vous la trouvez, ne pas ramener.
Si vous la voulez, vous pouvez la garder."

Voilà la charmante inscription qui figurait sur son médaillon doré. Évidemment, ce n'était qu'un métal jaune, pas vraiment de l'or.

Elle ne semblait pas prête de s'enfuir, au contraire. Une fois rassasiée, elle s'approcha de Cirilla et frotta sa joue contre sa main, puis elle s'approcha d'Alice et fit la belle pour quémander des caresses. Telle était sa nature; si elle trouvait quelqu'un pour la nourrir, elle essayait de les charmer pour obtenir davantage. Une stratégie qui, par moment, lui avait coûté cher. D'autre fois, au contraire, avaient été très lucratives.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 19 février 2018, 00:45:39
Alice continuait à appeler la Terranide quand elle entendit, sur sa droite, le bruissement de feuilles. Des buissons remuèrent, et la silhouette rouquine émergea. Une jeune Terranide, plutôt belle, portant la culotte de la Princesse, qui se rua vers les pommes situées dans le Cirillia, non sans jeter un regard craintif vers la femme. Ciri’ resta silencieuse, ne bougeant pas, et Alice en fit de même, consciente qu’un bruit pourrait paniquer la Terranide. Nerveuse, mais visiblement pas timide, la Terranide attrapa une pomme, et croqua dedans, ayant récupéré le sac de fruits. Alice l’observa sans rien dire, intriguée. Elle n’oubliait pas que la Terranide avait piqué sa culotte, mais, en l’état, c’était aussi la Terranide en elle-même qui l’intriguait. Qui était-elle ? Que voulait-elle ? Alice n’en savait rien, mais elle eut un début de réponse en voyant la Terranide, après avoir dévoré la pomme en un temps record, se redresser.

Non seulement Alice vit ses généreux seins, mais aussi le collier. Néanmoins, Véronique était trop éloignée pour qu’elle puisse lire l’inscription figurant sur le pendentif brillant. En revanche, Cirillia, qui avait d’excellents yeux, lui en fit une transcription, qui interpella Alice.

« C’est une esclave affranchie, alors ?
 -  Il semblerait. Vu qu’elle ne fuit pas devant nous, porte des vêtements, mais ne sait pas parler, ça en a tout l’air. »

Alice hocha la tête. Elle savait cela. Les Terranides esclaves étaient souvent très incultes, vu que leurs propriétaires ne pensaient pas à les éduquer, ou que les Terranides étaient récupérés dans la nature, à l’état sauvage. Il était alors très difficile, pour eux, d’apprendre le langage. En revanche, ce qui interpellait Alice, c’était clairement le fait que le pendentif précisait le nom de la neko, tout en disant qu’il était inutile de la ramener.

« C’est dangereux de la laisser libre, elle risque de s’aventurer par mégarde dans le Territoire des Dragons...
 -  Alice, ce n’est pas notre rôle de... »

Mais autant parler à un mur, la jeune Princesse avait toujours eu le cœur sur la main, un trait caractéristique de sa personnalité. Elle se racla la gorge, et fléchit légèrement les genoux.

« Véronique ? » demanda-t-elle d’une voix douce.

Alice disposait de ses propres rations, et avait sorti de ses affaires une barre chocolatée, l’ouvrant, et le tendit vers Véronique, maintenant la barre dans le creux de sa main.

« Tu as faim, non ? Tiens, viens manger ça, tu verras, c’est bon ! »

Dit comme ça, on aurait pu croire qu’elle cherchait à l’empoisonner... Mais il n’en était bien évidemment rien ! Alice voulait juste se rapprocher d’elle...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le lundi 19 février 2018, 05:27:25
Veronique avait effectivement été une esclave, mais comme elle n’était pas apte à exécuter la moindre tâche ménagère ou la moindre activité qui nécessitait le moindre concentration, elle était rapidement passée de mains en mains en tant qu’animal de compagnie, jusqu’à ce que son dernier propriétaire, excédé par le danger que représentait la jeune femme pour un mobiliser, l’aie simplement chassée de sa demeure. Ce n’est donc pas sans surprise qu’elle se soit perdue, ne sachant pas où aller, mais comme son dernier propriétaire restait quand même à plusieurs centaines de lieues de Sylvandell, les chances qu’elle soit tombée sur Alice Korvander, une princesse, était quand même aussi haute que celles de voir un miracle se produire.

Alors qu’elle s’empiffrait de pomme, elle regarda les deux demoiselles discuter. « Super », pensa-t-elle. « Un diner spectacle! ». Enfin, si elle pouvait effectivement penser, car c’était l’air qu’elle donnait. Elle croqua quelques pommes, se désintéressant des deux demoiselles jusqu’à ce qu’elle entende quelque chose de familier. Son nom.

Son collier était visiblement le sien, puisque les oreilles de la chienne se redressèrent sur sa tête, et elle leva les yeux vers Alice. Sa bouche remua lentement alors qu’elle grignotait sa pomme, lentement, puis elle recula avec les jambes de deux bonnes poussées, sans laisser tomber le sac de fruit. Elle semblait craindre qu’on tente de lui prendre sa nourriture, jusqu’à ce que la jeune femme lui montre une barre chocolatée. L’attitude de la chienne passa rapidement de la méfiance à la curiosité. Elle renifla l’air et capta l’odeur sucrée du chocolat, et elle délaissa donc les pommes pour s’approcher d’Alice, puis prit rapidement la barre chocolatée et l’enfourna dans sa bouche, encore une fois par peur qu’on tente de la lui reprendre. Les joues déformées par la bare chocolatée, les bosses disparurent rapidement alors que Veronique mâchait le chocolat, avant de  l’avaler avec plaisir.

Grande amatrice de sucre, la chienne se lécha les doigts, elle-même ignorante du danger qu’elle venait d’encourir. Pourquoi un danger? Veronique n’était pas une Terranide pour rien; son côté animal était très présent chez elle, ainsi que dans son anatomie. Elle pouvait ressembler grandement à une humaine, il restait que son corps était aussi sensible aux substances que celui de ses semblables canins. La theobromine était une substance présente dans le chocolat qu’elle ne pouvait pas digérer.

Elle s’approcha ensuite d’Alice et, le plus naturellement du monde, passa ses bras autour de son cou et lui lécha les lèvres en signe de reconnaissance. Veronique n’embrassait pas comme les humains, et elle n’apprenait pas aussi aisément qu’eux, mais elle avait suffisamment vu les humains se récompenser de cette façon pour avoir compris que cette marque d’affection pouvait aussi servir de remerciement. Elle frotta ensuite sa joue contre celle de l’humaine, en remuant sa queue bien rapidement pour montrer qu’elle était très très contente.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 26 février 2018, 00:22:21
Alice avait déjà pu constater combien les Terranides avaient un attrait naturel envers la soumission. Ils pouvaient se montrer très craintifs et très nerveux, mais la nourriture avait souvent tendance à les calmer. Les esclavagistes étaient très doués pour les capturer grâce à ça, car, fondamentalement, les Terranides étaient innocents, et naïfs. C’est ce qui se passa ici, où le goût du chocolat avait toujours pu attirer les Terranides. Alice sourit donc en voyant Véronique se dépêcher de l’avaler, à tel point qu’elle en prit de grosses bouchées, gonflant ses joues, ce qui la fit glousser.

« Allons, allons, Véronique, ne sois pas si gourmande ! »

Cirillia soupira lentement. Contrairement à Alice, Ciri’ avait rapidement pu voir que Véronique était du type Terranide-canidé. La jeune Princesse, avec sa barre de chocolat, avait sans doute fait une erreur, car, si les humains supportaient bien le chocolat, les chiens, eux, n’aimaient pas ça... Précisément à cause de la théobromine. La théobromine était une substance permettant, dit-on, d’influer sur l’humeur des gens. Des études scientifiques tekhanes avaient d’ailleurs démontré que la théobromine bloquait les récepteurs de l’adénosine... En bref, un stimulant qui était parfois utilisé dans la composition de certaines drogues. Mais, si les humains disposaient d’enzymes permettant d’affaiblir la théobromine, ce n’était pas le cas des chiens. Toutefois, les Terranides n’étaient qu’à moitié animaux, et disposaient de caractéristiques humaines.

Néanmoins, c’était tout de même risqué, mais Véronique ne semblait guère affecter. Au contraire, tout en remuant joyeusement la queue, elle s’empressa de lécher les lèvres d’Alice, faisant à nouveau rire cette dernière. En retour, Alice ébouriffa les cheveux de la jeune femme.

« Allez, on la prend !
 -  Oh non...
 -  Eh bien quoi ?
 -  Une Terranide n’a rien à faire à Sylvandell, Majesté. »

Il est vrai que les précédentes expériences d’Alice avec les Terranides n’avaient pas été très concluantes, mais elle frotta son nez contre celui de Véronique. Souriant doucement, Alice lui caressa ensuite les joues, et déposa un baiser sur ses lèvres, tendrement, rapidement.

« Eh bien moi, j’en décide autrement, na ! Je suis sûre que Véronique sera ravie d’être avec moi ! N’est-ce pas, ma choupette ? »

Elle ignorait jusqu’à quel point Véronique pouvait la comprendre...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le lundi 26 février 2018, 11:28:07
Malgré les apparences, Veronique pouvait comprendre le langage commun, et même en certaines occasions, il lui était arrivé de parler pour se faire comprendre quand ses tentatives de converser par les gestes et les sons ne suffisaient pas. Les raisons pour lesquelles elle ne privilégiait pas le verbe à l’acte étaient très simples; l’usage du langage nécessitait une concentration qu’elle ne possédait tout simplement pas. Les vraies terranides, c’est-à-dire les terranides dont le sang n’était pas dilué par celui des hommes, étaient beaucoup plus proches du royaume animal que du royaume humain, et comme les animaux, les mots n’existaient pas vraiment entre eux. Pour Veronique, apprendre à parler correctement prendrait des années, peut-être même une décennie entière, et ceux qui avaient été ses maîtres n’avaient simplement jamais vraiment pris le temps de l’éduquer en ce sens. Puisqu’elle était d’une branche dite « canine » du grand arbre des terranides, le chien en elle était un petit animal très turbulent, excité et facilement distrait, ce que les humains caractériseraient de trouble déficitaire de l’attention sévère, doublé d’hyperactivité.

Donc, oui, Vero comprit ce que lui disait la princesse. Et aussi, elle comprenait que Cirilla n’aimait pas beaucoup l’idée de l’avoir dans les environs. Instinctivement, la terranide se lova contre la princesse, où elle se sentait le plus en sécurité, frottant sa doucement sa tête contre celle d’Alice. C’est alors qu’Alice posa un petit baiser sur sa bouche. Interprétant correctement ce geste comme une marque d’affection, la petite chienne remua rapidement la queue et répondit en imitant Alice, collant sur ses lèvres quelques baisers répétés.

-Eh bien moi, j’en décide autrement, na ! Je suis sûre que Véronique sera ravie d’être avec moi ! N’est-ce pas, ma choupette ?
-Un-hun! Fit la chienne en hochant rapidement de la tête.

Quelque chose lui disait qu’elle aurait de quoi manger si elle suivait docilement la dame. Et puis, Vero ne sentait aucune malice dans ses mots, même si dans les faits même une personne malicieuse pourrait facilement la piéger en jouant un peu la comédie, mais… Bon, ca ne semblait pas être le cas pour Alice.

Sylvandell

-Oooooouh! Fit Vero en se penchant par-dessus la palissade du grand pont de Sylvandell.

La chienne n’avait jamais visité la capitale Sylvandine par le passé, malgré ses errances. Elle se perdait souvent, mais ne s’était jamais retrouvée en ces lieux, donc, elle était fascinée par le grand ravin qui était une fortification naturelle pour la capitale. Toute trépignante d’excitation, la Terranide regardait à droite et à gauche avec beaucoup d’enthousiasme, mais ne quittait pas le côté de la princesse, qui tenait doucement mais fermement sa main griffue. Sur le chemin du retour, la princesse et sa protectrice avaient appris que Veronique était très difficile à surveiller et était facilement distraite par n’importe quoi, et donc il était plus sécuritaire de la garder constamment à portée de main. Comme elle ne luttait pas contre la prise d’Alice, cette dernière n’avait aucun mal à la garder sous sa surveillance.

Cependant, la longue marche semblait avoir épuisé la chienne, qui semblait beaucoup moins portée à pourchasser quoi que ce soit. En fait, elle avait surtout envie de se trouver un petit coin tranquille à l’ombre pour faire une sieste, ou même de manger. Manger, ce serait bien. Les pommes que Cirilla avait emportées avec elle n’avaient tristement pas fait long feu après que la chienne les ait réquisitionnées, surtout qu’elle s’était même montrée très désagréable si la protectrice de la princesse tentait de récupérer son sac. Il lui fallut malheureusement attendre que Veronique se lasse de son butin pour qu’elle le laisse simplement tomber avec le plus grand désintérêt.

Très vite, Veronique cacha son visage contre Alice en apercevant les statues de dragons. Même si elle ne percevait pas de mouvement, elle était horrifiée par l’aspect menaçant des statues. Ce que les humains voyaient comme un calme serein de la puissante créature, n’importe quel terranide voyait dans la stature des statues une bête analysant une proie avant de fondre dessus et la gober. Mais comme tous les artistes ne sont pas des experts en dragon, et que l'art nécessite de changer un peu les règles dans la poursuite de la beauté, pour eux, ce n'était que des dragons en position qui mettait en valeur leur puissance et leur majesté. Rien de rassurant pour une terranide, alors.

-Uuunh… fit-elle, visiblement terrifiée.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 05 mars 2018, 00:40:34
L’avis de la Princesse faisant loin, Véronique fut donc embarquée ! Et, encore mieux, Alice récupéra sa précieuse culotte !  Elle se rhabilla donc, se recoiffa, pendant que Cirillia observait légèrement Véronique, cherchant à savoir d’où elle venait, et comment une neko comme elle avait bien pu faire pour rejoindre Sylvandell. On accédait au royaume par un énorme pont surplombant un fleuve. Il n’y avait que des entrées latérales, passant par les grottes ou par des chemins de traverse. Autant dire que Ciri’ imaginait mal une jeune neko passer par là. Elle avait donc nécessairement dû être emmenée ici, ou s’était dissimulée dans l’une des caravanes marchandes apportant de la nourriture à Sylvandell.

*Sûrement ça...*

Alice grimpa sur son cheval, et laissa Véronique la rejoindre, ce qui ne fut pas simple. Mais, fort heureusement, la neko lui faisait confiance, et réussit à grimper. Alice avança ensuite lentement, jusqu’à rejoindre le fond de la vallée. On pouvait voir la ville de Motte-la-vallée, petit village au pied d’une solide montagne avec des monte-charges rejoignant la capitale. Alice s’avança encore, et salua de la main les villageois, avant de rejoindre l’un des monte-charges. Véronique ne manqua pas de manifester sa surprise, puis elles rejoignirent ensuite la capitale.

Sylvandell était une ville située en hauteur, à flanc de montagne. Une structure très impressionnante, donnant le sentiment qu’on se trouvait dans le ciel. Le sommet de la montagne n’était d’ailleurs plus très éloigné, mais le trio fit une halte dans la capitale. Véronique aperçut alors, à l’entrée, plusieurs statues en marbre arborant des dragons. Elle sembla alors paniquée, se recroquevillant contre les chevilles d’Alice, tandis que les Sylvandins alentour saluèrent la Princesse. Comme toujours, la tête blonde restait extrêmement populaire, et Alice les salua, puis caressa les cheveux de Véronique.

« Allons, Véronique, ce sont des statues, tu n’as pas à être effrayée !
 -  Ce sont des dragons... » rappela Cirillia.

La Princesse la regarda brièvement en fronçant les sourcils, puis ébouriffa encore les cheveux de la jeune femme. Véronique semblait toujours aussi craintive, et il y avait, en réalité, fort à craindre que la présence des dragons ne l’effraie vraiment. Mais bon, au moins, Alice aurait tenté de la rassurer.

« Les dragons de Sylvandell ne te feront rien tant que tu seras avec moi, Véronique. C’est compris ? Véronique doit rester avec moi ! »

Elle se releva ensuite, se disant que Véronique devait quand même la comprendre un peu, puis elle tourna son regard vers une rue.

« Il y a des boutiques par là, on va t’acheter des vêtements ! »

Il fallait bien admettre que ses haillons n’étaient pas des plus attractifs...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le dimanche 11 mars 2018, 12:05:57
"Les dragons de Sylvandell ne te feront rien tant que tu seras avec moi, Véronique. C’est compris ? Véronique doit rester avec moi !" Dit Alice, essayant visiblement de la rassurer. Son ton doux suffit au moins à mettre fin aux tremblements, la jeune chienne étant visiblement plus à l'aise, sans néanmoins se décrocher de la princesse.

Celle-ci eut l'idée surprenante, au moins pour l'Ashnardien moyen, qui était celle de faire les boutiques pour Veronique. La jeune chienne n'avait d'ailleurs jamais fait les boutiques. Normalement, elle se contentait de chaparder les vêtements qui trainaient ici et là, et elle devait s'y reprendre à plusieurs fois avant de comprendre que la tête devait passer par le col, et non par la manche. S'habiller était un énorme défi pour elle, mais comme elle n'avait pas de poil sur la grande majorité de son corps, c'était un défi qu'elle devait occasionnellement relever, car dans les endroits plus froids ou même simplement la nuit, elle risquait de mourir de froid. Évidemment, le concept de la mode, de l'agencement des couleurs, de l'élégance, tout ça lui échappait complètement, mais celui d'être couvert était simplement une nécessité de survie.

Suivant docilement sa nouvelle "maîtresse", pour ainsi dire, Veronique entra dans une première boutique de couturier. Sentant le regard vigilant de Cirilla sur elle, elle comprit rapidement que s'emparer d'une tenue et ficher le camp était tout simplement hors de question… du moins pour le moment. Alice semblait contente d'avoir acquis un nouvel animal de compagnie, mais Cirilla semblait en savoir déjà un peu plus sur la nature de la jeune terranide; Veronique n'était pas complètement ce qu'on pouvait appeler une "personne". Elle était imprévisible, capable d'actions que la logique humaine ne justifiait pas, et agissait par instinct pur. Les règles, les lois et les conventions n'avaient aucune emprise sur elle, ce qui faisait d'elle un fardeau, à défaut d'être réellement dangereuse.

Veronique s'approcha alors d'une grande tunique bien épaisse, tout faite de fourrure. Soudainement, elle oublia le regard de Cirilla, puis ouvrit la gueule pour agripper la tunique, l'arrachant de son cintre et sortit rapidement de la boutique, avant même que la princesse ou son garde du corps ne puissent réagir.

"Hé, là!" hurla le couturier en se lancant à la poursuite de la voleuse. En moins de quelques secondes, la petite chienne avait disparu dans la foule. "Gardes! Au voleur!"

Après avoir mis suffisamment de distance entre elle et la boutique, Veronique se trouva un petit coin tranquille, entre deux bâtiments. Elle regarda la fourrure qu'elle avait prise et émit de petites plaintes de tristesse en frottant sa truffe contre le "cadavre". Ne sachant pas que les vêtements étaient ainsi confectionnés, la terranide n'y voyait que la carcasse d'un autre chien. Sans arrêter de pousser ses petites plaintes, elle creusa le sol avec ses mains griffues. Elle y déposa la fourrure, et s'apprêta à l'enterrer quand trois gardes surgirent derrière elle.

Comme Veronique s'était sauvée toute seule, le couturier n'était pas au courant de sa relation avec la princesse, et lorsque la chienne s'est sauvée avec sa marchandise, les gardes ne s'étaient pas attardés pour poser des questions, donc il était normal qu'ils fassent leur devoir. Pour eux, même si la rouquine était une terranide, elle était surtout coupable d'un vol à l'étalage, et donc leur travail était de l'appréhender. Morte ou vive.

"Te voilà, sale petite voleuse!" lança l'un d'eux. "Redonne-moi cette fourrure."

La chienne se retourna vers eux, sur ses quatre membres, et se mit à grogner, protégeant le vêtement. Pour les gardes, ils n'y voyaient probablement qu'une voleuse protégeant son butin, mais ce n'était pas son cas; elle protégeait le cadavre d'un autre animal, et aussi les autres, parce que manger ce corps pourrait rendre un animal malade. Émettant des grognements menaçants, la petite terranide essaya de se montrer intimidante… mais même les gardes peinaient à la prendre au sérieux; cette terranide était ridiculement petite.

"Tu te prends pour un chien de garde?" ricana le premier garde. "Parfait. Tu sais ce qu'on fait aux chiens dangereux sans maître et sans laisse, petite?" Il dégaina sa lame et s'approcha de Veronique, sans se presser, pendant que ses collègues sécurisaient les issues pour qu'elle ne puisse pas s'échapper. "On les tue."
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le mardi 13 mars 2018, 00:29:05
Alice était encore loin de se douter de l’imprévisibilité de Véronique. Guère inquiète, elle rejoignit un tisserand local, assez connu, et qui produisait une grande gamme de tenues sylvandines. Il y avait donc surtout des manteaux et de la fourrure. Tous les Sylvandins n’avaient pas le sang du Dragon en eux pour résister contre les vagues hivernales et les grands froid qui s’abattaient dans la région. Alice ne tarda pas à attirer l’attention des différents employés de la boutique, et les salua gentiment. Évidemment, chaque fois que le Joyau de Sylvandell se rendait en ville, il y avait un attroupement... Ou, en tout cas, les gens se retournaient volontiers. D’aucuns auraient pu craindre pour la sécurité de la jeune Korvander, les espions et les assassins pouvant se glisser dans la foule, mais elle était très souvent protégée... Et bénéficiait aussi d’une chance insolente. Elle se déplaça un peu, et, manquant de vigilance, ne vit pas Véronique attraper une fourrure en devanture, et filer avec.

« Hey ! Véronique, non ! »

Hélas, la Terranide s’était déjà carapatée à toute allure. Furieux, le tisserand, qui n’eut pas le temps de réaliser qu’elle accompagnait la Princesse, sortit précipitamment en hurlant... Des cris de protestation qui alertèrent une patrouille à proximité, qui virent l’étonnant spectacle d’une Terranide filer à toute allure, bousculant quelques gens, et tenant dans sa gueule une épaisse fourrure, formant sur son corps comme une sorte d’improbable cape.

« Mais qu’est-ce que c’est que ça ?
 -  Une vermine, ou une esclave qui travaille pour quelque voleur... »

Les gardes se déplacèrent alors, et s’élancèrent à la poursuite de la Terranide, la coinçant dans une petite impasse entre deux immeubles. Deux portaient de redoutables hallebardes, et celui au centre, le caporal, brandit une épée tranchante, menaçant de la tuer.

« Dis-nous qui t’embauche, et peut-être que je t’épargnerai.
 -  C’est les Rossignols... Ou le FLT ! »

Le Front de Libération des Terranides était un mouvement rebelle qui sévissait dans l’Empire, un peu comme la Scoia’tael des elfes, et d’autres organisations. On disait que le FLT était financé par les rebelles du Royaume terranide. Certes, il était étonnant que le FLT s’en prenne à une fourrure, mais tout était possible, venant de la part des Terranides. Le caporal se rapprocha donc, et brandit brusquement son épée... Quand un carreau d’arbalète frappa la lame, et la fit sauter de ses mains.

« Qu’est-ce que... ?! »

Les trois gardes se retournèrent, surpris, prêts à se battre... Pour s’arrêter nets en voyant la jeune Princesse de Sylvandell, accompagnée de Cirillia, qui avait brandi son arbalète à répétition pour faire sauter l’épée.

« Assez !
 -  Majesté ?! Mais que...
 -  Véronique est avec moi ! Et vous lui faites peur, bande d’idiots !
 -  Mais...
 -  Silence ! Que je vous y reprenne encore, sombres crétins ! Elle n’a pas voulu voler ce manteau, que voudriez-vous qu’elle en fasse ?!
 -  Mais...
 -  Rangez vos armes, vous dis-je ! »

Les trois gardes se regardèrent, un peu penauds, puis haussèrent les épaules. Alice soupira alors, et se rapprocha de Véronique, lui ébouriffant les cheveux en s’agenouillant près d’elle.

« Alors, ma belle ? Tu vois, je t’avais dit de ne pas me quitter ! Il ne t’arrivera rien en ma compagnie, rien ! »

Tout simplement !
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le dimanche 08 avril 2018, 06:05:33
Il ne fallut que très peu de temps pour qu'Alice apparaisse. Même pour les gardes, cela semblait impressionnant; on vantait les qualités de la petite princesse partout dans le royaume de Sylvandell, mais pourchasser la Terranide avait quand même été une sacrée course, et elle les avait trouver si rapidement que cela ne pouvait que les impressionner. Pendant qu'Alice leur criait aux oreilles, Veronique avait profité de la distraction pour enterrer le "cadavre", et tapa vivement sur la terre retournée avec sa queue pour que cela soit moins apparent, un peu comme le faisait certains rongeurs. Évidemment, cela aurait été encore moins apparent si elle avait opté pour un terrain où il n'y avait pas d'herbe, mais comme elle n'était pas bien futée, et que les animaux ne remarqueraient pas la terre retournée. Pour elle, c'était un résultat acceptable.

Elle remua rapidement la queue en regardant l'héritière de Korvander, montrant ses crocs dans un sourire étrange et plein de joie. Elle était visiblement convaincue d'avoir fait une très bonne action. Elle ne pouvait pas savoir qu'elle avait volé, que ce tisserand avait besoin de chaque pièce de son inventaire pour générer le revenu nécessaire à sa vie. Ce n'était pas une contrée où la vie était facile, et une fille comme Veronique ne pourrait y survivre. Pour cela, elle dépendrait d'Alice. Chaque erreur, chaque écart de conduite, elle ne pouvait affronter les répercussions seule, et devrait être constamment tenue à l'oeil, dressée accordément et surtout, il faudra compenser pour son manque de logique par la monnaie ou le dialogue. Le tisserand n'était pas dans l'erreur, les gardes non plus; ils avaient un travail, et une voleuse devrait être punie. Si Véronique était seule, elle serait peut-être déjà morte, ou en prison. Jusqu'à maintenant, personne n'avait été capable de lui mettre la main dessus, et normalement, si elle ne s'attardait pas trop, elle passait inaperçue, mais une fourrure était un habit cher, et très valorisé dans ces contrées, et prenait un temps fou à produire, donc, il était normal que les gens se montrent beaucoup plus énergiques à le récupérer, et à punir celui qui enfreint la loi. Peut-être pas pas la mort, mais assurément une punition. Mais dites à une princesse qu'on veut punir son "animal de compagnie" (car oui, les terranides sont, au niveau de la loi dans la, considéré comme des animaux malgré que la plupart sont désormais considérées comme des espèces sensible, douée de sens), et vous risquez d'y perdre des plumes.

Veronique n'hésita pas un instant à se lover contre le corps chaud et rassurant d'Alice, ses mains griffues se posant sur ses épaules alors qu'elle frottait son petit nez sur ses joues, puis qu'elle les léchait, en signe de joie de la revoir, mais elle ne tarda pas à calmer ses élans en voyant le visage de Cirilla. On pouvait dire ce qu'on voulait d'elle, même les terranides pouvaient sentir les habiletés d'une personne entrainée par l'ordre des sorceleurs. Ils empestaient le sang de "monstres", et ces monstres, en ces terres, ne se limitaient pas aux loups-garous, aux nécrophages et aux esprits; les terranides féraux souffraient aussi de leur lame. Elle se mit rapidement dans un angle où Alice était exactement entre elles, et... accessoirement, ce serait plus difficile pour Cirilla de se servir de son arbalète sur elle. Ce n'était pas parce qu'elle était stupide qu'elle ne tenait pas à sa vie, si courte soit-elle.

-Nuh!
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 16 avril 2018, 00:35:34
Les gardes se sentaient un peu pantois. Ils ne s’attendaient clairement pas à tomber sur la Princesse de Sylvandell en personne. La jeune femme caressait le corps de Véronique, eux qui l’avaient pris pour une vagabonde venue faire la vaurienne dans al capitale. En d’autres circonstances, elle aurait été enfermée dans une prison sylvandine, le temps de retrouver son propriétaire, ou, à défaut, la vendre. Les vagabonds et les clandestins n’étaient pas les bienvenus. En l’état, il allait falloir qu’Alice indemnise le tisserand pour sa perte, et qu’elle veille davantage sur Véronique. La Terranide manquait d’éducation, mais, en revoyant Alice, elle la reconnut, et se frotta tout naturellement contre elle, la léchant et se frottant à son corps.

Véronique sembla toutefois se rétracter en voyant Cirillia, et poussa un petit couinement, avant de s’écarter, oreilles basses, se dissimulant derrière Alice. Celle-ci sourit encore, et sa main vint lui caresser les cheveux.

« Allons, allons, Véronique, Cirillia est mon amie, et elle nous protège ! Tu n’as pas à avoir peur d’elle ! »

Difficile à comprendre, visiblement, car Véronique réagissait instinctivement, et avait, en ce sens, peur de la jeune femme. Elle devait sentir son ancienne formation de sorceleuse, les mutagènes qu’elle avait pris, ou l’aura monstrueuse qui accompagnait l’ex-sorceleuse à force de les tuer. Ou alors, c’était juste sa posture martiale, son regard serré, l’impression de puissance qui s’échappait de son corps...

« Mais il ne faut pas recommencer à voler, Véronique ! Ce n’est pas bien ! »

Elle dit cela en levant son doigt, comme pour signifier qu’elle voulait marquer le coup. Alice caressa ensuite de nouveau la tête de la femme, esquissant un léger sourire.

« En attendant, ma belle, tu vas devoir rester près de moi ! Et il va vraiment falloir que je trouve quoi faire de toi... »

Autant dire que, pour le moment, Alice restait dans le doute ! Elle se releva ensuite, hésitant à mettre un collier autour du cou de Véronique. Ce serait toutefois la meilleure chose à faire, si jamais elle tombait de nouveau sur les gardes. Quoi qu’il en soit, elle décida de retourner voir le tisserand, non seulement pour lui présenter ses excuses, pour l’indemniser, mais aussi pour trouver à Véronique une garde-robe.

Après tout, il fallait bien l’habiller...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le samedi 18 août 2018, 21:47:10
Veronique ne comprenait pas vraiment comment fonctionnait la société humaine. Elle l'avait côtoyée longtemps, mais elle n'arrivait simplement pas à s'adapter. Pour elle, l'important était de bien manger, de ne pas être dehors quand la pluie s'abattait, ou à l'air libre quand il neigeait, et surtout ne jamais être entre une maman ours et son rejeton. Le concept de "valeur", particulièrement monétaire, des objets ou des biens la dépassait, et de beaucoup. Pour elle, un objet n'a de la valeur que si elle peut le manger, ou s'il brille. Il n'est pas rare pour elle de chaparder une clé ou une pièce de monnaie, ou même de l'argenterie, simplement parce qu'un rayon de soleil a frappé l'objet et a attiré son attention. Elle ne voyait pas la valeur d'un manteau de fourrure, puisqu'il ne brillait pas et l'animal dont il était composé était mort depuis si longtemps qu'elle doutait de la comestibilité de sa chair.

Tout cela se résolut cependant rapidement devant les yeux chargés d'incompréhension et de confusion de la Terranide Chien, communément appelée "inu", et les gardes s'en allèrent. La chienne se crut tirée d'affaire jusqu'à ce qu'Alice la réprimande. Alors qu'elle lui utilisait des signes et un langage simple pour la réprimander, il ne fut pas difficile de voir à quel point Veronique était intelligente en tant que chienne; les oreilles basses, la queue raide, les yeux baissés et la frimousse triste d'un chien pris en faute. Il ne fallait pas s'y tromper; si Veronique était physiquement humaine, et même que certains de ses comportements sont typiquement humains, la plupart de ces derniers sont des imitations, tout au plus. Elle reste une chienne, et une bonne chienne, si elle trouvait quelqu'un capable de comprendre la nuance entre être une humaine stupide ou un animal malin.

-Rrrroooouf... fit-elle sur un ton dépité.

Comme pour amadouer Alice, la Terranide frotta son museau froid contre le nez de la princesse, sans relever les oreilles ou la queue, de façon à se rendre le plus adorable possible. C'était une manière pour elle d'essayer de résoudre le conflit. Si Veronique ne captait pas de la colère dans les gestes ou la posture de la jeune princesse, cela ne l'empêchait pas de comprendre qu'elle lui avait déplu.

Alors que la jeune chienne essayait de récupérer l'affection de sa nouvelle amie, une voix s'éleva.

-Princesse?

À quelques mètres d'eux, flanqué de sa garde, se trouvait le Roi Serenos de Meisa. Serenos avait acquis une certaine réputation avec Sylvandell pour avoir lutté aux cotés des commandeurs et de Cirilla dans un assaut sur Kor-Tarath. Pas assez pour en faire un héros du peuple, mais suffisant pour lui gagner une certaine reconnaissance, et pour que les gens se souviennent de sa tête.

Un bandage autour de la tête, autour du cou et le bras gauche coincé dans une attelle, il n'était pas difficile de deviner que le Roi étranger en avait eu pour son grade. Une longue histoire qu'il n'hésiterait pas à partager après avoir endormi sa douleur avec une bonne rasade de vin. Il ne semblait pas nécessairement mal portant, mais il n'était pas au sommet de sa forme non plus.

Il fit un signe de sa bonne main à ses gardes de rester où ils étaient et s'approcha de la princesse et de son garde du corps, à laquelle il envoya un respectueux geste de la tête. Ils n'étaient pas amis, mais cela n'empêchait en rien qu'ils avaient morflé ensemble, ou du moins une part de lui.

À la vue du Roi, Veronique resta un moment près d'Alice, avec méfiance, puis son nez capta son odeur. Elle remua soudainement la queue. Il n'y avait aucun doute, cet homme cachait des sucreries dans son manteau. Et elle voulait ces sucreries. Elle aurait ses sucreries!

-Loin de moi l'idée d'investiguer, continua-t-il, mais j'ai entendu des cris, et je... tiens, bonjour.

Il n'avait pas finit de parler que Veronique avait déjà quitté les côtés de la princesse pour s'asseoir devant le Roi et de remuer la queue, les yeux brillants. Il tenta de lui tendre la main pour lui serrer la sienne, mais la chienne ne réagit pas. Donner la patte était encore un truc qu'elle n'était pas à l'aise de faire devant un étranger. Ce n'est pas pour autant qu'elle cessa de le darder du regard. Il lui fallut un moment inconfortable de silence pour que Serenos comprenne ce qu'elle voulait de lui.

-Oh. Je vois.

Il plongea une main dans son manteau et en tira de petites sucreries rondes, de toutes les couleurs. Il sembla tester l'intelligence de la chienne en tendant le bonbon au dessus de son nez. Comme par reflexe, Vero fit la belle et attendit qu'il le lui lance, ce qu'il fit sans attendre. La chienne le happa au vol, toute contente, puis revint aux pieds d'Alice. Serenos semblait bien à l'aise avec les terranides, et ne fit pas un cas d'être approché par Veronique. Il tendit les sucreries à la princesse et à Cirilla, au cas où elles voudraient y goûter.

-J'ignorais que vous aviez une chienne. J'ai toujours été sous l'impression que votre père n'aimait pas les terranides.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le dimanche 19 août 2018, 21:53:22
Alice avait mis fin à la catastrophe, mais continuait à se retrouver avec une Terranide sauvage, inculte, et dont elle allait malgré tout devoir trouver une utilité. Véronique avait clairement besoin d’instruction, mais Alice hésitait sur les suites. Sylvandell n’était pas un pays pour les Terranides, les dragons étaient plutôt effrayants.  De fait, les Sylvandins avaient eux-mêmes assez peu de Terranides, et il s’agissait généralement des Sylvandins vivant dans la vallée, là où les dragons passaient plus rarement. Devant elle, Véronique était assez gênée, et Alice sourit alors, se disant qu’elle y allait peut-être un peu fort... Mais, en même temps, Véronique avait quand même volé quelque chose, et avait semé une petite pagaille ayant amené des gardes à se déplacer. La main de la Princesse caressa alors ses cheveux, tendrement.

« Bon, ce n’est rien, Véronique, je sais que tu n’as pas fait intentionnellement, et... »

Elle se tut brusquement en entendant quelqu’un l’appeler, et écarquilla les yeux en reconnaissant...

« Serenos ? »

Ça alors ! La surprise était de taille, et Alice l’observa pendant quelques secondes sans rien dire, se rappelant sa présence ici. Il était venu les voir pour leur parler d’une étonnante enquête, qui avait commencé chez lui, à Meisa, une épidémie qui l’avait amené jusqu’à Sylvandell, afin de se renseigner sur d’étranges activités survenues dans un ancien fort démoniaque, Kor-Tarath. Alice se rappelait encore de son séjour ici. Depuis lors, le Roi de Meisa avait continué à entretenir de bonnes relations avec Sylvandell, mais, pour le surplus, la jeune Princesse n’avait toujours pas eu l’occasion de se rendre à Meisa, pays insulaire qui restait encore, pour elle, très mystérieux.

Alice lui sourit gentiment, une fois l’élément de surprise passé.

« Je... Je suis ravie de vous voir ! »

Avant de pouvoir poser la moindre question supplémentaire, Serenos manifesta sa surprise par rapport à Véronique. Alice sourit brièvement, regardant brièvement Véronique, qui semblait toujours aussi confuse, et lui répondit rapidement :

« C’est une Terranide sauvage qui m’est tombée dessus il y a une bonne heure, dans la vallée. Elle est encore assez sauvage, mais... Comme elle avait l’air perdue et plutôt gentille, j’ai décidé de la prendre sous mon aile, en attendant de voir quoi en faire. »

Pour le reste, Tywill, son père, n’aimait effectivement pas beaucoup les Terranides. Mais, au-delà de ça, Alice craignait surtout que Véronique ne s’aventure trop près d’un dragon... Ce qui n’était jamais très bon pour leur devenir.

« Mais... Que venez-vous faire ici, Serenos ? Sylvandell est plutôt éloignée de Meisa, non ? »
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le dimanche 19 août 2018, 23:41:33
Veronique resta évidemment près de la princesse en ne sachant pas qui était l'étranger, mais l'idée de recevoir d'autres sucreries l'encourageaient à garder la tête à vue pour pouvoir le voir. Elle espérait qu'il n'était pas déjà à court, mais elle avait reçu assez de coups de bottes pour savoir qu'il n'était pas bon pour elle de tenter sa chance plus que nécessaire. Cependant, elle captait une certaine nervosité venant d'Alice devant l'homme en noir et blanc. Est-ce qu'il était dangereux? Est-ce qu'il était plus prudent pour elle de s'enfuir? Elle ne savait que faire dans cette situation, et les gardes restaient un danger encore vif dans sa mémoire. Elle ne tarderait bien sûr pas à tout oublier dès que son esprit sera accaparé par autre chose, mais pour le moment, elle restait plus ou moins sur ses gardes.

Le Roi de Meisa, pour sa part, écoutait les explications de la princesse. Comme toujours, celle-ci semblait avoir une vie plutôt agitée, comme semblait le répéter beaucoup de gens. Rangeant les sucreries en voyant que ni la princesse ni la guerrière ne comptait en réclamer, il remarqua quand même le regard insistant de Veronique sur sa main et il lui en lanca un, juste pour la voir se décrocher d'Alice et suivre le bonbon rebondissant pour l'attraper et le manger.

-Vous ne pourrez peut-être pas en faire grand chose. Vous savez que certains terranides sont aussi intelligents que des humains, n'est-ce pas? Eh bien... celle-ci a une intelligence plus basique, plus proche de l'instinct animal.

Il lui expliqua ensuite brièvement que ces terranides étaient néanmoins très prisées parce qu'elles étaient, tout bonnement, adorables. Il n'hésita pas à admettre qu'en Meisa, même si l'esclavage était interdit en dehors de la loi des créances, les terranides de ce genre pouvaient constituer une propriété, traitée soit comme animal de compagnie, garde de foyer ou même amants. Les mâles étaient normalement plus intéressants pour les femmes, en raison de leur fougue animal, mais les femelles étaient câlines, affectueuses, et soumises au possible. Se rendant compte qu'il expliquait un truc hautement indécent à une jeune femme, le Roi se racla la gorge avec embarras.

Elle lui demanda ensuite ce qu'il faisait là, et cela était une excellente question, et légitime venant de la princesse du royaume.

-Oh, une de mes nièces est tombée follement amoureuse d'un Commandeur. Lors de votre mariage, qui plus est.

Les événements comme les mariages royaux étaient une excellente façon de se faire de nouveaux amis, ou même de calmer de vieilles inimités, et Serenos s'était dit que c'était le moment parfait pour revoir de vieux amis. Enfin... vieux amis signifiait surtout être le seul Meisaen dans une festivité où tous les hommes d'états étaient Ashnardiens. Après, il devait admettre que c'était un très beau mariage. Quand il avait lu le rapport de ses informateurs sur l'identité du nouveau prince de Sylvandell, il a dût avoir la même réaction que Tywill; recracher tout son vin sur ses autres documents importants sous la surprise. Surtout que ses informateurs n'avaient rien pu dénicher sur le nouveau prince, hormis sa race et son nom, et le fait qu'il était vagabond. D'où il venait et d'où lui et la princesse se connaissait était soit un secret d'état très bien gardé, ou alors même Sylvandell n'en savait pas grand chose.

-Du coup, elle m'a présenté ses correspondances avec le coupable et m'a demandé d'intervenir en sa faveur auprès de son supérieur et du roi pour qu'ils puissent avoir le droit de se faire la cour. Ca et le fait que votre père voulait qu'on se voit de toute façon. On a décidé qu'on devait se parler seul à seul en ce qui attrait à ce qui s'est passé à Kor-Tarath et ceux qui sont derrière tout ça.

Il regarda ensuite la princesse et se rendit compte que si ces histoires pouvaient l'intéresser, ce n'était peut-être pas le moment ni l'endroit pour faire la conversation. En toute simplicité, il s'approcha de la princesse et posa un baiser sur sa joue.

-Je n'ai pas eu la chance de vous le dire pendant la célébration, mais félicitations pour vos noces, Princesse Alice.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 20 août 2018, 00:49:49
Il y a quelques jours, Alice s’était mariée... Une deuxième fois. Un mariage un peu plus dans la norme, et un peu plus réfléchi que le premier, avec un très bel elfe, Melendil (http://hentai.forum-rpg.net/index.php?action=profile;u=3242). Depuis lors, la Princesse avait eu droit à une tonne de cadeaux, mais le plus important était celui que Melendil lui avait laissé dans le ventre... Elle sourit quand Serenos lui expliqua que l’une de ses nièces était tombée amoureuse d’un Commandeur. Une histoire improbable, mais tout à fait compréhensible. Néanmoins, Serenos était surtout là pour discuter des suites des évènements de Kor-Tarath avec son père.

« Oh... »

Alice resta songeuse. Kor-Tarath... Elle se rappelait encore assez bien du siège mené sur le fort démoniaque. Depuis lors, Sylvandell avait mené des enquêtes sur place, en coordination avec l’Empire. Des inspecteurs impériaux étaient d’ailleurs venus, mais Alice devait bien admettre qu’elle n’en savait guère plus. Tywill gardait pour l’heure l’avancement de cette enquête secrète. Tout ce qu’elle savait, c’est que l’affaire semblait d’importance. Après tout, les évènements à Kor-Tarath étaient liés à une épidémie de peste à Meisa, et se rapprochaient eux-mêmes d’autres évènements survenus à Nexus. C’était comme une sorte de grosse toile, une toile de fond sur laquelle Alice avait bien peu d’informations, et ce d’autant qu’elle flottait encore sur un petit nuage.

Elle se devait pourtant d’être prudente, vu qu’elle n’était désormais plus seule, mais elle n’avait encore annoncé qu’à peu de personnes ce qu’elle avait dans le ventre. Serenos l’embrassa ensuite doucement sur la joue, presque affectueusement, et Alice lui sourit tendrement.

« Merci... Il est vrai qu’il y a eu du monde, et... J’ai été assez occupée. »

Le banquet avait été long, mais Alice en avait passé une bonne partie à faire l’amour avec Melendil. Et elle avait reçu des doléances et des félicitations de bien des gens. Serenos avait visiblement échappé à sa vigilance.

« Enfin, je suis ravie de vous revoir, Serenos... Et surtout en de meilleures circonstances. »

Maintenant, le royaume se portait bien. Depuis Kor-Tarath, il n’y avait pas eu d’autres attaques, et, suite au mariage de la Princesse, Sylvandell baignait dans une sorte d’aura euphorique. La jeune Princesse, avec sa grande beauté, avait toujours été une femme très populaire, surtout qu’elle aimait se mélanger à la foule, y voyant là comme un souffle de liberté à force de rester cloîtrée chez elle. On ne pouvait jamais exclure des traîtres et des renégats, bien sûr, mais Alice avait toujours refusé de vivre dans la peur.

Elle revint ensuite à Véronique en sentant la jeune Terranide revenir près d’elle, et lui caressa les cheveux.

« Hum... Oui, ma belle. Auriez-vous une sucrerie en stock, Serenos ? Je crois qu’elle est assez gourmande... »

Alice restait en tout cas toujours aussi curieuse à son sujet.

D’où venait donc cette Véronique ?
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le lundi 20 août 2018, 01:34:05
-Merci... Il est vrai qu’il y a eu du monde, et... J’ai été assez occupée.
-Ne vous inquiétez pas, la rassura-t-il rapidement avec un sourire doux. J'ai été marié, moi aussi, et c'est difficile d'accorder du temps pour tout le monde.

La princesse était un peu embarrassée, mais il voulait lui assurer qu'il ne lui en tenait pas rigueur. Et puis, il n'était pas sans capter la petite anomalie qui s'était manifestée dans le ventre de la princesse, car des dizaines d'esprit bienveillants montaient la garde. N'importe quel magicien aurait vu qu'elle attendait un heureux événement. Compte tenu qu'elle semblait bien portante, cette grossesse était très récente, donc il n'était pas de son droit de le lui annoncer, surtout si quelque chose tournait mal. Quand elle l'annoncera à son père, il n'y avait aucun doute qu'il sautillerait de joie... Et juste pour l'image que cela lui évoquait à l'esprit, Serenos aimerait bien être présent à ce moment, juste pour voir si Tywill était, en effet, capable de sautiller. Et de joie.

Elle semblait néanmoins vraiment contente de le revoir. Même s'ils n'avaient guère eu le plaisir de discuter, Serenos avait trouvé un peu triste de ne pas avoir pu apprendre à mieux connaître la descendante d'Erwan Korvander, surtout que son père, même si c'était probablement protocolaire, avait prit la peine de l'inviter au mariage.

-Des sucreries... Ah, oui.

Il plongea sa main libre dans son manteau et en tira une petite bourse remplie. Veronique sembla rapidement comprendre de quoi il s'agissait, puisqu'elle sortit immédiatement de sa cachette, remuant la queue et s'agitant sur place alors que le Roi donnait la petite bourse à la princesse. Veronique se redressa rapidement sur ses deux jambes et enlaça le bras de la princesse, les yeux pleins de petites étoiles. Elle en voulait d'autre.

-Si ça, ce n'est pas de la manipulation, princesse, c'est que mes filles ne m'ont rien appris. Je connais ce petit air.

Cela le surprit tout de même. Veronique combinait même de réels comportements humains? Alors... pourquoi n'était-elle pas plus humaine dans ses gestes? La curiosité du Roi étant piquée, il examina la demoiselle de haut en bas et lui caressa une oreille, frottant l'intérieur du pouce, et la tirant légèrement. La chienne poussa un glapissement de surprise et un râle de satisfaction en remuant la tête contre sa main pour qu'il continue.

-Curieux. Intéressant, aussi. Si vous voulez, je vous présenterai un ami à moi de Zon'Da, quand il repassera par Ashnard. Le professeur Lucien Mackroi, un expert, et un passionné des terranides. Un peu trop... tactile à mon goût, mais si vous gardez un garde dans la pièce, il ne devrait pas être trop... tactile.

Tactile était devenu un terme pour décrire l'état d'une personne qui était, en toute apparence, incapable de s'empêcher de tripoter les gens. La société Terrane ne voyait pas le sexe d'un mauvais oeil, et même que cela était une méthode de résolution de conflits respectée dans certains cas. Cependant, même dans une société globalement libertine, il y avait certaines personnes qui se démarquaient plus que d'autres. Un philosophe Nexusien, Emmanuel de Rochenoire, était même reconnu pour sa thèse sur l'apparente augmentation des désirs charnels chez les Terrans sur les quelques derniers siècles, et pour avoir transformé le terme tactile en sous-entendu pour la nymphomanie.

Bref, Serenos pouvait faire confiance à Mackroi pour son expertise, mais moins pour son savoir-vivre, et si Alice avait pour plan d'intégrer, éventuellement, la petite terranide dans sa vie, il était peut-être mieux qu'il la prévienne.

-Vous voulez un compagnon de plus? Je suppose que vous comptiez aller vous procurer de quoi vous occuper de cette adorable petite peste, et pour avoir éduqué une bestiale dans ma jeunesse, je crois que je pourrais être de bon conseil.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 20 août 2018, 07:52:23
Malgré le caractère hautement improbable de cette rencontre, Alice était ravie de revoir Serenos. Le Roi lui donna une petite bourse. Sur le coup, Alice crut qu’il lui donnait des pièces d’or, mais, en voyant le comportement de Véronique, elle comprit que l’intérieur de la bourse devait comprendre autre chose que des pièces d’or. Alice sourit alors, brièvement, et récupéra un bonbon à l’intérieur, puis le donna à Véronique, satisfaisant la petite gourmande, avant de glisser la bourse dans ses vêtements. Serenos lui parla ensuite d’un certain professeur, Lucien Mackroi, un curieux individu qui voyageait de Zon’Da à Ashnard. Curieux, dans le sens où les Ashnardiens n’aimaient pas spécialement les individus venant de Zon’Da, capitale du fameux « Royaume terranide », une sorte de terre d’asile et d’accueil pour l’ensemble des Terranides.

*Mais bon, je ne suis pas dans la tête des Conseillers Impériaux...*

Et, en attendant, Alice ignorait toujours ce qu’elle devait faire de Véronique ! Ce n’était pas tous les jours qu’une Terranide lui tombait dessus. Généralement, elle ordonnait qu’on les envoie à Mélinda, qui avait davantage l’habitude qu’elle de gérer ce genre de choses. En fait, c’était l’option qu’Alice envisageait. Serenos la relança d’ailleurs là-dessus, et Alice haussa les épaules.

« Sylvandell n’est pas un lieu propice pour les Terranides, reconnut-elle. Outre mon père, les Terranides ne sont guère rassurés par la présence des dragons et par leurs grondements. Et je ne peux pas prendre le risque de laisser Véronique sortir seule... »

Inutile de développer davantage pour comprendre le risque qu’elle s’approche trop près du Territoire des Dragons, et ne finisse rôtie par un dragon. Aux yeux des dragons, les Terranides étaient des proies naturelles, et, s’ils se retenaient à l’égard des humains par respect pour les Korvander, à l’égard des Terranides, c’était une toute autre approche. Alice ne pouvait donc décemment prendre le risque de conserver la jeune Terranide près d’elle trop longtemps.

« Je pense la confier à l’une de mes amies, Mélinda Warren, qui saura mieux que moi s’occuper d’elle, mais... D’ici là, je peux peut-être l’éduquer un peu, et comprendre au moins d’où elle vient. Qu’est-ce que vous me préconisez pour elle, Serenos ? »

Alice n’était pas vraiment une spécialiste dans l’éducation des Terranides ! Elle n’allait donc pas rechigner contre de l’aide supplémentaire ou contre des conseils en la matière.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le mardi 21 août 2018, 02:53:34
 -  Sylvandell n’est pas un lieu propice pour les Terranides, reconnut-elle. Outre mon père, les Terranides ne sont guère rassurés par la présence des dragons et par leurs grondements. Et je ne peux pas prendre le risque de laisser Véronique sortir seule...

Sans élaborer, le bon sens de Serenos lui indiqua que les chances de survie d'un Terranide plus animal sur le territoire des dragons étaient excessivement minces en raison du caractère très axé sur la prédation de ces grandes bêtes.

 -  C'est vrai que j'ai rarement vu des dragons aussi porté à manger des êtres humanoïdes qu'en Sylvandell. Par chez moi, les dragons sont plus gros, donc les humains et les petits animaux ne sont pas des proies intéressantes. Après, ce que j'ai comme problème de bétail... Vous avez déjà vu un dragon emporter un mammouth?

Le mammouth était une espèce d'énorme éléphant poilu qui était normalement éteint ou en voix d'extinction sur la plupart des continents. Très rares, même à Zon'Da où les climats sont plus propices à leur reproduction, en Ayshanra, ils étaient plus nombreux au nord de la région de Phosop, au nord de Narthi. Ces énormes bêtes étaient très durs à abattre, mais facile à domestiquer. Bref, quand on voyait un dragon s'emparer d'un mammouth, c'est qu'il était devenu dangereux et donc qu'il fallait l'éliminer. Contrairement aux Dragons Dorés de Sylvandell, la plupart des dragons noirs de Meisa étaient très belliqueux et n'avaient aucune considération pour leurs voisins humanoïdes. Si le Maître Draconique prêchait la cohabitation entre les siens et les hommes, ceux qui refusaient cette méthode de pensée acceptaient également le risque d'être traqués commes des animaux.

Lorsque la princesse lui offrit le bonbon, Veronique ouvrit sa bouche et la referma sur les doigts de la princesse pour happer la sucrerie. Elle sentit le regard alarmé de Cirilla, qui s'attendait à ce que la chienne morde son amie, mais elle se détendit quand la demoiselle recula la tête, laissant les doigts intacts de la princesse quitter sa gueule, sans la petite boule rouge. Sous le regard de l'ex-sorceleuse et du Roi de Meisa, plutôt que de réclamer un autre bonbon, Veronique resserra légèrement son étreinte sur le bras de la princesse, et posa sa tête sur son épaule, toute câline et affectueuse.

Devant une telle démonstration d'attachement, Serenos comprit que Veronique venait de décider que la princesse était son amie, et qu'elle était déjà très attachée à elle.

-Je crois que vous n'aurez pas beaucoup de problème à lui inculquer quelques notions. Il suffit de la garder à l'oeil. Peut-être une laisse, ou du moins une bobine de fil rétractable pour éviter de la perdre. De mon expertise, si vous la confiez à une autre, elle risque de très mal le prendre. Par exemple...

Il approcha la main de Veronique et lui saisit le poignet pour essayer de l'éloigner de la princesse. Aussitôt, la chienne émit un grondement d'avertissement, les oreilles basses, la queue raide, les babines dévoilant ses canines pointues, l'avertissant que s'il insistait pour la séparer d'Alice, il risquait une morsure. Il la relâcha doucement, et aussitôt, comme si rien ne s'était passé, la jeune femme releva les oreilles, battant la queue, souriante et joyeuse. Il ramena son regard vers la petite princesse.

-Les Terranides ayant des attributs canins sont extrêmement loyaux envers leurs "propriétaires", si celui-ci gagne leur confiance. Je suppose que Veronique vous voit comme sa maîtresse et son amie. Vous pourriez en faire un protectrice, un... chien de garde, si vous voulez. Après, elle a des signes qui me font croire qu'elle est capable de nous comprendre, donc peut-être qu'avec le temps, vous parviendrez à lui apprendre un langage simple, ne serait-ce que pour faciliter la compréhension de ses besoins, ou au moins qu'elle puisse attirer votre attention autrement qu'en aboyant... genre avec votre nom.

-A...li.

Soudainement, la tête du Roi passa immédiatement sur la petite chienne. Elle regardait la princesse aux cheveux d'or avec un grand sourire, bien contente.

-... Eh bien... soit elle est plus humaine que je ne le croyais, soit elle a tout simplement une intelligence sélective et circonstancielle... fit le Roi, confus lui-même.

Un nouveau mystère venait de naître; Veronique était-elle maligne ou pas?
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 27 août 2018, 00:43:18
Gérer des Terranides, ce n’était clairement pas la tasse de thé d’Alice ! Sylvandell était certes un État autoritaire disposant d’esclaves, mais elle n’en avait jamais pris part. De fait, les esclaves étaient souvent des prisonniers de guerre, voire des criminels ayant choisi une reconversion dans la servitude, et qui finissaient entre les mains du clan Warren. Alice, elle, n’avait pas d’esclave, et ne savait clairement pas quoi faire, à terme, de Véronique. Serenos lui exposa toutefois qu’il ne serait pas si facile que ça de se séparer de la jeune femme, et lui en fit la démonstration en essayant de l’éloigner. Devant cette idée, la Terranide s’énerva, et grogna sur place, de sinistres grondements, avant de se rapprocher d’Alice, qui comprit alors que la jeune créature s’était attachée à elle. Après tout, elle avait des gènes canins en elle, et les chiens étaient connus pour s’attacher plus facilement aux personnes que les chats, davantage territoriaux et indépendants. Alice sourit alors doucement, et repensa brusquement à quelque chose, ce qui l’amena à regarder de nouveau Serenos.
 
« Oh, au fait, il y a un collier sur son cou avec un médaillon qui… »
 
Alice ne termina pas sa phrase, car, au même moment, Véronique se mit à prononcer des syllabes évoquant vaguement son nom. La jeune femme la regarda alors, ses yeux exprimant sa curiosité, semblant amuser Serenos.
 
« Oui… Oui, en effet… » glissa Alice, comme pour faire suite aux propos de Serenos.
 
Manifestement, Véronique avait en tout cas de bonnes capacités d’interprétation. Alice la regarda dans les yeux, cherchant un signe, quelque chose, puis lui sourit alors, et caressa sa tête, avant de déposer un baiser sur son front. Un chaste et tendre baiser, qu’elle accompagna ensuite en repensant au médaillon qu’elle voulait évoquer avec le Roi meisaen.
 
« Oui, je voulais vous dire… Regardez, j’ai trouvé ce médaillon sur elle. »
 
Il y figurait une bien étrange inscription, qui l’avait interpellé tantôt :
 
Citer
« Véronique,
Si vous la trouvez, ne pas ramener,
Si vous la voulez, vous pouvez la garder.
»

Elle laissa à Serenos le soin d’en prendre connaissance, avant de poursuivre :
 
« Je n’ai vu aucune inscription sur ce médaillon. Ce n’est pas de l’or, ou alors, ce n’est pas de l’or gravé. Et le collier ne semble pas non plus contenir la moindre adresse, ou le moindre nom. J’ai l’impression que cette Terranide a été abandonnée… »
 
Dans l’esprit d’Alice, celle-ci devait déjà s’imaginer une intrigue invraisemblable, une histoire abracadabrantesque sur une Terranide qui aurait été témoin d’un crime, et rejetée dans la nature. Après tout, Alice était une grande lectrice, et savourait notamment les thrillers et autres romans policiers. Dans ces circonstances, la jeune Princesse laissait très rapidement son imagination s’envoler, comme en ce moment. Il suffisait d’ailleurs de voir ses yeux pour y discerner une lueur pétillante, signe qu’elle était en train de s’amuser à essayer de découvrir ce qui venait de se passer.
 
« Qu’en pensez-vous, Serenos ? »
»
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le samedi 01 septembre 2018, 05:54:10
« Véronique,
Si vous la trouvez, ne pas ramener,
Si vous la voulez, vous pouvez la garder. »

Heureusement que cela n'était qu'une inscription sur un bout de papier, car un homme, ou même une femme, se serait permis de dire une telle chose devant Serenos, qui était reconnu pour son affection pour les humanoïdes, il aurait subit toute la rage du Roi, qui l'aurait rué de coups jusqu'aux portes de la mort. Serenos regarda le médaillon de Veronique de plus près, ce qui poussa le petit bout de femme-chienne à relever la tête et exhiber fièrement son pendentif, ne sachant évidemment pas ce qui y figurait. Un moment de silence suivit l'étude du Roi.

-Elle a bel et bien été abandonnée, ou alors elle a été réduite en esclavage et elle s'est enfuie, ou peut-être qu'elle s'est perdue. Ca prendrait des mois pour suivre sa trace magique, et je ne crois pas que vos magiciens ont vraiment du temps à accorder. Je suis tenté de vous dire comme ce collier; si vous voulez, vous pourriez la garder.

Veronique semblait déjà avoir dans l'idée de rester aux côtés d'Alice, mais ce qui intéressait Serenos, c'est de voir ce que le destin avait en réserve pour cette petite demoiselle. N'importe quel autre mage aurait remarqué l'anomalie, la singularité, qu'était Veronique, car alors que l'avenir était normalement passif pour tout le monde, se moquant éperdument de leur sort, de nombreuses forces métaphysiques s'investissaient dans la vie de la petite chienne, surement à son insu, pour l'orienter vers certaines personnes, certains endroits. Serenos ne connaissait qu'une autre personne qui générait autant d'intérêt cosmique, et cette personne était Elena Ivory, la jeune princesse-devenue-Reine de Nexus. Impossible de savoir pourquoi, mais il était important que Serenos ne s'interpose pas trop dans la vie de la chienne. Si le destin a jugé bon de la coller dans les pattes de la princesse de Sylvandell, c'est qu'il y avait une bonne raison. Et quelque chose lui disait qu'il valait mieux pour lui de traîner autour de la princesse également.

Ils ne tardèrent pas à arriver devant les grandes portes du palais. À force de parler, ils en avaient complètement oublié de s'arrêter acheter des choses pour Veronique, mais à bien y penser, ce n'était pas bien grave, considérant que Veronique ne portait aucune attention à son apparence délabrée. De plus, le Roi de Meisa connaissait suffisamment le tempérament de Tywill pour savoir qu'il abhorrait les retards et pire encore les excuses, donc il ne lui donnerait pas les raisons de se plaindre ni de l'un ni de l'autre. Serenos se pencha sur Alice et posa un bref baiser chaste et amical sur la joue, avant de lui adresser un sourire.

-Nous reparlerons plus tard, votre grâce. Je dois me présenter à votre père avant que l'idée de me flanquer un coup de votre trésor familial sur la tête ne lui prend.

Sur cette plaisanterie, sachant pertinemment que Tywill ne risquerait pas un incident diplomatique violent simplement par agacement, le Roi de Meisa disparut dans les couloirs vers la salle du trône.

Veronique, pour sa part, regardait Alice avec ses grands yeux marrons et son sourire de gamine. Toujours accrochée à la future souveraine de Sylvandell, pressant sa ferme poitrine contre son bras, la petite Terranide se hissa sur le bout des pieds pour lui donner trois petits coups de langue sur la joue, remuant la queue avec plaisir. Même si elle n'était pas naturellement sexuelle, Veronique ne semblait pas avoir la moindre pudeur et démontrait son affection par des interactions physiques très directes. Si Alice voulait la dresser pour en faire une chienne bien élevée, elle devrait rapidement apprendre à enseigner à sa nouvelle Terranide les comportements qu'elle acceptait ou refusait dans ses interactions interpersonnelles.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le samedi 08 septembre 2018, 15:20:04
Alice remercia Serenos pour son aide, sans se douter que Véronique avait une sorte de connexion magique. La jeune Princesse n’était pas une magicienne, même si elle avait, en elle, un sang modifié par celui du Patriarche. Le Roi de Meisa se pressa d’aller voir son père, et Alice se retrouva donc à nouveau seule avec Véronique... La mystérieuse Véronique. Elles se tenaient sur le Grand Pont, celui menant au Château royal. Un château plutôt petit, semblant tout étriqué, bâti au sommet d’une colline, surplombant les environs. Des drapeaux flottaient à droite et à gauche, et, alors que Serenos rejoignait le corps de garde à l’entrée, Alice sursauta légèrement quand Véronique lui lécha la joue à plusieurs reprises, gloussant même.

« Et bien, et bien... Que d’affectuosités, ma chérie ! »

La jeune Princesse lui sourit doucement, et déposa un baiser sur son front, puis lui fit signe de la suivre. À son approche, les gardes s’inclinèrent respectueusement, et la belle tête blonde passa sans difficulté. Elle rejoignit le grand salon, et croisa plusieurs serviteurs, ainsi que quelques notables... Mais son regard fut vite attiré par un homme qui était en train de discuter avec un autre. Un homme aux longs cheveux, portant une légère armure, et qui se rapprocha d’Alice... Pour l’embrasser énergiquement.

« Hmmm... Oh, Melendil !
 -  Ne me dis pas que je t’ai manqué, quand même... Nous ne nous sommes quittés qu’il y a à peine quelques heures. »

Alice lui sourit malicieusement, et l’embrassa encore. Ils étaient de jeunes mariés, après tout. Pendant qu’Alice avait pique-niqué, Melendil s’était entretenu avec divers aristocrates de la région. Le bel elfe faisait tout en œuvre pour montrer qu’il était le digne Prince de Sylvandell, et non un simple dandy sans cervelle. Ayant une éducation populaire, il suivait notamment des cours privés pour comprendre les finesses de l’Histoire ashnardienne et autres subtilités.

Melendil lui demanda naturellement comment sa séance d’équitation s’était passée, et elle en profita pour lui présenter Véronique. L’elfe l’observa silencieusement, avant de lui sourire... Et se pencha même vers Véronique, venant lui faire un élégant baisemains.

« Tu as sûrement vu Serenos, non ? Il m’a dit qu’il serait possible de retracer la signature magique de Véronique, mais je ne sais pas trop comment ça marche...
 -  Ce n’est pas parce que je suis un elfe que je suis un spécialiste en magie... » observa-t-il.

Melendil avait jadis été un esclave, un jeune homme qui avait souffert de la brutalité de ses anciens maîtres. Il était devenu un vagabond qui avait protégé la Princesse, et, depuis... Les deux avaient fait du chemin. Alice était restée fidèle à elle-même, et Melendil, depuis lors, était très sensibilisé à la cause des esclaves.

« Enfin... Qu’est-ce que tu comptes faire d’elle ?
 -  Je ne sais pas... Peut-être commencer par lui donner des cours, je crois qu’elle ne sait pas lire, ni même parler... »

Que faire de Véronique ? C’était là une grande question !
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le vendredi 14 septembre 2018, 21:49:10
***Serenos***

"Roi Tywill." Salua le Roi des Trois Royaumes. "Je viens avec des nouvelles, et un cadeau."

En bon invité, Serenos ne se présentait jamais à Sylvandell sans une bouteille de filnavr, un "vin" Meisaen fait à partir d'un fruit, le navr, qui donnait un alcool à la fois très fort, beaucoup plus que les vins habituels, et surtout très goûteux. Réservé normalement aux hôtes de marque et aux amis, c'était cependant difficile de s'en procurer hors d'Ayshanra puisque le fruit ne répondait qu'au climat du Bas-Vrahilel, une région du sud-est de Meisa. D'un geste de la main, Serenos découvrit le bouchon, puis saisit le bouchon de liege avec les dents, puis le recracha en l'air pour l'attraper de sa main libre. Il matérialisa deux grandes coupes et en posa une sur l'accoudoir du trône de Tywill.

En versant lentement le liquide dans la coupe du Roi, Serenos prit ensuite une brève gorgée en signe de bonne foi, pour assurer son homologue que le vin n'était pas empoisonné. En ces temps troublés, une bouteille de vin était souvent un piège, et si Serenos avait eu le malheur de la lâcher du regard une minute et que celui duquel il venait parler à son homologue aurait eu la chance d'y verser un venin et que Tywill en souffrait des conséquences, il aurait une guerre sur le dos; de ce qu'il avait entendu, les Sylvandins n'étaient pas des enfants de choeur sur le champ de bataille, et il n'avait pas envie de découvrir l'étendue des euphémismes ou exagérations sur leur efficacité réelle. Il remplit une seconde fois la coupe, puis remplit son propre verre.

"Donc, j'ai envoyé Hadrian en mission d'infiltration. Il se trouve que Kor-Tarath n'est pas le seul lieu où des activités de magie noire ont repris. Au nord de Nexus et dans le Bouclier, il y a de petites fortifications d'anciens cultes et de mages noirs qui s'activent. J'aurais dit qu'Ashnard baigne dans la magie noire depuis des millénaires, mais comme mes agents ne peuvent pas s'y déplacer librement, il n'y a  aucune manière de s'assurer que Seldath, le Puit de Mzuldr ou l'Enclave sont toujours inactifs. La Grande Tour Noire, par contre, ne semble pas connaître de sursaut d'activité, et c'est tant mieux; les grands nuages noirs qu'elle génère sont très mauvais pour l'agriculture."

Serenos semblait approcher le sujet avec légèreté, mais la gravité de la situation ne lui échappait pas. De fait, lui et Tywill s'étaient vus assez souvent pour que le père d'Alice sache que ce n'était que de la comédie. Dans les faits, Serenos était aussi alarmé qu'il devrait l'être. La magie noire avait un effet néfaste sur tous les magiciens, surtout ceux qui, comme Serenos, pratiquaient la magie souvent et intensément. Celui qui consacrait son temps à accélérer la pousse des plantes n'aurait, en effet, rien à craindre comparativement à celui qui se lançait tête baissée dans la mêlée pour foudroyer ses ennemis à coup d'éclairs.

Après quelques gorgées de vin, Serenos déposa sa coupe sur un pupitre et regarda Tywill.

"Les investigations menées sur Kor-Tarath me poussent à croire que nous n'avons que retarder "ses" projets. Fort heureusement, Shunya, la guérisseuse, est en sécurité avec son épouse et mon agente infiltrée garde un oeil sur elle. Ce qui m'inquiète, maintenant, c'est ceci."

Il déposa un petit carnet sur l'accoudoir du trône et regarda le Roi dans les yeux, avec le plus grand sérieux du monde.

"Ce codex mentionne votre fille, Alice, et la Reine Elena, ainsi que trois autres jeunes femmes et deux hommes. Je crois que ce sont leurs prochaines cibles."

***Veronique

Veronique ne savait pas elle-même ce qu'elle devait faire de ses dix doigts et dix orteils, alors les réponses qu'espérait avoir Alice n'allaient surement pas venir d'elle. Le baisemain de Melendil n'eut aucune réaction particulière, mais elle ne pouvait s'empêcher de mettre sa main dans une main tendue. Elle sembla s'être prise d'une certaine curiosité pour lui. Lorsqu'il se pencha pour embrasser sa paluche, elle ne put s'empêcher de se pencher et de lui renifler la tête, enfouissant son museau dans ses cheveux. Il sentait les feuilles, le printemps, la rosée dans les prés. C'était une odeur agréable, mais pas ce qu'elle s'attendait d'un mâle. Confuse, mais ravie, elle le gratifia d'un petit coup du front contre le sien.

" Enfin... Qu’est-ce que tu comptes faire d’elle ?
 -  Je ne sais pas... Peut-être commencer par lui donner des cours, je crois qu’elle ne sait pas lire, ni même parler..."

La petiote ne savait évidemment pas lire, ou parler, mais au ton d'Alice, elle commençait à comprendre que la princesse n'était pas très satisfaite d'elle, donc, instinctivement, la terranide perdit son sourire et eu une tête qui aurait pu s'apparenter à de la tristesse, ou de la désolation. Ce n'était quand même pas complètement sa faute si elle était globalement inapte à réaliser des tâches. Elle n'avait besoin que de savoir comment faire pour survivre. Comme pour essayer d'attirer un peu de compassion, un peu de pitié, elle alla se cacher dans le dos de la princesse et frotta sa joue contre son omoplate.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 17 septembre 2018, 00:49:10
TYWILL KORVANDER

Roi de Sylvandell, ce n’était pas une vie aussi reposante qu’on le pensait. Il y a quelques mois, le royaume avait dû faire face à une résurgence maléfique dans une ancienne forteresse infernale bâtie dans les montagnes, Kor-Tarath. Un bastion qui datait de l’époque du Grand Conflit, quand les Anges et les Démons avaient fait de Terra leur champ de bataille. Sylvandell était alors une région abritant des elfes, et les démons avaient visiblement voulu s’en prendre aux elfes et aux dragons dorés. Depuis lors, Tywill avait mené son enquête, en compagnie du Roi de Meisa. Serenos avait en effet participer à ces évènements, car les individus ayant pris le contrôle de Kor-Tarath avaient aussi déclenché une épidémie de peste à Meisa. Serenos avait donc des raisons de les traquer, et réunissait des indices.

Tywill avait, de son côté, informé le Conseil Impérial des évènements de Kor-Tarath, mais il ne savait pas trop où en était leur enquête. Après ça, il avait dû gérer le mariage de sa fille avec Melendil... Ou, plus exactement, son deuxième mariage. Là encore, autant dire qu’avec une fille comme elle, Tywill n’avait pas souvent le temps de s’ennuyer. Le Roi de Meisa présenta alors à Tywill un document, un « codex », que le Roi attrapa, et le consulta brièvement, fronçant les sourcils en voyant plusieurs noms.

« Qu’est-ce que c’est que ce merdier ?! » bougonna-t-il.

Il observa encore Serenos, et reposa le codex sur la table. À Sylvandell, la salle du trône était mélangée à la salle de banquet. Le trône était au bout d’une longue table en U, et Serenos se trouvait donc à côté du Roi.

« Où avez-vous obtenu ce document ?! »

Qui donc pouvait bien en vouloir à sa fille spécifiquement ? Pour Tywill, la nouvelle était plutôt surprenante !



ALICE KORVANDER

« Et toi, ta journée ?
 -  Oh, euh... Je continue à essayer de me faire à l’idée que tout le monde m’appelle ‘‘Prince’’, c’est... C’est assez intimidant ! »

Alice sourit légèrement. Melendil n’avait effectivement pas la carrure d’un noble, en ce sens qu’il détestait être sous le feu des projecteurs. Autant dire que leur somptueux mariage, où Alice avait délivré de nombreux faire-part de mariage, l’avait durablement marqué ! Soudain, Véronique interrompit Alice dans ses réflexions en se lovant dans son dos, prenant une mine basse.

« Oh, mais... Qu’est-ce qui t’arrive, ma belle ? »

Alice, qui avait encore un peu de mal à comprendre le fonctionnement de la Terranide, la prit tout de même dans ses bras, lui faisant un câlin. Visiblement, quelque chose avait vexé Véronique. Comme quoi, même si celle-ci n’était pas cultivée, elle n’en conservait pas moins une certaine intelligence.

« Allons, ma chérie, tu es mon amie, n’est-ce pas ? Tout se passe bien, Véronique, tout se passe bien...
 -  Elle a peut-être faim ?
 -  Hmmm... Elle est fougueuse, c’est possible. »

Le sort de cette Véronique intriguait toujours Alice, a fortiori après sa brève rencontre avec Serenos. Mais, pour l’heure, elle remit ses questions de côté, et se rapprocha des cuisines. Rapidement, au détour des couloirs, de délicieux effluves remontèrent à eux. Les cuisines tournaient toujours, et, avec la soirée qui approchait, les cuisiniers commençaient à travailler d’arrache-pied derrière les fourneaux.

Alice rejoignit ainsi le coin des cuisines, où il y avait un petit réfectoire, constitué de tables en bois. Les domestiques mangeaient habituellement ici, mais avaient l’habitude que la Princesse vienne les rejoindre. Les pages présents la saluèrent, et elle les salua en retour, tout en demandant un plat pour Véronique.

« J’espère que tu aimes la viande, Véronique... Ou le poulet, peut-être ? »

Après tout, elle n’avait aucune idée des goûts culinaires de la Terranide, si ce n’est qu’elle appréciait beaucoup les barres chocolatées...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le jeudi 07 février 2019, 22:24:31
- Comment avez-vous obtenu ce document ?!

De toute évidence, la nouvelle choquait le Roi de Sylvandell, mais pour Serenos, ce n’était pas plus surprenant que ça. De nombreux opposants, révolutionnaires, terroristes ou un maître du donjon plus opportuniste que d’autres n’hésiteraient pas à s’en prendre à une princesse si cela avançait leur agenda. Non, ce qui surprenait davantage le Roi, c’était que ce codex ne disait rien à propos de celui qui avait donné ces ordres.

- Je l’ai obtenu dans une investigation des niveaux plus profonds de Kor-Tarath, dans une salle que je crois avoir été construite pour préparer des rituels, passé la grande bibliothèque. Ce codex parle de la descendante d’Erwan Korvander, et de la spécificité de votre lignée, ce lien avec les Dragons. J’ignore les détails, et je ne crois pas que quelqu’un d’autre que l’auteur de ce codex sache vraiment quelles sont ses intentions. J’ai vu ces symboles apparaître récemment en Meisa et en Aranie, et certains Nordiens prétendent avoir vu certains membres d’une nouvelle tribu peindre ce même symbole (http://img102.xooimage.com/files/b/b/5/all_hail-45d58b7.jpg) sur leurs vêtements. Nous les avons chassés, évidemment, mais le mouvement prend de l’ampleur.

Serenos s’abstint de dire qu’il avait également vu ce symbole apparaître en Galadie lors de son dernier voyage diplomatique chez ses voisins de l’Est. C’est à croire que le culte des Dieux commençait à prendre une nouvelle forme, mais Serenos ne pouvait pas agir directement, puisque le Grand Pontife refusait qu’il intervienne, un comportement étrange pour un dévoué serviteur des Dieux lorsqu’il fait face à un mouvement hérétique ou païen.

- J’essaie de rejoindre les experts de tous les continents, mais je n’ai rien de concret. Peut-être que votre Omniprêtre a des réponses. J’ai épluché tous les livres d’Hector, et si ce symbole existait autrefois avec une certaine signification, elle a été perdue, ou quelqu’un a manipulé l’histoire pour que seul ceux qui connaissent l’histoire savent ce qu’il représente. Une espèce de voile du Sorcier, si vous voulez.

Hector était un historien Nexusien qui collaborait avec de nombreux scribes et hommes d’états pour consigner par écrit l’histoire de tous les royaumes de son époque, avec les contes et le folklore que les royaumes conservaient. Le folklore ne semblait pas très important, mais c’était souvent par là que passait la personnalité d’un peuple, donc, Hector avait jugé bon de conserver les faits vérifiables et les faits à prouver dans ses écrits. Pour ce qui est du voile du Sorcier, c’était un sortilège que certains mages pouvaient lancer pour faire en sorte que quelqu’un, ou quelque chose, perte toute signification. On n’oublie pas la chose, mais elle devient tellement triviale qu’elle devient un très vieux souvenir qu’on peine à ramener en mémoire, même si elle est l’évidence même. Si un voile du sorcier perdure assez longtemps, l’objet devient oublié de la mémoire collective à l’exception du lanceur.

Serenos marqua une pause avant de lever les yeux vers Tywill.

- Tywill, comme la mienne, votre famille a beaucoup de secrets. Pouvez-vous penser à quoi que ce soit qui pourrait expliquer que votre enfant puisse être visé? Un secret magique, un rituel, une prophétie, n'importe quoi qui serait lié à vous ou à votre ancêtre, Erwan?

Le Roi de Meisa savait que c'était presque comme demander à Tywill de révéler des secrets d'états à une puissance étrangère, mais Serenos croyait avoir prouvé sa bonne foi envers le royaume de Sylvandell. Il agissait dans l'intérêt des jeunes femmes et jeunes hommes cités dans le document, mais aussi pour une autre raison. Parmi les hommes cités dans le document, si Tywill y portait attention, il pourrait y lire le nom d'Aldericht, le second fils de Serenos et l'un des mages les plus proéminents de sa génération et, comme son père, un Sorcier. Serenos voulait protéger son fils, mais il devait savoir ce qu'il avait en commun avec Alice, hormis son titre de prince. Par sa mère, Serenos descendait d'une très longue lignée de mages et sa généalogie remontait jusqu'à l'époque des premiers Sorciers, ce qui lui avait permis de survivre à son hybridation.

***Veronique***

La faim de Veronique était un monstre, et comme tout bon monstre, il était mieux pour tout le monde de le laisser dormir. Trop tard pour prévenir la princesse de Sylvandell, car les pages apportaient déjà la nourriture, et Véronique perdit tout intérêt en elle ou en Melendil. Elle grimpa sur la table, où elle s’assit et agrippa une cuisse de poulet et la dévora avec appétit. Depuis la pomme et la tentative d’Alice de lui faire manger du chocolat, elle n’avait pas eu grand-chose à se mettre sous la dent, alors quand on lui présente de la volaille encore fumante, l’empêcher de s’en faire un plein ventre était une entreprise presque impossible. La jeune femme dévora rapidement tout ce qu’on lui présenta, et encore, après que les cuisiniers semblèrent croire qu’elle en avait eu assez, elle semblait encore prête à en manger plus.

Au moment de repartir avec une assiette sale, un des pages ne put s’empêcher de faire remarquer.

-Euh, mademoiselle… vous avez une tâche, là.

Et il pointa un endroit sur son chandail, trop poli pour l’indiquer directement. Veronique ne sembla pas comprendre, avant qu’une odeur sucrée ne lui fasse remarquer la très grosse tâche de sauce sur son haut. Avec la désinvolture propre aux sauvageonnes, elle retira son chandail devant Alice et Melendil, exhibant une poitrine généreuse et bien ronde à leur vue. Le page rougit jusqu’au bout de ses oreilles et détourna le regard en s’en allant vers la cuisine, non sans se prendre le cadre d’une arche en plein visage.

Maintenant sans pull pour se réchauffer et faire office de pelage, Veronique sentit un frisson monter le long de son échine. Elle frissonna puis lâcha un éternuement. Un tout petit « pitchu ! » adorable. Elle se regarda un moment, puis regarda Alice et vint se presser contre elle pour profiter de sa chaleur. Après tout, contrairement aux Terranides de sang pur, elle tenait la même résistance physique au froid que les humaines, et Alice semblait plus que volontaire pour lui faire des câlins, ce qui était une bonne chose pour elle!
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 11 février 2019, 12:58:48
TYWILL KORVANDER

Le symbole que présenta Serenos à Tywill assombrit l’humeur déjà lourde du Roi. Il observa l’image, le symbole, cet œil en forme de spirale avec des mots semblant rédigés en lettres de sang. Le Roi de Meisa ignorait à quoi ce symbole correspondait, ce qui ‘nétyait pas le cas de Tywill. Mais devait-il le lui dire ? Il resta silencieux pendant de longues secondes. Quiconque le connaissait, comme Alice, aurait pu dire que quelque chose travaillait le Roi. Tywill était connu pour être un homme bourru, fort, violent au combat. Il n’était guère patient, et était, en un sens, une véritable brute épaisse... Mais il n’était pas encore totalement inconscient, et lui savait effectivement à quoi ce symbole correspondait.

Alors que Serenos essayait de savoir si ce symbole était, d’une manière ou d’une autre, lié à l’histoire de Sylvandell, une voix âgée résonna sur le côté :

« C’est la marque de la Monarchie de la Rose, Roi Serenos. Une organisation terroriste de premier ordre aux services d’un ancien Empereur ashnardien dément, le Roi Cramoisi. »

La voix émanait de celui que Serenos avait appelé tantôt : l’Omniprêtre (http://img68.xooimage.com/files/8/a/8/commandeur-3210897.jpg). Un elfe très âgé, sans doute aussi vieux que le monde lui-même, et qui était à Sylvandell depuis ses fondations. L’Omniprêtre était officiellement le conseiller royal et l’autorité supérieure du culte religieux de Sylvandell, mais, au-delà de ça, il était surtout le grand historien de Sylvandell. C’était lui qui avait assisté à toutes les étapes de Sylvandell, et qui se trouvait sans doute dans la région bien avant l’arrivée d’Erwan Korvander. L’Omniprêtre n’était toutefois pas homme à révéler rapidement ses secrets.

Tywill le laissa bien évidemment approcher, tout en réfléchissant, et donna quelques autres éléments à Serenos :

« La Monarchie sévit dans tout Terra. Une véritable nébuleuse de factions, de clans, la composent.
 -  Plus précisément, compléta l’Omniprêtre, la Monarchie dispose d’un bras armé sur Terra, qui a récemment réussi à unir sous sa bannière de multiples milices rebelles et autres groupuscules de mercenaires sévissant dans les Contrées du Chaos... L’Affiliation. La Monarchie, à travers l’Affiliation, ainsi qu’à travers d’autres factions qui la composent, se spécialise dans la déstabilisation des puissances étatiques. Ce que vous devez bien comprendre, c’est que nous parlons d’individus extrêmement puissants, qui, selon toute évidence, sont en lien avec les Grands Anciens.
 -  Le Conseil Impérial soupçonne fortement la Monarchie d’avoir provoqué la décimation de la famille royale Ivory. »

Il y a quelques années, une tempête d’une particulière intensité avait détruit le yacht royal et les navires qui l’accompagnaient, dans le cadre d’une croisière visant à célébrer la naissance de la Reine héritière, Elena Ivory. Un forfait qui avait eu de très lourdes conséquences, et qui aurait pu aboutir à une guerre civile au sein de la cité-État si, par miracle, Elena Ivory, alors un jeune bébé, n’avait pas été évacué quelques heures avant sur un monastère suite à une maladie contractée lors du voyage.

« Je ne crois pas qu’ils en aient spécifiquement à la Princesse... Plutôt au royaume tout entier. »


ALICE KORVANDER

« Et tu veux l’adopter ? »

Alice cligna des yeux devant la question de Melendil, et le regarda pensivement.

« Qu’est-ce qui te fait dire ça ? »

Pour toute réponse, le jeune prince haussa les épaules. Melendil avait encore du mal à se faire à l’idée qu’il était désormais de sang bleu. Après tout, l’homme était à la base ce qu’on appelait communément, et de manière un peu méprisante, un Bas-Elfe, c’est-à-dire un elfe qui avait grandi dans les villes, et qui avait donc été, selon les standards elfiques, contaminé par la culture terrienne. Évidemment, Alice, qui était amoureuse de lui, ne lui voyait rien de « bas », et laissa l’homme poursuivre.

« À vrai dire, je ne crois pas que les Terranides soient à leur place ici... Tu sais, avec les dragons...
 -  Je le sais très bien, et je n’ai pas parlé de l’adopter, j’essaie déjà de savoir qui elle est et d’où elle vient ! »

Cette seule tâche n’était d’ailleurs pas facile, vu que Véronique ne savait pas parler, et que le seul élément d’identification qu’elle portait incitait plutôt à s’en débarrasser. Comment avait-elle bien pu faire pour rejoindre la vallée de Sylvandell ? C’était un véritable prodige ! Alice ne se l’expliquait d’ailleurs pas, mais elle eut rapidement d’autres soucis... Notamment quand Véronique constata une tâche sur son chandail, et...

...L’enleva.

« Véronique ! » s’exclama la Princesse.

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’était clairement pas au bout de ses peines avec la jeune femme, qui, après quelques hésitations, alla se précipiter entre ses bras.

« Décidément... Tu es vraiment très spéciale, Véronique ! Trouvez-lui une tunique, quelque chose... »

Véronique restait blottie contre elle, et Alice la caressa doucement, tandis qu’un page se rendit vers un garde-robes, cherchant quelque chose à enfiler à Véronique.

« Il ne faut pas te déshabiller en public, Véronique ! Et on ne montre pas ses seins comme ça, ma belle ! Tu n’as pas de soutien-gorge ? »

Alice se pinça doucement les lèvres, sans rien dire de plus, attendant que quelqu’un vienne la sortir de cet instant troublant...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Veronique le jeudi 14 février 2019, 01:23:41
« C’est la marque de la Monarchie de la Rose, Roi Serenos. Une organisation terroriste de premier ordre aux services d’un ancien Empereur ashnardien dément, le Roi Cramoisi. »
« Le Roi Cramoisi… »

Malgré son éducation, Serenos devait admettre qu’il ne savait pas grand-chose de l’histoire d’Ashnard, en partie parce que ses tuteurs Nexusiens n’avaient pas comme consignes de lui enseigner l’histoire du continent, juste de pouvoir se présenter devant la noblesse et ne pas commettre d’erreurs diplomatiques. Il se souvenait que les alliés de la Dame Grise, peut-être même ses employeurs, avaient utilisé le symbole de ce Roi, et que l’inscription « Longue vie au Roi Cramoisi » avait été écrite quelque part. Quant à savoir où, sa mémoire ne lui revenait pas, mais il savait l’avoir lu. Comme tout signe de compréhension, le Roi hocha de la tête, même s’il restait aux prises avec sa confusion, essayant de se souvenir des détails.

« La Monarchie sévit dans tout Terra. Une véritable nébuleuse de factions, de clans, la composent.
 -  Plus précisément, compléta l’Omniprêtre, la Monarchie dispose d’un bras armé sur Terra, qui a récemment réussi à unir sous sa bannière de multiples milices rebelles et autres groupuscules de mercenaires sévissant dans les Contrées du Chaos... L’Affiliation. La Monarchie, à travers l’Affiliation, ainsi qu’à travers d’autres factions qui la composent, se spécialise dans la déstabilisation des puissances étatiques. Ce que vous devez bien comprendre, c’est que nous parlons d’individus extrêmement puissants, qui, selon toute évidence, sont en lien avec les Grands Anciens.
 -  Le Conseil Impérial soupçonne fortement la Monarchie d’avoir provoqué la décimation de la famille royale Ivory. »

Cette fois, Serenos leva la tête à la mention de la famille royale du Nexus. Est-ce que le Roi Sylvandin venait d’admettre que l’Empire possède des indices qui auraient pu prouver que la mort des Ivory n’était pas un événement accidentel? Était-ce possible que depuis tout ce temps, Nöly et Liam attendaient dans le monde des esprits que quelqu’un ne soumette leur assassin à la justice? Et depuis quand est-ce que le Conseil Impérial avait gardé cette information pour eux?

La rage du Roi monta, de plus en plus fort. Ses dents se resserrèrent dans sa bouche, sa mâchoire se tendit. La colère était si forte en lui qu’il aurait pu attaquer Tywill là maintenant pour lui faire cracher tout ce qu’il savait. Il le sentait dans son bras, jusque dans son cœur, qu’il avait envie de lui faire du mal.

Alors qu’il se sentit sur le point d’exploser, Serenos poussa un très long soupir, et alors qu’il expirait, une petite volute de fumée noire jaillit entre ses lèvres, comme s’il venait d’éteindre un feu en lui. Ce n’était pas la faute du Conseil Impérial et encore moins celle de Tywill. Si l’Empire avait trouvé des preuves que les Ivory avaient été assassinés, il aurait dû être capable de s’apercevoir qu’il y avait quelque chose d’inhabituel dans la mort de ses amis. S’il y avait un coupable, c’était lui, car c’était son inattention qui l’avait empêché de remarquer ces détails.

-Que ce soit votre royaume ou votre fille… Quel meilleur moyen de vous atteindre que par votre enfant? Connaissant son cœur tendre, elle irait jusqu’à…

Cette fois, le Roi marqua une pause. Il devint alors livide. Il venait de faire une réalisation des plus déplaisante; un peu plus tôt, il avait vu la princesse avec une jeune terranide. Quoi de mieux pour attendrir une demoiselle telle que la Princesse qu’une jeune femme terranide visiblement inoffensive, et surtout aux apparences de stupidité profonde? Et surtout sur un territoire aussi dangereux que Sylvandell? Alice n’aurait pas hésité à la prendre en pitié.

« Oh merde! »

Il fit immédiatement demi-tour et se rua vers l’aura de la Princesse.

Véronique

Si Veronique était une arme dangereuse, elle était bien la dernière à s’en rendre compte. Pour sa part, elle était simplement très affectueuse. Le problème ne venait pas d’elle, cependant, mais de son collier. Serenos n’avait pas détecté de magie venant d’elle parce que son collier n’était pas magique, c’était une puce de localisation. C’était de la technologie.

Alors que la jeune chienne réclamait des caresses, son nez se mit à remuer. Elle cessa ses petits sons de contentement et leva la tête, reniflant l’air. Sa queue et ses oreilles se baissèrent et ses yeux se rivèrent vers le page qui fouillait les armoires. Elle reconnaissait cette odeur. Elle n’avait pas une très bonne mémoire des visages ou des noms, ou même des informations de manière générale, mais elle n’oubliait jamais un souvenir lié à une odeur, et cette odeur lui ramenait un souvenir très désagréable. Elle s’approcha du page et alors qu’elle se trouvait près de lui, il tira immédiatement quelque chose que seul une personne ayant visité la Terre ou ayant déjà été confronté à la technologie; c’était un flingue!

Alors qu’il se tournait vers la princesse, Vero lui sauta au bras et mordit profondément dans la chair du « page », qui hurla de douleur avant de lui flanquer un coup de pied dans les reins, la repoussant contre la table, essayant de tirer vers Alice. Férocement, Vero tira sur le bras et le secoua vivement, rendant les tirs imprécis.

« SALE CHIENNE! »

Changeant de main, il agrippa son pistolet et tira deux balles à bout portant dans la poitrine de Vero. La terranide poussa un unique gémissement de souffrance perçant avant de s’effondrer sur le sol. Il leva à nouveau son flingue vers la princesse.

« Pour la Monarchie. » Dit-il en pressant la gâchette à nouveau vers Alice.

Le tir décolla, mais la balle se ficha à bonne distance de la jeune femme. L’assassin jura et s’empressa de recharger.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 18 février 2019, 01:03:54
« Il faudra la conduire auprès de Mélinda, tu sais...
 -  Oui, sûrement... Mais savoir au moins d’où elle vient, ça pourrait être une bonne chose.
 -  Je ne dis pas l’inverse. Il faut la surveiller en tout cas... »

Pour connaître Sylvandell, avant leur mariage, Melendil avait rejoint l’armée royale, et avait mené de multiples patrouilles dans la région. Il avait ainsi pu constater que, même si Sylvandell entretenait des liens étroits avec les dragons dorés, ceux-ci n’étaient pas dociles. S’ils obéissaient aux descendants directs d’Erwan Korvander, ils n’en restaient pas moins des créatures nobles et sauvages, qui pouvaient attaquer les humains. Les Terranides étaient fréquemment leur cible quand ils venaient sur leur sanctuaire sans le réaliser. De fait, si cette alliance improbable entre les dragons et les humains faisait la force et l’originalité de Sylvandell, elle avait aussi donné lieu à de multiples vagues de contestations. En consultant les archives historiques et les chroniques mémorielles à la Bibliothèque de Sylvandell, Melendil avait appris qu’il y avait eu une secte sylvandine ayant décrété que l’alliance entre les dragons et les humains était contre-nature, et que les Korvander étaient des tyrans au sang corrompu par la magie noire. Et, régulièrement, on s’interrogeait sur la nature du lien unissant les Korvander aux dragons. Ceci étant dit, dans l’ensemble, Melendil avait pu constater que le peuple appréciait plutôt bien les Korvander.

Le royaume connaissait un regain d’activité après la décision prise par le Roi de rouvrir les mines de Sylvandell. Plusieurs guildes et syndicats de mercenaires avaient été employés pour dératiser les mines, et pour en protéger les accès. Des guildes marchandes et des compagnies minières s’étaient déjà montrées intéressées pour signer des contrats d’exploitation, car les grottes de Sylvandell abritaient quantité de matières premières, mais aussi des matières magiques comme des cristaux, notamment de l’obsidienne... Un regain de vie et d’activité qui rendait la présence des gardes encore plus importante, multipliant aussi les risques d’infiltration.

Pour autant, Alice ne se serait jamais méfiée de Thomas, son fidèle page. Un homme qu’elle connaissait depuis plusieurs années, discret et calme, qui avait grandi à Sylvandell, avant d’en revenir après avoir suivi des études dans une grande ville. Il n’avait pas été jusqu’à la capitale impériale, mais à Torfur, une cité impériale assez grande abritant une académie. Il était revenu se mettre au service du Château, et, à vrai dire, Alice avait toujours cru qu’il avait le béguin pour elle.

Elle fut donc surprise de le voir sortir un pistolet et se battre contre Véronique. Puis Alice hurla en entendant plusieurs détonations, comme des éclairs qui hurlèrent depuis l’arme de l’homme.

*BANG ! BANG !*

Deux balles qui hurlèrent, clouant Véronique au sol. Thomas brandit ensuite son arme vers Alice, qui n’avait pas encore eu le temps de réaliser ce qui se passait.

« Thomas ! »

Il était parti chercher un chandelier pour Véronique, et pointait maintenant vers elle cette arme qu’elle avait pu voir sur Terre, dans cet étrange cube que les Terriens appelaient « télévision ». Le canon cracha à nouveau une balle vers elle, filant droit vers son corps. La Croix de Sylvandell se mit alors à luire, et émit en retour une onde de choc qui dévia la balle, envoyant celle-ci dans le mur. Melendil bondit alors, et son poing heurta le visage de Thomas, le repoussant... Mais ce dernier tendit sa main, et une onde de choc magique en fusa, venant repousser Melendil, le clouant à terre.

Les larmes aux yeux, Alice pouvait voir que Véronique était en sang, tandis que les deux orbites de Thomas avaient pris une couleur d’encre, se remplissant d’un noir total, un noir qui semblait ensuite se diluer dans ses veines, sous sa peau, lui donnant une apparence infernale.

« Arrêtez ça, Thomas !
 -  LA FERME, VOUS ALLEZ MOURIR, PRINCESSE ! Et ce ne sera que JUSTICE ! »

Jetant son pistolet au sol, l’homme se concentra alors, et des tentacules noirâtres, ressemblant à des fouets tranchants, filèrent de ses paumes vers la Princesse. La Croix de Sylvandell s’illumina encore, et le pendentif d’Alice libéra une nouvelle onde de choc, une sorte de sphère aux bords enflammés, qui repoussa les tentacules, formant comme une longue aile de dragon venant protéger la Princesse.

« THOMAS !
 -  J’ai voyagé jusqu’à Torfur dans l’espoir que vous daignez enfin me remarquer ! Et, à mon retour, vous vous étiez marié avec un bâtard d’elfe ! LE MAGICIEN AVAIT RAISON ! VOUS ALLEZ MOURIR !! »

Melendil, sonné, se redressa encore, mais il n’avait pas d’armes avec lui. Il attrapa le poignet d’Alice, mais Thomas, visiblement possédé par une force supérieure, attaqua encore, envoyant des sorts de magie noire d’un niveau très élevé. Thomas, qui n’avait jamais reçu la moindre instruction magique, puisait dans une force qui le dépassait totalement, ce qui se voyait à son corps, qui prenait une teinte grisâtre, ses veines se gonflant d’un liquide noirâtre, corrosif, qui remontait en lui, et flétrissait sa peau.

« Mais qu’est-ce qu’il lui arrive ?!
 -  Je ne sais pas, Melendil, mais il faut sauver Véronique ! »

Un rire nauséabond s’échappa des lèvres de Thomas. Un tourbillon semblait flotter autour de lui, et il se mit à vomir du sang noir.

« Il faut en finir, Korvander ! Éradiquer les dernières traces de l’Eld ! »

Ce n’était plus Thomas qui parlait... Mais une autre force, une autre créature, qui s’exprimait à travers lui, qui utilisait son corps pour transmettre son pouvoir, comme une sorte de transmetteur, de relais...

Une situation impensable pour la jeune femme !
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 18 février 2019, 09:23:41
"Dégagez, hors de mon chemin!" Aboya le Roi de Meisa en traversant les couloirs.

BANG! BANG!

Un son trop bien connu pour un homme qui haissait les armes déloyales venue de la Terre ou de Tekhos. Non! Faites que je n'arrive pas trop tard, faites que je n'arrive pas trop tard. Par les Vrais Dieux et les Faux, faites qu'il ait raté sa cible! Pria-t-il à quiconque voulait bien l'entendre dans le monde astral. L'aura de la princesse ne faiblit cependant pas, et alors que de nouvelles détonations se firent entendre, il sentit l'éveil de l'artéfact que baladait la princesse avec elle.

Arrivant enfin au réfectoire, le Roi assista aux paroles échangées entre la Princesse et celui qui, de toute évidence, n'était pas un simple page. Il remarqua rapidement le sang noir et comprit que quelque chose ne tournait pas rond. Les humains ne vomissaient pas souvent du sang sauf en cas d’hémorragie interne et encore moins du sang noir. Le Roi de Meisa se posta entre la Princesse et celui qui tentait de mettre fin à ses jours, avec le plus grand calme. Faire le vide dans son esprit était la première étape de n'importe quel combat. Oublier les questionnements, remettre son analyse à plus tard. Il ne pouvait penser qu'à une chose, ne respecter qu'une seule règle; survivre et frapper.

"Le Sombrechant..."

Certains auraient été flatté qu'un parfait inconnu connaisse son identité, mais comme il était une personnalité plutôt publique, cela ne le surprenait pas vraiment que quelqu'un connaisse son nom. Le contraire, en fait, aurait été un brin insultant. Sans attendre, "Thomas" leva les bras et ses tentacules d'ombre filèrent à toute vitesse vers le trio. D'une série de mouvements rapides et précis, Serenos dévia les tentacules de son épée, ne laissant aucun appendice approcher la jeune femme. À force de bouger, Serenos sentit une douleur lancinante le traverser de part en part et il grogna en sentant que ses blessures s'étaient ouvertes de nouveau. Il grommela et, d'un coup d'épée, trancha l'attelle qui soutenait son bras et laissa de nouveau la magie circuler dans son membre, accélérant la guérison. Une fois libre de bouger sa main d'arme, le Roi adressa un regard à Melendil.

"Attrapez la chienne dès que vous le pouvez, Prince, et fuyez!"

Serenos tira sa seconde lame, une épée courte, du fourreau attaché à son dos avant de la laisser tomber aux pieds du prince Elfe d'un geste rapide, et il fonça vers celui qui utilisait la magie noire. Les tentacules filèrent de nouveau vers la princesse, mais l'approche rapide suffit à faire changer de cible l'assassin, dont les bras se tendirent vers le Roi étranger. Le Roi guerrier leva le bras et trancha un tentacule. L'appendice s'agita dans tous les sens comme un ver, aspergeant les environs de son sang, aspergeant le manteau du Roi. Le sang, corrosif, commença à dévorer le tissu, laissant le Roi avec une seule option, une seule très claire option; se dépêcher à enlever ce manteau avant d'être brûlé à son tour. D'un geste des épaules, il fit disparaitre le vêtement, et il leva sa lame pour dévier une nouvelle fois le tentacule. Cette fois, l'appendice s'enroula autour de la lame et l'arracha des mains du Roi, tirant avec une telle force que le Roi ne put même pas lutter.

Les bras du Roi se levèrent alors que "Thomas" marmonnait ses phrases magiques et se mit à scander ses propres sorts pour contrer les effets de ceux de l'entité qui possédait le jeune homme. Serenos devait maintenant prendre une décision. Tuer Thomas, ignorant les lois de Sylvandell et risquant un incident diplomatique en exécutant une source d'information potentielle, ou continuer à lutter, risquer sa propre peau dans l'espoir de le maîtriser et peut-être de trouver qui était son maître, si l'entité qui le possédait ne le tuait pas avant. Trop tard pour penser. Maintenant, il fallait agir. Puisant dans ses réserves, Serenos lâcha un nouveau sort, faisant naître de puissantes et dangereuses flammes noires et rouge.

-Ignis de tenebris.

Les flammes entourèrent le lanceur de sort et s'accrochèrent à ses vêtements, se collant à ses membres comme des sangsues. L'hôte allait sans aucun doute ressentir une terrible douleur, mais celui qui l'habitait ne sentirait rien. Serenos sentit alors une intense douleur lui traverser le bras gauche; il n'eut pas besoin de regarder pour imaginer le progrès de la chair corrompue sur son corps. La magie noire était dangereuse, pour l'utilisateur aussi bien que pour ses victimes, mais il n'y avait que la magie noire pour combattre la magie noire. "Thomas" regarda son bras fondre avec un désintérêt parfaitement répugnant alors que le mage guerrier reprenait son souffle, toujours sur ses gardes, et heureusement car son ennemi leva le bras encore intact vers lui pour lâcher une nouvelle dose de magie noire. Serenos parvint tout juste à neutraliser le sort en scandant les phrases appropriées. Il espérait frustrer son ennemi, et accessoirement gagner assez de temps pour que le prince elfe s'empare de la terranide nudiste et ensanglantée qui peinait à respirer sur le sol à cause du sang. À la place, il eut une surprise de poids; sa propre lame transperça le coeur de "Thomas". Quoi que fut l'entité qui le possédait, elle se volatilisa aussitôt qu'elle détecta la mort de son hôte approcher à grands pas, et ne souhaitant pas être entrainé avec lui, il mit fin à ce lien. Serenos regarda par dessus l'épaule du moribond pour voir la tête de Melendil.

"Vous savez, prince... Quand je dis "fuyez", je veux dire dans la direction opposée à celle de la menace évidente."

C'était plus facile que de dire merci.

Serenos allongea l'homme sur le dos puis se frotta les mains. Il marmonna quelques mécontentements puis psalmodia à nouveau ses phrases magiques avant de planter ses mains dans le corps de Thomas, forçant son âme à rester dans sa chair. Pas question de le laisser s'enfuir.

"Tu vas tout me dire, gamin. Sinon, tu ressentiras cette douleur pour toute l'éternité, je t'en fais la parole."
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le mercredi 20 février 2019, 01:32:52
La jeune femme n’arrivait pas à comprendre comment Thomas, ce garçon timide qu’elle connaissait si bien, avait pu finir ainsi. C’était comme si un mauvais démon le possédait, un démon qui avait probablement su user de ses frustrations, de son manque de confiance en lui, pour le retourner comme une crêpe, et en faire l’être dément qui se dressait face à elle. La Croix de Sylvandell avait fait preuve de toute sa puissance, mais Alice n’était pas une magicienne. Fort heureusement, Serenos survint au bon moment, et s’engagea dans un duel de magiciens avec Thomas... Ou, plutôt, avec l’entité qui possédait Thomas. La magie se mit à gagner d’un cran encore, résonnant dans tout le couloir, formant une puissante onde d’air qui repoussait Alice. Elle vit alors Melendil s’avancer, forçant le passage, luttant contre les éléments qui se déchaînaient, contre cette tempête qui déferlait dans la pièce.

« MELENDIL ! » hurla-t-elle en vain.

Des lézardes déchirèrent la tapisserie sur les murs, fissurèrent le tapis, tandis que Serenos grognait sur place, déployant des sorts de magie noire. La Croix se mit à vibrer encore, résonnant furieusement et de manière courroucée à la magie noire. Ici, à Sylvandell, ces pratiques magiques étaient proscrites. Le royaume honorait après tout le Dieu Batrok, un Dieu de l’Ordre, réputé pour être très rigoureux dans les principes. La magie noire était donc mal vue. Alice se recula encore, voyant des espèces de flammes noirâtres jaillir tout autour d’eux, spectacle aussi impressionnant qu’effrayant...

Puis Melendil planta sa lame dans le corps de Thomas. Un hurlement terrifiant, d’outre-tombe, jaillit du corps de l’homme, qui cracha encore du sang noir sur le sol, son corps se libérant de l’emprise sombre. Thomas s’effondra mollement au sol, s’étalant dans son sang. Serenos intervint alors, utilisant ses sorts pour maintenir le corps en vie autant que possible, provoquant une série de spasmes musculaires. Melendil, de son côté, soupirait lentement, tandis que Alice nota, à l’autre bout du couloir, la silhouette élancée de l’Omniprêtre et de son père.

« Comment a-t-il pu le transpercer sans être touché ? s’étonna l’Omniprêtre en désignant Melendil.
 -  Je vous avais dit que cet elfe avait quelque chose... Mais ce qui m’inquiète plus est l’usage de la nécromancie. Le couloir pue la magie noire ! »

Thomas hurla encore, tandis que son âme luttait, et qu’on lui refusait la mort.

« Arrêtez ça immédiatement ! De la nécromancie ici, en ces lieux ?! »

L’Omniprêtre se mit à irradier de magie, et se mit alors à parler en elfique, tout en remuant les doigts devant lui, générant des glyphes et des sceaux magiques. La magie elfique était très puissante, car les elfes étaient après tout de redoutables magiciens, et l’Omniprêtre, qui était un elfe extrêmement ancien, disposait en lui de sortilèges des plus redoutables. Des ondes dorées s’échappèrent alors des glyphes, recouvrant le couloir, et repoussèrent le mage noir.

« Que voulez-vous que cette âme fragmentée vous apprenne ? Son esprit a été déchiré par la marque du Magicien ! »

L’Omniprêtre se calma ensuite progressivement, et son regard croisa celui de Melendil.

« Vous n’avez aucune blessure ?
 -  Je... Non. »

Le vieil elfe ne fit aucun commentaire, mais fronça les sourcils. Lors du mariage avec Alice, le Prince avait reçu la bénédiction du Patriarche. Était-ce là une protection qui lui avait permis de porter ce coup fatal à Thomas ?

« Je n’aurai jamais cru qu’il puisse sombrer ainsi... Sûrement à Torfur... Foutue Monarchie...
 -  Il disposait d’un dispositif qui devait inhiber l’influence magique du Magicien... Ce dispositif a cessé de fonctionner quand il est passé à l’attaque...
 -  Mais pourquoi maintenant ?
 -  Je ne suis guère féru de technologie tekhane, mais je pense que cela doit être lié à cette Terranide... »

Alice papillonna alors des yeux.

« Véronique ! Il faut la soigner ! »

L’Omniprêtre leva une main vers Alice, puis se pencha vers le corps allongé de Véronique. Ses mains s’illuminèrent à nouveau, et il en posa une sur son torse, diffusant une chaude lueur blanche. Une intense magie blanche, qu’il utilisa pour la soigner.

« Voyons voir... Ses blessures pourront avoir une quelconque utilité. Monsieur Sombrechant, pensez-vous pouvoir sonder ses souvenirs ? Dans son état, ses résistances mentales sont faibles... Mais je vous prie d’y aller en douceur. Essayez de voir d’où elle vient, et qui l’a envoyé ici... Car il y a beaucoup trop de coïncidences dans la survenance de cette Terranide devant la Princesse.
 -  Ne lui faites pas de mal, elle est sensible ! » clama alors Alice, tout en se rapprochant de son mari.

Telle n’était pas l’intention de l’Omniprêtre, fort heureusement...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Serenos I Aeslingr le mercredi 20 février 2019, 05:59:18
« Arrêtez ça immédiatement ! De la nécromancie ici, en ces lieux ?! »

Les cris de l'Omniprêtre et l'invocation de sa magie brisa la concentration du Roi, qui essayait d'entrer dans l'esprit de Thomas pour recueillir les informations qu'il avait besoin; où avait-il été corrompu? Comment et pourquoi? Ce genre de possession n'arrivaient pas par coïncidence et pas sans avoir mis les mains dans la magie noire. Serenos tourna la tête alors que l'Omniprêtre le traitait de nécromancien, ayant visiblement confondu la magie noire utilisée par le Magicien avec celle que Serenos employait à l'instant, s'apprêtant à se défendre, quand le sort se brisa parce qu'il ne se concentrait plus sur son effet. Le corps de Thomas se raidit puis il expira sous ses mains.

"NON!" Rugit le Roi.

Le Roi ne perdit pas son temps à essayer de rattraper son erreur; il était trop tard. Thomas avait de trop grands blessures et dès que le sortilège fut brisée, son âme avait quitté sa chair. Le sort d'Extrême Survie était un sort de soin énormément exigeant et la moindre perte de concentration pouvait mener à son échec, comme ce qu'il venait de se passer. Le Roi leva les yeux vers l'Omniprêtre et ses dents se serrèrent avec rage alors qu'il se releva. rendant que Tywill et l'Omniprêtre discutaillaient, la voix du Roi retentit dans les oreilles extrêmement sensible de l'elfe alors que le Roi utilisait un sort pour balancer une série de phrases en elfique sur une fréquence perçue uniquement par ces créatures, visiblement enragé. Il lui expliqua avec la plus grande animosité ce qu'il avait tenté de faire, et ce qu'il venait d'interrompre.

"M'accuser de nécromancie?! Et vous vous prétendez magicien! Il n'était pas mort, votre Thomas, il était sur le seuil, et je le maintenais en vie! Il aurait pu nous donner de précieuses informations!"

Le Roi fut cependant attiré par l'état de la jeune Veronique, alors qu'il percevait le ralentissement de son coeur. Elle allait mourir s'ils n'intervenaient pas. L'Omniprêtre tenta de la soigner, mais à si près de la mort, la magie de l'Omniprêtre ne suffirait pas. Serenos s'approcha du corps de la Terranide, écartant le puissant elfe avant de lever les bras et de marmonner des mots dans une langue inconnue sur le continent. Par magie, le sang perdu par la terranide se purifia magiquement avant de regagner son corps, remplissant ses veines, alors que ses blessures recommençaient à se fermer. Elle hurla de douleur et d'incompréhension jusqu'à ce que, folle de souffrance, elle ne perde connaissance. Le Roi posa alors ses mains sur la tête de Veronique et y entra.

Cette fois, Serenos fut accueillit par le plus grand torrent d'incohérence qu'il n'eut jamais confronté. L'esprit de Veronique ne faisait absolument aucun sens! Tout n'était qu'instinct, des bribes d'informations sans queue ni tête, des envies soudaines et des souvenirs fragmentés. C'était comme plonger dans l'esprit d'un dément. Luttant pour conserver sa propre santé mentale, le Roi dût mettre encore plus d'efforts pour s'enfoncer plus profondément dans cette cacophonie de sensations, n'essayant plus de faire de sens de ce qu'il expérimentait, mais de trouver une information, une date, n'importe quoi, qui pouvait les aiguiller.

De l'extérieur, le Roi Sorcier semblait s'être immobilisé, ses yeux sans vie s'agitant nerveusement alors que la sueur perlait sur son front. Les elfes, aux oreilles sensibles, purent entendre le coeur du Roi qui battait la chamade dans sa poitrine. Après quelques instant, le Roi émergea et relâcha Veronique, un peu trop vite, la laissant retomber sur le sol. Il se releva et regarda les environs dans la plus grande confusion. Retrouvant lentement ses repaires dans le monde réel et dans un esprit rationnel, le Roi se prit la tête dans les mains et marmonna d'autres phrases magiques pour remettre de l'ordre dans son propre esprit, toujours pris dans un écho de l'esprit de Veronique.

"Elle ne fait aucun sens. Aucun. Tout... tout se balance dans tous les sens. Elle ne devrait pas être vivante. Il n'y a pas moyen qu'un esprit vivant soit aussi instable. Elle a failli m'entrainer dans sa folie."

Le Roi trouva une chaise et s'assit, luttant contre les malaises qui lui bousculait l'estomac et lui donnait envie de vomir.

"Elle est née sur Terra. Les détails sont très flous. J'ai vu le jour où on lui a mis la main dessus. Elle a été capturée. Des Tekhanes ou des Terriennes, je ne sais pas. Ils lui ont mis le collier. Ils l'ont larguée en pleine forêt. C'était un piège. Je crois que son collier allait de paire avec l'inhibiteur. Votre Thomas était un agent dormant. Et vous aviez raison; il ne devait pas savoir lui-même qu'il était infecté. C'est le collier de la chienne qui a déclenché son éveil. Vous devriez le détruire... ou le mettre dans une boite scellée. Modifier un sort aussi complexe est au dessus de mes talents."

Serenos regarde Alice et lève un doigt vers elle.

"Vous existez pour elle. Tout le reste n'est qu'illusion, mais vous... depuis qu'elle vous a vu, vous êtes une constante." Se permit-il de rajouter.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 25 février 2019, 00:58:39
Alice se blottit nerveusement dans les bras de Melendil, et ferma les yeux, tremblant sur place quand elle entendit Véronique se mettre à hurler. Des cris langoureux et déchirants, tandis que la douleur semblait exploser en elle. Alice ferma encore les yeux, avant que la Terranide ne se calme progressivement, et que Serenos ne plonge en elle. L’Omniprêtre se redressa lentement, et laissa l’homme agir, guère confiant. Il y avait toujours eu un danger chez Serenos, qui avait une propension naturelle à utiliser la magie noire qui inquiétait les Sylvandins, pour qui la magie noire était une pure hérésie, condamnable et repoussante en tant que telle. C’était la magie noire, tout simplement.

« Tu vas bien ?
 -  Oui... Oui, ça va... »

Elle resta lovée contre lui, tandis que Serenos grognait sur place, visiblement perturbé par ce qu’il lisait dans l’esprit de Véronique. Le Roi se retira ensuite, tandis que l’Omniprêtre inspectait le cadavre de Thomas. Quelques explications confuses vinrent, n’apportant rien de précis, si ce n’est que l’instrument ayant réveillé Thomas émanait de la clochette de Véronique. Serenos proposa de détruire l’objet, tout en signalant à Alice que, dans l’esprit chaotique de Véronique, la Princesse représentait une sorte de stabilité.

Alice papillonna des yeux, avant de regarder encore la jeune Terranide.

« Est-ce qu’elle va bien ? »

L’Omniprêtre hocha doucement la tête.

« Nous allons la conduire à un temple médical afin de la soigner. Quant à ce collier... »

Le regard du vieil elfe croisa celui du Roi.

« Il faut l’apporter à Emhyr, trancha Tywill.
 -  Emhyr ? Le Conseiller Impérial ?! »

Tywill grogna sur place, constatant qu’il en avait sans doute déjà trop dit.

« Tout ça ne te regarde pas, A...
 -  ON A TENTÉ DE ME TUER ! »

Elle se releva, furieuse, et brandit son doigt vers Thomas.

« J’ai connu Thomas quand il était petit ! Il m’apportait des flans pour mon goûter ! Alors, ne viens pas me dire que je ne suis pas concernée ! »

Tywill resta silencieux, fronçant les sourcils. Un ange passa entre la jeune femme et le mastodonte, puis un grommellement s’échappa des lèvres du Roi.

« Dire qu’il y avait une époque où ma seule voix suffisait à te faire pleurer...
 -  Veuillez cesser avec ces enfantillages, la Princesse a raison. Mais la priorité est de soigner Véronique. »

Alice hocha doucement la tête.

« En quoi le Conseiller Emreis est concerné ?
 -  Tout ça nous dépasse largement, Alice. Les évènements qui se déroulent à Sylvandell se rattachent à une plus vaste enquête à l’échelle impériale, et qui est coordonnée et dirigée par Emhyr. Voilà pourquoi nous allons lui remettre cet instrument. »

La jeune Princesse n’était guère satisfaite. Son père en savait encore beaucoup, mais se refusait à tout dire... Pour le moment, du moins.
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Serenos I Aeslingr le lundi 25 février 2019, 03:38:16
« Est-ce qu’elle va bien ? »
« Nous allons la conduire à un temple médical afin de la soigner. »

Si Serenos avait eu l'énergie d'envoyer le vieil elfe aller se faire voir chez les siens, mais la migraine était encore bien présente, mais même s'il assurait que Veronique était en parfaite santé, l'elfe aurait insisté, par précaution. Il y avait énormément de méfiance entre eux, pour Serenos parce que l'Omniprêtre était un homme des "dieux", que Serenos considérait comme de hauts esprits qui ont prit la grosse tête, et pour l'Omniprêtre parce qu'il voyait Serenos comme un mage noire, un nécromancien, un blasphémateur et un hérétique, ce qu'il était, dans le sens large du terme.

La magie noire était en effet une des choses que Serenos utilisait fréquemment. Conformément à la description même de ce que le monde s'attendait de la magie noire, c'était une forme de magie qui avait de très graves conséquences. Elle était puissante, assurément, mais elle venait avec un prix que seuls les plus braves, ou les plus fous, étaient prêts à payer. Serenos se plaisait à croire qu'il était un peu les deux à la fois. En soit, l'Omniprêtre avait d'excellente raisons de se méfier de Serenos. Encore assis sur le siège, le visage de Serenos était encore secoué de spasmes involontaires alors qu'il luttait contre les effets de l'esprit de la jeune Terranide sur lui. Serenos entendit également la voix d'Alice s'élever, aggravant son mal de tête. S'il n'était pas en ce moment aux prises avec l'une des pires expériences mentales de sa vie, il lui aurait assurément ordonné de se taire, mais les tons se baissèrent avant qu'il ne dise quoi que ce soit. Son esprit atteignit enfin une certaine clarté, juste à temps pour qu'il aperçoive un être de lumière passer entre la princesse et son père. L'être lui accorda un regard chargé de mépris, une chose que le Roi lui rendit avec méfiance, avant de se masser les tempes et jouer de la mâchoire. Après quelques secondes, le Roi se redressa enfin.

"Quoiqu'il en soit, Princesse..."

Toujours aussi étourdi, il tituba encore et se rattrapa en plantant le bout de son fourreau dans le sol, comme une canne, pour s'éviter de s'écraser au sol. Il prit une lente inspiration pour contrôler sa nausée avant de ramener le regard vers la Princesse, s'efforcant de sourire pour elle.

"Nous sommes tous vulnérables. S'il n'en déplait à votre père, le Roi, je ferai déplacer mon fils, Grymauch, pour qu'il agisse en tant que mon intermédiaire en Sylvandel. Il n'a aucun talent magique, mais c'est un brave garçon et il a eut son lot d'expérience."

Il disait "garçon", mais Tywill avait déjà rencontré le Roi-Servant des Trois Royaumes. Appeler Grymauch un "garçon" revient à appeler un Ours de la Forêt Noire un "ourson". Contrairement à son père, qui était plutôt dans la moyenne de la taille humaine, Grymauch était un géant de deux mètres avec une musculature forte. Sans être du gabarit du Roi de Sylvandell, il restait un homme d'une carrure impressionnante. Si Serenos offrait la présence de son fils, c'était pour deux raisons; la première était qu'il n'avait aucune capacité magique, et la seconde... il n'y avait personne de plus fiable et honnête que Grymauch, et depuis le temps qu'il avait envie de visiter Sylvandell, ce serait l'occasion parfaite pour lui. Cela lui rappela d'ailleurs une autre chose; il était aussi censé s'informer des procédures pour autoriser une nièce et un militaire Sylvandin à se faire la cour sans risquer d'être soupçonné d'espionnage. Mais ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour en parler.

Entretemps, pendant qu'ils parlaient, Veronique se tira de son sommeil et se redressa sur les pieds. Elle s'examina le torse, le dos, la queue, les jambes... tout était à sa place, rien de gravissime à signaler, ce qui était, en soit, une excellente nouvelle. La petiote leva les bras en signe de victoire, ayant visiblement complètement oublié ce qui lui était arrivé. Serenos lui adressa un regard puis fit apparaître sur elle un grand pull blanc pour sauvegarder sa pudeur alors qu'elle marchait vers Alice et s'empressa de se jeter dans ses bras.

Le Roi s'approcha lentement de Veronique et passa une main sur son cou pour défaire son collier, elle se mit à remuer et aboya en se tortillant, le forçant à lutter contre elle, parvenant enfin à arracher l'objet. Dès que le collier quitta sa peau, la chienne s'effondra contre Alice, soudainement toute molle, mais expirant avec soulagement. À l'endroit où se trouvait le collier précédemment, le Roi nota des marques violacées. Claquant de la langue, il les effleura du doigt et elles se dissipèrent magiquement, provoquant d'autres soupirs de soulagement chez la jeune chienne. Le Roi remarqua alors des épines à l'intérieur du collier et grommela avant de le passer à son poignet, sans hésiter. Les épines s'enfoncèrent dans sa chair et il grommela de douleur un bref instant. Quelque chose effleura son esprit, l'espace d'un instant, avant de se dissiper complètement. Il jura et retira le collier de son poignet avant de le tendre au Roi de Sylvandell.

-Je ne veux pas sembler paranoïaque, messires, mais j'ai la conviction qu'on nous a écouté. Le plus tôt nous nous mettrons en route, le mieux ce sera.

Il se tourna vers Veronique et, avec un grand sourire, lui caressa la tête et les oreilles en lui parlant énergiquement.

-Et toi, ma petite puce, tu vas rester bien sage et faire ce qu'Alice te dit. C'est qui le bon chien? C'est qui? Oui, c'est toi, oui.

Veronique poussa de petits couinements joyeux et lécha le visage du Roi de Meisa alors qu'il jouait avec sa tête et ses oreilles, participant gaiement au jeu. Serenos leva les yeux vers la Princesse.

-J'ignore si vous comptez vous débarrasser d'elle, mais si j'étais vous, je la garderais encore un peu. Je ne sais pas comment elle a fait pour détecter le danger que représentait Thomas, mais dans l'optique où cela pourrait se reproduire...
Titre: Re : L'Ingénue [Veronique]
Posté par: Princesse Alice Korvander le lundi 04 mars 2019, 00:55:21
Dans toute cette histoire, il y avait quand même autre chose qui interpellait l’Omniprêtre... La facilité avec lequel le Prince avait pu porter un coup fatal. L’Omniprêtre examina d’ailleurs Melendil rapidement, surtout ses mains, mais ne décela aucune trace de corruption magique, alors qu’il avait été au contact avec un corps hautement corrompu. La seule explication qu’il voyait était que la bénédiction donnée par le Patriarche, lorsque Melendil avait épousé Alice, était toujours en cours, ce qui laissait entendre que Melendil devait être quelqu’un d’assez particulier. Les investigations royales sur son passé n’avaient pas permis d’apprendre grand-chose. Les parents de Melendil n’avaient pas été retrouvés, car l’orphelinat où il avait grandi avait été fermé, et, dans les archives encore intactes, il n’y avait aucune information sur ses parents. Mais, visiblement, il devait descendre d’un bon lignage elfique, suffisamment pour que son corps porte encore en lui la magie puissante du Patriarche, ce qui lui avait permis de porter ce coup fatal.

Quant à Tywill, après cette dispute avec sa fille (qui serait loin d’être la dernière), il émit un léger grommellement quand le Roi de Meisa suggéra de lui envoyer l’un de ses enfants dans les pattes, un certain Grymauch. Pensait-il donc que Sylvandell n’avait pas de quoi défendre la Princesse ? Alice, elle, craignait surtout que son père ne cherche à profiter de cette occasion pour la consigner à domicile. La Princesse avait l’habitude de faire de longues séances d’équitation seule dans le royaume, ou de se rendre régulièrement chez Mélinda Warren, ce qui n’était pas sans inquiéter le Roi à chaque fois, compte tenu de la frivolité de la vampire ashnardienne.

De fait, l’idée n’enchantait pas non plus Alice, qui croisa les bras.

« Et que ferait ce Grymauch ? J’ai déjà assez de gardes du corps comme ça ! Et puis, Melendil est là pour veiller sur moi, je te rappelle qu’il a suivi une formation militaire pour ça, Père !
 -  Je sais. »

Véronique les surprit alors en revenant, mettant fin à cette conversation. Visiblement, les pages n’avaient même pas eu à la déplacer jusqu’au temple médical pour la soigner. Disposait-elle d’un facteur autoguérisseur ? Alice ne voyait pas d’autres explications, vu que la balle qu’elle avait reçue semblait avoir disparu d’elle-même en quelques minutes ! Elle était en tout cas de nouveau sur ses pattes, et alla se blottir dans le creux des bras d’Alice. Celle-ci lui rendit son câlin, avant que Serenos n’explique qu’il aurait pu être dangereux de l’abandonner.

Alice se pinça les lèvres pendant quelques instants, comme si elle réfléchissait :

« C’est que Sylvandell n’est pas adapté pour les Terranides... Mais, si elle s’identifie à moi, je ne vais pas l’abandonner. »

Elle lui caressa à son tour la tête, et l’embrassa sur le front. Alice n’abandonnait toujours pas pour autant l’idée de la présenter à Mélinda, car elle avait une bien meilleure expérience qu’Alice sur l’éducation des Terranides sauvages.

« Ce serait regrettable, en effet... »

De son côté, l’Omniprêtre souhaitait ausculter Melendil suite à son altercation. Quant à Tywill, même s’il devait partir pour la capitale, il lui fallait encore préparer son voyage, et notamment s’adresser au Conseiller Emreis pour lui signaler son arrivée imminente. Alice se retrouva donc avec Véronique, et la regarda lentement.

« Tu vas bien, ma belle ? Tu t’es soignée toute seule ou quoi ? »

Il était assez peu probable qu’elle lui réponde... Mais tout ça intriguait tout de même la jeune Princesse. Comment avait-elle pu se soigner si rapidement ?