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« Hnnnnn...
- Haaaaa... Haaaaaa... »
Son corps ondulait lentement. Bien que ce ne soit nullement utile, un feu crépitait dans l’âtre de la cheminée. Sa seule fonction était de donner un charme à cette chaude nuit dans le palais des Magoa. C’était une grande demeure, en Enfer, bâtie quelque part dans le Cercle de la Luxure, au-dessus de rivières volcaniques. Une construction atypique, celle d’un immense palais dont l’entrée était bâtie sur le rocher, avant d’être soutenu par une infinité de piliers énormes plantés dans le sol, formant un paysage architectural exceptionnel. En ce sens, le palais des Magoa ressemblait à la grande majorité des constructions infernales : des structures atypiques, de longs piliers qui formaient les soubassements de ces constructions.
Le palais Magoa était relativement grand, avec d’épaisses murailles, de longs drapeaux verticaux qui étaient le long du fronton, avec de nombreux gardes. C’était un palais situé, sous la surface de l’Enfer, dans des séries d’immenses grottes. Le palais en lui-même s’articulait autour d’une immense cour centrale, aussi grande que plusieurs terrains de football, surplombées par une série de ponts, et où s’amassaient une masse informe et grouillante... Les damnés, les gens qui avaient été jugés par les Grands-Juges Infernaux, et reconnus coupable du vice de Luxure. Ils étaient récupérés dans les Limbes, et balancés ici, dans les Cours, où ils copulaient au milieu d’une masse grouillante, pendant des jours et des jours. À ce stade, ce n’était même plus de la luxure. Une odeur infecte s’échappait de ces corps boueux, en sueur, qui couchaient entre eux, baisant sur des cadavres et dans leurs excréments. Symboliquement, c’était une façon de perdre progressivement son humanité, pour devenir un démon.
Alastar, fort heureusement, ne se trouvait pas dans les Cours. Deux ravissantes esclaves dormaient à ses côtés. L’une s’appelait Amalia (http://orig03.deviantart.net/9c8d/f/2014/010/d/4/amalia_by_elias_chatzoudis-d71mmr1.jpg), et l’autre Ingrid (http://orig15.deviantart.net/d896/f/2013/309/7/6/are_you_talking_to_me__by_elias_chatzoudis-d6t58f7.jpg). Délicieusement nues, elles étaient trop épuisées pour continuer à danser, et Alastar, dans sa somptueuse chambre, une grande pièce avec un lit énorme, et une cheminée dans un coin, était couché sous une femme qui dansait sur son sexe, ses mains pétrissant ses hanches, son regard fixé sur cette beauté rouge et cornue, dont le dos était léché par les flammes du cheminée, sa peau rouge s’en trouvant encore plus sensuelle.
Morri Magoa (http://orig12.deviantart.net/293b/f/2012/142/8/4/84b8f450d82427b9168b088171cd9186-d50q481.jpg) était l’une des nombreuses sœurs d’Alastar, une succube qui adorait coucher avec lui, et qui avait profité du fait que Le Diablotin soit ici pour jouer avec lui. Était-il l’heure de dormir ? En Enfer, le soleil n’existait pas. On dormait donc sans tenir compte du rythme journalier du jour et de la nuit. En fait, dans le palais Magoa, on ne se couchait pas parce qu’on était fatigués, mais parce qu’on avait envie de faire l’amour dans un lit.
Le Diablotin était, comme toujours, un amant insatiable, terrible, ses gènes d’Incube faisant de lui un amant véritablement diabolique. Il avait épuisé Amalia et Ingrid, deux cochonnes comme on en faisait plus. La première avait été, avant de mourir, la maid d’une grande demeure à Nexus, qui avait usé de ses charmes pour se faire mousser. Femme vénale, elle avait ainsi obtenu l’amour de son « maître », qui avait déshérité sa famille légitime à son profit... Puis elle l’avait empoisonné, et avait ainsi pu bénéficier d’une fortune considérable. Ingrid, elle, avait été une dominatrice, une amatrice de cuir et de latex, ancienne psychologue qui violait ses patients. Les Grands-Juges les avaient condamnés en Enfer, et elles étaient devenues les esclaves du clan. Des beautés du Mal, tout comme Morri, qui couinait et soupirait, faisant craquer le lit.
Depuis combien d’heures dansait-elle ainsi sur lui ? Alastar avait perdu le fil, et s’en moquait. Morri, pour une succube, était encore jeune, mais pleine d’énergie, d’un dynamisme communicatif.
Dans un ultime soupir, son amante finit par se vider, et tout son corps sembla se détendre d’un coup, puis la femme s’écroula sur lui.
« Ooohhhh... Alastar, hmmm...
- Haaaa, ma chérie... »
Les deux amants étaient en sueur, Le Diablotin clignant des yeux à plusieurs reprises, et laissa Morri somnoler contre son torse, en n’oubliant pas les deux règles d’Alastar : conserver son sexe en elle, et laisser l’une de ses mains sur ses fesses.
Ainsi, Alastar avait l’impression d’être dans son paradis personnel.
Il était bien loin de se douter que quelque choseallait venir perturber cette sereine paix sexuelle...
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- Il faisait nuit depuis quelques heures lorsque Cleo consentit à lâcher le stylet de sa tablette graphique, plantant avec quelques difficultés la mine dans son support. La jeune femme bailla à s'en décrocher la mâchoire alors que de l'autre main, elle enregistrait son illustration en cours, ses doigts se contorsionnant sur le clavier rétro-éclairé pour effectuer le bon raccourcis. Son atelier sentait fort la peinture et les dissolvants car avant de se ficher devant son écran, elle avait continué ses projets papiers, dont une toile de grande taille qu'on lui avait commandé et qu'elle peinait à terminer dans les temps. En voyant l'heure tardive avant d'éteindre sa bécane ronronnante, elle regretta d'avoir veillé si longtemps : elle aurait un mal de chien à se lever à une heure raisonnable le lendemain matin pour commencer et en plus, des petits points lumineux dansaient désormais dans son champ de vision. C'était le même effet qu'après avoir fixé trop longtemps une lumière vive ou qu'avoir renfoncé ses globes oculaires en appuyant dessus. Et quand on ne le faisait pas sciemment pour s'amuser ou trouver l'inspiration pour ses fonds abstraits, c'était terriblement agaçant.
La jeune femme se traîna mollement jusqu'à sa fenêtre dont elle ouvrit le battant pour laisser à la fraîcheur de la nuit le soin de purger l'atmosphère de son lieu de travail. Qui était aussi la pièce qui aurait du lui servir de chambre lorsqu'elle avait emménagé. Mais faute de pouvoir se payer un véritable atelier, l'artiste en herbe avait fait le choix de sacrifier un peu de son confort pour s'aménager un espace de travail digne de ce nom.
Dès qu'elle fut sortie de la pièce à l'atmosphère lourde, elle eut l'impression qu'on venait de lui ôter une cage de fer. Tout en se dirigeant vers son lit, elle soulagea ses pauvres yeux fatigués en leur apportant quelques larmes artificielles. Le flacon fut balancé négligemment sur le tapis alors que Cleo se laissait choir sur son lit dans un soupir d'aise. Gesticulant pour se déshabiller, elle grommela en envoyant tout valdinguer sur le tapis, puis escalada dans un dernier effort la couette pour poser son visage contre l'oreiller. Elle sombra dans un lourd sommeil presque avant d'avoir pu fermer les yeux. Et à demi-nue, pas même glissée sous les couvertures, elle rêva.
Elle rêva de vallées floues, de nuages intangibles, les couleurs s'estompant pour se succéder, du vert au beu, du bleu au jaune. Le tourbillon onirique l'emporta loin, très loin des contrées fantastiques peuplés d'éphèbes aux yeux dorés, tout prêts à la flatter comme si elle était la plus belle chose du monde. Le paysage qui s'imposa à travers l'imprécision du songe était tranchant comme l'acier et d'un rouge volcanique. Plus elle s'en approchait, plus elle ressentait la chaleur infernale qui régnait sur place. Il y avait des sillons, loin en bas, qui se détachaient du reste. Mue par une curiosité inexorable, elle se laissa guider par la force du rêve et glissa dans l'absence de matière jusqu'à voir, jusqu'à sentir ce qui se tramait sur ces sillons ardents. Brève, intense et terrifiante fut sa vision. Il y avait des corps qui grouillaient les uns sur les autres, les uns dans les autres, se livrant à une orgie morbide qui la révulsa. Sans même les toucher, sans y être vraiment, elle pouvait effleurer leur douleur, ses sens sans entraves lui disaient que l'odeur était pire que tout.
Sa présence s'affola, vibrante, et elle sentit qu'on essayait de la tirer dans cet enfer. Vive et désordonnée, elle parvint à s'extraire de la situation à grand peine malgré sa volonté. Elle s'imaginait s'envoler, partir, être ailleurs, n'importe où ailleurs, elle le souhaitait si fort, si ardemment que lorsqu'elle finit par se décoller de l'aimant qui l'attirait, ce fut comme si on l'avait catapultée.
Le rêve l'enveloppa dans une brume d'incertitude rouge, flamboyante et féroce de longs instants. Elle s'accrocha, lutta pour ne pas céder et reprendre le contrôle de son imagination. Elle voulait quelque chose de beau, de bon, quelque chose de tendre et de plaisant. Un ordre que son esprit finit par appliquer, et quand la brume s'apaisa, elle entendit le doux crépitement d'un feu. La chaleur, si elle n'avait pas diminuée, lui sembla plus accueillante et les autres sons qui percèrent doucement le voile pour l'entourer achevèrent de la calmer. Elle se concentra sur eux, repoussant le grincement loin de sa perception au profit de souffles haletants, de gémissements qui lui parvenaient étouffés et d'un mot, un seul, qui la percuta. Chérie.
Sa vision se fit plus nette au même instant. Elle distinguait des muscles rouges luisant d'une fine pellicule brillante, mieux, elle les sentait se détendre sous sa joue, comme si elle y était. Puis son point de vue changea, elle vit la peau fine d'une fesse sous sa main, une main bien trop large pour lui appartenir. Par fragment, elle vit, ressentit, se représenta la scène. Sa présence caressait les corps et les esprits, fraîche comme un filet d'air, délicate comme le fil de soie d'une toile d'araignée. Et elle tissait les images dans son esprit en s'appuyant ici sur une main, là sur un sein ou sur le bout des lèvres. Elle n'était pas plus forte qu'un tout petit insecte batifolant dans la pièce, mais elle était là, présente partout et nulle part.
On pouvait la sentir pourtant, car elle faisait l'effet d'une lumière dans les ténèbres, aussi ténue fusse-t-elle. Et elle s'activait dans la chambre, butinant aveuglément chez toutes les personnes présentes, incapable de se fixer dans l'immédiat.
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Les trois filles dormaient paisiblement contre lui. Alastar, en un sens, était comme un petit enfant ; il était incapable de dormir seul dans un lit, et devait toujours avoir au moins une femme avec lui. Ce n’était pas de sa faute, l’Incube adorait la présence du beau sexe, et, quand on était si bien entouré, comme lui en ce moment, il y avait toutes les raisons du monde d’être heureux, même en étant en Enfer. Dans sa chambre, il conservait les yeux ouverts, palpant le doux corps de Morri, tout en sentant les deux esclaves se frotter contre lui. La couverture les recouvrait, et Alastar laissait son esprit vagabonder. Morri était une ancienne esclave, comme Ingrid ou Amalia. Et, comme elle, les deux humaines rêvaient aussi de se transformer en succubes, le sort normal qui attendait ceux et celles qui n’arrivaient pas à obtenir la rédemption, pour obtenir la révision de leur procès, et espérer rejoindre les Cieux. Honnêtement, qui aurait envie de rejoindre les jardins de l’Élysée quand on pouvait partager le lit d’un Incube comme Le Diablotin ? Le beau diable trônait dans son lit au milieu de ces trois beautés.
Ce fut à peu près à ce moment qu’il commença à sentir la présence d’une étrangère. Une présence inattendue, car des runes et des orbes magiques protégeaient le palais pour en limiter les incursions. Il crut au début à un coup de vent, mais les fenêtres étaient bien fermées. Les flammes vacillèrent un peu, et il sentit des caresses glisser le long de ses doigts.
« Qu’est-ce que... ? »
Troublé, l’Incube regardait nerveusement autour de lui, cherchant à comprendre ce qui se passait. Était-il en train de rêver, ou... Est-ce qu’il y avait vraiment autre chose ? Pourtant, il ne voyait rien... Mais, tout en ne voyant rien, il avait aussi cette intime conviction qu’il y avait, bel et bien, quelqu’un... Et, comme pour conforter cette idée, il eut l’impression de sentir une main se poser près de ses doigts, sur l’une des fesses de la douce Morrin, qui, elle, dormait à poings fermés.
« Hey ! Je deviens fou, moi, ou quoi ?! »
Voilà même qu’il se mettait à parler tout seul ! Mais, plus les secondes passaient, et plus le démon à la peau rouge acquérait la profonde conviction, que, mis à part lui et les trois beautés affalées contre lui, il y avait bel et bien quelqu’un d’autre dans la pièce. Un esprit ? Un fantôme ? Ingrid se mit alors à gémir, se tortillant lentement dans le lit.
*Démon tout-puissant, est-ce que je pète les plombs ? Il n’y a qu’un moyen de le vérifier...*
Alastar tendit la main vers le ciel, et murmura une étrange mélopée, déclenchant un bouclier magique. Ce sort défensif consistait à envelopper son utilisateur d’une sorte de halo magique, prenant la forme d’une sphère qui, au contact d’un corps, ou d’un esprit, réagissait en disparaissant.
C’est ainsi que le bouclier rencontra quelque chose, et qu’une silhouette émergea au milieu de la pièce...
-
- « Qu’est-ce que... ? »
La voix grave se distilla comme un délicieux sirop aux oreilles de la rêveuse. Elle n'en saisissait que les intonations, les échos, allant et venant comme une mélodie entêtante. La voix s'éteignit quelques instants après qu'elle ait quitté la peau rougeoyante. Mais comme elle voulait l'entendre encore emplir l'espace, elle n'hésita pas longtemps avant de revenir frôler cet être encore trop indistinct. La réaction fut presque immédiate, et cette fois elle l'entendit clairement avouer devenir fou. La présence recula après avoir soufflé sa fraîcheur sur la nuque de l'homme, vibrant faiblement au son de sa voix. Elle percuta une des femmes alanguies en s'éloignant et cette dernière gémit doucement sous la caresse inopinée.
Ce rêve commençait enfin à plaire à Cleo. Chacun de ses mouvements déclenchait de délicieuses réactions. Les créatures peuplant son monde onirique se pliait à sa volonté pensait-elle, lui offrant ce qu'elle cherchait. Et puis ils étaient beaux ces corps abandonnés à la fatigue. Elle n'en avait à chaque fois qu'un aperçu, mais elle devinait la douceur de la peau des femmes et leurs courbes vertigineuses, si loin de son propre corps. Elles étaient tout simplement parfaites. Quelque part, elle les enviait d'être si lascives, si plaisante à l'oeil et au toucher. Aucune femme ne pouvait décemment rivaliser avec elles.
Toute perdue à sa contemplation, la présence ne décela pas ce que faisait l'homme. Elle le sentit vaguement bouger, mais cela n'attira pas suffisamment son attention. La sphère la frappa sans qu'elle ne s'en rende compte et l'énergie qu'elle dégageait lui permit de s'enraciner davantage dans le lieu où elle se trouvait. Ainsi, sous les yeux du démon, une orbe blanche aux contours indistincts apparut à la place de sa sphère et révéla de multiples filaments qui la reliait à lui, là où il avait pu sentir les ténus contacts, mais il y en avait également qui filait vers les femmes endormies. L'instant d'après, ces fibres évanescentes revinrent nourrir l'entité.
Cleo fut entourée d'une vive lumière. Elle ne captait presque plus rien de la scène où elle avait pris pied et dut lutter un peu pour retrouver la vision du corps parfait de la femme. Un instant, elle fut surprise de la netteté avec laquelle elle la contemplait désormais. Tout était plus vrai que nature là où se posait son regard, de la longue chevelure aux traits du visage jusqu'aux plis des draps sur le corps en mouvement.
Avec empressement, elle chercha l'homme à la peau rouge. Et elle croisa son regard, braqué sur elle. Il la voyait et elle le voyait aussi. Chaque détail reprit sa place pour lui fournir une perception du démon au-delà de la simple contemplation de son corps. Quant à elle, elle apparaissait finalement sous une forme définie, un corps de femme, son corps dans toute sa délicatesse et son imperfection de mortelle. L'espèce d'orbe avait adopté ses contours, lui permettant d'accéder à une meilleure conscience des lieux, mais l'exposant aussi aux dangers que cela représentait.
Mais plus que seulement voir et être vue, elle pouvait toucher, être touchée, quand bien même elle restait une simple projection d'un esprit en plein rêve. Juste avant de croiser le regard de l'homme, elle parcourait lentement son propre corps (http://img15.hostingpics.net/pics/87398568bu.jpg) du bout des doigts, son visage exprimant un mélange de fascination et de jalousie. Mais dès qu'elle remarqua avoir l'attention du diable rouge, elle cessa tout mouvement pour le détailler sans la moindre pudeur. Aussi évanescente qu'un simple hologramme, elle se mordilla la lèvre en se fendant d'un petit sourire. Même au milieu de ces corps parfaits, c'était elle qu'il regardait et rien d'autre qu'elle. Elle s'offrait donc à son regard sans réticence, faisant preuve d'une assurance qu'on ne pouvait avoir qu'en rêve.
Et quand Cleo eut achevé de graver chaque parcelle du corps du démon, l'ancrant avec fidélité dans son rêve, son corps astral s'avança à pas lent vers le lit. Sa démarche était un peu étrange toutefois, car si le cycle de marche était reproduit, ses pieds ne faisaient que glisser au-dessus du sol : c'était sa présence toute entière qui s'approchait au gré de ses envies d'endormie.
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Alastar eut l’impression de planer dans une autre dimension en voyant une silhouette évanescente apparaître devant le lit. Une silhouette vint se former devant le lit, celle d’une belle femme, qui effleura sa peau avec ses doigts. Médusé devant une telle apparition, l’Incube ne pipait mot. Qu’était cette chose ? Que venait-elle faire ici ? Vaguement, elle lui évoquait la silhouette liquide des Slimes, mais il y avait en elle quelque chose de plus... Transparent. Elle venait d’apparaître d enulle part, ce qui troublait Le Diablotin. Les sécurités du palais étaient toujours là, et, même à supposer qu’elle ait pu les franchir... Est-ce qu’elle disposait juste d’un sort d’invisibilité ? Ou d’un pouvoir d’intangibilité qui lui avait permis de traverser les murs ? Pour le coup, Alastar hésitait. Il voyait clairement la beauté de cette femme, et voyait aussi de multiples fils, comme des liens magiques, partir des corps endormis des femmes vers elle. Non, ce n’était pas une hallucination, il ne rêvait pas, et, bien malgré lui, en voyant cette femme se rapprocher, Alastar sentit ses pulsions naturelles se réveiller, comme frappées par cette beauté singulière et étincelante.
Son érection se réveilla, mais les femmes autour de lui, elles, continuèrent à dormir. Tandis que la silhouette s’approchait du lit, Alastar écarta le corps de Marri, qui s’écroula mollement, dans un soupir, à côté d’Amalia. Le lit était, fort heureusement, plutôt grand, et, si la couverte dissimulait encore le corps d’Alastar, on pouvait lire, dans le firmament de ses yeux, le désir, qui brûlait en lui. Cette forme pouvait être dangereuse et lui vouloir du mal, l’Incube était chez lui, se sentant empreint d’un sentiment de toute-puissance, sentiment qui, conjugué à la beauté surnaturelle de l’apparition, faisait qu’il était incapable de se sentir vraiment en danger. La forme se rapprocha, et il se redressa à son tour.
Ses mains vinrent caresser les joues de la femme, ses pouces glissant sur ses lèvres. Pour ne rien arranger, Alastar ressortait d’une séance de sexe avec trois beautés, et, particulièrement heureux, frémit au contact de cette peau. Ses pouces jouaient avec la bouche de la femme, et l’un d’entre eux s’enfonça tendrement entre ses lèvres, venant sentir sa langue sur son ongle.
Il plantait son regard bleu dans le sien, ces yeux pénétrant et asphyxiants, et déplaça ses mains, caressant les épaules de la femme, puis approcha ses lèvres des siennes.
« Viens par là, petite beauté... »
Le Diablotin posa ses lèvres sur les siennes, l’une de ses mains se posant sur la nuque de la femme. Impossible de dire ce que cette chose était. Pouvait-il être en train de rêver ? Cette érections emblait bien réelle, mais il n’avait jamais embrassé une femme comme ça. Sa première intuition se révéla être trompeuse au contact des lèvres de l’apparition spectrale, ou même au contact de ses mains sur sa peau. Elle n’avait pas cette peau liquide s caractéristique des Slimes.
« De qui es-tu donc le fantôme, ma douce fée ? » demanda-t-il à la fin de ce baiser, charmé par le contact de son corps.
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- Les jambes de l'évanescente demoiselle butèrent contre le lit. Elle sembla surprise de rencontrer un tel obstacle à sa progression, comme si elle ne l'avait pas vu. Et c'était le cas. Percevoir les choses inanimées était plus complexe que voir les choses vivantes, dans la mesure où un meuble ne pouvait sentir sa présence et encore moins lui offrir une conscience à laquelle s'ancrer. La surprise de Cleo fit chanceler son enveloppe, comme elle aurait pu le faire elle-même dans le monde réel si elle s'était cognée, la douleur en moins. Déséquilibrée, elle n'eut qu'à tendre une main pour se rétablir en douceur. L'homme s'était redressé pour l'accueillir alors qu'elle venait à sa rencontre, permettant à la délicate entité de s'appuyer du bout des doigts contre son torse. Elle le frôlait à peine, mais c'était suffisant pour qu'elle se stabilise, car il devait l'avoir compris, elle n'était contrainte par aucune loi du monde où elle se trouvait. Seul l'esprit humain de l'endormie provoquait son comportement et la volonté des êtres qui la percevait si elle était assez forte ou qu'elle consentait à s'y conformer.
Le maigre contact du bout des doigts n'était en rien différent de ce qu'il avait pu sentir plus tôt, si ce n'est qu'il pouvait les voir et imaginer peut-être que c'était la jeune femme qui s'était glissée contre lui alors qu'il ne pouvait pas encore la voir. Le sourire mutin qu'elle affichait pouvait en tout cas le laisser supposer. Et puis, il avait vu les filaments revenir vers elle pour lui donner corps.
Le visage fantomatique possédait une peau tout aussi étrange, fraîche mais tangible. Si le diable avait un jour rêvé de tenir un courant d'air entre ses mains, son voeu venait d'être exhaussé à la seconde où ses paumes brûlantes avaient rencontré les joues de l'apparition. Cleo les sentait aussi à travers son rêve diffuser leur chaleur à travers des caresses qui la firent frémir. Il n'y avait sans surprise aucune commune mesure avec un véritable contact, à la fois beaucoup plus intense et infiniment autre, car ce que le démon touchait était directement son esprit, ses sens, son âme.
L'entité ne parlait pas, mais son regard aux pupilles à peine visibles exprimait sa satisfaction face au contact des pouces contre ses lèvres. De façon très étrange, un peu comme si la toucher lui donnait accès à ses pensées, le diable pouvait même deviner qu'elle s'amusait de son trouble. La bouche s'entrouvrit sans opposer la moindre résistance quand il voulut y glisser un pouce. Ce dernier rencontra une langue timide qui se déroba à son contact alors que des dents venait le coincer en se refermant derrière la première phalange. Invité autant que contraint à se laisser apprivoiser, la langue consentit à venir le saluer, le titillant quelques instants pendant que l'apparition retournait un regard entre envie et défi au diable entreprenant, embrassant son regard bleuté sans s'y perdre encore tout à fait.
L'esprit était joueur, caressant du bout des doigts l'intérieur des avant-bras qui s'abaissaient jusqu'à ses épaules une fois qu'elle eut desserré les dents. Son sourire taquin ne quittait pas ses lèvres, encore délicatement entrouvertes pour le plus grand plaisir des yeux. Et quand elle le vit approcher son visage du sien, ses caresses se firent un instant plus insistante. Grisée par la voix suave qu'elle entendait désormais distinctement, l'entité referma ses mains fines sur les poignets du démon, s'abandonnant au baiser qu'il lui offrait. Dès lors, il put sentir quelque chose d'étrange se produire. Il l'embrassait et les lèvres étaient on ne peut plus douce, avides d'en découvrir plus, mais cette avidité, cette envie, il pouvait la sentir se mêler directement à ses propres pensées comme si elles émanaient de lui et pas de la femme accrochée à ses bras.
La sensation continua à se distiller, bien que diminuant d'intensité quand il rompit le baiser. Le regard de l'apparition où il put lire aisément les mêmes choses qu'il avait ressenti lui confirma pourtant qu'elle en était bien l'origine. Et tant qu'elle le toucherait, il y avait fort à parier qu'il continuerait à avoir accès à ce qu'elle ressentait, capable de suivre le fil de ses envies.
« De qui es-tu donc le fantôme, ma douce fée ? »
"Ni un fantôme, ni une fée. Une femme, juste une femme."
La voix, pure comme l'eau d'une source, s'imprima également droit dans l'esprit du séduisant diablotin. Il n'y avait aucun doute à avoir là-dessus car les lèvres de l'entité restèrent figées dans son sourire. Si le démon était heureux, elle l'était autant que lui, vivant son rêve comme elle en avait vécu peu d'aussi vrais. Doucement, elle libéra le démon de l'emprise de ses doigts rompant le temps d'un soupir la connexion qui s'était établie. Mais elle se rapprocha, ses mains trouvant leur place sur sa taille. Inconsciemment, elle lui partagea une part de l'orgueil qu'elle n'avait qu'en rêve et qui l'habitait en ce moment. Pleine d'une vanité innocente qui la poussait à se considérer comme irrésistible et lui donnait le l'assurance, elle remonta ses mains le long des flancs du démon, lentement, lentement, et sans décrocher son regard du sien, gagna ses pectoraux tandis que le reste de son corps se mouvait en toute légèreté pour l'entourer de ses jambes repliées. Elle était désormais toute proche mais seules ses mains le touchaient vraiment, le provoquant avec malice.
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Cette sensation était trop étrange pour être un rêve. En fait, Alastar se sentait comme dans la peau de quelqu’un qui croirait rêver, mais tout en étant bien éveillé et conscient. Une sorte de... De rêve éveillé. Il n’y avait guère que comme ça qu’il pouvait décrire cette sensation. Cette créature était-elle une âme damnée ? le Diablotin était bien placé pour savoir que l’Enfer abritait parfois quelques mystères, des surprises étonnantes. Lui ne savait plus à quel diable se vouer, mais tombait, peu à peu, sous le charme de cette sensuelle apparition. L’être intangible flottait contre lui, mais aussi en lui. Maître de ses pensées, Alastar sentait ces dernières se brouiller, tandis que chacune des douces et infinies caresses de la femme le faisaient frissonner. Le Diablotin fermait lentement les yeux par moments, avant de croiser le regard de l’être.
C’était un regard malicieux, pétri d’assurance, pas celui d’une jeune créature terrifiée qui ne savait pas ce qu’elle faisait là. La magie suintait d’elle, comme si elle était un être fait purement de magie, un... Un Élémentaire. Le Diablotin connaissait ces créatures, généralement des monstres, des êtres qui étaient faits de magie pure. Ils n’avaient toutefois aucune conscience propre, s’apparentant à des monstres, alors que cette femme... Non, vraiment, peu importe l’angle où il se place, Alastar n’arrivait pas à la classer, mais ne pouvait s’empêcher d’être fasciné par elle.
Son sexe caressait ses cuisses, et la femme, d’une voix cristalline, lui indiqua n’être, ni une fée, ni un spectre, mais « juste une femme ».
« Hm... Tu es autant une femme que je suis juste un homme, ma chérie... »
D’aucuns auraient pu s’étonner de son manque de vigilance, mais Alastar avait toujours été un Incube très insouciant. C’est ce qui faisait qu’il n’aurait jamais de postes à responsabilité au sein du clan, car, même s’il existait depuis plusieurs siècles, il était profondément immature. Il était comme ces garçons à qui on disait de ne pas mettre les doigts dans les trous de la prise, et qui ne pouvait pas s’empêcher de le faire. Plus une femme lui était inaccessible, et plus il avait envie de la prendre. Joueur avant toute chose, il aimait le risque, le frisson, la peur de l’inconnu, ce que cette créature, d’où qu’elle vienne, et quelle qu’elle puisse être, symbolisait.
Elle se frottait contre lui, et Alastar joua avec son nez. C’était une chose qu’il aimait. Les baisers d’esquimeau. C’était doux et on pouvait sentir la respiration de l’autre... Mais, tandis qu’ils étaient proches, l’un contre l’autre, le Diablotin continuait à sentir de curieuses sensations. Difficile d’expliquer... Il avait l’impression que les pensées de cette femme, aussi obscures que sa peau était cristalline, se mélangeaient aux siennes.
*Une télépathe ?*
Elle caressait son corps, et ses hanches se collèrent contre les siennes. Un frissons ‘échappa de sa poitrine, et il remonta sa main, l’apposant sur la nuque de la femme, retournant l’embrasser.
« Viens, ma belle... »
Le sexe d’Alastar se redressa, et se glissa entre les cuisses de la femme. Un soupir traversa le corps de l’Incube, tandis qu’il s’enfonçait en elle.
« Pour une simple humaine... Hum... Tu n’as pas froid aux yeux... »
Après tout, elle était en train de jouer avec un démon. Normalement, ils avaient davantage tendance à effrayer les humains qu’autre chose. Mais, d’un autre côté, normalement, les humaines ne se transformaient pas en une version éthérée d’elles-mêmes... Comme quoi, le monde recelait plein de surprises.
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- La provocation fut de bien courte durée. Contre ses cuisses, elle sentit le membre dressé du diable, sa peau chaude irradiant à chaque contact d'une promesse qui l'aurait fait fondre si elle avait été une créature aqueuse. Pourtant malgré les apparences, elle semblait plutôt faite d'air ou... ou de rien. N'être qu'une présence visible et capable de communiquer d'une certaine manière, mais sans être vraiment là. Malheureusement, si le démon pouvait puiser ses pensées et ses sensations directement à la source, elle ne pouvait en faire autant, se contentant de le percevoir comme aucun mortel ne pourrait le faire. Et à vrai dire, outre son corps et le plaisir qu'il pouvait lui procurer, elle semblait ne pas s'intéresser vraiment à lui.
Mais après tout elle était dans son rêve, car ce n'était rien de plus pour la Cleo endormie dans son lit, alors s'il y avait bien un moment où elle pouvait ne s'intéresser qu'à elle, qu'à son petit plaisir, c'était bien celui là. Alors ce fut avec plaisir qu'elle laissa son nez frotter contre celui du diable. Son souffle l'enveloppait toute entière, résonnant aussi bien à son oreille qu'il chauffait sa nuque, mais elle, elle ne respirait pas, et s'il le cherchait, il ne trouverait même pas de palpitation sous sa poitrine. Qu'importait, elle semblait désireuse de lui faire oublier ce petit désagrément, lui transmettant toujours son plaisir grandissant et les papillons qui ne demandaient qu'à s'enfuir de son bas ventre. Elle se mordilla de nouveau la lèvre, aguicheuse, sans jamais le lâcher des yeux. L'apparition, qui n'avait rien d'une damnée, tenait plus de la succube en cet instant, se repaissant presque de la tendresse du diablotin, de la ferveur de regard quand il la regardait, mais aussi de son sexe qu'elle sentait entre ses jambes et de toute la perversion que le corps rouge passion pouvait dégager au moindre mouvement. Et tout cela ne faisait que la rendre plus avide.
"Démon ?"
La voix claire émergea du tumulte une nouvelle fois alors que le dos d'une main translucide remontait le long de la joue du démon, glissa sur une paupière alors close et grimpa jusqu'au front, flattant la base d'une petite corne. La déclaration/question n'était pas effrayée pour autant, mais amusée -elle n'y croyait pas-, enthousiaste aussi, comme peuvent l'être les enfants en déballant un cadeau inattendu. Elle voulut partir explorer cet étrange appendice quand une main dans sa nuque et une invitation -ou un ordre, elle n'aurait su dire, tout se mélangeant un peu derrière le voile de son désir- lui firent abandonner l'idée au profit d'un baiser. Délicieuse alternative. Les lèvres de l'incube lui tirèrent un soupir d'aise maintenant qu'elle se tenait tout contre lui, les bras passés autour de sa nuque.
Elle s'offrait à lui sans retenue, au comble de la sensualité que pouvait exprimer son petit corps d'humaine. Comme il était savoureux pour la rêveuse de sentir son corps contre celui de cet être. Elle était séduite par la beauté de son corps après avoir fui les sillons puants, par ce qu'elle avait imaginé qu'il avait fait subir aux femmes parfaites qu'elle occultait à présent totalement, ne les entendant pas plus qu'elle ne les voyait. Il n'y avait plus qu'elle sur le diablotin, l'étreignant dans la prison factice de ses bras qui ne pesaient rien. Et puis l'étreignant de façon beaucoup plus intime puisqu'il s'introduisit en elle sans sommation.
"Ahh... !"
Elle gémit doucement et cette fois sa bouche mima le bruit alors que sa voix résonnait dans l'esprit du démon. Un instant, son visage exprima sa surprise. Elle s'était attendue à d'autres caresses, à sentir tout son corps s'enflammer avant qu'il ne la pénètre. Pour autant, son intimité le reçut sans peine, s'écartant pour laisser le roi des lieux et ce fut comme si le démon venait de briser le filet retenant le plaisir de son amante fantomatique. Cette dernière se cambra délicieusement pour arrimer son bassin contre le sien, glissant sans soucis sur le membre dressé. C'était étrange car elle n'était pas humide, pas même plus chaude ou ne serait-ce que moins fraîche dans son cas, que partout ailleurs. Paradoxalement, elle avait vraiment l'air de prendre son pied. Et si le diablotin faisait toujours attention à ce qu'elle ressentait, aucun doute ne pouvait subsister sur l'excitation de la belle.
Plus que cela. A l'instant où il s'était planté en elle, une image, une seule avait jailli de l'attendrissant couinement. Celui du visage de Cleo, les yeux clos, ses cheveux auburn en pagaille sur son oreiller, qui se crispait en même temps que ses épaules tressautaient faiblement. De ses lèvres ouvertes, le même gémissement avait jailli, quoi qu'étouffé par le sommeil.
"Joue avec moi..."
La supplique accompagna un fébrile mouvement de va et vient. L'entité portait le trouble de la rêveuse mais pas sa retenue : elle continuait à se faire désirer, à s'amuser.
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La magnifique silhouette éthérée avait manifesté un intérêt pour ses cornes, intérêt qui témoignait plus d’une sorte de curiosité qu’autre chose. Est-ce que cette créature savait seulement où elle était ? Ce dans quoi elle glissait sa fine silhouette ? La question, en réalité, était parfaitement légitime, vu cette apparition inattendue. La surprise n’empêcha néanmoins pas Alastar de s’unir à elle, et ce même si l’Incube ne savait pas vraiment dans quoi il glissait son membre. Toujours est-il que, quand sa roide virilité s’unit à la femme, une curieuse image envahit son esprit…
…Celle d’une femme endormie, couchée au milieu du lit, beauté aux longs cheveux roux, qui ouvrit les yeux en pleine extase, comme si elle hurlait de plaisir…
Puis il se revit au moment présent, dans sa chambre. Son désir grimpa en flèche, lui échappant, à tel point que les flammes de la cheminée s’enflammèrent brusquement, le feu s’intensifiant graduellement. Elle gémissait, et le son délicieux de ces gémissements emplissait l’air, résonnant joyeusement dans les oreilles du beau diable. Il ignorait toujours ce qu’était cette créature, ce que signifiait les visions qu’il recevait, mais, plus il remuait en elle, et plus il pouvait voir cette vision… Ce corps endormi en proie à une sorte de transe. Elle lui demanda de jouer, et il sourit, mordillant les lèvres de la femme dans un baiser vorace, tout en déplaçant sa main le long de son dos, venant l’apposer sur ses fesses.
Quand ses doigts se crispèrent sur son postérieur, il soupira, rehaussant un peu le corps de la femme, et continua à la prendre. Ce coït était réellement hors-normes. Il avait l’impression de baiser un courant d’air… Mais, pour autant, il sentait bien une résistance, comme si de la chair se comprimait autour de son chibre, sauf qu’elle était inexistante. La sensation était vraiment atypique, troublante au plus haut point, et étrangement enivrante.
La femme remuait sur lui, la créature dansait contre son corps, et il continuait à se délecter de ses soupirs, de ses gémissements.
*Une projection astrale…*
La réalité finit par s’imposer à lui, l’explication, toute bête. Une projection astrale… Tout simplement ! Un sort magique qui était par nature l’apanage des Dieux, mais que certains mages très puissants pouvaient aussi appliquer. Projeter son esprit en-dehors des limites physiques de son corps. Alastar ne couchait pas avec un corps, il couchait avec du vide, et c’était uniquement un truchement de ses sens qui lui donnait l’impression de taper quelque chose, de s’enfoncer dans un corps… Mais, de corps, il n’y avait point, en réalité.
« Oh, toi, ma chérie… Tu aimes jouer, hein ? Hmmm… Oh, nous jouerons, ne t’en fais pas pour ça… »
Ici, ils jouaient… Mais demain, ils joueraient aussi.
Se déplaçant un peu, usant de ses muscles, Alastar releva sa queue caudale, et l’abattit sur les fesses de la femme, désireux de savoir jusqu’à quel point cette projection simulait les sensations physiques… Comme la douleur. Comme elle le lui avait demandé, il jouait avec elle, cherchant ainsi à percevoir ses limites.
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- Elle ondulait joyeusement contre lui la jolie apparition, l'ingénue sirène, toute prête à le noyer dans son océan de douceur. Insouciante, tendre, elle collait tout son corps éthéré contre lui, frémissant alors que leurs peaux glissaient l'une contre l'autre. Elle le câlinait autant qu'elle s'offrait à lui, calant ses gestes sur ceux qu'il lui imposait à chaque coup de rein. Elle gardait son visage vaguement posé contre le sien, cherchant son souffle comme s'il s'agissait de vapeurs d'opium. Puis il s'empara de ses lèvres, répondant à son appel en les taquinant de quelques coups de dents. Il les mordillait et elle aimait cela, son visage translucide se parant de délicieuses expressions. Son plaisir, elle n'hésitait pas à le communiquer à son amant de divers manières, profitant des attentions qu'il lui offrait, toujours un peu plus osées.
Elle sentit une main quitter sa nuque pour longer son dos, trouvant un chemin incurvé sous son épaisse chevelure incolore qui menait droit à une fesse galbée. Le corps astral réagit naturellement à cette caresse, s'arquant davantage sous la main exploratrice qui finit par la pousser un peu plus contre le torse de l'homme tout en la soulevant. La délicate sirène s'appuya sur les épaules du diable pour maintenir la position et lui voler un autre baiser à pleine bouche avant de lui proposer son cou, continuant à accueillir le membre dressé en elle.
Si elle sentait tout ce qu'il lui faisait, sa conscience limitée des lieux ne lui permettait plus de percevoir le feu crépitant derrière elle alors qu'il habillait sa peau translucide aux reflets d'un coucher de soleil. Ces teintes, quand elles se perdaient dans ses cheveux, n'étaient pas sans rappeler la réalité de son corps. La chambre, le lit, les femmes, tout cela était bien loin de son monde onirique et le resterait tant qu'elle n'entrait pas en contact avec. Et pour le moment, elle se trouvait bien trop affairée à chevaucher le diablotin pour pouvoir redécouvrir l'endroit où elle s'était perdue. Elle était toute dévouée à sa cause, concentrée sur sa seule existence.
Dans le rêve de Cleo, tout n'était plus que délice des sens, érotisme et corps rouge à la voix capiteuse et entêtante.
« Oh, toi, ma chérie… Tu aimes jouer, hein ? »
Elle acquiesça en silence, mais la gourmandise suintait par tous les pores de son être. Les simples paroles du démon l'excitait, la poussant à se déhancher avec plus de force, si tant est qu'un corps aussi évanescent que le sien puisse avoir une quelconque force.
Du coin de l'oeil, l'apparition capta les mouvements d'une queue serpentine qui vint frapper sa croupe. Son corps se crispa, ce qui poussa son bassin à s'écraser contre celui du démon. La douleur cependant, elle ne la ressentait pas, car la rêveuse ne pouvait qu'imaginer ce qu'un tel contact pouvait procurer. Son inexpérience jouait contre elle, fêlant peut-être la perfection de sa réplique. De même que l'absence de réaction de ses muscles vaginaux. Ses chairs enveloppaient correctement le chibre, l'enserrant à chaque nouvelle poussée mais sans qu'il puisse y sentir un fond contre lequel buter. Chacun de ses passages ne semblait éveiller aucune sensibilité particulière comme si c'était la situation elle-même qui provoquait le plaisir de l'entité et pas son accomplissement.
Un amateur pouvait se laisser berner par toutes les sensations étranges que l'entité distillait, son plaisir indécemment exposé, livré en pâture, comme un leurre. Mais le démon se laisserait-il abuser aussi facilement ? Le mystère qui entourait la demoiselle s'effritait à chaque seconde, sans qu'elle n'en ait conscience, continuant son rêve comme si tout était vrai.
Même si la queue caudale ne lui avait pas procuré une once des sensations qu'elle aurait ressenti si c'était son véritable corps contre lequel elle avait claquée, le contact arracha un nouveau gémissement à l'entité dont les ongles inexistants s'enfoncèrent un peu dans la peau du diable. Elle simulait bien, on ne pouvait pas lui retirer ça et puis d'un regard, elle enjoignit son partenaire à continuer, sincèrement curieuse de voir quelles surprises il lui réservait encore.
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Trop souvent, quand on menait la vie qu’Alastar menait, on s’enfermait dans une certaine routine, monotone et répétitive, comme toute routine se devait de l’être. Trop souvent, les démons de Luxure, ses frères et ses sœurs, manquaient d’imagination. Face à cette créature éthérée, cette projection psychique, Alastar n’était pas juste en train de lui faire l’amour, il jouait avec elle. Convaincu que cette femme, en son for intérieur, pensait être en train de rêver, ce qui le faisait bander n’était pas que sa spectaculaire beauté (car, au demeurant, cette beauté astrale était très superficielle, n’existant que dans son esprit), mais ce que cette femme ressentirait quand il la rejoindrait chez elle. Oh oui, le jeu, Alastar connaissait ça. Elle n’aurait pas pu le séduire autrement, cette sensuelle, qu’en lui glissant qu’elle voulait jouer. Ils allaient jouer, et même danser. Tout ça, ça n’était qu’un prélude.
Au milieu de la pièce, le feu qui crépitait dans l’âtre de la cheminée était à la hauteur de l’excitation fébrile que l’homme ressentait. Quand il fouetta les fesses de la femme, il sentit ses mains se crisper sur son corps, l’esprit se serrer autour de lui, renforçant son emprise sur son corps. Ce qu’il y avait de troublant, c’était la capacité de cette femme à former une projection solide. En fermant les yeux, il avait presque l’impression de coucher avec un véritable corps, avec une femme qui serait réellement là, ses cuisses s’enroulant autour de son mandrin.
« Hmmmm… ! »
Ressentait-elle vraiment la douleur ? Ou s’imaginait-elle la recevoir ? Comme c’était la première fois qu’il baisait avec un esprit, Alastar était forcément un peu perturbé, et entreprit de multiplier les coups de queue, sa queue caudale s’abaissant et se relevant, fouettant ce petit cul, ce qui avait à chaque fois pour effet de rehausser la femme. La porter n’était pas dur, elle ne pesait, pour ainsi dire, rien, et ce fut ainsi que Le Diablotin comprit que tout n’était qu’artifice et simulation. Tout confirmait cette nouvelle théorie qui se construisait progressivement dans sa tête, celle selon laquelle cette silhouette n’était rien de plus qu’un esprit pensant avoir un corps.
« Quand tu te réveilleras ce matin dans tes draps mouillés, ma chérie, tu croiras que tout cela n’est qu’un rêve… Mais ton esprit s’est lié au mien, petit cœur… Sens-toi chanceuse, hmmm… Tu aurais pu atterrir auprès de démons beaucoup moins gentils que moi. »
Intervenir dans ce que les Démons et les Anges appelaient les Plans Intermédiaires, soit ces ensembles de mondes et de réalités situés entre l’Enfer et les Cieux, n’était pas chose aisée. Un démon n’avait pas le droit d’intervenir sans y être invité par un ressortissant des Plans… Mais, quand un esprit venait s’envoyer en l’air avec vous, c’était la plus belle de toutes les invitations possibles.
Alastar crispa sa main sur les cheveux de la femme, et tira sa tête en arrière, de manière à pouvoir approcher sa bouche de ses seins. Les deux douces bosses étaient comme des tisons ardents, et il les lécha, avant de mordiller le téton.
« Je m’occuperai bien de toi, ma chérie, crois-moi… Hmmm… Ouais, t’aimes ça, hein ? Sentir ma queue en toi… »
Il libéra ses seins, et mordilla le creux de son cou, griffant son dos.
« Tu verras… Je te ferais hurler… »
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- Les coups de queue fouettèrent l'air à plusieurs reprises, s'écrasant inlassablement contre les délicates courbes translucides. Chaque coup décrochait un nouveau soupir à l'entité qui se paraît d'une expression extatique que la rêveuse empruntait à quelques statuaires religieuses. La passion de Sainte Thérèse, entre autre. Les traits tirés, bouche muette indécemment ouverte, regard perdu dans le coton de son monde onirique, elle perdait doucement pied dans l'intensité de son propre rêve.
Difficile d'expliquer ce que ressentait Cleo pendant que son esprit batifolait avec l'adroit démon. Elle y prenait du plaisir, oui, c'était fort aussi, intense même puisqu'elle flirtait avec lui au bord de la conscience. Ils ne seraient jamais aussi fusionnels qu'à cet instant où son esprit entourait l'homme et le pénétrait d'une certaine manière pour lui transmettre tout des sensations et des pensées impies de la jeune femme ; mais en même temps tout ceci était frustrant. Parce que ce n'était pas dans son corps que le diable s'enfonçait sans peine, parce que ce n'était pas sa peau qu'il maltraitait de son appendice caudal. Parce que son corps restait immaculé dans son lit aux draps de soie et parce que son excitation, si elle continuait à enfler au fur et à mesure des heures s'égrainant, n'exploserait jamais avec si peu de matière. Une simple vision. Un simple rêve.
Pour autant, la jeune femme n'aurait forcé son réveil pour rien au monde. Elle n'aurait échangé sa place avec aucune autre rêveuse, même si on lui avait promis que le prince charmant lui apporterait son petit déjeuner en dédommagement.
Un être aussi fantaisiste que ce démon qu'elle inventait n'aurait jamais sa place dans sa réalité. Peut-être même ne le reverrait-elle plus jamais en rêve, ce ne serait pas la première fois que ça lui arriverait, alors elle comptait bien s'abandonner entre ses bras aussi longtemps que durerait son sommeil. Il ne fallait pas en perdre une miette. Avec un souvenir aussi ardent qu'une partie de jambes en l'air démoniaque, elle aurait de quoi se satisfaire pendant des jours et des jours, quand bien même elle le ferait seule.
« Quand tu te réveilleras ce matin dans tes draps mouillés, ma chérie, tu croiras que tout cela n’est qu’un rêve… Mais ton esprit s’est lié au mien, petit cœur… »
Les mots s'embrouillèrent, tourbillonnèrent un peu avant que l'endormie les perçoivent. C'était comme s'il suivait le cours de ses pensées et s'amusait à la contredire, à la faire espérer. La voix de l'homme coulait si agréablement sur son esprit qu'elle en frémit, au bord du réveil, ce qui fit vaciller sa projection comme une flamme de bougie exposée au vent.
"Si seulement..." lui répondit la voix sans corps.
...Si seulement il disait vrai. Si seulement il était, elle aurait peut-être pu y croire. Mais elle savait que tout n'était qu'un rêve, une simple création de son imagination. Comment aurait-elle pu penser autrement ?
D'ordinaire, ses partenaires n'avaient pas conscience de ce qu'elle était, c'était la première fois qu'on la confrontait dans un rêve à sa condition de rêveuse et qu'on lui promettait quelque chose d'autre, quelque chose en dehors de cet espace clos et protégé qu'était son esprit. C'était trop difficile à concevoir pour une humaine endormie. A peine sa voix claire avait-elle raisonné dans l'esprit du démon que la rêveuse avait occulté leur échange, le remplaçant par une brume épaisse d'où perçaient seulement les mots doux et les intonations suaves.
L'instant d'après, elle perdit de vue le visage de l'homme, sans comprendre qu'il venait de plonger sa main dans la masse informe que formait sa chevelure et qu'il s'y était enfoncé comme dans un nuage de fumée mais qu'au lieu de se dissiper, la matière éthérée s'était refermée autour de sa main pour accompagner son geste sans briser l'illusion. Son corps éthéré suivit le mouvement naturellement, accentuant la courbure de son dos alors qu'elle relâchait une épaule pour chercher le visage perdu.
Sa petite main aux longs doigts élégants trouva son chemin jusqu'à la nuque du diable et elle l'agrippa avec une fausse appréhension alors qu'il se dirigeait vers sa poitrine. D'instinct, elle savait ce qu'il faisait, elle sentait son souffle brûler son sein avant qu'il ne s'en empare. La présence frémit à nouveau, ses contours se troublant une fraction de seconde avant de se stabiliser. Dans un sursaut de lucidité, Cleo s'était imaginée vivre la même chose pour de vrai, transmettant par la même occasion l'image à l'incube, ce qui parasita sa projection mais décupla son plaisir.
Quelques gémissements incontrôlables fusèrent alors que la présence se mordait la lèvre, sans opposer la moindre résistance à ce que lui faisait le démon. La main encore agrippée à une épaule se relâcha pour venir s'appuyer sur l'une des cuisses qui la supportait sans mal. Quand l'homme finit par relâcher son cou et que ses griffes s'enfonçaient dans son dos sans vraiment la blesser, créant simplement de petits sillons brumeux sur leur passage, elle acheva son changement de position.
Elle libéra sa nuque pour appuyer sa main sur l'autre jambe du démon et faisant fi de toute loi de la physique, elle déplia les jambes pour les enrouler autour de sa taille, de sorte à lui offrir une vue imprenable sur son corps gracile. En transparence, il pouvait même voir son sexe se planter en elle.
Elle n'avait pas vraiment besoin de parler pour lui faire comprendre à quel point elle adorait ce rêve, mais il lui posait la question avec une telle excitation qu'elle se sentit obligée de lui répondre sur le même ton.
"Ahh, oui... Ta bouche... Ta queue... Ton souffle... Hmm... J'aimerais que ça dure toujours..."
Elle le regardait droit dans les yeux, le chevauchant avec toute la fierté d'une amazone mais sa déclaration portait l'innocence et la fragilité d'une petite princesse. Elle parlait d'éternité comme le ferait une adolescente qui a tout à apprendre de la vie.
Mais qui en savait assez pour ralentir le rythme de ses ondulations, désireuse d'offrir à son partenaire un joli spectacle de courbes qui se meuvent lentement autour de lui.
"Et toi... tu aimes... me voir faire ?"
Elle le provoquait de nouveau, un sourire narquois sur les lèvres alors qu'elle essayait de garder le rythme le plus lent possible.
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Elle ne le croyait pas. Évidemment. Pour elle, ils étaient dans un rêve, et, même si Alastar lui disait qu’elle ne rêvait pas, qu’il n’était pas qu’une créature fantasmagorique, elle ne le croirait pas. Par conséquent, mieux valait ne pas gâcher l’onirisme du moment, et juste se faire l’amour, dans la joie. Alastar, de fait, ne voyait aucun problème à être considéré comme un fantasme, d’autant plus que cette jeune femme ne s’en sortirait pas aussi facilement. Elle était venue le voir, et il était logique que, en retour, il vienne la voir. Ils passeraient ainsi, pour le dire, du rêve à la réalité. Alastar continuait à la prendre, à se satisfaire. Ce moment était une ode au sexe pur, puisqu’il ne couchait pas avec un vrai corps, mais avec une projection astrale, et que cette idée l’excitait furieusement, durcissant sa verge, qui s’enfouissait dans le corps de la femme, s’enfonçant jusqu’à la garde.
Après avoir joué avec ses seins, il continuait à la maintenir, puis se laissa, peu à peu, guider. Alastar était un amant dominateur et brutal, mais il n’était pas machiste. Il vivait en effet dans un clan dirigé par des succubes, et sa grande sœur, Onyxian, prenait un malin plaisir à le fouetter, à le torturer, et à le tourmenter. Il en résultait, en définitive, un Incube assez particulier, qui pouvait jouer tous les rôles. Ainsi, quand la forme éthérée le repoussa, il se laissa faire, et la laissa le chevaucher, Alastar se couchant sur le sol. La silhouette éthérée de la femme lui permettait de prendre des positions assez surnaturelles, mais le démon opta pour une posture plus classique. Son dos atterrit sur le tapis, et il la laissa la femme se dresser au-dessus de lui, trônant sur son corps.
« Hmmm... »
Oui, elle était belle. Magnifique, même. Elle ressemblait à un rêve qui aurait décidé de prendre corps. Elle n’était pas qu’une femme en ce moment, elle était comme une représentation de la femme, du sexe féminin à part entière. Silhouette magnifique, faite de courbes, d’harmonie, comme on concevait le beau sexe. Elle dansait sur lui, silhouette gracieuse et enchanteresse, de ces silhouettes dont on faisait les rêves. Il l’entendait soupirer, d’une voix cristalline, et posa ses mains sur ses hanches, avant de les déplacer encore, les enfonçant davantage, griffant ses fesses, les malaxant. Ce corps semblait comme remuer entre ses doigts. La forme éthérée avait une peau qui était à la fois solide et gazeuse, Alastar ne voyant pas comment la décrire autrement. C’était assez exceptionnel, la première fois qu’il avait le sentiment de coucher avec un courant d’air.
Elle lui demanda s’il aimait le spectacle, et l’Incube ne put que sourire.
« Oui, ma belle... Tu es une vraie nymphe... Qui ensemence les songes... »
Il parlait par à-coups, au gré de ses soupirs. Étant un Incube, et donc doté de magie, il avait fini par comprendre ce qu’elle était. Tout en laissant le plaisir l’envahir, dans sa tête, il cherchait déjà comment la retrouver. Lui aussi, il se voyait bien la visiter pendant la nuit, c’était ce qu’il adorait faire avec les femmes. Il fantasmait déjà à l’idée d’imaginer qu’elle puisse être mariée, s’ennuyer au lit avec son amant, à tel point qu’elle se projetait dans d’autres endroits pour soulager sa frustration. Le Diablotin aimait ce genre de choses, ces rencontres surnaturelles. Là, elle dansait sur lui, et ce n’était qu’un début. C’était comme une promesse sur l’avenir, un défi qu’elle lui faisait. Retrouve-moi et persuade-moi que tu es réel, voilà ce que, à sa manière, cette femme lui disait.
« Vas-y... Danse sur moi, ma chérie... Danse. Un rêve se doit d’être parfait, ou ce n’est pas un rêve. »
Tout en parlant, ses mains continuaient à ponctionner ses fesses, les écartant, les malaxant, les pinçant. Elle ne ressentait pas la douleur sous cette forme, alors il pouvait bien en profiter. Cependant, il était intrigué. Que se passerait-il quand il s’abandonnerait en elle ? Comme il ne couchait pas avec un corps qui existait vraiment, est-ce que le sperme filerait en elle ? Ou est-ce qu’il flotterait dans les airs pour lui retomber dessus ?
Manifestement, et vu son érection, forte et imposante, il aurait bientôt la réponse à cette question.
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- Oh quelle joie de le voir céder à son caprice. Il s'allongeait, sans s'offusquer de l'air arrogant dont elle s'était revêtue, pour la laisser profiter de son éphémère puissance. Elle aurait pu en profiter pour se montrer franchement dominatrice, pour griffer la peau rouge jusqu'au sang et voir quelle couleur fantastique jaillirait des écorchures, mais elle n'en fit rien. Ce n'était pas son genre. Pas cette fois, pas dans ce rêve-là. Comme animée par l'envie de préserver son amant, sa création pensait-elle, elle ne le couvrait que de caresses plus délicates les unes que les autres.
Du bout des doigts ou à pleine main, elle palpait le corps du démon comme une aveugle cherchant à se le représenter. Ses cuisses musculeuses qui se détendirent quand il s'allongea, la peau qui s'affinait sur le bas du ventre, les courbes plus sèches du torse quand elle remontait vers les pectoraux. Chaque passage lui permettait de graver de nouveaux détails dans sa tête. Mais ce qu'elle sentait le mieux restait ce qui se passait entre ses cuisses. Il y avait fort à parier qu'elle aurait pu, si elle l'avait souhaité, redessiner le chibre et les bourses du démon avec une précision qui n'aurait à envier aux maîtres de l'hyperréalisme.
Quelque part, ça l'amusait, ça aussi. Mais dans le fond, ce n'était pas étonnant. C'était autour de cette partie qu'était concentré son esprit, quoi de plus normal que de le connaître mieux que tout le reste. D'autant plus maintenant que son amant ne la tenait plus que par les hanches, elle profitait à loisir de la verge caressant ses sens, chatouillant ses pulsions avec une certaine force.
Un petit rire lui échappa quand il glissa de nouveau jusqu'à ses fesses. Elle lui avait demandé de jouer avec elle, or à son enthousiasme le contrat semblait rempli. Elle jouait elle aussi, insouciante et joyeuse, à avaler dans ses entrailles le membre gonflé. Aux soupirs du démon, elle devinait que la fin était proche et elle redoubla d'ardeur dans sa chevauchée. A travers son aise et son amusement, il pouvait sentir son avidité se renforcer. Elle avait beau savoir que l'orgasme lui serait interdit, elle n'en était pas moins désireuse de mener l'acte à son terme, de sentir la jouissance de son partenaire, de recevoir le fruit de leurs ébats.
Ses soupirs se muèrent en gémissements langoureux.
"Viens. Viens vite..." suppliait la voix.
Vite, avant que la nuit ne s'achève, avant que le réveil ne...
BIP. BIP. BIP. BIP.
Tout disparut. La silhouette éthérée se décomposa aussi vite qu'elle était apparue. L'homme qu'elle chevauchait fut remplacé par un étrange vide l'instant qui précéda le réveil de Cleo. Dans ce court morceau de temps, elle aurait juré qu'il était vraiment en elle. Mais l'instant d'après, elle était la tête sur l'oreiller, émergeant d'un rêve qui s'était achevé trop tôt au son strident de l'alarme de son réveil. Pendant quelques minutes, elle resta sans bouger, les yeux clos, à essayer de se rendormir, de finir son rêve, mais rien n'y fit. Le bip bip incessant lui vrillait les oreilles et l'empêchait de penser à autre chose.
Il n'y eut jamais plus de haine dans son geste que lorsqu'elle aplatit sa paume sur le réveil pour le faire taire. Le geste fut accompagné d'un grognement et de petits gémissements plaintifs.
*Laissez-moi y retourner... Encore dix minutes...*
Mais supplier en silence ne servait à rien. Elle avait beau être encore groggy de la veille, elle ne parvenait pas à replonger dans le sommeil. Son corps l'en empêchait. Son ventre bouillonnait, le moindre de ses gestes lui rappelait à quel point son rêve avait pu être excitant. Il lui suffisait de contracter ses muscles pour sentir son clitoris pulser violemment entre ses jambes. Par ailleurs, après avoir écarté un peu le brouillard du réveil, elle se mit à frisonner. Sa nuque était trempée de sueur, comme tout son corps.
Au prix d'un ultime effort, elle se faufila sous ses draps pour se garder au chaud et dut bien se résoudre à se finir seule. Compte tenu de son état, la chose fut aisée, quelques coups de doigts et elle s'offrait le bouquet final. Son corps se détendit et elle acheva de se réveiller. Mais la frustration, elle, ne la quitta pas...
Ni quand elle prit une douche brûlante, ni quand elle enfila des vêtements, ni quand elle se mit au travail avec une tasse de thé. La journée pouvait bien passer, son corps pouvait bien s'être calmé, elle ne cessait de penser à cette peau rouge et chaude qu'elle avait quitté trop tôt.
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Ses doigts caressèrent les draps, et il esquissa un léger sourire, en la reconnaissant. C’était bien elle, sa signature, son empreinte. Ses doigts remontèrent le long de la couverture, jusqu’à caresser l’oreiller. Elle avait dormi là la nuit, et, ce qu’il sentait surtout, comme une forte odeur de vin, c’était cette frustration, qui imprégnait l’air. Une frustration palpable pour lui, l’excitant. Il n’était pas dans le même état qu’hier, quand la silhouette éthérée s’était volatilisée, lui volant son orgasme de peu. Il en avait réveillé Morri, la prenant dans son sommeil, ce qui, fort heureusement, n’était pas pour déranger la succube, habituée aux érections surprises de son diable de frère. Mais, cette fois, même elle reconnaissait qu’il avait eu une solide trique,. Il l’avait baisé contre le lit, dans le dos de la femme, une main sur ses cheveux, en grognant et en soupirant. Frustrer un Incube, c’était de l’insolence pure.
Alastar l’avait pisté, grâce à son odeur, comme une sorte de chien, qui filait le désir. Il avait commencé par utiliser sa magie pour repérer la silhouette astrale qui s’était présentée à lui, et pouvoir retracer son origine. Cette étape préliminaire l’avait amené à Seikusu, cette ville magique où Alastar avait de nombreuses amantes, essentiellement des personnes qui gravitaient autour du lycée Mishima. Seikusu était comme une ville entière dédiée au sexe et à la luxure, avec pour épicentre le lycée Mishima. Le Diablotin n’était jamais déçu de ce qu’il y rencontrait. Et là, alors qu’il se promenait dans la ville, il avait poursuivi cette femme, ressentant sa présence.
Le Diablotin s’était rendu chez elle pendant qu’elle était occupée à travailler, et inspectait les lieux. Il était à la fois heureux et déçu de n’y sentir aucune trace masculine. Lei lit ne comprenait que la seule présence de sa mystérieuse amante, une aura douce, parfaite, empreinte de sensualité et de charme, comme se devait de l’être une femme. Alastar reniflait tout ça, et, en repensant à ce qu’elle lui avait fait cette nuit, il réalisa qu’il avait une érection. Il se coucha sur le lit de la femme, se frottant lentement contre ses draps, ses lèvres caressant son oreiller.
« Hmmm... Je te sens, ma chérie. »
Elle s’appelait Cleo, et, à voir la décoration de son appartement, elle travaillait dans le monde du dessin. L’appartement, lui, se situait dans un immeuble, et, en se rendant auprès d’autres personnes, Alastar apprit que la bailleresse de Cléo était une société d’édition spécialisée dans le manga. Il apprit toutes ces informations auprès de la gardienne des lieux, en la prenant dans le salon. Elle, elle était mariée, et ce fut d’autant plus plaisant de la voir succomber à ses charmes. Pour le malheur de ces femmes, Alastar était frustré, frustré par cette Cleo, et ceci avait pour conséquence de renforcer les aphrodisiaques que son corps émettait. Contrairement à une idée reçue, les femmes y étaient autant sensibles que les hommes.
Alastar, une fois ces informations en poche, ressortit dehors, et rejoignit la maison d’édition en question. Étant un Incube, il était doté de magie, notamment de polymorphisme, et changea donc de forme, prenant celle d’un homme à lunettes, rangeant ses cornes, sa queue, et se dotant d’une peau beige. Il se rendit vers la société d’édition, située à un étage d’un grand immeuble, et y pénétra.
Il y avait beaucoup de monde. Alastar se déplaça lentement. Il portait une chemise à manches courtes et un jean, et s’avança le long des bureaux, jusqu’à la voir. Sa belle nymphe. Impossible de ne pas la louper, elle était comme une étoile baignant dans un nuage d’obscurité et de profondeur.
*Aussi belle que ce que je pensais...*
Alastar la mémorisa un peu, puis retourna ensuite chez elle, alors que le soir tombait. Il reprit sa forme normale, mais se dissimula aussi. Elle était entrée chez lui sans prévenir, il était normal qu’il fasse pareil.
Tout ce qu’il attendait, c’était qu’elle revienne de sa maison, et qu’il l’observe un peu, avant de choisir le meilleur moment où se révéler à elle...
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- La jeune femme était en train de finaliser la toile qui lui avait donné tant de peine quand son téléphone vibra sur la table. Personne ne l'appelait jamais en dehors du boulot, elle se pressa donc pour répondre. Posant ses pinceaux avec précaution, s'essuyant les doigts sur un chiffon pour ne pas mettre de peinture sur l'écran tactile, elle s'éclaircit la gorge avant de décrocher.
L'appel ne dura pas longtemps. C'était effectivement ses éditeurs. La galerie pour laquelle elle peignait sa toile avait changé la date du vernissage de l'exposition, et il fallait impérativement que Cleo livre son travail le plus tôt possible. Elle avait alors jeté un oeil à son travail et avait assuré qu'elle l'apporterait en début d'après-midi en venant travailler. On ne lui avait pas fixé de date précise, mais elle savait comment ça fonctionnait au Japon. Si elle voulait continuer à avoir les faveurs de ses éditeurs, il fallait viser l'excellence. Voir mieux encore. Et tout cela dans des délais records. C'était un pli à prendre et beaucoup d'occidentaux n'y parvenaient pas.
Le téléphone de nouveau posé sur la table, la demoiselle s'empressa d'appliquer les dernières couches de peinture là où c'était nécessaire, se retenant d'y rajouter trop de ce rouge qui habitait toutes ses pensées. Et puis elle avait avalé une pomme et s'était préparée pour sortir. Outre son attirail de jeune femme moderne à coup de robe fleurie et de collant bi-matière, elle enfila un large gilet pour couvrir ses épaules le temps du voyage et un chapeau en feutre aux bords excessivement larges. Elle se para de ses pierres protectrices habituelles et tenta une percée en dehors de son nid douillet. Compte tenu de son encombrant paquetage, elle dut se résoudre à gagner son agence à pied, ce qui la soulagea. Prendre le métro était à chaque fois une épreuve qu'elle ne se sentait pas d'affronter dans son état.
Elle arriva sur son lieu de travail sans heurt et remit son tableau à qui de droit. Le reste de l'après-midi se passa à une lenteur infernale. Cleo aida à organiser les placements de ses oeuvres pour l'exposition, un vrai casse-tête, puis elle se posa à son bureau et passa son temps à encrer des planches. Un travail laborieux et ennuyant au possible, surtout quand il fallait s'occuper des paysages pour un autre projet que le sien, mais c'était parfait pour la journée. Elle n'avait pas besoin de réfléchir pour reproduire ces gestes qu'elle connaissait par coeur, donc son esprit pouvait digresser tout à son aise. Mais est-il vraiment utile de préciser sur quoi il s'attarda ? Les scènes qu'il répéta en boucle comme un vieux disque rayé ?
Il lui arrivait rarement de développer une telle obsession pour un rêve. Mais les quelques fois où c'était arrivé, elle n'avait eu qu'un seul moyen de s'en débarrasser et de passer à autre chose : ancrer les images qui défilaient dans son crâne dans sa réalité. Il fallait qu'elle le dessine.
Et c'est avec cette idée fixe qu'elle laissa les heures passer et qu'elle s'empressa de gagner son appartement dès qu'elle le put. Son premier réflexe, après avoir verrouillé la porte derrière elle fut d'envoyer valser ses vêtements. Elle enleva tout à une vitesse fulgurante, ne gardant que ses sous-vêtements d'un beau bleu électrique. Son reflet dans le miroir accroché à la porte de la salle de bain lui tira un sourire. Puis le rituel se poursuivit, elle récupéra ses habits pour les mettre en boule près de son lit, attrapant au passage son short de pyjama, ses chaussons et un gilet pourri, aussi vieux et moche que doux et coloré qu'elle passa sur ses épaules sans le fermer. Tellement plus confortable...
Le petit bout de femme s'activait dans son appartement, la tête dans les nuages, sans se douter une seule seconde de ce qui rôdait chez elle. Elle allait et venait, butinait ici et là pour allumer un ordinateur portable dans sa pièce principale, lancer la bouilloire en préparant une boule de thé pour mettre dans la théière, retournait dans son atelier pour débrancher sa tablette graphique et la branchait sur le portable, attrapait un paquet de gâteaux apéritifs qui serait son seul repas. Bref, elle préparait tout dans un dernier effort pour pouvoir se concentrer sur son dessin. Mais elle accusait le coup de la fatigue et se résolut à utiliser une des nouvelles pierres qu'elle avait acquise. Elle l'attacha au bout d'une longue chaîne qu'elle glissa autour de son cou et pressa quelques instants la pierre contre son plexus solaire. Un simple grigri pour beaucoup d'humains. Une véritable magie pour elle. Sous ses doigts la pierre pulsa doucement et irradia contre sa peau, lui transmettant un peu d'énergie. Et elle coinça l'opale de feu dans son soutien-gorge pour conserver le contact de la pierre et les bénéfices qui allaient avec.
Il ne lui restait plus désormais qu'à poser ses fesses sur sa chaise, étendre ses jambes sur le bureau pour poser la tablette dessus et commencer son dessin. Cleo faisait face au mur malgré sa position, l'oeil rivé sur son écran où apparaissait peu à peu un visage familier. Rapidement, elle décida de mettre de la musique pour aider à sa concentration. L'ébauche avançait assez vite, témoignant d'une certaine avidité, un empressement très semblable au comportement de sa projection éthérée. Sur son visage, quand elle ne grignotait ou ne buvait pas, un petit sourire espiègle illuminait ses traits fatigués. She's in love with the devil. She's in love with Lucifer... crachait un chanteur à travers le son discutable du pc. Une rengaine de circonstance quand on voyait avec quel entrain la demoiselle faisait apparaître sur son écran ce qui restait de son rêve et son interprétation. Le travail n'était pas aussi appliqué qu'il pouvait l'être à l'accoutumée, mais ce n'était pas la perfection qu'elle recherchait. C'était simplement un visage, une image à laquelle s'accrocher pour évacuer la frustration.
Il lui fallut deux bonnes heures pour que le démon (http://img15.hostingpics.net/pics/252339colo.jpg)1 apparaisse enfin, sa peau rouge embrasant l'écran. Cleo lâcha son stylet et s'étira longuement. Elle contempla son travail avec satisfaction, délogeant son matériel pour se lever. Elle grimaça un peu en sentant des fourmis remonter dans ses jambes et la faire vaciller un instant alors qu'elle se levait. Fourbue mais joyeuse, elle se servit une dernière tasse de thé, laissant un côté de son gilet choir mollement le long de son bras pour dévoiler une épaule.
1. Réalisé par Melissa Findley (http://melissafindley.deviantart.com/gallery/) (et colo vite fait avec mes petites mimines)
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Alastar aimait ces moments. Ces moments où, seul dans un appartement qui n’était pas le sien, qui était celui d’une fille, il découvrait leur intimité. À sa manière, il la partageait, et en apprenait énormément sur Cléo. Tel un amant jaloux et possessif, il explora tout, surtout ses affaires. L’Incube renifla chacune des culottes de la femme, à la recherche de cette délicieuse odeur de sexe, cette odeur que l’être démoniaque pouvait continuer à percevoir, même après que les vêtements soient nettoyés. Il s’enivrait de l’odeur de cette femme, voyant sa passion pour les dessins, pour la représentation graphique. Cette exploration silencieuse qu’il fit de son petit appartement, c’était une vraie rencontre, une manière de la découvrir, sans tabous et sans artifices. L’odeur de l’homme était inexistante, que ce soit dans sa chambre, sa salle de bains, son salon… Elle était célibataire, semblable à un magnifique fruit mûr prêt à se faire cueillir.
Le facétieux démon resta néanmoins sage. Il repensait à cette nuit torride, ce qui l’amena à devoir soulager sa frustration. Chez lui, le désir sexuel naissait vite et fort, comme une tempête qui éclaterait du jour ou lendemain. Et, en étant là, dans le refuge de cette femme, il sentait cette tempête venir, durcissant sa virilité. Néanmoins, faute de pouvoir se détendre sur elle, il alla voir une bienheureuse voisine.
Quand Cléo finit par revenir, Alastar était là, et tout en la reluquant (c’était à croire que, inconsciemment, Cléo voulait attiser son désir), il constata que, effectivement, un puissant pouvoir magique se dégageait d’elle. Lorsqu’elle posa une pierre magique contre son corps, Alastar vit ce dernier s’illuminer, sa silhouette magnifique, de celle dont on faisait les rêves, se recouvrant d’innombrables arabesques et fresques.
*C’est… C’est fascinant. Quelle merveille, quelle beauté !*
Le brave Incube en était tout secoué. Une véritable nymphe de magie, qui étincelait comme un phare, avant que la pierre ne se calme, et qu’elle ne se déplace. Tout simplement fasciné, le Diablotin la suivait silencieusement, sa magie étouffant ses bruits de pas. C’est ainsi qu’elle continua à travailler, en laissant de la musique défiler dans la pièce. Alastar, lui, était là, observant son visage, sa chevelure, réfléchissant à tout ce qu’il allait lui faire subir cette nuit. Il était sûr que c’était elle. Là, si proche d’elle, elle ne pouvait pas mentir. C’était sa présence qu’il ressentait, cette silhouette éthérée qui était venue le troubler pendant la nuit.
C’est avec un sourire amusé qu’il constata, outre les talents de la femme, l’image qu’elle venait de faire.
*Ciel, mais c’est moi ! Diable, que je suis beau !*
Visiblement, le « rêve » de Cléo l’avait marqué, et elle se redressa à nouveau, filant vers sa cuisine, où elle avait fait bouillir du thé. Elle avait mis sur son corps un gilet informe et laid, une sorte d’infâme serpillière, qui, heureusement, n’avait pas dissimulé son soutien-gorge bleu, mettant superbement en valeur sa lourde et belle poitrine. Si la projection astrale qu’Alastar avait vu avait représenté une silhouette féminine sans forme précise, il devait bien reconnaître, en ayant la femme sous le nez, qu’elle était vraiment de toute beauté. Une splendeur comme on en faisait rarement, et, de surcroît, rousse.
Le Diablotin réfléchit un peu, puis finit par avoir une idée, et se déplaça hors de la cuisine, en venant s’installer devant la tablette de la femme. Il claqua alors des doigts, un son qui se répercuta dans tout l’appartement, tout en éteignant la musique, et se matérialisa, sous sa forme usuelle, observant la tablette… Et, quand la femme s’approcha, il releva la tête en lui souriant.
« J’aime particulièrement la manière dont tu as représenté mes cornes… Cléo. »
Alastar se leva alors, et sa longue queue caudale apparut derrière lui, glissant et remuant sur le sol.
Il n’en disait pas plus sur le coup, attendant de voir sa réaction.
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- Le clapotis de l'eau infusée qu'elle versait dans sa tasse l'absorba suffisamment pour qu'elle ne remarque pas l'arrêt pourtant brutal de sa musique. Ce fut en reposant la théière vide sur le bord de la table que l'absence de bruit l'interpella. Elle aurait juré que le morceau en cours n'était pas fini... Oh si c'était encore du à une coupure de courant, son fournisseur d'accès en entendrait parler. Cela arrivait très régulièrement ces derniers temps, depuis qu'elle avait défié une déesse des sciences en vérité, ignorant tout de son caractère divin, mais elle était de toute façon trop fatiguée pour faire le rapprochement.
Elle n'aspirait qu'à boire sa tasse tranquillement, écouter quelques morceaux de musique entêtants qui lui donneraient l'impression de planer, et se perdre dans la contemplation de son dessin. Une dernière fois. Une dernière fois avant de le dompter et de ne le ressortir qu'au moment de dormir, en espérant qu'il apparaisse de nouveau dans ses songes pour d'autres nuits de folie.
Elle sortit de sa cuisine, les yeux rivés sur sa tasse, avançant à pas veloutés pour ne rien renverser. Mais sa concentration vola en éclat après trois pas dans sa pièce qui tenait lieu à la fois de salon et de chambre.
« J’aime particulièrement la manière dont tu as représenté mes cornes… Cléo. »
Il n'avait pas fini sa phrase que la délicate demoiselle sursauta furieusement, et sa crispation fit déborder son thé qui lui brûla le bout des doigts en lui tirant un couinement plaintif. La tasse tomba à ses pieds, la faisant sautiller en arrière pour éviter de se brûler davantage. Cleo sentait son coeur tambouriner contre sa poitrine alors que l'adrénaline la pétrifiait à l'instant où elle comprit qu'il y avait quelqu'un chez elle, un homme qui lui parlait. Juste devant elle. Près de son ordinateur. Et il n'avait que quelques pas à faire pour lui tomber dessus.
Luttant contre la tétanie, elle recula de plus belle, heurtant un mur en refermant son affreux gilet d'un geste tremblant et empressé qui trahissait sa nervosité à peu près aussi bien que la crispation de son visage et que son oeil vert, la seule parcelle de son corps épargnée par les lignes de symboles, brillant d'un éclat farouche. Elle se sentit prise au piège un instant, cherchant déjà comment se protéger d'une éventuelle agression. Gagner la cuisine pour se saisir d'un couteau ou filer vers sa collection de pierres et libérer la magie des plus puissantes ? Elle avait de quoi empêcher n'importe qui de l'approcher, de quoi assommer une personne mal intentionnée aussi, mais aurait-elle le temps de s'en saisir ?
Et puis un détail pourtant imposant la frappa. La peau de l'homme. Elle était rouge. Aussi rouge que son dessin sur l'écran, juste à côté de lui. Aussi rouge que la sienne dans le rêve. Cleo se calma aussitôt et détailla plus attentivement l'intrus. Outre la peau rouge, il avait les petites cornes qu'elle avait touché avec curiosité, les yeux percutant où elle s'était perdue, et plus bas, la queue caudale qui... Elle se sentit rougir à travers sa confusion tandis que les souvenirs de son rêve s'imposaient à elle. Et puis elle se sentait un peu bête aussi de cacher son corps sous son gilet miteux alors qu'il le connaissait déjà. Pourtant, elle n'arrivait pas à se convaincre de décroiser les bras et de laisser le tissus s'ouvrir de nouveau sur son buste, sur sa maigre poitrine dansant au rythme des coups féroces de son coeur.
-Je ne rêve pas, n'est-ce pas ?
Sa voix s'étranglait dans sa gorge. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qui se passait. Ca n'était pas logique. Ca n'était même pas possible ! Son cerveau d'humaine lui criait toute l'incohérence de la scène, essayait de la convaincre qu'elle hallucinait. Mais en vain. Sa tête pouvait bien essayer de la faire tourner de l'oeil, rendre ses jambes aussi résistantes que du coton la forçant à s'appuyer contre le mur pour ne pas tomber, une autre pulsion sortie d'elle ne savait où lui assurait que tout était réel et qu'elle n'était pas folle.
Insensible à toute la confusion de Cleo, la tasse cessa de rouler sur le parquet qui commençait à boire le thé chaud.
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Pas de hurlements paniqués et de fuite à toute allure, mais une tasse qui heurta le sol, déversant tout son contenu sur le tapis, formant une belle tâche. La jeune femme semblait tellement surprise, tellement estomaquée, qu’elle ne réalisa même pas qu’un peu de thé avait heurté l’une de ses mains. Elle se recula, heurtant le mur, et tenta vainement de dissimuler ses formes avec son gilet. Alastar, lui, restait pour l’heure à bonne distance, le temps qu’elle s’accommode. Il ne venait pas en ennemi, il ne voulait pas lui faire peur. Il voyait le beau regard de la femme, ses yeux vairons détaillant sa silhouette, oscillant de ses cornes à sa queue caudale, pour revenir sur ses cornes. Elle ne semblait plus savoir quoi dire, comme si elle avait perdu toute sa verve. La provocation de sa projection éthérée était très discrète ici. Elle ne jouait plus avec lui, elle essayait de comprendre.
Elle finit néanmoins par parler, d’une voix étonnée, mais adorable. Alastar sourit alors, et se rapprocha, comprenant que, maintenant qu’elle venait de parler, elle ne hurlerait pas. Il la rejoignit rapidement, et sa main caressa l’une de ses joues, ses griffes glissant doucement sur sa peau, s’enfouissant dans quelques mèches de cheveux. Il huma son odeur, très proche d’elle, chose qu’il n’avait pas encore pu faire de la journée, par peur de se faire repérer par elle. Sa queue caudale se déplaça presque d’elle-même pour caresser les magnifiques jambes de la femme, des jambes que plus rien ne protégeait. Sa peau était d’une douceur exquise, et il lui répondit rapidement :
« Je suis un rêve, Cléo... Ton rêve, devenu réalité. »
Sa main descendit de la joue de la femme, et se posa sur l’un de ses poignets, et son autre main apparut également, et, lentement, mais avec une poigne qui trahissait sa force, il l’amena à écarter les mains, et en releva une, celle qui avait été atteinte par le thé.
« Hum... Je ne voulais pas que tu te fasses mal. Désolé... »
Alastar se pencha vers les doigts de la femme, et les suçota alors, relevant ses beaux yeux bleus pour croiser son regard avec celui de la femme, tout en nettoyant ses doigts. Sa langue fila sur eux, et il les suça avec amour et tendresse. Il les relâcha ensuite, et posa ses mains sur les épaules de la femme, les déplaçant, s’en servant pour écarter les pans de son gilet, et ainsi le faire tomber. Le vêtement tomba mollement sur le sol, et, pendant ce temps, la queue caudale de l’Incube, elle, remontait le long de l’une de ses jambes.
Il découvrait son corps, calmement, en ne lui offrant aucune échappatoire. Hier, c’était elle qui était venue le voir, et là, il inversait les rôles. Un fin sourire éclaira ses délicieuses lèvres, et il approcha sa bouche de la sienne.
« Pourquoi être si surprise ? Je t’avais dit que je te retrouverais, non ? Crois-tu que tous tes rêves soient condamnés à ne jamais pouvoir te surprendre comme tu les surprends ? Crois-en mon expérience, il n’y a peu de choses au monde qui soient plus agréables qu’un rêve qui décide de se réaliser... »
Sa main se posa doucement sur le menton de la femme, le coinçant entre deux de ses doigts, et il l’embrassa alors, tout en déplaçant son autre main, pour la poser sur l’une des côtes de la femme, s’appuyant dessus. Les lèvres de l’Incube, taillées pour les baisers, se collèrent contre celles de la femme, et il ferma les yeux pendant quelques secondes, venant savourer le goût de sa salive, la plaquant contre le mur en appuyant de son torse contre le sien.
Avec Alastar, on s'embarrassait rarement de formalités.
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- Il lui souriait. Il s'approchait. Elle ne savait pas quoi faire, alors elle ne fit rien. Elle le suivit juste du regard, un regard qui se teintait d'appréhension plus il se rapprochait. Il venait pour la toucher, elle le savait, et elle avait envie que cela arrive car c'était le seul moyen de s'assurer qu'il était réel. Mais ça l'effrayait en même temps. Son corps avait assimilé le contact physique à la douleur, chaque fois que quelqu'un la frôlait ou lui serrait la main, elle devait lutter pour passer outre les sensations douloureuses que ça lui procuraient. C'était éreintant. Mais ce soir-là, elle n'arriva pas à s'écarter. Elle n'en avait même pas vraiment envie. Alors elle se prépara au choc, son corps se raidissant à mesure que la distance entre eux disparaissait.
Quand il posa une griffe sur sa joue, Cleo ferma les yeux, le visage déjà déformé par une douleur qui ne se profila jamais. Il lui sembla la sentir, mais ce n'était qu'un frisson, et la chaleur qui frappait sa peau froide ne la brûlait pas vraiment. Elle ouvrit les yeux, toujours aussi médusée, pour voir cet être rouge qui la dominait de sa taille un instant plus tôt, penché sur elle, lui caressant les cheveux avec beaucoup de douceur. Il semblait particulièrement attiré par le creux de sa gorge, entre ses clavicules, juste au-dessus du tissus refermé, l'endroit où elle déposait chaque matin quelques gouttes de son parfum. Il sentait le bonbon à la rose, une odeur qui lui convenait tout à fait : à la fois douce et sucrée, assez subtile pour ne pas embaumer sur son passage, mais assez commune pour être discernable.
Elle sentit son coeur s'affoler de nouveau avec la proximité. Elle repensait à son rêve et à la possibilité qu'elle avait de le rejouer, en vrai. Quand le diable prit à nouveau la parole, sa voix grave acheva de la faire chavirer. C'était lui. Il n'y avait aucun doute. Mais elle était trop déconcertée pour sourire, pour laisser éclater sa joie et la myriade d'autres émotions qui déferlaient sur elle. Dans un rêve, elle lui aurait sûrement sauté au cou en riant pour l'étreindre de toute ses forces.
-Je n'ai pas cette capacité. Je ne peux pas matérialiser mes rêves...
Le constat fit germer les restes de ses inquiétudes, immédiatement balayées par les excuses qu'il lui présenta. Aussi réactive qu'une poupée de chiffon, elle le regarda relever délicatement sa main meurtrie et laper les dernières gouttes de thé, maintenant froides, les remplaçant par une salive tiède. Allait-il lui mordiller les doigts comme elle l'avait fait avec son pouce la nuit passée ? L'idée la fit frémir, mais elle s'estima heureuse qu'il n'en fasse rien, lui laissant le temps de reprendre un peu ses esprits.
-Ce n'est rien, bafouilla-t-elle en battant des paupières pour chasser le trouble qui l'habitait.
Quand il lui prit les poignets pour les écarter, elle résista un peu, un réflexe qui fut sans effet manquant de toute façon de conviction, mais qui lui donna un aperçu de la force de cet homme qu'elle avait désiré si ardemment toute la journée.
Les pans de son gilet retombèrent le long de son corps, dévoilant son petit coeur battant à tout rompre sous la peau d'albâtre que le bleu intense du soutien-gorge rendait presque irréelle. Et puis les paumes délicieusement chaudes recouvrirent ses épaules de leur largeur masculine et le gilet chut, transformé par ce geste en simple serpillière. Un rôle qui lui allait à merveille.
« Crois-en mon expérience, il n’y a peu de choses au monde qui soient plus agréables qu’un rêve qui décide de se réaliser... »
Pour ça, elle le croyait volontiers. Après tout, elle en faisait justement l'expérience. A cet instant, elle prit conscience des caresses sur sa jambe. La queue caudale remontait lentement sur sa cuisse, comme mue par une envie de jouer, d'agacer sa peau tendre. Cleo continuait à se faire manipuler, assimilant partiellement la situation, incapable de trop réfléchir sous le regard implacable du démon. Elle continuait aussi à avoir peur. Elle ne savait pas bien de quoi en revanche. Mais cette peur qui lui nouait le ventre l'empêcha d'apprécier pleinement le baiser que l'homme imposa à ses lèvres.
Le trouble de la jeune femme devait être amusant à voir, d'un point de vue extérieur. Un instant, elle soupirait, s'enivrant du contact de la bouche contre la sienne, de la main sous son sein qui l'empêchait de tomber et du torse qui lui communiquait sa chaleur; mais l'instant d'après, la panique la gagnait et elle prenait conscience que le baiser lui était imposé, que la main l'acculait contre le mur, que l'homme la forçait.
Rassemblant ce qu'il lui restait de lucidité, elle s'arqua légèrement pour permettre à sa main de trouver une place sur le torse musculeux et y imprégner une pression. Cleo n'essayait pas de se libérer de toutes ses forces, elle lui demandait de reculer, de la laisser respirer. Et elle faillit pleurer de joie et de nervosité quand elle sentit ses doigts sur la peau rouge. Elle pouvait le toucher, donc il existait bel et bien, c'était la preuve qu'elle n'hallucinait pas. Fantastique ! Et terrifiant...
-S'il te plaît... arrête.
Sa voix tremblait un peu témoignant du besoin presque vital qu'elle éprouvait de se séparer de lui, et son ton était désolé. Elle se sentait presque coupable de le repousser, ne voulait pas le contrarier. Ce n'était pas par crainte de représailles puisqu'il ne l'effrayait pas vraiment, mais par sollicitude. Un simple, sincère et candide remord.
Dans ses yeux, on pouvait voir qu'elle n'avait pas l'intention de le repousser comme ça toute la soirée mais là, tout de suite, elle avait besoin de se reprendre, d'apaiser ses craintes qu'elle ne comprenait pas, et elle ne pourrait pas le faire s'il continuait à l'assaillir comme ça.
- S'il te plaît, elle répéta en le fixant dans les yeux. Juste une minute.
Subir le yoyo émotionnel qu'elle subissait était épuisant. Il devait bien le sentir, elle était fébrile malgré son corps tendu contre le sien. La petite opale de feu cachée au bout de la chaînette était d'ailleurs la seule barrière qui empêchait une sacrée migraine de lui vriller les tempes.
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Il l’embrassait, il la dominait, il la serrait contre lui. La belle jeune femme était comme une paire de deux se dressant face à un rouge flush royal. Il aurait pu la prendre, là, tout de suite, la retourner contre le mur, s’enfoncer violemment en elle, la faire hurler. Elle était venue le voir, elle l’avait invitée chez elle. Alastar n’aurait pas attenté à son propre honneur s’il l’avait prise ainsi, car elle avait conclu avec lui un pacte. Un pacte tacite, une caresse de son âme appelant le démon rouge à la retrouver. Et le beau diable s’était exécuté. Alors, oui, il aurait pu la forcer, mais il n’en fit rien. Tandis qu’il l’embrassait, ce n’était pas de la fausse résistance qu’il ressentait, cette fausse et hypocrite pudeur, cette hypocrisie féminine typique qu’il connaissait si bien (ces cris de jeune gazelle effarouchée devant un comportement sexuel prétendument scandaleux, alors qu’elles bavaient sur ce qui arrivait), mais, tout simplement, de l’incompréhension. Que faisait-il là ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? L’esprit humain, si apte à aimer la poésie et le mystère, avait en réalité peur de l’inconnu, et, plus que de poésie, avait surtout soif de raison et de logique.
Alastar s’écarta donc, non sans conserver, sur ses lèvres, un délicieux sourire.
« Hm… Une minute alors, mais pas plus. Je vais en profiter pour nettoyer ton tapis. Il ne faudrait pas le laisser se salir, n’est-ce pas ? »
Serviable, il s’écarta alors d’elle, et fléchit les genoux, puis posa sa main sur la surface de thé, là où une tâche de thé était présente… Puis sa magie jaillit autour de lui. La pierre de Cléo sembla alors réagir, comme si elle bourdonnait à la présence de la magie, puis, le long du tapis, de fines particules liquides se détachèrent, suivant la main d’Alastar, particulièrement ses doigts, tandis qu’il se relevait. Les particules le suivaient, flottant dans l’air derrière ses doigts, comprenant tout le thé de la femme, puis formèrent, de manière incroyable, une sphère liquide devant lui. Une boule qui flottait dans l’air, et qu’Alastar éclata, la dispersant en un léger nuage de gaz.
« Voilà… Désolé, je n’ai jamais aimé les aspirateurs. Une fois, la voisine du haut m’avait réveillé, alors que je ressortais d’une nuit pleine d’énergie avec deux sœurs australiennes. Des jumelles chaudes come un volcan. Je te garantis que la ménagère l’a senti passer, on ne réveille pas un Incube impunément. »
Plus question de jouer, maintenant, vu comment Cleo était perturbée. Alastar marcha alors un peu, tournant brièvement le dos à la femme, ce qui lui permit de voir que sa queue caudale n’était pas un aretifice, mais qu’elle était un véritable organe, plantée dans son bassin, ondulant le long de ses mouvements.
« Tu es venue me voir cette nuit, Cléo… Tu t’en souviens, n’est-ce pas ? Tu pensais rêver, mais… Eh bien, je ne suis pas une chimère issue de tes songes, non. J’existe… Bel et bien. Tout ton être respire et transpire la magie, Cléo. Je suppose que cette dernière se manifeste quand tu dors, car ton inconscient prend le pas. »
Alastar se déplaça encore un peu, et s’assit sur le rebord de la table de travail de la femme.
« Je suis un démon, Cléo. Et, en venant me voir, en m’offrant ton âme, tu as conclu un pacte avec moi. Sois heureuse, beaucoup de mes congénères auraient utilisé ce pacte comme un prétexte pour abuser de toi. »
Le Diablotin, qui avait visiblement bien du mal à rester en place, avança à nouveau, et lui fit une petite révérence, une délicieuse singerie, comme une plaisanterie pour détendre l’atmosphère.
« Détends-toi, tu n’as rien à craindre de moi. Enfin… Tout dépend de ce qu’on entend par là, bien sûr. Ce qui est sûr, ma chérie, c’est que tu as décroché le gros lot. Tu viens d’inviter un Diablotin dans ta vie, et je vais adorer m’y immiscer ! Tu es mon rêve… Et je suis le tien. »
-
- -Merci...
Pour le thé ou pour l'avoir lâchée, à lui de juger. Sans doute les deux.
Quoi qu'il en soit, il lui sourit d'un sourire communicatif qui la poussa à forcer ses lèvres à s'étirer à leurs tour dans un mélange de gêne et de gratitude. Nul besoin de feindre la force avec lui, de chercher à lui mentir. En cet instant, elle était faible et ne se sentait nullement diminuée de le reconnaître, de lui demande de comprendre, de faire avec. Il avait gentiment accepté et elle lui en était reconnaissante. Il n'y avait pas grand chose à dire de plus.
Cleo n'avait sûrement pas le physique de la femme parfaite avec son oeil aveugle dont la pupille disait merde à l'autre, ni même le caractère idéal, mais au moins elle n'essayait pas d'être ce qu'elle n'était pas, acceptant son sort avec une certaine simplicité. Si faible d'ailleurs qu'elle dut se retenir de rappeler le diable pour combler le vide béant et froid, comme une coque de glace, qui se refermait sur sa peau. Elle frissonna et referma machinalement les bras en se laissant glisser contre le mur, les jambes pliées contre son buste. Machinalement, elle reprit son gilet-serpillière et le posa sur ses épaules sans enfiler les manches, juste pour se réchauffer, sans vraiment chercher à se camoufler de nouveau.
*Ca fait beaucoup d'émotions en une seule journée...*
Mais son coeur commençait à ralentir la cadence et lui permit bientôt de retrouver une respiration profonde. Emplissant ses poumons de grandes goulées d'air, elle écouta avec beaucoup d'attention les réponses que le diable lui apportait. Pouvait-il lire directement dans ses pensées ? Quelque part, qu'il puisse anticiper la moindre de ses envies la rassurait. Comme ça il ne pourrait pas se fourvoyer même si elle se montrait maladroite. Ce qui lui arriverait sûrement encore.
Ainsi, il lui expliqua tranquillement qu'ils avaient un pacte parce que ce qu'elle avait pris pour un rêve n'en avait pas été un et qu'elle avait déjà couché avec lui, en quelque sorte, la nuit passée. Ou du moins son âme l'avait-elle fait. Soit... Elle avait quelques doutes sur la véracité concernant le pacte, après tout, elle n'avait rien signé, rien demand... Ses pommettes rougirent subitement et elle enfouit son visage dans ses mains. Joue avec moi. Elle se souvenait l'avoir dis, l'avoir pensé. Un petit rire lui échappa et elle s'excusa mentalement d'avoir remis en doute les paroles du démon. Elle commençait à comprendre maintenant. C'était fou, mais elle y croyait volontiers.
-De la magie en moi ? C'est vrai que je peux contrôler mes rêves la plupart du temps. Mais c'est grâce à mes géodes d'améthyste.
Elle lui désigna du doigt les deux blocs posés autour de son lit, coincés entre deux géodes aux pierres blanches et translucides : des cristaux de roche. La combinaison lui assurait des rêves lucides et criant de vérité, en plus d'une puissante protection mentale. Mais en observant elle-même ses roches, elle remarqua que l'une d'elle était complètement saturée, ce qui expliquait la faille qui avait permis au démon de la retrouver, de lier son pacte. Elle n'avait pas été suffisamment prudente et ne s'en rendait compte que maintenant... Un nouveau frisson la parcourut quand elle repensa au début de son rêve.
-Si la magie court vraiment en moi, alors elle s'exprime à travers mes pierres.
Et en fait, ça tombait sous le sens, maintenant qu'il lui disait. N'avait-elle pas toujours pu activer leurs propriétés d'un simple contact ? Ca n'allait donc jamais s'arrêter ! En quelques minutes, ça faisait beaucoup de choses à assimiler. Le débarquement d'un démon dans son salon, qu'elle avait cru n'être qu'un rêve palpitant et qui se tenait juste à côté de son portrait numérique, un pacte qui le liait à lui en des termes qu'elle ignorait mais dont elle devinait l'issue à court terme et puis maintenant qu'elle était douée de magie et que c'était ça qui lui permettait de jouer avec ses petits cailloux.
*Bon sang quelle soirée !*
« Sois heureuse, beaucoup de mes congénères auraient utilisé ce pacte comme un prétexte pour abuser de toi. »
Heureuse, elle l'était. Et pour pleins de raisons mais s'il ne fallait en citer qu'une qui pouvait englober toutes les autres, c'était de l'avoir lui, devant elle, en chair et en os. Il l'avait fasciné quand elle était endormie, mais elle était juste joyeuse, contente, enjouée, qu'importe le terme utilisé, qu'il soit venu la voir.
Cleo acheva de se calmer, accueillant avec bonheur l'instant où son angoisse se dissipa en lui rendant la souplesse de son corps et la solidité de ses jambes. L'air malicieux de sa projection apparut enfin sur son visage tandis que le diable lui offrait une courbette en continuant à la rassurer. Ca le rendait un peu grotesque et il n'en fallait pas plus pour l'amuser, faire de nouveau pétiller son regard.
Elle finit par se relever et fit quelques pas dans la pièce pour balancer son gilet sur le petit tas que formait ses vêtements du jour, de l'autre côté du lit. Elle n'avait pas l'intention de contrarier son visiteur en conservant ce vieux machin qu'il s'était empressé de lui retirer. Et puis se tourna vers lui, sereine désormais. Elle s'offrit à sa contemplation, comme si elle attendait un compliment, ou une remarque, quelque chose de sa part.
-Je te fais confiance.
Elle parla simplement, de sa voix scintillante, en le fixant droit dans les yeux. Qu'il soit un démon ne l'inquiétait pas. Avec son éducation chrétienne, elle aurait du s'en méfier, tout faire pour s'en protéger mais elle ne croyait ni en dieu, ni en rien d'autre que sa propre magie. Démon, ce devait être simplement le nom donné à quelques créatures magiques, et rien de plus. La vie après la mort et les considérations du même ordre, elle était trop jeune pour s'en soucier. Et une autre échéance l'attendait. Elle avait mis plus d'une minute à se calmer, à écouter, à assimiler. Et elle avait promis en le remerciant que son caprice ne durerait pas longtemps.
Doucement, elle franchit la distance qui les séparait, son opale de feu effaçant les dernières traces de sa fatigue de son corps, et retourna se blottir contre lui. Sa chaleur l'irradia de nouveau quand elle se hissa sur la pointe des pieds pour passer ses bras autour de son cou. Elle le serra un peu en soupirant d'aise, mais ne s'aventura pas plus loin. L'esprit de Cleo ici, était contenu dans son corps, un corps fragile d'humaine qui lui interdisait de s'exprimer avec autant de fougue et d'insouciance que lorsqu'il se promenait seul, pendant un rêve. D'autant plus que ce corps n'avait jamais connu d'homme. La jeune femme resta donc très sage, découvrant avec douceur ce que ça faisait d'étreindre quelqu'un, de sentir une autre peau que la sienne sous ses mains.
-Dis, tu connais mon nom, mais je ne connais toujours pas le tien. Tu veux bien me le dire ?
Elle chuchota sa question au creux de l'oreille du démon.
-
Des pierres magiques… Alastar les avait perçus lors de son inspection. Mais Cleo se trompait. Pourtant, les humains le savaient. C’était l’un d’eux qui avait posé la loi de conservation de la masse, le principe de Lavoisier, qui lui-même la tenait des philosophes grecs : rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme. Toute la matière, quelle qu’elle soit, qu’elle puisse être, était déjà là, existant en devenir dans les prémices de l’Univers, quand toutes les réalités n’étaient qu’un nexus commun, une boule d’énergie dépassant l’entendement humain. Autrement dit, la magie de Cleo n’était pas le fruit de ses gemmes, mais avant tout d’elle-même. La magie était présente en tout être, mais à des degrés différents. Chez cette femme, sa magie semblait être refoulée, et Alastar se demandait quel rôle ces gemmes avaient. Servaient-ils à amplifier ses pouvoirs, ou, au contraire, à les atténuer ? Alastar aurait davantage penché pour la seconde possibilité, car il était très rare qu’une simple humaine, a fortiori sans aucune formation magique soutenue, puisse se projeter ainsi à travers les dimensions.
En fait… C’était même tout à fait unique.
*Ces pierres servent à te dissimuler, ma doucereuse… Elles sont les geôliers invisibles de ton existence. Crois-moi, bien des gens tueraient pour pouvoir t’étudier et t’exploiter. Si je parlais de tes pouvoirs magiques à ma sœur, elle se ruerait sur toi pour faire de toi une soldate… Mais moi, il n’y a que ton cul qui m’intéresse.*
Néanmoins, il était intéressant de se demander de quoi cette femme était réellement capable. Jusqu’où ses pouvoirs pouvaient-ils s’étendre ? Des questions qui auraient bien rapidement des réponses. La jeune femme, passée la torpeur, finit par avoir, sur le visage, cet air mutin et délicieux qu’il avait discerné cette nuit, et qui provoquèrent en lui une doucereuse excitation. Alastar était un homme à femmes, quelqu’un qui, à sa manière, respectait et honorait le beau sexe.
Elle retourna contre lui, et il l’enlaça, tendrement, fermement, ses mains se nichant dans son dos, caressant sa longue chevelure de feu, sentant, avec plaisir, les rondelettes bosses de ses seins s’enfoncer dans sa poitrine. Ensemble, ils avaient conclu un pacte. Nul besoin de signer pour en faire un. Comme les humains, les démons préféraient un papier bien signé, mais la parole était d’or. Il frémissait au contact de cette femme, reniflant cette odeur, une odeur pure, comme si nul homme ne l’avait souillé depuis… Longtemps.
« Hum… Mon nom ? »
Il embrassa la femme sur le front. Elle avait beau sourire et la regarder de manière mutine, elle faisait encore preuve d’une timidité très humaine.
« Je m’appelle Alastar, Cléo… Alastar Magoa, car j’appartiens au clan Magoa, dont je suis l’un des émérites représentants. Je suis même le petit-frère de la Matriarche de mon clan, Onyxian Magoa, une puissante succube… Qui prend un malin plaisir à me battre et à me torturer. »
Il lui sourit alors, comme pour essayer de la détendre. Dans un monde baigné par la foi religieuse et la propagande angélique, les démons étaient vus comme des êtres cruels et imbuvables. Bon, certes, beaucoup l’étaient, mais Alastar, lui, était sympathique. Il embrassa à nouveau la femme, cette fois sur la tempe.
« Les démons sont comme les humains. Il y en a des mauvais, et il y en a des gentils. Là où nous nous différencions de votre espèce, c’est parce que nous sommes honnêtes, nous. »
Alastar apposa son nez contre sa joue, la caressant doucement, tandis que ses mains, elles, continuaient à gratter et à caresser son dos.
« Ne je ne mens jamais, moi… Tu peux donc m’appeler Alastar, mais il y a un surnom que j’aime bien… »
Sa queue caudale se déplaça encore un peu, remontant le long de la jambe de la femme, s’entortillant un peu dessus.
« …On m’appelle aussi le Diablotin. »
-
- Il l'enfermait dans la prison de ses bras et cette fois, elle fut heureuse de s'y trouver. Comme il la tenait, elle pressentait qu'elle n'aurait pas pu s'échapper si elle avait essayé, mais elle n'en ressentait ni l'envie, ni le besoin. Il faut dire qu'il se montra beaucoup moins empressé, moins conquérant, plus attentionné envers le petit bout de femme qui le questionnait. Ce changement subtile dans son comportement ne passa pas inaperçu, rassurant davantage la jolie Cleo sur sa décision. Non, vraiment, elle n'avait rien à craindre de lui. Sa force pouvait bien être infiniment supérieur à la sienne, il ne l'utiliserait pas pour lui faire de mal. A tord ou à raison, elle en était convaincue.
On ne pouvait pas enlacer une personne avec sa tendresse, ou l'embrasser gentiment sur le front pour ensuite la blesser. C'était tout bonnement impossible. Du moins ça l'était dans l'univers de Cleo : un endroit où il faisait bon vivre, sans le moindre doute, puisque les rêves y devenaient réalité, on y était traité avec prévenance et que même les démons y devenaient des êtres adorables. Seule ombre dans ce monde charmant, l'histoire d'un des protagoniste qui se faisait malmener par une soeur au nom tout aussi charmant que le sien. Onyxian et Alastar Magoa.
*Alastar...*
Elle répéta le nom dans sa tête. Ce n'était pas aussi courant que Lucifer ou Belzébuth, mais ça faisait tout de même très démon. Quant à sa soeur, Cleo ne pouvait rien éprouver de bon à son égard après ce qu'il venait de révéler. Elle voulut dire quelque chose à ce sujet, s'excuser ou n'importe quoi d'autre qui aurait pu afficher sa répulsion face à de tels actes mais le sourire du diable la fit douter de l'utilité d'un tel aveu. En fait, ça ne semblait pas le déranger et encore moins l'émouvoir. Est-ce qu'il se moquait d'elle pour évaluer ses réactions ? Elle s'en convainquit -parce que c'était plus arrangeant d'agir de la sorte- lorsqu'il l'embrassa de nouveau. Comme ses lèvres pouvaient lui paraître douces. Comme il était grisant de sentir son souffle si près de son visage. Cleo n'avait jamais joui d'une telle proximité, pas même avec ses parents. Elle ne se souvenait pas de les avoir un jour enlacé... Rien que ça suffisait à mettre son corps en alerte, à l'émoustiller, alors que dire des caresses dans son dos et de la queue caudale qu'elle sentit de nouveau contre sa jambe.
-Tous les humains ne sont pas malhonnêtes !
Il y avait un poil de contrariété dans sa voix. Elle était humaine et elle était tout ce qu'il y avait de plus honnête ! Elle recula un peu son visage pour le fixer dans les yeux d'un air effarouché. A peine plongea-t-elle dans son regard d'azur que son indignation s'y noya, ne laissant sur son visage qu'un sourire et dans sa tête qu'une idée. Une délicieuse idée qui la fit frémir d'avance, tandis qu'elle déplaçait une main pour caresser la joue d'Alastar.
-Moi par exemple. Je ne mens en disant que je suis ravie que tu m'aies retrouvé.
Elle approcha son visage du sien, une main se refermant sur la nuque du démon.
-Et je ne mens pas non plus en disant que j'ai très envie que tu m'embrasses.
Elle lui vola un baiser plaquant sa bouche sur la sienne quelques secondes à peine avant de la retirer, d'humeur joueuse. Son regard invitait même l'homme à venir lui réclamer un véritable baiser, dans une attitude tout à fait similaire à celle de sa projection.
-
L’aurait-il fâché ? Alastar ne faisait pourtant que dire la vérité. Et il était bien placé pour le savoir. Consciemment ou non, les humains mentaient, ça faisait partie de leur culture. Ils mentaient aux autres autant qu’ils se mentaient à eux-mêmes. Ils se mentaient en reniant leurs pulsions, ils se mentaient pour tout et n’importe quoi. Mais Alastar n’était pas un Ange Il se contentait juste de constater, et ne put que sourire quand la douce Cléo, toute contre lui, affirma, elle, être honnête. Il retrouvait cet esprit badin et joueur qui était venu le perturber cette nuit. C’était bien elle, ce doux et sensuel Poltergeist, qui se frottait contre lui, et lui vola un nouveau baiser. De simple frottement, il devint un baiser passionné, confirmant la passion du Diablotin pour les étreintes et les longues embrassades. En effet, ses mains s’enroulèrent autour du corps de la femme, et le baiser se fit nettement plus sensuel, plus intense, plus… Plus mieux, tout simplement. Sa langue s’attaqua rapidement à la bouche de la femme, une main sur ses longs cheveux, les seins de la femme s’enfonçant dans son torse, répondant ainsi à sa virilité, qui remontait contre ses cuisses, et dont on pouvait, d’ores et déjà, discerner l’imposante épaisseur.
« Hmmm… »
Une main sur ses cheveux, l’autre caressait le dos de la femme, éprouvant sa douceur, sa fermeté, ce corps parfait et anguleux. Oui, Cléo avait tout pour plaire, tout pour ravir les sens. L’Incube n’était vraiment pas mécontent qu’elle soit venue le voir, et il aurait été bien fou de ne pas accepter sa tacite invitation. Le trouble initial, et bien légitime, passé, l’artiste s’offrait à lui, se frottant contre ce corps rougeâtre et musclé. Alastar avait conservé des proportions humaines, par rapport à d’autres démons, des colosses gigantesques faisant parfois plusieurs bons mètres de haut. Lui, en comparaison, pouvait paraître chétif et fin, mais il suffisait de tâter de son corps pour sentir le muscle.
Il avait beau ne pas être du beau sexe, il estimait tout de même important d’être présentable. C’est sur ces considérations que sa langue remuait dans la bouche de Cléo, caressant celle de son amante, glissant tendrement dessus, son corps se crispant contre le sien. Ses griffes s’enfonçaient ainsi un peu lorsqu’il bandait ses muscles, mais jamais sans aller jusqu’à la faire saigner. Ce corps était comme une œuvre d’art, le Diablotin se refusait à l’abîmer. Il embrassait et caressait son précieux diamant, un magnifique rubis, faisant usage de toute son expertise buccale. Ainsi, sa bouche tirait sur les lèvres de la femme, coinçant ses lèvres entre ses dents pour les écarter, et ainsi faciliter l’accès de sa gourmande langue. Elle remuait en elle.
L’étreinte dura ainsi plusieurs minutes, et la queue caudale du diable rouge ne resta guère inactive. En effet, elle finit par se redresser, caressant les jambes de son amante, pour remonter sous son short, sans aucune pudeur. Elle se faufila contre le corps de la femme, heurta sa fine culotte, et glissa un peu dessus, se frottant contre la masse rebondie et moelleuse de ses fesses.
La queue ne resta là que quelques secondes, le temps que les mains du diable se déplacent, et ne viennent, d’elles-mêmes, se saisir de cette masse. Une main se serra sur chacune des fesses de son amante, et ce fut avec le plus sincère des plaisirs que le Diablotin en vint à palper ce cul rebondi.
« Oui… Ça, ça ne ment pas… Et, puisque c’est d’honnêteté qu’il s’agit, ma douce rêveuse, sache bien une chose. »
Fanfaron, comme à son habitude, il approcha sa bouche de l’oreille de la femme, la léchant très légèrement, avant de la titiller :
« Quand j’en aurais fini avec toi, quand j’aurais fini d’honorer ton corps, et que tu repenseras à ce moment, tu y songeras comme si ça avait été le plus magnifique des rêves. »
Il fallait bien qu’il provoque un peu ; ce n’était pas un diablotin pour rien.
-
- Elle garda une main sur la joue de son visiteur nocturne quand ce dernier s'écrasa contre ses lèvres. Inconsciemment, ça l'aidait à se repérer dans cette étreinte, à ne pas perdre pied et accepter sans la moindre réticence d'ouvrir sa bouche mutine pour y accueillir une danseuse chevronnée. Ce baiser était comme une leçon de tango. D'abord, elle trouva les pas étranges et compliqués et son cerveau tournait à toute allure pour essayer d'en comprendre les mécaniques, mais au bout de quelques secondes, elle s'y essaya à son tour, maladroite, gauche et puis elle ferma les yeux et se laissa porter par la musique, par l'expérience de son partenaire et tout devint tout de suite plus facile.
Cleo avait l'impression d'être de la légèreté d'une plume, de ne plus subir la gravité, comme lorsqu'elle était plongée en plein rêve, tant elle se reposait contre le torse d'Alastar. Son petit coeur battait désormais au rythme de leur danse, soutenu mais harmonieux, passionné comme se devait de l'être toute danse latine. Mais dans le tango, la femme se devait d'être féroce, d'attaquer aussi, même si elle se laissait mener par son partenaire. Ce n'était qu'à cette condition que la danse pouvait être belle et brûlante. La langue apprenait vite sa chorégraphie, se déployant avec aisance autour de celle du démon, l'aguichant quand elle se frottait pas entièrement, se refusant parfois, pour le pousser à forcer le passage, à la réclamer du bout des dents, du bout des lèvres. Elle se laissait courtiser, mais se faisait à la fois plus exigeante. L'élève était loin, très loin de dépasser le maître mais elle faisait de son mieux.
Certains pensaient que s'embrasser à pleine bouche, c'était déjà une manière de se faire l'amour. Après tout, n'était-ce pas le même mot que l'on employait pour décrire les deux actes ? Se faire baiser. Recevoir un corps étranger en soi et en éprouver de l'excitation et du plaisir si c'était bien fait. Voilà qui résumait l'affaire. Pourtant, les humains étaient plus prompts à se rouler des pelles sur les bancs publics, affichant leur fougue et leur désir à qui voulait bien leur accorder un regard, qu'à s'ébattre devant le tout venant. En fin de compte, Alastar avait raison, les humains étaient malhonnêtes. Et sur ce point, Cleo l'était autant que les autres, dans la mesure où elle aurait été bien moins réceptive aux gestes et intentions de son partenaire s'ils s'étaient trouvé ailleurs que dans la discrétion de son appartement. Heureusement pour elle, le beau diablotin avait attendu qu'elle soit rentrée pour venir la séduire et s'était bien garder de se manifester à son bureau.
Elle se crispa un peu en sentant les griffes racler contre son dos mais se rendit vite compte que ce n'était pas si désagréable qu'elle l'avait pensé. L'excitation peut-être, ou la bouche tendre avec laquelle elle s'amusait, parvenait même à la faire redoubler d'ardeur quand les parties les plus fines de son épiderme se déchiraient dans un petit picotement. Ses propres ongles s'enfonçaient un peu dans la nuque du démon quand cela arrivait, mais avec moins de contrôle que lui.
Une douce chaleur envahissait progressivement ses entrailles alors que la queue caudale venait s'enrouler autour de sa jambe. La pression légère qu'elle y exerçait donnait l'impression à Cleo de porter une jarretelle, comme les mariées, et machinalement, elle ferma les cuisses dessus, les frottant l'une contre l'autre autant que son corps se frottait à celui de son partenaire, imprimant les formes masculines contre sa peau, sans pour autant les identifier toutes.
Ca lui fit tout drôle de sentir quelque chose s'écraser contre ses fesses, la troubla un bref instant. Ses muscles se contractèrent, durcissant ce délicat postérieur jusqu'à ce que des mains viennent les rassurer et les détendre de quelques gestes adroits. L'éclair qui la frappa dans le bas du ventre n'était pas non plus étranger à ce relâchement qui atteignit tout son corps, lui procurant une sensation de bien-être. Sa main quitta la joue d'Alastar, glissant tout doucement de sa prise.
-Je préférerais y songer comme ma plus belle réalité.
Elle sourit en enfouissant son visage dans le cou du démon, s'imprégnant de son odeur. Elle lui caressa la nuque du bout des doigts, formant de petits cercles à la racine de ses cheveux. Son autre main, elle, tomba le long de son corps.
-Ce serait plus... exotique.
Elle rencontra quelque chose qui lui fit baisser les yeux. C'était le bout de la queue caudale, chassée de sa croupe, qui serpentait dans le vide avant de trouver une nouvelle proie à attaquer. Cleo s'en saisit entre son pouce et son majeur qu'elle fit glisser dessus, curieuse de découvrir la texture de cet appendice étonnant et totalement étranger. Etait-ce doux ? Ecailleux ? Sensible peut-être ? Elle n'osait pas la manipuler avec plus de force, par crainte de lui faire mal.
-Des rêves fantastiques, je peux en faire quand je veux.
-
La queue caudale du Diablotin était à l’image du reste de son corps, douce et chaude. Quand la femme en approcha ses doigts, et quand elle les posa dessus, elle put sentir, collée contre son cou, le Diablotin respirer un peu plus lourdement, retenant son souffle, ses muscles se crispant légèrement. Sa queue caudale se durcit également un peu en se redressant, trahissant le fait qu’il s’agissait d’un organe très érogène du corps de l’homme. Ce n’était pas pour rien s’il pouvait transformer cette queue pointue en véritable organe phallique. Sa queue frémissait sous le contact de la main de la femme, et ses doigts en firent de même, se crispant un peu plus contre cette masse moelleuse qu’il sentait à hauteur de son bassin. Comme il s’y attendait, Cléo avait un délicieux petit cul, un derrière bien rebondi, du genre qu’on aimait observer dans la rue, et encore plus palper.
Alastar souriait légèrement, ses yeux bleus brillant d’intensité, quand la femme lui indiqua ne pas vouloir rêver. Leurs lèvres étaient proches, et il avait encore, sur les siennes, le goût délicieux, onctueux, de la bouche de Cléo. Une bouche magnifique, du genre à vouloir y retourner pour s’en imprégner davantage... Mais, cette fois, ce ne furent pas ses lèvres qui rencontrèrent le corps de la femme, mais son nez. Son délicat nez heurta celui de la femme, sa main étant remontée pour s’appuyer sur ses cheveux. Alastar avait un nez plutôt proéminent, qui alla s’appuyer sur celui de la femme, et, lentement, il le remonta, glissant sur le sien, pour redescendre, et remonter ensuite. Une parenthèse de douceur avant l’océan de lubricité qui s’annonçait.
L’Incube respirait lentement, sentant, sur ses lèvres, le souffle de son amante. Cette dernière avait maintenant totalement accepté sa présence, mais lui continuait encore à jouer, à profiter de ces moments. La beauté féminine se devait d’être honorée en tous ses aspects, et lui, il voyait le coït comme l’accomplissement de toute une démarche. Séduire les femmes, les exciter, les amener lentement vers le point de non-retour, c’était, dans un certain sens, plus excitant que l’acte en lui-même. Et là, Alastar jouait avec elle, s’imprégnait du corps de cette femme, et, en retour, la laissait s’imprégner du sien.
« Hum... Tu peux caresser ma queue, elle ne te mordra pas. Elle aussi, elle t’aime beaucoup... »
Précision utile ou non, il voulait la rassurer sur le fait que sa queue caudale pouvait être touchée.
« Elle est comme n’importe quelle queue masculine, plaisanta-t-il, elle aime qu’on lui montre de l’attention, qu’on la serre, qu’on la tire... »
Il l’embrassa sur les lèvres après cela, et se resserra un peu plus contre elle. Ses mains, jamais inactives, se déplacèrent encore, et il les posa sur les rebords de son short, puis tira... Et alla le déchirer. Ce fut facile, et le short tomba sur le sol, dévoilant le corps de la femme, ses sous-vêtements roses. Très rapidement, sa main alla se poser sur sa croupe, et il caressa sa peau, malaxant cette partie de son corps.
« Voilà... J’aime mieux ça. Ne t’inquiètes pas, tout ce que tu vas vivre ce soir sera réel. Au-delà de tous les rêves fantastiques que tu seras susceptible de faire... Sache que je vais m’en assurer tout particulièrement. »
-
- La petite Cleo venait de faire une sacrée découverte en s'attaquant au bout de peau triangulaire, fin comme les feuilles de ses carnets de croquis. Elle l'avait à peine effleurée qu'elle sentit le corps du diablotin se tendre contre le sien. Il retenait son souffle, l'écrasait davantage contre lui de ses mains impérieuses. Les doigts de Cleo se perdirent dans ses cheveux alors que le souffle d'Alastar se perdait dans son cou. Elle frémit, s'offrant aux caresses sans se départir d'une certaine pudeur, une grâce qui n'appartenait qu'à elle.
Elle avait l'impression qu'il s'abandonnait un peu lui aussi quand elle caressait son appendice dorsal. Cet aveu la faisait chavirer, lui permettant d'agir sur le plaisir de son partenaire sans en avoir l'air. Parce que ses doigts agiles ne jouaient pas avec un attribut sexuel qui évoquait quoi que ce soit dans son esprit, outre le fouet qu'il avait été dans son rêve mais qui avait su ne pas lui faire mal. La jeune femme jouait avec lui par ce biais détourné, titillant l'excroissance de la pulpe des doigts, la coinçait entre index et majeur, s'amusant de la sentir s'agiter pour se libérer de son étreinte, la grattait parfois du bout d'un ongle, avant de la laisser se frotter contre sa paume.
-C'est un drôle de petit animal, cette queue.
Elle lui dit tendrement, en se perdant dans le sourire qu'il lui retournait, puis dans son regard irréel, cet oeil d'un bleu électrisant, à la fois bien plus clair que le bleu qui l'habillait et bien plus intense. Une couleur fascinante, presque lumineuse, qu'elle aurait adoré reproduire au bout de ses pinceaux. Plus tard peut-être, s'il ne disparaissait pas trop tôt. Tout de suite, elle n'osait pas le lui demander, elle n'avait pas envie de se séparer de lui. Sa présence était trop enivrante pour le repousser encore, ce serait une vraie torture de s'extraire de son emprise. Un vieux souvenir prévenait Cleo que cette attraction qu'elle ressentait n'était qu'un leurre démoniaque, qu'elle payerait pour son péché. Et bien qu'on la damne ! Une nuit avec lui, cela n'avait pas de prix. Et puis certains démons étaient gentils, il l'avait dit.
Un peu bête, Cleo avait bu ses paroles et se laissait maintenant charmer par son nez qui la taquinait. Elle raffermit la prise qu'elle avait sur la chevelure du démon quand il retourna l'embrasser. Leurs langues entamèrent un deuxième tour endiablé, attisant le feu que la tendresse avait gardé à température égale. Mais le craquement de son short qui fila rejoindre le sol à ses pieds dérégla la machine. La jeune femme voulut protester, oublieuse de la visiteuse qui emplissait sa bouche.
-Hmm !
Sa plainte fut étouffée par le baiser mais elle fixa le diablotin avec mécontentement. Elle avait l'habitude qu'on ne la prenne pas au sérieux quand elle affichait cet air là, qu'on la trouvait vraiment mignonne quand elle se mettait à bouder. Mais il venait de ruiner son pyjama... Cleo abandonna toute activité pour l'empêcher de continuer le massacre. Ses mains glissèrent des épaules d'Alastar, suivirent l'arc de ses coudes et se refermèrent sur ses poignets.
-Epargne le reste, c'est un de mes ensemble préféré ! elle râla, cambrée contre lui.
La position était loin d'être confortable. Déséquilibrée par cette main coincée dans son dos, toujours sur la pointe des pieds, elle dépendait de son partenaire et de sa poigne pour ne pas finir le cul par terre.
-
La doucereuse se vexa du vêtement arraché, de ce morceau de pyjama difforme qui venait de s’étaler sur le sol, ce qui l’amena à saisir les poignets d’Alastar, comme pour les éloigner de cet agréable fessier. Une lueur légèrement courroucée traversa le regard étincelant du Diablotin. On le privait de son jouet, de ce fruit, mais la lueur fut fugace, très éphémère, s’évanouissant aussi vite qu’elle était apparue. Elle répondait à un réflexe inconscient, et au refus qu’il exprimait de se voir repousser. Quand on couchait avec un Incube, il fallait tenir jusqu’au bout, hors-de-question de se rétracter en plein milieu. Il sourit donc devant la femme, la maintenant. Elle se maintenait en position d’équilibriste, sur la pointe des pieds, sans bénéficier de l’appui des épaules d’Alastar pour se maintenir.
« Oh, j’ignorais que tu attachais une telle importance à un simple short... Mais il va falloir t’y habituer, mes griffes ont tendance à dénuder très rapidement mes amantes... Cependant, rassure-toi, car, quand elles tombent, je suis toujours là pour... »
Il la poussa alors, et Cléo partit en arrière... Mais, au même moment, sa queue caudale s’enroula autour de la taille de la femme, et la maintint en suspension, Alastar posant une main sur la nuque de la femme, se penchant légèrement vers elle, en galant Incube qu’il était. L’empêchant ainsi de tomber, il restait contre elle, et, juste avant de la redresser, termina sa phrase :
« ...Les rattraper. »
Sa douce queue se serra un peu contre sa taille, et il la releva donc. La femme se retrouva blottie contre son torse, et Alastar lui caressa le dos, la maintenant contre lui.
« Ne t’inquiète pas, je suis peut-être un diablotin, mais je rembourse tout ce que je casse. »
Il continua à la caresser, la reniflant, l’humant, et ses mains finirent par dénouer le soutien-gorge de la femme. Le vêtement tomba mollement sur le sol, et il écarta un peu la femme, descendant sa main pour saisir le haut de sa jambe, en descendant encore un peu.
« Allez... Agrippe-toi sur moi, ma chérie... »
Alastar s’aidait de ses muscles, de sa constitution surhumaine, et saisit la femme à hauteur du genou, l’envoyant ainsi s’enrouler contre lui, à hauteur de la taille. Elle était donc collée contre lui, le buste légèrement redressé par rapport à sa tête, dominant l’Incube. Ce dernier put alors, tout en maintenant le corps de la femme, s’attaquer à ses seins. Sa bouche partit à l’assaut de l’un d’entre eux, le démon rouge en prenant un entre ses lèvres, léchant son téton à plusieurs reprises.
Il s’attaquait aux seins de la femme, l’un après l’autre, les sentant se durcir se pointer, tandis que sa virilité, au fur et à mesure, continuait à caresser l’intimité de la femme. Tout était fait pour la faire lentement basculer, pour qu’elle le supplie. Comme dit, Alastar aimait ces moments, ceux qui précédaient l’acte en lui-même. Surtout, il aimait voir son amante, peu à peu, succomber, et implorer qu’il la prenne. Tous les êtres aimaient ça, en réalité. La domination sexuelle, sentir son partenaire fondre peu à peu sous vos efforts. Lui-même avait furieusement envie de la prendre, mais lui, il avait son expérience sexuelle pour le calmer. Elle ? Il la chauffait pour qu’elle soit bien à point.
Ainsi, leur moment serait inoubliable, il se devait de l’être.
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- Cleo était une jeune femme plutôt douée pour déceler les émotions sur les visages. La première explication pouvait tenir dans le fait qu'elle détestait copieusement qu'on l'approche, qu'on s'imisse dans sa vie privée. Elle avait donc naturellement développé un moyen inconscient de repérer les intentions d'un simple coup d'oeil. Un sixième sens, si l'on veut. La seconde explication avait un lien direct avec la fonction qu'elle exerçait. En tant qu'illustratrice, elle devait avant tout observer. Les paysages, les autres, leurs émotions. Ses images répondaient à des codes, relevaient d'une certaine abstraction, mais se basaient toutes sur son étude et sa façon de retranscrire les émotions qu'elle voyait. Au Japon plus qu'ailleurs, elle apprenait qu'avec un minimum de moyen, il fallait retranscrire le plus de choses possibles. Pour les émotions de ses personnages, c'était la même chose : elle devait être capable de leur faire exprimer avec le moins de traits possible les plus complexes des émotions. Ce travail demandait de la subtilité dans le geste, mais aussi dans le regard. Son oeil donc, était parfaitement entraîné à capter les fluctuations d'un visage et les interpréter correctement.
Quand ses mains se refermèrent sur les poignets du démon, la colère refoulée qu'elle perçut une fraction de seconde lui fit prendre conscience d'une chose qu'elle avait soigneusement écarté de son esprit jusque là. A tout moment, s'il le désirait, il pouvait la contraindre par la force. La blesser. Et personne ne viendrait l'aider. Il était tard, sa porte était fermée à clef et ses fenêtres ne donnaient sur aucun voisin. Il pourrait lui arriver n'importe quoi que personne n'en saurait rien. Cette discrétion qu'elle chérissait depuis qu'elle avait emménagé dans le quartier lui apparut soudainement comme dangereuse.
Cleo en était là de ses réflexions quand il la poussa en arrière. Elle ouvrit des yeux grands comme des soucoupes avant de les fermer, ses bras battant l'air à la recherche d'une prise pour éviter la chute. Quand son cri de surprise retentit dans la pièce, elle était déjà stabilisée. Un instant, elle avait vraiment cru qu'il l'avait jeté au sol. Et surtout elle avait eu peur de ce que cela aurait pu signifier. De ce qui se serait passé ensuite...
Quand elle rouvrit les yeux, Alastar était de nouveau près d'elle, fidèle à l'image qu'il lui renvoyait depuis le début, tendre, protecteur et assoiffé. Le premier réflexe de la jeune femme lorsqu'elle réalisa qu'il n'avait pas eu l'intention de lui faire de mal fut de se presser contre lui, d'enfouir son visage contre sa peau. Il la caressait de nouveau, prenait soin d'elle d'une bien agréable façon tout en faisant de l'humour. Cleo se détendit, son corps en tout cas se laissa gagner par ces attentions qui n'allaient plus le combler pendant encore longtemps. La jeune femme resta pourtant silencieuse. Ses soupirs se firent rares même si son corps répondaient aux sollicitations et qu'elle restait fermement accrochée à lui.
Elle était mal à l'aise, ne savait pas quoi faire de la peur qui l'avait foudroyée, presque sans raison. Il fallait passer outre, elle le savait et elle en avait envie aussi, mais comment faire ? Elle s'empara de la bouche du diablotin, lui arrachait un baiser alors qu'il arrachait les agrafes de son soutien-gorge. Voir le tissus baleiné rejoindre son bas de pyjama ne la gêna pas plus que de sentir le regard du démon s'échouer sur la peau qu'il venait de révéler. Pour une agoraphobe, Cleo n'était vraiment pas pudique, confirmant que le réflexe de refermer son gilet plus tôt dans la nuit n'avait été dicté que par sa peur de voir quelqu'un débarquer chez elle.
-La maison n'accepte pas les paiements en nature.
Elle répondit à la promesse de remboursement un peu tard et son sourire fut bien fade comparé aux autres. Elle faisait bonne figure mais elle avait du mal à effacer le regard courroucé d'Alastar de son esprit. Ou alors c'était une autre peur qu'elle plaquait dessus. Une peur bien naturelle pour une jeune femme qui ne s'était jamais enivrée d'un plaisir pareil, avec un homme pareil.
Pour le moment, elle parvenait à la contenir, bien aidée par son corps surplombant celui de son partenaire mais qu'en serait-il ensuite, quand il la délesterait du dernier de ses remparts ?
-Ah !
Il s'emparait de son sein, coupant court à toute réflexion. Le plaisir reprit son droit. Cleo ferma les yeux, les jambes serrées autour de la taille du démon. Une de ses mains se perdit encore dans la masse sombre des cheveux de l'homme.
Maintenant que le soutien-gorge était tombé, il ne restait plus comme ornement sur le buste de Cleo que son pendentif (http://www.midobras.com/boutique/images_produits/Opale_feu_PEPB-c84.jpg), dont la couleur orangée se reflétait sur la peau pâle, entre les seins. La pierre semblait toujours palpiter faiblement mais sautillait surtout joyeusement contre la peau de Cleo dont le petit coeur tout mou continuait à marteler sous son sein, comme un prisonnier frappant contre les barreaux de sa cellule. Il envoyait un S.O.S. au démon qui s'affairait tout à côté. Ses coups de langues habiles pouvaient tromper Cleo, l'accabler de plaisir jusqu'à la faire oublier qu'Alastar verrait obligatoirement son trouble dans cette position, mais lui, son très cher petit coeur tout mou était insensible à l'envahisseur. Et il criait sa détresse à qui voulait bien l'écouter, puisque le plaisir avait coupé tout autre moyen de communiquer.
Les émotions humaines pouvaient s'avérer parfois très compliquées où il était facile de se perdre, mais le corps humain était au contraire très simple. Malgré tout l'acharnement du démon à faire bourgeonner son excitation, la jeune femme était incapable d'en demander plus ou d'en demander moins.
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L’opale de la femme, son bijou orangé, glissait contre lui, provoquant de petits frissons. Simple bijou décoratif, ou ornement magique ? En s’en approchant, en sentant cette pierre, et même en déposant insidieusement quelques baisers dessus, Alastar pouvait sentir la magie qui en vibrait. Quelque chose résonnait à l’intérieur de cette pierre, une lueur intense, le fruit de la magie. Le Diablotin s’en enivrait, tout comme il se délectait du corps de cette femme. Cléo était une amante magnifique, et ses seins, bien durcis, témoignaient de tout le plaisir qu’elle ressentait. Alastar s’en délectait, s’en abreuvait, tout en maintenant, contre ses bras et contre son torse, le corps doux et tendre de la jeune femme.
« Hmmm... »
En ce moment, le beau diable ne cherchait pas vraiment à l’exciter davantage, mais juste à découvrir son corps plus intimement, à l’explorer, à en savoir plus sur elle, sur ce qu’elle ressentait, sur ce qu’elle éprouvait en ce moment. Il fallait admettre que Cléo avait une silhouette magnifique, un corps enchanteur. L’embrasser ainsi, la palper la caresser, c’était un plaisir de tous les instants. Le Diablotin continuait à la découvrir, à la palper, à la caresser, et finit par la laisser glisser le long de son corps.
Sa queue caressait le sexe de la femme. Cléo était maintenant prête, prête à passer au stade supérieur, prête à sentir le plaisir exploser pour de bon en elle. Son membre glissait contre sa culotte, et, déplaçant l’une de ses mains, Alastar vint l’écarter. Difficile de la lui ôter du fait de leur position, mais ce n’était pas trop grave. D’une main, il l’écarta. L’homme était doué de ses doigts, et maintint ainsi le tissu écarté, permettant à son sexe de caresser directement ses lèvres intimes.
Il la sentait, il la percevait... Sa virginité. Un cadeau intime, extrêmement précieux. Rares étaient les choses qu’Alastar appréciait plus que de prendre l’hymen d’une femme, a fortiori quand elle était aussi belle que sa rêveuse. Chaud et tendu, son vit turgescent glissait donc contre ce corps, et, dans un ultime soupir, il alla finalement la prévenir :
« J’arrive, ma beauté... »
L’être rouge relâcha alors la culotte de la femme, et enfonça son membre en elle, sentant rapidement une résistance, ce qui le fit soupirer de plaisir... Puis ses deux bras allèrent serrer le corps de Cléo contre le sien, et il commença à la rendre, comme ça, son corps aplati contre le sien.
« Hhhmmmmm... !! »
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- Ce diablotin inlassable continuait ses enivrantes caresses du bout des lèvres, du bout des doigts, du bout de tout en fait. Tout ce qu'il pouvait bouger finissait plaqué contre elle d'une manière ou d'une autre, attisant le feu qui la consumait déjà un peu. Cleo se laissait assaillir de toutes parts par le démon colonisateur. Elle était la terre vierge qu'il venait conquérir, déployant ses armées et son expertise pour la faire céder. Frappée par les sensations nouvelles que l'exploration de son corps lui procurait, elle n'osait plus rien faire, attentive uniquement à chaque nouvelle sollicitation. Dans son dos, sur ses seins, sous son intimité, elle le sentait partout.
Il semblait procéder avec méthode pour la soumettre, n'usant d'aucune force pour la contraindre. La jeune femme se retrouvait seule avec son plaisir, et c'était bien là tout le problème. Elle n'était pas prête à rendre les armes, à fermer les yeux et accepter passivement de succomber à son excitation grandissante. Son corps lui apparaissait comme une prison dorée qui refusait de la laisser s'échapper. Malgré toute la patience de son partenaire, Cleo continuait à lutter contre ses envies, elle essayait de fuir, de se réfugier quelque part dans sa tête où elle ne ressentirait plus rien, parce que c'était trop intense pour elle.
L'humaine essayait de se rassurer, de se détendre, mais l'autre part d'elle qui désirait s'enfuir l'empêchait d'envisager la suite sereinement. Ce fut pire quand elle sentit le tissus s'écarter du trésor immaculé qui se cachait entre ses jambes. Les sensations amplifièrent d'un coup. La peau chaude était si douce contre la sienne.
-Ha !
Cleo déglutit difficilement. Sa propre voix l'étonnait. Le gémissement lui avait échappé et sonnait comme une réelle invitation. Alastar y répondit sans perdre de temps, comme on arrache un fruit mûr de son arbre après l'avoir palpé, il passait à l'assaut de la caverne inexplorée. L'endroit était piégé, s'y engager déclencha un superbe mécanisme de défense qui faisait se resserrer les parois du tunnel. Le mât ripa contre les parois et Cleo hoqueta de douleur.
Dans sa panique, quand elle avait compris qu'il allait la pénétrer, elle s'était contractée et avait gagné cette douleur qu'elle redoutait tant. Elle grimaça et mordit Alastar dans le cou. Elle n'avait rien trouvé de mieux pour faire passer la douleur. Peu à peu, son corps se détendit et la souffrance diminua. Cleo se consolait dans l'étreinte du démon et resta le visage vissé dans son cou bien après avoir relâché sa morsure. Les images de son rêve refaisait surface et lui rappelait à quel point ça avait été agréable de le sentir en elle. Pourquoi ne pas s'en être rappelée plus tôt ? Cleo se sentait stupide de s'être infligée pareil supplice.
Après la douleur, elle ne ressentait plus que de l'inconfort. Ce sexe qui allait et venait dans le sien ne lui procura pas immédiatement du plaisir. C'était étrange d'être prise et d'avoir quelque chose, le bout d'une autre personne, en elle. Mais pas si désagréable que ça. Elle apprivoisait progressivement ses sensations nouvelles et se rappela soudainement qu'elle n'était pas toute seule, qu'il y avait un autre participant et qu'elle l'avait mordu plutôt violemment. Elle sentit la honte lui faire monter le rouge aux joues.
La jeune femme bougea un peu, reprit le contrôle de son corps pour reculer son visage. Elle trouva rapidement le regard du démon mais parla avant d'avoir pu y lire quoique ce soit.
-Pardon, je ne suis pas aussi amusante que dans mon, HUM ! Que dans mon rêve.
Interrompue par un éclair de plaisir qu'elle n'avait pas vu venir, elle se mordit la lèvre. Son visage gardait quelques traces de la douleur passée, elle avait les yeux un peu humide même si elle n'avait pas pleuré, et à cela se mélangeait une certaine incompréhension. Distraite par sa tentative d'excuses, elle arrivait enfin à se lâcher et ses hanches commençaient à accompagner souplement les coups de bassin.
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Les plaisirs simples de la vie s’affirmaient en ce moment. Quoi de plus simple, et en même temps de plus jouissif, que de se rappeler aux plaisirs ancestraux et fondamentaux de ce monde ? Son membre se perdait dans celui de la femme. L’Homme. La Femme. C’était simple, binaire, efficace. L’union de deux êtres devenant fusion et réunion. Alastar avait entendu parler de ces vieux contes antiques, qui, pour justifier le sentiment amoureux, expliquaient que, à l’origine, il n’y avait, ni homme, ni femme, mais un sexe unique, qui s’était ensuite divisé en deux. Dès lors, l’amour consistait à chercher son autre moitié. Au-delà du caractère poétique de la chose, le sexe n’était rien de plus que ça : une moitié fusionnant avec une autre moitié, deux unités devenant, ensemble, un tout, se transcendant par un plaisir préhistorique pour se dépasser eux-mêmes. Le sexe était autant un plaisir infini qu’un symbole terriblement puissant, puisque c’était de cette union devenue fusion que le tout pouvait se dépasser, et que l’addition d’une personne et d’une autre en formait une troisième. « 1 + 1 = 3 » ; le scientifique hurlait à l’hérésie, le sexe acquiesçait en jouissant tout ce qu’il pouvait balancer.
Voilà donc où les deux amants en étaient. Alastar sentit la femme résister, réagir, et lui sentit, avec la plus profonde, la plus sincère, des joies, son sang virginal onduler sur sa queue, remuer le long de son turgescent membre. Oui, oui, que de sensations ! Une extase magnifique le saisit, un éclair de plaisir le traversa de part en part, éclatant dans son corps. Un éclair de joie, un éclair d’intensité, un éclair de plaisir, un éclair de vie. Un éclair qui fouetta tous ses muscles, et, quand Cléo sortit de sa léthargie, comme si ce coup de trique l’avait rendu atone, elle commença aussi à réagir, avec ce délicieux mordillement des lèvres, tout en s’avouant désolée de ne pas être aussi amusante que dans ses rêves.
« Hum… Oh… Ne t’inquiète pas… Le fun, c’est moi qui m’en charge… Toi, tout ce que tu as à faire, c’est… Haaa… Apprécier ce que ton dévoué serviteur te fait… Hum… T’honorer comme si tu étais la Reine du stupre…} »
Alastar soupirait profondément, tout en multipliant les bourrades et les coups de reins, ses mains continuant à tenir la femme. Peu à peu, il la déplaça, et le corps de la femme heurta, dans un choc assez fort, un mur, Alastar s’en servant comme soutien, afin de la prendre contre le mur. De cette manière, il pouvait se déplacer plus facilement en elle, et, même pour Cléo, le mur assurerait une assise plus confortable. Son dos risquait peut-être, à la longue, de s’en plaindre, mais le doux Incube se faisait fort de compenser ça en la prenant bien comme il faut.
L’être rouge s’enfonçait donc allégrement en elle, sans ménagement, remuant, encore et encore, son vit durci filant en elle, s’enfouissant dans les tréfonds de son corps.
« Hmmmmm… Ma douce Cléo, haaaa… Ce que tu es bonne… Ouais, hmmm… Ton vagin si serré, haaaa… J’adore baiser les belles vierges comme toi… »
Il avait du mal à s’enfoncer en elle, car, aucun sexe n’ayant jamais glissé le bout de son museau dans cet endroit, la zone était dure, poilue… Et c’était bon. Cette résistance, c’était très agréable, le forçant à poser ses mains sur les hanches de la femme, la griffant un peu, tout en filant en arrière, puis en repartant en avant, l’écrasant alors contre le mur, pour la relâcher, et y retourner encore, dans ce mouvement répétitif, mais qui gagnait en intensité et en amplitude.
Encore et encore, il se mouvait en elle, imposant son vit en elle, et l’embrassa à nouveau, venant lécher ses lèvres.
« Hmmmm… Tu aimes, Cléo… ? Tu aimes ?! »
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- Le langage commençait à rejoindre la force des actes. Le diablotin qui s'afférait contre son corps ne lui en voulait pas pour ses nombreuses réticences. Cleo en fut soulagée, sans trop savoir pourquoi. Il la désigna comme étant la reine et la formule la fit sourire. La nuit dernière, elle avait été reine, elle avait contrôlé ce qu'elle avait voulu contrôler et son amant s'était gentiment plié à sa volonté, comme un serviteur l'aurait fait devant sa reine. Mais au moment où il le disait... Elle n'était reine de rien. Tout ce qu'elle pouvait faire s'était s'accrocher à lui et le laisser faire.
-Pas ce soir... Tu es le seul à... gouverner. Le roi... c'est toah !
C'était dit avec un air taquin à travers quelques soupirs et la phrase s'acheva quand Cleo heurta le mur. La jeune femme grimaça sous le choc puis se perdit de nouveau dans le regard bleu du démon. Elle avait du mal à réaliser ce qui était en train de se passer, mais aussi à s'abandonner. Pourtant le plaisir allait croissant, accompagné parfois d'un trait de douleur qui la faisait se cambrer, s'agiter à la recherche d'une position plus confortable.
Cleo tatonait avec son corps mais avec de moins en moins de gêne. L'assurance d'Alastar la rassurait, en grande partie parce que son esprit avait flirté au plus près de lui peu de temps avant. La cadence changeait depuis qu'elle était dos au mur et elle avait du mal à la suivre les premiers instants. Tout naturellement, elle ajusta son maintiens, appuyant un bras contre le mur, l'autre main toujours autour du cou d'Alastar. Elle sentait en même temps les larges paumes du démon pétrir ses hanches, égratignant sa peau blanche, pour impliquer un rythme qu'elle n'aurait pu tenir seule. Après quelques coups de rein, son corps prit le rythme, se mouvant avec souplesse pour permettre une meilleure pénétration.
-Et je suis heureuse... que tu sois mon premier, hmm...
Le regard de la jeune femme retrouva son pétillement espiègle. Mais elle ferma les yeux rapidement pour se concentrer sur son plaisir. Sous l'impulsion du démon, son corps agissait tout seul, ou presque, ce qui lui laissait enfin le temps de ressentir pleinement ce qu'il lui faisait. C'était bon, oui. Et l'excitation qu'elle entendait quand il parlait ne rendait leur ébat que meilleur encore.
Cleo se laissait mener dans la danse et son pendentif battait la mesure, heurtant leurs deux corps à tour de rôle. Son joli visage s'échoua contre une épaule dont elle sentait les muscles tendus pour la maintenir loin du sol. Elle fit glisser ses lèvres contre la peau rouge qui lui avait fait tellement envie, étouffant ses gémissements de plus en plus incontrôlables.
-J'aurais préféré être la seule...
Une vague de chaleur l'envahit soudainement lors d'un énième coup de bassin fulgurant. Quelques gouttes de sueurs commençaient à se former dans sa nuque, sous son épaisse crinière.
-Mais oui... han, oui, c'est bon...
Elle colla sa joue contre celle du démon et resta ainsi à lui souffler son plaisir au creux de l'oreille. Elle ne voyait plus son visage, mais elle l'imaginait tout à fait sourire, satisfait de la sentir aussi fébrile. Il la prenait contre le mur et cette position précaire la fatiguait plus que de raison puisqu'elle s'accrochait furieusement là où elle pouvait. Si on lui avait dis que perdre sa virginité serait aussi sportif, elle ne l'aurait pas cru. Elle ne pratiquait aucun sport et à force de faire des prouesses dans ses rêves, elle en avait un peu oublié que son corps n'était pas si performant qu'elle le pensait.
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Il était si bon de coucher avec cette femme. Les rousses, Alastar avait toujours eu un faible pour elles. Peut-être parce que leur couleur de cheveu rappelait sa propre peau... Mais, au-delà de ça, Cléo, cette douce vierge, était une amante formidable. Une beauté dotée d’un saisissant pouvoir magique, comme le Diablotin en avait rarement vu auparavant. Pour l’heure, il était particulièrement ravi de s’enfoncer en elle, d’unir son corps au sien. Il utilisait ses muscles pour la maintenir, pour la serrer contre son corps, tout en la sentant onduler contre elle, frémir et soupirer.
« Hmmm... Ma belle Cléo, haaaa... Soit... Laisse-moi être le Roi... »
Son sexe s’enfonçait de plus en plus profondément en elle, la labourant. C’était une vierge, alors il fallait laisser le temps à ses parois vaginales de bien se dilater, afin d’accepter au mieux la présence de ce sexe en elle. Cléo lui avoua ensuite qu’elle aurait aimé être « la seule » amante, ce qui le fit doucement sourire.
« Ah... Ah oui ? Hum... Tu penses... Tu penses pouvoir retenir, à toi toute seule, la soif sexuelle d’un Incube ? »
Il la laissa descendre un peu, de manière à pouvoir l’embrasser, un baiser sensuel, plein d’ardeur et d’en train. Entre ses bras, la belle et ferme Cléo était comme une poupée de chiffon, qu’il embrassait avidement, avec fougue. Sa langue filait contre celle de la femme, ses griffes se serraient contre ses cheveux, il raffermissait sa prise sur elle, et se déplaça encore un peu, la décollant du mur, pour l’envoyer atterrir sur une table à proximité. Cléo partit en arrière, et il rompit le baiser, puis posa ses mains sur les hanches de la femme.
Alastar se montrait de plus en plus ardent, de plus en plus gourmand, de plus en plus... Vif. Ses coups de reins étaient plus prononcés, ses mouvements plus forts. Maintenant que la femme pouvait s’appuyer contre la table, il disposait d’un support lui permettant de la prendre, d’enfoncer son membre, une queue qui baignait dans un océan de mouille. Un nectar délicieux, transparent, finement sucré, le genre de breuvages qu’il adorait boire, comme une sauce qu’il faudrait remuer avec son mandrin pour lui donner un meilleur goût. Ses muscles se bandaient, tandis que le Diablotin multipliait les coups de reins.
« Hmmmmm... Ha, ma douce Cléo, hmmm... »
Sa queue caudale, toujours aussi sauvage, se déplaça alors, et se rapprocha du visage de la femme, venant caresser ses joues, comme pour la flatter, comme pour la remercier. Et Alastar, lui, avait sous les yeux un spectacle magnifique.
Celui d’une femme traversée par l’extase.