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« Au feu ! Au feu !
- Tuez ces monstres, empêchez-les de passer ! »
Un filament de toile s’empara du corps d’un arbalétrier, et ce dernier poussa un hurlement en s’envolant par-dessus la rambarde, disparaissant dans la mêlée grouillante et sinistre qui déferlait vers la ville de Gavony (http://img14.deviantart.net/025b/i/2011/266/2/c/gavony_by_jungpark-d4aql2n.jpg). Essentiellement connue pour sa cathédrale, un souvenir de l’époque où Gavony avait été fondée par l’Ordre Immaculé, cette dernière était un chef-lieu important, et une étape indispensable pour rejoindre la lointaine Forêt des Toiles... Mais la Forêt des Toiles avait bien grandi, puisqu’elle s’étalait maintenant sur des centaines et des centaines de kilomètres, et Gavony était l’ultime ligne de défense contre l’expansion de la forêt, regroupant dans ses hospices et dans sa cathédrale d’innombrables réfugiés, qui avaient fui les zones sinistrées par la montée en puissance des araignées.
En voyant l’arbalétrier s’envoler, la jeune Aoife (http://img14.deviantart.net/4af5/i/2015/005/c/b/lady_soldier_by_jbarrero-d86p0ik.jpg) déglutit sur place. Que se passait-il donc ? Quel enfer ! Elle osa à peine jeter un regard par-dessus les rambardes dur mur extérieur de Gavony, et crut défaillir en voyant toute cette armée. Il y avait d’innombrables araignées qui s’approchaient, les claquements de leurs pattes produisant d’atroces bruits. Inlassablement, elles attaquaient les défenseurs de la ville avec leurs toiles, leurs tirs envoyant voler au loin archers et arbalétriers, ou les amenant vers elles.
« Lancez les rondins enflammés !! »
Gavony avait reçu, récemment, plusieurs contingents militaires de soutien, incluant la jeune Aoife. Elle était un jeune chevalier nexusien, qui venait de prêter serment et d’être adoubée. Une jeune femme pétrie de romantisme et de courage, qui avait décidé de partir en pèlerinage, de mener une quête... Et c’est ainsi qu’Aoife avait entendu parler de l’abominable Élise, de la Reine des Toiles. La sinistre Élise, qui avait attaqué ces régions reculées des Contrées du Chaos, capturant et massacrant tous ceux se dressant contre elle. Elle avait rejoint Gavony par le biais d’une garnison militaire venant en renforts pour protéger les terres du duc de Gavony. Le duché de Gavony était l’un des plus importants de ce royaume pontifical, et le Saint-Roi avait convoqué le ban royal, contraignant chacun des seigneurs locaux, à envoyer des troupes pour repousser ce que le Saint-Roi avait décrété comme une invasion ennemie.
La ville de Gavony était solidement fortifiée, et Aoife se mit à courir le long du rempart. Devant elle, elle vit un archer décocher une flèche, avec qu’une araignée de taille « moyenne » (faisant la taille d’un enfant) ne lui saute dessus, bondissant par-dessus ses remparts. L’homme hurla en tombant au sol, l’araignée l’encerclant de toutes ses pattes, avant de planter un venin toxique dans ses veines, mordant dans sa gorge.
Aoife entendit en vain son hurlement d’agonie. Elle se dirigeait vers la corde retenant les rondins, quand une araignée bondit devant elle. Elle releva ses deux pattes avant, et cracha sur elle un filament de toile. Aoife tendit sa main gauche, et la toile atterrit dessus, puis l’araignée bondit vers elle. Fort heureusement, la femme avait des réflexes, et elle bondit sur le côté, évitant l’attaque, avant de planter son épée dans la chair du monstre, faisant couiner l’odieuse bête. Aoife repoussa ensuite son cadavre.
*Allez, vite !*
Le chevalier courut vers le rondin, et découpa la corde. Ce faisant, le rondin lâcha, et s’enflamma, venant suivre le même chemin que les autres rondins, aplatissant de multiples araignées...
Mais beaucoup d’araignées bondissaient au-delà des remparts, venant déferler dans la ville.
*Si Gavony tombe, le duché sera perdu, et tout le royaume sera menacé. Il faut absolument empêcher ça !*
Maudit soit Élise, cette Reine folle...
Ah, quelle fierté ce serait, pour Aoife, de l’occire !
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La Forêt des Toiles…Elle y était presque, la Louve le sentait ! Après tout ce temps depuis son départ de l’Enfer, elle allait enfin attendre son objectif de voir Elise. Lui raconter ce qu’elle avait vu et appris et surtout, tenter de la convaincre d’accepter une rencontre avec la Reine du Nexus. Ce qui, Shad le savait d’avance, ne serait pas facile. Mais qui ne tentait rien à rien ! Marchant d’un pas calme et serein, la Louve fut subitement arrêtée par des cris, le tumulte d’une bataille. Plissant son regard pour voir au loin, elle put voir d’importants panaches de fumées de couleurs cendrées s’élevaient vers le ciel où s’accumulaient déjà plusieurs nuages annonciateurs d’un futur orage. En humant l’air, ce fut l’odeur âpre de cadavres brûlés qui lui vint aux narines. Mais que se passait-il dans cette ville située au loin ? Ne perdant pas son temps, la Lycane accéléra le rythme de sa marche, courant à toute jambe, voyant petit à petit les rempart de la ville se dressait devant elle. Etrangement, elle n’avait pas réellement de souvenir de cette cité, à moins qu’elle y soit passée sans vraiment y faire attention, mais une chose dont elle était sûre et certaine, c’était que la Forêt des Toiles lors de sa dernière visite n’était pas aussi proche d’une telle cité. Ce fut en s’approchant de l’un des remparts qu’elle put constatée avec un certain effarement et une surprise certaine l’expansion du domaine d’Elise.
« C’est quoi ce bordel ? »
Des centaines et des centaines d’araignées de toutes tailles filaient droit vers la cité, l’assaillant sans relâche. L’Okami put voir des soldats se faire happer par des filet de soie et tirer vers cette masse grouillante pour y passer de vie à trépas, certains même se faisait tout simplement expulsé en l’air. La seule grosse défense que semblait avoir la cité était l’utilisation de rondin enflammé permettant d’écraser plusieurs araignées sur son passage mais, la défense n’en aurait pas éternellement. Que se passait-il à la fin ? Pourquoi Elise venait-elle à attaquer cette ville ? La connaissant, l’Okami pensa en premier lieu qu’elle répondait à une attaque qu’on avait porté à sa forêt, car de mémoire, il lui semblait que la Reine des Araignées souhaitait sa paix, qu’elle voulait qu’on la laisse tranquille dans la Forêt des Toiles. Elle ne pouvait donc pas l’attaquer sans raison ! Mais quand bien même….Son domaine ne serait pas aussi étendu à présent.
« ATTENTION ! »
Sous le coup de l’étonnement de ce qu’elle pouvait voir et étant plongé dans ses pensées pour tenter de comprendre ce qui se tramait, la Louve ne vit pas l’araignée de taille moyenne foncer vers elle et bondir en sa direction. Ce ne fut que le cri d’alerte du soldat qui lui permit de revenir sur terre. Dans un mouvement rapide, elle dégaina son épée et frappa la bête, transperçant sa chaire, se retrouvant recouvert de sang arachnéen, voyant à quelques centimètres de son visage les crochets de l’ignoble bête d’où s’écoulait un poison mortel. Reculant vivement, l’Okami laissa tomber l’araignée au sol mais dû faire rapidement volte-face pour esquiver une nouvelle attaque. Les araignées l’attaquaient….Alors qu’elle était censée pouvoir renter dans le domaine d’Elise à sa guise, voilà que ses « enfants » l’attaquaient ! Shad savait parfaitement que son talisman n’avait plus ses pouvoirs d’antan, et elle pensait justement redemander une petite bénédiction à la prêtresse d’Elise. Mais même sans ce dernier, ne devrait-elle pas être protéger de tout cela ? N’était-elle pas une invitée de la Forêt des Toiles ? Bondissant sur le côté, elle trancha l’abdomen d’une araignée avant d’en brûler une seconde qui bondissait pattes en avant droit vers elle.
« Bordel Elise qu’est-ce qui t’arrive ? »
Des explications. L’Okami avait besoin de savoir ce qui se tramait ici. Elle était complétement prise au dépourvue et entraîner à présent dans une bataille en partie contre son gré. SI au moins elle pouvait comprendre ce qui avait poussé Elise à agir ainsi ou même voir sa prêtresse….Mais cela semblait être compromis pour l’instant.
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Au stade où Gavony en était, un miracle, selon Aoife, ne serait pas de trop pour sauver la ville. Terra avait beau être un monde magique rempli de choses fabuleuses, c’était aussi un monde extrêmement dangereux. Outre la guerre entre Nexus et Ashnard, il fallait aussi, régulièrement, se battre contre les monstres, les malédictions, les émanations terribles venant des tréfonds de Terra… La jeune femme savait tout cela, car, avant de devenir chevalier, elle avait été écuyer, et le chevalier qu’elle avait servi avait participé, une fois, à une croisade sainte dans un royaume allié de Nexus, où il avait défendu des cités contre des invasions de zombies émanant d’une nécropole. Aoife, au cours de sa formation, avait affronté son lot d’adversaires, aussi bien des humains que des monstres, et s’était toujours révélée être une guerrière accomplie et talentueuse, soucieuse de protéger les civils, manipulant magie et talents physiques avec zèle et efficacité.
Mais là, elle se sentait dépassée par les évènements. De nombreuses araignées étaient rentrées dans la ville, et Aoife se rua vers eux. Elle descendit ainsi du rempart pour rejoindre les rues, et trancha plusieurs pattes d’une araignée, entaillant aussi son volumineux abdomen. Entendant des hurlements émanant d’une maison, la femme courut vers une porte, et l’ouvrit d’un coup de pied. Une araignée était passée par le plafond, et avait entortillé dans sa toile une femme, faisant hurler les enfants, recroquevillé dans un coin. Aoife serra les lèvres, et attaqua le monstre, qui bondit en arrière, ses pattes se posant sur la table à manger, mandibules dressées en avant. L’araignée cracha alors des filaments de toile depuis sa gueule, et Aoife les évita en pivotant sur le côté, puis frappa avec sa lame.
« Au secours, à l’aide !! hurlait les enfants.
- Tout va bien, les enfants ! »
Sortant une dague, la femme s’empressa de libérer leur mère, qui aspira de l’air à pleines gorgées, avant de retirer les restes de la toile. La femme se redressa, tétanisée, et Aoife posa ses mains sur son épaule, intimant ainsi à la femme de la regarder :
« Partez vous réfugier vers le manoir fortifié du seigneur ! »
N’ayant, hélas, pas le temps de rester, Aoife sortit, et tourna sa tête vers la droite, où elle vit un hallebardier relever son arme d’hast vers une araignée, mais la grosse araignée lui tomba malgré tout dessus, et ses pattes se plantèrent en lui, déchirant et défonçant son armure. L’imposante créature tourna ensuite ses multiples yeux rouges vers le chevalier nexusien. Sans perdre son calme, Aoife tendit la main, et concentra une boule de feu, qui alla exploser contre le corps du monstre, faisant hurler l’araignée de douleur. Courant ensuite, Aoife rejoignit une place, où un régiment de soldats combattait de multiples araignées.
« C’est impossible ! soupira un garde. Elles sont trop nombreuses, on ne peut rien faire ! »
Comme pour confirmer cet état de fait, des cloches se mirent à retentir, annonçant le repli vers le manoir fortifié, au centre de Gavony. Aoife entendit alors des hurlements venant d’une autre maison, et choisit de s’y rendre. Elle passa par un escalier se trouvant dans le jardin de la propriété, quand un filament de toile la saisit dans le dos.
*Oh non !*
Aoife se sentit alors partir en arrière, et s’affala au milieu du jardin, près d’un puits. Jaillissant de fourrés, une araignée bondit alors vers elle, et la jeune femme roula sur le côté, évitant les crocs du monstre ainsi que ses multiples pattes velues. Concentrant une boule de feu dans la paume de sa main, elle s’apprêta à attaquer, mais une patte la frappa sur le torse, déviant la boule de feu, qui alla exploser contre un buisson.
Privée de son épée, Aoife ne voyait pas non plus, depuis le toit de la maison qu’elle avait tenté de rejoindre, une autre grosse araignée qui se rapprochait…
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Des araignées. Des araignées partout. Le rythme de leur attaque ne diminuait pas et la Lycane devait faire particulièrement attention à ne pas se faire tuer. Certaines de ces bêtes immondes avaient réussis à passer les remparts et s’attaquer à présents aux habitations et aux personnes cachés en leur sein n’ayant pas eu le temps de se réfugier dans l’immense bâtisse de la ville. Des cris de peur, des larmes, des râles d’agonies arrivaient aux oreilles de la Terranide. C’était un vrai massacre. Et malgré toutes les araignées qui étaient décimés, d’autres arrivaient en masse, donnant l’impression d’un flot constant qui ne s’arrêterait jamais. Tranchant les pattes de l’une d’entre elle, la Louve se déplaça rapidement sur le côté et envoya un couteau de lancer juste derrière la tête d’une seconde, la faisant s’affaler sur le sol. Récupérant son arme, elle planta son épée dans l’abdomen d’une troisième. Esquiver, frapper, trancher. Cela devenait presque un geste monotone. Concentrée à combattre et à ne pas se faire tuer par l’une de ses bestioles infâmes, la Lycane sursauta en voyant une boule de feu passait tout proche d’elle et enflammer un buisson à ses côtés. Un sursaut qui lui valut cher car elle sentir la pointe des crochets d’une araignée transpercer son armure et se planter dans son épaule.
« Rha fait chier ! »
S’immolant intégralement, la Lycane brûla vive l’araignée avant de porter sa main à sa blessure. Avec un peu de chance, et vue le peu de quantité qui lui avait été injecté, elle pourrait encore se battre quelques temps. Profitant du fait que pour le moment, elle était encore en parfaite condition, même si elle savait que son temps était à présent compter, la Louve pris la décision de se diriger vers le lieu où avait pu être envoyé cette sphère enflammée. Il ne lui fallut pas longtemps pour l’atteindre et contempler la scène avec un certain effroi. Certes, elle ne connaissait nullement le chevalier au sol, mais cela ne l’empêchait pas de lui venir en aide. Surtout s’il avait sur lui un antidote. Et tandis qu’elle s’apprêtait à envoyer une boule de feu sur l’araignée au sol en prise avec l’inconnue, l’attention de la Terranide fut portée sur le toit voisin. Une grosse araignée se rapprochait de sa consœur et de leur future victime au sol. Victime qui a bien y réfléchir était bien trop proche de ces bêtes pour tenter une quelconque attaque pyrotechnique.
« Et merde à la fin ! »
Sortir cette femme de là. C’était ce que ce se disait actuellement la Lycane. Invoquant une sphère enflammée, elle la lança à quelques mètres aux côtés des araignées, de sorte à espérer faire une petite diversion tandis qu’elle s’élançait en avant. Son corps changeant rapidement de forme, la Terranide, devenue à présent louve se jeta sur l’araignée la plus proche du chevalier, plantant ses crocs à l’arrière de sa tête, griffant son abdomen à l’aide ses puissantes pattes. Cependant, elle ne parvint à garder cette forme et retrouva bien vite l’initiale, ne perdant pas de temps pour dégainer son épée et transpercer la bête de part en part. Elle aurait pu sauter de sa carcasse, s’en extirper rapidement mais…ses membres commençaient à être engourdis. Et c’était en pensant que sa dernière heure était venue que la Louve voyait la deuxième araignée charger en sa direction.
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Avait-elle surestimé ses capacités en allant, seule, prêter main-forte aux défenseurs de Gavony ? Aoife avait toujours été une femme valeureuse, dont le rêve était de rejoindre la Garde Royale. Elle était une grande admiratrice de la Reine actuelle de Nexus, une femme qui, tout en ayant perdu ses parents, et en étant conspuée par la majorité de la population, continuait à agir pour le bien de son peuple. Aoife avait aussi perdu ses parents quand elle était jeune, d’une disette, et elle s’était retrouvée dans la famille de son oncle et de sa femme, une dame acariâtre qui n’avait jamais pu l’aimer, son oncle lui étant soumis. Aoife avait grandi en opposition face à elle, devenant une sorte de garçon manqué, mais qui avait le cœur sur la main, et qui, dès qu’elle avait pu devenir écuyer, avait choisi de le faire. Elle voulait maintenant réaliser des hauts-faits d’armes pour susciter l’attention de Messire Ronald Langley, Commandeur et Chambellan du Palais d’Ivoire, en charge des nominations de soldats au sein de la Garde Royale, et qui pouvait recruter n’importe qui, pour peu que le soldat soit loyal à la Couronne. Or, Sire Langley voulait justement embaucher de jeunes soldats, afin de changer les choses, et de s’assurer de n’avoir que des gardes loyaux au service de la Reine. Quoi de mieux, dans ce cas, que d’affronter une menace d’araignées géantes, et de leur ramener la tête tranchante d’Élise, cette maudite créature maléfique ?
*Rien, je suppose... Sauf que là, je risque de finir dans l’estomac d’une araignée, ou, pire, dans son cocon...*
Aoife était à même le sol, évitant une nouvelle patte, et leva le pied, frappa la tête de l’araignée quand elle chercha à la mordre, puis se retourna, en cherchant à se redresser. L’araignée la dominait de toute sa hauteur, et la frappa à nouveau avec une patte, cette fois aux jambes. Aoife s’affala sur le sol, et vit l’araignée se rapprocher, quand une sorte de louve bondit sur elle, mordant dans sa chair. Médusée, Aoife vit la louve prendre l’apparence d’une espèce de Terranide, qui utilisa une épée pour planter le monstre, dotée d’une armure légèrement fêlée à l’épaule. L’araignée grogna, et Aoife vit alors une autre araignée bondir vers la vive Terranide, qui semblait, alors, être à court de jus.
« ATTENTION ! »
Le chevalier se redressa, et envoya, avec ses deux mains, un sort d’Air. Compte tenu du fait que l’araignée était déjà en l’air, le sort n’en fut que plus efficace, et l’araignée s’affala lourdement sur le sol. Sans attendre plus longtemps, et en n’écoutant que son courage, Aoife s’empara d’une épée, et bondit depuis la tête de l’araignée morte. Elle s’appuya ensuite sur son ventre, et bondit en hauteur, tenant l’épée à deux mains, au-dessus de sa tête, fonçant sur l’araignée adverse.
*SCHLAAAACCC !!*
L’épée transperça la tête de l’araignée, Aoife ayant les dents serrés en grognant. L’araignée remua nerveusement des pattes, avant de s’affaler sur le sol.
Un feu dévorait l’incendie, car la Terranide avait aussi lancé une boule de feu. La jeune femme essuya son visage du sang de l’araignée qu’elle avait planté, et rejoignit la femme.
« Je te remercie, jeune Terranide... » glissa-t-il d’une voix essoufflée.
Voyant que la Terranide peinait à réagir, Aoife se pencha vers elle, et ne tarda pas à voir, là où l’armure était endommagée, des traces de morsure.
« Le venin de ces araignées est toxique... Fort heureusement pour toi, Louver, je dispose d’un antidote. »
Aoife sortit une petite fiole de sa besace, et la glissa de force dans la bouche de la femme.
« Bois, brave femme, nous avons besoin de tous les talents possibles pour libérer cette région de l’oppression d’Élise. »
Elle la fit donc boire.
Normalement, le vaccin fonctionnait assez rapidement, mais, par mesure de précaution, et compte tenu de l’incendie qui faisait rage, Aoife souleva la frêle créature, et s’écarta, allant dans une ruelle à proximité, afin de lui laisser le temps de récupérer.
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Ce fut à peine si Shad entendit le message d’alerte du chevalier. Tout ce qu’elle ressentait c’était une profonde douleur lui parcourant le corps, ses membres qui ne répondaient plus et sa respiration qui était fortement difficile depuis maintenant une dizaine de seconde. Petit à petit, la Lycane sentait qu’elle arrivait à inspirer et expirer moins d’air au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient, ce qui lui rendait la possibilité de rester consciente complétement impossible. Et manquant d’oxygène, elle s’affala sur le sol de la ville assiégée, ne voyant que dans une vision plus trouble que nette, voler la tête de la deuxième araignée. Le noir. Un sentiment de ne plus avoir accès à une quelconque partie de son corps, le cœur qui peinait à envoyer le sang dans les vaisseaux sanguin pour alimenter les muscles, la respiration difficile, tout portait à croire que la Terranide était arrivée à sa dernière heure. Un liquide, au goût âpre et amer s’écoula entre ses lèvres, contre sa langue et glissant dans sa gorge. Un goût particulièrement dégueulasse, mais rudement efficace. A peine ingérer, la Lycane ouvrit les yeux, toussant et crachant une petite glaire de sang avant de s’essuyer la bouche du revers de la main et de regarder le chevalier.
« Merci. »
Que pouvait-elle dire d’autre ? En ce moment, aller dans de grandes discussions serait une perte de temps. Tournant son visage, la Lycane nota la présence du début d’incendie qu’elle avait provoqué. Emettant un léger grognement elle se releva, , envoyant en même temps une sphère ciblée sur une araignée qui bondissait en leur direction.
« Je..vais éteindre le feu….Couvrez-moi s’il vous plait… »
La Louve pouvait générer des flammes, qu’est ce qui pouvait l’empêcher de les étouffer également par magie ? Se concentrant quelques secondes, la Terranide usa de sa magie pyrotechnique pour réduire l’intensité des flammes et petit à petit n’en laisser que quelques flammèches innocentes. La procédure dura une vingtaine de secondes. Vingt secondes durant lesquelles il aurait été possible pour la Louve d’être attaquée mais sur le coup, elle avait confiance en cette femme qui lui avait évité de passer devant les Juges. Certes, à présent la mort ne l’effrayait plus, car elle savait qu’il y’avait un après, mais cela ne l’empêchait pas de vouloir vivre encore une ou deux années de plus. Soudain, une araignée plus grosse fit son apparition, portant sur elle d’autres beaucoup plus petite. La pupille de la Lycane se rétracta en comprenant aisément de quel type d’arachnide il s’agissait. Les petites étaient véloces, presque impossible à tuer de par leur taille et leur faculté à se mouvoir rapidement et surtout leur poison était beaucoup plus virulent que celle des autres araignées.
« Et merde ! Ecartez-vous de cette bête ! Vous n’arriverez pas à tous les tuer d’un coup ! »
Au même moment, les petites araignées se dispersèrent, quittant la plus grande pour se diriger dans diverses directions, faisant rapidement des victimes sur leur sillage. Usant de ses capacités, la Louve fit en sorte de brûler le sol autour d’elle, ainsi que celui autour du chevalier, leur garantissant une certaine sécurité. Il y’avait trop d’araignées, beaucoup trop et cette ville, dernier rempart de la région n’allait guère réussir à tenir. Tenant un instant son talisman, la Louve émis un autre grognement, jurant :
« Bon sang Elise…Qu’est ce que tu fous bordel ?! »
Oh, Aoife l’avait sans doute entendu mais cela s’était le cadet de ses soucis pour le moment.
« Les habitants ne sont plus en sécurités ici, vous devriez les faire évacuer, ce n’est qu’une question de temps avant que la ville ne soit submergée et…Je sais que ce n’est pas trop le moment mais…aviez-vous fait un prisonnier provenant de la Forêt des Toiles dernièrement ? »
Si au moins elle pouvait tenter d’interroger l’un de ses habitants, ou même la prêtresse d’Elise….Entre temps, des araignées vinrent encercler le duo, les obligeant à se défendre. Au moins les plus petites ne pouvaient pas les atteindre mais les plus grandes, ça c’était pour l’heure une autre histoire. La Louve trancha la tête d’une araignée, jurant intérieurement, ne pouvant s’empêcher de se demander « pourquoi ? ».
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Les murs et les remparts de Gavony étaient emboutis. Les araignées avaient craché des filaments de toile, et tiraient désormais dessus, les amenant à s’abattre lourdement, libérant ainsi des flopées d’araignées. Une terrible armée se mit à déferler dans la ville, remontant vers l’ultime bastion des humains, là où les réfugiés s’entassaient, et où les soldats et magiciens se retranchaient : le manoir seigneurial. Il était juché sur une petite colline en hauteur, et de multiples archers et arbalétriers tiraient depuis cette position, transperçant et plantant des araignées, soutenus par les sorts magiques des mages, qui balançaient des boules de feu. Désespérée, la situation était cauchemardesque, et Aoife sentait le cœur battre violemment dans sa chamade.
Avec l’affaissement des remparts, des araignées plus grosses déferlèrent, et elle vit une énorme araignée-mère se rapprocher, libérant depuis son ventre de multiples petites araignées grisâtres ou noirâtres. Aoife déglutit, en sachant très bien de quoi ces petites bêtes étaient capables. La mystérieuse et magicienne Louve forma alors des cercles enflammés autour des deux femmes, avant de s’adresser à son talisman, faisant tiquer le chevalier.
*Élise ? Qu’est-ce que ça signifie ?*
Ce talisman… Aoife vit un motif arachnéen dessus, mais, avant même qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, ou en conclure quoi que ce soit, la Louve vint à la haranguer. Aoife cligna des yeux, et hocha al tête.
« O-Oui, oui, je sais ! Il faut se rendre au manoir, nous avons un tunnel souterrain qui mène en-dehors de la ville. Les civils y sont sûrement escortés… Mais, pour le reste, à part des araignées, il n’y a rien qui vient de la Forêt des Toiles. Comment est-ce que vous… ?! »
La question d’Aoife mourut dans sa gorge, et elle écarquilla les yeux, muette de stupeur, en voyant une chose indescriptible dans le dos de Shad. Et, lorsque la Louve se retourna, celle-ci put constater que quelque chose n’allait décidément pas dans la Forêt des Toiles… Car l’Élise qu’elle connaissait n’avait jamais pu se doter d’une araignée aussi grande. La patte de cette araignée s’enfonça dans un toit, et le défonça joyeusement. Elle était réellement géante, au sens titanesque du terme. Une araignée aussi grande qu’une église, avec huit pattes, et une série d’impressionnants yeux rouges, une sorte de vision cauchemardesque qui remontait le long de la rue principale, et crachait depuis sa gueule des filaments de toile massifs, suffisants pour arracher des pans de murs ou des toits.
« Mon Dieu ! »
La patte massive de l’araignée passa au-dessus de leurs têtes, pour aller se poser plus loin, broyant une clôture, tout en faisant trembler le sol. Aoife avait-elle déjà vu tel monstre ?! Le plus effrayant venait de son dos, car de nombreux œufs y étaient placés, et s’ouvraient, libérant de multiples araignées qui descendaient le long de son corps, en tissant leurs toiles, pour se poser ensuite, et attaquer, puis les œufs poussaient de nouveau.
« On… On ne peut pas rester là… Il… Il faut rejoindre le manoir, vite ! »
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« « O-Oui, oui, je sais ! Il faut se rendre au manoir, nous avons un tunnel souterrain qui mène en-dehors de la ville. Les civils y sont sûrement escortés… Mais, pour le reste, à part des araignées, il n’y a rien qui vient de la Forêt des Toiles. Comment est-ce que vous… ?! »
« Là n’est pas la question ! Et… »
Pourquoi s’était-elle arrêtée subitement de parler ? Ou pourquoi ce ton laiteux d’effroi et ce regard remplit de stupeur ? la Louve le sentait très mal et ne tarda pas à se retourner, voyant une araignée particulièrement grande. Non, ce terme était encore bien trop petit pour décrire la taille gargantuesque de la bête. C’était belle et bien la première fois qu’elle en voyait une aussi grande, même la forme d’araignée d’Elise n’était pas aussi imposante et lors de son passage à la Forêt des Toiles, la Lycane n’avait aucun souvenir d’une telle araignée.
« Oh bordel de….. »
Prendre son apparence de même taille et la combattre ? Trop risqués au vue du nombre d’araignées présentes et des victimes potentielles. L’infâme bête marchait en détruisant des pans entiers de murs et de toit sur son passage, transportant des œufs d’où naissaient d’autres araignées à la taille plus réduite qui descendaient en ville pour y apporter le carnage. Si encore il n’y avait que les œufs présents sur son abdomen mais ces derniers réapparaissaient à vitesse grand V ! Cette créature était loin d’être naturelle, c’était comme si c’était une bête provenant de l’Enfer.
« On… On ne peut pas rester là… Il… Il faut rejoindre le manoir, vite ! »
« Alors grimpe et guide moi ! »
Au diable les bonnes manières ! Il était plus rapide de tutoyer une personne dans un tel moment plutôt que d’utiliser les formules de politesse et le vouvoiement. La Terranide changea également de forme et laissa Aoife prendre place sur son dos avant de s’élancer rapidement, slalomant entre les débris, sautant au-dessus des obstacles et tentant au mieux d’éviter la confrontation avec les araignées. L’objectif principal était d’atteindre le manoir qui constituait à présent la dernière ligne de défense contre cette invasion arachnéenne. SI proche et pourtant si loin. Plusieurs chemins étaient encombrés et forcés le duo à faire de grands détours. Dans tous les cas, la Louve faisait confiance au chevalier pour la mener jusqu’à bon port et s’était entourée de quelques sphères de feu pour repousser une quelconque attaque en cas de besoin.
Et malgré la distance qu’elles avaient déjà parcourue, l’araignée géante était encore largement visible, semblant même être relativement proche même si ce n’était pas réellement le cas. Et enfin, la vue du manoir, accélérant le rythme, la Terranide était presque sur le point de s’y engouffre r avant d’être stoppée par un jet de toile qui manqua de la toucher de peu. Reprenant rapidement son équilibre elle se dirigea en toute hâte vers les portes massive du manoir avant de noter avec agacement qu’elles étaient closes. Dernières ces dernières, elle pouvait ouïr une certaine forme d’agitation et un crissement d’un mécanisme qu’on activait. Juste un peu, il fallait juste que les portes s’ouvrent un tout petit peu. Faisant volte-face, la Lycane se figea un instant de stupeur. L’araignée gargantuesque était presque sur eux et des masses d’araignées de toutes tailles grouillaient dans leur direction.
« Merde, allez ouvres toi bon sang ! »
A en juger leur vitesse, cette vague de monstre seraient sur elles dans moins de deux minutes. Une petite ouverture, il ne lui fallait qu’une petite ouverture, juste de quoi passer et qui pouvait être refermée rapidement. Mais qu’ils se dépêchent !
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Le château était bien évidemment la cible de cette immense et géante araignée. Ses pattes fendillaient le sol, arrachant des pavés, tandis qu’elle approchait, lentement et lourdement, de sa proie. Le sol vibrait, et de multiples flèches vinrent décorer ses flancs et ses pattes, sans sembler la blesser outre mesure… Et elle contre-attaqua, balançant d’impressionnants filaments de toile qui soufflèrent les gardes sur les remparts, explosant les fenêtres à l’arrière. Aoife, sur le dos de cette improbable créature métamorphe, tournait régulièrement la tête en voyant la silhouette massive se rapprocher. Immense et colossale, l’araignée géante était une vision de cauchemar, et, ensuite les deux femmes avancèrent le long de la route menant droit vers le manoir, sous une pluie de flèches et de boules de feu.
Aoife descendit du dos de la Louve, qui reprit son apparence normale, et elles tapèrent contre la porte. Les araignées se rapprochaient cependant à grande allure, et le chevalier, en se retournant, tendit les mains, et usa de sa magie blanche pour former un dôme magique de protection, contre lequel plusieurs araignées velues se heurtèrent. De la sueur coula le long de son front, et son dos heurta le mur, la femme peinant à retenir, contre son bouclier, une telle masse. Les crocs des araignées mordaient dans le bouclier, leurs pattes frénétiques le martelant sauvagement, et Aoife gémit lentement, peinant à maintenir le bouclier en état.
Et, dans un déclic, la porte s’ouvrit enfin, et une main la saisit à l’épaule, la glissant à l’intérieur.
« Fermez la porte !
- Vite, fermez-là !! »
Aoife tomba sur le sol, et vit une patte apparaître dans l’embrasure de la porte, avant qu’un magicien n’envoie une boule de feu, qui fila par l’ouverture, et explosa au contact des araignées situées de l’autre côté, permettant ensuite de fermer la porte. Aoife vit autour d’elle de multiples gardes, notamment des hallebardiers, et on entreprit de consolider la porte, en lui mettant de lourdes poutres en bois. Depuis le corps de garde, de l’huile bouillante se déversa. Aoife vit ainsi, à gauche et à droite, d’énormes chaudrons bouillants d’où des ingénieurs remplissaient des chaudrons plus petits afin de les confier à des servantes, qui grimpaient ensuite sur le corps de garde pour en déverser le contenu sur les hideuses créatures situées dessous.
« C’est un cauchemar…
- Presque… C’est pas la mort, mais ça y ressemble ! »
Aoife se retourna pour voir un Pyromancien : Kowalsky (http://pablofernandezartwrk.deviantart.com/art/Character-concept-Pyromancer-Soldier-317488972). Âgé et musclé, l’homme portait une épaisse armure.
« Gavony est perdue, mais, avant de fuir vers La Redonnière, nous allons essayer de buter cette grosse bête… »
La Redonnière… C’était le nom d’un fort, situé à quelques lieues de la fin du tunnel, et qui était la démarcation du prochain duché.
« Et puis, il faut laisser le temps aux réfugiés de fuir… J’ignore qui vous êtes, m’petite Louve, mais vous en avez l’air d’avoir dans le calbut’, foi de Kowalsky. Alors, pré’p’rez-vous à défendre chèrement vôt’ cul ! »
Une araignée bondit alors en hauteur, et Kowalsky tendit la main, et un trait de feu jaillit de son doigt, et explosa contre l’araignée, faisant tomber sa carcasse molle sur le sol.
C’était l’heure du baroud d’honneur.
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Une chance que ce chevalier puisse créer un tel bouclier de protection ! Mais combien de temps pouvait-il tenir sous toute cette masse ? La Louve utilisait ses capacités pour brûler les premières lignes et tentait d’amoindrir le nombre d’araignées mais tout ce qu’elle pouvait constater c’était que pour une araignée tuée, cinq prenaient sa place. Une vague grouillante sans fin qui allait bientôt mettre à mal leur ultime protection. Et enfin, un déclic provenant de la porte. Tout comme Aoife, Shad fut tirée à l’intérieur de l’enceinte. Son cœur manqua un battement quand la patte velue de l’araignée se glissa dans la petite ouverture, la surprenant. Mais la bête et ses congénères furent repoussés à l’aide d’une boule de feu et le duo put reprendre son souffle quelques secondes. Bien qu’elle reprenne ses forces, la Louve écoutait avec attention les discussions entre les protagonistes : La ville était perdue et tenter d’évacuer la population restante serait impossible pour le moment tant que cette énorme araignée serait encore en vie. Entendant que le pyromancien lui adressait la parole, la Terranide hocha simplement la tête en guise d’affirmation. Ha ça pour se défendre elle allait se défendre !
Une araignée sauta au-dessus des remparts. Une araignée qui passa de vie à trépas en l’espace d’une seconde. Aussi puissant que pouvait être Kowalsky ainsi que les autres combattants présents dans ce manoir, ils ne pourraient tenir éternellement face à une telle armée d’arachnides. Brûlant à son tour une araignée qui venait de sauter par-dessus les remparts, la Louve balayait du regard le sol avant de se figer en notant la présence d’une plaque d’égout.
« Bouchez cette plaque ou nous risquons d’avoir une mauvaise surprise ! »
Passez par le sous-sol, qu’est ce qui empêcherait les araignées de faire cela ? Et s’ils devaient se défendre contre des ennemis provenant à la fois des remparts et des égouts….La Défense risquait de ne plus savoir où donner de la tête. Se tournant vers Kowasky, la Louve déclara :
« La grosse araignée….Je pense qu’une de nos priorités est de nous assurer que les œufs sur son abdomen cesse d’éclore et de proliférer…Quant à la mettre à mal…Peut être en arrivant à lui exploser ses articulations en créant une boule de feu assez puissante qui exploserait à l’impact en lui faisant pas mal de dégâts ? J’ai cru voir de nombreuses mages ici et en combinant nos forces nous pou… »
« Je ne lui fais pas confiance ! -Hurla un soldat en s’approchant de la Terranide et empoignant son collier ressemblant fortement à une araignée – Regardez ! Elle doit servir cette maudite Reine des Araignées ! »
Donnant une claque sur la main de l’homme pour qu’il lâche sa prise et se reculant, la Louve battit furieusement de la queue en signe de colère :
« Imbécile ce n’est pas le temps de se préoccuper de cela ! –Elle se retourna et envoyant une autre boule de feu vers une araignée qui bondissait au-dessus des remparts- Nous avons plus urgent pour l’heure ! »
Il y’avait des priorités bien plus importantes aux yeux de la Terranide pour le moment.
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« Vous nous prenez pour qui, la Loupiote ? Nous avons fait sauter els égouts en nous retranchant ici. »
Autrement, les araignées seraient déjà là, et auraient massacré tout le monde. Kowalsky ordonna de concentrer le tir sur la grande araignée, tandis que Shad leur expliqua qu’il faudrait trouver un moyen d’empêcher cette grosse bête de donner naissance à ses oeufs. L’idée n’était pas mauvaise, mais ce n’était pas comme si Kowalsky n’y avait pas déjà pensé. Aoife, de son côté, était encore sous le choc, et reprenait peu à peu ses esprits. Dieu, elle avait bien failli mourir ! La jeune femme repensa alors au mystérieux talisman arachnéen que la Louve battait, et ce port n’échappa nullement à un autre garde, qui attira l’attention des autres dessus... Dont Kowalsky.
Surpris, l’homme s’empressa de la regarder, et se rapprocha.
« Voyez ! C’est le talisman des Arachnistes !
- C’est Élise qui vous envoie ?! »
Les bras de Kowalsky se mirent à s’enflammer, et Aoife intervint alors, tendant une main vers eux.
« Hey ! Calmez-vous ! Si cette femme avait voulu nous tuer, elle ne m’aurait pas sauvé la vie !
- À moins que ce ne soit une ruse de cette perfide Élise... »
Les filaments de toile de l’énorme araignée s’abattirent alors sur le plafond du manoir, et elle tira dessus, provoquant de terribles craquements. Sa force herculéenne lui permit ainsi d’arracher plusieurs poutres, et des débris leur tombèrent dessus. Aoife bondit sur le côté, écartant Shad avec elle, et des tuiles et des morceaux de brique s’affalèrent sur le sol.
« Pauvres fous... »
À terre, Aoife vit alors que l’immense araignée s’était arrêtée, mais qu’une étrange silhouette venait d’apparaître, se posant au milieu de la cour, accompagnée par de multiples araignées.
« Monstre ! »
En hurlant, un soldat se rua vers la femme, mais sa main se mit à bleuir en se tournant vers lui, et, avec horreur, Aoife put voir sa peau se craqueler, se fissurer, puis se décomposer, jusqu’à ne laisser plus qu’un squelette qui s’effondra mollement sur le sol.
« À genoux ! À genoux devant votre Reine, misérables créatures ! À genoux devant... »
Élise (http://img110.xooimage.com/files/3/8/5/odhqk6k-4e38fc4.jpg) !!
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« Je ne suis pas votre ennemie ! »
Vociféra l’Okami en enflammant également ses mains en réponse à la menace portée par Kovalsky. Oh, être attaqué par lui ne lui faisait pas réellement peur, elle ne craignait pas le feu et elle supposa également qu’il devait en être de même pour lui. Mais sa réaction avait été des plus naturelle, elle répondait à une menace, se préparant à se défendre en cas de besoin. Sa queue s’ébouriffa de colères et se mis à donner des coups nerveux dans l’air, signe d’un agacement très prononcé chez la Terranide :
« Oui je connais Elise et oui j’étais venue la voir en venant ici. Mais ce que je découvre là me laisse sans voix. Ce n’est pas elle. Elle ne ferait jamais cela et j’aimerais savoir ce qui a pu arri…ver ? »
Plus de temps aux paroles. Un important craquement se fit entendre et en levant le visage vers le plafond, l’Okami tout comme les autres personnes présentes dans le manoir purent voir ce dernier être arraché par la force herculéenne de l’araignée géante. La Louve fut écartée d’un point d’impact par Aoife et sur le coup elle se disait que les habitants étaient condamnés, que l’énorme bête allait déverser sur eux un flot continue d’araignée et utiliser son impressionnante force pour détruire cette bâtisse. Pourtant ce ne fut pas le cas. L’imposante bestiole se figea sur place et au centre de la cour une silhouette féminine apparue. Un garde couru à sa perte et ce fut devant des regards horrifiés qu’il fût transformé en un simple squelette décharnée. Son bourreau ne tarda pas à hurler :
«« À genoux ! À genoux devant votre Reine, misérables créatures ! À genoux devant... Elise !»
Ca n’avait aucun sens ! La Terranide n’y comprenait plus rien. Cette femme semblait tout comme l’Elise qu’elle connaissait capable de contrôler les araignées. Et même à un niveau bien plus supérieur que l’autre Reine que la Louve connaissait. Masi était-ce une personne différente ou l’Elise qu’elle avait rencontrée par le passé ? Observant la salle, la Lycane nota qu’aucune retraite était possible, tous les accès étaient bloqués et surveillés et elle supposait que tenter une action conduirait à être réduit dans le même état que l’impertinent garde. Certaines personnes commençaient déjà à se mettre à genou, tremblant de peur face à la menace de mort imminente qui planait au-dessus de leur tête. Tenter de combattre cette femme serait que pure folie. Et pourtant des courageux, ou plutôt des fous s’élancèrent de nouveau vers elle. A peine eurent-ils commencés à courir en sa direction que des araignées se jetèrent sur eux et plantèrent leurs crocs dans leur chair y déversant leur poison mortel. D’autres morts pour rien.
« Bordel….Ca ne peut pas être l’Elise que j’ai connu…je sais qu’elle en voulait à un homme, un noble mais de là à aller jusqu’à de telles extrémités… » ne put s'empêcher de penser la Louve.
Et maintenant ? Qu’allait-il se passer ? Suivant le mouvement, Shad posa néanmoins un genou à terre, observant toujours pour voir si une autre attaque suicide serait tentée mais au vue de la situation actuelle, c’était un fait fort peu probable. Et à proximité de cette Reine des Araignées, le talisman qu’elle portait autour du cou réagit semblant recouvrer un peu de son énergie perdu lors de la bataille aux Enfers face à Hastur. Oh ce n’était pas grand-chose, juste un léger mouvement au niveau des pattes qui se stoppa aussi rapidement qu’il avait commencé.
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Effrayante et glaçante, Élise ne daigna même pas accorder un regard vers les quelques gardes qui, en hurlant, tentèrent de l’attaquer. Les araignées les encerclaient, les piégeant dans la cour du manoir. Elles grimpaient le long des murs, et le corps de garde du manoir avait explosé, en libérant toute une nuée. Aoife ferma les yeux, sentant la panique s’emparer d’elle, étreindre son cœur. Allait-elle périr ici ? Cette situation, en réalité, était fort peu enviable. Oublierait-elle seulement un jour le bruit incessant et effrayant des multiples cliquètements des pattes des araignées ? Elles formaient une épaisse nuée qui venait de s’immiscer dans le manoir, mais toutes étaient suspendues aux lèvres d’Élise. Et Aoife, prenant conscience qu’il était suicidaire de résister, s’inclina aussi, en baissant la tête. Kowalsky fut le seul à rester debout, tandis que de petites araignées couraient sur le corps de la femme.
« Tiens donc, un rebelle…, rigola doucement Élise.
- Je ne m’agenouillerai jamais devant toi, engeance infernale ! »
Les mains de l’homme se mirent à rougeoyer, et il balança un chapelet de flammes vers la femme, une véritable langue de feu qui vint la recouvrir intégralement… Mais qui ne laissa sur elle que quelques volutes de fumée et de poussière. Un rire sarcastique traversa ensuite les lèvres de la femme-araignée, sous le regard, surpris, du Pyromancien.
« Mais… Comment ?
- Bien… À mon tour, donc… »
Élise tendit alors la main, et onde de choc concentrée en jaillit, déformant l’air pour frapper le torse de l’homme. Soufflé par l’attaque, Kowalsky s’envola, et passa à travers une fenêtre, disparaissant dans le manoir, où une série d’araignées bondirent à sa suite. Serrant les lèvres, Aoife l’entendit se battre, hurler, tapant dans le vif, criant de rage… Puis de douleur, avant que plusieurs craquements ne résonnent, et que ses cris ne se tarissent.
« Bien, bien… D’autres suicidaires en perspective, ou… ? »
La femme se tut soudain en passant devant Shad, et fronça les sourcils… Puis tendit sa main, et le talisman de Shad se mit alors à briller, puis s’éleva alors, redressant de force le visage de la Terranide.
« Oh… Shad Hoshisora. Je t’attendais. »
Un sourire mauvais traversa les lèvres de la femme, qui écarta ensuite les bras.
« Comment trouves-tu la nouvelle Forêt des Toiles ? Elle est belle, non ? Je l’ai amélioré selon la volonté de Père ! Et elle en avait bien besoin, la pauvre, quand on voit ce que ma sœur en a fait… Avoir un tel potentiel, et le gâcher avec tant de forces, c’est tout simplement sidérant. »
Aoife ne comprenait pas grand-chose à ce que la femme disait, mais elle finit par se redresser.
« Vous tous ! Vous allez emprunter votre tunnel, vous allez aller à la Redonnière, et vous allez prévenir le seigneur local que j’arrive, et que je viens réclamer son fort comme étant le sien. Encouragez-le à résister, et portez les armes. Faites-vous plaisir, défendez-vous, vous massacrer n’en sera que plus jouissif. Et profitez-en pour être mes messagers, et dites-leur que ces terres, désormais, sont celles de mon Père… »
Se déplaçant tout en parlant, Élise finit par les regarder, un air victorieux sur le visage :
« …Les terres du Roi Cramoisi ! »
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Le fou. Kowalsky venait de signer son arrêt de mort en défiant cette Elise, mais son attaque suicidaire permis également aux autres mages présents ainsi qu’à la Terranide que les attaques magiques ne semblaient pas atteindre cette ignoble femme araignée. Ou du moins déjà les attaques liés au feu, et pour ce qui était des autres éléments, nulle personne n’irait tenter un acte suicidaire après la démonstration qu’ils venaient tous d’avoir. A quoi bon risquer sa vie pour rien ? La perte de Kovalsky était certes tragique mais son sacrifice avait pourtant permis de donner quelques minimes informations sur cette reine des araignées usurpatrice. Mais pour l’heure, tous étaient à terre, le visage vers le sol, se demandant s’ils n’étaient pas entrain de vivre leur dernière heure. L’Okami était également dans cette même position, sachant très parfaitement qu’actuellement tenter d’attaquer Elise ne serait que pure folie et ne la conduirait qu’à sa perte. La Lycane était loin d’être folle au point de risquer sa vie pour rien quand aucun pourcentage de chance n’était envisageable. Elle ne pouvait donc attendre la suite des évènements.
« Oh… Shad Hoshisora. Je t’attendais. »
Au même moment, la concernée fut obligée de relever le visage vers cette deuxième Elise et son regard croisa le sien. Un léger grognement s’extirpa de sa gorge. Cette situation ne lui plaisait guère, loin, de là même ! Et au vue de ses paroles, l’idée qu’elle allait mourir ici et maintenant traversa l’esprit de la Terranide. Mais finalement, ce ne fut pas le cas. Alors que Shad s’attendait à recevoir un coup fatal, ce ne fut que des paroles qui furent portées à son intention. Observant Elise et ce qu’elle démontrait, la Louve répondit spontanément :
« Ce que j’en pense ? C’est loin d’être la forêt sanctuaire qu’Elise avait créé….qu’as-tu fais de ses habitants ? Et qu’as-tu fais d’elle ? »
Oh, la Louve savait pertinemment qu’elle ne recevrait aucune réponse à ses questions mais qui ne tentaient rien à rien. Et tout comme Aoife, Shad se redressa, suivit par les autres personnes encore présentes dans l’enceinte du manoir. Et comme pour annihiler toute tentative d’attaques insensées, les araignées patrouillaient entre les habitants, les soldats et les mages, menaces visibles pouvant les mettre à terre à tout moment. Puis vint la déclaration de guerre de la part d’Elise. Au vue de la bataille qu’elle venait de remporter et de ses aptitudes hors normes, il était tout à fait normal qu’elle se voit déjà vainqueur de leur prochaine bataille. Leur prochain étape risquait de devoir se préparer ardemment au futur combat qui allait suivre sous peu.
« Monstre ! Nous te vaincrons et nous planterons ta tête ignoble sur une pique en haut des remparts ! » Vociféra un soldat à l’armure de plates.
Face à cette menace, une araignée bondit sur l’homme et planta ses crocs dans sa chaire, laissant son venin parcourir ses veines et le tuant sur le coup. Nul ne pouvait insulter impunément leur reine bien aimée. Un silence de mort flotta dans la salle et tous attendirent que cette Elise s’en aille pour prendre les souterrains car nul n’osait bouger pour tenter de l’atteindre en cet instant. Finalement, Elise et ses nombreuses araignées levèrent le camp, quittant la ville dévastée dans un rire démentiel, laissant là les quelques survivants. Et à peine la Louve eut-elle le temps de souffler qu’elle se fit attraper et plaquer violemment contre un mur, un soldat mettant le tranchant de son épée contre sa gorge.
« Voyez ! Je vous l’avais bien dit ! Cette saloperie de Terranide est avec cette damnée Reine des Araignées ! »
« Ce n’est pas l’ Elise que je connais ! -cria t’elle en guise de réponse avant de tourner son visage vers Aoife - Si vous voulez m’interrogez libre à vous mais je choisi alors que ce soit elle – elle reporta son regard azuré sur l’homme qui la menaçait – et nous n’avons pas de temps à perdre, qui sait si elle ne reviendra pas pour tuer ceux trop lent pour prendre le souterrain ? «
« Garce » cracha simplement le soldat à son intention attendant la réponse d’Aoife. Les autres regroupaient entre temps leurs affaires et se dirigeaient vers les fameux souterrains tous anxieux de ce qui allait se dérouler prochainement.
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L’apparition d’Élise avait été terrible et humiliante. Non seulement elle les avait maîtrisés, mais elle avait été jusqu’à les épargner, pour mieux les massacrer ensuite, en leur disant clairement que sa cible était La Redonnière, ce fort situé plus en amont. Un fort historique, qui avait jadis servi, et servait encore, comme ligne de démarcation entre les deux duchés, celui de Gavony, et celui de Jollyer. C’était un fort frontalier, solide, qui avait été dressé à l’époque d’une guerre entre les deux duchés, mais tiendrait-il face à Élise ? Aoife l’avait traversé en rejoignant Gavony, et, si elle avait vu que le seigneur local renforçait les défenses du fort, vraisemblablement en prévision de l’attaque de la Reine des Toiles, elle doutait qu’il puisse tenir contre une telle armée.
Élise se retira donc, grimpant sur son araignée géante, et le groupe marcha vers les souterrains, non sans une quelconque altercation avec Shad, qui fut accusée de collaborer avec l’ennemi. Les hommes venaient de perdre leur ville, leur famille, et leur Commandant. La colère était palpable, comme un exutoire face à la peur qui étreignait leur cœur. Mais Aoife, pour autant, sut se montrer digne.
« Assez, idiots ! Nous ne pouvons pas rester ici trop longtemps, ou ces araignées nous tueront !
- Et tu es qui, toi, hein, pour oser nous parler ainsi ?!
- Je suis le Chevalier Aoife, au service de Sa Majesté la Reine Elena Ivory. »
Un rictus moqueur déforma les lèvres du soldat.
« Nexus… C’est tout ce que Sa Grandeur peut nous envoyer ? Une gamine qui vient de perdre ses dents-de-lait ?! »
Aoife serra les dents.
« Modère tes propos.
- Sinon quoi, hein ?! »
La réponse fusa rapidement. Une violente gifle s’abattit sur la joue du malotru, et l’envoya heurter le mur, puis Aoife le frappe avec le pommeau de son épée, à hauteur du genou, avant de le frapper à nouveau au visage, à l’aide d’un coup de poing bien senti, son gantelet de fer s’abattant joyeusement sur sa tête. Et, alors que l’homme gisait sur le sol, le tranchant froid de l’épée d’Aoife caressa son cou.
« Nul ne saurait insulter impunément Nexus en ma présence. Présente tes excuses, vaurien. »
Ce petit accès de virilité eut pour effet de calmer le scepticisme des soldats, et Aoife leva la main.
« Allez ! Marchons ! Et soyez-en assurés, nous reviendrons ici, et Élise payera ! »
Malgré son ton déterminé, Aoife n’en était pas assurée. Les choses étaient encore plus catastrophiques que ce qu’elle avait pu craindre.
Et elle devrait entendre l’histoire de Shad, plus tard…
Une fois qu’ils seraient tous sortis de ces tunnels.
Derrière eux, l’entrée des tunnels fut rapidement bouchée par une série de toiles d’araignées, comme un funeste présage…
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Ainsi donc cette fameuse femme était au service de la Reine Elena Ivory ? Voilà un point important qui attira toute l’attention de la Terranide et également un sacré coup de chance. Bien qu’elle craigne néanmoins le futur interrogatoire qui l’attendrait une fois les souterrains traversés. Non pas que cela l’effrayait mais qu’elle allait devoir s’expliquer des heures durant et cette hypothèse ne l’enchantait guère. Finalement relâche par le garde qui l’avait insulté, la Lycane se déplaça pour se mettre aux côtés d’Aoife et emprunter avec elle le passage qui les mènerait jusqu’au prochain fort. A en juger par la file de survivants du massacre effectué au sein du Manoir, il ne devait être plus qu’une petite centaine, peut-être même un peu moins. Et leur nombre risquait encore de diminuer car toute tentative de retraite venait de leur être retiré. La Lycane grogna doucement, jurant, sachant très bien que leur excursion n’allait pas se faire sans perte.
Instinctivement, ses doigts se posèrent contre son collier arachnéen, cadeau de la véritable maîtresse de la Forêt des Toiles. Il avait réagi à la présence de sa sœur, plus dévoué au Roi Cramoisi et permis ainsi de ce fait à faire comprendre à sa porteuse qu’il n’était pas dénudé entièrement de magie. Sa main se referma plus fortement contre l’araignée stylisée tandis que son regard se poser sur chaque paroi les entourant. Ils allaient être attaqué, c’était une certitude mais rester encore à savoir où et comment. Malheureusement, aucune réaction de la part du talisman ne se fit sentir contre la paume de la Louve qui le relâcha en poussant un soupir de désappointement. Dommage, cela aurait pu lui être utile, mais il était tout à fait normal que son pouvoir reste encore endormi, et qui ne se réveille qu’en présence du Roi Cramoisi ou de ses filles.
« Attends. »
Tendant sa main devant Aoife, elle l’invita à se stopper, ses oreilles fièrement dressées sur le sommet de son crâne, s’agitant légèrement face à une source auditive inconnu et qui s’approchait. Le visage de la Terranide fut traversé par un rictus d’horreur. Bien que la source du bruit fût encore assez loin, elle pouvait aisément entendre de nombreux bruits de pattes qui filaient droit vers eux. Les araignées approchaient et l’architecture du lieu leur donnait un avantage certains. Outre le sol, elles pourraient se déplacer aussi bien sur les murs qu’au plafond et ainsi encercler les pauvres rescapées. Mais, parler de défaite serait donné une victoire trop hâtive à ses sombres créatures. La Louve se tourna vers Aoife :
« Elles vont arriver sur nous…je peux tenter de les maintenir à distance avec les autres mages en utilisant ma magie pendant que les soldats les tuent de leurs épées…Je ne vois que cela comme solution au vue de l’endroit où nous sommes….Si tu en as une autre, je serais d’avis de l’entendre mais le temps presse et nous n’avons que très peu de temps devant nous »
En effet, à présent le bruit caractéristique des pattes pouvait se faire entendre par tous. Et déjà au loin, une vague noire semblait déferlait sur eux. La troupe devait rester unie ou leur mot était assuré. Bien qu’ayant donnée une proposition hâtive, la Lycane était prête à suivre un autre commandement, se fichant éperdument qu’on puisse l’accuser d’être à la solde de cette reine des araignées qui les menaçaient tous de mort. La vague noire et grouillante se rapprochait de plus en plus et bientôt l’impact serait imminent. Combattre les araignées seraient certes long et épuisant mais ils auraient encore une chance de victoire mais si cette Elise était également parmi elle…leur chance de survie risquait d’être profondément amoindrie.
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Pour un baptême du feu, c’était une sacrée danse. Aoife sentait qu’elle allait faire des cauchemars d’araignées pendant des mois. Brr, que c’était flippant ! Et, au-delà de ça, il y avait aussi ce qu’Élise avait dit. Sur le coup, Aoife n’avait pas fait le rapprochement, mais, maintenant que la tension redescendait, son cerveau lui rappelait ses manuels d’Histoire. Le Roi Cramoisi... L’Empereur Fou d’Ashnard, un tyran arachnéen qui avait dirigé l’Empire d’une main de fer il y a quelques siècles. Son règne avait été particulièrement sanglant et meurtrier, et avait gravement appauvri l’Empire, car le Roi Cramoisi avait mené de vastes excavations archéologiques, à la recherche de lubies, pour entretenir sa démence personnelle. Surtout, on disait qu’il avait transformé la capitale en un gigantesque bain de sang, envahi par ses araignées, ses goules et ses immondices. Une cruauté telle qu’elle avait amené les Impériaux à se révolter contre lui, à mener une guerre civile qui avait permis d’occire le Roi Cramoisi.
Élise parlait-elle d’un usurpateur ? Ou est-ce que le Roi mort, finalement, ne l’était pas ? Ou idolâtrait-elle une idole déchue ? Malheureusement, Aoife n’avait jamais approfondi le sujet de la Guerre Civile. Elle en avait entendu parler, bien sûr, car c’était à travers le règne brutal et sanglant du Roi Cramoisi qu’Ashnard avait bâti sa réputation de puissance maléfique et infernale.
*
Dieu, il va falloir que je me renseigne... Si le Roi Cramoisi est toujours en vie...*
Est-ce que c’était la signature d’Ashnard ? Est-ce que cette Élise était, en réalité, un agent des Impériaux ? Aoife en venait à envisager toutes les hypothèses, tan dis que les réfugiés avaient quitté les multiples couloirs pour atteindre un couloir unique, plus grand, qui faisait penser à un ancien hall nain. Gavony, de fait, avait été bâtie près de ruines naines, inexploitables, et que les humains avaient utilisé pour faire un tunnel de secours. Des torches étaient allumées le long de plusieurs colonnes, et on pouvait voir, ici et là, les poutres et les échafaudages mis pour soutenir le toit.
Aoife continuait à marcher quand Shad les avertit que les araignées d’Élise approchaient.
«
Elle nous avait accordé un sauf-conduit, ce n’est pas normal... »
Aoife vit les soldats se mettre en position, mais les araignées peinaient à approcher... Et le chevalier finit par poser sa main sur l’épaule de Shad, comme pour la retenir. Non, les araignées ne les attaquaient pas, mais... Elles
tissaient. Elles étaient en train de sceller cette zone, comme pour empêcher tout retour en arrière, ou juste pour les menacer.
«
Reprenons la marche ! Vite ! Les soldats derrière, les civils devant !! »
Étrangement, Aoife semblait avoir, suite à la mort de Kowalsky, gagné une sorte d’autorité naturelle sur les soldats. Le groupe traversa ainsi le grand hall nain, puis il y eut ensuite d’autres tunnels, et on finit enfin par rejoindre une ancienne mine, avec quelques rails sur le sol, et une lueur, au loin.
Ils arrivèrent finalement dans une grande forêt, en pleine campagne.
Il ne restait maintenant plus qu’à rejoindre La Redonnière, ce qu’ils firent dans un silence pesant.
Ce ne fut qu’au petit matin qu’ils virent le château, accessibles depuis un pont :
(http://img98.xooimage.com/files/8/e/1/439037-415f6ae.jpg) (http://img98.xooimage.com/files/a/3/1/439037-415f6ad.jpg)
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La Louve était quelque peu tendue, attendant qu’un simple geste de la part d’Aoife pour se défendre ou lancer l’offensive face à la mer d’araignées qui venaient vers eux. Mais étrangement, bien que se rapprochant de leur groupe, les araignées n’arrivaient jamais directement sur leurs personnes, restant à une certaine distance, se contentant de tisser inlassablement des fils de soies gluants. Outre le fait de bloquer toute possibilité de retraite, la Terranide ne voyait pas dans quelles autres mesures ces bestioles feraient ceci. Sentant la main du chevalier contre son épaule, elle hocha simplement la tête et rabaissa ses mains, retirant la petite aura enflammée qui les enveloppées. Mieux valait profiter de cet instant d’accalmie pour continuer à progresser. La troupe se remis en marche sous la direction d’Aoife et ce ne fut qu’à l’aube qui atteignirent enfin leur destination : La Redonière.
Et quel branlebas de combat ! De nombreuses troupes s’afféraient à fortifier les défenses de la cité. Sur toute la longueur des remparts, la Louve nota la présence d’archers et de multitudes de projectiles, sans oublier ceux qui étaient positionnés au niveau des meurtrières. Des gardes armées d’épées, d’haches ou d’hallebardes effectuaient des rondes et d’apprêtaient à repousser le moindre attaquant. Même l’entrée de la Redonière était bien plus protégée qu’à l’accoutumée et une certaine tension se faisait sentir dans l’atmosphère de cet ultime bastion face à cette Reine des Araignées.
Un aspect étrange attira l’œil de la Terranide au niveau des remparts et en passant près de l’un d’œil, elle tendit une main et toucha la pierre du bout des doigts. Une matière visqueuse recouvrait le mur. En observant les autres murs et fortifications, la louve nota que cet aspect glissant était présent sur toute la surface. Quoi de mieux que de ralentir les araignées en leur empêchant d’user facilement de leur faculté d’escalade ? Sauf que cette substance ne pouvait être maintenue naturellement en place et bien vite la Louve décela la présence de plusieurs mages qui maintenant cet aspect visqueux en place. D’autres marchaient également dans les rangs des soldats armés et semblait être plus prompt au combat. Chacun y trouvait sa place et avait de quoi contribuer pour la bataille qui allait suivre.
Bien qu’Aoife et ses rescapées n’aient pas encore été voir le chef de la Redonière, la mise en place des défenses et la préparation des vivres pour tenir des mois de sièges semblait indiquer que tous savaient ce qui les attendait. Et tous mettaient la main à la pâte pour repousser l’horrible invasion qui se prolongeait à l’horizon. Mais, aussi bien bâti que soit ce fort, sera-t-il assez puissant pour résister à Elise ? La Lycane en doutait fortement et pour elle, il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait lui faire face : Elise. Maudit soit ce Roi Cramoisi à avoir nommé du même patronyme ses filles ! Les citoyens étaient pris en charge par quelques soldats qui les menèrent vers l’église où bon nombres de réfugier étaient déjà tassés. Tous ne pouvaient pas se battre mais certains apportaient leur contribution en préparant les repas ou en fortifiant les points de défenses.
Pour l’heure, les soldats patrouillant sur les remparts ne voyaient à l’horizon pas l’ombre d’une attaque mais mieux valait rester sur ses gardes. Tout éléments qui auraient pu servir aux araignées avaient été également scellés et condamnés. La cité semblait être imprenable et pourtant, elle pouvait tout aussi bien tomber facilement. En observant les réfugiés, la Louve ne put s’empêcher de chercher un visage familier. Et il lui restait encore à répondre aux interrogations d’Aoife….
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Élise ne frapperait pas La Redonnière par surprise. Le seigneur local était sur le pied de la guerre, et avait sonné le ban. Les réfugiés de Gavony n’étaient pas les seuls à venir, des troupes venant des bannerets et des seigneurs locaux venaient régulièrement gonfler les rangs. Les forges et les armureries tournaient à plein régime, et on découpait la forêt. La Redonnière n’était pas un fort de bataille, c’était un fortin, qu’il fallait renforcer en prévision du siège à mener. Or, la Redonnière n’avait pas connu de sièges depuis des éons, ce qui expliquait pourquoi la végétation avait poussé de manière si prolifique. En marchant à l’intérieur de la ville, Aoife vit ainsi de nombreux bûcherons, qui découpaient le bois, le mettant ensuite sur des charretiers, afin d’alimenter les fourneaux des forges ou de remplir les réserves. Une activité frémissante et énergique. Les camps d’entraînement étaient remplis, et Aoife marchait.
Le groupe arriva finalement devant l’entrée du fort, où on les fit rapidement rentrer, les pages les guidant dans une salle de banquet, où, après un certain temps, on leur expliqua qu’ils allaient être nourris et traités, puis que les plus valides pourraient prendre les armes, tandis que les individus inaptes au combat seraient envoyés dans des camps de réfugiés dans les plaines. Aoife, elle, ne comptait pas partir, mais elle avait aussi des questions.
Cette Louve n’était pas là pour le hasard, elle en était sûre, maintenant. Aoife n’avait pas entendu parler du rôle de Shad dans l’affaire Mandus. Elle avait eu vent de cette histoire, et même bien vent, car elle avait fait partie des soldats ayant défendu les bas-fonds contre les hommes-porcs. Une véritable boucherie, presque aussi glauque que ce qu’elle vivait ici, avec ces araignées mortelles et furieuses. Une armée qui était en train de se former, et de tisser sa toile sur tout un comté.
*Je me dois de faire quelque chose… Mais, avant, il faut que je comprenne.*
Que venait faire le Roi Cramoisi dans cette histoire ? Qu’avait donc voulu dire Élise en parlant à Shad ? Qu’est-ce que cette mystérieuse Louve savait donc sur cette histoire ? Alors que le groupe s’aventurait dans un couloir, Aoife finit par poser sa main sur l’épaule de la Louve, et la poussa avec elle dans une petite pièce attenante.
« Bien… Je crois qu’il est temps que nous discutions un peu, Shad, toi et moi… »
La pièce était vide, comprenant quelques meubles, et une fenêtre permettant de l’éclairer.
« Alors, dis-moi… Que sais-tu de cette Élise ? »
Car, indéniablement, elle avait l’air de savoir des choses…
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Le moment de l’interrogatoire était enfin arrivé. Depuis sa venue sur le champ de bataille et les quelques phrases qu’elle avait échangé avec la méchante Elise, la Louve attirait sur elle des regards méfiants. Mais pouvait-elle les blâmer ? Certainement pas. Sentant la main d’Aoife contre son épaule pour la mener dans une pièce à part où elle ne serait que toutes les deux, l’Okami y rentra sans broncher. Des explications..Oui elle en avait à lui en donner mais serait-ce simplement suffisant ? Marchant vers l’unique fenêtre de la pièce, elle observa un instant l’extérieur, prenant une inspiration avant de répondre dans un souffle :
« Je ne sais rien sur cette Elise. »
Un moment de flottement passa, la Terranide suivit du regard une cargaison de bois qui allait vers la fonderie avant de se retourner et de reprendre la parole.
« L’Elise que nous avons vu et qui a provoqué ce massacre, je ne sais rien sur elle, je ne suis qu’au même point que vous tous. Mais je connais l’autre Elise, la véritable maîtresse de la Forêt des Toiles. »
Car indéniablement pour Shad, l’Elise qu’elle avait rencontré il y’a quelques mois était la vraie Reine de la Forêt des Toiles et de ses habitants. Certes sa sœur était en l’occurrence en apparence bien plus forte et elle contrôlait également les arachnides mais la ressemblance s’arrêtait là. L’une était maléfique tandis que l’autre malgré les apparences ne désirait que d’être en paix..et se venger d’un certain homme.
« Il y’a quelques temps, je me suis retrouvée dans la Forêt des Toiles. J’ai bien sûr crû que ma dernière heure était venue mais ma rencontre avec Elise ne m’a pas fait passé de vie à trépas. Son domaine n’est pas aussi grand qu’à présent et ne comprenait que quelques hectares de forêt qu’elle considérait comme son chez elle. Que tu me crois ou non, il y’ a un village dans cette forêt où les habitants sont libres de rester ou de partir et aucune ne vis dans la peur….Elise n’est pas la femme sans cœur que vous pouvez vous imaginez, j’ai même pu rentrer dans son sanctuaire au cœur de son domaine où plusieurs Terranides y étaient réfugiés. Des Terranides qui avaient connu le supplice de l’esclavage. »
Se détachant de la fenêtre, la Lycane se mis à marcher dans la pièce, laissant sa main glisser contre l’une des surfaces d’un meuble et soulevant un peu de poussière. Posant son regard sur la pulpe de ses doigts, la Terranide les frottas par la suite entre eux pour y retirer l’excédent de poussières :
« Elise n’aurait jamais étendue son domaine et la seule attaque qu’elle aurait porté aurait été pour un seul homme : Un certain Hamleight si j’ai bonne mémoire. Lors de mon passage, la Forêt des Toiles avait connu une attaque que j’ai aidé à repoussé….de cela je reçu ceci – dit-elle en désignant le talisman autour de son cou – pour l’heure son pouvoir est endormi mais il m’a aidé à plusieurs reprise. J’étais venue ici pour qu’Elise ou Médonée le répare..Si je peux dire cela ainsi. Et aussi pour une toute raison. »
Elle se tourna vers Aoife et déclara :
« On m’a envoyé faire en sorte qu’Elise sorte de sa forêt pour rencontrer la Reine Elena Ivoiry, dirigeante de Nexus. Car leur rencontre serait primordial pour l’avenir. Mais à présent, je sens que cela ne sera pas chose aisée. Je ne sais absolument pas où elle se trouve et la Redonnière connaîtra bientôt des jours de luttes acharnées….Hors, je suis sûre que la seule personne qui peut battre l’Elise d’aujourd’hui est l’autre Elise…Mais nous ne savons pas où elle se trouve. »
Avait-elle tout dit ? Sur le coup, la Lycane n’était pas sûre mais elle avait fait au mieux.
« D’autres questions ? »
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Avec un tel talisman, cette Louve magicienne n’allait pas se faire que des amies, car elle portait le signe d’Élise, et, au-delà, le signe des Arachnistes. Aoife, néanmoins, savait qu’elle lui devait la vie, et il était donc illogique que, tout en servant Élise, Shad aille été la secourir. Pour elle, il y avait donc à lui accorder le bénéfice du doute, mais, avant d’affronter le châtelain, mieux valait que Shad bénéficie de l’aide d’un chevalier de Nexus. La Louve lui expliqua donc qu’elle ne savait rien de cette Élise, en lui sortant une histoire... Inattendue. Une histoire selon laquelle il y aurait en réalité deux Élise, dont l’une, l’originelle, aurait été supplantée par la seconde, une sorte de double maléfique. Une histoire pour la moins troublante. Aoife resta silencieuse après ces révélations. Sceptique ? Honnêtement, on le saurait pour moins que ça !
« D’accord... Je ne sais pas trop si je dois te croire, mais... Tu as l’air honnête. Et puis, tu m’as sauvé la vie. Cependant, il est aussi possible que... Qu’Élise ait changé. De ce que je sais, elle était la seule à pouvoir contrôler ses araignées. De plus, le fait qu’elle ait mentionné le Roi Cramoisi ne me dit rien qui vaille. Sais-tu qu’on le surnommait ‘‘Seigneur des Araignées’’ ? La particularité de son clan était de se battre avec des hordes d’araignées, que ses hommes chevauchaient, sans parler de la soie d’araignée. Les armures que le clan fabriquait faisaient partie des plus résistantes et des plus souples qui soient. »
Aoife se mordilla les lèvres, se taisant en réalisant qu’elle était en train de donner un cours d’Histoire. La soie de l’araignée, en réalité, avait des propriétés incroyables, aussi bien en terme de rigidité, que d’élasticité. De manière plus générale, au-delà de son aspect repoussant, l’araignée était une créature fascinante à bien des égards.
« Enfin bref... Je ne connais pas beaucoup d’individus capables de contrôler intuitivement autant d’araignées. Quant à ce Hamleigh... On m’en a parlé. Un individu redoutable, d’une cruauté incroyable. »
Elle en avait entendu parler, oui, et elle pensait même que, tôt ou tard, l’homme serait jugé parmi ses pairs. Il avait, pour l’heure, réussi à échapper à un procès en neutralisant tous les serfs voulant porter plainte. Les nobles n’étaient pas intouchables, et, sur ce point, le droit nexusien avait influencé bien des royaumes. La philosophie de Nexus était de considérer qu’un grand pouvoir impliquait davantage de responsabilités, et que, en conséquence, un noble, en ce qu’il avait de hautes fonctions, se devait d’être jugé en conséquence. Les procès étaient cependant rares, car, même si la théorie le permettait, en pratique, les nobles commettant des abus de pouvoirs savaient se protéger. Il était bon de signaler que, sur ce point, Nexus avait fait de gros progrès, généralement sous influence religieuse. Quand un serf voulait se plaindre des abus de son seigneur, il n’en référait pas au bailli ou au prévôt, car ils dépendaient du pouvoir temporel, mais ils allaient auprès de l’église, afin de soulever les autorités religieuses. C’était par ce biais que, peu à peu, la Cour royale nexusienne avait jugé les nobles, en s’appuyant initialement sur les dispositions du droit canonique, avant qu’une ordonnance royale ne vienne développer toute une législation sur ces aspects.
Aoife avait appris cela lors de sa formation, et elle savait que ce rayonnement avait impacté la plupart des royaumes alentour, généralement car il s’agissait d’un moyen d’empêcher les jacqueries et autres révoltes populaires. Mais, là encore, il fallait dissocier théorie et faits. Si, en théorie, il était possible de condamner Hamleigh, dans les faits, l’homme se protégeait. Et, maintenant, il était de toute façon très probablement mort.
« Quant à rencontrer la Reine de Nexus... Je dirais que nous verrons ça plus tard. Je vais partir du principe que tu dis la vérité. Il nous faut donc savoir ce qu’il est advenu de la première Élise. Mais, si j’étais toi, j’éviterais de montrer ton médaillon. Il n’y a pas que les araignées... Depuis quelques mois, une sorte de secte sévit dans tout le pays. Les Arachnistes. Ils ont un médaillon similaire au tien, et capturent des gens pour réaliser des sacrifices rituels. Les prisonniers sont massacrés avec du venin d’araignée. »
Le chevalier secoua ensuite la tête, avant de se la gratter.
« Le mieux est que nous restions ensemble, en fait... Mais, dis-moi... Même en supposant que tu trouves Élise, qu’est-ce qui te fait dire que tu rencontreras si facilement Sa Majesté la Reine ? »
Sur ce point, Aoife ne pouvait pas savoir que Shad et la Reine se connaissaient personnellement...
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L’Elise qui les aurait attaqués pourrait être celle que Shad avait rencontrée par le passé ? La Lycane en doutait fortement. Bien que, il était vrai, Elise aurait pu changer de bords et lancer toutes ses attaques meurtrières pour étendre son domaine au nom du Roi Cramoisi, il n’en restait qu’elle n’aurait pu changer aussi radicalement d’apparence. Or, la Reine des Araignées que la Louve avait pu voir précédemment était très différente de celle qu’elle connaissait. Et plus que tout c’était son instinct qui lui dictait le fait qu’il y’avait bel et bien deux Elises distinctes. Mais sans véritables preuves, cela était difficile à démontrer. Cependant Aoife lui accorda le bénéfice du doute. Quant au surnom du Roi Cramosi…la Terranide était bien placée pour le confirmer. Son domaine aux Enfers était grouillant d’araignées et la thématique principale reposait sur ces bestioles. Certains prenaient des dragons, le Roi Cramoisi avait choisi les araignées.
Le nom d’Hamleight était connu, mais quant à savoir s’il était encore en vie ou non, cela même le chevalier ne semblait pouvoir y donner une réponse claire et concise. Mais, Elise n’avait pas menti, cet être était cruel, un être si abjecte que cela en fit sa réputation. Saisissant par la suite son médaillon, la Louve observa quelques instants l’araignée qui y était présente. Ainsi donc une secte avait été créé récemment et ce qu’elle portait autour du cou pouvait faire penser qu’elle en faisait partie ? Et à entendre les critiques dessus, mieux valait en effet ne pas laisser ce cadeau à la vue de tous.
« Cette secte doit être en effet récente, peut-être a-t-elle fait son apparition avec l’arrivée de cette Elise…Je vais suivre vos conseils et le cacher à la vue de tous. »
Chose dite, chose faite ! La Terranide retira le médaillon de son cou et le rangea dans une petite bourse en satin accrochée à sa ceinture. En temps normal, elle n’appréciait pas trop le retirer car il lui avait déjà apporté une certaine protection mais pour l’heure son pouvoir était envolé et risquait de s’attirer les foutres de toute la populace serait une très mauvaise idée, surtout à présent. Aoife lui posa par la suite une question concernant la Reine du Nexus et de leur possible rencontre. Il était vrai que la Lycane avait déclaré devoir trouver Elise pour la convaincre de la rencontrer mais avoir une audience avec une Reine n’était pas un fait aisé. Et il était tout à fait normal et logique qu’Aoife soit septique à ce sujet. Elle déclara tout simplement :
« Je fus en relation avec la Reine Elena Ivory pour l’histoire de l’abattoir Mandus qui a sévit dans les bas-fonds de Nexus. Je peux même dire que j’étais aux premières loges et rien qu’à repenser à toutes ces horreurs…En tant que chevalier de Nexus peut-être aviez vous combattu des hommes-porcs si vous étiez sur place à cet instant. »
Elle se mis à faire quelques pas dans la pièce, posant un bref instant son regard sur une bague à son doigt. L’anneau était discret et abordé une petite pierre rouge, un rubis mais n’était pas véritablement claque à l’œil. L’Enfer, c’était là où elle avait reçu ce présent et sur le coup, la Lycane regrettait de n’avoir que ses paroles pour prouver qu’elle connaissait personnellement la Reine de Nexus.
« Au pire, je pourrais essayer d’avoir une audience avec la magie personnelle de la Reine, Adamantte »
Ce n’était pas comme si elles avaient combattu Shub-Niggurath ensemble ! Mais cela, Aoife ne pouvait le savoir.
« Bien, donc, je resterais à vos côtés, mais j’ai également une question. Peut-être aviez vous fait des prisonniers de cette nouvelle secte ? Je ne pense pas qu’elle en fasse partie mais avez-vous mis aux fers une femme du nom de Médonée ? »
En rentrant en contact avec elle, Aoife et Shad seraient plus en mesure de déterminer ce qui était arrivée à la véritable Elise.
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Aoife fut surprise d’apprendre que Shad, cette petite Louve, avait participé aux horreurs de ces dernières semaines à Nexus. L’abattoir Mandus… Une tragédie nationale dont on avait parlé jusqu’à Tekhos. Aoife avait vu les vidéos des journalistes tekhans, décrivant « une cité en état de siège ». La Couronne avait dû décréter l’état d’urgence après les émeutes qui avaient agité les bas-fonds, et, pendant des jours et des jours, on avait déblayé, soigné les blessés, pacifié les quartiers atteints, tout en en profitant pour s’en prendre à certaines plaques tournantes des réseaux illégaux qui sévissaient dans la ville.
« Oui… Oui, j’y ai été. Ça a été… Affreux. J’ai pris part à certains combats. »
Aoife avait vu les hommes-porcs en action. Elle avait tenu une barricade, et de multiples arbalétriers leur avaient tiré dessus, mais ces monstres étaient tenaces et résistants. Malgré le sang s’écoulant de leurs multiples plaies, ils avaient chargé. Elle avait vu plusieurs soldats mourir, et elle-même avait été balancée dans une maison. Elle avait tué son adversaire à l’aide de la magie et de son épée, l’égorgeant, se retrouvant remplie par le sang de la bête, lui obscurcissant les yeux, inondant sa bouche… Des souvenirs particulièrement désagréables, en réalité. Elle en eut même un léger frisson, avant de se concentrer sur la Louve qui l’accompagnait.
Elle avait bien des questions à poser sur Mandus, car il y avait quantité de zones d’ombre. De ce qu’elle savait, et de ce que la version officielle disait, Oswald Mandus était un homme d’affaires nexusien, qui avait sombré dans la folie après avoir mené une excursion à Zerrikania, le négociant, d’origine tekhane, étant aussi un explorateur. À Zerrikania, il avait rencontré les Grands Anciens, et avait voulu faire, à Nexus, un rituel maléfique. Il avait posé les jalons en massacrant ses propres enfants, puis en utilisant ensuite son abattoir comme une sorte de couverture légale pour regrouper et attirer quantité d’individus afin de les tuer. Les détails plus poussés, comme la Machine de Mandus, n’avaient évidemment pas filtré, ainsi que les multiples complices d’Oswald. Aoife choisit toutefois de se concentrer sur l’essentiel. Elle avait en la Reine la plus sincère des confiances, et elle savait qu’Elena ne trahirait pas son peuple. De plus, Aoife n’était pas une adepte du complot, et savait que, parfois, il fallait cacher certaines informations au public. Toute vérité n’était pas bonne à être versée dans le débat public, car un débat public entraînait nécessairement une simplification des idées, et luttait contre toute atténuation.
*Bah, j’aurais sûrement l’occasion d’en savoir plus après…*
Pour l’heure, Shad désirait savoir si une certaine Médonée n’avait pas été trouvée parmi les réfugiés.
« Ça, je n’en sais rien. Il y a énormément de réfugiés qui ont fui la région. Si Gavony constituait une sorte de zone centrale pour les réfugiés, beaucoup se sont dispersés dans des camps, et chacun tient son propre registre. »
Autrement dit, il allait être compliqué de se renseigner.
« En quoi cette Médonée est-elle si importante, Shad ? »
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Lorsqu’on avait participé aux horreurs tournant autour de l’abattoir Mandus, il était très difficile de les oublier. Et ce que l’on soit au niveau des lignes de défenses pour protéger la population comme l’eut été Aoife ou au cœur de la Machine comme ce fut le cas pour Shad. Toute deux avaient vu des atrocités qui pouvaient aisément démontrer toute la perversité de ce monde. La Louve ne savait pas réellement quels éléments de cette histoire morbide le chevalier connaissait et elle préférait ne pas lancer le sujet au risque de dévoiler des informations qui restaient pour l’heure secrète. Très peu de personnes avaient véritablement pénétrés dans le cœur même de la Machine crée par Oswald Mandus et les horreurs qui s’y trouvaient avaient de quoi déconcertés le plus aguerri des guerriers.
De nombreux prisonniers, tous majoritairement Esper, attachés dans des cellules miteuses, des aiguilles venant percer leur épiderme de part en part pour récupérer le sang qui coulait par litres au sein de gros tuyaux labyrinthique. Du sang à ne plus finir, grouillant dans les canalisations, se déversant en forme de cascade, tapissant le sol sur plusieurs mètres et ces créatures….ces hommes porcs qui y sévissaient. Une horreur sans pareille mais à présent, de l’Abattoir Mandus, il ne restait plus qu’un énorme cratère et le Grand Anciens qui avait failli être invoquée fut repoussé dans sa dimension. Et pourtant il restait beaucoup de zones d’ombres qui seront peut-être un jour dévoilé. Tout comme la disparition de l’agent de la Reine…
L’histoire de l’Abattoir Mandus n’avait pas encore fini de faire parler de lui. La Terranide sembla contrarier en entendant la réponse d’Aoife concernant ou non la présence d’une certaine Médonée dans les camps de réfugiés. D’un côté, elle doutait que cette femme laisse à leurs propres dépends les habitants du village des Toiles mais s’ils avaient été séparés de forces….Il ne fallait négliger aucune possibilité.
« Ha ça…Disons que si ma mémoire est bonne cette femme était très proche d’Elise, une sorte de...prêtresse et j’ai tendance à croire que si nous la trouvions, nous arriverions à découvrir ce qui s’est passé dans la Forêt des Toiles. »
Mais ce n’était là qu’une simple hypothèse. La Louve soupira un grand coup, bougeant légèrement la tête en signe de négation et d’acception quelque peu…obligatoire.
« Mais nous n’avons pas le temps de vérifier chaque camps des réfugiés, le temps nous est compté avant la première attaque… »
Les troupes d’Elise avançaient vers la Redonnière, mare noire et grouillante visible à perte de vue. L’assaut n’allait pas tarder à être lancé et les deux femmes ne pouvaient se permettre de faire le tour des rescapés sur une simple supposition.
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Les cloches ne tardèrent pas à sonner, les gardes hurlant aux habitants d’aller à l’abri. Ces derniers quittèrent les faubourgs et les parties extérieures du fort pour rejoindre l’intérieur, et on ferma les portes, relevant le pont-levis. Contrairement à Gavony, la Redonnière était un fort, avec une garnison conséquente, des armes défensives, des magiciens, des balistes montées sur tour, ainsi que des mangonneaux. Le fort était bâti tout en hauteur, avec une série de murailles surélevées les unes par rapport aux autres, permettant ainsi aux défenseurs des lignes secondaires de pouvoir soutenir les soldats sur les lignes les plus avancées. On était loin du superfort nexusien, mais La Redonnière restait un fort conséquent, tout à fait à même de repousser des attaques. Il bénéficiait de plus d’une bonne position, puisqu’il se situait en hauteur, longeant un précipice. Les araignées déferlèrent donc depuis le flanc, une zone où les arbres avaient été abattus, dégageant ainsi tout un périmètre.
« Attendez ! Attendez !
- Laissez-les se rapprocher ! »
Aoife grimpa rapidement des marches à l’intérieur d’une tour, accompagnée de Shad, jusqu’à arriver au sommet d’une grande tour de guet. Elle ouvrit la trappe en bois, et fit irruption au milieu de deux archers et d’un magicien.
« Qu’est-ce que vous faites ici ?
- Je suis le Chevalier Aoife, de Nexus ! Croyez-moi, je peux vous aider. »
Les archers, méfiants, se regardèrent brièvement entre eux, et, comme pour dissiper tout doute, Aoife leur présenta, en l’extirpant de sous son plastron, un médaillon, forgée par Nexus, et qu’on confiait à tous les chevaliers. Elle ne saurait dire si c’est cette babiole qui sut les convaincre, ou les multiples cliquètements et mandibules qu’on entendait en provenance de la forêt. Les arbres craquaient, remuant doucement, et les archers se mirent en position. Aoife, d’un regard, vit également qu’on avait utilisé les rondins de bois pour les attacher le long du mur, probablement afin de les relâcher sur les araignées. Un piège défensif extrêmement efficace, sans parler des multiples fosses piégées dressées ici et là.
Aoife pouvait voir l’extrémité de la forêt, mais il n’y avait aucun signe de l’araignée géante… Elle se mordilla alors les lèvres, et se retourna vers Shad.
« Élise vient tester leurs défenses… »
Retrouver Médonée était pour l’heure secondaire. En l’état, il fallait surtout que La Redonnière survive à l’assaut.
Puis, alors que le temps semblait se suspendre, les premières araignées émergèrent, masses noires sinistres, poilues, et avec toute une série de pattes. Elles s’échappèrent depuis la forêt, et les archers et arbalétriers retinrent leurs souffles. Il y en avait énormément, formant des nuées noirâtres, mais Aoife revenait du front. Ce nombre n’était rien par rapport à toute l’armée dont Élise disposait. Elle pouvait sentir les doigts des gardes trembler le long des cordes qu’ils maintenaient… Et les trompettes retentirent.
Une volée de flèches fusa dans tous les sens, transperçant les araignées, le premier tir en fauchant des dizaines et des dizaines. Aoife se retourna à nouveau vers Shad.
« Allons aux remparts ! Nous serons plus efficaces là-bas ! »
Les araignées étaient trop nombreuses, elles allaient sûrement atteindre les murs.
En attendant, les flèches continuaient de s’abattre sur ces engeances infernales.
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Le tocsin résonna dans la Redonnière. Le premier assaut n’allait pas tarder à être lané par Elise et tout le monde était sur le branlebas de combat, seul les civils étaient invités à se mettre à l’abri. Ce fut une véritable débandade, chacun allant se rendre le plus rapidement à son poste, les forges tournant rapidement pour fournir armes et armures. Les mages se mettaient en position et relançaient leur sors de glissement de terrain au niveau des murs, rendant leur escalade abruptes pour les araignées qui arriveraient à les atteindre. La Louve suivit au pas de course Aoife, l’assaut en premier, Médonée en seconde.
Les deux femmes arrivèrent au sommet d’une tour et pendant qu’Aoife se présetait, la Lycane observa les alentours, retentant son souffle. Des bruits de mandibules, de pattes et d’agitations multiples provenaient de la forêt. Une horreur à entendre et qui pouvait faire glacer le sang. Pourtant, Elise n’avait pas mis toute ses forces, la preuve en était la non présence de l’araignée géante qui pourrait à elle toute seule provoqué d’innombrables dégâts et de victimes.
« Elle ne teste pas que les défenses…Elle les affaiblit et réduit leurs armements… »
Leur adversaire avait une armée innombrable, tandis qu’à la Redonnière, ils avaient besoin de ressources. Les flèches tirées ne réapparaissaient pas par magie et la mana qu’utilisait les mages pour tenir leur sortilège sur les remparts ou lancer des sors offensives ne se régénéraient pas indéfiniment. Ainsi, même s’ils arrivaient à repousser le premier assaut, un autre serait lancé, puis un autre jusqu’à ce que leurs ressources ne soient plus qu’un lointain souvenir. C’était là l’inconvénient des sièges, à moins que la Redonnière pouvait escompter une aide extérieure mais au vue de la situation actuelle, c’était peine perdue.
« « Allons aux remparts ! Nous serons plus efficaces là-bas ! »
Hochant simplement la tête en signe d’affirmation, la Lycane suivit le chevalier jusqu’aux remparts ou une nouvelle volée de flèches étaient tirés dans les airs et s’abattaient sur la masse grouillante des araignées qui arrivait droit vers eux. Des dizaines d’araignées furent touchés mais leur perte sembla si minime comparée à la marée noire qui arrivait vers le fort.
« Lâchez les rondins ! »
A divers emplacements des remparts, d’imposants rondins de bois furent enflammés et lâchés, écrasant sur leurs passages plusieurs de ces bêtes immondes. Tenir les défenses….Cela n’allait être guère être une tâche facile. L’avantage de leur position actuelle était le fait que les deux femmes avaient une vue parfaite sur les alentours pouvant ainsi voir à plusieurs lieux à la ronde. Pour le moment, toujours aucune ne trace de l’araignée géante ou bien d’Elise, juste cette première vague, interminable. Certaines araignées arrivèrent au niveau des murs mais l’aspect glissant de ces derniers leur empêchait d’y avoir un réel appui. Le sort des mages fonctionnaient mais pour combien de temps ? Refusant de rester les bras croisés, la Louve se tourna vers Aoife :
« Je pourrais prendre part au combat et brûler ces bêtes mais je ne pense pas que cela soit suffisant. Bien que protégés par ces remparts nous sommes dans une situation précaire, car nos ressources ne sont pas illimités. J’ai cru voir une zone où il y’avait moins de ces bêtes qui affluaient. Peut-être qu’en envoyant un contingent pour attaquer directement chez l’ennemi ? Mais..ce serait une mission suicide. »
Et personne n’oserait quitter les lieux sans être sûr du résultat. Finalement contrainte de prendre part au combat, la Louve créa une boule de feu et la lança sur les araignées, en brûlant une dizaine tandis que celles qui étaient au point d’impact virent leurs membres dispersés aux quatre vents. Une autre boule fut créée et la même action fut réitérée. Comment pouvait-elle simplement rester stoïque face à tout cela ? Mais pour l’heure, la Louve devait également suivre les directives d’Aoife et si cette dernière jugeait bon de tenir position, ce serait chose faite.
« Fais chier. »
Grogna t’elle entre ses crocs. Et ce n’était encore rien comparé à ce qui pouvait leur arriver !
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Les défenses de La Redonnière étaient éprouvées, mais les soldats tenaient bon. Aoife savait que l’adrénaline que le combat procurait pouvait réveiller en vous des capacités de résilience et une ardeur au combat incroyables. Ils n’abandonneraient pas si facilement, et ne laisseraient pas si facilement leur fort sombrer entre les mains crochues d’Élise. Aoife arriva à hauteur du mur principal, et vit que quantité de soldats couraient le long des murs, rejoignant les soldats, balançant des nuées de flèches, massacrant les araignées. Shad avança alors l’hypothèse que cette attaque soit juste le début d’une guerre d’usure, ce qui était fort peu probable. Par un mystérieux procédé, Élise avait réussi à se doter d’une armée impressionnante d’araignées géantes, et arrivait manifestement à en obtenir de nouvelles à un rythme très élevé. Une guerre d’usure pourrait donc marcher, mais, pour autant, Aoife avait des doutes.
Faire un siège durable de La Redonnière, c’était aussi prendre le risque de voir l’armée royale arriver et soutenir le fort. Aoife ignorait donc ce qu’Élise souhaitait, mais elle savait que le fort devait tenir. Les araignées commençaient à atteindre les murs, mais les mages avaient prévu cette attaque, en faisant un sort qui rendait les parois glissantes. Pour adhérer à un mur, et faire ainsi fi de la gravité, une araignée avait, avec elle, une arme secrète. Si on grossissait fortement la vue autour de l’une de ces pattes, on remarquerait que cette dernière se composait de microscopiques poils. À l’extrémité des pattes, chaque araignée avait ainsi, par pattes, des centaines de milliers de ces poils, qui agissaient comme autant de ventouses, permettant ainsi à ‘laraignée d’adhérer à pratiquement n’importe quelle surface. La surface appliquée par les mages était une substance alchimique qui avait été répandue, et qui permettait d’inonder ces microscopiques poils, faisant ainsi perdre aux araignées leurs ventouses.
Cependant, ces dernières pouvaient toujours lancer leurs filaments, et Aoife vit un archer être happé dans un hurlement. Un soldat réussit à se protéger avec son bouclier, et manqua basculer dans le vide quand l’araignée tracta son bouclier. Fort heureusement, Aoife se saisit de lui à lui l’épaule, l’empêchant de basculer dans cet enfer de mandibules.
« Allez-y, allez-y !
- Tuez ces saloperies, ne leur laissez pas le temps de se reformer ! »
Les flèches pleuvaient sur eux, et plusieurs araignées bondirent alors en hauteur, se retrouvant sur les cours entourant les murs. Cependant, elles furent rapidement accueillies par les piques des hallebardiers, ou les spadassins. La bataille s’enlisa ainsi devant les murs, les araignées essayant d’utiliser les tas de cadavres comme autant de monts pour monter, ce qui fit que, progressivement, elles se firent toutes massacrer, car les mages n’avaient plus qu’à enflammer les carcasses.
« Lancez le brai, finissons-en ! »
Le coup de grâce fut porté par l’une des plus terribles armes défensives qui soit : le feu venant de pots de brai*. Depuis les tours, des trappes s’ouvrirent, et un liquide poisseux tomba en contrebas, fondant sur les araignées, puis on enflamma les flèches, et on tira.
« Abrite-toi ! » hurla Aoife à Shad.
Dès que le brai heurta les corps velus des araignées, un immense incendie se forma, et il y eut comme une explosion de feu, les flammes se mettant à dominer les remparts, tandis que les araignées poussèrent des couinements d’agonie en se contorsionnant, le feu se répandant comme une traînée de poudre dans leurs rangs. Passées les premières flammes, les soldats virent l’armée ennemie se réduire à vue d’œil, les survivantes tentant de fuir.
Et, comme si les défenseurs réalisaient qu’ils venaient de repousser l’attaque d’Élise, un frémissement traversa les soldats...
Puis tous se mirent à rire, comme pour se soulager, afin de siffler et d’acclamer, se félicitant pour cette victoire aux pertes modérées.
La guerre n’était pas remportée, loin de là, mais une bataille venait d’être gagnée, et c’était bien là le plus important.
* : Tyrion confirme.
-
Bond issant rapidement en arrière pour se mettre à l’abri, la Louve vit s’élever au-dessus des remparts, la seconde suivante, d’imposantes flammes. Mais plus que la vue de ces flammes imposantes, le cri d’agonie des araignées et l’odeur de chaires brûlées qui émanait des murs ne laissaient aucun doute. La Redonnière avait l’avantage, aussi surprenant que cela puisse paraître, ils avaient réussi à repousser ce premier assaut. Les quelques araignées survivantes tentaient de s’enfuir vers la forêt, certaines arrivant à destination, d’autres recevant une flèche qui les tuaient sur le coup. Un mont de cadavres à huit pattes gisait au pied des murs, masses de cadavres entassés et brûlés qui devront être dégagés pour ne pas faciliter la progression lors d’une nouvelle vague d’attaque.
Les mages y mettaient le feu, brûlant les corps de ces horribles bêtes, créant ainsi un gargantuesque feu de joie d’où n’en sortirait que des cendres. Les flammes s’élevaient tout autour des remparts, signe de victoire de la part du fort imprenable et menace muette mais lourde de sens à l’encontre d’Elise. Les cloches résonnaient également au sein de la Redonnière, clamant la victoire des valeureux qui avaient su repousser la Reine des Araignées. Les soldats riaient de bon cœur entre eux, comme s’ils cherchaient à se détendre après ce qu’ils avaient traversés. Une euphorie générale s’empara de l’assemblée. Il était bon de célébrer une victoire. Pourtant quelque chose n’allait pas aux yeux de l’Okami. Retirant un peu de cendre de son armure, elle s’approcha d’Aoife :
« C’était trop…simple…. »
Beaucoup trop. Le chevalier n’avait-il pas mentionné qu’Elise devait les tester ? Et quoi de mieux que de laisser entrevoir une possibilité de victoire sur une guerre en perdant une bataille ? Les araignées avaient été trop facilement massacrées et mise en déroute. Bien sûr, la Lycane ne pouvait nier l’important moyen de défense qui régnait ici, mais pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de penser que tout cela n’avait été qu’une simple formalité pour leur adversaire, un moyen de connaître leurs ressources et leurs moyens de défenses. Shad ne fit part que de ses impressions à Aoife, ne voulant pas mettre à mal l’ambiance actuelle. Mieux valait d’un côté que les habitants de la Redonnière ait une lueur d’espoir qui les gorgera de courage lors de leur futur bataille. D’un côté, peut-être se trompait-elle et la Redonnière tiendrait face à cette armée arachnéenne. Et cela, la Louve l’espérait.
« Hum ? »
Ses oreilles s’agitèrent d’un coup, se tournant dans la direction où se trouvait la forêt des toiles. Un bruit de mandibules claquant entre elles, et de bruits de pattes la firent frémir. S’approchant du rempart, Shad observa l’horizon, son regard s’agrandissant sous la stupeur et la surprise de la vision qui se dressait droit devant elle. Le nombre d’araignées qui faisait face à la Redonnière n’était en rien comparable aux premiers assauts et ces dernières ne laissèrent pas de répit aux défenseurs, fonçant vers les remparts. Et au milieu, avançait une araignée bien plus imposante d’où naquirent sur son dos des dizaines et des dizaines d’autres araignées qui rejoignaient leurs consoeurs pour la bataille.
Tous se remirent en position et les flèches se remirent à voler vers cette armée à huit pattes. Le plaisir de la victoire n’avait duré qu’une dizaine de minutes tout au plus.
-
La joie fut, hélas, de courte durée, et les soldats cessèrent de se congratuler en entendant les armes ployer à nouveau, puis en voyant une énorme masse sombre qui se découpait. En déglutissant, Aoife reconnut l’araignée géante qui avait mis un terme au siège de Gavony. L’immense bête se rapprochait, ses pattes écrasant les arbres, tandis qu’une nouvelle horde d’araignées jaillit de la forêt.
« En position !
- Ne relâchez pas votre attention, tuez ces saloperies ! »
Les flèches plurent à nouveau, tandis que des sifflets sonnèrent. La Redonnière, toutefois, n’était pas Gavony, et, comme les fosses empoissées et les rondins de bois l’avaient prouvé, elle avait des moyens de défense. Contre l’immense araignée, les simples flèches et carreaux d’arbalètes étaient bien insuffisants, et, depuis les hautes tours du fort, on actionna les balistes et les mangonneaux. De même, les trébuchets déployés sur la haute cour s’actionnèrent également, et des volets de pierre fondirent. Les mangonneaux, eux, étaient des sortes de catapultes montées sur tour, et permettant de balancer une pluie de rochers. Le sbalistes, elles, permettaient de lancer d’énormes flèches. Les ingénieurs s’affairaient à ces machines, et Aoife vit une pluie de cailloux s’envoler au-dessus de leur tête, pulvérisant les araignées, mais ciblant surtout l’énorme bête. Plusieurs cailloux heurtèrent son dos, abritant son nid, éclatant plusieurs œufs.
Plusieurs mages se concentraient dans les hauteurs, formant un cercle, murmurant et psalmodiant entre eux. Aoife comprit vite que La Redonnière n’avait pas déployé toutes ses cartes. L’araignée géante se rapprochait, et un filament épais de toile jaillit de son épaisse gueule. Les soldats hurlèrent en s’abritant, et Aoife bondit sur le côté, évitant elle aussi le filament, mais vit trois gardes se retrouver englués dedans, puis partir en arrière quand l’araignée rétracta son filament, dans des hurlements de panique.
« Concentrez le tir sur les araignées ! » hurla Aoife.
Des araignées sauteuses bondirent alors, et l’une frappa Aoife en débarquant, la renversant. Aoife tomba en arrière, et s’écrasa dans une écurie, traversant le toit fait de paille, puis défonçant une poutre, pour s’étaler dans un enclos, avec l’araignée au-dessus d’elle, qui mordit son armure. Ses crocs percèrent pour atteindre la peau, la faisant hurler, et l’armure la sauva d’une blessure profonde. L’araignée posa l’une de ses pattes sur l’épaule d’Aoife, et cette dernière utilisa son autre main pour saisir, à sa ceinture, un couteau, et le releva, le plantant dans le cou de l’araignée une fois, puis une deuxième fois, et ainsi de suite, l’enfonçant furieusement, le sang de l’araignée vomissant de la plaie pour s’étaler sur le sol.
Dans un couinement, l’odieuse et horrible bête s’écroula sur le sol, des spasmes musculaires secouant ses pattes.
Aoife, de son côté, soupira lentement, et se retourna, puis se releva… Avant de constater qu’elle ne sentait plus du tout son bras droit, celui qu’elle avait utilisé pour tuer l’araignée. Elle gémit, et sentit sa vision devenir trouble.
*Oh non..*
Ses jambes se dérobèrent sous son poids, et elle s’affala au milieu de l’écurie, faisant hennir les chevaux. L’araignée avait mordu, et donc empoisonné, la brave Aoife. Cette dernière gémit donc, et porta sa main à sa ceinture, décapsulant un élixir, et entreprit de vite le boire, en espérant que ce dernier lutterait contre le venin.
Au-dessus d’elle, la bataille continuait à faire rage.
-
« Aoife !!! »
La Louve eut tout juste le temps de voir le chevalier se faire renverser par une araignée sauteuse qu’elle fut elle-même attaquée à son tour, l’ignoble bête la faisant choir violemment sur le sol. Se contorsionnant le plus possible pour éviter de justesse les coups des crocs imbibés de poison, la lycane finit par saisir les crocs de la bête entre ses mains, tentant de la repousser. Le tout s’était passé incroyablement vite et la seule réaction qu’elle eut fut de faire cette action insensée. Mais l’araignée avait l’avantage, ses pattes posées à la fois contre les épaules de la Terranide pour la maintenir à terre et sur le sol lui-même lui offrait un avantage physique. D’autant plus que la Louve n’était que sur le dos et sa posture ne lui permettait pas d’user une quelconque armes. Peu à peu, les crocs de l’araignée descendaient, s’approchant de l’épiderme de la Terranide.
« Pu….. »
L’Okami forçait pour repousser la bête quand un carreau d’arbalète fila en pleins dans la tête de l’odieuse bête. La blessée se releva tendant ses pattes avant en l’air en poussant un couinement avant qu’un autre carreau ne fut lancé, proche du précédent. Entretemps, la Louve ne perdit pas de temps et roula sur le côté avant de se relever. Par chance elle avait tenu les crocs sur les côtés et non au niveau des pointes, évitant ainsi de se faire empoisonnée bêtement. Un troisième carreau fila pour achever la bête qui se retourna sur le dos et crispa ses pattes contre son abdomen.
« Fait gaffe la proc…
« Attention !! »
Sautant, la Terranide percuta l’arbalétrier qui l’avait sauvé d’un bien sombre trépas, le faisant tomber quelques mètres plus loin sur le sol. Au même moment, à l’endroit précédent où ils étaient, un épais filament de toile traversa les airs, attrapant trois gardes qui furent par la suite tirés hors de la muraille, droit vers la gueule de l’araignée géante. Pour eux, c’était déjà trop tard et d’autres, malheureusement, suivront. Se relevant finalement, la Lycane se mit à chercher du regard Aoife, jurant. Ce ne fut que le cri d’agoni d’une araignée provenant de l’écurie non loin qui l’aida à la situer. Ne perdant pas une seconde de plus, la Louve s’élança, évitant les rets de soie et les araignées aussi bien qu’elle le pouvait.
Elle atteignit finalement l’écurie où elle découvrit la femme à même le sol et dans un piteux état. Allant à sa rencontre, elle nota la marque des crocs de l’araignée gisante à leur côté, cherchant immédiatement la fiole de soin accrochée à la ceinture du chevalier. Vide. Le sérum avait donc été déjà utilisé. Observant tout autour d’elle, la Louve émit un léger grognement :
« Faut pas rester ici. … Accroches-toi. »
Soulevant Aoife, la Terranide la mit, préférant la porter et s’éloigner de ce lieu avant qu’une autre horreur n’arrive. Prévoyante, Shad invoqua quelques sphères de flammes qu’elle fit tournoyer autour d’elle qui lui serviront de moyen de défense. L’une de ses mains retenait Aoife tandis que l’autre avait saisi l’une de ses épées. Prudemment, la Louve sortie de l’écurie, se dirigeant vers un lieu où il lui avait semblé voir des soigneurs et des guérisseurs. Un peu plus de soin contre le poison de ces araignées n’était pas anodin. Masi encore fallait-il les atteindre. Dans les rues, le nombre d’araignées qui avaient réussi à passer ne faisait que croître de minutes en minutes.
-
Élise était bien décidée à prendre La Redonnière avant que des renforts supplémentaires n’arrivent et que le siège ne s’enlise. Son armée semblait invincible, mais était-elle vraiment infaillible, ou n’était-elle qu’une colosse aux pieds d’argile ? En tout cas, les araignées déferlaient, de plus en plus nombreuses, tandis que les mages peinaient à préparer leur sort. Les énormes filaments de l’araignée géante soufflaient les gardes, et, bientôt, la créature put s’attaquer aux toits. Quand Aoife et Shad sortirent ainsi dans la cour entourant l’écurie, Aoife s’appuyant contre Shad, elles virent, devant elles, plusieurs soldats combattre deux araignées, avant qu’un éboulement ne s’abatte sur eux dans d’horribles hurlements de douleur. Un immense filament de toiles avait atteint le toit de la maison en face, renversant ensuite la structure sur eux.
Une araignée sauteuse atterrit alors à côté des deux femmes, et, fort heureusement, l’une des boules de feu tournant autour de Shad fonça sur elle, la faisant flamber dans un hurlement de douleur. Aoife, qui avait du mal à entendre, sentait contre ses oreilles une sorte de bourdonnement diffus étouffant tous les sons. Elle vit d’autres soldats déferler de ruelles, des piquiers et des spadassins, qui se heurtèrent aux araignées.
L’araignée géante, quant à elle, continuait à se rapprocher, sa gueule hideuse se rapprochant des remparts. Elle saignait, mais n’avait visiblement que des blessures superficielles, et, depuis son corps, des araignées bondirent à nouveau, atterrissant au sommet des tours, dispersant archers et arbalétriers, faisant hurler de peur et de douleur ces derniers.
Aoife, elle, soupira encore.
*Non, on ne peut pas perdre La Redonnière, il n’y aurait plus rien pour stopper cette folle...*
Elle pourrait déferler dans tout le royaume ! Ce serait une véritable horreur, et, à moins que Nexus n’envoie des renforts... Pour l’heure, Aoife ne voyait en fait aucune autre solution que le recours aux Paladins de Nexus pour vaincre cette horde infernale. D’autres araignées les attaquèrent alors, et un filament de toile attrapa Aoife à la cheville.
« Haa... ! »
Aoife fut tirée en arrière, mais, fort heureusement, un soldat trancha le fil avec son épée. Aoife fut brièvement son regard avant que l’araignée, furieuse, ne lui saute dessus, et son sang éclata sur la moitié du visage d’Aoife, qui roula sur le côté, entendant vaguement le soldat hurler quand l’araignée lui trancha la jugulaire. L’adrénaline remuait dans les veines d’Aoife, accélérant le traitement qu’elle avait pris.
Une alarme résonna alors, des trompettes sonnant une retraite vers la muraille intérieure. Les soldats commencèrent alors à se retirer, tandis que l’araignée approchait, et avait désormais sa tête au-dessus du mur. Aoife voyait les immenses pattes du monstre quand elle sentit la magie exploser depuis la plus haute tour de La Redonnière.
Le ciel sembla alors se vriller, et d’immenses boules de feu jaillirent depuis le ciel. Des météorites enflammées foncèrent sur le corps de l’araignée, et provoquèrent d’impressionnantes explosions.
L’araignée vacilla sur place, et s’écrasa contre une maison, la défonçant intégralement, tout en tentant de se relever, mais avec la moitié du corps en feu, provoquant de multiples hurlements et éclatements, émanant de la part des œufs situés sur le dos de la bête. L’araignée tenta encore de lentement se déplacer, avant de vomir d’épais litres de sang de la gueule de la bête.
Puis, après un dernier vacillement, la bête s’écroula lourdement sur le sol...
Morte !
-
Morte ! L’imposante araignée était morte ! L’une des armes les plus redoutables d’Elise venait de succomber face à la force des mages de la Redonnière ! Son corps gisait sur le sol, dévoré par les flammes qui avait réussi à l’achever. Les quelques œufs qui parvenaient à éclore étaient immédiatement détruit à l’aide de projectiles magiques, ne laissant aucune chance à l’infamie se trouvant à l’intérieur de faire une victime. Mais les flammes ne restèrent pas seulement sur le corps inerte de l’araignée géante et se mirent à se propager. Les chaumières fait de bois et de pailles ne pouvaient résister au feu destructeur et étaient un parfait combustible. Partir d’ici. Et vite avant de finir carboniser. De son côté, l’Okami ne risquait pas réellement que cela lui arrive, mais elle en était moins sûre pour Aoife. Retournant auprès de cette dernière, la Louve la souleva de nouveau pour la remettre sur son dos.
« Allons-y.. »
Et les deux femmes se mirent à suivre le mouvement vers les murs antérieurs de la ville. La grosse araignée était peut-être hors d’état de nuire, mais ce n’était pas le cas pour les plus petites qui continuaient leurs assauts. Des incantations se firent de nouveau entendre et le feu qui brûlait une partie de la Redonnière se mit à bouger d’une façon quelques peu singulière. Les flammes se mouvaient de telles manières qu’on aurait pu penser que quelqu’un était en train de façonner des formes avec. Et c’était le cas ! Les mages utilisaient l’élément à leur disposition, n’ayant pas besoin de l’invoquer ils pouvaient se permettre d’utiliser le feu présent pour des attaques plus rapides.
Le ciel pris une teinte rouge et cette fois, ce ne fut pas d’imposantes météores qui filèrent vers le champ de bataille mais une pluie de feu qui s’abattit sur les ennemis arachnéens. Les sphères incandescentes ne laissaient places à aucune échappatoire et les araignées furent bombardées de ces projectiles magiques. De multiples cadavres de ces bêtes ne tardèrent pas à joncher le sol et après quelques instants, les quelques survivantes prenaient la fuite vers la forêt d’où elles avaient émergées. Cependant, cette fois aucun cri de joie, pas de sentiment de liesse. Les défenseurs de la Redonnière restèrent sur leurs gardes, s’attendant à une troisième attaque. Une minute passa, puis deux….puis une troisième….le temps continua ainsi à s’écouler, une atmosphère lourde pesant sur le fort, le crépitement des flammes et le bruit d’agonie de certains blessés étaient la seule source de son audible.
Quant à la Terranide, elle parvint enfin à la destination escomptée, laissant le chevalier au soin des guérisseurs, portant également son regard vers la Forêt des Toiles. Certes, ils avaient tué la gargantuesque araignée mais à quel prix ! Et si Elise pouvait en invoquer d’autre ? Se battre contre des dizaines de ces montres…ce serait bien évidemment une horreur. Les cloches se mirent soudainement à résonner. Cette deuxième manche était terminée et la Redonnière pouvait à présent souffler un peu. Cependant, la garde restait vigilante et surveiller tout le périmètre autour du fort. Pour le moment, tout était calme mais pendant combien de temps ? La Louve s’installa en face du chevalier qui obtenait des soins. Un deuxième flacon d’antivenin lui avait été donné pour l’aider à combattre le poison dans ses veines. Les flammes qui avaient permis la victoire furent également éteintes et les blessés furent pris en charge. Pour le moment, la Redonnière pansait ses plaies.
-
« Nous avons frôlé le désastre…
- La plupart de nos pièges ont été utilisées, sans parler de nos pertes, et de l’afflux de réfugiés qui va nécessairement épuiser nos ressources. Nous ne sommes pas en mesure de repousser une seconde attaque.
- Nos mages sont épuisés, glissa un autre noble. Il faut fuir La Redonnière. »
Cette ultime proposition mit le feu aux poudres, et transforma les discussions animées autour de la longue table en un tintamarre inaudible, les conseillers et autres militaires s’invectivant entre eux. Après la chute de l’énorme araignée, les rangs ennemis s’étaient clairsemés, et quelques araignées avaient réussi à s’enfuir, pour ne pas revenir. Le bilan, néanmoins, était lourd. Outre les morts, l’araignée géante s’était effondrée sur un mur, fragilisant considérablement la défense de la ville. De plus, la plupart des pièges défensifs avaient été utilisés. Cependant, fuir La Redonnière était une option catastrophique, car, derrière La Redonnière, l’armée d’Élise pourrait se répandre dans toute la région.
Il était urgent de faire appel à des renforts, et tous espéraient que les renforts nexusiens arriveraient vite.
« Cette menace est infernale, magique. Nos hommes ne sont pas habilités pour y faire face, nous combattons des bandits, des mercenaires, pas… Pas ces monstres hideux !
- C’est pour ça que nous avons sollicité l’aide de Nexus. Fuir serait suicidaire. Nous avons fait souffrir cette Élise, croyez bien qu’elle ne s’en remettra pas de si tôt. C’est là l’occasion rêvée pour consolider nos défenses, et attendre que les Nexusiens arrivent… Sans parler des autres renforts que le royaume va nécessairement nous envoyer. »
Il y eut quelques hochements de tête. C’était une réunion de crise, faite après le terrible assaut d’Élise. En réalité, les gardes avaient eu de la chance que si peu d’entre eux soient tués. Le siège avait bien failli tourner au massacre, mais les magiciens, hélas, étaient épuisés. Déployer cette météorite, puis la tempête de feu, n’était pas un sort anodin, et plusieurs avaient sombré dans le coma, totalement éreintés par un tel effort.
Critique, la situation n’était pas pour autant totalement désespérée, et, pendant que la réunion se poursuivait, dehors, Aoife se tenait, en compagnie de Shad, mais aussi de gardes, face à la carcasse de l’araignée géante.
Prudemment, les badauds s’étaient regroupés autour de la place, tremblant et vomissant devant un tel monstre.
« Allons-y… Je suis sûre qu’il y aura des informations intéressantes sur le dos de ce monstre. »
Des gardes se trouvaient déjà et là, et on avait fait appel à des bûcherons pour couper les pattes de la bête, ainsi qu’à des ingénieurs et des architectes pour savoir comment retirer cette chose gigantesque. Aoife s’approcha donc, et posa sa main sur l’un des poils de la bête, avant de se retourner vers Shad.
« Fais attention, ils sont très tranchants… »
En-haut, il y avait de nombreux cadavres d’œufs et d’araignées.
Et peut-être des explications sur l’origine de ce monstre ?
-
« Je me rappelle maintenant pourquoi j’avais la phobie de ces bêtes… » Marmonna la Terranide.
Prenant appui sur l’un des poils acérés de la bête, Shad se mis à monter le long de la patte, arrivant sur le dos où se trouvait bon nombres d’œufs et d’araignées bien plus petites que leur porteuse calcinés. Au contraire des poils des pattes tranchants comme des lames de rasoirs, ceux ornant le dos étaient bien plus doux. Du moins, une mince partie car ceux entourant l’abdomen étaient également taillés en pointes et pouvaient servir d’armes redoutable si l’araignée frottait ses deux pattes arrières contre son abdomen pour éjecter les poils dans les airs. Une solution que la bête ne pourra plus utiliser au vue de son état actuel. Observant la carcasse, la Louve nota bien rapidement la présence d’un symbole rouge ressemblant fortement à un œil.
« Je suis sûre d’avoir déjà vu ce dessin quelque part… »
Elle l’observa quelques secondes, fouillant dans sa mémoire. Par chance, cette dernière ne lui fit guère défaut et la Terranide retrouva bientôt le lieu où elle avait pu voir un tel symbole par le passé : Le domaine du Roi Cramoisi en Enfer. Logique après tout. Les araignées faisaient partie de son armée et cette Elise avait bien proclamé qu’elle revendiquait ses terres au nom du Roi Cramoisi, donc était-ce si étonnant de voir cette araignée géante avec ce symbole inscrit sur son abdomen ? D’un côté non puisque cela marquait encore plus son appartenance à « l’armée » du Roi Cramoisi dirigée par Elise et d’un autre…Elle était la seule araignée à le porter. Une invocation provenant des tréfonds des Enfers ?
Possible…Mais dans le cas d’une invocation, pourquoi n’y aurait-il pas eu plus d’araignées géantes ? A cette pensée, la Louve grimaça. Le cadavre sur lequel elle était située avec Aoife n’était peut être qu’un test et d’autres pouvaient suivre par la suite. Et rien n’empêchait de penser qu’Elise n’attaquait pas de suite, alors qu’elle en aurait fortement la possibilité, car elle était tout simplement en train d’invoquer une ou plusieurs araignées géantes pour un futur assaut où la victoire allait lui être assuré. Car même si sa précédente attaque avait été soldée par une défaite, la mort de son gargantuesque araignée avait ouvert une brèche importante dans la défense de la Redonnière, sans oublier le fait que les mages étaient épuisés. Mise à part les renforts de Nexus, l’Okami voyait mal comment ce fort pouvait résister à un troisième assaut, qui risquait d’être encore plus violent que les précédents.
Observant les alentours de la Redonnière et donc la fameuse Forêt des Toiles, la Louve se tourna par la suite vers Aoife :
« Nous ne survivrons pas à une prochaine attaque d’Elise. Du moins, pas sans renfort. Cette bête provient des Enfers et…Il est fort possible qu’elle en invoque une seconde ou même plusieurs à présent. Je sais que je me répète mais…Nous devrions tenter de retrouver Elise ou soit la femme dénommée Médonnée. Il reste encore l’option du village des Toiles où nous pourrions peu-être y trouver quelques survivants mais le problème est qu’à présent, au vue de l’expansion de la forêt, ce village ne se situe plus vraiment dans son entrée…Mais ces trois options sont risquées… »
Car cela voudrait dire que les deux femmes devraient sortir de l’enceinte protectrice de la Redonnière. Mais avaient-elles seulement le choix ? De fait, la décision finale reviendrait au paladin.
-
Sur le cadavre de la bête, il y avait de multiples carcasses d’œufs. Les ingénieurs et les alchimistes s’affairaient, le tout sous une odeur assez répugnante. Il y avait de multiples cadavres d’araignées, et les œufs commençaient à pourrir, un mucus infect s’échappant d’eux quand on les crevait. Aoife trouva le spectacle assez sinistre, et aida un peu à nettoyer le corps du monstre, ce qui permit progressivement de révéler, sur son dos, une sorte de gros tatouage rouge, un long motif tout en courbes.
Un motif sinistre, que Shad avait déjà vu en Enfer : l’Œil du Roi Cramoisi (http://img0.etsystatic.com/000/0/6619526/il_fullxfull.291290748.jpg) ! Aoife le considéra silencieusement, pendant que Shad délivrait quelques explications.
« Le Roi Cramoisi… Ram Aballah, Seigneur des Araignées… Mais c’est impossible, il est mort. »
Aoife avait entendu parler de l’Empereur Fou, celui qui avait plongé l’Empire dans une profonde crise institutionnelle, une guerre civile qui avait ensanglanté l’Empire. Plus proche des araignées que des humains, le Roi Cramoisi avait transformé la capitale impériale en une ville rouge, recouvrant de toiles le Palais Impérial, et massacrant à tour de bras ses opposants. La ville vivait sous les hurlements des moribonds qui servaient de repas à l’infâme monstre. Les récits du joug despotique et anthropophage de l’Aballah avaient fait le tour du monde, et avaient renforcé cette image d’un Ashnard tyrannique, barbare et sauvage, bien loin de la propagande impériale vantant les vertus civilisationnelles de l’Empire, et sa mission civilisatrice au sein des Contrées du Chaos.
Shad, donc, avait vu ce symbole en Enfer. Élise honorait donc le Roi Cramoisi ?
*On dit que le Roi Cramoisi a été tué lors de la guerre civile… Est-ce que cette Élise cherche à en honorer le souvenir ?*
En inspectant le mucus s’échappant des œufs, les alchimistes, de leur côté, en vinrent rapidement à la conclusion qu’il y avait là une forte magie.
« Il faudra un examen plus précis, mais cette créature n’est pas naturelle…
- La Couronne nous enverra des arachnologues, leur examen nous sera précieux.
- Ce dont je suis sûr, c’est que cette créature est animée par la magie. »
Plus que jamais, l’aide de Nexus se faisait sentir. Aoife se retourna ensuite vers Shad. La jeune femme était impressionnée, impressionnée de voir que cette étrange louve avait mené une excursion en Enfer. Que lui cachait-elle encore ? Elle avait rencontré la Reine de Nexus, voyagé dans les méandres de l’Enfer, rencontre la Dame des Toiles… Shad était effectivement pleine de surprise, et rappela Aoife à la réalité en lui rappelant que le temps était compté.
« Hmmm… Oui, tu as raison. Soit Médonée, soit Élise… »
En soi, Aoife n’avait aucune raison de douter des explications de Shad, mais se rendre dans la Forêt des Toiles…
« Nous devrions plutôt chercher cette Médonée. Si j’en crois ce que tu me dis, elle doit faire partie des réfugiés, et ce sera moins dangereux que de s’aventurer dans la Forêt des Toiles. »
Médonée pourrait également leur fournir de précieuses informations sur ce qui était arrivé au sein de la Forêt.
Le duo redescendit donc, et Aoife apprit très rapidement que tous les réfugiés étaient regroupés vers un même et unique endroit, une grande cité cosmopolite qui était un carrefour marchand, la cité de Koldoue (http://image.noelshack.com/fichiers/2016/13/1459414405-669207.jpg). Pour leur aide, on fournit aux deux femmes des chevaux.
Koldoue était maintenant leur très probable prochaine destination…
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« « Nous devrions plutôt chercher cette Médonée. Si j’en crois ce que tu me dis, elle doit faire partie des réfugiés, et ce sera moins dangereux que de s’aventurer dans la Forêt des Toiles. »
« Ce n’est qu’une supposition, et…je ne me serais pas aventurée dans la Forêt des Toiles surtout avec son état actuel…y chercher le village des toiles serait bien trop dangereux. »
Car qui pouvait dire exactement son emplacement actuel à présent que le domaine d’Elise avait gagné plusieurs hectares de terrains ? Y chercher le fameux village des Toiles serait, malheureusement, bien plus difficile qu’à l’accoutumée et obligerait à une excursion des plus dangereuses. Ainsi donc, le fait de se rabattre sur la recherche de Médonée était la solution la plus logique en soit. Shad suivit don Aoife qui partit récolter quelques informations avant que les deux femmes ne se dirigent vers l’extérieur du fort où deux chevaux les attendaient, apprêté et prêt à partir au galop, semblant pouvoir tenir de longues distances sans se fatiguer. Une chance, car plus vite, elles arriveraient à la cité marchande, mieux ce serait. Quelques provisions, tels que de la viande séchée et des gourdes d’eaux avaient été également disposée sur les flancs des animaux. De quoi tenir trois jours tout au plus. Ce qui devrait être suffisant pour atteindre leur destination, qui, en tout logique, ne devrait pas leur prendre tellement de temps, mais avec la menace actuelle planant sur la région, le risque de retardement n’était pas impossible.
Attendant qu’Aoife grimpe également sur son étalon, la Lycane donna un petit coup de talon sur le flanc de sa monture afin de la mettre en marche, suivant le rythme que le paladin aura décidé de prendre. Petit à petit, les deux femmes laissèrent les remparts sécurisant de la Redonnière derrière elle, partant sous simple spéculation de la Louve vers le lieu où se trouvaient les réfugiés de la région. Un doute emplit l’esprit de la Terranide et si elles se déplaçaient pour rien ? Et si la personne qu’elles recherchaient n’y serait pas ? La Lycane pouvait aisément deviner que le paladin souhaitait défendre sa patrie et combattre les ignobles araignées d’Elise, chose qu’elle ne pourra pas faire à présent si une nouvelle attaque était lancée pendant son absence sur la Redonnière. A moins qu’elle se trompait et qu’Aoife était quelque peu soulagée d’être loin de ces horreurs….Un soupir s’échappa des lèvres de la Terranide, mieux valait qu’elle arrête de se poser tant de questions et qu’elle se concentre sur le destination : Koldoue.
Regardant un instant autour d’eux, la Louve se tourna par la suite vers Aoife :
« Je pense que nous n’avons pas d’oreilles indiscrètes qui pourraient épier notre conversation. Si tu as des nouvelles questions…n’hésite pas… »
Car après ce qui venait de se passer de nouveau, Aoife aurait peut-être d’autres interrogations à poser à la Terranide, notamment du fait qu’elle avait déjà vu le signe du Roi Cramoisi en Enfer. Ou soit, elle pouvait également lancée une toute autre conversation jusqu’à leur prochaine destination.
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La route vers Koldoue commençait donc, dans un royaume dangereux, marqué par une guerre contre des forces obscures et malfaisantes. Aoife, en venant vers cette région, avait vu une forte présence militarisée. Ces terres moribondes étaient elles-sûres ? Elle n’en était elle-même pas assurée. Heureusement, la femme savait se battre. Deux jeunes femmes sur la route, on aurait pu croire à un lot gagnant pour les bandits et les brigands, mais ce serait se méprendre sur la réalité. Aoife et Shad étaient deux redoutables guerrières, et Shad avait visiblement, avec elle, un passé particulièrement impressionnant. Aoife, en effet, était curieuse, désireuse de savoir ce qui avait bien pu arriver à cette femme. Comment connaissait-elle le Roi Cramoisi ?
Maintenant que les deux femmes chevauchaient, à travers des régions vallonnées et montagneuses, elle repensait à cet être. On disait que le Roi Cramoisi s’était réfugié chez lui, où il était mort, au fin fond de l’Empire d’Ashnard, dans ce qu’on avait, maintenant, coutume d’appeler « Les Malterres de la Discorde ». Un endroit particulièrement dangereux, sauvage, près du Mont Olympe, et qui abritait donc les plus puissants monstres de Terra. On disait que les Malterres avaient été envahies par ces monstres quand les Ashnardiens avaient abandonné l’Aballah. Alors, pourquoi est-ce qu’Aoife avait vu son signe sur le dos de ce monstre ?
*Des adorateurs ? Élise lui vouerait-elle une sorte de culte ?*
Ram Aballah était le Seigneur des Araignées, après tout, et, comme Élise, il dirigeait des araignées. Simple coïncidence ? Ou fallait-il y voir autre chose ? Le jeune chevalier y réfléchissait, et, alors que les deux femmes s’avançaient le long d’un aqueduc, surplombant un canyon, Shad lui demanda de ne pas hésiter à satisfaire sa curiosité.
« Hm… Pour l’heure, oui, je me pose des questions. Le Roi Cramoisi commandait aux araignées, exactement comme Élise. Mais on le dit mort… Depuis des siècles. Je ne sais pas ce que tout cela cache, Shad, mais… J’ai un mauvais pressentiment. »
Aoife continuait à avancer, traversant l’aqueduc pour remonter le long d’un sentier bien défraîchi. Elle resta silencieuse pendant un certain temps, comme si elle était en train de réfléchir à ce qui se passait ici.
« Tu as déjà vu ce signe, donc ? Tu pourrais m’en dire plus ? Je suis curieuse de savoir où le souvenir du Roi Cramoisi a pu se manifester… »
Se pourrait-il donc que ce tyran soit toujours en vie ?
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« Tu as déjà vu ce signe, donc ? Tu pourrais m’en dire plus ? Je suis curieuse de savoir où le souvenir du Roi Cramoisi a pu se manifester… »
« En enfer, dans son domaine…. »
La Louve se tut quelques instants, avant de reprendre :
« Je pense que des explications s’imposent…. »
Mais par où commencer concrètement ? Son périple en Enfer avait eu plusieurs phases différentes, certaines qu’elle pourrait ne pas conter au paladin, car dans l’ordre du privée mais pour le reste ? La Lycane réfléchissait, cherchant par où commencer et surtout avec quelles parties de son séjour en Enfer. Attrapant la gourde d’eau au flanc de l’animal, elle la déboucha et en but quelques gorgées avant de la refermer et de la replacer à son emplacement initial. Fixant l’horizon et inspirant un grand coup, elle entama son récit :
« Bon…Pour commencer, je fus prise en chasse par un être se faisant appelé le Champion du Roi Cramoisi, un puissant magicien qui, sa mémoire ne me fait pas défaut, était un ancien paladin. Cet homme avait fait en sorte de m’emmener jusqu’en Enfer où par chance j’eus le droit à une aide extérieure de la part d’un incube. La raison de son attaque ? »
Plongeant sa main dans sa poche, la Terranide ressortit le médaillon arachnéen que lui avait offertes Elise et Médonée :
« Ceci. La clé pour passer outre la magie enveloppant la forêt des toiles et y trouvé Elise. Même si, ils pouvaient la dénicher sans l’aide de cet artéfact….Comme ce fut sans doute le cas maintenant. »
Rangeant de nouveau le collier dans l’une de ses poche, l’Okami continua son résumé :
« De ce que Lucifer m’a compté, Elise fait partie des treize Immortels, réincarnations d’anciens et puissants mages pouvant mettre fin à la vie du Roi Cramoisi qui est une partie du Premier Né, sa partie masculine provenant d’une araignée pour devenir l’être que nous connaissons tous…- Elle regarda Aoife – Ne me demandez pas trop d’explications, j’ai déjà eu du mal à bien saisir tout cela quand on me l’a narré… »
Et pour cause ! C’était un sacré morceau d’information que lui avait offert Lucifer ! Et bon sang, il y’en avait une chié plus un tas.
« Supposant que mon médaillon pouvait me permettre d’accéder au royaume du Roi Cramoisi, j’y fut donc envoyée accompagnée d’Alastar Magoa, un incube. – Elle émit un petit rire étouffé – Ha ça ! On est arrivé à y rentrer dans l’ancien fort de l’Araignée ! Si on oublie le monstre qui nous a attaqués et les différents pièges se trouvant sur notre route. Oh oui j’oubliais, on y avait été envoyé car on devait fouiller les lieux à la recherche d’un objet…inconnu. En quelques sortes, on devait essayer de trouver des secrets enfouis. Et la découverte ne fut pas banale du tout. Le Necronomicon ! Un livre occulte qui fut pris par un autre serviteur du Roi Cramoisi nommé Flagg. Un autre mage tout aussi puissant que le premier. Après… »
Un tressaillement parcouru l’échine de la Terranide tandis qu’elle se remémorait ce qui s’était passé dans les tréfonds des Enfers.
« On a pris Flagg en fuite, découvrant des atrocités commises sur différents démons, comme celle que j’avais pu voir dans la Machine au cœur de l’abattoir Mandus…Une boucherie sans nom. Mais le pire, le pire ! C’était cette ville située dans les tréfonds…Ry’leth. Ou une partie de cette dernière. Et au centre de tout cela, un immense portail….Je vais vous passez tous les détails, mais en gros : Hastur fut invoquée grâce au médaillon, une terrible bataille s’en suivit, on découvrit également la trahison de Lucifer qui voulait profiter de l’apport de destruction du Grand Ancien pour prendre l’ascendant sur ses sembables….Mais le Grand Ancien fut renvoyé de nouveau grâce au médaillon et en y mettant un petit sacrifice personnel….Enfin à le raconter comme ça c’est assez gros… »
Et pas qu’un peu ! Surtout que la Lycane se demandait comment elle avait fait pour rester encore lucide après ce qu’elle avait vu et vécu.
« Le Roi Cramoisi est bien plus qu’on ne le pense et si d’avenir il viendrait à fusionner avec son autre partie, celle située dans la tour de Maydem, il reformerait le Premier Né et…Autant dire que l’attaque d’Elise serait rien à côté….Nous serions tous, je dis bien TOUS dans la merde. »
Humains, anges, démons, créatures en tout genre…cet être, selon les dires de Lucifer les haïssait tous :
« Mais maintenant je dois avouer quelque chose. Ce fut Lucifer qui m’avait demandé de faire en sorte qu’Elise et la Reine de Nexus se rencontrent pour stopper cette folie avec l’aide des autres Immortels mais avec sa trahison…Je ne peux dire si cela est encore de la manipulation ou une vraie demande remplit d’importance….Quoi qu’il en soit, j’aimerais déjà savoir ce qu’il se passe actuellement concernant Elise…. »
Donnant un petit coup de talon pour que sa monture aille plus vite, la Terranide lança pour finir :
« Même en Enfer, ils ne savent pas où se trouvent le Roi Cramoisi actuellement…Et en parlant d’Enfer, j’imagine qu’avec ce que je viens de te conter tu ne vas plus me faire confiance ? »
Car à moins de se tromper, les Paladins n’affectionnaient pas réellement les êtres démoniaques ou ceux s’en rapprochant.
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Shad avait donc voyagé en Enfer. Elle lui fit un récit impressionnant, surprenant, une véritable épopée homérique. Traquée par le Champion du Roi Cramoisi, un ancien paladin renégat (dont Aoife n’avait jamais entendu parler), elle avait été sauvée par un Incube, Alastar Magoa, et avait rejoint Lucifer. Eux, en revanche, Aoife les connaissait, de réputation. Lucifer, l’autoproclamé « Monarque des Enfers », un Ange déchu qui avait renié son allégeance aux Cieux lors du Grand Conflit pour se rendre en Enfer. Visiblement, Shad avait été missionnée par Lucifer pour retrouver des informations sur le Roi Cramoisi. Le reste, en revanche, fut peu compréhensible par la jeune femme. Le Premier Né ? Le Roi Cramoisi qui serait un fragment masculin de cette créature ? À son corps défendant, Aoife ne connaissait pas la légende du Premier Né, qui était surtout connu des Hauts-Elfes. Elle laissa donc cela dans un coin de sa tête, se promettant de se renseigner à ce sujet, et retint, en tout cas, qu’il existait une prophétie, parlant de treize Immortels, qui, tous réunis, permettraient de venir à bout du Roi Cramoisi.
*Serait-il donc aussi dangereux que ça ? Je l’ai toujours vu comme une espèce de croque-mitaine destinée à faire peur aux enfants…*
Les révélations de Shad étaient troublantes, surtout quand elle alla jusqu’à dire que cette Élise (l’autre Élise, pas celle les ayant attaqués) devait rencontrer la Reine, car elle faisait partie de ces Immortels. Aoife écoutait tout cela silencieusement. Il fallait bien l’admettre, c’était une histoire assez incroyable, et, en d’autres circonstances, elle aurait pu croire à un canular extrêmement élaboré. Cependant, après ce qu’Aoife avait vécu, elle avait confiance en la jeune Shad, et acquiesça donc, tout en avançant le long du sentier.
Shad termina en supposant que, maintenant qu’Aoife savait que la Louve venait de l’Enfer, elle ne lui ferait pas confiance. En retour, un mince sourire étira les lèvres de la femme.
« Il est vrai que collaborer avec Lucifer est toujours dangereux. Tout comme se lier à un Incube. »
Il y eut un petit moment de pause, avant qu’elle ne reprenne :
« Je suis chevalier, pas Paladin… Et je sais faire la part des choses. Pour tout te dire, j’ai même déjà croisé ton Alastar… Le Diablotin est plutôt actif à Nexus. »
Et le monde, somme toute, était plutôt petit. Aoife lui conta donc son aventure, celle où, à l’époque, elle n’était encore qu’un simple écuyer, et avait été chargée d’assurer la défense de la fille d’un riche bourgeois nexusien. Cependant, ladite fille avait décidé de voir un amant, et, en pensant à une agression, Aoife avait débarqué dans la chambre… Pour la voir en pleine levrette avec un Incube à la peau rouge. Elle avait chassé le malandrin, et garda ensuite pour elle, mais avec une certaine rougeur sur les joues, le fait que, après cela, Alastar était revenu la voir.
Inutile de trop rentrer dans les détails, et elle préféra se concentrer sur l’essentiel.
« Un démon n’est pas forcément mauvais, et je ne sens pas en toi de malice. Je suis largement plus préoccupée par le fait que le Roi Cramoisi semble lié aux Grands Anciens. »
Apprendre qu’Hastur avait été réveillé en Enfer, voilà une nouvelle terrifiante. Les murs séparant les dimensions étaient en train de s’affaiblir, de devenir poreux. Les failles se multipliaient, et, en conséquence, les prisons dimensionnelles retenant les Grands Anciens étaient en train de se fragiliser. Est-ce que tout cela était un plan d’eux pour revenir ? Le Roi Cramoisi était-il l’un de leurs agents ?
« Néanmoins, je peux t’apprendre une chose… Le Roi se trouve aux Malterres. J’aurais découragé n’importe qui d’y aller, mais, comme je m’adresse à une femme qui a été en Enfer… Enfin, notre priorité, pour l’heure, est de trouver Élise. Je te remercie pour tes informations, Shad. »
Elle hésita pendant quelques instants, avant de rajouter, avec un sourire sur le coin des lèvres :
« Comment est-ce que Le Diablotin se débrouille au lit ? »
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« Je te remercie de m’indiquer où pourrait se trouver le Roi Cramoisi, mais je ne suis pas assez folle pour m’aventurer seule sur son territoire…quant à Alastar… »
Le monde était effectivement bien petit. La Louve n’aurait jamais pensé qu’Aoife avait pu croiser Alastar par le passé. Leur voilà une connaissance commune, même si cette dernière était un peu particulière. Sans un mot, la Terranide écouta le récit du chevalier, apprenant ainsi comment elle avait rencontré pour la première fois le Diablotin. Une rencontre forte différence de celle qu’elle avait pu avoir de son côté. Pourtant, il lui semblait qu’un élément manquait dans le récit de sa compagne de route, un point important concernant Alastar. En temps normal, il lui semblait que l’incube aimait bien utiliser ses charmes pour appâter d’autres conquêtes. Et imaginer qu’il serait parti sans demander son reste une fois qu’il fut chassé…Non, ça ne pouvait être son genre…Et pourtant, les dires d’Aoife et surtout sa dernière question semblaient prouver le contraire. Portant son regard sur l’horizon, un fin sourire s’afficha sur le visage de la Terranide qui eut également les joues un peu rosies par les souvenirs qui lui revenaient en mémoire.
« C’est un bon amant. Un très bon amant même ! On peut dire qu’il fait honneur à sa nature d’incube ! »
Et cela, Shad pouvait le confirmer ! Combien de fois l’avait-elle accueilli entre ses cuisses ? Trois ? Quatre fois ? En réalité, la Louve avait perdu le compte. Elle se souvenait juste que pour la première fois, le Diablotin avait pris plaisir à lui prendre sa virginité anale….et également de lui montrer une nouvelle source de plaisir. Il y’avait aussi eu l’histoire dans le bain public…le passage chez la matriarche qui est la sœur ainée d’Alastar ; Onyxian Magoa et pour finir, leur dernier hommage à la luxure qui s’était déroulé après les évènements de R’yleth. Une dernière fois qui avait eu pour objectif de les faire sentir vivants. Et à bien y réfléchir, avec tout ce qui les attendaient, se sentir vivant ne serait pas une sensation à refuser. Se tournant vers le chevalier, elle lui lança au débotté :
« Pourquoi cette question au-fait ? Tu voudrais peut-être que je l’appelle pour qu’il puisse te montrer toute l’étendue de son talent ? Quoique…Bien que d’une part, je pense qu’il apprécierait cela, d’une autre, je me vois mal le siffler comme un vulgaire chien. »
Et pourtant, elle en avait la possibilité ! Outre un accès aux richesses du clan Magoa, la petite Louve avait aussi eu le privilège de pouvoir invoquer Alastar quand bon lui souhaitait. Oh, c’était quelque chose d’alléchant, ça, elle ne pouvait le nier, mais sur le coup, pour le moment, elle n’en voyait pas réellement l’utilité. Et elle ne voulait surtout pas abuser de ce présent si singulier.
« Enfin…Avant cela, je pense qu’on a déjà d’autres chats à fouetter…. »
Se rendre dans la prochaine ville, retrouver Médonnée, récolter des renseignements sur Elise et sur ce qui s’était passé au sein de la Forêt des Toiles. Oui, le duo avait autre chose à se préoccuper que de s’envoyer joyeusement en l’air avec un incube. Aussi plaisant puisse t-il être. Tendant soudainement l’oreille, l’Okami plissa ses yeux avant de désigner un léger panache de poussière qui s’élevait depuis l’horizon.
« A ton avis..ami ou ennemi ? »
Depuis leur position, il leur était impossible pour l’instant de déterminer si les personnes qui arrivaient à bride abattues étaient des alliés ou de potentiels brigands. Bien que, si cela aurait été le cas, il aurait été fort surprenant de les voir arriver de loin. Ami donc. Mais rester encore maintenant à déterminer la raison de leur hâte. Et mieux valait rester sur ses gardes également. Bien que malgré le fait qu’elles soient des femmes, le duo que composaient Aoife et Shad risquait de donner du mal à de potentiels assaillants.
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« Euh... Non, je ne tiens pas à le revoir, inutile de te donner cette peine ! »
Une réponse un peu trop précipitée, avec une certaine rougeur notable sur les joues. La jeune Aoife se mordilla doucement les lèvres. Femme au caractère trempé, elle avait toujours placé son sens du devoir et de l’honneur avant tout, ce dont ce vil Incube avait su profiter. Quand elle l’avait surpris en train de coucher avec cette femme, il était revenu la voir, alors qu’elle était dans une chambre, et ils avaient, effectivement, fait l’amour. En vain, elle avait essayé de le repousser, et, quand Shad avait glissé qu’il était un « très bon amant », elle avait songé à leurs ébats.
Ce diable d’Incube l’avait pris dans tous les sens possibles. Elle aussi, elle avait perdu sa virginité anale avec lui, et il avait continué à coucher avec elle, jusqu’à ce qu’elle s’effondre dans ses bras. Au réveil, l’Incube était parti, en laissant une rose rouge dans un grand verre. Aujourd’hui, elle conservait toujours cette rose, repensant généralement avec amusement à ce souvenir.
Shad désigna alors un panache de fumée visible au loin, et Aoife fronça les sourcils.
« Nous sommes dans une région sécurisée, des brigands seraient surprenants... »
Il ne s’agissait effectivement pas de brigands, mais d’une colonne de troupes militaires qui remontaient vers La Redonnière. Aoife et Shad s’écartèrent prudemment sur le côté, les laissant passer.
« Il va falloir s’habituer à ce spectacle, ma chère. »
La vision de soldats risquait en effet de devenir routinière ici.
Plusieurs jours après...
Les deux chevaux chevauchaient tôt le matin, après un voyage qui avait amené Shad et Aoife à se reposer dans des auberges. Partout, les informations sur le front se répandaient, et, avec effroi, Shad et Aoife avaient vu que les villages environnants s’étaient progressivement vidés, les villageois fuyant à l’annonce de l’arrivée d’araignées. Ainsi, après les soldats, elles aperçurent des colonies de réfugiés remontant vers les grandes villes du royaume. Les routes, cependant, n’étaient pas aussi sûres que ce qu’Aoife pensait, et, régulièrement, elles durent affronter des brigands ou des monstres.
Cependant, en approchant de Koldoue, Aoife eut une vision d’horreur.
Immense, des camps de réfugiés se dressaient tout autour de la ville, et les portes de Koldoue étaient closes. Aoife et Shad se mélangèrent aux gens, et comprirent vite que, devant l’afflux de personnes, la ville avait fermé les portes, et traitait chaque demande d’asile dans des camps insalubres.
« C’est ridicule, on ne va pas passer des semaines à attendre ! »
Elle avait beau être un chevalier de Nexus, ceci ne lui conférait aucun statut particulier, vu qu’elle n’avait, avec elle, aucun document officiel faisant office de passe-droits. Alors, Aoife et Shad commencèrent à se renseigner sur une certaine « Médonée ». Hélas, les officiers publics n’avaient guère envie de discuter, et la plupart des gens étaient des réfugiés désespérés. Aoife avança au milieu des tentes, voyant des lieux de culte dressés de manière sauvage, et finit par apprendre que certains gardes offraient des passe-droits.
« Toutes les garnisons sont occupées à surveiller les réfugiés, leur expliqua ainsi un sergent. Ceci fait que nous n’avons pas assez d’hommes pour sécuriser la région. »
Le sergent, qui les accueillit dans sa tente, leur parla ainsi d’un village abandonné, s’appelant Sarkith (http://img13.deviantart.net/d1bf/i/2014/233/f/d/acaratus_concept_art___nodian_wasteland___by_klauspillon-d7w604v.jpg).
« Nos hommes soupçonnent qu’Éric-le-Bossu s’y est réfugié. C’est un criminel notoire qui dirige une bande de pillards. Des types dangereux, et peu recommandables. Alors, voilà mon offre... Rapportez-moi sa tête, et je vous filerais la prime qui pèse sur sa tête... Ainsi qu’un passe-droit. »
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Une chasse à l’homme pour obtenir un passe-droit. Sur le coup, la Lycane avait surtout l’impression qu’on les utilisait pour faire la sale besogne, mais d’un autre côté, si elles avaient la possibilité de pénétrer dans l’enceinte de la cité sans attendre des semaines, mieux valait accepter l’offre qui venait de leur être offerte. Et puis, ce n’était pas comme si elles n’avaient pas eu de destination précise et qu’elles devaient chercher dans toute la région. Sarkith….Ainsi se nommer leur prochaine destination. La Louve observa attentivement la carte déployée sur la carte du sergent qui les avait accueillis dans sa tente, tentant de mémoriser une grande partie de sa topographie. Et pendant ce temps, elle laissa Aoife régler les dernières modalités, suivant par la suite le chevalier en dehors de la tente. Se faisant, elle se tourna vers elle.
« Le village est à une demi-journée de marches. Je ne sais pas combien d’hommes se sont réfugiés là-bas avec ce fameux Eric –le-Bossu mais le fait qu’il y’ait une montagne sur l’un de ses flancs nous offres un petit avantage. Rien ne nous empêche d’utiliser les massifs pour les prendre par surprise, après…rien ne les empêche également d’utiliser ces derniers pour se replier et se terrer comme des rats. »
L’inconvénient avec les collines, montagnes et autres joyeusetés rocheuses, c’est qu’elles offraient bon nombres de possibilités. Aussi bien qu’en tant qu’attaque et d’embuscade qu’en tant que moyen de replis efficace. Marchant au milieu des réfugiés, la Lycane désigna d’un mouvement de tête le soleil qui finissait sa course dans le ciel, les tons crépusculaires remplaçant déjà peu à peu les couleurs du jours.
« On devrait peut-être nous arrêter une petite heure, juste de quoi manger rapidement avant de repartir. De plus, la nuit sera tombée d’ici là et le temps que nous arrivons au village, le gros des troupes devrait être quelque peu fatigué d’une nuit de garde. Après.. ce n’est qu’une simple hypothèse, après tout, le chevalier c’est toi. »
Et dans un sens, ce que la Louve essayait de faire comprendre à sa compagne de route était le fait qu’elle devait être bien plus apte pour élaborer un plan. Sahd ne faisait que proposer quelques idées, rien de plus. D’un autre côté, repartir dans la foulée sans laisser les bêtes se reposaient un minimum serait également mal avisé. Les chevaux avaient presque galopaient la journée durant et devaient être à présent éreintées. De plus, cela ne faisait pas réellement longtemps qu’ils étaient à l’arrêt. Autant dire que partir de suite risquait de tuer les bêtes à la tâche. A moins qu’on ne leur en prête d’autres mais cela…c’était fort improbable. Le regard de la lupine se glissa subitement vers le bracelet en forme de serpent qui entourait l’un de ses avant-bras. Cela pourrait peut-être être une solution après tout…
« Je peux te proposer de faire appel à mon corbeau de l’effroi pour nous rapprocher de Sarkish le plus rapidement possible. »
Avoir une monture volante, ne voulait pas spécialement dire devoir l’utiliser à tout bout de champs. Surtout que la monture de la Terranide avait une certaine fierté que Shad essayait de préserver au mieux. Elle fut soudainement prise d’un doute :
« Au fait, nous avons une description physique de notre homme ? A moins que son titre « le Bossu » en soit une à part entière. »
Car sur le coup, la Louve se voyait mal ramener toutes les têtes de ceux qu’elle aurait à combattre avec Aoife dans ce village abandonné.
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Pour rejoindre Koldoue, les deux femmes n’avaient pas chômé. Elles avaient chevauché pendant des jours entiers, et leurs montures étaient effectivement fatiguées. Ainsi, quand Shad proposa de se reposer, Aoife ne fut pas longue avant d’accepter. Son regard se porta ensuite sur tous ces réfugiés. Koldoue était entourée par un lac, et les tentes se dressaient tout le long du lac, campements de fortune abritant des populations entières fuyant la menace arachnéenne.
« Je ne pensais pas la situation si dramatique… »
Nexus avait dû ressembler à ça, jadis, quand les Ashnardiens avaient envahi la cité-État pour la première fois. Les récits historiques parlaient de dizaines de milliers de réfugiés fuyant les campagnes et villes externes de l’État pour se réfugier, soit directement dans la cité-État, soit auprès de forts annexes. Ce que ces habitants vivaient ici devaient être un peu similaires. Néanmoins, et malgré toute la compassion dont Aoife pouvait faire preuve, elle voyait bien les regards envieux de certains.
« Méfie-toi, Shad, ces gens sont affamés, désespérés… Nos chevaux doivent leur sembler très intéressants. »
Le chevalier nexusien s’avança donc, cherchant un endroit où parquer leurs bêtes, et finit par les déposer dans une écurie d’un des camps militaires, en compagnie d’autres chevaux. Inutile de vouloir espérer s’avancer dans le camp avec eux, et, comme Shad l’avait dit, elles avaient besoin d’informations avant de battre la campagne. Aoife ignorait tout du Bossu, mais elle espérait bien pouvoir dénicher des informations auprès des réfugiés… Et peut-être aussi des éléments sur les Arachnistes, ou sur Médonée.
Aoife rejeta donc le corbeau de Shad, du moins pour le moment. Et c’est suite à cela que les deux femmes quittèrent le camp militaire pour retourner le long des tranchées. Ces tentes hirsutes avaient été bâties le long du lac, formant des espèces de tranchées, de longues ruelles hérissées de tentes. Des vendeurs ambulants offraient n’importe quel bric-à-brac possible, de nombreux enfants faisaient l’aumône, des bébés pleuraient, des gens hurlaient, criaient… Une véritable fenêtre sur la misère sociale.
La jeune femme avançait donc, cherchant une sorte de lieu de vie, et finit par voir une construction plus importante que les autres, avec des murs en bois et un toit de paille.
« L’auberge locale… »
Aoife gravit les quelques marches y menant, et entra dans un endroit mal isolé, mal insonorisé, surveille, non pas par des gardes, mais par des hommes ayant tout de voyous et de bandits notoires. Quand Aoife entra, les regards se tournèrent vers elle, ainsi que vers Shad. L’aubergiste était un homme grand et élancé, chauve avec une mine patibulaire et des mains d’ours.
« Holà, étrangères ! Que venez-vous faire ici ? »
Le chevalier de Nexus tourna lentement sa tête, avant de s’avancer.
« Nous venons quérir des informations… Sur Éric-le-Bossu. »
Un frémissement silencieux sembla traverser la salle.
« J’ai vu ces nanas sortir du campement militaire, signala alors un homme sur le côté.
- Que voulez-vous au Bossu ? »
L’issue de secours venait de disparaître ; les deux hommes montant la garde à la porte d’entrée se tenaient maintenant dans l’embrasure de la porte, et d’autres se levaient sur les côtés.
« Messieurs, il me semble inutile d’en venir aux mains…
- Ah oui ? Et pourquoi donc ? avança alors l’aubergiste. Parce que les gardes ne laissent plus rentrer personne à Koldoue ? Parce que, sans l’intervention du Bossu, toutes ces familles dehors crèveraient de faim ? »
Aoife le regarda alors.
« Vous savez donc où il est ? On nous a parlé de Sarkith, et je… »
À côté d’elle, un homme se redressa subitement, tenant une bouteille de bière à la main, qu’il chercha à abattre sur le crâne d’Aoife. Cette dernière fut plus rapide, et tendit sa main, envoyant une onde d’Air qui souffla le malandrin, l’envoyant voler de l’autre côté de la table.
Ce fut le signal pour que les autres hommes s’élancent…
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Les tavernes…Des lieux où bon nombres de personnes se regroupaient pour discuter autour d’une bière ou d’une toute boisson alcoolisée. On y trouvait souvent quelques informateurs pour qui savaient poser les bonnes questions. Et sur le coup, l’auberge où étaient rentrées les deux femmes semblaient bondée d’informateurs zélés. Le seul inconvénient était que ces derniers ne semblaient pas trop enclin à parler et peu après leur arrivée au sein de l’établissement, les deux femmes s’étaient misent toute la clientèle à dos. Toute ? Non. Un petit groupe restait dans son coin, ne semblant pas vouloir prendre part au combat qui commençait à faire rage. Quelques personnes dont la Louve nota la présence et qui lui fit éteindre les flammes qu’elles venaient de faire apparaître dans le creux de ses mains. Au contraire de la magie du vent utilisée par Aoife pour repousser l’importun, celle du feu risquait de faire bien plus de blessés et au vue des futures batailles qui s’annonçaient, mieux valait éviter le plus de perte possible. Surtout que brûler cet établissement lors de cette querelle risquait également d’être mal vu.
S’abaissant rapidement, la Lycane vit passer au-dessus de sa tête une bouteille en verre à moitié brisée qui alla totu simplement s’exploser contre le mur derrière elle. Les bris de verres qui jonchèrent le sol créèrent une zone à éviter pour quiconque ne portait rien d’assez résistant aux pieds. Et c’est sans vergogne que la Louve poussa l’un des hommes qui se trouvait être pied nu vers cette fameuse zone. Les cris de douleurs et les jurons ne tardèrent pas à jurer mais sautillant sur un pied et tenant l’autre de l’autre main, l’homme était hors d’état de se battre. Levant son bras pour bloquer une attaque, Shad entendit crisser contre l’une de ses épaulières la lame d’un couteau qui avait eu pour objectif une autre partie de son anatomie. Mais cet objectif ne fut pas atteint. Pivotant sur elle-même pour assigner un coup de poing dans la mâchoire de son attaquant, la Louve remarqua au dernier instant qu’elle avait sorti sa lame dissimulée sous le poignet et que cette dernière allait égorger l’homme en face d’elle. Elle parvient à la rétracter juste assez pour ne laisser qu’une éraflure. Une légère blessure où le sang suinta mais qui ne serait pas mortelle. Son poing cependant frappa sa cible, juste de quoi lui faire cracher une ou deux dents.
Profitant du fait que l’homme porta une main à sa bouche meurtrie, la Terranide chercha du regard Aoife. Mais dans ce tumulte, cela était loin d’être chose aisée. Elle ne vit pas un troisième homme qui s’approcha via son angle mort et qui abattit une bouteille contre son crâne. Le choc la figea une seconde sur place et du sang se mit à couler le long de son front, suivant l’arête de son nez, passant sur ses lèvres où une langue vint y récolter quelques gouttes avant de finir par goutter depuis le menton. Ça faisait mal. Horriblement mal Et si l’Okami n’était pas plus résistante, ce coup l’aurait envoyé sucrer les fraises.
« Enfoiré… »
Qu’il y’a-t-il de plus difficile que de se battre contre des personnes voulant votre mort alors que vous, vous faites tout pour ne pas les tuer ? Et pour la Lycane, cela devenait difficile. Depuis le début, elle s’efforçait de retenir ses coups pour préserver le plus de soldats potentiels qui pourraient se dresser contre Elise. Mais en réalité, elle avait du mal à faire cela. Il fallait aussi dire que cela faisait des mois que chacun de ses combats étaient ponctués par une mise à mort. De ce fait, elle avait pris quelque peu l’habitude de tuer ses adversaires quand ces derniers cherchaient à faire de mal avec elle Créant une boule de feu, elle l’envoya contre celui qui l’avait frappé mais la fit exploser juste avant qu’elle ne l’atteigne, la déflagration envoyant son assaillant contre un mur de plein fouet et l’assommant. Un regard rapide dans la salle et Shad put voir que bon nombres avaient encore des bouteilles en mains pour la plupart tandis que d’autres tenaient fermement dagues et autres armes blanches de petites tailles. Un grognement s’extirpa du fond de sa gorge tandis qu’elle cherchait du regard le chef de l’établissement, ou du moins le barman, celui qui semblait avoir le plus d’informations à leur donner. Claquant des doigts, elle créa une sensation de brûlure chez leur opposant, la réaction attendue ne se fit pas attendre. Par réflexe, leur main sursautèrent et les doigts s’ouvrirent, laissant tomber leur prise au sol.
« Il est à toi Aoife ! »
En effet, leur cible n’était qu’à quelque mètre du chevalier et était à présent désarmé comme tout le reste de l’auberge. La Louve comptait sur la rapidité du chevalier pour en finir rapidement et que cette querelle stupide qui leur fait perdre un temps précieux ne soit plus qu’un lointain souvenir. Gardant un œil sur la salle, l’Okami empêchait quiconque de ramasser son arme à terre, les tenants d’une certaine manière en joue. Mais surveiller toute une auberge n’était pas quelque chose de facile et plus vite le chevalier aurait atteint sa cible, mieux ça serait.
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Il était fascinant de constater combien, alors qu’une menace terrible s’approchait, les humains pouvaient se montrer égoïstes. Élise et sa terrible armée d’araignées s’approchait à toute allure, il était impératif de retrouver cette Médonée, et Aoife se retrouvait à débusquer du brigand en affrontant des poivrots dans une auberge sinistre. Elle pouvait au moins voir le bon côté des choses ; tout ça lui donnait l’occasion de se défouler.
Du pied, elle frappa le ventre d’un des hommes, l’envoyant basculer sur une table ronde, qu’il renversa sur son poids. Un autre homme se rua vers elle dans son dos.
« Attends, salope, tu vas voir un peu !
- Chope-là ! »
Aoife se retourna, bondit sur le côté, et fit tout simplement un croche-pattes, envoyant l’homme s’étaler sur le sol. Le troisième, devant elle, l’attaqua en hurlant. Du poignet, elle para son coup, et lui décocha un uppercut, entendant le nez de son adversaire craquer. Il fallait dire qu’Aoife portait des gantelets renforcés, et se battait en armure. Une armure légère, néanmoins, ce qui lui permettait des mouvements amples et précis. Shad s’en sortait aussi très bien contre ses adversaires. Les deux femmes étaient comme deux diablesses, affrontant des types ivres et plutôt maladroits.
L’un d’eux se rua néanmoins vers Aoife, et la saisit à la taille, envoyant la femme se renverser sur une longue table en bois, l’haleine de poivrot du type lui agressant les narines. Il saisit sa gorge, une lueur profondément vicieuse et malsaine dans le regard. Aoife attrapa un verre qui traînait sur la table, et le fracassa sur le crâne de l’homme, explosant l’objet dans des bris de verre qui firent saigner l’individu. Elle le repoussa, et un autre tenta de l’attaquer. Aoife attrapa son bras, et le fit passer par-dessus d’elle, l’envoyant se fracasser sur une chaise, qu’il brisa sous son poids. Elle attrapa alors une autre chaise, et s’en servit pour l’abattre sur le dos d’un autre type.
Shad intervint alors, et usa de sa magie, faisant chauffer les bouteilles, surprenant les truands. Aoife saisit bien évidemment l’opportunité, et fondit sur le tenancier, plaquant ce dernier au sol, un genou au milieu des côtés. D’une main elle tira ses cheveux en arrière, et, de l’autre, récupéra la dague du tenancier, l’appliquant contre sa gorge.
« Bon, on arrête les conneries, maintenant !
- Okay, okay ! Putain, je me rends, mais je me rends, quoi !! »
Les hommes de main du truand semblèrent hésiter, et Aoife en profita.
« Alors, comment trouve-t-on le Bossu ?
- Aaagh…
- Tu crois que j’hésiterais à te tuer ?! »
Elle tira un peu plus fort sur ses cheveux, et la lame commença à rougeoyer. Des larmes de nervosité s’échappèrent des yeux du malfrat.
« La… La forêt ! Filez… Filez au bout du ghetto, et suivez le sentier qui remonte par la forêt. Vous… Vous arriverez à un croisement, avec… Une statue de l’Homme-Jésus. Prenez sur la droite, remontez jusqu’à une maison abandonnée… Ravagée après un incendie… Y a une putain de trappe… Vous y trouverez les hommes du Bossu.
- Ah oui ? T’es sûr de ça, petit merdeux ?
- Putain ! Putain, ouais, merde ! J’en sais pas plus ! Je rencontre les hommes du Bossu par là, le soir… Ils me fournissent en gnôle et en fisstech. »
Aoife hésita un peu, avant de se demander si elle n’avait pas trouvé un bon filon.
« Il y a des réquisitions, on est en quarantaine, comment le Bossu obtient ces marchandises ?
- C’est pas un simple criminel, okay ? Il est très influent à Koldoue, merde… Il… Il se rapproche des réfugiés, il leur fournit ce dont ils ont besoin…
- Il pourrait retrouver des gens ?
- Putain, mais j’en sais rien, merde !! »
Aoife se tut pendant quelques secondes, puis poussa un grognement, et planta la dague dans le sol. Cette dernière se mit à vibrer pendant quelques secondes, puis la femme se releva, relâchant le corps endolori de son adversaire. Elle regarda néanmoins une dernière fois l’homme, puis les autres bandits, et esquissa un léger sourire.
« Les gars… Votre chef s’est fait dessus. »
Le chevalier sortit ensuite en compagnie de Shad.
La piste se poursuivait.
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Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule afin de vérifier qu’aucun des hommes dans l’auberge ne tenterait de les assaillir par derrière, la Louve finit par hausser les épaules et reporté son regard vers devant, marchant aux côtés d’Aoife. Leur enquête avait porté ses fruits et elles avaient à présent une destination précise. Pourtant, cela ne plaisait pas réellement à la Terranide. Certes le plus gros des troupes d’Elise étaient encore loin de leur position actuelle mais rien ne disait qu’elle n’avait pas envoyé quelques éclaireurs. Pourtant…c’était un risque à prendre. Pour le moment, elles étaient encore dans le ghetto, se dirigeant doucement mais sûrement vers l’orée de la forêt. Et outre les araignées potentielles, la menace la plus probable était une embuscade de la part des troupes du Bossu. Et cela s’il venait à être prévenu de leur arrivée. Mais au vue de l’état dans lequel le chevalier avait laissé le chef de l’auberge et de la bande s’y trouvant, cela était très peu probable. Cependant, le risque n’était pas à écarter.
« J’ai cru entendre que le Bossu était assez influant ici…et qu’il connaissait une bonne partie des réfugiés…penses-tu que l’on devrait en quelques sortes se lier à lui pour atteindre plus rapidement notre objectif ? Car nous ne savons pas si les gardes ont véritablement un registre des réfugiés et même si nous avons accès à la ville…Rien ne dis que trouvé Médonnée sera facile. »
Suivre les directives des militaires et ramener la tête du bossu ou trahir ces derniers et conclure un marché avec le bossu ? Pouvaient-elles seulement le faire d’ailleurs ? Soupirant, la Louve croisa ses mains derrière son dos, pénétrant dans la forêt avec Aoife. Tendant l’oreille, elle resta aux aguets, prête à réagir en cas de besoin, mais mise à part les bruits habituelles de ces environnements, il n’y avait rien de suspect. Elles arrivèrent finalement au croisement où la fameuse statue de l’Homme-Jésus était présente. A droite. Voilà la direction qu’elles devaient prendre et c’est ce qu’elles firent, emprunté le nouveau sentier pendant plusieurs minutes avant d’arriver devant la fameuse maison abandonnée.
« Finalement…Il nous a pas menti….Pourtant pour une planque où il est censé avoir pas mal de mondes c’est bien calme. »
Trop calme même, et l’Okami n’appréciait pas réellement cela. Posant sa main contre le pommeau d’une de ses épées, elle se mit à regarder autour d’elle, marchant doucement en direction de la maison calcinée. Poussant la porte qui émit un léger grincement, elle pénétra à l’intérieur, les planches de bois servant de plancher craquant et grinçant à chacun de ses pas. Là encore personne. Après quelques pas, elle atteignit la fameuse trappe qui était étonnement entre-ouverte. Hors il était peu probable qu’un des hommes de Bossu ne fasse une erreur aussi absurde. Elle se retourna donc vers Aoife.
« Je vais te le dire franchement…Je n’aime pas la tournure que cela prend. »
Cependant, il n’y avait qu’un seul moyen pour savoir ce qui se tramait ici et c’était de descendre dans cette cave secrète. Attrapant le cercle de la trappe, la Louve tira dessus et l’ouvrit entièrement. Un escalier se dévoila devant elles. Passant en première, la Lycane descendit dans cette cave servant de repère, posant sans trop y réfléchir sa main contre l’un des murs. Main qu’elle retira de suite.
« C’est poisseux ici. »
Sans doute de l’humidité. Finalement, elle se mis à marcher aux côtés d’Aoife cherchant les hommes du Bossu ou ce dernier. Pourtant, jusqu’à maintenant, aucune trace d’eux. Où pouvaient-ils bien être ?
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La réponse aux interrogations de Shad ne tarda pas à venir quand une sinistre odeur remonta à ses narines. Étant une Terranide, elle avait des sens plus affutés qu’Aoife, et put donc sentir, avant elle, l’odeur de la chair en décomposition. Une odeur qui gagnait en intensité, alors que la cave avait été percée. Une portion de mur avait été abattue, rejoignant une sorte de crypte souterraine, probablement le caveau du village, à en juger par les tombes et les murs en pierre. Même Aoife ressentit l’odeur, et vit ensuite, sur le sol, des traces de sang.
« Diable… »
Elle posa sa main sur l’une des traînées. Le sang était encore relativement frais. Elle se redressa ensuite, et marcha plus lentement, utilisant une boule lumineuse pour y voir dans l’étouffante et moite obscurité du caveau. Les traces de sang remontèrent à un cadavre niché contre un mur, les intestins à l’air. Aoife fronça lentement les sourcils, comprenant que l’homme avait dû ramper, ou être tiré en arrière. Il était indubitablement mort, les yeux révulsés.
« Ce n’est pas une araignée qui a fait ça, il a été lacéré au ventre. »
Aoife se redressa donc, et s’avança plus lentement. Dans ce genre de crypte, il arrivait parfois que des créatures nécrophages émergent, comme des goules… Voire un graveir. Mais Aoife savait que ces monstres n’avaient pas de griffes suffisamment profondes. Tout en s’avançant, elle subodora, dans sa tête, que, du fait de l’invasion d’Élise, beaucoup de créatures sinistres avaient dû fuir vers des terres moins hostiles. Visiblement, la planque du Bossu avait attiré l’une de ces créatures, qui avaient rapidement fait place nette. Tout ce que la jeune femme espérait, maintenant, c’était pouvoir mettre la main sur le Bossu, afin de retrouver la fameuse Médonée.
Pour l’heure, le duo s’avançait, et Aoife vit une tête sur le sol, arrachée à un corps qui avait été traîné contre un mur, avant de s’étaler sur le sol. Plus loin, deux autres cadavres gisaient sur le sol, des archers défendant une porte grillagée défoncée qui conduisait à un escalier, ce dernier étant encore éclairé par quelques torches. Aoife regarda brièvement les cadavres. L’un des archers avait été gorgé, et gisait dans une épaisse flaque de sang, tandis que l’autre avait été attaqué aux jambes puis visiblement tué ensuite en tombant au sol, transpercé à hauteur du torse.
Le monstre avait visiblement d’épaisses griffes, et des dents très tranchantes. Aoife s’approcha lentement des marches, voyant, le long des murs et desdites marches, des traînées sanguines supplémentaires. Puis, après quelques hésitations, elle entama sa descente, rejoignant les parties inférieures de la crypte. L’escalier, en colimaçon, conduisit les deux exploratrices vers un autre couloir, où elles purent alors entendre des grognements, des soupirs, et des bruits de chair qu’on éclatait. La guerrière de Nexus croisa silencieusement son regard avec celui de Shad, main sur le fourreau de son épée, et s’approcha lentement de la porte au bout du couloir.
Elle donnait sur une grande pièce, et Aoife vit, de dos, une silhouette au fond de la pièce, qui était affairée sur un autel, soupirant et gémissant en… En mangeant un cadavre. Une créature ayant une belle silhouette, de longs cheveux noirs, mais une peau verdâtre. Elle dévorait un cadavre situé sur une table, et se retourna soudain, la bouche pleine de sang, avant de leur hurler dessus, dévoilant de longues canines.
« Oh non… C’est une brouxe (http://img110.xooimage.com/files/c/7/a/bruxa2crop-4fb80a5.jpg) ! »
La brouxe était un vampire assez particulier, un vampire qui avait succombé à ses bas-instincts, se rapprochant alors plus de l’animal que de l’être civilisé. La créature siffla dangereusement, et ses ongles ensanglantés poussèrent alors, devenant d’épaisses griffes, longues d’une bonne dizaine de centimètres. Aoife avait déjà combattu des brouxes, et le combat n’avait jamais été simple… Ce que la brouxe prouva en devenant subitement invisible.
« Attention, Shad, elle est… »
Aoife n’eut pas le temps de terminer ce qu’elle avait à dire que la brouxe fonça vers elles à toute allure. Aoife bondit sur le côté, évitant les griffes de la brouxe, qui frappèrent dans le vide, et fit tournoyer son épée, tout en se déplaçant elle-même, et la frappa dans le dos. L’invisibilité de la brouxe disparut en même temps que la créature grognait de rage et de douleur, l’épée ouvrant son dos. Hélas, la brouxe était gorgée de sang, et sa blessure était déjà en train de cicatriser tandis qu’elle fondit sur Shad…
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Ce massacre était loin d’être l’œuvre d’une araignée. Car si telle aurait été le cas, les corps auraient plus eu un aspect rachitique, vidés de tout fluide vital que purement et simplement avec les boyaux à l’air. Cela rassura en partir la Terranide, au moins, les « forces » d’Elise, même en petite troupe n’avait pas encore atteints la région. Mais cela ne voulait pas signifier que leur ennemi n’était pas aussi dangereux que ces bêtes à huit pattes qui terrorisaient le territoire. Délaissant le corps pourrissant, la Louve suivit Aoife dans son exploration macabre, rencontrant sur leur chemin encore quelques malheureux qui avait succombé face à l’étrange créature. Elles finirent par atteindre un lieu où des bruits de soupir et de mastications se firent entendre. Après un petit moment d’hésitation, les deux femmes décidèrent de concert de voir de quoi il en retournait. Pour la Louve, c’était là la première fois qu’elle voyait une telle créature. A croire que Terra était plus peuplée d’être abjecte près à vous découper en morceaux que d’êtres civilisés.
« Une quoi ? »
L’étonnement la gagna quand elle vit disparaître soudainement la créature sous ses yeux. Bondissant sur le côté opposé à celui d’Aoife, l’Okami évita également un coup de griffe mortelle. Elle se retourna rapidement, dégainant l’une de ses épées et se mis en garde tandis que la brouxe fonçait droit sur elle. Au départ visible, elle redevient sans crier invisible, obligeant la Terranide à être encore plus sur ses gardes. Mais comment combattre un ennemi que l’on ne pouvait pas voir ? Emettant un léger grognement de frustration, Shad se mis à tout simplement utiliser son ouïe pour suivre le bruit des pas de l’ignoble vampire. Le sang encore frais présent à certain endroit de la pièce permettait également de suivre en partie à la trace leur adversaire.
« Aoife attention ! »
Bien que suivant ses plus bas instincts, la brouxe avait su jouer sur la feinte et avait changé de cible. Remarquant que cette dernière était dangereusement proche du chevalier de Nexus, la Louve n’avait pas hésité une seconde pour l’interpeller et pour envoyer droit dans le dos de la créature l’un de ses couteaux de lancer. La lame pénétra dans la chair verdâtre et fit comme pour le précédent coup de lame d’Aoife, hurler la bête de douleur. Pourtant, sa plaie commençait déjà à se refermer à une vitesse fulgurante et l’arme blanche était petit à petit poussée hors du corps. Sifflant de rage, la brouxe se mis à foncer vers les deux femmes sans réelles distinctions, frappant l’air de ses griffes acérées. Et encore une fois, elle rendit son corps invisible, augmentant la difficulté du combat..
Et de nouveau, la Louve utilisait ses autres sens pour la traquer, servant ainsi de détecteur. Shad indiquait au chevalier l’emplacement le plus probable de la brouxe ou la prévenait si elle était trop proche d’elel,s ervant pour ainsi dire de radar. Cependant, la créature se déplaçant relativement vite, elle ne pouvait pas se battre convenablement tout en localisant sa position. Ainsi, l’Okami laissait à l’humaine la tâche de pourfendre la vampire verdâtre non sans l’aider dans sa tâche. Une sorte de travail d’équipe fut donc mis en place et à chaque fois que la brouxe fut touchée, plus elle mettait de temps à se soigner perdant le sang qu’elle avait ingurgité. La bataille risquait de durer plusieurs longues minutes mais à termes, les deux femmes avaient leurs chances. Sauf si un imprévu vint à leur rencontre ou que la brouxe change encore soudainement de techniques.
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La brouxe était particulièrement puissante, car elle venait de se gorger de sang, d’où sa rapidité et sa réactivité. Ses pouvoirs magiques, en revanche, variaient d’une brouxe à l’autre. Difficile de dire ce qu’était cette créature à la base. Une brouxe était un vampire qui, peu à peu, avait perdu la raison. Une sorte de vampire sauvage qui, s’il pouvait toujours faire preuve d’une certaine forme de lucidité, notamment quand il était abreuvé en conséquence, restait tout de même, dans l’ensemble, un être sauvage, cruel, et incontrôlable.
Leur adversaire fondait sur les deux femmes, et les attaques de Shad, comme celles d’Aoife, la blessaient sans la tuer.
« Il faut continuer, Shad ! »
De toute manière, leurs options étaient plutôt limitées. Aoife vit le monstre la charger encore, et ferma ensuite les yeux. Plutôt que d’utiliser sa vision, elle préféra utiliser son ouïe pour voir d’où viendrait l’ennemi. Une technique de combat qu’elle avait appris lors de sa formation à Nexus, mais qui n’était pas facile. Elle reposait sur les enseignements d’un maître-chevalier aveugle, quelqu’un qui se battait toujours avec un bandana autour des yeux, pour dissimuler sa malformation visuelle. Malgré les apparences, il avait la réputation d’être invincible, car il utilisait les vibrations sonores pour repérer ses ennemis, et même, à partir de ces vibrations, anticiper leurs attaques. Aoife était évidemment bien loin de posséder un tel talent, mais elle se débrouillait tout de même.
Ainsi, tandis que la brouxe chargeait, elle bondit sur le côté, et frappa dans son dos, faisant hurler la bête, qui en fut déstabilisée, permettant à Shad d’user de sa rapidité pour la charger, et lancer deux couteaux de lancer qui se plantèrent dans le torse du monstre, repoussant la brouxe contre un mur. La guerrière de Nexus chercha alors à tirer profit de son avantage en s’élançant vers sa proie, tournoya sur place, et abattit la lame sur elle… Pour que cette dernière heurte le mur, la brouxe évitant la charge. Ses griffes transpercèrent ainsi le plastron de l’armure d’Aoife, la faisant hurler, et la brouxe la renversa sur le sol, approchant ses canines pointues de son cou.
Shad intervint à ce moment, repoussant la brouxe en la frappant au visage, et Aoife roula sur le sol, se redressa, et sa main s’illumina, puis une langue de feu en jaillit, frappant la vampire, qui hurla de rage en sentant les flammes lécher son corps.
*Il faut en finir !* se décida-t-elle.
Remuant nerveusement des bras, la brouxe était blessée, et Aoife s’élança vers elle, et frappa avec sa lame de loin, lui sectionnant deux doigts. La bête rugit encore, et Aoife laissa ensuite Shad accaparer l’attention de la brouxe… Pour lui porter un coup final en tournoyant sur place, son épée s’abattant sur la nuque de la brouxe, la décapitant violemment. Un coup sec, puissant, et tranchant, qui fit sauter la tête du monstre, cette dernière s’envolant dans les airs pour retomber à quelques mètres du reste du corps.
Aoife termina ensuite son mouvement en plantant sa lame dans le corps du monstre, faisant ressortir cette dernière de l’autre côté, puis poussa le cadavre du pied, qui s’agita encore nerveusement, traversé par des spasmes nerveux, avant de, peu à peu, se calmer, s’affaissant lentement sur le sol, laissant les deux guerrières haletantes, le souffle court.
« Quelle saloperie… » commenta alors Aoife.
Elle soupira longuement, et regarda Shad.
« Comme quoi, on croise tout type de réfugiés par ici… Raison de plus pour nous montrer vigilantes. »
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« Je ne te le fais pas dire… »
La Louve regarda la dépouille de la brouxe qu’elle venait de combattre de concert avec Aoife. Ce vampire qui avait décidé de suivre ses plus bas instincts avait été un adversaire redoutable mais avec force et patience, les deux femmes avaient réussi à en venir à bout. S’accroupissant à côté du cadavre verdâtre, la Lycane approuva d’un hochement de tête, observant quelques instant la brouxe :
« Et sans doute pire que cette créature que l’on vient de combattre….En tout cas si c’est elle qui a fait le carnage que l’on a vu en arrivant jusqu’ici…on peut être sûres qu’elle n’a pas tué le Bossu…car je me rappelle pas avoir vu son cadavre…. »
Une bonne nouvelle en soit, car au moins leur cible était pour le moment encore potentiellement vivante. Soupirant, la Louve se releva, alla ramasser ses couteaux de lancer qui gisaient ici et là sur le sol et retira également ceux présents dans le corps de la brouxe. Récupérant ainsi ses effets, elle se tourna vers Aoife et désigna d’un mouvement de tête la porte menant vers un autre couloir qu’elles n’avaient pas encore visitée.
« Allons-y ? »
Après tout, avaient-elles réellement le choix ? Délaissant ainsi le cadavre purulent de la créature, le duo se remis en marche, continuant à explorer cette cave sordide qui était liée à une crypte souterraine. Une crypte souterraine ! Pourquoi diable fallait-il que la cache de ces bandits soit près d’une foutue crypte souterraine lieu de résidence de quelques charmantes créatures telles que des goules ou encore de brouxe ? La Lycane soupira se demandant si des fois, ces personnes réfléchissaient à leur acte. Continuant à marcher, la lupine était aux aguets, se demandant surtout où pouvait se trouver le bossu. Elles arrivèrent ainsi devant un escalier délabré, menant encore plus bas dans les entrailles de cet endroit sordide.
Descendant prudemment les marches, la Terranide et le chevalier arrivèrent dans une salle remplie d’ossements. Des dizaines, non des centaines de cadavres étaient entreposés là. A chacun de leur pas, Shad ou Aoife marchait sur un ossement dont le craquement que produisait leur poids dessus résonnait dans toute la pièce. Niveau discrétion on aura fait mieux. Bien vite, des créatures humanoïde et rachitique se mirent à sortir des recoins sombres de la pièce, soupirant et sifflant, leurs mains griffues se refermant sporadiquement, leur gueule barbouillé de sang séché. Dans des mugissements rauques, ces créatures s’avançaient vers le duo.
« Des monstres, des monstres et toujours pas de Bossu ! »
Créant des sphères de flammes dans les paumes de ses mains, la Louve n’attendit pas plus longtemps pour les lancer sur les goules qui s’avançaient dangereusement, les faisant devenir de véritables torches humaines. Mais même ainsi, ces bêtes continuaient leur progression, faisant fi de la douleur, avançant inlassablement tant qu’elles en avaient la possibilité. Point positif, le fait d’avoir leur chair brûlé à vif rendait leur progression difficile et offrait aux deux femmes de parfait angles de frappes pour les achever d’un coup sec.
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Après ce rude combat contre la brouxe, le repos n’était pas encore pour tout de suite. Aoife et Shad devaient toujours retrouver le Bossu et ses hommes, mais, visiblement, les deux allaient de Charybde en Scylla. En effet, après la mort de la brouxe, elles constatèrent que des créatures nécrophages, attirées par l’odeur de la putréfaction, de la chair en décomposition, s’étaient rapprochées. Elles étaient restées en repli, loin de la brouxe, mais, maintenant que la vampire était morte, Shad et Aoife tombèrent sur ces monstres dans une grande pièce au sein de la crypte, où les monstres avaient ouvert les tombes et les caveaux, les forçant, afin de les manger. Généralement, les prêtres de l’Ordre Immaculé mettaient sur les tombes une onction particulière, une eau bénite qui repoussait les monstres. Ici, Aoife soupçonna rapidement que les contrebandiers avaient utilisé des techniques pour récupérer ce précieux liquide, qui était utilisé par les alchimistes.
C’est ainsi que les deux femmes tombèrent face à des goules (http://img110.xooimage.com/files/e/8/9/goule-1--4fbe467.jpg), épaisses et violentes, tandis que, à côté de ces gros monstres, d’autres monstres (http://img110.xooimage.com/files/5/3/6/goule-2--4fbe470.jpg) s’avançaient, avançant à quatre pattes, grognant et hurlant.
« Des nécrophages ! Souviens-toi que le feu est leur faiblesse, Shad ! »
Shad retint bien la leçon, et balança des boules de feu, repoussant les monstres, tandis qu’Aoife, afin d’économiser sa mana, préféra sortir de sa ceinture une huile magique, et en recouvrit la lame enchantée de son épée. Les runes s’illuminèrent, et un halo enflammé ne tarda pas à recouvrir sa lame, la faisant flamboyer. La femme fit alors tournoyer sa lame, et décapita une goule qui tentait de l’attaquer, avant de s’attaquer à une grosse goule. Elle fléchit les genoux, évitant son poing, et trancha le poignet de la goule, pivota sur place, tournoya, et abattit la lame à hauteur de la tête du monstre, la faisant sauter comme un bouchon de champagne.
Le feu faisait reculer les monstres, mais l’un d’eux réussit quand même à griffer Aoife dans le dos, la faisant grogner. Elle tituba sur place, et se protégea in extremis d’une autre attaque en envoyant une onde d’Air, qui repoussa le monstre, puis elle se concentra, et les flammes autour de son épée s’intensifièrent... Jusqu’à ce qu’elle frappe avec sa lame dans le vide, envoyant une espèce de vague de feu qui frappa plusieurs goules. Avec leur chair craquelée et faible, ils prenaient feu très facilement.
Les créatures hurlaient et gesticulaient, mais, alors que la situation semblait devoir se stabiliser, Aoife entendit soudain des bruits de pas massifs, et vit une puissante main frapper une goule au visage lui bloquant le passage, balançant le monstre contre le sol... Puis un hurlement suraigu frappa alors Aoife, la faisant hurler de douleur, tout en lui crevant les tympans, et en l’étourdissant. Une immense bête avec des bras interminables bondit alors sur elle, faisant un saut prodigieux, et la griffa au plastron, faisant ripper ses griffes, et Aoife tomba sur le sol, et eut la présence d’esprit de former un bouclier, contre lequel les griffes de la bête s’abattirent avec la force d’un gorille. Le bouclier explosa, mais repoussa la bête, laissant le temps à Aoife de rouler sur le sol... Pour voir une goule face à elle, qui l’attrapa par la gorge, et approcha ses crocs de son cou...
Aoife, par réflexe, attrapa une dague à sa ceinture, et la planta dans l’un des yeux du monstre, le faisant hurler de douleur. Il lâcha prise, non sans griffer au passage la gorge de la femme, qui se retourna ensuite vers l’autre monstre.
Après la brouxe, leurs aventures avaient attiré un autre monstre.
*C’est pas possible, c’est un cauchemar...*
La créature était un redoutable garkain (http://img110.xooimage.com/files/c/b/0/garkain-4fbe472.png), un monstre puissant et solide, une créature nécrophage capable de balancer des ondes ultrasoniques.
La situation était en train de se compliquer... Quand des torches s’allumèrent dans une grande porte dans un coin, puis des bruits de pas précipités se firent entendre.
Aoife eut à peine le temps de tourner la tête qu’elle vit des hommes en armure, des spadassins accompagnés d’arbalétriers, s’approcher, lançant des carreaux explosifs sur les monstres, tandis que les spadassins frappaient.
Ce n’était sûrement pas l’armée locale.
*Peut-être qu’il reste encore des troupes au Bossu, finalement...*
-
Située à l’opposé de la pièce où se trouvait Aoife, la Louve combattait ses adversaires morts-vivants et anthophages. Utilisant son habilité à manier les flammes, elle ne se gênait pas pour immoler facilement le corps sans vie et pourtant actif de ces créatures. Evitant les coups de griffes, la Lycane tranchait également la tête de ces adversaires, les achevant dès qu’elle en avait l’occasion en plantant la lame de son épée dans leur crâne pourrissant. Une goule lui attrapa fermement le bras, la tirant en arrière et ramenant sa prise près de de sa mâchoire prête à mordre. Déstabilisée, la Louve attrapa rapidement un de ces couteaux de lancer et le balança droit dans l’œil de la créature qui relâcha sa prise dans un hurlement de douleur. Ne lui laissant pas de répit, la Terranide créa une sphère incandescente qu’elle envoya sur la goule qui explosa à l’impact. Bien que le combat risque d’être long, tout se passait pour le mieux et leur chance de survie était loin d’être déplorable. Jusqu’à ce qu’il arrive…
En réalité, Shad ne vit pas le nouveau monstre arriver, trop occupée à se défendre et à se battre de son côté. Cependant, elle entendit son cri. Ce hurlement suraiguë qui lui explosa les tympans et lui fit poser un genou à terre tandis que ses mains se portaient à ses oreilles. Cette bête lui avait vrillé les tympans et de ce fait, la Louve venait de perdre pendant quelques instants son sens de l’équilibre. Lorsqu’elle tenta de se relever, ce ne fut que pour mieux retomber sur le sol, avec une impression d’avoir une mauvaise cuite. Réussissant malgré tout à s’entourer d’un bouclier de flammes pour garder ses ennemis à distance, la Lycane devait bien s’avouer que sur le coup, elle était dans la merde. D’autant plus que la bête ne se gêna pas pour relancer un second cri encore plus perçant que le précédent.
« Tirez ! »
Des dizaines et des dizaines d’hommes en armures et armés arrivèrent en toute hâte dans la pièce, triant des carreaux de feux sur les goules, les spadassins allaient directement à la mêlée et renvoyer ces créatures de là où elles étaient venues. L’imposante goule fut aussi prise en joue et contre toute attente, ses cris ne provoquaient aucune réaction de la part des nouveaux arrivants. Ces derniers portaient en effet une protection auditive et étaient ainsi donc insensible à ses ondes ultrasoniques. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le garkain fut mis en déroute et son sang gicla sur les ossements de la crypte. Retirant sa protection, la Terranide commençait à entendre des bribes de voix, levant par la suite son visage pour voir qu’un spadassin la tenait en joue. Les effets de l’onde ultrasonique n’étaient pas encore dissipés et elle était pour ainsi dire quasiment vulnérable. La joie d’avoir une ouïe sensible…
« Emmenez-les et vérifiez qu’aucun de ces monstres ne soient encore vivants »
La voix provenant d’un chevalier en armure de plate, son visage caché par le casque qu’il portait. En toute l’occurrence le chef de cette escouade qui venait de leur prêter main forte. Sentant une poigne puissante lui agripper le bras pour la soulever de terre, la Lycane ne fit pas de gestes brusques se relevant, titubant au début avant de regagner peu à peu son équilibre après quelques pas. Elle sentit néanmoins une main la pousser dans le dos, l’incitant à aller plus vite.
« Ça va ça va j’avance ! »
Regardant le soldat par-dessus son épaule, elle en profita pour chercher du regard le chevalier de Nexus. Dans un même temps, elle observa brièvement ceux qui les entouraient, notant la présence sur certaine armure des insignes des gardes de la ville de Koldoue. Etait-ce la milice qui les avait retrouvés ? Non, certains hommes ne semblaient pas venir de cet endroit. Dans ce cas, serait-il possible que le Bossu soit en réalité plus influant qu’elles ne le pensaient ?
-
Désespérée, la bataille venait de se renverser par l’arrivée de ces multiples guerriers. Le feu se mit à crépiter dans la zone de combat, contraignant ces créatures hideuses à fuir à bride abattue, à défaut de pouvoir espérer sérieusement réaliser contre un adversaire implacable. Le garkain se battit furieusement, et, malgré plusieurs carreaux qui transpercèrent sa chair, il réussit à faire un prodigieux bond en avant, et frappa avec ses deux mains les épaules d’un homme, broyant ses os, avant de balancer son cadavre contre un mur. Aoife, de son côté, tua plusieurs goules, avant de se ruer vers le garkain, qui était assurément le chef de cette meute. La créature continuait à se battre avec rage et fureur, mais finit néanmoins par succomber, s’écroulant sur le sol. De fait, sa mort mit fin à l’escarmouche, les goules achevant de partir.
La bataille terminée, Aoife eut juste le temps de pousser un léger soupir, avant de regarder autour d’elle, cherchant Shad. Étant une Terranide, soit une femme dotée d’une ouïe très sensible, les attaques sonores du garkain avaient dû être particulièrement efficaces sur elle. Cependant, leurs sauveurs ne tardèrent pas à les mettre en joue, et un homme, qui semblait être leur sergent, ordonna qu’on les emmène. Plusieurs hommes à l’allure austère s’approchèrent ainsi d’Aoife, qui crut bon de préciser :
« Je m’appelle Aoife, je suis chevalier de…
- ’M’en fous. »
Aoife ne trouva rien à ajouter. Parfois, les dialogues les plus courts sont les meilleurs, et elle suivit donc les hommes. La jeune femme ne tarda pas à retrouver Shad, et se rapprocha d’elle, en lui souriant brièvement, comme pour lui indiquer qu’elle allait bien, même après cette bataille éprouvante. Le duo avança donc, suivant les multiples gardes, filant à travers un couloir éclairé, s’enfonçant dans les profondeurs de la crypte, jusqu’à rejoindre une partie de la crypte où un mur avait été partiellement abattu, permettant ainsi de rejoindre des grottes.
*Encore et toujours des grottes…*
Comme si la vie n’était qu’un perpétuel recommencement, et qu’il fallait toujours passer par des grottes, Aoife s’y aventura. Le groupe traversa ainsi un chemin qui les amena dans une caverne un peu plus grande, où un camp de fortune avait été dressé. Une vaste caverne avec, en son centre, un énorme pilier rocheux qui s’enfonçait jusqu’au plafond. Ici et là, il y avait des sortes d’échafaudages en bois qui permettaient de monter jusqu’au plafond, où des échelles en bois s’enfonçaient dans ce dernier pour aller on ne sait où. La Nexusienne eut ainsi l’étonnante surprise d’y voir qu’il y avait de nombreuses familles, qui se mirent à regarder le retour du groupe avec inquiétude.
*Qu’est-ce qui se passe ici ?*
La réponse à sa question vint de la part d’un homme, qui était au centre de cette grande pièce. Il avait un dos légèrement bosselé, et Aoife comprit, si l’homme était fidèle à sa réputation physique, qu’il devait s’agir du fameux Bossu. L’homme se retourna vers eux, et s’approcha lentement.
« La guerrière de Nexus et la Terranide… Vous formez un duo plutôt atypique, dites-moi. »
Visiblement, l’homme avait ses sources de renseignement.
« Je suis le Bossu, l’homme que vous recherchiez… Et, comme vous avez dû le constater, mes terres sont quelque peu envahies, ces derniers temps. Ces hordes de monstres arachnéens attirent d’autres créatures dont je me passerais bien. »
Sur ce point, Aoife ne pouvait qu’être d’accord, après leurs mésaventures dans la crypte.
« Qui sont ces gens ? » demanda-t-elle.
Le Bossu haussa les épaules.
« Des réfugiés. Des gens qui veulent partir, et qui n’ont qu’une confiance limitée en la sécurité de Koldoue et de ses environs. Mais vous, vous n’êtes pas là pour ça, n’est-ce pas ? »
-
Cet homme était –il si sûr de lui pour faire venir devant sa propre personne le duo qui avait été envoyé pour l’abattre ? La Lycane était quelque peu perplexe à ce sujet, un fou ne ferait pas cela sans avoir une garantie de se protéger d’une quelconque menace imminente. Pourtant, tout portait à croire que le Bossu ne craignait pas les deux femmes et ce n’était pas les soldats qui les entouraient qui auraient en réalité le temps de le protéger. Aoife pouvait par exemple utiliser sa magie pour l’expulser brutalement dans les airs et faire en sorte que son corps s’écrase au sol, tout comme Shad pouvait aisément l’embraser et le faire devenir une vulgaire torche humaine. Et pourtant, pourtant, il ne les craignait pas, semblant avoir un atout dans sa manche. Septique, la Louve observa un instant la masse de réfugiés présent dans ce lieu souterrain. Et contrairement à ce qu’on leur avait dit, ce Bossu ne semblait pas faire régner une quelconque terreur.
« Ces réfugiés sont sous ma protection…Une bien meilleur que celle de ces gardes corrompues de Koldoue…Et je vous ai posé une question. »
Autoritaire en plus ! Mais ne fallait-il pas être de cette trempe pour confirmer sa puissance ? Le Bossu s’approcha des deux femmes les fixant tour à tour, ses pupilles couleur amande se plongeant dans celles des deux femmes chargées de le tuer. Il savait, il avait été informé et malgré tout, il attendait qu’elle lui confirme les connaissent qu’il possédait déjà.
« Non effectivement….Mais ça…vous le savez déjà…. »
Leur cible continua de les fixer avant de se reculer d’un pas, de frapper doucement dans ses mains pour applaudir d’une manière moqueuse avant d’écarter ses bras, présentant son torse sans défense.
« Et bien vous m’avez trouvé ! Mes sincères sincères félicitations ! – commença t’il d’un air cynique avant de continuer plus sérieusement, balayant les réfugiés d’un signe de la main pour les désignés la masse de gens qui les regardaient de loin – mais allez-vous rendre la vie encore plus difficile à ces gens ? Allez-vous aidez ces corrompues de Koldoue et les faire revivre dans l’insuffisance ? Vous avez été envoyé pour me tuer ? Ces pauvres gens vous en voudront éternellement….Vous ne savez pas qui sont les vrais ennemis ici. Je ne suis pas votre ennemi. »
L’Okami émis un léger grognement avant de répondre :
« Comment pouvons-nous être sûr que vous ne contrôlez pas ces personnes ? Que vous n’avez pas un système de terreur pour les mater ? »
« Ont-ils l’air d’avoir peur de moi ? Ouvrez les yeux bon sang ! Qui sont ceux qui n’ont pas ouvert les portes de leur cité ! Qui sont ceux qui les ont laissés dans leur merde ? Ce n’est pas moi ! Et à présent nous devons faire face à ces invasions d’araignées et de créatures nécrophages…-il marqua un arrêt – Et vous allez nous aider pour combattre cette menace imminente. Que vous le vouliez ou non. »
« Et qu’est ce qui nous oblige à faire cela ? »
« Votre vie ? Et puis….il semblerait que vous êtes à la recherche d’une personne. Je pourrais vous donnez les informations que vous cherchez…. »
Surprise, la Terranide releva les oreilles, subitement intéressées. Comment savait-il ? Et avait-il réellement des informations sur Médonée ? C’était un risque à ne pas prendre, elle tourna son regard vers Aoife attendant sa réaction.
-
Aoife était une jeune femme toute encore empreinte d’idéalisme, une femme qui refusait de voir dans le crime organisé un « mal nécessaire », comme beaucoup le pensaient à Nexus. Pour elle, le Bossu était un homme redoutable, qui contribuait au délitement de la nation, et qui essayait de se dissimuler derrière des idéaux, en invoquant la prétendue corruption du régime. Aoife n’en croyait pas un mot, mais elle était aussi réaliste. Elles étaient seules contre toute une armée, et, dans ces conditions, capturer le Bossu ne serait pas simple. De plus, l’homme semblait savoir ce qu’elles cherchaient vraiment, ce qui ne manqua pas de surprendre, non seulement Shad, mais aussi Aoife.
« Quoi, vous êtes devin, en plus d’être le sauveur de la Nation ? »
Le ton ne manquait pas de mordant. Aoife se montrait très sarcastique, et l’homme sourit légèrement.
« Non, mais je connais votre compagnonne... Vous avez défendu la Forêt des Toiles contre Brahmin, les survivants de Brahmin m’ont parlé de vous... Une Louve de feu, capable de se transformer en une louve géante. »
Aoife cligna des yeux. Brahmin ? Elle avait entendu parler de ce mercenaire, de sa troupe redoutable, et regarda brièvement Shad, en se disant que cette dernière lui cachait visiblement bien des choses. Le Bossu, de son côté, était très bien informé, comme il l’expliqua ensuite, en se mettant à marcher. Outre son dos bosselé, il boitait aussi un peu.
« Je ne suis pas un guerrier, je ne suis pas un magicien... Mon pouvoir, c’est l’information. C’est comme ça que je suis deviné ce que je suis actuellement. Je vois bien, à votre regard, chère Nexusienne, que vous me prenez pour ce que je ne suis pas. Si les autorités de Koldoue veulent me capturer, c’est parce que je sais bien des choses sur leurs petits secrets... Qui couche avec qui... Croyez-moi ou pas, mais, à la base, j’étais simple garçon d’écurie, récurant les latrines, nettoyant la merde devant les balcons de ces belles dames. J’ai appris à écouter, et à utiliser au mieux les informations dont je dispose. »
Pour le coup, Aoife se montra un petit peu plus attentive. Le Bossu savait lire sur les visages, il savait décrypter les émotions. Avec son physique ingrat, il fallait bien admettre que l’homme ne pouvait guère compter sur son physique pour impressionner.
« Brahmin avait été embauché par les Hamleigh pour renverser Élise. Du moins, c’est la théorie la plus en vogue. La réalité, c’est que, derrière cette attaque, il y a la main des Hamleigh. Ne vous trompez point, la deuxième Élise n’est pas là pour prendre le pouvoir, mais pour offrir le pays aux Hamleigh, comme ils l’ont toujours escompté, depuis la précédente guerre civile. »
Le Bossu se lança alors dans une explication historique, et leur confia que, il y a de cela une quinzaine d’années, environ, la famille royale en place avait été tuée... Lors de la naissance d’Elena Ivory. Le royaume, proche de Nexus, avait tenu à célébrer la naissance de l’héritière, une jeune Princesse tant attendue, et ils étaient morts là-bas. Si Nexus avait pu éviter la guerre civile, le royaume, lui, avait sombré en plein dedans, les grandes familles se dirigeant entre elles.
« Les Hamleigh ont perdu à ce jeu du trône, alors que, avant le naufrage, l’une de leurs filles était mariée au Roi. Ils estimaient donc être légitimes, mais n’ont pas réussi à obtenir le pouvoir. En désespoir de cause, William Hamleigh a choisi alors de nouer des alliances avec d’autres puissances... »
Pendant que le Bossu étalait sa science, Aoife ne pouvait s’empêcher de se demander quel était le rapport entre cette histoire et Médonée. Cependant, elle restait silencieuse, consciente d’avoir de la chance de tomber sur un bavard. S’il aimait parler, qu’il parle donc, elle ne chercherait nullement à l’interrompre ! Plus le Bossu en dirait, et plus ce serait mieux pour elle !
« Les Hamleigh ont beaucoup perdu dans cette guerre. Et, quand Nexus a avalisé le nouveau Roi, les Hamleigh se sont tournés vers d’autres puissances, afin d’obtenir leur soutien si jamais ils arrivaient au pouvoir.
- Je vois... Alors, tout ça, ce serait...
- L’attaque d’Élise, à mon sens, est une invasion ashnardienne dissimulée, oui. Une fois le pouvoir vaincu, les Hamleigh prendront le pouvoir, et les colons ashnardiens arriveront, et leur drapeau flottera sur les tours de Koldoue. »
Aoife médita silencieusement cette théorie, avant de choisir de revenir à l’essentiel :
« Et Médonée ?
- Mes hommes l’ont récupéré en pleine forêt, avant que les araignées d’Élise ne jaillissent. Médonée est à Koldoue, mais... J’ai perdu sa trace. Elle était blessée, empoisonnée, mais le bâtiment dans lequel je l’ai mis a été attaqué par les Arachnistes. Ils ont tué mes hommes, et ont pris Médonée. »
La femme fronça les sourcils, en soupirant silencieusement.
*Le dossier est en train de se compliquer...*
Sensiblement.
-
L’Okami fut quelque peu surprise de savoir que des hommes de Brahmin avaient pu parler d’elle au Bossu. Et sur le coup, elle ne put s’empêcher de regarder brièvement autour d’elle, se demandant si certains de ces hommes étaient présents avec eux. Si tel était le cas, sans doute chercheraient-ils à se venger d’une manière ou d’une autre, n’avait-elle pas massacrée certains de leurs compagnons ? Mais, ce n’était pas la seule menace dans cet endroit malfamé, tout homme présent pouvait en être, tout comme le Bossu malgré qu’il semblait en apparence sans défense. En apparence seulement, car le savoir lui apportait un certain pouvoir et si ce dernier avait eu vent des agissements de Shad par le passé et de quelques-unes de ses capacités, il était fort à parier qu’il avait de quoi les contrer. Elle laissa donc le Bossu parler, subissant avec Aoife son monologue sans fin.
Pourtant, des informations capitales – à savoir ce qui était vraies ou faux – venaient d’être dévoilées au grand jour. Une attaque cachée d’Ashnard…sachant que le roi cramoisi était lié à cette région et sa capitale et que sa bête de prédiction était l’araignée, cela pouvait être tout à fait possible. Quant à Médonnée, il semblerait qu’elle fut entre les mains du Bossu quelques temps avant d’être capturée par une troupe d’arachiste. Et pour une fois – comme par hasard – le Bossu ne semblait pas détenir les informations concernant le lieu de sa détention. Quelque peu las, la Lycane se tourna vers Aoife. Retrouvée Médonnée allait sans doute les conduire au-devant de bien des dangers et leur temps était compté. Elise n’allait pas rester longtemps sans effectuer une nouvelle offensive et si le but de cette dernière était bien une invasion ashnardienne dissimulée, ce n’était plus qu’une question de temps avant que l’assaut ne soit de nouveau lancé.
Mais un autre problème se posait actuellement. Sortir de ce trou à rat et aux vues des hommes qui étaient disposés ici et là dans la pièce, le moindre faux pas leur vaudrait sans doute d’être criblée de flèches. Puis, la terranide se rappela que le Bossu leur avait presque sommé de les aidé à combattre l’invasion arachnéenne et de morts vivants. D’autant plus que celle concernant les créatures nécrophages et anthophage semblait être une menace bien plus imminente en ces lieux que celle des araignées géantes dirigées par une fausse Elise. Cependant rien ne les empêchaient de se faire relâcher tout simplement, qui ne tente rien n’a rien après tout !
« Si vous savez que Médonnée peut nous aider à retrouver Elise, pourquoi ne pas nous relâcher ? Vous savez bien que le temps nous ai compté, et plus nous parlons, plus nous perdons de précieuses secondes… »
C’était un fait indéniable mais cela pouvait-il être seulement suffisant ? Malheureusement, la Lycane avait quelques petites attitudes pour attirer à elle les ennuis et se mettre dans l’impasse. Et dans le cas présent, elle était dans une impasse, cherchant à savoir s’il fallait essayer de sortir de ce lieu par la diplomatie et le marché plutôt que par la force brute et le carnage. Bien que, d’un certain côté, elle préférait que ce soit la première solution, tant que cette dernière ne lui apporterait pas son lot de malheur également. Car au vue des précédentes paroles du Bossu, cela ne l’étonnerait pas si ce dernier les enverraient nettoyer les cryptes des goules et autres joyeusetés sous le regard de quelques hommes armés pour s’assurer qu’elles ne tenteraient pas de s’enfuir. Mais là encore, elle pouvait se tromper. Le Bossu semblait connaître l’importance de Médonnée, alors pourquoi les retenir ?
-
« Vous relâcher ? persifla le bandit. N’y voyez là rien de mesquin, mais, au vu de vos précédents succès, je me demande bien ce que vous ferez si je vous relâche, si ce n’est errer dans ces cryptes jusqu’à en mourir. »
C’était un coup, et il venait de porter. Touchée, Aoife grimaça légèrement. Le fait est que cette quête était en train de se complexifier sensiblement. Elle avait entendu parler de la troupe de Brahmin, et elle savait que, aux dernières nouvelles, le redoutable mercenaire avait été tué. Toutefois, elle ignorait que Shad y était liée, ce qui, en un sens, lui valait son plus grand respect. Brahmin n’était pas un homme à prendre à la légère. Sa horde avait été mise à prix, et la Couronne avait d’ailleurs promis une forte récompense à quiconque tuerait Brahmin, connu pour ses pogroms multiples et ses raids sauvages et sanglants. Peu de gens iraient regretter sa mort, et, tout comme elle apprenait son décès, elle était vraiment surprise, car elle savait aussi que Shad avait participé aux évènements qui avaient ensanglanté Nexus il y a quelques semaines, avec Oswald Mandus, et son fameux abattoir.
Aoife finit néanmoins par intervenir, désireuse de rappeler au Bossu qu’elle existait, et qu’elle servait à autre chose que porter des épées :
« Notre objectif est de retrouver Médonée pour mettre fin à cette guerre.
- Je le sais très bien. Nos intérêts concourent, même si cela peut vous surprendre. La guerre est une chose horrible, mais elle sert les intérêts de bien des gens, moi y compris. Cependant, nous sommes en train de la perdre, et, si nous perdons cette guerre... Ça ne servira plus mes intérêts.
- Ça coule de source. »
Le Bossu se redressa alors, et se déplaça un peu, s’aventurant le long de son camp. Visiblement, l’homme aimait bien étaler son savoir, et ne tarda pas à le prouver encore.
« Brahmin n’avait pas attaqué la forêt d’Élise par hasard. Ce que j’ai appris grâce aux hommes qui ont rejoint mon organisation, c’est que, peu de temps avant de venir, Brahmin se trouvait du côté d’anciens royaumes dévastés dans des massifs montagneux, explorant des ruines naines et d’anciennes forteresses pour y débusquer des trésors. Du moins, c’est ce que les hommes pensaient. La réalité est que Brahmin s’était rendu à une réunion... »
Une réunion qui avait lieu dans un ancien fort. La zone était vraiment très éloignée, à l’extrémité d’Ashnard, à l’entrée des Malterres de la Discorde, un lieu connu pour être le siège du Roi Cramoisi. Une importante réunion, réunissant quantité de milices privées, de hordes de brigands et de bandits, avaient eu lieu dans l’un des châteaux frontaliers des Malterres, officiellement détenus par Ashnard, mais dont la plupart étaient abandonnés, et entre les mains de la Monarchie de la Rose. Ils s’étaient rendus à Castle Thunder (http://img10.deviantart.net/858a/i/2012/290/6/f/castle_discordia_by_vonstreff-d5i4u9m.jpg), un petit fort depuis lequel on pouvait voir, au milieu des Malterres, l’impressionnant Château Discordia (http://www.lost-town.com/images/Rev/155-castlevania-lords-of-shadow/castlevania-lords-of-shadow-20090819110138687_640w.jpg), cœur des Malterres.
Castle Thunder était un endroit sinistre, portant ce nom en raison de son grand donjon, qui était une tour paratonnerre. On l’utilisait pour catalyser les éclairs. L’endroit était vraiment élevé, et Brahmin avait laissé ses hommes dans un haut-plateau, grimpant avec quelques fidèles.
*Tout ça est très intéressant, mais quel rapport avec notre histoire ?*
Aoife n’osa néanmoins pas l’interrompre, car tout ce qui traitait, de près ou de loin, aux Malterres, était toujours bon à prendre.
« Par la suite, Brahmin est parti vers la forêt d’Élise, et était accompagné par un homme sinistre. Vous devez sûrement le connaître, Aoife... C’est un renégat ashnardien, un ancien Général qui a été limogé et déchu pour sa cruauté. Grissom (http://img110.xooimage.com/files/6/2/e/grissom-4ff64f4.jpg). »
Le chevalier nexusien fit une grimace à l’évocation de ce nom. Grissom... Oui, ce terme lui était assurément familier.
« Grissom a été vu en compagnie de Brahmin, et, après sa mort, on l’a revu traîner aux alentours de la forêt, rejoignant le fort de William Hamleigh, dont l’animosité envers le pouvoir est bien connu. Et, enfin, et c’est là ce que je veux vous expliquer... »
Le Bossu fila dans une alcôve, et rejoignit une salle secrète, surveillée par quelques gardes. Il ouvrit la porte, donnant dans une petite pièce sombre avec un cadavre sur une table.
« C’est un Arachniste que nos hommes ont tué dans cette crypte. »
Chauve, l’homme était aussi tout nu, avec le ventre transpercé... Bel et bien mort. Cependant, le Bossu attira leur attention sur sa main, et la retourna, leur montrant ainsi un tatouage rouge situé dessus. Un tatouage aisément reconnaissable, et qui faisait le lien entre les Arachnistes et le Roi Cramoisi...
On avait tatoué sur sa paume l’Œil du Roi Cramoisi (https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/564x/a8/36/a8/a836a8ddb1dccc52cea03657ae29504f.jpg).
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«Touchée….Enfoiré. " »
En effet, les mots du Bossu avaient fait mouche. Mais cela ne voulait pas absolument dire qu’il avait raison. Des lieux infestés de créatures anthophages qui n’avaient que pour seuls desseins de vous bouffer la gueule en moins de deux, la Louve en avait déjà visité plusieurs. Et même si - elle ne pouvait le nier – il y eut des instants difficiles où la mort la talonnait de près, elle s’en était toujours sortie. Du moins pour le moment. Mais il voulait parler ? Soit ! Qu’il parle ! De toute façon, que pouvaient-elles bien faire à part écouter son monologue et glaner quelques informations ? La Terranide pris donc son mal en patience et attendit, écoutant le récit sans fin du Bossu.
« Grissom…Ce nom ne me dit rien, s’il a était avec Brahmin, il a dû le quitter juste avant l’assaut de la forêt des Toiles. [/color] » Pensa la Louve pour ne pas interrompre le Bossu
Non, décidemment non, ce nom ne lui disait absolument rien. Avait-il été autre part pendant l’assaut sur le domaine d’Elise ? Missionné par Brahmin lui-même ? Voilà une tâche d’ombre qu’il lui faudrait éclaircir si la situation lui en était offerte. Car si cet homme était aussi redoutable que le prétendait que le Bossu et s’il avait bien été à côté de l’homme qui avait attaqué la Forêt des Toiles, pour quelles raisons obscures avaient-ils étaient aux abonnés d’absents ? A croire que tout ce qui tournait autour d’Elise, de Hamleight et du Roi Cramoisi n’était qu’un concentré de mystères sans fin où obtenir une réponse engendrait un florilèges de nouvelles questions.
« Et, enfin, et c’est là ce que je veux vous expliquer... C’est un Arachniste que nos hommes ont tué dans cette crypte. »
Portant son regard sur le cadavre, l’Okami s’en approcha en même temps qu’Aoife et du Bossu tandis que ce dernier retournait la paume du macchabé pour désigner aux deux femmes la marque du Roi Cramoisi qui y avait été tatoué. Une marque qui confirmait la relation étroite entre les Arachnistes et le Roi Cramoisi sans que cela ne soit réellement évoquée.
« C’est bien joli tout ça mais…Ce n’était pas vraiment étonnant que ces deux parties soit liée entre elles et à moins que ce cadavre puisse parler…il ne nous sert à rien. »
Sauf si bien sûr le Bossu avait dans ses troupes un nécromancien. Ce dernier ne releva pas la phrase de la Terranide, reprenant tout simplement la parole comme si de rien n’était.
« D’après les observations de mes hommes, le nombre d’Arachnistes ne fait qu’augmenter de jours en jours. Tout comme leur influence au sein des populations. Cet homme était à la recherche de quelque chose dans ses cryptes et vous allez découvrir de quoi il s’agissait. »
« Pardon ?! » s’exclama la Terrranide par surprise
C’était un comble ! Dans un premier temps, cet homme leur disait qu’elles ne tiendraient pas longtemps dans ces cryptes infestées et à présent voilà qui les envoyés aux casses pipe ? Un vrai moulin à vent….Gardant le silence, la Lycane se tourna vers Aoife, attendant de savoir ce qu’elle comptait répondre au Bossu. Cependant, dans un certain sens, si cette virée pourrait leur fournir plus d’informations…Ce n’était pas aussi une mauvaise chose de la faire. Dangereuse certes, mais utile sur plusieurs points.
-
« C’est un très vieux réseau de cryptes et de grottes, expliquait le Bossu. Cette brouxe que vous avez croisé... Elle vient des zones infestées par Élise, et je redoute que les Arachnistes ne mènent des excavations dans le but de creuser un passage pour les forces d’Élise. »
Le trio avançait dans une crypte, en compagnie de plusieurs gardes. Il était étonnant de voir des bandits porter des armures et des armes militaires. C’était bien la preuve que ce royaume était en souffrance, et que son armée était massacrée par les innombrables araignées d’Élise. Aoife était plus ou moins sûre que le Bossu avait obtenu cet équipement auprès des armureries et des forges royales, probablement en attaquant ou en corrompant les cochers des convois royaux. Le chevalier se garda de tout commentaire, s’étonnant des informations du Bossu. Elle voulait néanmoins tout à fait le croire, car, tandis qu’ils avançaient, elle voyait de multiples couloirs à gauche et à droite, qui avaient été emmurés. On pouvait le voir à travers la différence des parois entre les murs bruts et les parois mises pour bloquer certaines cryptes.
Au bout du chemin, il y avait, justement, un mur, qui avait été abattu. Le groupe arriva ainsi dans une grande pièce avec quelques tombes, et le Bossu leur indiqua que c’était là, en ces lieux, qu’ils avaient affronté les Arachnistes. Si plusieurs étaient partis, ils avaient réussi à en tuer un.
« J’ai fait appel à un médecin légiste de la capitale. Ce qu’il m’a dit sur le cadavre de l’Arachniste était... Aussi troublant que fascinant. »
Il leur expliqua que le sang de l’Arachniste était hautement contaminé, leur parlant de termes très scientifiques et assez incompréhensibles pour Aoife.
« Depuis la prolifération d’araignées géantes, le royaume a fait appel à des entomologistes, et j’ai pu en contacter quelques-uns, qui ont examiné ce sang. Il contenait de la robustoxine, une neurotoxine qu’on retrouve dans certains venins d’araignées. Ce qui est encore plus étonnant, c’est que ce venin n’était pas naturel, mais créé en alchimie. Cet Arachniste en avait du venin dans tout le corps, et était toujours en vie. »
Aoife fit une grimace.
« Vous voulez dire qu’ils s’injectent un composé chimique comprenant du venin d’araignée ?
- Ben, vous savez, ces saloperies d’araignées sont fascinantes. Elles ont beau avoir huit pattes et être moches comme le cul de ma grand-mère quand elle a oublié de s’épiler, que ce soit leur toile d’araignée, ou leur venin, elles recèlent encore quantité de mystères. Pour vous dire, même ces salopes de mal baisées de Tekhanes les étudient. Et le venin d’araignée a des propriétés extrêmement variables en fonction des espèces. Ce que je veux dire, c’est que ces types reçoivent un mutagène extrêmement toxique, et qui améliore leur capacité, tout en paralysant leur système nerveux. Mon légiste a pu voir ça en examinant l’épaisseur des muscles, anormale pour un si petit gabarit. Ils améliorent leur capacité et la toxine permet d’annihiler la douleur pour un certain temps... Et, quand elle n’est plus là... Ben, vu la dose de toxicité qu’il y avait dans leur sang, j’crois que ces chacals doivent dérouiller un max’... »
C’était horrible, tout simplement. Aoife était sidérée par la folie humaine à chaque fois qu’elle la voyait sous le nez.
« C’est quand même fou, la Nature. Vous saviez qu’il existait des araignées croisées avec des scorpions dans le désert ? Une araignée dont le cul est long comme une queue de scorpion. Les solifuges... »
Le Bossu secoua la tête, et s’approcha d’une grande porte au fond.
« Mes hommes assurent la sécurité de cet endroit. Par là, vous irez sur la piste des Arachnistes.
- Vous nous faites confiance pour les terrasser ? Pourquoi n’y allez pas vous-même ?
- J’ai pas assez d’hommes pour ça. Écoutez... Les Arachnistes cherchent à créer un passage pour rejoindre discrètement la capitale. On a entendu des explosions ces derniers jours, par là. Je pense qu’ils doivent avoir creuser un trou dans cette zone. On passe sous la flotte du lac de Koldoue, alors, continuez votre chemin, et vous devrez trouver un moyen de monter. Une fois que vous serez dans la ville, rejoignez la boutique d’antiquités du Vieux Joe, sur la place marchande. Dites au Vieux Joe que c’est le Bossu qui vous envoie. C’est un contact, il vous aidera à localiser la planque de ces salopards dans la ville. Votre copine Médonée doit s’y trouver. »
Tout ce qu’il restait à faire, c’était de s’enfoncer dans ce couloir lugubre, pour filer sous le lac, et rejoindre la sortie faite par les Arachnistes.
*Ouais... Facile comme bonjour, quoi.*
-
Avaient-elles réellement le choix de rentrer ou non dans ce tunnel creusé par les Arachistes juste en-dessous du lac de Koldoue ? Pas vraiment. Si le Bossu disait vrai, les deux femmes arriveraient dans la ville après une petite séance de marche. Cependant, cela ne risquait pas d’être une partie de plaisir et la Louve mettrait sa main à couper que des problèmes allaient leur tomber sur le coin de la gueule sous peu. Pas assez d’hommes pour ça…Bien sûr que le Bossu en avait suffisamment, il ne voulait seulement pas les envoyer à l’abattoir. La Lycane soupira reportant son regard vers le tunnel qui se prolongeait dans l’obscurité.
« Finissons-en »
La Terranide s’enfonça dans le tunnel ombreux, quelque peu heureux de laisser derrière elle le Bossu. Cet homme commençait à l’exaspérer, même si, elle ne pouvait le nier, il leur avait donné des informations plus qu’intéressantes. Marchant dans le tunnel creusé par les fanatiques adorateurs d’araignées, Shad restait sur ses gardes, s’attendant à avoir une mauvaise surprise d’un moment à l’autre. Pourtant pour le moment, rien, juste le bruit de quelques gouttes d’eau chutant du plafond pour aller s’écraser sur le sol humide. L’eau du lac perçait le plafond par intermittence. Ces fous avaient presque failli faire inonder la zone…. Ce qui signifiait que le tunnel était assez instable et mieux ne valait pas user d’une quelconque magie pour éviter d’être noyée sous plusieurs mètres cubes d’eau. Rester dans des flammes, aucun souci, mais respirer sous l’eau…impossible. Et mourir les poumons gorgés d’eau n’était pas vraiment une fin qui plaisait à la Terranide.
« Je crois qu’on va oublier la magie…--souffla t-elle avant de reprendre – à propos. Cette histoire d’hommes qui se font injecter du poison d’araignées pour être plus résistants et plus musclés…Vous n’avez pas l’impression qu’il y’a plus en réalité ? Je veux dire, au point où ces fanatiques sont atteints de folie, cela ne m’étonnerait pas qu’ils ont quelques choses de plus précis en tête….J’ai vu des hommes porcs avides de chaires fraîches et difficile à tuer alors des espèces de mutation entre un homme et une araignée….-elle inspira avant de soupirer – enfin j’espère me tromper. »
Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Les troupes du Bossu n’étaient plus qu’un point à l’horizon et leur voix étaient imperceptibles. Au moins, ils surveillaient la zone comme ils l’avaient promis. A moins que ce n’était qu’une allusion, qui pouvait le dire ? L’Okami reporta son attention devant elle.
« Même si ça me fait du mal de le dire …ils ont quand même fait un bon boulot ces enfoirés…Il faudra penser à condamner ce foutu tunnel une fois que nous serons sor…tie ? »
Shad se figea, oreilles dressées sur la tête. Un bruit singulier, elle était sûre d’en avoir entendu un. Comme un son provenant de multiples pattes. Inconsciemment, elle plongea l’une de ses mains dans la poche contenant son médaillon et l’effleura. Y’avait-il une horde d’araignées dans les parages ? Non, le son semblait provenir de quelques choses de bien plus…gros. Mais de quoi ? Avançant avec prudence, elle scrutait chaques recoins du tunnel avant de s’arrêter in-extremis devant une toile gluante qui leur bloquait la route et de lâcher un juron. A une seconde prêt, elle se serait retrouvée engluée. Un frisson lui parcouru l’échine et prise d’un doute elle se retourna pour voir descendre du plafond derrière elle une espèce de créature avec le corps d’une araignée et le haut d’un homme, qui en toute l’occurrence n’avait pas des desseins paisibles à leurs égards. Et comme si une ne suffisait pas, d’autres arrivaient encerclant les deux femmes. Elles voulaient savoir à quoi server le poison injecté ? Elles venaient de trouver la réponse.
-
De l’eau s’égouttait du plafond, signe que le tunnel avait été creusé à la hâte, et ne tiendrait pas longtemps. S’ils étaient sous le lac, la pression devait être forte, et, ici et là, Aoife voyait des poutres, des planches, qui servaient à soutenir l’ensemble. Il était assez impressionnant qu’ils aient réussi à construire ça, et Aoife commençait à se poser des questions. Tout ça était en train de les dépasser. Les enjeux étaient bien importants, et elle avait l’intime sentiment que l’armée d’araignées d’Élise n’était que la partie émergée de l’iceberg. Shad supposa alors que les mutations n’avaient pas juste pour but d’améliorer les caractéristiques des Arachnistes, mais de les transformer en hommes-araignées, à l’image des hommes-porcs de Mandus.
« C’est sinistre... Mais hélas plausible. »
Pour l’heure, il lui était difficile d’en dire plus, car Aoife ne savait vraiment pas grand-chose, et peinait encore à rassembler les bouts, et à recoller les morceaux. Maintenant, ce qu’il fallait, c’était retrouver cette Médonée, afin de découvrir où se trouve la véritable Élise, et parvenir à sauver le royaume. Le duo avançait donc le long de la galerie.
« Cette galerie... Je crois qu’elle date de bien plus loin que ce que le Bossu pense. »
Elle n’eut pas l’occasion d’en dire plus, car Shad, avec son ouïe fine, entendit soudain du bruit. Aoife fronça les sourcils. Elle, elle n’entendait rien, mais elle savait que les Terranides avaient des ouïes très fines, à tel point que, à Nexus, il existait certains corps militaires employant des Terranides comme éclaireurs et comme sentinelles. Aoife resta donc aussi sur ses gardes, et c’est ainsi qu’elle comprit que Shad avait perçu les vibrations d’une toile d’araignée. Devant elles, il y en avait plusieurs, invisible à l’œil nu. Pour les éclairer, Aoife modifia l’intensité de sa boule lumineuse, lui donnant des teintes bleuâtres, et permit ainsi de voir une série de toiles d’araignées.
Une grimace étira les lèvres d’Aoife, qui entendit alors, également, les bruits, et retira son épée de son fourreau en se retournant. Jaillissant du plafond, une énorme masse apparut, se posant sur le sol, ses huit pattes arachnéennes soutenant son corps massif, un torse humain sur le sommet du corps, avec une longue chevelure argentée, et des yeux rouges étincelants.
« Oh merde... »
C’était un Drider (http://pre10.deviantart.net/4b00/th/pre/f/2013/253/7/5/drider_by_mateslaurentiu-d6lswok.jpg) ! Des Drow qui, à la base, avaient subi des modifications génétiques destinés à les faire ressembler à la Déesse Lloth, la Déesse suprême des Drow, la Reine-Araignée. Les Driders étaient conçus à partir des sorts magiques des prêtresses de Lloth, et étaient souvent considérés comme des guerriers d’élite, l’ultime évolution possible pour les Drow masculins, même s’il existait aussi énormément de Driders de sexe féminin.
La massive créature s’approcha lentement, les mandibules à hauteur de son menton se frottant entre elles.
« J’en étais sûre... Ce tunnel a été creusé par des Drow !
- Petite futée... Petites filles curieuses... J’ai faim, si faim... La chair est agréable quand on la recouvre sous la toile, mais la chair fraîche de jeunes fiiiiiiiilles... »
Aoife déglutit alors, et fit un pas en arrière. Elle se retourna, et, maintenant que ses yeux s’habituaient à l’obscurité, put voir quelques corps situés dans les toiles... Ou, plutôt, des morceaux de corps. Ici, il manquait un bras, ici une jambe... Mais les corps vivaient encore !
*Les araignées se nourrissent ainsi, en prenant leur temps, maintenant leurs proies en vie grâce à leur toile... Quelle horreur !*
Le chevalier se retourna vers le Drider, qui se rapprochait lentement. Des araignées multiples descendaient du corps du monstre.
« Regarde ses yeux, murmura Aoife. Il est albinos... Tant pis pour la magie, prépare-toi à courir ! »
Manifestement fou, le Drider s’approchait, et Aoife lança une boule de feu vers les toiles, les enflammant, et sa boule lumineuse devint alors blanche, très lumineuse, faisant hurler le Drider, dont les yeux ne s’étaient plus habitués à subir la lumière du jour.
« Cours, vite !! »
Le feu se répandait, enflammant les toiles, mais fragilisant aussi davantage le tunnel, plusieurs planches de bois brûlant aussi.
En conséquence, l’eau se mit à couler plus abondamment, et des craquements se firent entendre, remontant tout le long du tunnel...
-
Prenant ses jambes à son cou, Shad se mis à courir à toute allure, envoyant devant elle quelques boules enflammées avec celle d’Aoife afin de leur dégager plus facilement un passage à travers les pièges de soie mortelle. Si elles se faisaient engluées….Mieux valaient ne pas y penser. Derrière elle, la Louve pouvait ouïr le cri de rage de l’ignoble créature arachnéenne avant d’en entendre un plus dangereux sur l’instant. Le son typique d’un craquement de poutres de bois qui ne supportaient plus la pression qui leur été exercées. Puis vint celui provenant d’une grande quantité d’eau que l’on déverse et qui coule en trombe dans un tunnel étroit. A peine un coup d’œil par-dessus son épaule et la Louve put voir jaillir au loin les flots mortelles qui risquaient bien de les noyer. Courir. Il fallait courir, ne pas s’arrêter. Poussant un juron, l’Okami se transforma et se mis de sorte à ce que le chevalier puisse sauter sur son dos, avant de détaler à toute vitesse.
Par chance, les boules incandescentes qu’elle avait invoquée lui permettait de mieux voir dans l’obscurité de cette foutue galerie, tout en lui permettant de ne pas être prise au piège mais…elle avait l’impression que ce tunnel ne finissait jamais. Courant aussi vite qu’elle le pouvait, l’Okami avait toujours l’impression d’être talonnée par l’eau du lac et…c’était le cas, la masse d’eau n’était qu’à quelques mètres et se rapprochaient toujours, de plus en plus. Son cœur battait à tout rompre, envoyant de l’oxygène dans chacun de ses muscles le plus rapidement possible, sa respiration haletante et le soudain effort qu’elle demandait à ses muscles lui faisait un mal de chien. Pourtant, l’adrénaline et l’instinct de survie la poussait à ne pas s’arrêter.
Jusqu’à ce que l’eau les rattrape. La puissante vague frappa violemment les deux femmes qui furent par la suite prisonnière dans ce courant impitoyable. Ce fut à peine si la Louve eut le temps de prendre une bouffée d’air et sous le choc, elle laissa s’échappait quelques bulles d’oxygènes de son museau. Valdinguée de gauche à droite, secouée dans tous les sens, Shad n’avait pas d’autre choix que de laisser le courant la porter, ne pouvant contrer ce dernier. Mais l’eau n’était pas clémente et ne leur présageait pas une virée saine et sans embuche. A plusieurs reprises, leur corps percutait les parois du tunnel ou quelques poutres qui avaient su résister. Mais ce n’était pas le pire, le pire c’était l’air qui venait à manque. Ses poumons étaient en feux et la Terranide avait l’impression que sa dernière heure était arrivée.
Avant dans un dernier élan de lucidité de tenter quelque chose, c’était fou et surement purement impossible que ça marche mais…elle devait essayer. Par chance, les transformations ne lui demandaient pas beaucoup d’énergie et elle reprit une forme plus humaine, mordant violemment à la troisième phalange de son index afin que le sang s’y écoule. Frottant par la suite une bague ornée d’une gemme rougeoyante, elle eut comme dernière pensée avant de sombrer dans l’inconscience :
« Alastar Magoa je te somme d’apparaître ! »
La formule n’avait pas été dite à voix haute et …pour être sincère la Lycane se serait bien passée d’utiliser cela pour sauver leurs vies, car cela lui donner l’impression d’appeler un chien pour qu’il vienne au pied, mais sur le coup…c’était la seule solution à laquelle elle venait de penser. A moins évidemment qu’Aoife avait sur elle un sort pour leur permettre de respirer sous l’eau mais…elle n’en savait rien et pour l’heure les ténèbres de l’inconscience venaient de l’accueillir.
-
Il suffit d’un infime craquement, et le toit s’ouvrit. L’eau se déversa à toute allure, emplissant le tunnel, filant vers elles. Le Drider avait disparu, et l’eau filait désormais, fracassant les carcasses, soulageant enfin ceux qui n’avaient pas eu la chance de mourir de leurs tourments. Aoife courait le plus vite possible, en entendant les roulements de l’eau, mais son pied se planta contre une toile d’araignée sur le sol, la déstabilisant, manquant la faire s’écrouler sur le sol.
« Merde ! »
Aoife remua sa jambe, et trancha les toiles avec le bout de son épée, et courut ensuite plus vite... Mais l’eau était déjà là, filant vers elles.
« SHAD !! »
La jeune femme tendit sa main vers elle, mais l’eau la frappa ensuite, et elle rebondit sur le sol. La guerrière tenta ensuite de se relever, mais une autre vague la frappa en plein visage, et elle tomba à nouveau, sentant l’eau la recouvrir. Son corps lui échappa, le courant la draina, elle heurta un rocher sur le sol, poussant un bref hurlement de douleur, noyé dans l’eau. L’une de ses mains se leva, tandis que l’eau continuait à monter, le tunnel s’effondrant de plus en plus, la brèche s’agrandissant démesurément... Puis il n’y eut plus que l’eau, et rien d’autre.
« Hnnnn... !! »
Un cri s’échappa de ses lèvres quand la femme se releva, et tourna brusquement la tête, de gauche à droite, en état de choc. Son cœur bondissait nerveusement dans sa poitrine, et elle papillonna des yeux, regardant encore autour d’elle. Un tableau à gauche, une grande baie vitrée devant elle, de la fine tapisserie, une porte à droite...
*Où est-ce que je suis ?*
Elle baissa les yeux sur son corps, et constata qu’elle ne portait plus son armure, mais une fine nuisette brodée avec des lacets (http://img110.xooimage.com/files/c/7/2/nuisette-dentelle-extensible-502be10.jpg).
« HEIN ? Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?! »
Aoife se redressa brusquement, et regarda nerveusement autour d’elle Les murs étaient peints en rouge, dans des couleurs vives, et elle constata que le tableau était une peinture érotique. Alors qu’elle l’observait, la porte s’ouvrit, et elle se retourna, fronçant les sourcils... Et vit une étonnante servante (http://img110.xooimage.com/files/0/9/7/18227792617524894186-502be2b.jpg) dans une tenue de maid en latex entrer.
« Oh, vous êtes réveillée ? demanda-t-elle sur un ton sensuel.
- Que... Qui êtes-vous... ? Où est-ce que je suis ?
- Mais... Vous êtes dans la demeure de la Comtesse Montélivet, bien sûr. »
La femme lui montra un grand tableau situé sur le mur derrière le lit.
« C’est elle... Le jour où le Roi lui a donné son titre, après la mort de ses parents. »
Aoife observa le grand tableau, et la vit. La Comtesse Catalina de Montélivet (http://img07.deviantart.net/9390/i/2016/107/d/7/coronation_by_wlop-d9z7r9u.jpg) montait les marches du Palais Royal, et était une superbe beauté, visiblement assez jeune. Observant la peinture, Aoife hocha la tête, et tourna la tête vers la serveuse :
« Mais... Où est Shad ? »
Les lèvres tendres et douces se posèrent sur celles de la Terranide, et, quand elle ouvrit les yeux, ce fut pour voir le beau visage à la peau rouge plantée devant elle, les biceps et les muscles saillants de son corps nu se frottant contre celui de Shad, également nue. La main caressa alors son visage.
« Je t’ai nettoyé, toi et ta copine, mais ça n’a pas été évident. On a pas idée d’aller se terrer dans un endroit aussi lugubre, brrr... Il fallait bien que je te réchauffe un peu, tu étais toute frigorifiée, ma chérie. »
Alastar l’embrassa encore. Un feu crépitait dans l’âtre de la cheminée, et il ne mentait pas. Shad était effectivement toute nue, et, vu la manière dont ses seins étaient tendus, il y avait de nombreuses minutes qu’Alastar jouait avec elle.
« Tu as de la chance... Je suis comme les marins, j’ai une femme dans chaque ville, même à Koldoue. Quand je lui ai annoncé que je venais, elle a sauté sur l’occasion pour venir ici, afin de me voir. Elle avait dû fuir la capitale, il paraît qu’il y a un problème d’araignées... Mais, après tout, quand il s’agit de me revoir, j’aime que les filles me supplient... »
Il lui sourit encore, son pouce glissant tout contre ses lèvres.
« Mais, quand tu m’as invoqué, j’étais en train de coucher avec deux superbes jumelles... Alors, il va falloir que tu assumes le fait de m’avoir invoqué, ma chérie... »
-
Sortant peu à peu de sa torpeur, réveillée par le contact des lèvres du Diablotin contre les siennes, la Louve ouvrit difficilement les yeux, papillonnant ces derniers et voyant flou au tout début. Ce ne fut qu’une sorte de grosse tâche rouge qu’elle vit devant elle avant que son regard redevienne net et qu’elle puisse voir l’incube se tenant au-dessus d’elle…parfaitement nu. Se relevant dans le lit, elle passa une main au niveau de sa gorge, toussotant. Vivante elle était vivante….Finalement, son invocation avait marché. Ecoutant d’une oreille discrète le Diablotin, la Lycane reprenait ses esprits, tentant de remettre en ordre le flux de pensées qui tourbillonnait dans sa tête. Un frisson parcouru son échine et par réflexe, l’Okama frotta ses bras de ses mains, cachant par la même occasion la vue de sa poitrine à l’incube.
« Attends…Laisses moi une minute Alastar… »
De son petit monologue, elle avait réussi à en capturer de maigres bribes, parvenant juste à retenir qu’il avait une relation ici à Koldoue, qu’il était un peu au courant pour cette question d’araignées et qu’elle l’avait interrompu tandis qu’il était occupé avec deux ravissantes jumelles. Sur le coup, elle ne put s’empêcher de rire, s’imaginant parfaitement la scène. Mais son rire était également nerveux, elle se calma cependant très rapidement, décroisant ses bras pour poser s’appuyer sur ses mains derrière elle, elle offrit de nouveau à l’incube la vue de sa poitrine tendue par ses traitements, affichant un sourire mutin.
« Dis moi à quel moment je ne risque pas de te déranger Alastar…En tout cas…merci..Je ne pensais pas que tu viendrais….mais avant que je te paye…où est Aoife ? Et que t’as dit ton contact par rapport à ce problème d’araignée ? »
Elle frissonna un cours instant en repesant à la dernière créature qu’elle avait rencontré avec le chevalier du Nexus avant de regarder Alastar et de souffler dans un ton sérieux.
« Désolé de casser l’ambiance pour commencer mais…y’a de forte chance que le Roi cramoisi soit de retour…Mais..Ce n’est pas ce que tu as envie d’entendre là n’est-ce pas Alastar ? »
Oh non ! Il lui serait bien étonnant que cela occupe l’esprit de l’incube en cet instant. Elle s’approcha de lui, collant son corps au sien, sa poitrine s’écrasant contre son torse. Ses lèvres vinrent se poser doucement contre les siennes et elle l’embrassa, posant son front contre le sien.
« Bien..Je suis à toi mais après…Je vais devoir rejoindre Aoife et tenter d’en finir avec cette foutue histoire… »
Après tout, elle devait bien lui « payer » le fait d’être en vie ! Et puis elle l’avait quand même interrompu, le pauvre !
-
Alastar se contenta d’hausser les épaules. L’Incube ne savait pas grand-chose des préoccupations des mortels, juste qu’il y avait une invasion d’araignées géantes. Pas de quoi l’inquiéter. Quant au Roi Cramoisi... Ce nom évoquait en lui de mauvais souvenirs, lui rappelant en effet la période où Shad avait été en Enfer, et où il s’était retrouvé dans les entrailles d’un palais ayant jadis appartenu au Roi Cramoisi, quand ce dernier était en Enfer. Dans ce palais, lui et Shad étaient tombés sur un Portail magique qui renvoyait dans une prison dimensionnelle où se trouvait un Grand Ancien. Hastur s’était échappé de sa prison, avant que Shad n’utilise de son fameux talisman magique, parvenant à réutiliser la prison, scellant de nouveau Hastur, rappelant ainsi brièvement aux démons les puissances ancestrales et terrifiantes que les Cieux avaient jadis dû affronter. Depuis lors, Alastar savait qu’Onyxian et les autres Grands-Princes s’étaient longuement renseignés sur Hastur, le Roi Cramoisi, et sur les résurgences des Grands Anciens. Mais, comme Shad le soupçonna bien vite, tout cela n’intéressait guère l’Incube.
Ce dernier se contenta d’un léger sourire quand la Terranide annonça cela, et il hocha la tête.
« Je t’avoue que mon esprit a en ce moment des préoccupations beaucoup plus... Simplistes. »
Redoutablement immature, Alastar n’avait jamais cherché à prendre ses responsabilités au sérieux. Il avait beau être le frère d’Onyxian, l’Incube restait toujours un éternel joueur, quelqu’un qui n’avait aucune envie de diriger un jour le clan, et était heureux de pouvoir butiner des minettes. Auprès de Shad, il avait promis, après son aide contre Hastur, de venir pour elle quand elle l’invoquait. Et, dans la bouche d’un démon, une promesse était une chose importante, car les démons n’avaient qu’une seule parole.
Alastar se dressa donc contre elle, et ne tarda pas à enfoncer sa verge en elle. Ses mains se posèrent sur les épaules de Shad, et son sexe, tendu et assoiffé, se glissa en elle. Un profond soupir s’échappa des lèvres du Diablotin, qui embrassa la femme, tout en sentant le lit remuer lentement.
Oui... Aoife est... Dans une autre chambre... Hmmm... Mais j’ai préféré... Rester avec toi. Je n’avais pas envie qu’elle m’attaque en se réveillant, hmmm... »
Le Diablotin remuait son corps, l’enfonçant contre celui de Shad, ainsi que dans les tréfonds de sa chair. Le contact s’avérait être particulièrement agréable, comme l’être à la peau rouge l’aimait, et il poursuivit donc, continuant les coups de reins, soulevant et abaissant son corps, dans ce mouvement qu’il connaissait particulièrement bien, et appréciait tout autant.
« Tu sais, je... Je suis surpris que tu ne m’aies invoqué que maintenant. Même un peu déçu... Je m’étais attendu à ce que tu m’appelles dès l’heure... Chaque fois que tu aurais envie de sexe... Hmmm... C’est presque frustrant, tu sais, de n’être invoqué que quand tu manques la noyade... »
Il sourit alors, une lueur malicieuse brillant dans le firmament de ses yeux.
« Suis-je un amant aussi peu marquant que cela, ma chère Terranide ? »
-
Les jambes de la Terranide se nouèrent autour du bassin du Diablotin, y exerçant même une petite pression pour qu’il s’enfonce plus loin en elle. Un soupir de plaisir lui échappa et elle laissa l’incube menait la danse. Son corps se balançait d’avant en arrière au rythme des coups de reins du Diablotin. A chaque mouvement, la Louve pouvait le sentir racler ses chaires intimes et électriser ses sens, allant toujours plus loin, toujours plus vite et toujours plus fort. Comme dans ses souvenirs. Passant ses bras autours de son cou, elle l’attira contre elle, plaquant sa poitrine contre son puissant torse avant de le regarder droit dans les yeux.
« Hmm..Ca ne t’a pas plus de jouer au héros qui sauve la damoiselle en détresse ? Surtout..haa…quand tu sais que je…n’aurais pas pu refuser de pu…passer la nuit avec toi… »
Bon, cette fois, la nuit risquait d’être plus courte mais l’idée était là. Retournant l’embrasser, elle mordilla doucement sa lèvre inférieure avant d’aller quérir sa langue pour un ballet endiablé, frissonnante de plaisir, se collant toujours plus contre son corps, subissant ses assauts sans relâche.
« Et puis…t’invoquer tout le temps…Je ne…voulais pas te donner l’impression d’être..hmm..un chien qu’on appelle…..Tu..haa…mérites mieux Alastar… »
C’était effectivement l’impression qu’elle avait. Se laissant retomber contre les draps du lit, la tête sur l’oreiller, elle bougeait son bassin en rythme avec celui de l’incube, permettant un tout nouvel angle de pénétration.
« Mais…je t’ai appelé juste avant car….je sais pas…c’est la seule solution que j’ai eu….désolé de t’avoir utilisé de cette manière. »
Tendant sa main, elle caressa sa joue et attira de nouveau son visage vers elle, posant un baiser sur ses lèvres soufflant :
« Alors que…j’aurais pu t’appeler bien avant…. »
Mais en avait-elle eu une fois le temps ? Peut être….Ses mains se mirent à glisser sur le corps de l’incube offrant ici et là des caresses et quelques légères griffures. Son mat de chair n’avait aucun mal à coulisser entre ses chaires parfaitement lubrifiée par son jus intime. Après tout, comment ne pas être excitée quand on connaissait les qualités du Diablotin au lit ?
« Allez…c’est toi..hm qui commande…je t’ai bien dis que …j’étais à toi…non ? »
Un moyen comme un autre de dire qu’il avait carte blanche. Et puis, elle lui devait bien ça ! Et ce n’était pas comme si elle allait se plaindre du traitement qu’il allait lui infliger bien que…mieux valait rester méfiant. Quant aux bruits qu’ils faisaient …la Louve en avait cure. Qu’Aoife les entendent ou pas ne la gênait pas plus que cela et ne brisait pas sa libido du moment. C’était grâce à Alastar qu’ils étaient en vie et le chevalier du Nexus devrait bien l’accepter si elle venait à l’apprendre.
-
« Moi... En chevalier servant.. À la rescousse de la veuve et de l’orphelin, hum... ? Tu t’es trompée de casting, ma chérie... Quand un preux chevalier part guerroyer contre les forces du Mal, moi... Hmmm... Putain, ce que t’es bonne... Je culbute sa femme... »
Alastar était un démon très particulier, à la fois très différent de ce qu’on s’imaginait de l’Enfer... Et en même temps très proche. Il faisait preuve d’un sens de l’humour et d’une sorte de bonté assez décalés chez les démons, mais, en même temps, restait fidèle à l’image de marque des démons : celle de la Tentation. Sa beauté était logique, car on ne tentait pas des femmes en étant gras et laid. Il avait une silhouette parfaite, un corps de rêve, et sa cible privilégiée avait toujours été la femme mariée, empêtrée dans des vœux. Le mariage était une institution conçue, non pas pour rapprocher les êtres, mais, aux yeux d’Alastar, pour essayer de convaincre les humains qu’ils étaient autre chose que des animaux guidés par leurs pulsions sexuelles, et que le sexe n’était pas la seule chose permettant de lier les êtres. Quand on se mariait à vie, on se faisait aussi la promesse de surmonter la tentation envers les autres, afin de se consacrer pleinement à l’être chéri. Alastar adorait donc coucher avec ces femmes, et, plus leur mariage était long, et plus il adorait ça. Shad, elle, était juste un supplément... Des plus agréables, mais, en soi, coucher avec elle ne remplissait pas vraiment son rôle de tentateur, vu qu’elle n’était pas mariée. Il aimait juste se la taper, et, de toute manière, ceci faisait partie de ses obligations, du serment qu’il avait fait envers elle après leur aide.
Le Diablotin remuait donc sur elle, sentant la femme se presser contre son corps, acceptant avec joie la présence de son membre, qui s’engouffrait soigneusement en elle, la remplissant au mieux. Son membre était toujours aussi volumineux, à la hauteur de son endurance exceptionnelle. Shad, quant à elle, se justifia sur le fait de ne pas l’invoquer... Et s’en sortit plutôt bien. En retour, un sourire amusé éclaira les tendres lèvres du beau diable, qui déposa un baiser supplémentaire sur ses lèvres, les mordillant un peu, tout en continuant ses coups de reins.
« Oui... Hummm... Griffe-moi, ma petite chérie, c’est ça que j’aime chez vous, les Terranides... Utilise tes griffes, n’aie pas peur de me faire mal, tu sais que j’aime ça... »
Alastar repartirait-il après avoir couché avec elle ? C’était possible... Mais il pouvait tout aussi bien rester. Sur ce point, l’Incube était plutôt libre, et, de toute manière, il allait aussi devoir satisfaire les exigences de la Comtesse. S’il repartait sans la voir, alors qu’elle était en route pour Koldoue rien que pour lui, elle ne lui pardonnerait pas, et Alastar savait que Catalina était du genre à vite s’enflammer, et à le bouder longtemps s’il commettait l’impair de l’ignorer.
En attendant, Alastar s’occupait de Shad. Elle était blessée, probablement meurtrie après sa noyade. Il fallait donc l’aider à aller mieux, et, pour ça, rien de mieux que le traitement du Diablotin. L’être à la peau rouge et glabre poursuivait ainsi ses multiples coups de reins, enfonçant et relevant sa queue dans le con de la femme. En retour, il entendait cette dernière gémir et soupirer profondément, excitant l’Incube.
« Oui... Hummm... Si je devais noter mes amantes, sur une note de 1 à 10... Tu aurais au moins 11, ma chérie... »
Il se pencha vers elle, et l’embrassa dans le creux du cou, la mordillant légèrement, tout en continuant à la pénétrer.
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« Hé flatteur… »
Plantant plus profondément ses griffes dans l’épiderme du démon, la Lycane continuait à bouger son bassin au rythme de ses coups de reins, faisant frotter son membre contre ses parois internes, ce qui avait pour effet, lorsque l’épée de chaire passait à l’endroit adéquat, de lui soustraire un plus grand soupir de satisfaction et quelques tremblements de plaisir. L’incube était un amant doué, très doué même. Et malgré le fait qu’elle ne comptait pas l’invoquer pour apaiser ses pulsions, la Lycane ne pouvait nier qu’elle prenait littéralement son pied en cet instant. Se laissant porter par les vagues de plaisir, elle ne se concentrait plus que sur les sensations du moment, oubliant tout le reste. Et ce qui devait arriver, arriva. Le plaisir, grimpant continuellement fini par avoir raison d’elle et se serrant au Diablotin, la Louve se libéra, laissant la vague de plaisir se décharger en elle. Elle ne put réellement dire sur l’instant sur Alastar avait également atteints sa limite mais pour sa part, elle fut comblée.
« Et ben… »
Reprenant son souffle, elle observa quelques instants le plafond, décelant dans le coin droit de la pièce une petite toile d’araignée, commune dans les habitations. Finissant par se dégager de l’incube, elle se releva du lit, et s’étira un instant, faisant craquer quelques articulations lors de l’opération.
« Toujours aussi doué Alastar….Dis-moi es-tu également satisfait ? »
Question rhétorique, un incube pouvait-il seulement l’être ? Mais dans le doute, et surtout pour ne pas le laisser en partie sur sa faim, la terranide avait préféré poser cette question. Cependant...le temps leur était compté et même si d’un côté elle préférait rester ici et passer encore quelques petites heures en charmante compagnie….un certain devoir le lui empêcher. Bien que techniquement, elle ne devait rien à personne, non, elle faisait tout cela pour aider une connaissance, une amie, rien de plus.
Puis, une idée germa dans son esprit, certes loufoque, mais peut-être réalisable. Se rapprochant du lit, elle remonta dessus et s’avança à quatre pattes vers le Diablotin, déposant un rapide baiser sur ses lèvres et les mordillant légèrement, elle se recula légèrement par la suite avant de lui lancer une question :
« Au fait Alastar…toi qui est un démon et qui peut alelr où bon te semble, penses-tu pouvoir nous rapprocher de la personne que l’on recherche…contre payement bien sûr..Apr7s si tu ne veux pas ou tu ne peux pas…Tant pis, j’aurais essayé ! »
Et qui ne tentait rien n’a rien après tout ! Comment pouvait-elle savoir si cela était techniquement possible ou impossible ou si l’incube voudrait lui accorder cette faveur si elle ne lui posait pas la question ? Les dés étaient jetés.
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Le coït se poursuivait avec joie, le lit grinçant doucement sous les coups de reins d’Alastar. L’Incube soupirait contre elle, appréciant, comme toujours, le corps de Shad. Il y avait beaucoup de moyens de se rappeler d’une personne. La façon dont elle riait, son apparence physique, certains expressions de langage, les tics corporels... Chez Alastar, il se rappelait surtout de ses amants à travers la manière dont ils gémissaient, sexuellement parlant, dont ils se tordaient sous lui. Est-ce qu’ils hurlaient vite ? Forts ? Est-ce qu’elles mouillaient beaucoup ? Est-ce qu’ils bandaient vite et dur, et tenaient la distance ? Alastar couchait autant avec des femmes qu’avec des hommes, et se fiait donc à tous ces éléments. Le Diablotin savait que Shad était une mordeuse et une griffeuse, et retrouvait donc avec plaisir la sensation des griffes de la femme sur son dos, lui rappelant quand ils avaient couché ensemble, dans le Palais des Magoa. Hum, que d’excellents souvenirs ! L’Enfer avait beau être un endroit particulièrement sinistre, peuplé de créatures malveillantes, il était heureux dedans, comme un coq en pâte.
Alastar grognait et soupirait profondément, multipliant les pénétrations, et, comme à son habitude, calqua son plaisir sur celui de ses amantes. L’érection de l’Incube explosa donc en un plaisir suprême quand il jouit, balançant des filaments de sperme dans son corps, tout en la sentant jouir, et observa méticuleusement son visage... Car c’était là quelque chose qu’il aimait également beaucoup chez ses amantes, et qu’il retenait énormément : leur visage au moment de la jouissance. Et, au moment de jouir, d’atteindre le plaisir suprême, le visage de la Terranide s’illuminait de beauté, traversé par cette sensation inouïe et indescriptible... Un spectacle qu’Alastar avait toujours aimé avoir, qui dura quelques secondes seulement, mais des secondes ô combien divines !
« Hmmm... Oh, ma chérie, tu es si belle... »
Le Diablotin s’écarta alors d’elle, et s’affala sur le lit, se couchant sur le dos, le torse légèrement en sueur, et vit Shad se redresser, s’extirpant du lit, avant de revenir dessus, l’embrassant sensuellement, tout en lui demandant des informations supplémentaires. En souriant légèrement, Alastar attrapa les cheveux de Shad, et l’allongea contre lui, conservant une main dans son dos, caressant sa doucereuse peau.
« Ah, Shad, que dois-je donc être à tes yeux pour te satisfaire pleinement, hum ? Être un amant exceptionnel qui renvoie dos à dos tous les individus avec qui tu as pu coucher depuis des années ? C’est fait... Être ton chevalier servant qui te sauve d’une noyade certaine ? C’est également fait... Et voilà que tu me demandes maintenant d’être un détective. Oublierais-tu que je ne suis avant tout qu’un humble Incube, et non un magicien ? »
Un léger sourire amusé se dessina sur ses lèvres, et il continua à caresser la nuque de la femme, son autre main venant glisser sur sa joue, griffant légèrement sa peau, ses doigts se terminant sur son menton, qu’il soutint, avant de se pencher vers elle, pour l’embrasser tendrement sur les lèvres.
« Hélas, ma chère, je n’ai aucun moyen de retrouver la personne que tu cherches. J’ignore où est cette Médonée que tu recherches tant, mais je pense que tu pourras en parler à notre hôte. La Comtesse de Montélivet en sait sûrement plus que moi sur cette ville, et sur les individus susceptibles de vous aider. Moi... Moi, je suis un hédoniste par nature, Shad. »
Il lui sourit encore.
« Et puis... N’es-tu pas bien, ici, avec moi, dans ce grand lit, plutôt qu’à crapahuter dans je ne sais quelle galerie sinistre ? Pourquoi te préoccupes-tu tant de cette Médonée ? Après ce que tu as fait dans mon monde, tu as une place de choix dans le clan des Magoa. Tu pourrais y séjourner, et avoir chaque jour autant d’amants magnifiques que tu veux... Et moi aussi. Ce n’est pas une offre qu’on fait beaucoup de gens, Shad... Mais toi, ma beauté, tu es spéciale. »
Et il lui sourit de nouveau, proche d’elle.
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A l’instant où le Diablotin l’attrapa pour l’allonger contre lui, la Lycane se figea mais ses muscles se détendirent bien vite lorsque les premières caresses sur son dos firent leurs apparitions. Soupirant d’aise, elle se relâcha, sa queue battant tranquillement de gauche à droite. Après tout, un peu de détente ne faisait pas de mal. Ecoutant en silence la réponse d’Alastar, elle ne put s’empêcher de soupirer de déception. Dommage, cela aurait été si simple de pouvoir se téléporter à l’emplacement de Médonnée et de déjà en finir avec une partie de cette histoire ! Répondant à son baiser, elle se mis à le fixer droit dans les yeux, écoutant encore ce qu’il avait à dire, un soupçon de méfiance étant visible dans son regard. Cette femme dont il parlait, avait-elle vraiment les moyens de les aider et surtout allait-elle le faire de son plein grès ? Pourtant, la Lycane n’eut guère le temps de poser ces questions qui lui brûlaient les lèvres que déjà le Diablotin avait enchaîné sur un autre point. Celui qu’elle pouvait arrêter tout cela et se rendre simplement en Enfer, au sein de son camp et se plonger dans une luxure inégalable.
A choisir entre vivre dans un monde de dangers permanents et de créatures abjectes et dans un autre où seul le plaisir comptait sans se soucier de rien, le choix était vite fait. Pourtant, un fin sourire amusé éclaira le visage de la Terranide et caressant doucement la joue du Diablotin, elle se pencha sur lui pour l’embrasser avant de reposer sa tête contre son torse, détendant encore ses muscles contre l’incube.
« Tu es un sacré farceur Alastar….n’est ce pas toi qui m’a conseillé de ne jamais venir en Enfer car je risquais de m’y ennuyer ? Et puis….j’aimerais encore vivre un peu tu vois ? Découvrir d’autres lieux, risquer ma vie…Oui je sais ça peut paraître con dis comme ça. Quant à la raison de retrouver Médonnée…c’est une amie et plus que tout, elle pourrait nous aider à comprendre ce qui est arrivée à Elise et peut être stopper cette prolifération d’araignées géantes….J’irais voir cette comtesse en espérant qu’elle nous aide comme tu le dis si bien….En tout cas…- elle se releva, se retrouvant assise sur le Diablotin, le regardant, l’une de ses mains caressant doucement son torse – Je n’oublie pas ton offre mais…ce n’est juste pas encore le moment. »
Puis à ces mots, elle se releva, marchant dans la pièce pour y chercher sa tenue. Tenue qu’elle ne trouva pas. Son regard se posa sur une pile de vêtement soigneusement plié et quand elle la déplia, un grognement s’extirpa de ses lèvres. Se retournant vers le Diablotin et montrant la tenue qui allait cacher le stricte minimum, elle marmonna :
« Laisses moi deviner, je vais devoir porter « ça » pour la voir n’est ce pas ? »
Si il y’avait bien quelque chose que Shad détestait c’était bien être obligée de porter des petites tenues. Rejetant un coup d’œil dans la pièce, elle fut bien forcée de contester que c’était le seul habit pour le moment disponible.
« Et chier… »
Préférant néanmoins sortir un tout petit peu habillée que pas du tout, la Louve enfila la tenue qui lui avait proposé, bien qu’à contrecœur, une fois fait, elle se retourna vers le Diablotin.
« Bon et maintenant ? Y’a-t-il quelque chose à savoir sur cette comtesse ? »
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« Oh, tu sais, moi, je dis beaucoup de choses, il ne faut pas tout retenir non plus... Mais tu as peut-être déjà dû remarquer que j’étais un garçon extrêmement bavard, non ? »
Était-il vraiment nécessaire de répondre à cette question, tant la réponse semblait évidente ? Alastar parlait beaucoup, et pas forcément pour dire des choses intéressantes, mais il était sincère en disant à Shad qu’elle avait une place au sein du clan. N’était-ce pas rassurant, de savoir que, quand on viendrait à mourir, on saurait où on irait ? Pour Alastar, c’était même répondre à l’une des plus grandes angoisses qui soient, savoir ce qui nous tomberait dessus de l’autre côté du voile. Pour Shad, ce serait, soit le Paradis, soit un magnifique lit douillet, à faire l’amour pendant des siècles et des siècles, avec des créatures magnifiques. Honnêtement, on pouvait trouver pire, comme destin funeste.
Quoi qu’il en soit, Shad trouva rapidement sa tenue, protestant vainement, Alastar ne pouvant s’empêcher de sourire.
« Ta tenue n’est pas encore prête, elle était bien abîmée quand je suis venue te chercher... Et tu ne peux pas te promettre d’aller voir la Comtesse en ressemblant à une pauvresse. Ceci étant dit, rassure-toi, cette tenue fait partie de la garde-robe de la Comtesse, et tu fais à peu près sa corpulence. Elle est un peu plus petite que toi, alors ça serrera juste un peu, mais... Ce n’est pas comme si ça nous dérangeait, n’est-ce pas ? »
Alastar lui avait offert un superbe ensemble noir et rouge (http://img110.xooimage.com/files/8/b/9/0518-508feea.jpg), aussi sensuel qu’élégant, mais avec un style fantasy qui, honnêtement, allait plutôt bien à Shad. La cape était peut-être un ajout classieux un peu trop exagéré pour la Terranide, mais il ne fallait pas oublier que cette tenue appartenait à une Comtesse, qui l’avait confectionnée tout particulièrement pour lui. Quand il l’avait vu dans cette tenue, Alastar lui avait farouchement fait l’amour, la prenant contre le mur.
Il ne s’était pas trompé, car la tenue allait très bien à Shad, et il se glissa dans son dos, l’aidant à bien mettre les lanières, et à attacher la cape dessus. Ses mains caressèrent ses épaules, et il embrassa la femme dans le creux du cou, léchant doucement sa peau. Shad pouvait sentir la queue de l’homme caresser ses fesses, trahissant la légère érection qu’il était en train de ressentir en ce moment, ses mains caressant tendrement ses hanches.
« Elle te va si bien que j’ai déjà envie de te faire l’amour dedans... »
Le Diablotin esquissa un nouveau sourire, avant de la voir se retourner, lui demandant ce qu’il y avait à savoir sur la Comtesse.
« Oh... Eh bien, Catalina est la riche héritière du duché de Montbeaulieu. Sa mère est morte de dysenterie, et son père est mort lors d’une croisade. Elle a ainsi hérité du domaine, et n’a jamais eu à se marier. C’est une femme qui déborde d’énergie et de vie, et sa famille est l’une des plus anciennes du royaume. Alors, si tu as peur d’une crise de jalousie, ne t’en fais pas... Mais elle voudra sûrement t’embrasser, et te palper. Mais, si tu lui plais bien, elle t’offrira même sa tenue. »
Alastar sourit une nouvelle fois, en posant sa main sur le menton de Shad, et alla à nouveau l’embrasser, pressant son corps contre le sien.
« Parce que, pour ne rien te cacher, elle te va vraiment très bien... »
-
Se reculant de l’emprise du Diablotin, la Louve brisa le baiser qu’il venait de débuter posant son index contre ses lèvres pour lui intimer le silence, un air las dans le regard. Elle poussa un soupir et se retourna, la pointe de sa queue allant gifler amicalement la joue de l’incube tandis qu’elle s’écartait de lui, marchant dans la pièce avant de s’arrêter devant un miroir et de se regarder.
« Autant me vendre sur le marché au esclave avec une telle tenue …. »
Vulgaire, voilà le mot qu’il lui venait à l’esprit. La Terranide avait l’impression de ressembler à l’une de ses semblables vendue sur la place du marché pour quelques pièces d’or et dont la seule fonction serait d’assouvir n’importe quel besoin sexuel de celui ou de celle qui l’achèterait. Et sur le coup, elle portait la tenue adéquate à une telle fonctionnalité. Oh bien sûr elle aimait aussi passer du bon temps dans les bras d’un homme, ça elle ne pouvait pas le nier mais porter une telle tenue….Cela ne galvanisait pas réellement l’Okami qui n’avait qu’une envie, en finir le plus vite possible pour la retirer.
« Allons voir ta comtesse qu’on en finisse Alastar ou je risque d’envoyer cet habit au feu… »
Le ton était sec, cassant, avec une pointe d’amertume. Non décidemment, la Lycane ne sautait pas de joie à être habillée de la sorte. Au moins, l’incube pouvait se rincer un peu l’œil, et c’était bien le seul à être ravit de la situation. A choisir, la Louve préférerait plutôt être dans son plus simple appareil plutôt que de ressembler à une esclave sexuelle. Masi que ferait-on pour retrouver une amie ? Posant sa main sur la poignée de la porte, elle s’arrêta dans son élan avant de regarder par-dessus son épaule et de s’adresser au Diablotin :
« Mise à part ça…Merci encore pour ton aide… »
Et un mouvement de haut vers le bas plus tard, la poignée fut abaissée et la porte ouverte. Un long couloir se présenta aux yeux de la Terranide qui suivit par la suite l’incube au travers de la demeure de la comtesse. Pendant le trajet, la Louve observa l’architecture, la décoration, les tableaux qui ornaient les murs….En somme un peu de tout et de rien, mais cela lui permettait de se changer un peu les idées. Des bruits de pas la firent se stopper et au détour d’un couloir, tendant l’oreille, la Lycane put entendre quelques plaintes. Il ne fallut guère longtemps pour qu’Aoife arrive dans son champs de vision et au vue de ce que Shad pouvait voir, le chevalier avait dû aussi troquer sa tenue pour une plus….appropriée aux mœurs de la comtesse.
Un autre soupir lui échappa et son regard se porta sur une porte à double battant. Au vue du fait qu’ils s’étaient tous retrouvé ici, la lycane était prête à parier que la comtesse se trouvait dans la pièce derrière. Il ne leur restait donc plus qu’à pousser la porte et…Advienne que pourra.
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« Allons, une tenue d’esclave, pour qui me prends-tu ? C’est une très belle tenue, seyante et élégante... Tu as même une cape ! Tu as déjà vu des esclaves au marché qui ont des capes, toi ? Shad, tu es vraiment... Injuste avec moi ! »
Se plaindre était dans les habitudes du Diablotin, ce qui conduisit Shad à s’avancer rapidement, visiblement énervée. Le diable rouge haussa légèrement les épaules, une lueur amusée dans les yeux. Il y a à peine cinq minutes, il avait offert à Shad un superbe orgasme, et elle le traitait maintenant avec froideur et éloignement. Autrement dit...
*Elle est amoureuse... Typique.*
Alastar la suivit donc, et ils quittèrent la chambre. Aoife était réveillée depuis un certain temps, et le manoir était assez élégant, jurant avec l’agitation féroce qui régnait dehors. Ils croisèrent plusieurs serviteurs en rejoignant le hall central, comprenant un magnifique double escalier d’intérieur avec une mezzanine au centre, un grand lustre, et de magnifiques murs blancs en marbre, comprenant de belles tapisseries. Catalina avait de l’argent, et tenait à ce que tout un chacun le sache. C’était le manoir familial, une belle demeure située dans les quartiers riches de Koldoue.
Ils descendirent les marches, rejoignant le hall d’accueil, et se dirigèrent vers un couloir à gauche, avec, au fond, d’élégantes portes à double battant, menant à un salon où se trouvait la Comtesse. En chemin, Alastar suivait encore Shad, en profitant naturellement pour reluquer ses fesses, sa cape s’arrêtant à cette hauteur. Comment diable pouvait-elle se plaindre de cette tenue ? Elle lui allait comme un gant ! Un steward se tenait devant la porte, et l’écarta pour les laisser entrer.
Aoife était là, dans le salon, mais il y avait surtout une petite brune avec des yeux verts et quelques tâches de rousseur sous le regard, qui bondit de son fauteuil.
« ALASTAAAAAR !! »
Les quelques gardes entourant la Comtesse ne purent que rougir en voyant la jeune femme s’élancer vers lui. Elle portait une belle robe noire et un court bustier, ainsi que de longs gants, et sauta contre Alastar, venant très rapidement plaquer sur ses lèvres un baiser sauvage et ardent. Un spectacle assez déstabilisant pour les gardes, qui détournèrent les yeux pendant les quelques secondes où les deux amants s’unirent.
« Ah, ma Comtesse, vos lèvres sont toujours aussi somptueuses !
- Tu oses dire ça, alors que je ne t’ai pas revu depuis... Des mois ?!
- Cela ferait si longtemps ? s’étonna Alastar. Navré, ma dulcinée.. À mon âge, tu sais, les jours, les semaines, les mois, ce n’est qu’une broutille dans...
- La ferme ! Tu me paieras ça, Alastar, oh oui ! Ne crois pas que tu peux venir te pavaner chez moi, t’envoyer en l’air avec une autre fille, et espérer t’en tirer à si bon compte ! »
Ce simple court dialogue permettait de voir le tempérament de feu et d’acier de Catalina, qui pinça même le téton du pauvre Diablotin. Aoife, de son côté, tourna la tête vers Shad, haussant légèrement les sourcils devant sa nouvelle tenue, mais eut la sagesse d’esprit de s’abstenir du moindre commentaire.
« Je suis heureuse de voir que tu vas bien, Shad. Nous sommes arrivées à Koldoue. J’ai comme le sentiment que nous nous rapprochons de Médonée. »
Catalina se rapprocha alors de Shad, et croisa les bras en fronçant les sourcils.
« Alors, c’est toi qui as couché avec ce grand dadais ? Hum... Tu sais que tu portes l’une de mes tenues... Mais il paraît que tu as bien aidé Alastar-chou, alors... Je veux bien t’en faire cadeau. Maintenant, avant que tu ne me parles des exploits sexuels de l’autre rebelle, dites-moi qui est cette Médonée... »
-
En rentrant dans la pièce, la Louve eut la sagesse d’esprit de s’écarter du Diablotin afin de laisser la comtesse lui sautait sans gêne dans ses bras. Observant la scène du coin de l’œil, elle tourna son attention par la suite vers le reste de la salle, apercevant Aoife à qui elle fit un léger signe de tête en guise de salutation. Signe de tête qui fut accentué par un regard foudroyant qui lui interdisait de faire le moindre commentaire sur sa tenue actuelle. Sagesse d’esprit que le chevalier fit. Laissant les deux amants à leurs retrouvailles, la Terranide vint s’assoir au côté d’Aoife, approuvant les paroles qu’elle venait d’énoncer.
« Je suis aussi heureuse de voir que tu vas bien Aoife…Quant à Médonnée…Et bien j’espère qu’on arrive bientôt à notre objectif mais…Je crois qu’on est encore loin d’en avoir fini… »
C’était typique. Dès que l’Okami avait l’impression d’atteindre un but, ce dernier s’éloignait, encore et encore. Certes, elle parvenait à l’atteindre tout au tard mais sans oublier les nombreuses complications qui allaient de pairs avec. Et elle avait le pressentiment que ce serait la même histoire avec Médonnée, que plus elle s’approcherait d’elle, plus cette dernière s’éloignerait. A moins que tout cela ne fût que désillusion et qu’elle allait enfin la retrouver. Et pour cela, la lycane devait déjà parler avec la comtesse qui martyrisait l’incube. L’attente ne fut guère longue car la femme s’approcha d’elle, entamant la discussion, ne se gênant absolument pas pour sortir à tout le monde qu’elle avait bien couchée avec Alastar et pour lui offrir sa robe.
« Merci pour ce présent, mais je pense que je la confierais à Alastar afin qu’il la mette en lieu sûr. Après tout..ce serait idiot qu’elle soit déchirée ou salie pendant mes excursions non ? »
Et d’un autre côté, cela lui permettrait de ne pas la porter…Mais cela elle s’abstint de le dire à voix haute.
« Quant à Médonnée…pour faire simple c’est la personne la plus proche d’Elise. Celle qui régnait sur la Forêt des Toiles et qui actuellement portée disparut. Je pense qu’en retrouvant Médonnée nous arriverons à comprendre comment tout cela a bien pu arriver. –Elle marqua un instant de silence avant d’énoncer – l’attaque des araignées géantes qui si on ne les arrête pas, devraient arriver droit sur Koldoue un jour ou l’autre. Elise, celle portée disparut pas celle qui contrôle ces bêtes devraient être capables d’inverser le cours des choses et pour cela…il faut retrouver Médonnée. »
La Lycane observa les réactions de la comtesse, sachant très bien que tout cela pouvait être dur à avaler. De plus, elle n’allait nullement accepter d’avoir de l’aide grâce
« Maintenant, que vous m’aidiez ou non, je compte bien la retrouver…. »
Prenant un air plus détendu, elle désigna d’un coup de menton le Diablotin :
« Quant à ses exploits, je pense que vous les connaissez déjà comtesse. Et je pense même qu’il sera ravit de vous les rappeler incessamment sous peu. »
A ces mots, la lycane lança un regard à l’incube avant de le reporter vers la comtesse. Il ne restait maintenant qu’à attendre le verdict de la comtesse.
-
Avec Alastar, la jalousie était vraiment mauvaise conseillère. Volage par nature, l’Incube ne s’attachait à aucune femme en particulier, et, tomber amoureuse de lui, c’était le premier signe de damnation. Aoife, quant à elle, resta étrangement silencieuse, et, si on la regardait, on pourrait même la voir rougir un peu. Elle avait bien compris qu’elle devait la vie à cet homme, à cet Incube, et, si cela la choquait un peu (elle appartenait après tout à un ordre chevaleresque qui combattait les démons), elle sentait aussi que ce Diablotin n’avait pas autant de vice que les créatures qu’elle combattait habituellement. Visiblement, Catalina était aussi son amante, mais tomber sur une autre conquête de l’Incube ne sembla guère la déranger. Au contraire, elle semblait déjà s’imaginer en train de coucher à trois avec lui. Pour l’heure, Catalina regardait surtout Alastar, attendant sûrement le moment où Aoife et Shad s’en iraient pour pouvoir célébrer dignement leurs retrouvailles.
Gênée, Aoife resta donc silencieuse, pendant que Catalina s’assit, et demanda des informations supplémentaires. Aoife choisit ce moment pour leur résumer toute leur épopée, en parlant notamment du Bossu, des Arachnistes, et de la boutique du Vieux Joe. Catalina écouta silencieusement toutes ces informations, et sourit encore quand Shad conclut cet échange, en revenant sur les « exploits » d’Alastar.
« Oh, et il aura intérêt à se surpasser, cette fois... J’ai multiplié les amants et les esclaves depuis son passage, mais aucun n’a pu autant me faire planer que lui...
- Allons, allons, je ne suis qu’un simple Incube... nuança le Diablotin, en faisant faussement le modeste.
- Mais... En ce qui concerne votre histoire... Les Arachnistes sont très influents. C’est une secte qui est arrivée il y a quelques mois, à partir de la région où se trouve cette fameuse Élise. Le Roi avait convoqué les Hamleigh pour en savoir plus, car il avait eu vent de rapports inquiétants, mais les Hamleigh avaient voulu se montrer rassurants, certifiant qu’ils avaient déjà mis la main sur les chefs des Arachnistes, et les avaient mis à mort, expliquant que ces derniers étaient originaires du Village des Toiles. »
Aoife s’intéressa davantage à la conversation, qui s’éloignait des grivoiseries sexuelles autour de l’Incube, et s’efforça de se concentrer dessus Régulièrement, en effet, Alastar s’efforçait de l’observer, et son regard était... Pour le moins troublant. Aoife se racla même la gorge en lui jetant un regard courroucé, qui sembla surtout l’amuser.
« C’est troublant, non ? Je veux dire... Cette Élise vit dans sa forêt depuis des années sans rien demander à personne, et elle ferait une secte ? Je n’ai jamais cru à cette histoire, et, vu que la secte a gagné encore en influence... Je pense que les Hamleigh sont derrière cette histoire. Vous venez d’arriver récemment au royaume, Aoife, alors, vous ne le savez peut-être pas, car la nouvelle est dissimulée pour ne pas créer un vent de panique, mais... Les Arachnistes ont empoisonné le Roi.
- Quoi ?! s’exclama la femme.
- Son sort est actuellement entre la vie et la mort. La liqueur qu’on lui sert actuellement avait été infestée par un venin d’araignée. Discrètement, nous avons fait appel à des spécialistes nexusiens, car les nôtres n’arrivent pas à endiguer ce venin. »
Vaguement, Aoife repensait aux explications du Bossu, qu’elle avait entendu dans les catacombes, sur la grande diversité des toxines de ces petites bêtes à huit pattes. Catalina étant une noble influente dans le royaume, elle avait accès à des informations privilégiées.
« C’est aussi pour ça que je suis venue à la capitale, d’ailleurs... Outre le fait de revoir mon petit chou rouge. Le corps du Roi est victime d’un phénomène dit de ‘‘loxoscélisme’’ aigu... Autrement dit, son corps commence à manifester des signes de nécrose. »
Aoife déglutit. La nécrose était un phénomène biologique qu’on rapprochait de l’apoptose, les deux consistant en la mort des cellules. Cependant, dans le cas de l’apoptose, les cellules se détruisaient selon un cycle normal (comme la vieillesse), alors que, dans une nécrose, cette destruction était anormale, et, par conséquent, mortelle.
« Les Arachnistes ont commencé à émerger quand les forces de Brahmin ont été repoussées. J’ignore s’il y a un lien entre les deux... Mais il s’est passé quelque chose au Village des Toiles qui est, en tout cas, à l’origine de tout ceci. Le royaume est divisé, et, à chaque jour qui passe, les barons du Roi menacent de se déchirer dans un conflit de successions. De fait, tous les barons et les principales familles se réunissent en ce moment à Koldoue pour discuter de la succession, et de la gestion du royaume.
- Y compris les Hamleigh ?
- Ils ne sont pas encore arrivés, mais sont attendus... »
Est-ce que les Hamleigh avaient trahi le Roi ? Aoife imaginait néanmoins mal de simples nobles déclencher une telle pagaille sans un soutien plus puissant derrière.
« Si vous avez une piste pour retrouver Médonée, suivez-là... J’ignore qui est ce Vieux Joe, je ne connais pas beaucoup la capitale. Tout ce que je peux vous donner, ce sont des accréditations qui vous permettront de franchir tous les postes de garde, ainsi que du matériel, si vous en avez besoin. »
Elle termina ensuite en se raclant la gorge :
« Faites ici comme vous étiez chez vous. Des questions ? »
-
« Tout aide sera la bienvenue Comtesse, d’autant plus qu’il semblerait que nous avons beaucoup de pistes à suivre à présent….Si on prend en compte que se rende dans le village des Toiles est actuellement impossible et pour voir le Roi dans son état actuel…Là aussi on peut oublier enfin – elle se tourna vers Aoife – en tant que chevalier de Nexus, peut-être pourrais-tu avoir une audience avec ses soigneurs afin d’en apprendre un peu plus sur ce fameux poison mais en tant que Terranide je doute qu’on m’ouvre facilement les portes de mon côté. Il reste encore la visite à ce fameux Joe à faire, sois disant qu’il aurait des informations sur la position actuelle de Médonnée….Et j’ai une certaine envie d’aller fouiner chez les Hamleights….Ils ne m’inspirent pas confiance. »
Et pour cause ! Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, c’était l’un de ces seigneurs qui avait fait subir maintes sévices à Elise et qui l’avait abandonné dans un état lamentable au seuil de la mort. De plus, c’était lui qui avait envoyé ce fameux mercenaire, dont le nom échappait pour l’instant à la Terranide, attaquer le domaine de la Reine des Araignées. Que les Hamleight ne soient pas liés concernant les rumeurs sur la provenance des Arachistes et qu’ils auraient régler l’affaire. Suspect très suspect. Du moins, du point de vue de la Terranide. Sortant de ses pensées elle proposa le cheminement suivant :
« Autant commencé par le vieux Joe, après si ses indications s’avéraient exactes, et que nous retrouvons Médonnée je pourrais essayer de savoir ce qui a pu se passer au Village des Toiles pendant que tu..irais glaner quelques informations sur la provenance exacte de ce qui affecte le roi et s’il y’a un antidote ? Enfin je propose cela au débotté aurais-tu quelque d’autres à proposer ? »
La conversation était à présent bien loin des exploits secuel de l’incube, ce qui ne devait pas réellement plaire à ce dernier, mais après ? Même si passe du temps avec Alastar était bien plus que plaisant mais…Les araignées et l’autre Elise avançait toujours et le temps leur était compté. La Louve repris la parole en s’adressant cette fois Catalina :
« Serait-il possible de récupérer nos affaires ? Je ne pense pas que nos tenues soient adaptées pour la suite qui nous attends … »
Car ce qui les attendait était loin de se passer dans un quelconque bordel. Là encore elles auraient pu infiltrer les lieux sans trop de souci mais risquer d’aller voir ce fameux vieux Joe dans de telles tenues ? Mauvaise idée. Un long soupir de lassitude s’échappa des lèvres de la Terranide.
« Bordel après ça je m’octroie des vacances… »
Car autant le dire, tout cela était bien fatiguant et un peu de repos ne risquait pas de faire du mal mais pour cela, il fallait déjà résoudre cette affaire.
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Maintenant qu’elles étaient enfin arrivées à Koldoue, leur affaire prenait un nouveau tournant. Aoife et Shad avaient désormais plusieurs pistes à explorer. Il y avait, pour commencer, les Hamleigh. Inutile d’espérer se rendre à leur fort, mais ces derniers avaient un manoir dans la capitale, qui devait peut-être contenir des indices. Il y avait aussi, en guise de seconde piste, l’empoisonnement du Roi. Où en était l’enquête officielle ? Cet empoisonnement était consécutif à une invasion de monstres, et, pour Aoife, ce n’était pas le fruit du hasard. Et, enfin, leur ultime piste, et visiblement la plus prometteuse, était celle de retrouver Médonée, en passant par le Vieux Joe, ce mystérieux antiquaire, qui, d’après les informations du Bossu, avait des informations sur les Arachnistes, et sur la position de Médonée.
Aoife opta donc, elle aussi, pour la piste de Shad, tout en la rassurant. Si elle pouvait se rendre au Palais, Shad la suivrait, car elle l’accompagnait. Catalina, de son côté, répondit aux interrogations de Shad en indiquant qu’elle ne savait pas grand-chose sur l’empoisonnement, et leur indiqua donc de se rendre au Palais Royal, où l’enquête était organisée. Catalina leur remit leurs affaires, surtout pour Shad, et, peu de temps après, le duo se retrouva dehors.
« Bon, eh bien... En piste, Shad ! »
Elles étaient situées dans les beaux quartiers de koldoue, au sommet d’une colline, surplombant la ville, et s’y dirigèrent, en suivant un chemin pavé. Peu à peu, elles purent ainsi percevoir la forte agitation qui régnait dans la ville. Des troupes armées se déplaçaient librement, et des crieurs publics haranguaient régulièrement la foule, diffusant des pamphlets rageurs.
« Nous sommes condamnés, et payons pour nos péchés ! Repentez-vous ! Repentez-vous !! »
En période de misère, les fanatiques et les prêtres de tout poil poussaient, car les gens avaient désespérément besoin de foi. Le long des places publiques, il y avait donc des prières de rue, donnant lieu à des séances de flagellation. Le prêtre, tout en hurlant contre la foule, se déplaçait, un fouet à la main, et les fouettait, tout en leur ordonnant de réciter les prières de l’Ordre Immaculé. Le désespoir était palpable dans la ville, et Aoife voyait beaucoup d’affiches de propagande contre les Arachnistes. Beaucoup de maisons semblaient avoir été dévalisées, et les gibets étaient dressés le long des rues, exhibant les voleurs et les forbans qui avaient été récupérés, et jugés hâtivement.
Koldoue croulait sous le nombre des réfugiés, sous la panique et le chaos qui approchait.
« Quel chaos... Nexus ressemblait à ça, quand les Ashnardiens se sont approchés pour la prochaine fois. »
Leur enquête n’en serait que plus compliquée, malheureusement. Aoife marchait donc, jusqu’à rejoindre la place centrale. D’après les informations du Bossu, c’était là que se trouvait la boutique de Joe. Il y avait un camp de réfugiés, maintenant, avec de multiples gardes qui tournaient autour. Un camp qui s’étalait sur une grande place, avec des structures en bois plantées ici et là, et où chaque réfugié devait montrer son laissez-passer. Aoife elle-même avait d’ailleurs dû, en venant jusqu’ici, franchir cinq ou six postes de garde.
Aoife longea le camp, jusqu’à voir une devanture qui la rassura : « L’ÉCHOPPE DE JOE », avec, en plus petit : « ANTIQUAIRE DE PÈRE EN FILS ! ». Elle fit signe à Shad, puis opina de la tête.
« C’est là. »
La boutique était accessible par un escalier de six ou sept marches qui s’enfonçaient sous terre, la boutique elle-même devant s’étaler au-dessus. Malheureusement, la porte était fermée, et toutes les vitres avaient été recouvertes par des planches en bois.
« Merde... »
Elles étaient en plein milieu de matinée, pendant les horaires d’ouverture. Aoife se pinça les lèvres, puis se décida à briser la serrure, et poussa la porte. Ce n’était sans doute pas très légal, mais elle ne pensait pas que quiconque viendrait l’arrêter. La porte s’ouvrit donc dans un couinement, et, à l’intérieur, il y avait un petit hall d’accueil, avec un escalier intérieur au fond...
Et c’était la pagaille. À gauche et à droite, on avait renversé des bibliothèques, défoncé ces dernières à l’aide de pieds-de-biches. Des bris de verre jonchaient le sol.
« La boutique a été vandalisée... »
Aoife se concentra, car la pièce était très sombre, et généra une boule de magie blanche, servant à les éclairer, puis s’avança vers l’escalier. À l’étage, c’était le même constat. Tous les précieux meubles de Joe avaient été vandalisés, brisés, défoncés, piétinés avec une rage impressionnante.
*Mais pourquoi vandaliser une boutique d’antiquités ?*
Aoife, tout en explorant la boutique, se demandait surtout si quelqu’un n’avait pas cherché à faire croire à un acte de vandalisme.
Et, tandis que les deux femmes s’aventuraient dans les entrailles de la boutique, à l’entrée de cette dernière, des individus se rapprochaient, ayant bien vu les deux gêneuses rentrer à l’intérieur du commerce...
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Les bottes de cuir de la Terranide crissaient sur les éclats de verres qui jonchaient le sol de la boutique. C’était un véritable capharnaüm et il fallait encore déterminer quelle était la cause exacte de tout cela. Elle marcha ainsi dans la pièce observant, cherchant cet élément particulier qui saurait les mettre sur la voie. Le vieux Joe avait-il était effectivement été vandalisé ou était-ce un coup monté de sa propre conception pour faire croire à tout ceci ? Continuant d’observer attentivement la Lycane fini par s’arrêter s’accroupir, faisant glisser son index sur quelques centimètres sur le sol, le relevant par la suite, ce dernier remplit d’un liquide au teint rouge. Du sang. Soit les vandales ou Joe avait fait mouvement avec le verre et s’étaient blessés, soit il y’avait eu une lutte dans ce magasin. Apercevant peu de temps après d’autres petites gouttes rougeâtre jonchant le sol, l’Okami commença à écarter l’hypothèse du coup monté par le vieux Joe. Les minuscules tâches sanguines pour la plus part vers un mur où ces dernières semblaient y disparaître à moitié.
« Aoife, tu devrais venir voir cela. »
Et en attendant qu’elle arrive, la Lycane posa une oreille contre le mur et toqua contre, entendant un son creux. Pas de doute il y’avait bien un passage secret dissimulé derrière. Il ne restait plus qu’à trouver comment l’ouvrir. Elle laissa ses mains glisser le long du mur, cherchant un petit renforcement, observant également les éléments positionnés autours avant de s’arrêter au niveau d’un chandelier mural. Non, c’était trop simple, beaucoup trop simple, ça ne pouvait pas être cela. Saisissant l’une des branches du chandelier, Et pourtant…. La Louve l’abaissa et un bruit feutré se fit par la suite entendre ouvrant sur une petite salle qui débouchait vers un petit couloir. La pièce cachée n’était pas relativement grande et servait surtout de passage, le couloir également n’était pas réellement grand, quatre à cinq mètre tout au plus mais guider vers un escalier qui redescendait vers le rez de chaussé. Du moins dans un premier temps car ce dernier les mena à une sorte de cave où à quelque pas devant elles, Aoife et Shad purent voir une échelle qui descendait dans les tréfonds de la terre.
« Bordel pas encore… »
Le coup de l’échelle longue de plusieurs kilomètres, l’Okami avait déjà donné avec l’affaire Mandus et son sordide abattoir. Pourtant, tout cela était étrange et ne pas continuer la « visite » pourrait être une erreur. Tout comme la continuer d’ailleurs. Se penchant au-dessus du trou, la Louve observa en contrebas n’y voyant qu’un puits sans fond. Comme elle s’y était doutée, la descente risquait d’être forte longue. Elle se retourna vers Aoife :
« Je pense qu’on a pas trop le choix, en tout cas, les tâches de sang mènent vers ici. »
Entre temps, les hommes qui avaient vu les deux femmes rentrés étaient arrivés au niveau de la salle dissimulés, prenant garde de rester à une certaine distance pour ne pas être remarqués avant de pouvoir frapper sournoisement dans le dos.
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« Encore des souterrains... » gémit Aoife.
Sa vie ne devrait-elle donc, ici, se résumer qu’à emprunter ces passages étroits, sinueux, et sinistres ? Après sa précédente expérience dans les catacombes, où elle avait dû être secourue par un Incube (une honte suprême, pour un Paladin !), Aoife n’avait guère envie de réitérer l’exploit. Elles se tenaient donc devant cette échelle, avec des traînées ensanglantées allant dessus. Suffisamment de sang pour deviner une blessure ayant nécessité de se replier dans cet endroit secret. Néanmoins, ce n’était pas comme si Aoife avait le choix. Sa main déploya une boule lumineuse, et elle la laissa tomber, permettant d’éclairer l’échelle en fer... Jusqu’à un passage qui filait dessous.
Aoife regarda une nouvelle fois Shad, puis entreprit de descendre, s’agrippant aux barreaux de l’échelle, et mit un pied après l’autre. Elle se laissa tomber à quelques mètres du sol, et se réceptionna sur ses jambes, avant de rapidement sentir une forte odeur lui agresser les narines.
*Les égouts... Évidemment !*
Elle s’avança un peu. C’était une sorte de petit couloir creusé dans la paroi, avec des poutres de soutènement, et un mur effondré, au fond, probablement à coups de pioches, permettant d’accéder directement aux égouts. Comme bien d’autres villes médiévales, Koldoue avait bénéficié de l’aide des ingénieures tekhanes pour concevoir des égouts modernes, de manière à éradiquer les épidémies de peste. Nexus bénéficiait également d’égouts très complexes. Ici, les égouts de Koldoue étaient relativement similaires, avec, ici et là, des grilles en fer forgé, qui bloquaient le passage, et permettaient d’éviter la prolifération de monstres... Ou la contrebande.
Difficile de repérer des traces de sang maintenant, et Aoife dut se concentrer. Elle ferma les yeux, et déclencha, autour d’elle, une sorte de sonar magique, en utilisant ses cercles de perception, et repéra les traînées, le long du mur, longeant l’eau visqueuse des égouts.
« Par ici ! Le sang est relativement frais, notre homme ne doit pas être très loin... »
Aoife s’avança donc, tentant de s’habituer à l’odeur pestilentielle, jusqu’à voir quelque chose sur le sol. Un étrange bout de bois brisé en deux, qu’elle attrapa, avant de voir d’autres débris.
*Une flèche...*
Était-ce la raison de la fuite du Vieux Joe ? Si tant est qu’elles soient bien derrière ce mystérieux antiquaire... Qui avait visiblement accès à un petit réseau de contrebande. Le passage secret devait lui permettre d’acheminer du matériel, en évitant de se faire repérer par la garde. Un grand classique, que ce soit ici, ou à Nexus. Sans rien dire de plus, Aoife reprit sa route, en sentant un mauvais pressentiment la traverser, au fur et à mesure que les traces de sang se multipliaient.
Elle aperçut alors un cadavre, étalé sur le sol, devant elle, et se précipita vers lui. Il était couché sur le ventre, et elle le retourna, avant de frémir, en voyant ses veines violettes, et son regard vitreux.
« Mort... Empoisonné. Je ne sais pas à quoi, mais je pencherais pour du venin d’araignée. »
La Paladine entendit soudain un choc sourd, et se redressa brusquement. Des silhouettes encapuchonnées se rapprochaient lentement.
« Que... Qui êtes-vous ?! »
Pour seule réponse, l’un des individus tendit ses mains, et des filaments argentés en jaillirent, comme des toiles d’araignée. Attentive, Aoife les évita, et vit les toiles heurter le mur, tandis que les hommes se mirent à bondir, délaissant leurs capes, s’agrippant au mur et aux plafonds. La jeune femme eut un frisson d’horreur en voyant leur apparence. On aurait dit des croisements entre l’homme et l’araignée, disposant de trois paires de bras, et de mâchoires proéminentes.
Des hommes-araignées... Les Arachnistes !
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La Louve observait l’échelle avec un certain dégoût, cela lui rappelait bien trop de mauvais souvenir mais elle ne pouvait pas faire marche arrière, elle devait descendre dans ces profondeurs obscures. Poussant un soupir d’exaspération, la Lycane finit par suivre Aoife, arrivant dans les égouts souterrains de Koldoue. L’infâme odeur ne tarda pas à lui assaillir les narines et ce fut avec une mine quelque peu dégoûtée qu’elle se mit en marche. Seul point positif à tout cela : La descente ne les avaient pas menées dans un complexe souterrain, tel…un abattoir par exemple. Elle s’avança aux côtés du chevalier de Nexus, s’aidant de la boule lumineuse qu’elle avait invoqué pour mieux voir devant elle. Malgré une odeur nauséabonde fortement présente et une trainée de sang qui n’envisageait rien de bon, il ne semblait, pour l’instant, pas avoir de traces de quelconques créatures nécrophages. Mais l’expérience avait appris à la Louve à se méfier de tels lieux qui avaient la fâcheuse tendance de regorger de goules en tout genre.
S’avançant donc avec méfiance, le duo continua à suivre la piste sanglante. Sans trop y penser, la Lycane, plongea une main dans une poche sentant ses doigts effleurer une forme familière. Celle d’une araignée. Elle tira le médaillon de sa poche et le remis autour de son cou. Il n’avait plus de pouvoirs vu que ces derniers avaient été drainés pour empêcher Hastur de traverser son portail mais..et après ? Qui sait, peut-être aura t’il une petite étincelle de magie, ou même qu’il perturbera l’espace d’une petite seconde des arachnistes…Ou pas. Peu importait en réalité, elle se contenta de suivre Aoife, finissant par trouver un cadavre. Mort et empoissonné en tout point de vue. Etait-ce lié à la flèche brisée qu’elles avaient vu plus tôt ? L’Okami ne saurait le dire mais penchait pour cette forte possibilité.
Un bruit retentit derrière elles et tout comme Aoife, la Louve se retourna pour voir les deux étranges silhouettes qui s’avançaient. Lorsqu’elles abaissèrent leurs capuches, un « eww » lui échappa. Des êtres mi hommes mi araignées leur faisait face et bon sang, qu’ils étaient moches ! Du moins le plus perturbant c’était cette mâchoire prédominante semblable à celle d’une araignée. Portant sa main à la garde d’une de ses épées, la Lycane se prépara à contre attaquer, les arachnistes faisant claquer leur horrible mâchoire dans le vide. En y regardant de plus près on pouvait y voir perler une espèce de liquide vert….Du venin sûrement. Leur première attaque, bien que surprenante et vive fut aisément évitée. Accroché au mur grâce à leurs trois paires de bras, les hybrides arachnéens finirent par bondir sur les deux femmes, un filet de soie collante commençant à s’échapper de leur main.
Un claquement de doigt rapide et les fils de soie qui filèrent vers la Terranide furent réduit en cendre, suivit par la tête du monstre qui roula au sol tandis que le corps décapité tombé au sol sans vie.
« Bordel on ne va pas se laisser faire chier des heures…. » Cracha la Terranide à l’encontre du nouveau cadavre.
Elle se retourna rapidement pour voir si l’ennemi d’Aoife avait aussi le même destin funeste. Avant d’être prise rapidement par surprise par des fils de soie tirés par la créature, droit sur son visage ce qui eut pour effet d’obstruer sa vue. Portant ses mains sur la soie collante elle tenta de la retirer…en vain. Elle n’aura donc pour autre choix que d’utiliser son ouïe pour se défendre et attaquer mais avec la composition de la salle, qui avait la fâcheuse tendance à faire rebondir les sons contre les parois suintante, la Lycane avait du mal à situer la position exacte et au risque de blesser Aoife, elle opta donc pour la défense et l’attente. Après tout, Aoife devrait aussi se débarrasser rapidement de son ignoble adversaire.
Pendant ce temps, dans son dos, le corps de l’arachniste se mis à convulser. Les sons odieux qui s’en échappaient furent camouflés par le tumulte du combat et le fait que l’Okami était aveuglée l’empêchait de remarquer l’horrible suite qui se préparait. Du corps sans vie, commençait à émerger une araignée d’une taille imposante qui ne manquerait pas d’attaquer les deux femmes une fois qu’elle sera entièrement libérée. Mais pour l’heure, elle « naissait » et la Louve tentait de suivre le duel entre Aoife et son adversaire, ne se doutant pas de la surprise que le cadavre leur réservait. Cependant, la naissance fut plus rapide que prévue, les pattes de l’araignée déchirèrent en deux son incubateur, envoyant ici et là des morceaux du cadavre.
Balançant son abdomen en avant, elle fit jaillir des fils de soie, entoilant par surprise la Terranide. Fonçant sur sa proie, elle l’enroula dans un cocon de soie sans lui laisser une seule seconde pour réagir, ayant joué sur la surprise. Puis comme elle ne pouvait pas transporter deux cibles à la fois, elle délaissa le chevalier de Nexus et trimballa son paquet vers un lieu inconnu. Toujours plus loin dans les profondeurs obscures, un lieu…remplit d’araignées et d’arachnistes.
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Le spectacle était à la fois puant et sinistre. Depuis le cadavre décapité de l’Arachniste, une réaction chimique et magique incroyable se produisait. Dans l’estomac de l’homme, une araignée était en train d’éclore, et, comme un Xénomorphe, commença à planter ses griffes et ses dents dans la chair du cadavre, déchiquetant la peau de l’intérieur, s’en servant aussi pour grossir. Si Aoife regardait le spectacle, elle verrait ainsi une déchirure se former à hauteur du nombril, remontant jusqu’à la poitrine, créant une ligne sombre et écarlate, d’où des pattes émergèrent rapidement, remuant furieusement, se tortillant dans les airs, recouvertes de sang, de morceaux d’organes, de bouts de veines, et même de sucs intestinaux. La créature piaillait furieusement, mais Aoife n’eut guère l’occasion d’admirer ce macabre spectacle longtemps, car elle avait fort à faire avec le second Arachniste.
La créature bondit vers Aoife, et l’une de ses pattes la fouetta au visage, l’envoyant heurter le mur. Aoife réagit ensuite, envoyant son coude en arrière, et frappa le monstre à la tempe, faisant reculer l’Arachniste. Son épée siffla ensuite, et trancha l’extrémité de sa patte, répandant un sang verdâtre sur le sol. Maintenant qu’elle pouvait voir l’Arachniste de près, elle réalisait combien, sous sa capuche, l’homme était laid.
*Je crois n’avoir jamais vu vision si repoussante, en réalité...*
Son visage n’était plus qu’un amas de yeux noirs globuleux se dressant au-dessus d’une bouche semblant minuscule, et d’un nez qui disparaissait au milieu de ces yeux noirs. Une araignée avait classiquement quatre paires d’yeux, exactement comme l’Arachniste. Les études tekhanes sur la vision des araignées avait permis de démontrer que ces paires d’yeux remplissaient des fonctions différentes. La paire centrale disposait d’une vision très précise, permettant même à certaines araignées de distinguer les ultraviolets, ou, pour les Arachnistes, sans aucun doute de voir dans la nuit, en discernant les mouvements.
L’Arachniste, malgré sa patte coupée, cracha furieusement, envoyant son venin vers la Nexusienne, qui bondit sur le côté, évitant la charge... Et aperçut alors une araignée sortir du cadavre, près de Shad.
« Merde... SHAD, at... ! »
Trop tard ! L’araignée, faisant la taille d’un petit enfant, cracha de multiples filaments de toile, à hauteur des jambes de Shad, la renversant sur le sol, et en cracha immédiatement d’autres, venant former autour de son corps un épais sac de toiles.
*Shad, merde !*
Hélas, Aoife était bien en peine de venir l’aider. L’Arachniste l’attaqua encore, et elle envoya son pied dans son ventre, le poussant dans l’eau, où il s’étala dans un grand *SPLATCH* ! Elle reporta ensuite son attention sur l’araignée, et vit que cette dernière filait le long du couloir, traînant Shad derrière elle, après avoir répandu un venin anesthésiant en la mordant. Aoife tenta alors de les rattraper, mais, depuis l’eau, un filament de toile la saisit à la cheville, et l’envoya s’étaler sur le sol, puis elle tomba dans l’eau, et sentit les mains griffues de l’Arachniste s’agripper à sa nuque, serrant fortement son cou, sa gueule sinistre approchant ensuite d’elle pour la mordre.
Concentrant alors sa magie, Aoife le repoussa à l’aide d’une décharge d’Air, puis se releva, en réalisant que, pour poursuivre Shad, elle allait d’abord devoir se débarrasser de ce monstre...
Quand le cocon se brisa, Shad se retrouva la tête suspendue en bas, les toiles arrivant à hauteur de son ventre. Elle était dans une grande pièce sombre, et, peu à peu, le temps qu’elle reprenne ses esprits, elle put constater qu’il s’agissait... D’une grande salle à manger. Elle, ,et les autres cocons, étaient suspendus au-dessus d’une grande table de réception, le tout plongé dans la pénombre, les volets recouvrant les épaisses fenêtres. Au bout de quelques instants, une porte s’ouvrit sur la gauche, libérant un rai de lumière, une silhouette féminine faisant claquer ses talons sur le sol, en répandant un puissant parfum sensuel et sauvage.
« Je suppose que tu dois te poser un certain nombre de questions... Où suis-je ? Qui te parle ? Pourquoi ne suis-je pas morte ? Qu’est-ce qu’on me veut ? »
La femme avait une épaisse chevelure blonde, et, soudain, le cocon de Shad s’abaissa, l’amenant peu à peu à hauteur de la mystérieuse femme, qui tendit sa main, partiellement gantée de vert, et avec de longs ongles griffus, qui caressa son visage, glissant sur les lèvres et les yeux de Shad.
« Je m’appelle Charlotte Witter (http://img110.xooimage.com/files/5/9/b/charlotte_witter_-earth-616--5127914.jpg), et, pour le dire simplement, je suis actuellement la Maîtresse des Arachnistes, dont tu vois, autour de toi, les futurs novices prêts à rejoindre ma secte... Et à me servir aussi de garde-manger. Maintenant, sois une gentille petite Terranide, comme toutes les autres, et dis-moi... Où. Est. Élise ?! »
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Le venin avait cessé de faire effet et la Lycane put retrouver ses esprits pour noter qu’elle était entoile dans un cocon de soie. Les fils de soie l’enserrant l’empêchaient de respirer à pleins poumon, paralysant le moindre de ses mouvements. Un essai de magie. Rien, pas la moindre petite étincelle pour se libérer de cette entrave plus que collante. Mieux valait ne pas être claustrophobes dans un tel moment. Dressant les oreilles du mieux qu’elle pouvait, la Louve tenta d’écouter les sons alentours. Elle nota la présence de multitudes de bruits de pattes, des murmures incompréhensibles et des gémissements sourds de personnes agonisantes. Rien qui n’envisageait une suite heureuse. Elle perçut par la suite des bruits de pattes qui se rapprochait, toujours plus prêt, s’attendant à sentir une paire de mandibules perçait le cocon et sa peau pour lui injecter un venin couplé à une enzyme qui aurait tôt fait de la digérer vivante afin de servir de repas à l’un de ces monstres. Oui, Shad s’attendait à cet instant à mourir, ne voyant pas ce qui pourrait se passer d’autres. Quelle ne fut pas stupeur quand une partie du cocon fut brisé, lui permettant ainsi de mieux respirer et d’observer les lieux, une fois qu’elle avait entièrement retrouvé ses esprits.
Au plafond, des toiles d’araignées, des fils gluants partant dans tous les sens et disposés sur toute la surface des cocons. Certains remuaient tandis que d’autres étaient inertes. Ici un cocon qui était délaissé, là un autre qui servait actuellement de repas à une araignée de la taille d’un chien. Voilà d’où avait dû provenir les gémissements plaintifs qu’elle avait pu entendre plus tôt. Le spectacle était…des plus macabres. En humant l’air, l’Okami put constater que la salle était en réalité remplit de cadavre encore sous vide. Une odeur pestilentielle se dégageait de certains cocons. Vers le bas se trouvait une table à manger, bien poussiéreuse où était posés quelques candélabres. Des petites araignées filaient sur la table avant de remonter le long des fils de soie. Les épais volets fermés au niveau des fenêtres, bien qu’imposante, empêchaient la lumière de pénétrer dans la pièce la laissant dans une obscurité totale. Sans sa vision qui pouvait voir un peu dans la nuit, la Terranide n’aurait pu deviner le lieu dans lequel elle se trouvait actuellement.
La porte s’ouvrit, grinçante, laissant entrer une silhouette à l’apparence féminine. Un rai de lumière emplit la pièce et permis surtout à la Lycane de voir son interlocutrice. Elle nota rapidement la présence de ces deux autres paires de…pattes d’araignées tout comme celles que possédait Elise. La femme se mis à parler résumant parfaitement bien les questions qui tourbillonnaient dans l’esprit de sa prisonnière. Soudain, sans crier gare, le cocon qui la retenait s’abaissa violemment pour l’amener à hauteur de l’inconnue, qui ne tarda justement pas à se présenter. En entendant ses paroles, la Lycane écarquilla les yeux de surprise. Elle ? La maîtresse des Arachnistes ? C’était bien étonnant, elle qui s’attendait à ce que ce soit…l’autre Elise ?
« Maintenant, sois une gentille petite Terranide, comme toutes les autres, et dis-moi... Où. Est. Élise ?! »
Elise ? De quelle Elise parlait-elle ? Il y’en avait deux désormais. Il aurait été plus sage d’être un peu plus précis….Dardant son regard azuré dans celui masqué de cette étrange femme, la Terranide répondit de but en blanc :
« L’une devrait arriver…peut être dans quelques jours avec son armée mais cela….tu devrais déjà le savoir quant à l’autre. Je. N’en. Sais. Rien. »
Elle accentua bien sur chacune de ses dernières paroles, après tout c’était la pure vérité, elle était également à la recherche d’Elise.
« J’ai comme l’impression que tu ne la cherche pas pour signer un quelconque traité de paix je me trompe ? Toi qui es la maîtresse des Arachnistes, je présume que devenir leur reine serait bien plus…attrayant ? »
En réalité, la Terranide savait très bien que pour l’heure, elle n’était nullement en position de force et que sa vie reposait entre les mains de Charlotte Witter. Et qu’ainsi oser poser une telle question pouvait lui être fatale mais hé, qu’est ce qu’on ne fera pas pour glaner un peu de temps et si possible des informations. Elle songea aussi à Aoife, espérant que tout allait bien de son côté et qu’elle n’avait pas périt entre les griffes de son hideux adversaire.
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Charlotte n’allait pas prendre de risques inutiles avec cette Terranide. Les apparences étaient parfois trompeuses, et elle savait de quoi la jeunette était capable. Elle avait beau avoir des oreilles poilues, elle avait défié Brahmin, Oswald Mandus, et même Hastur, un Grand Ancien. Certes, on pouvait arguer qu’elle avait eu, à chaque fois, une chance insolente, mais il aurait fallu être la plus grande des aveugles pour n’y voir que de la chance. La petite-fille de Madame Web avait jadis été une simple femme, une fasion designer qui s’était rapprochée du Docteur Octopus, et lui avait donné des pouvoirs arachnéens, l’utilisant comme cobaye. Elle avait désormais des pouvoirs impressionnants, et poussa un grognement quand Shad lui répondit qu’elle n’en savait rien.
« Tu voudrais me faire croire ça, alors que tu portes son emblème ?! »
Shad put alors réaliser, si elle ne l’avait pas déjà ait auparavant, que le talisman d’Élise n’était plus autour de son cou. Charlotte le brandit sous son nez.
« Tu es revenue ici parce qu’elle t’a appelé, je le sais ! Elle t’a envoyé retrouver cette petite pute de Médonée, hein ? C’est pour ça que tu me colles aux fesses... »
Charlotte avait, visiblement, sa source d’informations, mais cette dernière n’était pas totalement fiable. Néanmoins, involontairement, elle venait de confirmer les doutes de Shad. C’était bien les Arachnistes qui avaient Médonée. Restait maintenant à savoir qu’elle était entre les liens entre cette secte et l’Élise magnifique qui était apparue, la « White Élise (http://img110.xooimage.com/files/3/8/5/odhqk6k-4e38fc4.jpg) ». Charlotte grogna encore, et se redressa, puis le cocon retenant Shad se relâcha, et elle tomba au sol. Les filaments se retirèrent, et elle put enfin reprendre le contrôle de son corps... Plus ou moins. Ses membres étaient en effet engourdis, ankylosés, et il fallait attendre que le sang circule à nouveau.
La redoutable Witter croisa les bras devant sa proie.
« Ne crois pas que j’agis par pitié. Je t’ai inoculé un venin spécial, qui annule tes pouvoirs magiques. Si tu tentes de te rebeller, je te mettrais au pas. Mais attends... Le temps que tes muscles se réveillent, je vais aller me nourrir. J’ai faim. »
Charlotte s’écarta alors, et grimpa sur l’un des cocons, se tournant vers un homme endormi. Elle planta ses crocs dans son cou, et commença à sucer, drainant son énergie. Déjà blafard, le teint de l’homme vira au grisâtre. Il émit un inaudible gémissement, ses yeux venant brièvement s’écarquiller, puis sombra ensuite dans l’inconscience, après une bonne minute de succion. La redoutable Charlotte tourna ensuite vers Shad un regard malveillant (http://img110.xooimage.com/files/5/1/5/charlotte_witter-51287b3.png), nettoyant de sa main le sang imbibant ses pulpeuses lèvres vertes, puis sauta au sol.
Shad devait maintenant pouvoir se redresser, mais, dans le doute, Charlotte l’agrippa par la nuque, et la balança sans ménagement en avant, l’envoyant rouler dans le grand salon d’où elle venait. Impossible, pour Shad, d’appeler Alastar à la rescousse, puisque le venin circulant dans ses veines l’empêchait de recourir à la magie.
« Les Arachnistes et White Élise ne sont que les deux facettes d’une même pièce. Quand j’ai perdu mes pouvoirs, j’ai prêté allégeance à des gens qui pouvaient restituer par magie ce que la science m’avait offerte. Et tu ennuies beaucoup ces gens, Shad. Quand ils ont appris que tu retournais voir Élise, et que tu risquais de contrecarrer leurs plans, ils m’ont chargé de te surveiller. Dès que tu es entrée dans Koldoue, j’ai décidé de m’occuper de toi. »
Shad était dans le hall d’entrée d’un sinistre manoir abandonné. Il était très poussiéreux , et toutes les portes et fenêtres étaient closes. Toutefois, il n’y avait pas qu’elle et Charlotte, car des Arachnistes étaient également là, leurs corps hideux dissimulés derrière leurs bures et leurs capuches.
« Ta copine Médonée se trouve à l’étage. Elle a refusé de cracher le morceau, mais, si elle me voit te torturer, peut-être que ça déliera enfin sa langue... »
Un sourire cruel émergea sur les lèvres de Charlotte, et un sifflement se fit entendre au-dessus de Shad, qui fut soudain hissée au plafond par un filament de toile qui se planta sur les épaules, et l’amena ainsi très rapidement à l’étage, le long d’une grande et élégante mezzanine. Charlotte grimpa à son tour, retrouvant Shad près d’une ancestrale table posée là, à l’entrée d’un couloir. Là, deux Arachnistes firent irruption, tenant chacun les bras d’une femme à la peau blanche, très affaiblie, recouverte d’un châle blanc froissé, et qui fut balancée au sol sans ménagement.
Médonée (http://img110.xooimage.com/files/b/8/6/m-don-e-51287ea.jpg).
Et elle avait visiblement bien changé, physiquement parlant, depuis la dernière fois que Shad l’avait vu...
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« Attends. Quoi ?! »
L’Okami cligna des yeux, quelque peu surprise, observant le médaillon qui se balançait devant elle. Cette femme venait elle de l’accuser qu’elle mentait et que c’était Elise qui l’avait envoyé retrouvé Médonnée ? Niveau information, Charlotte avait des progrès à faire. Dans tous les cas, la Lycane eut à présent deux confirmations. Cette femme araignée détenait entre ses griffes Médonée et était effectivement à la recherche de l’Elise qui dirigeait la Forêt des Toiles. Quant à en savoir la véritable raison, la Louve ne se faisait pas d’illusion. Puis, les fils de soie qui l’enserraient la libérèrent, la faisant choir sur le sol. Les muscles endolories, la Terranide ne put se rattraper et chuta face en avant sur le sol, émettant un grognement sous l’impact. Elle releva la tête, du sang coulant un peu de ses narines, regardant Charlotte.
« Merde. »
Pas de magie, un corps faible et face à un ennemi qui avait toute ses capacités…La Terranide avait l’amer impression de n’être qu’un louveteau sans défense. Elle suivit Charlotte du regard pendant qu’elle tentait tant bien que mal de se relever. Ses muscles étaient lourds, pesant et à chaque mouvement, la Lycane avait l’impression d’avoir d’énormes poids sur elle. La vision que lui offrait sa geôlière n’était également pas des plus plaisantes car la Terranide assista en direct à un funeste repas. D’un côté…Elle n’allait pas la blâmer sur le fait de manger, mais c’était sa façon de faire….manger ses proies vivantes était un acte odieux. Son regard azuré croisa celui de Charlotte qu’elle interpréta aisément comme une sourde menace. Même si elle était en partie libre de ses mouvements, l’Okami était belle et bien prise dans sa toile et était sur le coup vulnérable.
Charlotte Witter redescendit rapidement après son repas, ne manquant pas d’attraper la Terranide par la nuque et de la renvoyer violemment au sol. Ses membres ne réagissant pas comme elle le voudraient, elle ne put amortir sa chute et sa respiration fut coupée lorsque que son corps percuta de nouveau le sol. Toussant, elle cracha du sang avant d’être soulevée apr des filaments de soie. Et de nouveau, elle eut quelques informations. La première était que la white Elise et que les Arachnistes étaient intimement liées, mais cela, la Louve s’en doutait en réalité. La seconde était que cette Charlotte n’était plus aussi puissante qu’auparavant si elle avait perdu ses pouvoirs et que ces..gens devaient avoir une certaine main mise sur elle. Et pour finir, elle lui confirma la présence de Médonée dans ces lieux non sans lui promettre une gentille petite séance de torture.
Médonée…Voilà que la Terranide avait enfin réussi à trouver où elle éait mais…à quoi bon à présent ? Sans pouvoir, sans armes, avec une mobilité réduite que pouvait-elle donc bien faire ? Des fils de soies la hissèrent vers l’étage et la fit suspendre au plafond, bientôt rejoint par Charlotte Witter Quelques secondes plus tard, deux ignobles Arachistes qui lancèrent un corps sur le sol. Les premières secondes, la Terranide ne reconnut par Médonnée. Elle avait…grandement changé. Mais son odeur restait la même et c’est cela qui lui permit de confirmer son identité. La suivante d’Elise était en piteux état et avait déjà dû subir pas mal de séances de tortures dans l’objectif de lui faire cracher le morceau. Et au vue du caractère de Charlotte, la Lycane se doutait bien que ces séances n’avaient rien de plaisant. Elle se doutait parfaitement bien qu’elle allait passer un mauvais quart d’heures. Par « chance » ce n’était pas la première fois qu’elle allait se faire torturer et avait donc acquis une certaine résistance à cela….Restait juste à voir combien de temps cette endurance allait durer.
Dardant son regard dans celui maléfique de Charlotte, la Lycane ne put qu’attendre la suite des évènements. Oui elle ne risquait pas de rester de marbres et allait même peut être crier mais pouvait-elle seulement donner une information qu’elle ne possédait pas ? Son regard se posa par la suite sur Médonnée. Si elle savait où était Elise et qu’elle avait réussi à garder le secret jusqu’ ici, elle ne devait pas craquer à présent. Son secret devait rester scellé, malgré ce qu’elle allait voir. Le seul positif à tout ce qui arrivait ? Rien ne semblait montrer qu’Aoife avait été vaincu mais rien aussi ne confirmait qu’elle était encore en vie.
Et entre les griffes de Charlotte, les yeux de l’araignée ornant le médaillon d’Elise se mirent à luire légèrement, presque imperceptiblement d’une couleur cramoisie.
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« S-Shad ?
- Shad, oui, Shad ! Ne feins pas de croire que tu ignoires sa présence, je sais que tu l’as appelé, sûrement greâce à ce médaillon ! »
Sonnée, fatiguée, Médonée avait des traces de blessures sur le visage, et releva la tête. La délicate prêtresse qu’elle était jadis, et qui marchait pieds nus dans la Forêt des Toiles, en sentant les araignées glisser sur son corps, avait subi une étonnante mutation. Elle semblait particulièrement plus puissante, avec des yeux luminescents, et quatre paires de pattes arachnéennes élégantes, mais dont plusieurs avaient été tordues.
Médonée clignait des yeux, hébétée, et Charlotte la fouetta au visage avec l’une de ses pattes, lui faisant cracher du sang, l’étalant sur le sol.
« Maintenant, ça suffit ! Où est Élise ?!
- Je... Je ne la trahirai jamais ! »
Charlotte grogna, furieuse, puis se retourna vers Shad, et, soudain, les toiles qui la restreignaient se crispèrent encore plus fortement sur elle, la faisant hurler de douleur. Chaque toile devenait aussi coupante qu’une lame de rasoir, entaillant presque l’intégralité de la chair de Shad, et, plus cette dernière se tortillait sous l’effet de la douleur, qui entraînait d’irrémédiables crispations musculaires, et plus la douleur semblait grande.
En voyant ça, Médonée se redressa brusquement, ses pattes se crispant, mais un Arachniste la saisit au visage.
« A-Arrête ça !!
- HAHA ! La grande et pure Médonée... Tu es entrée dans une chrysalide pour devenir celle que tu es maintenant afin de transformer ta pureté en un art martial, mais tout ça n’a rien changé... Au fond de toi, tu restes toujours cette jeune femme qui se bat pour son prochain, sans considération pour les dangers et les risques qu’elle-même prend, mais incapable de supporter le fait de faire souffrir d’autres personnes !
- Arrête, Shad n’a rien à voir avec ça !
- Alors qu’elle porte votre blason ?! Ne te fous pas de moi ! Et puis, quand bien même... Ce n’est pas moi qui suis responsable de sa souffrance, c’est TOI ! Alors, pour la dernière fois... OÙ. EST. ÉLISE ?! »
Et la douleur reprit, et Médonée serra les dents, furieuse, furieuse contre Charlotte, mais aussi furieuse contre son impuissance. Shad... Elle ne l’avait évidemment pas oublié. L’Okami avait sauvé la Forêt de Brahmin, et était une proche amie. Mais Élised était sa Reine, sa Déesse. Médonée se mit à pleurer, incapable de soutenir les hurlements de douleur de Shad. Même le talisman, qui brillait, ne servait à rien. Charlotte ricanait, souriant.
« Tu crois que je vais arrêter de la torturer parce qu’elle t’est précieuse, hum ? Tu te trompes... N’oublie pas tous les villageois que j’ai tué, et auxquels tu tenais énormément...
- Je... Sale monstre, arrête ça !! »
Charlotte éclata encore de rire, et Médonée pleura encore, crispant ses mains sur le sol. Elle secoua finalement la tête, et la releva.
« OKAY ! Je t’y conduirai, mais... Pitié, arrête, arrête ça ! »
Un sourire ravi éclaira les lèvres de Charlotte... Qui maintint encore le cocon en place pendant quelques secondes, avant de le relâcher. Médonée se précipita alors vers elle, et l’agrippa entre ses bras, déposant un baiser sur son front.
« Oh, oh ma petite Shad, je... Je suis désolée, ma chérie, je... J’aurais espéré te revoir en de meilleures conditions... »
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Lorsque le cocon se resserra autours de son corps, la Lycane tient bon, serrant les crocs, ne voulant offrir à Charlotte le plaisir de l’entendre crier. Les fils de soies se resserraient toujours de plus en plus, rendant tout mouvement difficile à réaliser. Une simple étreinte aurait pu être une mauvaise expérience à passer mais c’était sans compter que la constriction n’était que le début. Les fils de soies au début souple mais rigide se virent munir de multitudes de lames qui entaillèrent la peau de la Terranide. Sous l’effet des premières coupures, la Lycane écarquilla les yeux, sentant ses multiples lames lui entaillaient la peau. Tentant de faire fit de la douleur elle hurla à l’attention de Médonnée :
« Ne dis rien ! Elle ne doit pas savoir ! »
Mauvaise idée. Car la Terranide eut la sensation que les fils de soies entamèrent un mouvement de gauche à droite ce qui eut pour effet d’accroître l’ampleur des taillades. Du sang se mirent à tâcher et à chaque mouvement convulsif de la Lycane, un mouvement instinctif pour se libérer de cet étau de malheur, la soie dentelée ne manquait pas de lui offrir une nouvelle tournée de douleur. Et bien qu’ayant tenté de résister le plus longtemps, l’endurance de l’Okami atteignit ses limites et des cris de douleurs emplirent la salle. Des cris qu’elle ne pouvait retenir et que son corps lançait pour résister au mieux à cette taillade. Le sang qui tâchait le cocon se mit également à tomber vers le sol, proche de Médonnée.
Etait-ce ce dernier point qui l’avait forcé à capituler ? Dans tous les cas, Charlotte Witter avait obtenu ce qu’elle voulait et après quelques secondes, le cocon qui emprisonnait la Lycane s’ouvrit la laissant choir sur le sol. Son corps enfin à l’air libre, on pouvait noter de nombreuses entailles situées sur toute la surface de son corps, seul le visage qui avait été à l’air libre était épargné. Par ailleurs, même si le sang était présent en bonne quantité, la vie de l’Okami n’était pas menacée. Levant les yeux vers Médonnée, elle détourna son regard, honteuse. A cause de sa faiblesse, son amie avait dû capituler et offrir à Charlotte Witter ce qu’elle désirait.
Et pour cela, la Terranide s’en voulait énormément. Tournant de nouveau son regard vers Médonnée, elle plongea ses iris azuré dans ceux d’un éclat magique de son amie. Ses oreilles lupines dirigeaient vers l’arrière, elle prit une inspiration et posa l’une de ses mains sur son épaule afin de l’utiliser comme d’un appui et se relever. Mais son corps était actuellement bien faible et tenir debout était source de tremblement et d’effort. Et ce n’était sans compter la poigne d’un Arachniste qui n’hésita pas à la saisir par la nuque et l’envoyer fortement vers le sol.
Les griffes de la Terranides créèrent un sillon sur le sol. Quelle plaie d’être autant à la merci d’un adversaire ! Elle n’avait pour l’heure ni pouvoir, ni arme et son corps refusait de lui obéir correctement. Dans une telle situation, la Louve aurait préféré mourir que d’être ainsi autant humiliée. Et à présent, cette Charlotte Witter allait atteindre son objectif : Etre conduite auprès d’Elise et tout cela par sa faute. La Lycane ferma les yeux, restant cependant toujours consciente, mais étant trop affaiblie pour maintenir ses yeux éveillés. Quelle plaie….
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Charlotte ne pouvait pas quitter son repaire si facilement, car elle et ses Arachnistes n’étaient pas vraiment discrètes. Shad et Médonée furent enfermées toutes les deux dans une chambre à l’étage. Impossible de s’échapper par les volets, qui étaient bien verrouillés, et deux Arachnistes montaient la garde. De plus, Shad était grièvement blessée, parcourue de contusions et d’ecchymoses. Dès que les deux femmes furent seules, Médonée entreprit de poser ses mains sur les épaules de Shad, et commença à user de sa magie blanche pour la soigner.
« Reste avec moi, Shad, je t’en prie... »
Médonée usait de ses sortilèges, non pas pour altérer le venin en elle (ce qu’elle ne pouvait d’ailleurs pas faire), mais pour aider ses plaies à cicatriser. Le corps de Shad se mit à faiblement remuer. Elle gisait dans un état proche de l’inconscience, mais revient peu à peu à elle... Et se mit à toussoter bruyamment, signe qu’elle allait bien. Médonée se permit alors de soupirer de joie, et se recula un peu, pour lui laisser le temps de respirer, et de reprendre des souffles.
Et, quand Shad se redressa un peu, Médonée ne put, malgré l’urgence du moment, refréner un antique sentiment de joie, et s’empressa de saisir fermement Shad dans le creux de ses bras.
« Oh, Shad, ma petite Shad, je suis si heureuse de te revoir ! »
Elle déposa un baiser sur ses cheveux, tout en plaquant la tête de Shad contre ses cheveux, puis lui adressa ensuite un nouveau sourire. Les yeux de Médonée avaient cessé de luire, signe qu’elle n’utilisait plus sa magie, offrant à Shad de superbes yeux bleus. Assez rapidement, l’heure des questions se posa. Qu’était-il arrivée à Élise ? Pourquoi les araignées avaient-elles décidé d’attaquer les humains ? Et comment Médonée était-elle devenue... Ce qu’elle était ?
Cette dernière lui sourit, et s’adossa contre le mur, prenant néanmoins Shad pour la blottir contre elle, et la câliner, prétextant qu’elle faisait ça pour soigner encore un peu l’okami des dernières blessures qu’elle pouvait encore être susceptible de ressentir.
« Tu te souviens du combat contre Brahmin, n’est-ce pas ? Eh bien... C’est peu après la chute de son attaque et sa mort que les choses ont commencé à dégénérer. Nous avions acquis la conviction que Brahmin avait été soutenu par les Hamleigh pour se débarrasser de nous, mais nous ignorions l’ampleur de la machination. Les Hamleigh ne veulent pas juste renverser Élise, mais conquérir le pouvoir, et dominer le royaume. Nous avons découvert que Brahmin et eux s’étaient alliés avec les mêmes personnes... La Monarchie de la Rose. »
Un nom qui ne devrait pas signifier grand-chose pour Shad. Pourtant, elle s’était déjà heurtée, sans le savoir, par trois reprises aux séides et aux conspirations de la Monarchie : dans la Forêt des Toiles tout d’abord, contre Brahmin ; ensuite, contre Oswald Mandus à Nexus ; et, enfin, au réveil d’Hastur en Enfer.
« La Monarchie est dirigée par l’être le plus abominable qui soit, Shad, une créature aussi malveillante que puissante, aussi terrible que cruelle. Un monstre qui ne connaît aucune limite, aucune restriction... Et nous avons appris que l’araignée qui avait jadis mordu Élise était l’une des siennes. Ma Reine avait toujours pensé que l’araignée l’ayant transformé venait de la Fourmilière, mais il s’est avéré que ses origines sont encore plus sinistres. En la mordant, cette araignée a transmis l’ADN de cet être, faisant d’elle sa fille, mais, quand il a constaté que nous nous refuserions à le suivre, il a créé une deuxième Élise. »
White Élise, autrement dit.
« Je ne sais pas si tu as entendu parler de lui... C’est le Roi Cramoisi. J’ai cru comprendre que tu avais rencontré l’un de ses agents à Nexus... Oswald Mandus. C’est exact ? J’ai entendu parler de cette histoire, de sa tentative de putsch, et certains disaient qu’une Terranide-louve était impliquée. Et, comme Élise avait senti son talisman se déclencher du côté de Nexus... Je me dis que tu as dû vivre de terribles aventures, toi aussi ! »
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La magie blanche…La Lycane était en train de la bénir intérieurement, sentant les soins curatifs réparés les séquelles de son corps. Ses plaies se mirent à cicatriser et ses muscles ankylosés devinrent moins rigides. Pourtant, l’Okami était encore loin de pouvoir danser la polka. Le poison était toujours présent dans ses veines et la rendait aussi inoffensive qu’un agneau. Elle ne protesta ainsi pas quand Médonée la serre contre elle et se mis à la câliner prétextant le fait de lui fournir encore quelques soins. Pourtant, la Lycane sentait parfaitement que la magie blanche n’était plus diffusée mais elle n’en offusqua pas, son appendice caudal battant faiblement de gauche à droite. Elle écouta tranquillement Médonée frissonnant à l’énonciation du Roi Cramoisi.
« Pour sûr que j’en ai entendu parler…Et oui j’ai rencontré Oswald Mandus et son odieux abattoir à Nexus…Mais ce n’est pas le seul séide du Roi Cramoisi que j’ai rencontré…Il y’a aussi eu ce champion et ce…Flagg…. »
Avec Brahmin ça montait le nombre de personnes liés au Roi Cramoisi que la Lycane avait rencontré à quatre. Six si on comptait désormais Charlotte et White Elise. Ne disant rien pendant quelques secondes, la Louve tourna quelques secondes son attention vers la porte. Est-ce que les murs avaient des oreilles ici ? C’était fortement probable mais après ? Elles ne pouvaient pas rester muettes, d’autant plus qu’avec tout ce qui se passait et les risques qui pesaient sur le Royaume pouvaient-elles seulement se permettre de rester aussi muettes qu’une tombe ? Techniquement non. L’Okami reporta donc son attention vers son interlocutrice, plongeant son regard dans le sien, un bleu apaisant à regarder.
« Elise….Plus qu’être la « fille » du Roi Cramoisi, est encore plus importante que tu pourrais l’imaginer….A vrai dire après mon aventure aux Enfers avec le champion, Flagg et l’incantation d’Hastur, je devais retourner dans la Forêt des Toiles pour vous retrouver et…-elle marqua un petit temps d’arrêt, cherchant ses mots avant de finalement dire simplement – et convaincre Elise de rencontrer la Reine de Nexus… »
Elle eut un petit rire nerveux :
« Ca a l’air un peu insensé n’est-ce pas ? Demander à Elise de…quitter sa forêt et juste sur des paroles….Pourtant si on veut vaincre le Roi Cramoisi c’est ce qui devra être fait…Du moins, c’est ce que Lucifer m’a fait comprendre mais quant à savoir si c’est vrai ou faux…-elle soupira – je ne saurais le dire mais avec tous les récents évènements qui se sont déroulés j’aurais tendance à croire que …c’est le cas. »
Abaissant ses oreilles, la Louve continua :
« Tu n’aurais pas dû lui offrir ce qu’elle voulait… cette maitresse des Arachnistes ….Elle ne doit pas trouver Elise, tu aurais mieux fait de me laisser mourir, ma vie comparée à celle de ta Reine, à celle d’une personne pouvant arrêter tout cela n’est….rien. »
Et c’était là la sensation qu’elle avait. Bien sûr toute vie était importante mais à choisir entre celle d’une Immortelle pouvant mettre fin au règne du Roi Cramoisi et donc au Premier Né et celle d’une simple Terranide….le choix était vite fait. Pourtant, elle esquissa un petit sourire, grimaçant un peu de douleur quand elle bougea légèrement le haut de son corps.
« Mais…merci…Dans mon état je ne pourrais pas vraiment t’être utile, et je ne possède même pas de sort de soin….Ce venin est une véritable plaie….. »
Et pas qu’un peu ! La Terranide savait également qu’elles n’auraient que peu de temps avant le retour de Charlotte Witter et de ses sbires. Un éclat lumineux attira subitement l’attention de la Lycane qui indiqua la source à Médonnée : Le médaillon. Jeté dans la pièce où se trouvaient les deux femmes car ne présentant strictement aucun risque. Le saisissant entre ses doigts, la Lycane effleura l’araignée stylisée :
« Il …m’a beaucoup aidé dans le passé. A présent, il est vide de toute magie…-elle le remit autour de son cou- si au moins nous avions un moyen de la prévenir du danger imminent qui la guette même si je pense qu’elle doit déjà être au courant…. »
Elise ne pouvaient pas rester là où elle était les bras croisés à attendre, surtout si sa protégée avait été faite captive et torturée ! Mais dans ce cas…Où était-elle ? Entendant des bruits de pas qui se rapprochaient, la Louve souriait une dernière fois à Médonée :
« En tout cas…Même si ce n’est pas dans de bonnes conditions, je suis bien heureuse de te revoir aussi Médonée ..».
Même si elle avait bien changé depuis la dernière fois. Pour finir, elle alla se blottir tout contre elle, le regard dirigé vers cette porte close. Ne pouvant plus qu’attendre la suite.
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« Shad ! Comment peux-tu dire ça, ma chérie ?! »
Médonée semblait sincèrement scandalisée par ce que la Terranide venait de dire, et, pour éviter toute répartie, posa un doigt sur ses lèvres, avant de lui préciser ce qu’elle pensait :
« Toute vie est sacrée ! Tu ne peux pas te sacrifier pour une autre ! Élise n’accepterait jamais un tel troc, et je refuse que tu te mésestimes ainsi, Shad ! »
Bien qu’elle ait changé d’apparence, Médonée restait toujours, fondamentalement, la même, une prêtresse bienveillante et aimante, contrecarrant ainsi les aspects sombres de la personnalité d’Élise. Médonée la complétait donc, et ne pouvait pas tolérer le raisonnement de Shad. De plus, l’Okami avait accompli d’incroyables exploits. Elle avait vaincu Oswald Mandus, Brahmin, et rencontré Lucifer. Impressionnée, Médonée lui en demanda plus, notamment sur la Reine de Nexus, et Shad lui résuma plus en détail son séjour en Enfer. Lucifer, jadis l’Archange céleste, le Porteur de Lumière, s’était historiquement battu contre les Grands Anciens, et estimait que le Roi Cramoisi était lié à eux. Or, le Roi Cramoisi avait jadis été un Grand-Prince infernal, et, dans les tréfonds de son ancien fort, sommeillait une ville, une cité qui avait été utilisée pour réveiller Hastur.
Le Grand Ancien était sorti de sa prison, mais avait été renvoyé grâce au talisman d’Élise, ce qui surprit Médonée. Ce talisman était-il donc à ce point puissant ? Elle se fit rapidement la réflexion que, si le talisman avait pu bloquer Hastur, c’était parce que le sortilège ayant permis d’invoquer le Grand Ancien fonctionnait sur la même base magique que la magie arachnéenne d’Élise.
« Ma Reine dispose du sang du Roi Cramoisi, et son talisman aussi... C’est une très puissante magie, mais il est peut-être mieux que ce talisman ne fonctionne plus. C’est grâce à cette magie qu’Élise contrôlait ses araignées, mais, quand White Élise est apparue, nos araignées se sont retournées contre nous. »
Ce qui expliquait pourquoi Médonée avait été capturée. Elle avait aidé Élise à s’enfuir, et avait retenu les araignées dans une grotte, pendant que la Reine fuyait... Et, comme Shad, Élise avait refusé de partir. Il avait fallu que Médonée la pousse, et condamne le passage derrière elle.
Médonée sourit alors à Shad, caressant tendrement son visage, et déposa alors un baiser sur la commissure de ses lèvres.
« Ton histoire est fascinante, en tout cas... Je regrette de ne pas pouvoir t’aider à enlever ce venin, il est très particulier. Et je ne sais pas non plus ce que la Reine peut bien vouloir à Élise, mais... Au vu de notre situation, je pense que ma Reine ne pourra qu’accepter. Nous avons été trop confiantes après la chute de Brahmin, nous avons sous-estimé les Hamleigh, et, surtout, cru qu’il n’y avait que lui qui en avait après nous. Notre erreur a coûté la vie à bon nombre des habitants du Village des Toiles... »
La mine de Médonée s’assombrit un peu en repensant à tous ces morts. Elle soupira encore, et ferma les yeux, ne pouvant empêcher quelques larmes de rouler le long de ses joues. Shad lui avait parlé de la Prophétie des Immortels, une étonnante légende visant à réunir treize personnes pour venir à bout du Roi Cramoisi, Elena étant celle supposée les guider et les réunir. D’après Lucifer, Élise serait l’une des Treize. Était-ce possible ? Médonée, honnêtement, n’en savait rien, et en était au stade où elle ne pouvait qu’émettre des hypothèses.
Médonée soupira encore, et posa sa tête contre le mur.
« Élise... Je ne sais pas vraiment où elle est, mais... Tu dois savoir que tu n’es pas notre seule alliée, ma chère. Tu sais comment Élise a fait pour me transformer ? Après ton départ, après Brahmin, nous avons reçu une visite inattendue, une femme qui a pu déjouer sans encombre les multiples sortilèges d’Élise, et à obtenir une audience de sa part. C’est elle qui nous a expliqué que la magie d’Élise ne venait pas d’un quelconque gène formien, comme ma Reine l’avait toujours pensé, mais qu’elle venait du sang du Roi Cramoisi. Cette femme a décelé en moi un puissant potentiel magique, et a aidé Élise à réaliser un rituel, consistant à me mettre dans un cocon, pour me faire évoluer. »
Pour la jeune femme, il ne faisait aucun doute qu’Élise était allée se rapprocher de cette personne.
« Elle a un contact à Koldoue. Une sorcière... Car cette femme, vois-tu, est la Déesse des Sorcières. C’est elle qui est venue nous voir, pour nous dire que nous étions en danger... Sha. »
-
La Lycane écouta calmement Médonée, ne semblant pas réellement s’offusquer quand elle l’embrassa au niveau de la commissure des lèvres, elle se contentait simplement de ne pas interrompre la jeune femme, finissant cependant par avoir un petit rictus nerveux lors de sa dernière déclaration.
« Tu oublies un léger petit détail Médonée…Nous sommes coincées ici. Je ne peux presque pas bouger et je ne parle pas du fait que mes pouvoirs sont inhibés pour le moment quant à toi….Et bien si cette Charlotte a réussi à te maintenir captive aussi longtemps c’est bien que tu ne dois pas également être au maximum de ta forme….Cette sorcière dont tu parles, ce contact qui pourrait nous faire parvenir à Sha et par déduction à Elise…Je pense qu’il faudra attendre avant de pouvoir y songer… »
Un soupir lui échappa, voilà qui était bien contraignant, pourtant, un mince sourire s’afficha sur son visage et ses oreilles lupine se mirent à s’agiter doucement, comme pris d’une certaine euphorie.
« En tout cas, je suis bien contente de savoir Elise en sûreté. Si cette Sha est réellement la déesse des sorcières comme tu l’a si bien dis, dans ce cas, nous n’avons pas réellement grand-chose à craindre pour ta reine.- elle l’observa quelques instants avant de déclarer – au moins tu n’es pas immonde comme les arachnistes…J’aurais dû mal à t’imaginer avec des mandibules d’araignée au milieu du visage ! »
Médonée serait loin d’être aussi ravissante qu’à présent….Tournant son regard vers la porte faisant à la fois office d’entrée et de sortie, la Lycane émis un léger grognement. Il fallait qu’elles sortent d’ici mais…comment ? Elle lui fit part de la bague permettant d’invoquer le Diablotin mais mis rapidement le holà dessus. Car premièrement elle ne s’activait qu’avec la magie présent dans son propre sang, magie qui était pour l’heure inexistante et qu’elle préférait éviter d’en faire usage à chaque fois au risque de s’attirer l’ire du dit démon à être traité comme un chien qu’on appelerait à sa guise.
« Mais…Il y’a peut être quelqu’un….Je ne suis pas venue seule à votre recherche…J’étais accompagné par un chevalier de Nexus. Malheureusement, je ne saurais dire si à cette heure-ci elle est encore vivante ou non…La dernière fois que je l’ai vu, elle se battait contre l’un de ces arachnistes dans les égouts… »
Aoife….la Louve était presque certaine qu’elle était encore bien vivante, qu’un de ces montres n’avait pas pu lui faire passer de vie à trépas mais et si elle se trompait ? Si son corps gisait à présent dans l’eau croupie et sale des égouts ? Non, elle ne préférait ne pas y passer. Pourtant, elle n’avait aucun moyen de savoir le statut actuel d’Aoife…Et malheureusement dans le doute, mieux valait la compter comme morte pour ne pas compter dessus et se faire de fausses illusions. Tendant une de ses mains, la Louve effleura doucement l’une des pattes d’araignées de Médonée.
« …Quand tu as eu cette nouvelle apparence avec tous les pouvoirs qui en découlaient n’en as-tu pas eu qui te permettait de regagner de l’énergie ? Que je sois un peu plus faible ne changera rien pour moi mais si je pouvais t’aider à retrouver un peu de force pas n’importes quels moyens…..je doute que l’autre Elise et la maîtresse des Arachnistes nous laissent en paix encore longtemps.. »
En d’autres termes, le temps leur été compté.
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Élise avait de puissants alliés, mais encore fallait-il pouvoir les contacter... Et, sur ce point, le pessimisme était plutôt de rigueur. Médonée et Shad étaient toutes les deux prisonnières dans ces lieux, et Shad ne pouvait pas utiliser sa magie, à cause du poison que Charlotte avait distillé en elle. C’était cela qu’il ne fallait pas oublier ; Médonée avait certes des alliés puissants, mais ses ennemis l’étaient tout autant. Pour autant, elle savait, en son for intérieur, qu’Élise était encore en vie. Il fallait mettre fin à cette force d’invasion, et reprendre le contrôle de la Forêt des Toiles. En ce moment, c’était sûrement à cela qu’Élise s’échinait, car il n’y avait aucun autre moyen pour mettre fin à cette guerre. Les forces du royaume ne pourraient jamais repousser celles de White Élise, divisées et affaiblies comme elles l’étaient. La situation était très largement critique, et Shad lui demanda si elle n’avait pas un moyen de récupérer son énergie.
« Pas ici, non... Tu n’es pas la seule à avoir été empoisonnée par Charlotte, ma chérie. Néanmoins, je te confirme une chose... Je n’aurais pas aimé avoir des mandibules sur la tête. »
Fort heureusement, Sha avait aussi veillé à lui donner une meilleure apparence esthétique. Il se dégageait de Médonée une impressionnante beauté bestiale. Elle sourit à l’intention de Shad.
« Ne désespère pas, je suis sûre que ton amie est encore en vie. Un chevalier de Nexus ne peut pas se faire arrêter par ces créatures hideuses, n’est-ce pas ? Et puis... Comme je t’ai dit, j’ai, moi aussi, mes soutiens... »
Médonée savait que Charlotte ne les écoutait pas. L’arrogance de cette femme, c’était ce qui causerait sa perte. Sûre de sa victoire, et sûre de pouvoir maintenant retrouver Élise, elle avait dû s’empresser de partir prévenir ses maîtres, les informer de l’évolution de la situation. C’était donc l’occasion de révéler à Shad quelques informations supplémentaires.
« Il existe une chambre de sorcières dans le royaume... Un culte voué à Sha, et, avec la guerre, elles se sont regroupées à Koldoue. C’est elles qui protègent Élise. Mais ça, tu vois, c’est une information que Charlotte ignore, car elle pense qu’Élise est affaiblie et recroquevillée, seule et isolée. »
Est-ce que Shad verrait où Médonée voulait en venir ? Blessée, torturée, la prêtresse n’avait jamais cessé de perdre la foi, et avait visiblement développé, dans sa tête, une stratégie plutôt efficace.
« C’est elle qui va nous amener à Élise, Shad... Depuis le début, c’est ce que je veux, mais je ne pouvais pas parler trop rapidement, ou Charlotte aurait eu des soupçons. Je regrette que tu aies dû te faire torturer, mais... Crois-moi, nous allons pouvoir prendre notre vengeance sur Charlotte ! »
Depuis le début, Médonée n’avait eu qu’une envie : satisfaire les envies de sa tortionnaire. Elle voulait retrouver Élise ? Eh bien, Médonée n’en demandait pas mieux ! Que Charlotte la suive dans la gueule de la louve, et, toute aussi pacifiste qu’elle fut jadis, Médonée serait ravie de la briser sur place !
« Mais, pour l’heure, tu vas devoir faire sans ta magie, seule Élise, ou les sorcières de Koldoue, pourraient te soigner... Comme moi. »
Elle reprit ensuite sa respiration, et changea de sujet, en souriant légèrement :
« Tu as été en Enfer... Pour toi, ça, ça doit être une promenade de santé... »
Autant essayer, dans la mesure du possible, de détendre l’atmosphère...
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« Tu es….incroyable Médonée, fais-moi penser à ne pas être ton ennemie »
Et pour cause, malgré tout ce qu’elle avait pu endurer, la loyale servante d’Elise n’avait cessé de mettre en marche un terrible plan pour prendre Charlotte à son propre piège. Elle voulait la Reine des Araignées ? Elle allait l’avoir, mais loin de la femme recroquevillée et seule comme elle se plaisait à se l’imaginer. Non, si ce que Médonée disait était vrai, la maîtresse des Arachnistes risqueraient d’avoir une fameuse surprise. La lycane eut un petit sourire moqueur face à la dernière phrase dictée.
« J’ai vu bien pire que l’Enfer sur Terra si tu veux mon avis….Ne t’en fais pas pour ma magie, j’ai déjà connu pire avec moins de capacité qu’à présent, mais désarmée et affaibli je ne risque pas d’être fort utile…d’un côté pour ce que tu comptes faire, cela risque d’être un avantage. Je ne pense pas que le poison que Charlotte m’a distillé dans les veines durent éternellement et je devrais, je l’espère, retrouver plus de tonus dans les heures à venir. Mais je vais faire en sorte qu’elle pense que le poison est toujours actif afin qu’elle ne pense pas à m’en inculquer. Je peux me tromper et elle peut très bien le faire à sa guise mais dans le doute…mieux vaut essayer non ? Et puis, on n’y perd rien… »
C’était un pari risqué. Est-ce que le venin avait une durée limitée ? Est-ce que Charlotte allait lui en remettre dans les veines pour s’assurer de sa « docilité » ou n’allait-elle prendre ne considération que ce dont qu’elle voyait ? La Terranide misait sur le fait que cette femme était imbue et trop fière d’elle-même pour aller au-delà des apparences. Si elle était aussi confiante que Médonée le disait, ces points allaient également participer à sa chute.
« Ne t’en fais pas, je sais très bien jouer la comédie si besoin…C’est même le fait de me faire passer pour plus bas que terre qui m’avait permis de m’échapper d’un esclavagiste – un frisson lui parcouru l’échine lorsqu’elle y repensa – un lieu bien pire que l’Enfer…- elle regarda Médonée et lui sourit tendrement - une simple arme blanche pourrait déjà m’aider à faire pas mal de dégâts si mes suppositions sont exactes….maintenant….Nous n’avons plus qu’à attendre… »
Et elles attendirent, partageant quelques mots pour passer le temps jusqu’à cet instant fatidique, cet instant où Charlotte pensait enfin avoir la victoire au creux de ses mains. Comme elle l’avait supposé, l’état de l’Okami s’était nettement améliorée et même si sa magie n’était pas encore présente et qu’il lui faudrait l’aide des sorcières du culte de Sha pour la retrouver, elle était en mesure de bouger normalement. Et de ce fait, de se défendre si besoin avec les moyens du bord. Mais pour l’heure, la Terranide jouait le rôle de l’affaiblie, s’aidant de Médonée pour marcher, montrant les signes de faiblesses liés au poison que Charlotte voudrait voir. Un point qui fut aussi discutée entre les deux femmes.
La maîtresse des Arachnistes s’était entourée d’une petite dizaine de fidèles, prêts à tuer Elise. Sa sœur jumelle, White Elise, continuait ses attaques contre les forts des différentes cités, mettant les régions à feu et à sang. La nouvelle de la capture d’Elise lui était parvenue et elle était parfaitement sûre que la victoire était sienne, que ce n’était maintenant plus qu’une question du temps. Plus qu’une question de temps avant que le piège de Médonée ne se referme sournoisement contre Charlotte et ses sbires. En pleins milieu de la nuit, le groupe incongru parcourait les rues de Koldoue. Grommelant intérieurement, la Lycane n’avait pas songé que ses mains seraient liées derrière son dos par d’épais fil de soie gluante. Bha peu importe ! Une surprise de taille les attendait de toute manière. Puis, le groupe se stoppa devant une massive dans une impasse. Une simple maisonnette qui de base n’était pas vouée à attirer l’attention. L’endroit où se terrait seule et apeurée Elise. Prise d’une confiance sans borne, la maîtresse des Arachniste ordonna à un de ses fidèles de défoncer la porte avant de pénétrer dans la gueule du loup.
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Elles durent attendre jusqu’à la tombée de la nuit. Impossible pour Charlotte de se déplacer en plein jour, et, même de nuit, les rues étaient étroitement surveillées. Un parfum de révolte soufflait à Koldoue. La ville était au bord de l’implosion sociale, devant faire face à un afflux considérable de réfugiés, avec toutes les conséquences négatives qu’on pouvait imaginer. Difficile d’accueillir un tel flux de population, de gens désespérés, désœuvrés, affamés et ruinés, qu’on parquait dans des dortoirs, ou dans des camps de fortune aménagées dans de grandes places. La garde était au bord de la rupture, et Charlotte voulait en finir avec Élise.
Ce soir, elle était donc particulièrement enjouée, mais n’avait pas remisé sa vigilance au vestiaire, avançant prudemment le long des ruelles, évitant autant que possible les grandes rues, tout en maintenant Shad et Médonée prisonnières. La priorité était de ne prendre aucun risque, et c’était bien à ce titre que Charlotte avançait prudemment. Médonée, quant à elle, n’était pas idiote. Tenter de prévenir la garde, ce serait aller de Charybde en Scylla, car, avec ses pattes arachnéennes, la jeune femme aurait rapidement été accusée d’être une Arachniste.
Elle guida ainsi le petit groupe jusqu’à un quartier populaire, près du port. Koldoue était bâtie le long d’un fleuve, et son port se composait donc de deux rives, longeant le fleuve, avec une série de ponts permettant de rejoindre les rives. Le groupe se rapprocha donc du port, évitant soigneusement les quelques auberges où des bruits se faisaient entendre, filant le long d’entrepôts silencieux, plongés dans la pénombre.
« On approche ?
- Tu le verras par toi-même...
- Tâche de ne pas me faire perdre mon temps, petite sotte, ou tu sais ce qu’il en coûtera à Shad ! »
Médonée n’ajouta rien, devant toujours donner le rôle d’une femme forcée. Elle avança entre deux entrepôts, remontant une ruelle étroite, qui conduisit à une impasse, avec plusieurs portes fermées. Médonée désigna de la tête une porte, et Charlotte sourit, puis fit signe à un homme de l’ouvrir. Ce dernier obtempéra, et, assez rapidement, fractura la porte, donnant sur une petite cour d’entrée avec un seul arbre, et une porte derrière, menant sur un immeuble de trois étages. L’Arachniste s’avança en premier, tandis que Médonée attendait.
Le temps sembla se suspendre, et, quand l’Arachniste força la porte, il déclencha un mécanisme de défense, somme toute, assez classique. La poignée de la porte était reliée à un fil suspendu qui se détacha, déclenchant l’ouverture d’une trappe piégée, qui se redressa au milieu du salon, crachant une série de pieux acérés, qui transpercèrent la monstrueuse bête, l’envoyant s’écrouler sur le sol dans un hurlement de douleur.
« Quoi ?! »
Des rideaux de feu jaillirent alors à l’entrée de l’impasse, bloquant cette dernière, pendant qu’une silhouette se téléporta juste devant Charlotte, et la repousdsa à l’aide d’un sort d’Air, envoyant valdinguer la femme dans un grognement de colère. Cette dernière se fracassa sur le sol, et, devant les yeux de Shad et de Médonée, une nouvelle protagoniste venait d’apparaître : Scybilla (http://img110.xooimage.com/files/4/d/5/b895c292b57fb246d...20a29957-5159744.jpg), la sorcière de Sha à Koldoue.
« Allez, dépêchez-vous, rentrez !! »
Elle tendit ses mains, et envoya des arcs électriques qui contournèrent efficacement Shad pour frapper ses geôliers, lui laissant ainsi le temps de se réfugier dans la maison...
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Le piège s’était refermé comme convenu sur Charlotte et ses sbires. Profitant de la distraction lancée par la sorcière de Koldoue, la Terranide bouscula d’un coup d’épaule l’un de ses geôliers, courant en compagnie de Médonée vers la maison. Les mains attachées dans son dos, elle trébucha un peu en avant, manquant de se vautrer sur le sol, mais utilisa sa queue lupine pour garder son équilibre et continuer de plus belle. Il ne leur fallut guère longtemps pour atteindre leur objectifs, des cris d’agonis se faisant dès lors entendre au dehors. Mais cela, l’Okami ne se préoccupa pas, elle se rendit auprès de Médonée et lui tourna le dos, lui présentant ses mains liées.
« Tu pourrais avec tes pattes d’araignées ? »
Une fois libérée, l’Okami détacha également les liens de son amie, frottant par la suite ses poignets, portant son regard vers la porte et donc vers l’extérieur. Quid de Charlotte ? Etait-elle entrain de combattre ? Avait-elle pris la fuite, bouillante de rage d’avoir été ainsi dupée ? Impossible de savoir pour l’instant. De plus cette sorcière qui était venue, avait-elle était reçu quelques renforts ? Ou s’occuper t’elle toute seule de ces quelques importuns ? Haussant les épaules, la Lycane se mis à observer l’intérieur de la maison, qui n’affichait en réalité rien de spécial. L’intérieur semblait tout à fait banal, avec ici et là quelques ustensiles de cuisines, deux trois livres, quelques bougies brûlant au fond d’une pièce….Rien qui pourrait faire penser aux premiers abords à un antre de sorcière.
« A moins qu’il y’ait un sort d’illusion, je ne pense pas que ce soit là où elle se trouve réellement, n’est-ce pas ? »
Non, pour la Terranide, Elise et le reste des sorcières étaient autre part dans Koldoue, mais où exactement ? Tendant l’oreille, elle nota que les bruits de combat au dehors s’était tut et peu de temps après, Scybilla fit son entrée. Instinctivement, la Lycane sut qu’il ne valait mieux pas l’énerver au risque de recevoir son ire destructeur en guise de réponse. Cependant, l’Okami savait que Médonée était connue pour être la suivante d’Elise, sa prêtresse mais qu’en était-il de sa personne ? il était vrai que Scybilla n’avait nullement dirigé ses arcs électriques vers elle, ce qui laissait supposer qu’Elise avait pu les prévenir de qui elle était et….Elle chassa bien vite ses pensées de sa tête.
Pour l’heure, Médonée et elle n’était plus entre les griffes de Charlotte et elles pourraient bientôt être soignées. Et ça, c’était le plus important. De plus, une fois que la Terranide serait remis en forme, elle comptait bien partir à la recherche d’Aoife..et récupérer ses affaires par la même occasion. Un sort de rappel….Voilà ce qu’elle devrait demander dans l’urgence, cela lui éviterait ces inconvénients, pénibles à la longue…Préférant garder le silence pour l’instant, elle n’attendait pas moins une indication sur la suite à venir, étant prête à répondre à toute éventuelle question.
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Médonée et Shad se retrouvèrent dans l’entrée de la maison, comprenant un couloir menant à un escalier, et un salon sur la gauche. C’était une simple maison de banlieue, qui semblait apparemment vide. Libérant Médonée à l’aide de ses pattes d’araignées, Médonée se déplaça un peu, allant dans le salon. Les bibliothèques étaient vides, poussiéreuses. En réalité, la maison semblait totalement abandonnée. Quand on savait que la ville connaissait une crise de réfugiés, Médonée se doutait que, tôt ou tard, la municipalité viendrait réquisitionner cette maison, mais, pour l’heure, elle servait visiblement de repaire aux sorcières. Dehors, on entendait des hurlements et des coups sourds. Les sorts magiques faisaient vibrer les murs, et de la poussière tomba à plusieurs reprises du plafond. Il fallut encore attendre quelques secondes, avant que la situation, dehors, ne se calme, et que la puissante sorcière ne débarque dans le salon.
« Vous avez réussi à les repousser ?
- Oui... Provisoirement. Mais le temps nous est compté. Mes pièges magiques ne fonctionneront pas une seconde fois, et elle va revenir. Il nous faut partir.
- Élise n’est pas ici, alors ?
- Non... Mais elle a hâte de vous revoir, toutes les deux. C’est ma maison, ici, précisa-t-elle. Mais, avant de vous amener dans notre refuge, il va falloir que je purge votre organisme du poison de Charlotte. Autrement, elle pourra vous pister. »
Médonée ne pouvait qu’acquiescer. De toutes les manières, plus vite elles se débarrasseraient du venin dans leurs veines, et mieux ce serait. Difficile de dire quelles pouvaient être les conséquences de cette toxine, mais elles n’étaient sûrement pas bénéfiques. Se débarrasser de ce poison était donc une chose primordiale pour Médonée, qui suivit donc la jeune femme à l’étage. Elle leur expliqua en chemin s’appeler Scybilla, et être la sorcière supérieure du sabbat de Koldoue.
Elles arrivèrent à l’étage, où Scybilla avait un petit laboratoire alchimique, qu’elle alluma rapidement, à l’aide de la magie, faisant chauffer les becs Bunsen, et préparant ensuite l’ensemble. À l’aide de la télékinésie, elle faisait flotter les éprouvtetes, mélangeant des substances avec d’autres.
« Est-ce que ça va prendre longtemps ? s’enquit Médonée.
- Non... Mais Charlotte ne va pas tarder à revenir. Elle n’a pas que les Arachnistes à sa botte, mais aussi de multiples bandes et autres gangs locaux. »
Scybilla était visiblement aussi belle que rigide, parlant peu, et ne cherchant pas spécialement à rassurer le duo. Médonée, pourtant, mourait d’inquiétude pour Élise, et avait une envie furieuse de demander à Scybilla où elle se trouvait, et si elle allait bien. Des bruits se firent alors entendre venant du jardin, et Médonée s’approcha d’une fenêtre, pour froncer les sourcils. Dans la cour d’entrée, comme Scybilla l’avait supposé, elle vit une dizaine d’hommes portant des torches et des armes blanches approcher, les deux tiers portant des capuches recouvrant leurs visages.
« Ils n’ont pas traîné...
- La maison dispose de runes de protection, mais elles ne tiendront pas éternellement. Le cas échéant, il vous faudra défendre les lieux. »
Scybilla tendit sa main vers un placard dans un coin, qui s’ouvrit instantanément, révélant une série d’armes entreposées dedans. Il y avait quelques coutelas, des haches, des marteaux...
« Choisissez. »
Médonée resta silencieuse pendant quelques secondes, avant d’entendre des coups sourds en contrebas. Les bandits étaient en train d’attaquer la porte d’entrée avec de lourdes haches, faisant flamboyer le bouclier défensif. Néanmoins, à chaque coup, ce dernier s’amenuisait. Médonée, quant à elle, après avoir brièvement observé les armes, se retourna vers Shad.
« Je ne sais pas manier ce genre d’objets. Je vais me battre avec mes pattes arachnéennes pour ma part. »
Après tout ce qu’elle avait subi dans le manoir de Charlotte, et bien que n’étant toujours pas remise des sévices qu’elle avait subi, Médonée était néanmoins prête à se battre... Et ce parce que, de toute manière, elle n’avait pas spécialement le choix.
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En effet, Charlotte n’avait pas perdu de temps et voilà qu’elle avait déjà envoyé quelques sbires attaquer la maison de Scybilla. Une bonne dizaine d’hommes, pour la plupart encapuchonnés, pénètrent dans l’enceinte et se mirent à attaquer immédiatement le bouclier qui empêchait, pour l’instant, toute intrusion. Mais le bouclier n’allait guère tenir bien longtemps face à temps de hargne et ce fut plus par nécessité que par choix que Médonée et Shad furent invités à protéger les lieux, le temps que la sorcière termine son remède à l’aide de sa table d’alchimie. Peu de temps, cela lui prendrait peu de temps qu’elle disait….La Louve souffla, après tout, avait –elle seulement le choix ? Elle porta son attention vers les différentes armes proposées, prenant simplement deux épées à une main et une dague de bonne facture pour le combat rapproché.
« Je crois qu’on est loin d’être au mieux de notre forme….Autant faire gagner le plus de temps possible sans risquer nos vies pour rien… »
En d’autres termes, la Louve allait être plus sur la défensif, économisant le plus ses ressources. Mais, elle se doutait bien que leurs adversaires ne risquaient pas d’êtres que de simples humains et, voir des arachnistes tirant des fils de soies pour les engluer ne l’étonnerait absolument pas. D’autres secousses dans la pièce….Les runes de protections commençaient grandement à faiblir, mais chaque seconde gagnée était précieuse. Une autre secousse, plus violente cette fois, les runes étaient sur le point de céder. La Lycane se tourna vers Médonée :
« Allons y…. »
De la lassitude était palpable dans le timbre de sa voix. En effet, l’Okami n’avait nullement l’envie de se battre. C’est sans réelle motivation qu’elle rejoignit la porte d’entrée afin de défendre la bâtisse. Au même instant, la dite porte céda, laissant apparaître un homme au crâne rasé et tatoué d’étranges symboles. L’une des lames de la Terranides accueillit l’importun, tranchant net son crâne en deux. Le corps sans tête, chuta en avant et une flaque de sang se répandit sur le sol. Se mettant sur la défensive aux côtés de Médonée, la Lycane se mis à défendre du mieux qu’elle pouvait la maison de Scybilla.
Les secondes lui parurent des minutes et les minutes des heures….La sorcière de Koldoue leur avait dit que le remède ne prendrait pas longtemps mais quand des ennemis affluaient sans cesse, cette notion de « pas longtemps » semblait durer une éternité. La chose principale à faire était de bloquer par n’importe quel moyen la porte, afin de diminuer l’afflux d’ennemis. Et quoi de mieux que les cadavres de ces derniers ? Peu à peu, les corps qui tombaient sous les coups meurtriers des deux femmes formaient une sorte de barrière qui réduisait la mobilité de leurs assaillants.
« !! Attention ! »
Un fil de soie gluant venait d’être lancée en direction des deux femmes. Par réflexe la Lycane se baissa pour éviter de se retrouver bêtement entoilée mais cette diversion permis à un autre adversaire de gagner du terrain et de porter un coup de pommeau au niveau de son abdomen. Le soufflant coupé, la Louve cracha un peu de sang avant de saisir rapidement sa dague et de l’enfoncer dans la gorge de son ennemi, ce dernier étant suffisamment à porter pour cela. Un juron lui échappa et portant une main à son ventre, la lycane se mis à tousser. C’est qu’il avait taper fort le salaud ! Elle fut obligée de laisser Médonée gérer l’assaut pendant une bonne minute avant de pouvoir se rebattre à ses côtés.
Puis, soudain, sans que rien ne les préviennent, un sort de téléportation les mena vers un autre endroit….
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La maison de Scybilla n'allait pas résister plus longtemps. Médonée et Shad descendirent rapidement, rejoignant l'entrée. Elles eurent à peine le temps de descendre l'escalier que le bouclier explosa. La porte, elle, n'offrit guère de résistance, et Shad bondit sur le premier malandrin, le tuant d'une attaque rapide et violente, faisant couler le sang le long de la porte. Un bandit utilisa ensuite un sort, et lança une boule de Terre qui fit exploser la porte en mille morceaux, permettant ainsi aux autres d'avancer.
Jadis femme pacifiste, Médonée avait appris à se battre, et, quand les ennemis s'approchèrent, elle bondit brusquement en avant, et envoya son pied se loger dans la tête de l'un d'entre eux, à l'aide d'un puissant coup de pied retourné, l'envoyant heurter le mur. Un autre s'élança vers elle, en faisant tournoyer son fléau d'armes, et elle l'évita en bondissant sur le côté, puis le fouetta avec ses pattes, le repoussant violemment contre le mur.
« Ils sont nombreux... »
Ce fut tout ce qu’elle eut l’occasion de dire. S’équipant d’une épée, un autre zélote hurla vers elle. Les tatouages qu’ils portaient rappelait à Médonée ceux des Arachnistes, ce qui l’amena à comprendre que ces bandits n’étaient pas un simple gang de rue, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, mais des fanatiques... Probablement les larbins de la secte de Charlotte, appelés à devenir des Arachnistes en remplissant des missions et des activités. Autrement dit, ils se battraient jusqu’au bout, car ils étaient prêts à donner leur vie à cette folle.
Le zélote armé d’une épée manqua Médonée, qui se réfugia dans le salon, où il la poursuivit en hurlant, avant de tendre sa main, envoyant une boule de feu. Avec l’une de ses pattes, Médonée la coupa, puis elle bondit sur la table, s’élançant dans les airs, évitant à nouveau la lame, qui décrivit un mouvement circulaire au-dessus de la table. Les pattes de la femme-araignée fouettèrent l’homme au visage, perforant sa mâchoire, le balançant au sol dans des filaments de sang. Médonée se rétablit après ce glorieux salto pour voir un autre bandit l’attaquer, avec un fléau d’armes.
Les boules de fer s’abattirent violemment sur la table, et Médonée en tomba au sol. Elle fit une roulade, évitant l’attaque supplémentaire, puis bondit sur le côté, et frappa l’homme, encore avec ses puissantes pattes. Le coup fut tel que l’ennemi passa à travers la fenêtre, s’effondrant dans le jardin. Néanmoins, d’autres Arachnistes approchaient, et balancèrent des filaments de toile sur les fenêtres, arrachant ainsi les panneaux de bois qui en avaient condamné les accès, dans de multiples craquements. D’autres filaments jaillirent ainsi fusant autour de la jeune Médonée, la contraignant à fuir vers l’arrière précipitamment.
*Ça se complique ! Scybilla n’a toujours pas fini ?*
Plus le temps passait, et plus défendre la zone devenait difficile. Shad elle-même se retrouva attaquée par un ennemi, et Médonée bondit vers l’homme, empêchant ce dernier d’asséner à la Louve un coup fatal. Elle s’élança sur lui, et ses pattes le transpercèrent, l’empalant sur elle, puis elle balança le corps contre un autre ennemi. Dans le jardin, les Arachnistes continuaient à balancer des filaments de toile, et des archers venaient ensuite les soutenir, enflammant les toiles, déclenchant peu à peu un redoutable incendie.
« On monte, vite !! »
Médonée laissa Shad grimper l’escalier la première, elle-même restant un peu en retrait. Un ennemi se rua vers elle avec une épée dans la main, hurlant comme un dément, et elle posa ses deux mains sur son poignet, l’empêchant d’abaisser son arme. Néanmoins, l’homme la repoussa, et les chevilles de Médonée heurtèrent une marche, l’envoyant s’affaler sur l’escalier. L’homme en lâcha son épée, et posa une main sur sa gorge, cherchant à l’étrangler.
« Argh !!
- Meurs, salope ! Ton sacrifice... Est ce que la Reine requiert... »
La jeune femme grogna encore, et frappa avec ses ongles, qui poussèrent pour devenir des griffes acérées, dont elle se servit pour lacérer le ventre de l’homme. Il se mit à gémir, crachant du sang sur le visage de la femme, mais tint bon, ce qui l’amena à frapper encore, lacérant le corps de l’homme, jusqu’à pouvoir le repousser avec ses jambes. Il partit en arrière, heurtant le sol, et Médonée se redressa. Elle se retourna, cherchant à remonter, mais un archer réussit à la toucher, décochant une flèche qui l’atteignit dans le dos.
« Aaaaahhh... !! »
Dans un hurlement de douleur, Médonée trébucha à nouveau, mais essaya quand même de grimper vers le grenier. Les Arachnistes s’approchaient, pendant que l’incendie se répandait le long de la façade de la maison, mais aussi à l’intérieur. Médonée se rapprocha de Shad, et Scybilla les téléporta alors. Elles arrivèrent dans une sorte de grand hall, avec des piliers évoquant un temple, et, assez rapidement, plusieurs femmes se précipitèrent vers Médonée et Shad, tandis que Scybilla s’avança un peu.
« La flèche n’a pas atteint une zone sensible… Nous allons vous soigner toutes les deux. »
Et, pour ça, Scybilla utilisa encore des sortilèges, qui amenèrent Shad et Médonée à s’endormir toutes les deux.
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Si téléportation il y’avait eu, c’était que Scybilla avait terminé sa mixture et qu’à présent, Charlotte ne pourrait plus le suivre à la trace. Mais au vue des évènements qui venaient de se passer, la Lycane eut tout juste le temps de jeter un œil sur le lieu où elles étaient arrivées. Elle eut l’impression d’être dans un ancien temple mais déjà plusieurs femmes accouraient vers elles et surtout…Scybilla grâce à sa magie, les plongea dans un profond sommeil. Un sort particulièrement efficace dont la Lycane n’avait pu apposer aucune résistance, tombant comme une souche et étant à présent, ainsi que Médonée, entre les mains des sorcières servant Scybilla et par extension : Sha.
Quand elle se réveilla quelques heures plus tard, la Lycane se redressa sur le lit où elle avait été déposée, un fin bandage de lin autour de son abdomen. Finalement, le coup porter par son adversaire avait été plus violent qu’au premier abord. Sans doute des liaisons internes. Regardant autour d’elle, la Louve vit quelques femmes passer, l’une d’entre elle, remarquant qu’elle était enfin sortie de sa torpeur lui amena une tasse fumante. Anticipant sa question, la femme lui précisa qu’il s’agissait d’un remède, certes un peu amer, mais fortement efficace pour finir de soigner les blessures et pour retirer les derniers résidus du poison de Charlotte qui pourraient subvenir dans son organisme. Goûtant une gorgée, la Lycane afficha une moue dégoûtée. En effet pour être amer ça l’était ! Mais elle se fit violence et but petit à petit la boisson qui lui était proposée. Et malgré un coup infâme, les résultats étaient là. Petit à petit, l’Okami reprenait des forces, se sentant mieux de minutes en minutes.
Elle « dégusta » son thé seule avant de le poser contre le plateau prévu à cet effet, cherchant par la suite Médonée du regard. Elle n’était pas là. Etait-elle dans une autre pièce ? Ou était-elle déjà parfaitement rétablit ? Pour cela, il n’y avait qu’une seule façon de le savoir : Se lever et chercher la réponse. Sans attendre une seconde de plus, l’Okami sortit de son lit, portant sur elle qu’une simple robe de couleur ébène. Ses affaires étant sans doute rangées quelques part…Après tout, qu’elle fut dénudée pour les soins ne l’étonnait guère. Elle haussa simplement les épaules dans un léger soupir et se mis à marcher à travers les corridors.
Et quel lieu ! La magie palpitait dans chaque recoin, des incantations pouvaient se faire entendre ici et là, les adeptes des arts occultes pressaient le pas, tentaient divers sortilèges, perfectionnaient leurs arts. Prise d’un doute, la Lycane essaya un petit tour pyrotechnique. La simple flammèche qui naquit dans le centre de sa main lui apporta un soupir de réconfort. Refermant sa main, elle étouffa la flamme, ne laissant qu’une petite fumée noirâtre s’échapper de son poing fermé. Continuant de marcher, la Louve observait, cherchant la présence de Médonée ou de Scybilla.
Elle finit par s’arrêter subitement en passant devant une salle, se retournant pour voir apparaître dans son champ de mire, trois silhouettes qu’elle ne connaissait que trop bien. Et singulièrement, elle ne put retenir sa joie, se retrouvant en moins de quelques secondes contre Élise, la queue battante à tout rompre, heureuse et soulagée de voir que la Reine des Araignées se portait pour le mieux, faisant fi des personnes autour. Remarquant son geste, elle souffla un mot d’excuse et se recula, oreilles légèrement baissés sous la gêne qu’elle aurait pu occasionner. Mais elle ne demeurait pas moins heureuse.
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Sans trop de surprises, le refuge des sorcières se trouvait dans les souterrains de Koldoue, dans une ancienne crypte que les sorcières avaient réaménagé, en protégeant l’accès par des runes et des glyphes, dissimulant l’entrée derrière un mur factice, qui faisait office d’illusion magique depuis les égouts. C’était un refuge secret, abritant, depuis des années, le culte de Sha. Scybilla en était la gérante. Le lieu était sûr et protégé, même si, parfois, des monstres arrivaient à entrer. Pour l’heure, personne n’avait encore remarqué ce caveau, car Scybilla avait veillé à en supprimer les plans dans les registres cadastraux et les plans de la municipalité. De cette manière, la zone était protégée par le secret. Autant dire que Charlotte allait avoir bien du mal à remonter jusqu’ici.
Quand Shad revint à elle, elle tomba rapidement sur un trio. Il y avait Médonée, pleinement rétablie, Scybilla... Et Élise ! La Reine des Araignées était là, visiblement en pleine forme, et Shad alla se précipiter contre elle, avant de s’excuser... Mais, si elle levait la tête, elle pourrait voir un fin sourire orner les lèvres d’Élise.
« Oh... Moi aussi, je suis bien contente de te revoir, Shad. Médonée m’a raconté tout ce que tu as fait pour me retrouver, c’est... C’est impressionnant ! »
Élise était bien en vie. Cette fois, c’était bien elle, et non White Elise. C’était la vraie Reine, celle que Shad avait rencontré dans la Forêt des Toiles, et qu’elle avait aidé à vaincre Brahmin. Celle qu’elle devait retrouver pour la ramener auprès d’Elena Ivory, après son escapade en Enfer. La Reine lui souriait, continuant à la caresser, et relâcha ensuite le corps de l’Okami.
« Médonée m’a raconté que tu avais beaucoup voyagé. J’ignore s’il existe une autre Terranide sur Terra qui a pu faire des voyages aussi impressionnants que toi. Je suis heureuse et fière de t’avoir comme alliée, car, pour vaincre l’usurpatrice, il va falloir que nous mobilisions toutes nos forces.
- Nous avons purgé vos corps du venin de Charlotte. Elle n’a pour l’heure plus aucun moyen de vous retrouver. Ce lieu est sûr. »
La précision était utile pour rassurer tout le monde.
« Donc... J’imagine que tu as bien des questions, Shad, mais j’en ai aussi. Déjà... Comment vas-tu ? Et, ensuite... Tu as vraiment été en Enfer ? »
On pouvait presque lire de l’admiration dans la voix d’Élise.
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Contrairement à son habitude, la Louve se laissa cette fois enserrer et cajoler, ne disant rien, profitant juste de l’instant, sa queue battant tranquillement dans le vide. C’était comme si une grosse épine venait de lui être retirée du pied et elle ne pouvait que se délecter de cet instant. Enfin elle avait retrouvé Elise, la vraie et non sans mal ! Mais tout était loin d’être fini et la Reine des Araignées ne tarda pas à en faire la remarque. Il restait encore les usurpatrices qui en cet instant devaient remuer ciel et terre pour les retrouver. Se retournant vers Scybilla, l’Okami hocha simplement la tête en guise de remerciement avant de se reculer d’Elise.
« Je pense que Médonnée as dû te raconter ce que je lui avais déjà résumé pendant que je …dormais. Pour répondre à tes questions…Oui je vais bien, un petit tiraillement au ventre mais…rien de grave – elle se tourna vers la sorcière – merci pour les soins – avant de se retourner vers Elise –quant à ta dernière question. Oui, c’est vrai. »
Il était vrai qu’à bien y réfléchir, la Lycane pouvait se vanter d’être une des seules Terranides à ne pas rester cloitrer chez un particulier à satisfaire toutes sortes de désirs et plaisirs sexuels. Non, elle voyageait, laissant ses pas la guider aux travers des sentiers, faisant tout aussi bien des rencontres bénéfiques que sordides. Mais cela faisait partie des risques d’un tel mode de vie et..elle ne s’en plaignait pas. La découverte poussée par une certaine forme de curiosité accrue la poussait à découvrir toujours de nouvelles contrées. Mais pour l’heure, l’instant n’était pas au voyage et elle devait apporter certaines précisions à Elise.
« Donc…Oui j’ai été en Enfer, poursuivi par l’un des champions du Roi Cramoisi et aidée par Alastar Magoa … »
Et elle leur résuma toute l’histoire. La course poursuite avec le champion, son sauvetage par le Diablotin, sa dette qu’elle devait payer, sa rencontre avec différents généraux des Enfers et également Lucifer, son escapade dans l’un des anciens fort du Roi Cramoisi, l’ancienne cité et le portail d’où avait émergé Hastur grâce au médaillon d’Elise et pour finir ses récompenses octroyer par Onyxian Magoa pour avoir aidé les Enfers. Mais elle revint surtout sur un des points les plus importants pour cet instant :
« Quand je fus en Enfer, Lucifer m’a demandé de te retrouver et…de te convaincre de te rendre à Nexus afin d’y rencontrer la Reine Elena Ivory car ce serait elle qui pourrait rassembler les Immortels afin d’arrêter une fois toute cette folie. Et…TU es l’une d’entre elle. »
Les dés venaient d’être jetés. Certes, la Louve aurait pu y aller autrement, mais, sur le coup, elle avait préféré jouer la carte de la franchise et d’y aller directement.
« Cependant…Je pense que cela devra attendre encore un peu…Comme tu l’as dit, nous avons deux usurpatrices à combattre et une invasion à éradiquer. »
Cela semblait plus facile à dire qu’à faire ! La Lycane rajouta également :
« Il faudrait aussi que je parte à la recherche d’Aoife, depuis le temps, je ne sais pas si elle erre encore dans les égouts à combattre ces immondices… De plus peut être qu’avec son aide, nous pourrions disposer de plus d’hommes pour combattre Charlottes, White Elise et leurs araignées.»
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« Rejoindre Nexus ? Les Immortels ? »
Est-ce que le monde était devenu fou pendant son absence ? Elle, rencontrer la Reine de Nexus ? Pour quelle raison ? Sur le coup, on put lire, sur les yeux d’Élise, une franche et sincère surprise. Et, pour surprendre Élis,e il fallait tout de même placer la dragée haute. Shad dut encore lui réexpliquer ce qu’était l’histoire des Immortels. Une légende, concernant treize individus qui se fédéreraient autour de la Reine de Nexus, afin de vaincre le Roi Cramoisi. Tout cela ne disait pas forcément grand-chose à Élise, mais le Roi Cramoisi, en revanche...
Confuse, elle ne releva pas la remarque de Shad concernant Aoife, et s’avança un peu, plongée dans ses pensées.
« Le Roi Cramoisi... »
La Reine des Araignées laissa sa phrase en suspens, tout en se retournant de nouveau vers Shad, non sans jeter un bref regard vers Médonée.
« Quand l’autre Élise est venue... Elle disposait du même contrôle que moi sur les araignées. Et... »
Élise pinça les lèvres. Comme on pouvait s’y attendre, ses pensées étaient encore confuses. Elle avait perdu un foyer qu’elle protégeait depuis des années, car sa propre armée avait choisi de la trahir. Élise n’avait de « Reine » que le titre, désormais, et tout cela était lié à ce fameux, et non moins mystérieux, Roi Cramoisi. Qui était-il vraiment ? Et pourquoi est-ce que la simple évocation de cet être provoquait chez Élise un redoutable frisson de peur ?
« Je pensais que mes pouvoirs venaient d’une araignée infectée par les Formiens, Shad... Que c’était là la manière dont mon corps avait muté pour me permettre de contrôler ma communauté. Mais... J’avais tort. »
La femme-araignée avait eu le temps d’y réfléchir, et marcha encore un peu, continuant à déambuler, tout en exprimant le fil de sa pensée :
« L’araignée qui m’a mordu... Elle appartenait au Roi Cramoisi. Son venin a modifié mon sang, et a fait de moi la femme que je suis. Et, quand il a vu que je ne lui obéissais pas, il a envoyé White Élise. Elle est, d’un certain point de vue, mon clone... Mais, là où je suis une erreur de la Nature, un accident résultant d’une araignée qui s’est égarée, elle, elle a été créée pour me supplanter, et accomplir ce que j’étais supposée faire... Envahir ce royaume, répandre la mort et le chaos. »
Élise secoua la tête.
« Il faut trouver un moyen de la vaincre...
- Vous êtes la Reine légitime, répliqua Médonée. Si nous arrivions à améliorer les phéromones que vous émettez, je suis sûre que vous arriverez à reprendre le contrôle de vos araignées.
- Oui... J’ignore pourquoi la Reine de Nexus désirerait s’entretenir avec moi, Shad, mais tu as toute ma confiance. Les évènements récents m’ont montré que, seule, je ne suis pas capable de lutter contre mes ennemis. J’accepte donc... Mais je ne laisserai pas cette usurpatrice triompher si facilement. »
Le doute qu’on aurait éventuellement pu lire dans le ton de la femme laissa place à une détermination plus assurée.
« Je t’en demande beaucoup, Shad, mais souhaites-tu encore m’aider à reconquérir mon trône ? J’ai besoin de toute l’aide possible. Toi, cette Aoife dont tu m’as parlé... Notre ennemi est puissant, mais il n’est pas invincible. »
Elle conclut alors, en résumant ce qu’elle venait de dire en quelques mots :
« M’aideras-tu encore ? »
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« Elise Elise…-commença tout simplement l’Okami – penses-tu que j’ai remuer ciel et terre pour te retrouver pour après ne pas t’apporter de mon aide ? Bien sûr que je t’aiderais à retrouver et ton trône et tes sujets ! Cette White Elise n’a pas lieu d’être… »
Une certaine détermination pouvait se faire entendre dans le ton de sa voix. Elle se mis également à marcher, faisant les cent pas, pensive, réfléchissant à la situation actuelle. Pour l’heure, la rencontre entre Elise et Elena devrait encore attendre et avant cela, il était fort probable qu’elle devrait se rendre auprès de la Reine de Nexus pour lui expliquer la situation. Car débarquer en tout impunité à Nexus, surtout après les évènements qui se déroulaient actuellement, ne risquait pas d’être la meilleure solution en guise d’approche. Il y’avait actuellement plusieurs points à régler : Retrouver Aoife et la convaincre d’aider Elise à battre son double maléfique, vaincre Charlotte et ses sbires pour retirer toute trace d’arachniste en pleins Koldoue et…vaincre White Elise lorsque son armée d’araignées arrivera.
« Je vais repartir là où j’ai vu pour la dernière fois Aoife, avec son aide, je pense que nous parviendrons à battre les Arachnistes et Charlotte présent dans cité…Si ne nous le faisons pas, il y’a de fort risque qu’ils attaquent la cité de l’intérieur lorsque White Elise attaquera…Prenant ainsi les gardes en étau. Par contre…Il me faudrait une autre tenue et d’autres armes, à défaut d’avoir les mi… »
« Ce ne sera pas utile ! – Clama au loin l’une des sorcières – Retrouver des affaires n’a rien de bien compliqué, les voilà. »
Et sous les yeux quelques peu surpris de la Lycane, ses effets lui étaient remis, parfaitement en état. Bon, au moins une chose de réglée. Elle se tourna par la suite vers Scybilla :
« Y’aurait-il un moyen pour revenir ici une fois que j’aurais retrouvé Aoife et que nous aurions prévenu les gardes du danger qui risquaient d’encourir s’ils ne réagissaient pas dans les temps ? »
Elle laissa planer quelques instants de silence avant de rajouter :
« Et…si je puis me permettre…Pourriez-vous poser un sort de rappel sur ceci ? »
Le sort de rappel. Un sort bien utile qui permettait à l’objet enchanté de toujours revenir auprès de son porteur. Un sortilège qui ne serait pas un luxe pour l’Okami. Elle se tourna par la suite vers Médonnée :
"M’accompagneras-tu Médonnée ? Après tout nous étions à ta recherche pour pouvoir retrouver Elise, si Aoife me vois en ta présence, peut-être cela sera-t-il plus simple pour la convaincre de tout ce qui se joue ici et…du fait de devoir mobiliser les gardes de la cité. »
Plus elles auraient de forces, et plus les chances de vaincre White Elise seraient grandes mais…sous-estimer leurs adversaires ne serait pas avisée. Pensive la Louve osa une dernière question :
« Je me demandais…Si nous parvenons à affaiblir suffisamment White Elise, penses-tu réussir à reprendre le contrôle de tes sujets ? »
Encore faudrait-il réussir à atteindre cette furie et à l’affaiblir ! Mais ça c’était une autre histoire…
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Shad était décidée à retrouver Aoife dans les égouts, et demanda à Médonée si elle comptait l’accompagner. La jeune femme hésita un peu, regardant sa Reine, puis Shad de nouveau.
« Je ne sais pas, Shad, répliqua-t-elle. J’ai peur de ne pas t’être utile. Même si Scybilla a commencé à me soigner, je suis encore affaiblie par le poison qui circule dans mes veines, et il faut du temps pour que l’antidote agisse. »
Ce qui valait pour Médonée valait aussi pour Shad, mais, Médonée ayant été incarcérée plus longtemps, elle avait été davantage empoisonnée que l’Okami, de telle sorte que, chez elle, son organisme mettait plus de temps à se soigner, et à purger toutes les traces de la toxine dans son corps. Pour autant, il était risqué d’envoyer Shad seule sur les traces d’Aoife. De plus, Élise voulait aussi passer du temps avec Médonée, afin de voir comment reprendre le contrôle sur ses araignées.
Alors que la situation semblait se bloquer, une voix mit fin à la situation :
« Je viendrais avec toi, Shad. »
Scybilla venait de parler. La puissante sorcière venait depuis une alcôve, et s’avança près de Shad.
« L’ennemi que nous affrontons est puissant, et il nous faut un corps d’Arachniste... Vivant dans l’idéal. L’étudier est nécessaire pour comprendre comment leurs toxines fonctionnent, et améliorer nos antidotes.
- En effet, reconnut silencieusement Élise. Il faut que nous arrivions à contrer les pouvoirs de White Elise.
- Et puis, avec mon aide, nous pourrons retourner sans difficulté dans ce refuge. »
Honnêtement, on voyait mal Shad refuser l’aide de la puissante Scybilla.
« Partons donc... »
Et, ceci fait, Scybilla les téléporta toutes les deux, les ramenant dans les égouts, près de la zone où Shad avait été séparée d’Aoife. Il y avait des traces de lutte dans ce couloir, des projections de sang sur les murs, et les cadavres de plusieurs Arachnistes qui flottaient et dérivaient lentement à la surface de l’eau poisseuse...
« Ton amie est partie... Elle est visiblement très douée à l’épée. »
Scybilla regarda autour d’elle, cherchant des traces susceptibles de la retrouver.
« L’odeur est insupportable ici, mais, avec ton flair, je pense que tu pourrais la pister. Je vais t’aider à identifier son odeur. Ferme les yeux, et concentre-toi. »
Dans cet égout puant, il y avait quantité d’odeurs fortes et insupportables, et Shad allait devoir en faire abstraction, afin de sentir celle d’Aoife. Elle pouvait peut-être y arriver toute seule, mais, dans le doute, Aoife tendit ses mains vers elle, et entreprit de l’aider en usant de sa magie, afin d’amplifier l’odeur d’Aoife et les sens de Shad.
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L’aide fut apportée par une aide à laquelle la Lycane ne s’était pas attendue mais aussi une qu’elle pouvait décemment refusée. D’un côté, elle comprenait parfaitement que Médonée et Elise ne puissent lui apporter leur assitance, elles avaient tant de chose à régler et à prévoir pour combattre White Elise…Mais de là à ce que Scybilla se propose…Il y’avait de quoi être étonnée ! De plus la question du retour serait en effet réglée, alors pourquoi refuser ? Hochant la tête en signe d’affirmation, l’Okami se retrouva bien vite téléportée dans les égouts au dernier emplacement où elle avait vu Aoife. Elle reconnue le cadavre de l’archaniste qui l’avait attaqué et nota la présence d’un second…Et de pleins d’autres encore. Pour sûr, le chevalier de Nexus savait se défendre à l’épée et venait de recouvrir le sol et les murs de sang. Mais le pire restait cette odeur. Déjà que de base les égouts n’étaient pas réputés pour avoir un doux parfum mais avec les corps en décomposition avancée dû à l’humidité…l’odorat de Shad en prenait un coup.
« Je…vais essayer. »
Fermant les yeux comme Scybilla lui avait demandé, la Louve se concentra sur les odeurs autour d’eux, cherchant précisément celle d’Aoife. La magie de la sorcière lui fut d’une grande aide car les effluves du chevalier ressortaient, étaient bien plus prononcés que le reste. En ouvrant les yeux, ce fut comme si l’Okami pouvait voir une traînée brillante de particule flotter dans les airs. Certes, c’était assez étrange mais bien utile. Désignant un couloir où gisaient quelques corps éventrés, la Lycane ouvrit la marche.
« Par là…Par contre….Il y’a toujours une odeur qui suit de près celle d’Aoife, elle est minime mais reste bien présente….Et elle est différente de celle des Arachnistes. »
Et pour l’heure, elle n’arrivait pas à trouver l’origine de cette petite odeur qui suivait celle d’Aoife. Ami ? Ennemi ? D’un côté dans les égouts de Koldoue…avait-elle réellement des amis ? Continuant cependant d’avancer en suivant la piste olfactive, le duo entendit après un certain le bruit d’une lutte.
« L’odeur se fait plus forte vers le combat que l’on entend par contre…Comment comptes tu capturer un Arachniste vivant ? »
Car ces derniers lors des affrontements finissaient habituellement morts. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : Il faudrait retenir ses coups et ou au mieux l’immobiliser assez de temps pour permettre sa capture mais d’un côté….Cela ne devrait être qu’une simple formalité pour la sorcière de Koldoue. Réalisant ce fait, la Louve rajouta rapidement :
« Oublies ce que je viens de demander. »
Continuant d’avancer vers le son de la lutte, les deux femmes tombèrent bientôt sur une Aoife encerclée par une demi douzaine d’Arachnistes. Au moins…Scybilla aurait le choix pour son prisonnier. Levant sa main, la Lycane invoqua des flammes qui partirent frapper de pleins fouet l’un des fanatiques qui comptaient attaquer Aoife par son angle mort. Cinq à tuer, un à capturer et retour à la maison. Il y’avait-il autre chose à préciser ? Quant à la fine odeur proche de celle d’aoife, la Louve la laissa de côté pour l’instant, préférant se concentrer sur le combat à venir.
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On ne pouvait pas dire que Scybilla était une grande fan des égouts. Des conduits étroits, puants, gluants, sales... Et, pourtant, elle avait l’impression de toujours devoir patauger dans les égouts. Néanmoins, Shad réussit à capter l’odeur d’Aoife, et le duo se mit à marcher, remontant les égouts de Koldoue. La sorcière avait déployé ses sphères de protection, de manière à pouvoir capter les éventuels monstres qui arriveraient. Cependant, ses cercles ne détectèrent aucun noyeur, ce qui, en réalité, était fort surprenant. Scybilla savait que, avec l’afflux des réfugiés et des déchets dans les égouts, les noyeurs s’étaient multipliés. Qu’il n’y en ait aucun dans le coin signifiait qu’ils avaient fui des prédateurs plus dangereux... Probablement comme les Arachnistes. Néanmoins, Shad lui signala une autre odeur, différente d’Aoife, ou des Arachnistes.
« Soyons prudentes, Shad. Il n’y a pas que des humains qui fuient les hordes arachnéennes. »
Elle n’en dit pas plus. Qui sait quel monstre avait pu se terrer dans ces égouts ? Peut-être était-ce bien là, finalement, la raison de la disparition des noyeurs dans le coin ? Scybilla restait prudente, en tout cas, et le duo finit par entendre des bruits de combat. Elles approchèrent d’un éboulement dans le mur, sur la droite, menant à une crypte souterraine, où elles virent rapidement Aoife, aux prises avec les Arachnistes. La guerrière nexusienne était à la hauteur de sa réputation, mais semblait en bien piètre posture.
Scybilla intervint rapidement, déployant ses mains, et envoya des langues de feu, qui enflammèrent deux Arachnistes, les faisant hurler. Un troisième avisa sa présence, et cracha un filament de toiles vers elle. La sorcière resta fixe, et dévia le filament avec sa main, usant de ses pouvoirs télékinétiques. Elle fixa ensuite l’Arachniste, et tendit un doigt, envoyant une onde de choc qui heurta l’Arachniste au torse, l’envoyant voler contre un mur dans un gargouillement.
« S-Shad ?! s’exclama Aoife, surprise. Tu es en vie ?! »
Depuis combien de temps est-ce qu’Aoife errait dans ces égouts ? Elle était fatiguée, visiblement blessée en de multiples endroits, sa tenue déchirée ici et là, des ecchymoses et des contusions sur le corps. Scybilla doutait que, à ce rythme, la jeune femme puisse survivre encore bien longtemps sans leur présence. Pour elle, ce qui venait d’arriver était un miracle. Les Arachnistes se concentrèrent donc sur Shad et sur Scybilla, estimant les menaces beaucoup plus sérieuses qu’Aoife. Toutefois, Scybilla prouva rapidement qu’elle était bien la puissante sorcière de Koldoue, responsable du culte de Sha. Ses pouvoirs magiques déferlèrent sur les ennemis, et Shad vit ainsi des arcs électriques frapper un Arachniste cherchant à l’attaquer de côté, le repoussant au sol dans des couinements de douleur.
Un autre Arachniste bondit sur le mur, évitant ainsi une boule de feu projetée par Scybilla, et cracha un jet d’acide. Scybilla grogna, et, fort heureusement, son bouclier la protégea, mais la douleur fut quand même présente.
« Saloperie... »
L’Arachniste que Scybilla avait projeté contre le mur auparavant était toujours sonné, et était, visiblement, celui qu’elle voulait capturer...
...Mais, pour ça, il fallait encore se débarrasser des autres.
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« Nous en parlerons plus tard ! » s’exclama subitement l’Okami à l’adresse d’Aoife.
Car oui, pour le moment, il y’avait des sujets bien plus urgents à régler qu’une petite discussion explicative. Et il ne s’agissait ni plus ni moins que quelques arachniste à combattre. L’un d’entre eux, sans doute celui qui serait ramené au repaire pour analyse avait déjà été assommé par Scybilla, il ne restait plus à présent que ses compères à combattre. Pivotant sur elle-même, la Lycane envoya une langue de feu qui brûla l’un de ses assaillants le forçant à reculer. Contrairement à Scybilla, elle ne possédait pas de bouclier, la prudence serait donc de rigueur. D’autres arcs électriques vinrent frapper un adversaire qui tentait de l’attaquer par surprise dans son angle mort, hochant la tête en guise de remerciement rapide envers la sorcière, la Louve se retourna vers Aoife, lui désignant l’arachniste au sol qui semblait reprendre peu à peu ses esprits :
« Assures toi qu’il ne se relève pas mais qui reste en vie ! »
Trois sphères enflammées surgirent des mains de la Terranide filant tels des missiles vers un arachniste au plafond le forçant à lâcher prise et à descendre. Cinq…Il en restait cinq à tuer et au vue de la puissance de la première sorcière de Koldoue, ils ne risquaient pas de faire long feu. D’autant plus que la Louve comptait bien les massacrer également, une sorte de vengeance personnelle…et de défouloir et puis elles n’avaient pas de temps à perdre ! Ce ne fut donc plus la Terranide qui se trouvait debout la seconde suivante mais une lycanthrope au pelage d’ébène ornée de symboles rougeoyant, deux cornes cramoisies ornant le sommet de son crâne. Cherchant du regard son premier adversaire, la Lycane fonça sur lui, des flammes entourant ses pattes munies de griffes acérées et le mettant au sol, elle se mit tout simplement à le frapper…Encore et encore, lacérant ses chairs et le brûlant par la même occasion.
Ce fut comme si elle était rentrée dans une rage sanguinaire, le sang et les tripes de son adversaire se répandant sur le sol humide des égouts. Et cette fois, elle s’assura de brûler entièrement le corps, ne voulant pas réitérer l’expérience de l’araignée géante qui attaquait par surprise. Délaissant le corps devenu tas de cendre, la Lycanthrope se rua vers un autre adversaire, lui prévoyant le même sort. Les fils de soie furent soient évités, soient brûlés et tandis qu’elle apercevait un autre arachniste tomber sous la puissante magie de Scybilla, ses griffes se plantèrent dans le ventre du suivant, l’ouvrant et laissant dégouliner les tripes sur le sol. Il allait sans dire que les arachnistes restant ne résistèrent pas bien longtemps face aux deux femmes qui s’assurèrent qui ne se relèveraient pas. Reprenant une apparence plus humaine, l’Okami alla rejoindre Aoife, s’assurant que leur captif était encore dans les pommes.
« Médonée et Elise sont en sécurité et ..Scybilla ici présente a accepté de m’aider à te retrouver. Nous ferions mieux de partir avant que d’autres Arachnistes ne rapplique. Je répondrais à tes questions une fois que tu auras été soigné et que tu auras repris des forces mais je peux déjà te dire que..Nous allons avoir besoin de toi Aoife pour combattre Charlotte et White Elise. »
Puis, agrippant l’arachniste pour le soulever, elle se tourna vers Scybilla afin qu’elle les ramène au repaire. Une fois sur place, elle laissa le cultiste aux « soins » des sorcières et accompagna Aoife lors de sa guérison, se tenant prête à répondre au mieux aux questions qu’elle pourrait lui poser. D’un autre côté, la Louve espérait que le fait qu’elle se retrouve dans un antre de sorcière en tant que chevalier de Nexus ne risquait pas de lui donner des sueurs froides. Elle n’était pas réellement sûr du « lien » qui les unissaient.
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« ...Alors, voilà où nous en sommes. »
La Reine déchue marchait lentement, devant une table ronde située dans l’une des pièces du refuge de Scybilla, et résumait les derniers évènements de son histoire. Une étape nécessaire, pour faire le point sur leur situation actuelle, et envisager leur réponse. Les derniers rapports de l’armée étaient peu encourageants. White Elise marchait sur Koldoue, et le Roi avait réuni les États Généraux, une assemblée extraordinaire consistant à réunir tous les décideurs politiques du royaume, à savoir les représentants de la noblesse, du clergé, et de l’aristocratie. Le sujet était grave, car le Roi allait demander aux États Généraux de déclarer que le pays était en état de siège, et conférer, en conséquence, les pouvoirs absolus au Roi, qui pourrait ensuite enrôler de multiples serfs pour rejoindre l’armée.
Une certaine effervescence commençait maintenant à régner dans les rues de Koldoue. Les réfugiés étaient de plus en plus nombreux, et venaient spontanément rejoindre l’armée. Malheureusement, dans l’opinion populaire, un lien avait commencé à se dresser entre les Arachnistes et les sorcières, de telle sorte que, pour parvenir à empêcher le peuple de se retourner contre le pouvoir, les autorités publiques avaient accusé les sorcières d’avoir pactisé avec les Arachnistes. Un bouc-émissaire idéal, mais qui compliquait la tâche de Scybilla. Un climat particulièrement délétère et explosif était en train de s’installer dans la ville, sur fond de fanatisme religieux larvé, au fur et à mesure que les rumeurs du champ de bataille, toutes plus horribles les unes que les autres, se répandaient.
« J’ai cru pendant longtemps que mon pouvoir venait du fait que j’avais été mordue par une araignée formienne, mais il semblerait que je n’ai été qu’un cobaye... Une femme mordue par une araignée appartenant à une entité maléfique très puissante, le Roi Cramoisi.
- La nature exacte du Roi Cramoisi n’est pas encore très claire, intervint Scybilla. Ce que nous savons de lui, c’est qu’il est un individu très puissant, qui inquiète grandement ma Déesse, Sha. Il se trouve au bout du monde, au-delà de l’Empire d’Ashnard, dans son château, le Casse-roi russe.
- J’ai eu affaire à ses séides une fois, en compagnie de Shad. Nous avions affronté Brahmin, un mercenaire qui avait rejoint l’Affiliation, le bras armé de la Monarchie de la Rose, l’organisation qui est dirigée par le Roi Cramoisi. L’Affiliation est un conglomérat de milices et de hordes criminelles diverses et variées qui ont rejoint l’autorité commune de la Monarchie. »
Aoife hocha lentement la tête. Rétablie, elle avait eu le temps de se remettre sur pied. Depuis plusieurs jours, elle poursuivait l’entraînement, pendant que Scybilla organisait une sorte de mouvement de résistance, luttant contre l’insécurité croissante.
« Enfin, pour en revenir à mon histoire, le Roi Cramoisi a créé un clone de moi, qui a réussi à s’emparer de mes araignées, de mon royaume. Elle a augmenté considérablement le nombre d’araignées, et a étendu mes terres. J’ai été prise en traître, et j’ai dû fuir de ma forêt, grièvement blessée.
- J’ai sauvé ma Reine, expliqua Médonée. White Elise est apparue un beau jour, et nous n’avions aucune raison de nous méfier d’elle. Elle a expliqué à ma Reine être sa sœur, et l’a poignardé. Le corps de ma Reine est tombée dans une rivière, et White Elise en a profité pour prendre le contrôle. J’ai aidé ma Reine à s’échapper, mais les Arachnistes m’ont rattrapé, et je me suis sacrifiée pour les retenir, et permettre à ma Reine de s’enfuir.
- Et je t’en remercie, Médonée. »
Scybilla avait décidé de réunir tout le monde pour envisager la suite. Élise leur avait expliqué sa situation, et Médonée poursuivit.
« Ce sont les Hamleigh qui m’ont amené ici, et qui nous ont poursuivi. Je suis convaincue que William Hamleigh est de mèche avec le Roi Cramoisi.
- L’influence de cette famille est grandissante à Koldoue, soupira Scybilla. En quelques jours, leurs gardes ont pu rétablir l’ordre dans de nombreux quartiers, et ont le soutien des pouvoirs publics.
- Hamleigh a toujours été un ennemi. »
Leur stratégie était en train de s’affiner, et de s’orienter vers les Hamleigh. Aoife se retourna vers Shad, assise à côté d’elle.
« Tu as déjà affronté le Roi Cramoisi et ses séides à plusieurs reprises, Shad. Ton avis peut nous éclairer. Qu’en penses-tu ? »
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Présente pendant l’assemblée, la Lycane avait écouté chacune des parties, restant cependant en retrait aux côtés d’Aoife. Elle avait plus tendance à agir, à suivre des directives plutôt que d’en donner. Et au vue de la position hiérarchique d’Elise et de Scybilla, elle avait préféré les laisser prendre les décisions, tel un conseil de guerre. Tenant une petite sphère rougeoyante, la Louve la faisait passer d’une main à l’autre sans bruit, réfléchissant à tout ce qui venait d’être dit. Les choses s’étaient accélérées depuis quelques jours et toute la ville de Koldoue était en effervescence. Notamment pour deux choses : la préparation à la guerre et la chasse aux sorcières. Il était devenu ardue de se déplacer en ville sans faire front à quelques fanatiques qui poursuivaient sans réfléchir ceux qui pensaient être les vrais alliés des Arachnistes. Alors que la vérité était tout autre. Les fameux alliés étaient présents dans la ville de Koldoue, se déplaçant en toute impunité, servant la famille des Hamleight. Lorsque Aoife se retourna pour demander l’avis de la Terranide, cette dernière stoppa le mouvement de la sphère entre ses mains et se mis à tapoter dessus avec l’index et le majeur, réfléchissant :
« Attaquer les gardes servant les Hamleight à présent serait que pure folie. Nous savons ou du moins nous supposons qu’ils servent le Roi Cramoisi et nous pouvons donc supposer que leur présence dans les rues de la cité ne sera pas réellement faite pour sa défense. Lorsque White Elise attaquera Koldoue, ils lui permettront un accès plus facile en éliminant la milice locale et les quelques gardes qui ne sont pas sous leur bannière. »
Ce n’était là qu’une supposition, mais avec tous les éléments qu’ils possédaient, peut –être était-ce la déduction la plus logique ? Malheureusement la plupart des gardes de la ville était affilés aux Hamleight ce qui ne laissaient que très peu d’alliés potentiels au niveau des autres hommes. Cependant ce n’était pas là le seul point noir de la ville et la Lycane reprit rapidement :
« Outre les gardes d’Hamleight nous avons aussi Charlotte et ses Arachistes et je doute qu’elle reste tranquillement à ne rien faire en observant White Elise arriver avec son armée d’araignée…Nous avions été dans leur repaire Médonée et moi-même, nous savons où il se trouve, le frapper au moment opportun serait peut-être une option à envisager afin de créer un certain chaos dans leur troupes…quant aux gardes, malheureusement à part attendre le dernier instant afin d’éviter qu’ils n’ouvrent la voie à notre ennemie…Je ne vois pas d’autres instants. »
Il fallait penser sur plusieurs fronts à la fois. Chercher comment gérer l’attaque de White Elise, la rébellion des gardes et l’offensive de Charlotte et ses acolytes. Se tournant vers Scybilla, la Lycane demanda :
« Qu’en est-il de l’arachniste que nous avons capturé ? Avons-nous réussi à trouver un moyen pour permettre à Elise de reprendre le contrôle sur ses araignées ? »
Si Elise parvenait à reprendre le contrôle de ses sujets, la situation serait déjà bien désastreuse. Elle avait donné son avis mais au fond d’elle-même la Louve savait qu’elle n’avait pas réellement fait avancer la problématique, elle soupira :
« Mise à part nous diviser en plusieurs groupes pour frapper à divers endroits différents au bon endroit, je ne sais pas quoi proposer pour contrer White Elise. Je ne suis pas très douée pour ce genre de réflexion, Et ce n’est pas le fait que j’ai déjà affronté le Roi Cramoisi et ses séides qui apportent une nette différence – elle regarda Aoife – tu fais partie de la garde de Nexus…la guerre et les batailles doivent faire partie de ton quotidien, n’as-tu rien à proposer également ? »
-
« La magie du Roi Cramoisi est aussi rare que puissante, concéda Scybilla. Nous continuons à étudier l’Arachniste, mais les choses sont compliquées. Pour l’heure, nous sommes toujours en train de travailler avec nos alchimistes pour trouver une solution.
- Autrement dit, résuma Élise, mes phéromones n’arrivent pas à influencer notre prisonnier. »
Pas d’évolutions notables de ce côté, ce qui n’était pas surprenant. On parlait après tout du Roi Cramoisi, dont le sang était l’un des éléments magiques les plus puissants du monde. Manipuler les toxines émanant du Roi n’était donc pas chose aisée, même malgré les talents légendaires de Scybilla. La puissante sorcière ne perdait toutefois pas espoir, même si la situation devenait de plus en plus critique. À la surface, les membres du culte affrontaient les fanatiques et les miliciens des Hamleigh, tandis que, sous terre, elles étaient confrontées aux forces de Charlotte.
Certes, Scybilla connaissait le manoir abandonné où Charlotte s’était réfugiée, mais, pour autant, un assaut était difficile. Chaque jour, Charlotte et ses séides capturaient des réfugiés désespérés. Une véritable guerre secrète se déroulait dans les égouts entre les sorcières et les Arachnistes, car Charlotte assurait le transit des réfugiés, prêts à tout pour se dissimuler derrière les murs de Koldoue. Chaque jour, il y avait des émeutes et des rixes dans les tentes le long du lac, les gens étant terrorisés à l’idée d’être massacrés par les araignées de White Elise. Certains avaient même tenté de traverser à la nage le lac, mais sans succès. Scybilla tentait de secourir les réfugiés des griffes de Charlotte, car chaque réfugié perdu devenait un Arachniste.
Scybilla n’avait tout simplement pas les moyens d’attaquer Charlotte. La situation devenait de plus en plus critique, et la menace grandissante du Roi Cramoisi provoquait de multiples interférences magiques, qui faisait que le sabbat de Koldoue avait du mal à contacter les autres communautés de sorcières.
Aoife récupéra la parole, et s’exprima rapidement :
« La situation est critique. Il me semble évident qu’Hamleigh et Charlotte sont de connivence, et que nous ne pouvons pas mener une guerre sur deux fronts.
- En effet.
- Je pense que nous avons besoin d’alliés, et que nous devrions nous retourner vers les pouvoirs civils, et...
- Les pouvoirs publics ne m’ont jamais aidé ! Ils nous vendront aux Hamleigh sans même réfléchir !
- ...Et obtenir leur appui pour détruire les Hamleigh, compléta Aoife. Pour ça, nous devons réunir des preuves sur la complicité entre les Hamleigh et les Arachnistes. »
Scybilla restait assez sceptique.
« Je partage l’avis de Scybilla, les pouvoirs publics n’ont toujours fait que me mettre des bâtons dans les roues, et m’ont diabolisé. Pour autant... Je ne vois pas d’autres options. Nous ne pouvons pas tenir par nous-mêmes, et, chaque jour qui passe, l’armée de White Elise se rapproche. Si une guerre civile éclate à Koldoue, alors tout espoir sera perdu.
- Peu importe nos preuves, ils ne nous croiront jamais. Ils brûlent les miennes dehors ! Hamleigh bénéficie de leur soutien ! Les juges qui autorisent les bûchers n’ont même pas besoin d’être corrompus, le Roi a besoin d’un bouc-émissaire, et il l’a trouvé avec nous, comme à chaque fois ! »
La sorcière ne faisait qu’exprimer un fait historiquement avéré. Aoife, néanmoins, n’avait pas dit son dernier mot, et reprit :
« Je suis un chevalier de Nexus, je parlerais, et je t’accorderai le crédit dont tu as besoin. Je leur ferais comprendre que Koldoue ne recevra aucun renfort nexusien s’ils continuent à massacrer des innocents.
- Comme si ça suffira...
- Nous n’avons malheureusement aucune autre alternative. »
Plusieurs secondes passèrent, tandis que chacun semblait méditer ce plan.
« Je vais devoir me rendre auprès de mon ambassade, et tenter de réunir le plus de nobles possibles pour affronter Hamleigh.
- Je connais les Hamleigh, j’infiltrerai leur manoir pour trouver des preuves.
- Shad, tu devrais y aller, toi aussi. Avec ton flair et ta magie, tu seras d’une aide précieuse.
- À moins que tu ne veuilles affronter des nuées de diplomates avec moi ? Tu as déjà affronté les séides du Roi Cramoisi, ton témoignage pourrait être précieux. »
Autrement dit, il allait falloir que Shad choisisse.
Suivre Élise, ou suivre Aoife ?
-
Le regard de la Louve passait à la fois d’Elise à Aoife et un long soupir s’échappa d’entre ses lèvres. Pourquoi fallait-elle qu’elle fasse un choix ? Ne pouvait-on pas simplement lui dire où aller et qui accompagner ? Chacune des voies à emprunter avait son importance ainsi que ses propres risques. Il ne restait plus qu’à savoir laquelle serait celle à privilégier et où elle pourra réellement apporter le plus de soutiens possibles. En d’autres termes, l’Okami devait connaître parfaitement ses limites. Elle se tourna d’abord vers Elise.
« Infiltrer une demeure, ce ne sera pas la première fois que je le fais et je pourrais bien sûr t’aider à te fournir des preuves dont tu cherches. Mais mon flair ne te servira à rien si c’est d’objet que tu parles. Je traque les êtres vivants, pas les choses inertes et sans vie…Cependant on peut déjà supposer qu’au vue des évènements, la sécurité du manoir risque d’être renforcée. Y rentrer en toute discrétion et trouver ce que l’on cherche ne sera pas à une simple affaire et le moindre faux pas pourra s’avérer fatal. Il nous faudra prévoir des moyens de replis en cas de derniers recours et espérer que les hommes servant les Hamleight ne portent pas sur eux des amulettes anti-magie… »
Cette histoire d’infiltration lui rappela soudainement l’épisode du manoir de Mandus. Elle y était aussi rentrée par effraction. Réitérer l’expérience ne serait donc pas impossible. Il ne restait maintenant plus qu’à voir pour la proposition d’Aoife. Réfléchissant quelques secondes, la Lycane fini par reprendre la parole :
« Pour ce qui est de ton ambassade, tu oublies un problème Aoife. Ma race. Bien que nous soyons sur le territoire de Nexus, je risque de ne pas avoir de crédibilité. Cependant…Si dans le conseil résidant à l’ambassade il est possible d’avoir la présence d’Adamante…Alors oui, oui je pourrais avoir voix au chapitre. De plus, tu connais déjà les confrontations que j’ai eu avec les séides du Roi Cramoisi, je ne doute pas que tu seras en mesure de les retranscrire… »
Croisant les bras, tapotant de l’index et du majeure sur ses avant-bras, la Lycane pesait le pour et le contre, réfléchissant à la meilleure place où elle devrait se trouver d’ici quelques heures. Glissant son regard vers Scybillia, elle eut soudainement une autre idée, farfelue mais rien ne l’empêchait de demander si un tel fait était possible. Il devait l’être vu le niveau de la sorcière.
« A moins…Que l’on puisse me dédoubler. Je pourrais ainsi vous aider toutes les deux sinon…d’après ta réponse Aoife, je te suivrais ou j’accompagnerais Elise. »
En d’autres termes, l’Okami devait être sûre de pouvoir se faire entendre pour accompagner le chevalier de Nexus si la proposition de dédoublement n’était pas possible à réaliser.
-
« On ne va pas te dédoubler. »
Certes, il était possible de créer des clones, mais Scybilla ne pensait pas que ce serait une bonne idée. Un clone magique avait ses propres spécificités, et, plus il était éloigné du corps d’origine, plus il devenait instable. L’idée était donc dangereuse, et fut rapidement rejetée. Le choix, en tout cas, semblait plutôt évident, suite aux derniers éléments fournis par Shad. Aoife et Élise se regardèrent brièvement, comme pour avoir confirmation de ce qu’elles pensaient l’une et l’autre.
« Ce qui compte, c’est ton flair pour éviter les gardes, Shad. Pour le reste, je m’en occupe.
- Il vous faut trouver des éléments qui impliquent les Hamleigh. Je ne pense pas que vous trouverez des ordres de missions, mais des runes, ce genre de choses...
- Oh, si les Hamleigh font partie d’un plan ambitieux visant à déstabiliser le pouvoir, je gage que nous pourrions trouver des éléments matériels.
- De mon côté, je préparerai le terrain auprès des nobles, et vais surtout essayer d’amener davantage de Nexusiens pour maintenir l’ordre. Il faut lutter contre la mainmise des Hamleigh dans la ville. »
Scybilla resta silencieuse. Pour elle, elle avait surtout l’impression d’aller de Charybde en Scylla. À Nexus aussi, on pendait les sorcières, et la cité-État avait, de fait, connu ses époques de fanatisme religieux et de chasse aux sorcières. Pour autant, elle était suffisamment lucide pour savoir que leurs options étaient plutôt limitées. Néanmoins, elle n’avait pas encore dit son dernier mot.
« De mon côté, je vais demander de l’aide à ma Déesse. Sha a gagné en puissance, et nous viendra sûrement en aide.
- Voilà une aide qui nous serait bien précieuse. »
Sha était une Déesse, après tout. L’avoir dans son camp, c’était un atout conséquent, un soutien de poids. Élise se déplaça encore.
« Nous allons y aller cette nuit, Shad. On passera par les rues. Même s’il y a un couvre-feu, elles sont plus sûres que les égouts. »
Et puis, Élise ne supportait pas l’odeur des égouts. Son choix était donc arrêté, et il ne restait plus qu’à s’y plier.
Un couvre-feu avait été décrété sur Koldoue, et chaque individu surpris le soir était emmené au poste. De cette manière, il n’y avait plus que des patrouilles de gardes qui se promenaient librement dans les rues. Élise et Shad sortirent par une bouche d’égout, arrivant dans une impasse silencieuse, et s’approchèrent d’une ruelle qui montait.
« Le manoir des Hamleigh est à l’autre bout de la ville. Ton flair nous sera utile pour y aller, Shad. »
Élise, habituée à sa forêt, était assez désorientée ici, au milieu de tous ces immeubles et de tous ces murs. Elle avait le sentiment d’étouffer, d’être oppressée dans cette immense ville.
« Ma forêt me manque, Shad... Même si je suis heureuse de te revoir, j’aurais aimé que cela se fasse en d’autres circonstances. »
La Reine déchue s’avançait donc, tout en s’ouvrant à Shad, qu’elle estimait, après tout, être une amie...
-
« Crois moi, j’aurais aussi préférée te revoir dans ta forêt Elise…J’espère aussi qu’ils vont bien au Village des Toiles ainsi que tes…protégés. Mais ce n’est pas le lieu ni l’instant pour parler de cela. »
Non, leur déplacement se devait d’être silencieux et ce n’était pas en discutant du bon vieux temps que leur mission risquait d’aboutir à une réussite. Pourtant ce n’était pas l’envie qui manquait à la Terranide, depuis qu’elle avait retrouvé Elise ainsi que Médonée les discussions ont majoritairement tournées autour de leurs ennemis actuels, de plan d’attaque ou de défense ou de stratégie en tout genre pour empêcher que Koldoue ne tombe entre les griffes de White Elise. Pas une seule fois, leur discussion ne fut plus …commune presque banale, une conversation qui permettait de souligner que tout se passait pour le mieux. Levant la main pour indiquer à Elise de ne plus bouger, la Lycane attendit quelques instants mettant en branle ses sens, odorats comme l’ouïe pour être à l’affut de la venue de la moindre patrouille de garde. Et si elle avait intimé le silence à la Reine déchue ce fut pour une bonne raison. Une patrouille passa près de leur impasse, une bonne demi-dizaine de gardes portant le blason de la famille des Hamleight. L’Okami les suivit du regard et s’assura que la voie était libre avant de se diriger vers Elise.
« Je vais me transformer pour que tu puisses monter sur mon dos. Ainsi je pourrais faire plus attentions aux patrouilles sans tenter de te prévenir par un quelconque moyen non verbal….Et au pire tes pattes d’araignées pourront nous servir pour nous mettre hors de leur portée. Et puis nous arriverons aussi plus rapidement à destination. »
Elle ne lui laissait pas réellement le choix, changeant de forme pour prendre une apparence plus animale, se couchant devant Elise afin qu’elle puisse s’installer sur son dos avant de se relever et d’humer l’air de sortes à s’assurer qu’aucun garde n’était à une courte distance. Actuellement son flair fonctionnait comme une sorte de radar couvrant à chaque fois un rayon autour d’eux. Par chance, les seuls êtres vivants à part elles au dehors étaient les patrouilles, il n’était donc pas difficile de les détecter rapidement.
« On y va, n’hésite pas à me donner des petits coups sur les flancs si je dois changer rapidement de direction. »
Sur ses mots, la Terranide entama sa course vers la demeure des Hamleight, s’arrêtant des fois brutalement pour se cacher dans les ombres à l’approche d’une patrouille, avançant avec prudence dans d’autres ruelles, écoutant les indications muettes d’Elise. Peu à peu, le duo finit par atteindre sa destination ou du moins à s’y rapprocher suffisamment. Le manoir des Hamleight était loin d’être désert et plusieurs tour de gardes étaient présent, ainsi que des guets surveillant une large zone autour de la propriété. Autant dire que leur approche même furtive ne risquait d’aboutir à des résultats concluants. Abaissant son museau vers une bouche d’égout, la Lycane parla à voix basse :
« Je sais que tu n’as pas envie d’y aller mais…Je crois que nous n’avons pas le choix. A moins que tu veux quand même tenter par la surface ? Si tu as la moindre idée je suis à ton écoute. »
-
Shad prit sa forme animale, et Élise, de manière assez incongrue, grimpa sur elle. Elle posa ses mains sur sa fourrure, et résista à la tentation de se visualiser la scène. Une femme-araignée chevauchant une louve au pelage bleu et sombre dans les rues de la ville... Qui aurait cru qu’elle aurait un jour pu se retrouver dans une situation aussi exceptionnelle ? Élise laissa donc Shad les guider, utilisant son flair pour se dissimuler dans les ruelles, ou contourner les patrouilles. Koldoue était une grande ville, et assez ancienne, de sorte qu’il existait beaucoup de passages, d’ouvertures, de petites ruelles étroites et sinueuses permettant de traverser la ville discrètement.
Le duo rejoignit ainsi un quartier plus aéré, avec de grandes rues, abritant de belles demeures entourées par des clôtures, et avec des patrouilles de gardes circulant sur de grandes avenues. Élise, elle, se faisait au rythme que Shad lui imposait, mais fut malgré tout heureuse de poser à nouveau ses jambes sur le sol. Elle avait laissé la louve se guider elle-même, Élise étant en réalité encore plus perdue qu’elle dans cette ville.
« Sacrée demeure... »
Shad proposa de passer à nouveau par les égouts. Il y avait des gardes au rez-de-chaussée. Impossible de passer par là, mais Élise avait encore une autre piste, et releva la tête, observant le toit de la demeure. La résidence des Hamleigh était un grand manoir en forme de L, avec un jardin intérieur où des gardes se promenaient également.
« Les égouts doivent être sécurisés, eux aussi... Cette fois, Shad, ça va être à moi de te porter. »
Élise désigna le toit, pour lui faire comprendre ce qu’elle comptait faire. Après tout, si Shad avait des pouvoirs lycanthropes, Élise, elle, avait des pouvoirs arachnéens. Elle attendit donc que Shad enroule ses bras autour de son cou, puis bondit par-dessus la grille. Elle atterrit ainsi dans l’herbe, devant l’un des murs de la maison, et usa de ses pattes arachnéennes pour s’accrocher à cette dernière. Ce faisant, Élise grimpa ensuite, et rejoignit, au bout de quelques minutes, le toit de la demeure.
Il y avait, là aussi, quelques sentinelles, et le toit, assez long, se composait de cheminées et de pentes triangulaires.
« Ils ne sont pas très nombreux... On devrait pouvoir les neutraliser tranquillement, et nous infiltrer ensuite. »
-
Levant le regard vers le toit que désignait Elise, la Lycane n’eut guère de souci pour comprendre où elle voulait en venir. Il était vrai que les obstacles tels que les murs n’étaient pas réellement un souci pour une femme possédant des dons arachnéens. Hochant simplement la tête en guise de compréhension, elle enroula par la suite ses bras autour de son cou, prenant garde de ne pas écraser ses pattes d’araignées et se laissa simplement porter jusqu’au toit. Ce dernier n’était pas dénudé de sentinelles mais elles étaient assez espacées et s’en occuper l’une après l’autre ne relèverait pas d’une grande difficulté.
« Attends juste…J’aimerais juste voir le déplacement…S’ils suivent toujours le même schéma »
Restant à l’ombre d’une cheminée, la Louve se mis donc à observer les différents gardes, analysant leur trajet, vérifiant qu’ils ne changeaient pas subitement de direction. Chacun des gardes effectuaient des allers-retours sur une dizaine de mètres, observait les environs et recommençait leur manège. Parfaitement réglés telles les aiguilles d’une horloge. Aucune déviance, aucun pas de travers, il suffisait juste de les observer quelques temps pour pouvoir les anticiper. De plus, les cheminés présentes le long du toit ainsi que les pentes triangulaires offraient de parfaites cachettes à la vue d’autres patrouilleurs si le besoin se faisait ressentir. Effectuant un bref mouvement de poignet, la Louve activa la lame cachée sous ce dernier, vérifiant que le mécanisme fonctionnait avant de la rétracter.
« Quand je me serais occupée du premier tu devras vite faire le second qui ne se trouve qu’à quelques mètres…Après ça il suffira d’avancer en les éliminant l’un après l’autre jusqu’à pouvoir entrer …Dommage que nous ne pouvions pas relever les corps tels des pantins pour donner l’illusion qu’ils sont encore en vie. »
Sur le coup, il aurait fallu quelques notions de magie noire et de nécromancie pour donner l’illusion du vivant et ne pas éveiller les soupçons. Car plus les deux femmes avanceraient, plus les gardes risqueraient de se douter de quelques choses et de changer leur pattern. Sa cible venait de se retourner, dix petits mètres avant qu’elle ne refasse de même. Il fallait agir, vite et en silence. Sans attendre une seconde de plus, la Louve s’élança sur le toit, utilisant les parts d’ombres que ce dernier lui offrait pour avancer vers son objectif. Arrivant rapidement derrière lui, elle passa un bras autour de sa gorge, plaquant sa main contre sa bouche et activa rapidement la lame qui perfora l’artère faisant couler le sang, le garde mourant dans des gargouillements étouffés. Elle ne s’inquiéta pas réellement du second qui devait se retourner en cet instant pour voir l’horreur se dérouler sous ses yeux, l’Okami avait confiance en Elise et savait qu’il ne restait plus longtemps à cet homme.
Laissant les corps inertes et sans vie, le duo continua ainsi sa progression, tuant de diverses manières chaque obstacle se trouvant sur leur route, faisant attention à ce que l’alerte ne fut pas donnée. Puis, apercevant une fenêtre entre-ouverte, la Louve la désigna à Elise. Une petite vérification pour s’assurer que la voie était bien libre et elles étaient à présent à l’intérieur de la demeure des Hamleight. La pièce était vide de toute présence mais les sons provenant des couloirs permettaient aisément de deviner que l’intérieur de la demeure était loin d’être vide de toute vie. Haussant ses oreilles, la Terranide était aux aguets, écoutant les différents sons, déterminant si des individus étaient à portés ou non.
« Tu sais ce qu’on doit rechercher, je m’occupe de surveiller nos arrières…Pour le moment nous avons une opportunité et il faudra aller vers la droite…Après ça…Espérons ne pas avoir de mauvaises surprises, trouver rapidement les preuves et sortir d’ici. »
Ce qui, elle s’en doutait, ne serait pas une mince affaire !
-
Shad se précipita vers un duo de gardes proches, et, quand elle attaqua le premier, le second, en entendant du bruit, se retourna. Ses yeux s’écarquillèrent, puis sa bouche s’entrouvrit, ses mains se crispant sur sa hallebarde... Puis un filament de toile lui recouvrit le visage, transformant ses potentiels hurlements en gémissements. Élise bondit ensuite sur lui, le plaqua au sol, puis l’empala avec ses pattes d’araignée, soulevant son corps, avant de le rejeter en le balançant à côté d’elle. Il s’écrasa sur le toit dans un cliquètement métallique que, fort heureusement, les autres gardes n’entendirent pas.
Après ce premier coup, le duo remonta le long du toit, abattant successivement les sentinelles. Elles ne faisaient pas dans la dentelle. Élise n’avait aucun remords à tuer les hommes des Hamleigh, qui étaient, depuis bien trop longtemps, ses redoutables ennemis. Elle projetait ses toiles sur ceux susceptibles de les repérer. C’est ainsi qu’elle entoila la tête d’un homme, puis ses jambes, le renversant sur le sol, et permettant à Shad, plus rapide qu’elle, de le tuer. La Louve n’avait, elle aussi, aucune hésitation à répandre le sang, ce qui ne manqua pas de surprendre un peu Élise.
*J’ai le net sentiment qu’elle a changé depuis notre première rencontre...*
Elles arrivèrent ainsi jusqu’à voir une ouverture dans le manoir ennemi, une fenêtre entrouverte.
« Oui... Passons par là. »
Encore une fois, Élise laissa Shad s’agripper à elle, puis elle descendit le long du flanc de l’immeuble. En contrebas, dans le jardin intérieur, la Reine déchue pouvait voir de multiples gardes. Ces quelques sentinelles sur le toit n’étaient qu’une mince partie de toute la milice des Hamleigh. Élise et Shad s’enfonçaient dans une zone dangereuse. La femme posa sa main sur la fenêtre, et l’ouvrit en grand, puis aida Shad à passer la première, avant de la rejoindre. Elles arrivèrent dans un grand couloir aéré, avec d’énormes tableaux devant elles.
Shad expliqua alors qu’elle comptait surveiller leurs arrières, et Élise esquissa un léger sourire.
« Ce qu’on doit chercher... Je n’en sais pas plus que toi, tu sais. Je n’ai jamais été dans ce manoir. »
Des preuves, des indices, n’importe quoi susceptible de relier les Hamleigh aux ennemis qui s’abattaient sur Koldoue et sur ce royaume. Le pire était qu’elles pouvaient très bien trouver des éléments comme ne rien trouver du tout. Néanmoins, avec un peu de chance, Élise aurait au moins la satisfaction de tuer William Hamleigh. La femme s’avança le long du couloir, jusqu’à voir un escalier montant sur la droite. Elle choisit toutefois de continuer, jusqu’à approcher d’une porte. Derrière, il y avait une grande mezzanine avec de multiples gardes, des bibliothèques et des fauteuils dans les coins.
*Probablement une salle de réception...*
Des bruits se firent entendre dans leur dos, et elle se dissimula avec Shad dans une petite pièce latérale, consistant en un débarras.
« Je n’aime pas ça, glissait l’un des hommes en patrouille.
- Nous sommes dans le bon camp, c’est ce qui compte. Je sers les Hamleigh depuis l’époque de Sire Percy. William sera le nouveau Roi de Koldoue, c’est la volonté de sa mère, Lady Regan.
- Elle doit être encore en train de prier avec lui dans la chapelle... »
Le duo ouvrit la porte menant à la mezzanine, laissant les deux femmes seules... Pour le moment, en tout cas. Élise estima le moment opportun pour glisser quelques informations à Shad, tout en rebroussant chemin, afin de gravir l’escalier.
« Percy Hamleigh était l’ancien seigneur de la famille. C’était un homme pieux et bon, qui s’est marié avec Regan Hamleigh, une mégère au visage défiguré. Il est plus ou moins de notoriété publique que Regan a tué son mari, et, sous son règne, son comté est entré dans une ère de fanatisme religieux zélote, qui lui a permis d’asseoir son autorité, en faisant de moi l’ennemie absolue. Son fils, William, est le nouveau suzerain, mais il est à l’image de sa mère, si ce n’est pire encore. »
William était un monstre impitoyable, dévoré par un complexe œdipien qui le rendait instable et cruel.
La chapelle du manoir était une piste, mais, peut-être qu’en chemin, le duo trouverait autre chose ?
-
« Tous serait différent s’il aurait suivi la voie de son père… »
En vérité la différence serait grandement radicale et beaucoup de choses ne seraient pas ce qu’elles sont actuellement. A commencer par le statut d’Elise. Peut-être ne serait-elle pas en cet instant la femme régnant sur une forêt composée d’araignée géante si William ne lui aurait pas fait subir des sévices par le passé. Qui pouvait savoir ? Tendant l’oreille la Louve rajouta :
« Il semblerait que certains gardes commencent à douter de leur allégeance…ce serait une piste à exploiter. Si William est bien dans la chapelle, nous devrions en profiter pour fouiller ses quartiers sans risquer de le rencontrer et ainsi garder notre présence secrète…Le seul souci reste à savoir où se trouve la chapelle et où se trouve les quartiers de cet homme… »
Et autant dire que sans plan, cela risquait d’être assez ardu à trouver ! Néanmoins les deux femmes les deux femmes avaient déjà repris la route vers l’escalier précédemment rencontré, gravissant rapidement les marches de ce dernier. Une chance qu’aucun gardes ne soient passés à cet instant précis ! Car il n’y aurait eu aucun coin pour se dissimuler si tel aurait été le cas et leur furtivité aurait été mise à rude épreuve. Il était d’ailleurs encore étonnant qu’aucune alerte ne fusse donnée quant à la mort des patrouilles sur le toit. Mais cela ne saurait tarder. Deux choix s’offraient donc au duo, partir sur l’aile est ou sur l’aile ouest ? Rien n’indiquait les pièces qu’elles renfermaient. Toujours à l’écoute du moindre bruit, la Lycane glissa à Elise :
« Mieux vaut partir pour le moment sur la droite…Il y’a moins de présence de ce côté. »
Autant éviter le plus de rencontre possible non ? Emboîtant le pas, la Terranide pris donc la décision indiquée, s’arrêtant au niveau des portes pour écouter à ces dernières et s’assurer qu’aucune âme n’était présente quand elle serait ouverte. Elles passèrent cependant devant différentes portes qu’elles ne purent ouvrir pour cause de présence dans la dite pièce. Jusqu’à ce que l’Okami indique une pièce où aucun son ne provenait. De plus, le bois de la porte était grandement stylisé et présentée plusieurs arabesques dont ce qui semblait être au centre un blason familial. Qu’importe ce qui se trouvait derrière cette porte, la pièce serait loin d’être anodine. Une rapide vérification à gauche puis à droite et l’Okami poussa l’édifice qui s’ouvrit sans malice, offrant à la vue des deux femmes une grande pièce pourvue d’une bibliothèque et d’un bureau au bois massif et impérieux.
« Ca m’a l’air d’être une bonne piste…. Mais avant par précaution… »
Elle s’approcha de l’unique fenêtre de la pièce qui donnait dans une cour arrière et s’assura que cette dernière n’était pas close. Mieux valait prévoir une porte, ou plutôt dans ce cas-ci une fenêtre de sortie. Observant le bureau, la Terranide se dirigea d’un pas rapide vers ce dernier et commença à ouvrir les tiroirs, à chercher un quelconque compartiment caché, cherchant toute cachette éventuelle avant de subitement brandir une liasse de papier. Ces derniers portaient des inscriptions démoniaques et pouvaient être la preuve que les deux femmes cherchaient.
« Quelqu’un approche…. »
Fouiller encore ou partir en espérant que cela serait suffisant ? C’était à Elise de choisir ! Ou bien pouvait-elle aussi décider d’attendre et accueillir, si c’était lui, William Hamleigh dans ses filets.
-
À force de vivre près d’eux, Élise avait appris l’histoire des Hamleigh. Ils représentaient l’une des plus puissantes familles du royaume, à tel point que, jadis, Percy aurait pu devenir Roi. Dans ce royaume, le Roi n’était pas choisi par lignage, mais élu par ses pairs. Les familles de nobles se réunissaient à chaque fois que le Roi était mort, et débattaient entre elles pour choisir un nouveau Roi. Les discussions étaient souvent houleuses, et tout autant abusives (il était fréquent qu’on envoie des assassins, ou qu’on empoisonne certaines représentants jugés trop favoris), mais, une fois le nouveau Roi choisi, tous juraient fidélité à ce dernier. Percy Hamleigh aurait pu être le Roi, mais il manquait de volonté, et n’avait guère envie d’hériter du trône... Contrairement à Regan, dévorée par l’ambition. La femme était une redoutable zélote fanatique, qui avait jeté son dévolu dans la religion après avoir échoué à devenir Reine. Elle en avait, par conséquent, toujours voulu à son mari, car, même si le château des Hamleigh était impressionnant, et leurs terres riches, c’était dans la capitale que Regan voulait vivre.
Cette femme était la preuve que le mal trouvait toujours une origine, car, aussi cruel que soit William, il n’é&tait que le fruit des péchés de sa mère. Est-ce que cela l’exonérait de tout ? Des infamies, des exécutions publiques, des viols, des scènes de torture ? Ça, Élise se refusait à adhérer à cette théorie. Pour l’heure, elle suivit Shad, ce qui amena le duo dans une espèce de bibliothèque, assez isolée. Le manoir était un vaste labyrinthe, et Shad venait de trouver des documents dans un bureau. Elle-même trouva des cartes, mais Shad avait surtout mis la main sur un carnet de correspondances.
«
Voilà qui est intéressant... »
Des bruits de pas se firent entendre, et Élise se dissimula dans l’ombre. Il ne s’agissait rien de plus que de quelques gardes qui menaient une ronde. Elle attendit néanmoins plusieurs secondes supplémentaires pour s’assurer de leur départ, et consulta ensuite les lettres.
« Cher Randall,
Il ne se passe pas une journée sans que je ne me languisse de vous, que ce soit vos conseils avisés, vos indiscutables talents, ou, de manière plus simple, votre personne même. Vous m’avez toujours été d’une aide indispensable, et, comme vous le savez, c’est uniquement grâce à vous que je continue à vivre.
Oui, je vous aime. Bien plus que je n’ai jamais aimé quiconque, si ce n’est mon fils, Dieu m’en garde. Et je sais que vous êtes à l’image de l’Homme-Jésus, en qui je continue à prier chaque jour. Feu mon mari n’était pas à la hauteur de la tâche qui nous incombait, cher Randall. Il ne comprenait pas quels étaient vos glorieux desseins, et s’était roué dans la peur et dans la lâcheté. (...) »
Élise n’avait pas le temps de tout lire, mais, à voir le papier jauni de ces courriers, certains dataient de plusieurs d’années.
*
Randall...*
Élise tourna les pages, cherchant une correspondance plus récente.
« (...) Elle s’est enfuie. Nous avons capturé sa seconde, une immonde bête arachnéenne indéfinissable. Les pouvoirs d’Élise ont augmenté, Cher Ami. C’est un fait indéniable, et il m’insupporte de voir cette bête infâme sans être prise de spasmes nerveux. Je sais bien qu’il est nécessaire de purifier cette région pour pouvoir la racheter de ses péchés, mais je dois vous avouer qu’il me vient parfois de douter de la sagesse de mes actes.
Ce royaume est faible. Il s’est vendu aux Nexusiens, tremble sous les Ashnardiens. Même avant cela, nous vivions sous la coupe gardée de Gilead. Nous n’avons jamais pu exercer une véritable souveraineté. Alors, quitte à choisir, cher Ami, il va de soi que, si j’en avais les moyens, je me joindrais à vos forces. Tout comme Gilead en son temps, Nexus et Ashnard ont fait leur temps. Elles sont les vestiges d’un ancien monde qui peine à mourir, et vous, cher Ami, vous et votre mouvement, vous incarnez l’avenir et le renouveau.
Et moi, je vois le progrès (...) »
Regan écrivait de longues lettres, témoignant de sa belle plume.
«
Randall... Le Magicien. »
Élise semblait perdue dans ses pensées.
«
On a ce qu’il nous faut, Shad, on peut partir... »
Elle précisa néanmoins rapidement :
«
Regan a conspiré contre le royaume, elle voulait prendre les rênes, et les offrir à Randall... Et je ne connais qu’un Randall. »
C’était le Magicien, un homme que Shad avait croisé en Enfer, et sans qui elle n’aurait jamais réussi à sceller Hastur.
Randall Flagg.
-
« Randall Flagg….Sans vouloir être pessimiste Elise mais face à lui, je ne saurais rien faire. »
Et c’était effectivement le cas. La Lycane avait pu avoir un aperçu de sa puissance aux Enfers et savait pertinemment que contre un ennemi de cet acabit mieux valait éviter tout affrontement inutile. Pourtant voilà qu’elles apprenaient que le magus avait pactisé avec Regan afin d’obtenir les rênes du royaume. Encore fallait-il savoir pourquoi ? Pour la Terranide, Flagg ne voulait pas réellement le trône, non ses desseins devaient être tout autres.
« Flagg qui veut contrôler le royaume….Cela ne présage rien de bon surtout si il a un lien avec le Roi Cramoisi….La voie est libre hâtons nous de sortir de cet endroit. Nous avions déjà eu assez de chance jusqu’ici… »
Une infiltration réussi, aucune rencontre fâcheuse, des documents capitaux trouvés. C’était comme si les deux femmes avaient eu extrêmement de chances de ne pas avoir eu un incident fâcheux sur leur chemin. A moins qu’une tierce personne voulait qu’elles trouvent ces documents sans heurts. Non, cette hypothèse était parfaitement impossible, qui donc irait aider Elise, elle qui était tellement craint et haïs dans tous le royaume ? Ce n’était là que le fruit du hasard. S’assurant une seconde fois que la voie était effectivement libre, la Louve indiqua le moment opportun pour sortir de la pièce, filant par la suite aux travers des couloirs avec Elise, les lettres de correspondances entre Randall et Regan en mains.
Par chance ou singulièrement, la sortie du domaine des Hamleight se fit sans réelle difficulté. Le duo dû toutefois abattre rapidement une ou deux sentinelles mais dans l’ensemble, les deux femmes évoluaient sans obstacles. A ce rythme lorsque Regan aura noté l’absence de ses précieuses lettres, elles seront déjà assez loin. Tout en continuant leurs fuites, la Lycane se tourna vers Elise.
« Nous avons ce que nous cherchions, penses tu que cela suffisant ? Je peux aussi essayer de rejoindre Aoife si tu le souhaite...Mais quand même que viens faire Randall Flagg dans cette histoire ? »
Une question qui ne cessait de perturber la Terranide qui cherchait une solution logique à cette question nimbée de mystères. Petit à petit, le château des Hamleight disparaissait dans l’horizon. Il ne fut une nouvelle fois pas difficile d’éviter les milices locales patrouillant dans les rues désertes de Koldoue. D’une certaine manière on pouvait aisément dire que leur mission fut un franc succès. Ne sachant pas si Elise voulait rentrer dans le repaire des sorcières ou si elle avait un autre objectif en tête, la Terranide la suivit tout simplement en restant en alertes pour éviter de fâcheuses rencontres.
A présent quelle route allait décider de prendre Elise ?
-
« Flagg… »
Élise n’avait pas tourné en rond. Une fois en-dehors du manoir, elle et Shad s’étaient retournées vers le refuge de Scybilla. Elles emmenaient avec elles une série de lettres, et, en ayant désormais le temps de la lire, obtinrent les réponses manquantes sur la relation entre les Hamleigh et Flagg.
Regan était, pour le dire simplement, dévorée par l’ambition et par la perversion. Elle entretenait une relation incestueuse avec son fils qui avait détruit la psyché de ce dernier, le rendant cruel et violent. William Hamleigh était connu pour les femmes qu’il violait chez lui. Il avait instauré un « droit » seigneurial abusif, maintes fois condamné par les juridictions nexusiennes : le droit de première nuit. D’après les tenants de ce droit, un seigneur devait s’assurer, lors du mariage d’une jeune femme, qu’elle était bien vierge, en vertu des préceptes religieux interdisant à une femme de perdre sa virginité en-dehors du mariage. Dans les premières versions de ce droit, il s’agissait juste d’un examen gynécologique, mais l’usage en avait rapidement été modifié en un simple viol. William avait donc réinstauré ce droit, et s’en était servi comme d’un prétexte pour multiplier les rapts et les viols sur ses paysans. Souffrant d’un complexe œdipien, il essayait de trouver chez les femmes du plaisir, mais, à chaque fois, sa frustration le ramenait vers Regan. Pris dans des émotions contradictoires, William se défoulait chez les femmes. Il les battait à mort, les torturait sauvagement… Élise était bien placée pour le savoir, car il était fréquent, quand elle était dans sa forêt, qu’elle récupère plusieurs des victimes de William.
William aimait sa mère, et sa mère l’aimait, mais, rigoriste et impitoyable, elle avait toujours refusé cet amour, tout en corrompant l’esprit de William. Les lettres permettaient de déterminer qu’elle lui avait ainsi appris à se masturber, tout en le sermonnant d’avoir des érections, fouettant son sexe, le battant à plusieurs reprises. En réalité, William était un ensemble de paradoxes le rendant instable. Un homme qui commettait les pires infamies possibles, mais qui se confessait à chaque messe, car il avait une peur panique des flammes.
« Je sais que le manoir des Hamleigh a été incendié quand William était jeune… Il est possible que la vue des corps calcinés ait engendré chez lui un traumatisme qui résonne quand on évoque les flammes éternelles de l’Enfer. »
Quoi qu’il en soit, et en-dehors de ces considérations psychologiques, Regan était dévorée par l’ambition. Elle ne voulait pas juste être Duchesse, mais une Reine. Le royaume lui revenait de droit, et elle avait pactisé avec Flagg, non seulement pour tuer son mari en l’empoisonnant, mais aussi pour s’arranger afin que son fils dispose d’une armée conséquente, et puisse, un jour, devenir Roi. Regan et William avaient donc rejoint l’Affiliation, le bras armé de la Monarchie de la Rose. Cependant, le dossier de William était fortement entaché par Élise. L’Affiliation, pour l’aider, avait envoyé l’une de ses factions, Brahmin et ses séides. Brahmin avait malheureusement échoué, grâce à Shad, et les Hamleigh s’étaient retrouvés bredouille.
« Mais pas uniquement… Les multiples mercenaires de Brahmin ont rejoint les rangs des Hamleigh. J’ai manqué de vigilance », reconnut Élise.
La Reine des Araignées était un sujet de conversation récurrent entre Regan et Flagg. À travers les propos de Regan, Élise avait compris que William était sexuellement attiré par Élise, ce qui, en d’autres termes, signifiait que, si elle tombait entre leurs mains, soit William la tuerait lors de l’une de ses crises obsessionnelles, soit Regan la tuerait, comme elle avait tué, pendant l’adolescence de William, toutes les femmes se rapprochant un peu trop près de lui.
« Et, à chaque fois, le Magicien l’a aidé… Je gage que Flagg a dû rencontrer Regan avant Percy.
- La présence de cet homme est la preuve qu’il nous manquait. Il ne s’agit plus seulement du sort du royaume. J’ignore ce que veut White Élise, mais tout cela dépasse largement notre sort. Nexus doit intervenir !
- Nexus… Et Sha. Nous ne sommes pas de taille contre Flagg. »
Shad leur avait raconté qu’elle avait rencontré Flagg en Enfer, dans la cité infernale de R’lyeh. C’était lui qui avait contribué à sceller Hastur. Élise lui avait expliqué que Randall Flagg était le plus proche bras droit du Roi Cramoisi. Cependant, les motivations de Flagg étaient des plus obscures à saisir. Il était par exemple acquis que « Randall Flagg » n’était qu’un pseudonyme. Nul ne connaissait son véritable nom, en réalité. Scybilla savait que la Monarchie de la Rose était impliquée, mais pas que Flagg soit derrière cette invasion.
« Tu devrais retourner voir Aoife, Shad. Tu as les preuves qu’il fallait. »
Dans les notes, Regan indiquait clairement sa soif de pouvoir, et son envie de renverser le pouvoir, afin que le royaume devienne une nouvelle province de la Monarchie de la Rose. Scybilla se ravisa brusquement.
« Enfin… Sauf si tu veux te reposer avant.
- Il sera plus prudent d’aller à l’ambassade de Nexus la journée, sans le risque du couvre-feu », acquiesça Élise.
Scybilla hocha la tête, tout en se relevant.
« Ma Déesse connaît le Magicien… Depuis que sa championne a remporté le tournoi de Wallündrill, ses souvenirs lui reviennent. Tout ça… Tout ça nous dépasse. Flagg a participé à l’action des hommes ayant abouti à bannir Sha. Elle nous a prévenus de ne jamais l’affronter sans elle, et de l’avertir dès que nous aurons des informations sur lui. Je gage que Sha voudra discuter avec toi, Shad. Pour une Terranide, tu as vraiment un destin exceptionnel… Et je suis maintenant sûre que la Machine de Nexus est une autre partie du vaste plan de la Monarchie. Oui, Sha voudra vraiment te parler. »
La sorcière, consciente qu’il pouvait être intimidant de rencontrer une Déesse, reprit ensuite :
« Ne t’inquiète pas, elle adore les félins… Comme toutes les sorcières, en fait. »
Et puis… Ce n’était pas tous les jours qu’on avait l’occasion de rencontrer une Déesse, non ?
-
« Dans ce cas, il vaudrait mieux que j’apprenne à miauler pour ne pas la décevoir. Après tout, je tiens plus du canidé que du félidé. »
Rétorqua simplement la Louve un sourire amusé aux lèvres. Rencontrer la déesse des sorcières, Sha, voilà un évènement qui ne risquait guère d’être des plus banales. Mais après ? Que pourrait-elle lui dire ? L’Okami avait déjà narré bon nombre de fois ce qu’elle avait vécu et gageait que ses paroles avaient dès lors déjà dû être rapportées. Que pourrait-elle donc dire de plus ? C’était là toujours une question récurrente quand elle était censée rencontrer des personnalités importantes et avec qui une discussion était prévue. Il était vrai qu’il y’avait beaucoup de point à aborder, notamment la Machine située chez Oswald Mandus et l’invocation de Hastur qui fut par chance mise à mal. Mais tout cela, Sha devait déjà le connaître. Sans un mot, la Lycane attrapa l’une des lettres de Regan et la survolant repris finalement la parole.
« Elise a raison. Il serait plus avisé que j’attende demain pour retrouver Aoife. D’une part, le lieu où elle doit être est sans doute clos à l’heure qui l’est et puis les cadavres ont dû être découverts à présent. Je pense que des patrouilles sont entrain de ratisser Koldoue pour chercher les coupables…J’irais la rejoindre demain avec ces preuves. »
Et quelles preuves ! Elises et Shad avait réellement mis la main sur un filon d’information non négligeable et tenaient maintenant entre leurs mains la preuve irréfutable que Regan, la mère de William Hamleight cherchait à renverser le royaume pour l’offrir à un dénommé Randall Flagg, tout ça, dans un premier temps pour renforcer la Monarchie de la Rose. Mais après savoir quelles étaient réellement les intentions du mage, cela restait un mystère. En observant simplement le papier d’une des lettres, la Lycane esquissa un sourire gêné :
« Mais…ces preuves peuvent être trop facilement détruites. Il faudrait nous assurer d’en avoir toujours un exemplaire, une copie de chacune de ces lettres… »
Il était si simple de détruire du papier ! Les lettres pouvaient être tout aussi bien brûlées que déduites à l’état de petits morceaux inconnaissables et jetés aux vents. Cependant, la ou les personnes qui auraient en charge la copie de ces écrits auraient devant elles une bonne quantité de travail. Plus que le nombre de lettres, c’était également la longueur de ces dernières qui était démentielles. Mais cela faisait en l’occurrence des preuves bien plus importantes à fournir.
« Je peux m’occuper de quelques une si besoin – se proposa spontanément la Terranide - Quant à ta déesse Scybillia, je serais bien sûre ravie de la rencontrer et serait disponible quand elle le demandera – elle se tourna par la suite vers Elise – Je viens de penser…A-t-on des nouvelles de Medonée ? Je sais que le poison de Charlotte l’avait particulièrement affaibli.... »
Depuis le temps, le venin ne devrait plus faire d’effets mais on n’était jamais sûr de rien. Plusieurs choix s’offraient donc à la Terranide : recopier des preuves, se reposer, discuter des prochains jours et notamment sur les potentielles marches à suivre, voir Médonée ou simplement ….Et bien ce qui se présenterait à elle. Après tout, les prochains jours risquaient d’être particulièrement chargés.
-
« Médonée est rétablie, répliqua Élise. Je m’en suis assurée personnellement. »
Médonée était toutefois fréquemment dehors, car, comme les autres, elle luttait contre l’influence de la Monarchie de la Rose sur place. Elle ne chômait pas, et s’efforçait de trouver des informations sur White Elise, et de récolter des éléments pour permettre à sa Reine de retrouver le contrôle de ses araignées. Médonée cherchait donc à faire des expériences sur les Arachnistes. Élise, très étrangement, n’en avait pas parlé auparavant à Shad... Ce qui était sans aucun doute la preuve que les femmes n’arrêtaient pas. Le pays était en guerre, et risquait bientôt un massacre total, le tout sous l’égide du Roi Cramoisi et de son redoutable allié, Randall Flagg.
« Je vais me charger de faire des copies... Toi, Shad, tu devrais aller te reposer. »
Scybilla se mit alors à sourire, et rajouta rapidement :
« Et désolée de m’être trompée sur tes attributs animaliers, ma chérie... Quelqu’un m’a dit que tu étais une jolie chatte, en fait. »
Un léger silence plana suite à la phrase de Scybilla, dont le sourire, bizarrement, resta niché sur ses lèvres. Que lui cachait-elle donc ? Après ce que Shad avait vécu chez les Hamleigh, la traversée de la ville, Scybilla avait autre chose à lui proposer, un autre allié... Une bonne connaissance pour Shad, que la sorcière avait été chercher.
« J’ai pris la liberté de le laisser entrer dans ta chambre... Mais tu peux l’en faire sortir, si tu veux. »
Bien que Scybilla doute qu’elle veuille le faire... En tout cas, la sorcière n’en dit pas davantage, et Élise s’écarta également. Après cette intervention, elle voulait, non seulement se reposer, mais aussi réunir davantage d’informations sur les Hamleigh, en se rappelant de ce qu’elle savait sur eux, ou en consultant les archives et les livres détenus ici. Shad se retrouva donc à retourner vers sa chambre, située dans une partie de la crypte.
Et, quand elle arriva dans le couloir menant à sa porte, elle put voir... Une série de pétales rouges sur le sol, formant un chemin sinueux menant vers la porte, tandis qu’une odeur sensuelle et tendre régnait dans l’air. La porte était entrouverte, et, quand elle entra, ce fut pour voir que les pétales de roses remontaient jusqu’à son lit. On avait allumé des bougies dans un coin, et l’odeur qu’elle avait pu sentir en approchant, cet agréable parfum, était encore plus fort ici.
« Je suis déçu, Shad... Tu n’as pas enfilé ma superbe tenue ! »
Il était là, dans un coin. Bien sûr, c’était lui ! Alastar Magoa se trouvait là, et tenait entre ses mains la tenue (http://img110.xooimage.com/files/8/b/9/0518-508feea.jpg) que Shad avait récupéré chez l’amante du Diablotin.
« Pourtant, elle te va à ravir ! poursuivit-il. Tu me fends le cœur, tu sais... Je m’attendais tellement à te surprendre avec cette tenue en venant t’apporter une boîte de chocolat. Les femmes sont si cruelles avec moi, elles oublient le grand sentimental que je suis... »
Pauvre Diablotin !
Comment ne pas avoir envie de le prendre dans ses bras pour le câliner ?
-
« Me voilà rassurée alors »
La Louve poussa un léger soupir de soulagement en entendant que Médonée se portait à présent bien mieux. Bien sûr la menace imminente qui planait ne lui laissait guère la possibilité de se reposer mais savoir qu’elle était hors de danger venait de retirer un poids sur la conscience de la Terranide. Elle hocha par la suite la tête vers Scybillia acceptant le fait qu’elle s’occupe des copies des lettres de correspondances entre Regan et Randall avant hausser un sourcil interrogateur. De qui pouvait-elle bien parler ? Et ce sourire qui restait scotché sur ses lèvres, semblant s’amuser de la situation actuelle. Oh, la Louve avait bien une petite idée mais sur le coup, elle se doutait fortement que ce soit le cas. Finalement, elle fut bien obligée de prendre la direction de sa chambre, s’y dirigeant donc tout en tentant de deviner qui pourrait être ce fameux invité.
« Des pétales de roses… »
Comment aurait-elle put les manquer ? Ces pétales rouges posées méticuleusement sur le sol et formant un chemin sinueux jusque dans sa chambre ? Et comment aurait-elle pu manquer cette odeur agréable et sensuelle qui était fort plaisante à humer ? Petit à petit à mesure que ses pas la rapprochaient de la porte de sa chambre, l’Okami levait ses doutes sur l’identité de celui qui l’attendait. Oui, elle n’avait plus aucun doute à présent et lorsqu’elle poussa la porte de sa chambre pour suivre du regard le chemin de pétales continuer jusqu’à son lit avec dessus un certains démon à la peau rouge qui l’attendait, la fameuse tenue à la main et se plaignant, la Lycane ne put retenir un sourire amusé.
« Alastar, quelle bonne surprise ! »
Un léger coup de pied dans la porte lui permis de refermer cette dernière. Puis, observant la tenue qu’il tenait dans l’une de ses mains, la Terranide afficha un air peu…heureux.
« Je te l’ai déjà dis Alastar, je ne l’apprécie pas réellement et puis…Tu veux ma mort c’est ça ? Tu voulais que je la porte là avec tous les danger qu’il y’a dehors voyons ! Je sais que tu préférerais plutôt m’offrir une petite mort n’est ce pas ? »
Elle déposa ses armes sur le côtés pour être plus à l’aise et vint rapidement rejoindre le Diablotin l’enserrant dans ses bras.
« Là là, je sais que tu aurais voulu me surprendre avec cette tenue mais ce n’est pas vraiment le bon moment. »
Elle se décala par la suite, s’étirant un coup avant d’entreprendre de se mettre plus à l’aise et de retirer sa tenue d’aventurière, offrant ainsi petit à petit la vue de son corps dénudé à l’incube sans que cela ne la gêne réellement. La pudeur voilà un moment que ce mot ne faisait plus partie de son vocabulaire
« Mais...Je suis étonnée de te voir ici, c’est Scylliba qui est venue te chercher ? Ne va pas me faire croire que tu es venus pour ma petite personne Alastar…-Elle regarda la tenue qu’il tenait toujours dans ses mains et finissant par soupirer enchaîna avec un – bon …je veux bien faire un effort ».
Et d’un geste rapide, elle l’attrapa et l’enfila en moins de temps qu’il fallait pour le dire avant d’émettre un léger grondement tout en s’observant.
« Le haut ça va…Masi le bas…j’aime pas...J’aime pas du tout mais toi…tu apprécies n’est ce pas Alastar ? »
Elle le laissait l’observer, sa queue battante tranquillement derrière son dos. Finalement il avait eu ce qu’il voulait le bougre !
-
« Allons, je ne proposais évidemment pas que tu l’enfiles pour te battre, ma petite Louve ! Mais... Elle est parfaite comme nuisette, non ? Il faut entretenir son capital beauté, c’est le fardeau à porter quand on fait partie du beau sexe ! »
Alastar n’en démordait pas. Il était étonnant de voir comment cet Incube, tout en ayant une expérience sexuelle considérable, agissait souvent comme un jeune garçon prépubère en manque de sexe. Le sexe faisait tout simplement partie de l’ADN du Diablotin, et, pour rien au monde, il ne comptait changer. Comme à son habitude, il se montrait très taquin, et laissa Shad de se déshabiller. Encore une fois, il observa son corps, ses superbes fesses, sa chute de reins musclée, et les quelques cicatrices sur son dos témoignant de ses aventures et autres expériences de souffrance. Face à lui, Shad n’avait effectivement aucune pudeur, et se retourna donc, toute nue, vers lui.
Le Diablotin sourit quand elle lui demanda pourquoi il était ici.
« J’étais déjà sur place, Onyxian m’a demandé de venir ici. Les Magoa sont traditionnellement alliés du culte de Sha, et, visiblement, les ennemis que tu affrontes sont les mêmes que ceux qui ont réveillé Hastur en Enfer. Alors... Ma sœur y voit l’occasion de résoudre un mystère, de bien se placer, et de se rapprocher aussi de Sha. Je suis là en éclaireur, mais... Tu me connais, j’aime joindre l’utile à l’agréable, surtout quand ma petite Louve adorée est dans le coin. »
Alastar reprit donc, toujours aussi charmeur, poursuivant son idée fixe :
« Je crois que ça mérite bien que tu l’enfiles, non ? Rien que pour moi... Ce sera notre petit secret ! »
Et, comme on ne pouvait jamais dire « non » à Alastar trop longtemps, Shad finit malgré tout par l’enfiler. Un sourire ravi éclaira les lèvres du Diablotin, qui laissa donc Shad mettre ce justaucorps noir semi-transparent, qui moulait ses formes à la perfection.
« Tu sais... Quand je t’ai dit que cette tenue appartient à la Comtesse... J’ai un peu menti. En fait... C’est un cadeau des Magoa, un remerciement de la part d’Onyxian pour ce que tu as fait. Elle hésitait aussi à te donner quelques esclaves masculins, mais on ne savait pas où les livrer. Si tu as une maison, je pourrais indiquer l’adresse de livraison. »
Il ne fallait guère s’attendre à autre chose de la part des Magoa, que des cadeaux très sexuels. Alastar se redressa, en tout cas, et observa Shad dans cette tenue.
« Tu ne le sens pas encore, mais elle n’est pas juste moulante et seyante. Cette combinaison stimule aussi tes sens, et elle est très résistante, très élastique. Tu comprends pourquoi je tenais tant à ce que tu l’enfiles... »
Le Diablotin l’embrassa sur les lèvres, et la poussa vers lui. Il était assis sur le rebord du lit, et laissa Shad se mettre à califourchon sur lui, l’une des mains du Diablotin caressant sa nuque, et l’autre palpant tendrement ses fesses.
« Maintenant... Je crois bien que tu as mérité une récompense, et une petite parenthèse. Nous sommes au beau milieu de la nuit, je gage que tu n’as rien de prévu, alors... Laisse-toi porter, ma chérie... »
Et il l’embrassa encore, cette fois à hauteur de l’un de ses seins, et mordilla le téton à travers la combinaison de la Louve.
-
« Tu sais très bien que je ne suis pas très portée sur l’esclavage Alastar…Je préférais que ces hommes viennent d’eux-mêmes plutôt qu’ils soient forcés de le faire…Et puis, je ne pense pas me poser à un endroit fixe avant un petit moment.. »
Avoir son logement, une vie tranquille et pleine de banalité. Cette option ne semblait pas réellement attirée pour l’instant les faveurs de la Terranide. Elle qui était plus habitée à parcourir Terra et à vivre des aventures plus intéressantes et dangereuses les unes que les autres. Elle porta son attention sur la tenue qu’elle portait. Un cadeau d’Onyxian….En tant que succube il était peu probable que cette dernière ne lui offre des présents aux caractères chastes. Se laissant attirer par le Diablotin, elle se plaça à califourchon sur lui, ses mains contre ses épaules, les caressant doucement.
« Tu sais, vous n’êtes pas obligés de faire autant de présents. Après tout, je me considère déjà chanceuse d’être bien vue par Onyxian. »
C’était peut-être là le meilleur cadeau qu’elle pouvait avoir. Etre bien considéré par la matriarche d’un clan infernal, c’était loin d’être quelque chose d’anodin. Un tressaillement la sortie de ses pensées tandis que le Diablotin venait tout juste de mordiller l’un de ses tétons à travers le tissu de sa combinaison. La sensation était…étrange. Malgré qu’elle n’était pas en simple tenue d’Eve, la Terranide avait l’impression de l’être et cette tenue semblait également approfondir les sensations ressenties. C’était comme si son corps était bien plus sensible qu’il ne devrait être à l’origine.
Le Diablotin marquait également un point sur un fait essentiel. La Lycane n’avait absolument rien de prévu et ne pouvait donc pas se déloger de ses douces attentions. Après tout, le voudrait-elle ? Qui donc pourrait refuser de passer un moment fort agréable avant de repartir à l’assaut d’une bataille sans fin au risque de s’y voir mourir ? Personne. Ou un fou peut-être. L’une de ses mains se déplaça au niveau de la tête de l’incube et y caressa le cuir chevelu tandis qu’il continuait son manège contre sa poitrine. Diable, ça lui faisait un bien fou et son corps, qui ne restait pas en reste, réagissait positivement à ses attentions toutes particulières.
Un léger ronronnement de satisfaction lui échappa et elle fit glisser sa main jusqu’à l’une des joues du Diablotin afin de l’inviter doucement à relever son visage, joignant par la suite ses lèvres aux siennes pour un baiser au commencement doux puis devenant plus passionné au fur et à mesure. Ses bras vinrent se croiser derrière la nuque de l’incube et finissant par briser leur échange, elle le regardait, le souffle court, sa queue joueuse venant effleurer celle se trouvant entre les jambes de l’incube.
« Va pour se détendre….je te fais confiance Alastar. »
Et elle pouvait compter sur lui lorsqu’il s’agissait de passer un très agréable moment ! Ses quelques expériences avec ne sauraient prouver le contraire ! Puis comme si tout ce qui avait été à dire avait été mentionné, la Louve laissa ses mains parcourir le corps carmin de l’Incube, ses lèvres rejoignant de nouveaux ses consœurs, tandis que son corps plus réceptif à cause de la combinaison, semblait déjà être impatient pour la suite des évènements.
-
Shad pensait-elle sérieusement pouvoir le repousser ? Hum ! Comme c’était amusant ! Alastar avait le droit d’en sourire, oui. Des femmes voulant le repousser, il en avait bien connu, mais ça n’avait jamais tenu très longtemps. Face à lui, on finissait toujours par se rendre à la raison, et par laisser parler le désir. Et, avec cette tenue si particulière, Shad ne pouvait pas lutter. Oui, outre son côté esthétique certain, c’était une tenue enchantée, améliorée par la magie rose pour que l’amour soit encore plus agréable. La Terranide le réalisa quand Alastar joua avec ses seins, et, peu à peu, se laissa porter. Ses bras s’enroulèrent autour de sa nuque, et les deux amants se livrèrent à un tendre et sensuel baiser, qui gagna progressivement en intensité. Alastar en profita pleinement, caressant son dos, et glissa petit à petit l’une de ses mains, l’appuyant sur les fesses de Shad, la maintenant contre son torse, tout en se redressant.
Une fois debout, Alastar maintint le corps tendre de Shad contre le sien, et frémit en sentant sa queue caudale descendre, venant caresser son sexe, qui se redressa, l’extrémité tapotant contre les hanches de la Terranide-louve. Alastar sourit alors, après ce magnifique baiser. L’Incube était doué, et, face à lui, on suivait le rythme, et on se laissait bercer. Comment repousser un tel amant ? Et, surtout, pourquoi vouloir le faire ? Alastar n’était pas comme sa sœur, il ne piégeait pas ses amantes en dévorant leurs âmes. Comme il le disait lui-même, il était amoureux du beau sexe.
Shad acquiesça donc à l’idée de se détendre avec Alastar, et ce dernier sourit malicieusement, ses yeux bleus flamboyant d’envie.
« J’ai ta confiance, donc ? M’en voilà flatté ! »
Ce fut tout ce qu’il put dire, car Shad retourna l’embrasser, comme si ses lèvres étaient aimantées par les siennes. Alastar accueillit donc les siennes. Il avait beau être un démon, et venir des bas-fonds de la Création, ses lèvres étaient très douces, voluptueuses, charnelles… Et, au-delà de ça, il savait comment embrasser. Ce n’était pas un baveux, ni un mou du genou, optant pour des baisers appuyés, avec ses lèvres tendres et délicates. Sa main se crispait sur les cheveux de Shad, et il accompagnait ce baiser par des mordillements, coinçant la lèvre inférieure de Shad avec ses dents, et tirant délicatement dessus. Une pincée de douleur, une zeste de perversion, et il lui offrait un magnifique baiser, prélude à un rodéo sensuel et énergique.
Alastar l’embrassa donc assez longuement, pendant plusieurs minutes, fermant les yeux pour savourer ce moment, frémissant quand il sentait les ongles de Shad s’enfoncer contre ses épaules. Il la maintenait contre son corps, en usant de ses muscles, et déplaça ses mains, tout en bougeant un peu le corps de Shad, rapprochant ainsi sa verge de son intimité.
« Voilà… Comme ça, ma chérie… »
Sa queue tapa contre les cuisses de la femme, et il déplaça encore une main, écartant le bandeau dissimulant ses lèvres intimes, puis y enfonça ensuite son membre. Un grognement le traversa à ce contact, et il ferma les yeux pendant quelques secondes, avant de commencer à donner des coups de reins.
« Tu sais, hmmm… Si tu ne veux pas des esclaves d’Onyxian, tu peux les affranchir, mais… Ne les refuse pas devant ma grande sœur, elle le prendrait mal. Après… Eux seraient ravis de te servir, tu sais. »
Enfin, le choix lui appartenait. Pour l’heure, Alastar reposa une main sur les fesses de Shad, et la guida d’avant en arrière.
« Là, voilà… Hmmmm… J’aime toujours autant ta chatte, ma petite Louve. Et toi, tu aimes, hum… ? »
Il avait une belle verge, trahissant son excitation, et, pourtant, même malgré ça, Alastar arrivait à conserver son sang-froid, et à parler d’une voix calme et posée. Mais, en tout cas, il adorait ça ! Ce n’était pas la première fois que lui et Shad faisaient l’amour… Et ce ne serait pas la dernière !
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Un long soupir de plaisir s’échappa des lèvres de la Terranide lorsqu’il s’unit à elle. Ses griffes se plantèrent plus profondément dans sa peau et ses jambes s’enroulèrent autour de son bassin afin qu’il ne puisse pas se déloger. L’Okami venait d’être envahie par un flot de sensation et de plaisir juste par ce simple acte et son cœur battait déjà la chamade. Redoutable, cette tenue était sacrément redoutable.
« Haa nous..nous verrons en temps voulu »
La question des esclaves n’était plus sa priorité sur l’instant. Chaque coup de rein de l’Incube lui arrachait soit un gémissement, soit un soupir de plaisir. Elle pouvait le sentir bouger en elle, sentir sa lance frotter contre ses parois intimes, s’imprégnant de sa cyprine qui s’écoulait pour lui permettre d’aller toujours plus loin et rapidement. Dire qu’elle ne profitait pas serait un mensonge et même sans cette tenue remplit de magie rose, la Louve aurait passé un agréable moment dans les bras du Diablotin. Elle soupirait contre son oreille, allant également la mordiller, descendant dans son cou, remontant vers ses lèvres qu’elle scella de nouveau aux siennes. Son corps tout entier tremblait de plaisir, se laissant porter et diable ! Ce n’était que le début !
« Hmm…Question stupide Alastar….Tu s is bien que…haa j’aime ça… »
Pourquoi mentirait-elle ? Elle appréciait ces quelques instants avec lui, après tout qui pourrait nier un tel fait ? Et même si elle n’était pas comme certaine à se gaver de sexe à longueur de journée, la Louve restait une simple personne avec des besoins primaires et passer du bon temps pouvait aider à décompresser et surtout se faire plaisir dans ce monde de brutes. Elle mordilla à son tour ses lèvres, l’incitant à aller encore plus vite, son bassin tentant de suivre le rythme de celui de l’incube afin d’approfondir les sensations ressentis.
Puis, soudain, sans crier gare, la libération. Une contraction intense de tous ses muscles et une soudaine vague de chaleur qui envahie tout son corps. Elle soupira longuement par la suite, son cœur battant à tour rompre contre sa poitrine, donnant l’impression qu’il allait simplement explosé. Mais, la nuit était loin d’être finie et tandis que la Lycane cherchait à reprendre son souffle, les effets de la tenue se firent plus violent, la replongeant petit à petit dans un tourbillon de sensation intense.
« Hmm…haa…re…redoutable »
Son état ne pouvait venir que de là ! Du moins en partie. Qui sait peut être que même sans cette dernière, il y aurait eu le même résultat ? Sa queue caudale vint soudainement se glisser entre les deux corps, frottant contre les bourses du démon, ses mains ne griffant plus son dos mais se contentant de le caresser, ressentant les muscles de ce dernier bouger sous la pulpe de ses doigts au fur et à mesure qu’il s’enfonçait en elle.
« Tu sais…il y’ a un autre hmm..lieU que tu n’as pas visité depuis longtemps Alastar… »
Etait-ce dû à cette fameuse tenue ou était-ce une envie personnelle qui l’avait poussé à évoquer cette phrase lourde de sens ? Il avait été le premier à lui faire connaître les plaisirs de cette pratique tabou, quoi de plus normale que de lui proposait un nouveau round ? Ses gémissements se firent de nouveau de plus en plus rapide, signe qu’elle n’allait de nouveau pas tarder à atteindre des sommets de bien-être. Mais qu’en était-il pour le Diablotin ? Profitait-il aussi pleinement de cet instant comme la Terranide le faisait ?
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L’heure était extrêmement grave. Shad et Alastar se trouvaient dans un royaume en perdition, ravagé par une terrible invasion de monstres, qui entraînait quantité de problèmes supplémentaires. Des réfugiés dont on ne savait plus quoi faire, et une guerre civile latente, chaque personne accusant son voisin d’être à l’origine de ce qui ressemblait à un fléau divin. Et, au milieu de tout ça, il y avait Shad Hoshisora. La Terranide-louve était encore impliquée dans une histoire aux ramifications profondes et aux conséquences lourdes. Dès lors, il était normal de se détendre, de se relaxer. S’envoyer en l’air dans cette situation dramatique pouvait paraître ubuesque, et, dans un sens, ça l’était effectivement, mais c’était aussi une manière de se décompresser, et de ne pas être tout le temps sur le qui-vive. Alastar était là pour ça, ce soir, avec elle… Et aussi parce qu’il était, par nature, insouciant, et avait envie de lui faire l’amour. C’était, en réalité, aussi simple que ça pour le Diablotin.
Il prenait donc la femme, une main sur ses fesses, en soutien, sa massive virilité se perdant en elle, remuant d’avant en arrière, ondulant dans son corps. Ah, comme c’était agréable ! Shad était très confortable, très chaude et très douce. Lui faire l’amour s’avérait être toujours aussi plaisant, et c’était bien avec délice qu’Alastar se glissait en elle, et la pénétrait rudement. Sa grosse verge se nichait en elle, et il la faisait remuer dessus, de haut en bas, sentant avec délectation les griffes de Shad se crisper sur ses épaules.
« Hmmm… Ouiii… Haaa, ma douce Shad… Hmmm… !! »
La tenue ne faisait que l’aider à révéler ses instincts, et, vu comment Shad trépignait sur place, elle avait visiblement eu grandement envie de lui faire l’amour. Comme quoi, à force de guerroyer, Shad en oubliait ses désirs les plus fondamentaux. Le Diablotin continuait à la prendre, jusqu’à sentir l’Okami approcher du point de rupture. Elle l’embrassa plus fortement, pinçant ses lèvres, les mordant avec envie, et Alastar en frémit, puis se déplaça rapidement. Le dos de Shad vint heurter le mur, fournissant au Diablotin un appui supplémentaire pour pouvoir remuer plus fortement en elle. Ses coups se firent plus appuyés, plus soutenus, imposant à Shad un rythme intense et appuyé.
« Hmmmm… Hmmmm… !! »
Il grognait et soupirait, jusqu’à sentir Shad jouir contre sa queue, répandant sa mouille le long de sa verge. Ah ! Quelle sensation délectable ! Jouissive, même ! Fort heureusement, ni lui ni Shad n’avaient envie d’en finir, et la Terranide vint même à surprendre Alastar en lui proposant de passer par un autre endroit. Sa remarque amena un sourire amusé sur les lèvres du Diablotin, qui vint embrasser la femme dans le creux du cou, mordillant doucement sa chair.
« Eh bien… Tu es bien dévergondée, ma chérie… »
Mais qui viendrait s’en plaindre ? Sûrement pas lui, bien au contraire ! Il joua avec son cou, léchant sa peau, remonta sur sa joue, puis s’écarta alors, retirant sa queue de son intimité, ce cocon chaud et soyeux où sa verge se sentait bien… Mais elle allait bientôt se sentir bien de nouveau, en s’immisçant dans un nouvel antre.
« Allez… Mets-toi à quatre pattes, Shad, ce sera encore mieux comme ça ! »
Dès qu’elle serait en possession, il comptait bien la prendre par l’arrière, et s’enfoncer royalement dans son corps… Lui offrir la sodomie qu’elle réclamait, tout simplement ! Ce serait là une magnifique manière de terminer cette soirée, non ?
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Pouvait-on réellement lui en vouloir ? L’accuser du fait qu’elle prenait un peu de bon temps entre les bras d’un ravissant Diablotin tandis que le pays était en proie à la guerre ? N’avait-elle donc pas le droit de décompresser un peu ? Toutes ces questions furent rapidement mises de côté par la Terranide qui ne souhaitait que profiter au mieux de l’instant présent. Elle venait tout juste de faire une allusion à Alastar et ne put s’empêcher d’émettre un léger rire quant à sa remarque répliquant dans la foulée.
« La faute à qui hm ? »
Elle soupira de plaisir en sentant sa langue parcourir son cou tandis que son bassin se mouvait toujours contre celui du Diablotin, sentant subitement un vide l’envahir quand il s’éloigna d’elle. Pourtant, cette sensation n’allait durer qu’un petit temps et posant ses pieds à terre, la Lycane vint d’abord à embrasser l’incube avant de s’en séparer et de se diriger vers le lit couvert de pétales de roses. Ses doigts vinrent effleurer l’une d’entre elle tandis que son odorat appréciait l’odeur agréable qui s’en dégageait. Tournant son regard vers le Diablotin, la Lycane finit pas simplement se mettre comme il lui avait demandé. A quatre pattes et lui présentant sa croupe dont l’humidité perlant sur ses cuisses ne laissait aucun doute quant à son état d’excitation actuel. Sa queue se mis également en branle, fouettant joyeusement l’air dans une attente qui semblait bien trop longue pour la Terranide.
« Allez vient Alastar, je sais que tu n’attends que cela ! »
Ou bien était-ce plutôt son cas ? C’était ce qui semblait être le plus véridique dans cette situation bien qu’une telle proposition ne pouvait rebuter l’incube. Combien de temps mis t’il finalement pour grimper sur le lit et se positionner derrière elle ? Quelques secondes mais pour la Lycane cela sembla durer une éternité. Elle sursauta légèrement lorsqu’elle sentit ses mains agripper son bassin et la verge coulisser entre ses fesses, frottant contre sa porte de derrière. Une inspiration et une expiration pour se détendre et la Louve se cambra plus, offrant au Diablotin la possibilité de s’immiscer en elle quand il voulait et de la façon qu’il le désirait, la tenue semblant lui enlever toute peur d’une souffrance relative à une pénétration trop vive et brutale. Ou était-ce le fait qu’elle était particulièrement excitée qui lui retirait cette peur ?
« H…Haaa »
L’Okami n’eut guère longtemps à attendre avant de sentir ses barrières cédées face à l’épée de chair du Diablotin qui non content d’avoir été délogé de son précédent chaud et humide se retrouver à présent dans un bien plus serré. Petit à petit, la Louve le sentait dévorer chaque centimètre supplémentaire qu’il était capable jusqu’à sentir ses bourses claquer contre sa fente humide. Elle ne pouvait le nier, la sensation était bien différente qu’un coït normal et allait devenir également plus exaltante dès lors qu’il se mettrait à bouger et la posséder entièrement.
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Alastar allait maintenant s’occuper de la partie royale, le morceau de la Reine, ce petit trou d’amour qui attendait désespérément qu’une queue vienne s’enfoncer en elle. Esquissant un léger sourire devant la hâte de la jeune Terranide, Alastar se rapprocha, et grimpa sur le lit. Il se glissa dans le dos de la beauté, caressant ses formes, apposant ses mains sur ses fesses, appuyant dessus, appréciant sa chair, ses formes, sa souplesse. Alastar se rappelait parfaitement de ses séances avec Shad, et elle n’avait pas manifesté un tel entrain, la dernière fois. Oh, certes, on pouvait se justifier en prétextant qu’il y avait la tenue... Mais la tenue ne justifiait pas. Le Diablotin sourit donc, en comprenant surtout que Shad était plus à l’aise avec le sexe, et en ressentit une grande fierté, car il savait qu’il en était en grande partie responsable.
« Bien, bien... Ma petite louve, permets-moi de te le dire franchement... Tu es en chaleur ! »
Le Diablotin donna une petite tape sur ses fesses, comme pour la motiver davantage, puis se rapprocha. Sa queue tapa contre sa fente, et il grogna un peu, avant de forcer le passage, et d’atteindre son anneau rose, ce délicat trou, une fine et petite porte arrière, discrète et minuscule, mais qui ne demandait qu’à se faire visiter... Ce que l’homme fit, enfonçant la portière, la déformant, tapant sur les gonds, éprouvant la solidité de ce corps, sa souplesse. Un sourire perla encore sur ses lèvres, puis Alastar commença à se mouvoir en elle.
Un long frisson traversa son corps, remontant le long de ses entrailles, et ses muscles se crispèrent, puis il continua à la prendre, plus fortement, remuant longuement en elle.
« Hmmmm... Ma petite Shad, haaa... »
L’Incube grogna encore, sentant toute l’étroitesse de ce colon, dans lequel sa queue peinait à se glisser. La sodomiser, c’était un sport intense, intense et jouissif, délectable et torride, mais également très épuisant, et très prenant. Ah, quel plaisir ! Quelle joie, quelle intensité ! Sans ménagement, Alastar continuait à la bourrer, ne lui épargnant rien, son membre s’enfonçant de plus en plus profondément en elle, lui permettant ainsi de la pénétrer fortement.
« Oh, Shad... Hmmm... Haaa... !! »
Encore et encore, il s’enfonçait en elle, jusqu’à déplacer l’une de ses mains, s’en servant pour masser le sein de Shad, et releva son corps, la soulevant, et la relâchant, comme pour l’exciter davantage.
Car il était encore loin d’en avoir fini avec elle.
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« Hmm Alastar Haa… »
Elle soupirait son nom, se cambrant, sentant sa poitrine se soulever et s’abaisser aux rythmes de sa respiration qui se faisait plus forte Un mélange de plaisir et de douleur envahissait son être. Oh il était vrai que la première fois n’avait pas était accueillie avec tant d’entrain mais après tout, les gens changent non ? Et quel mal il y’avait-il à se faire un peu plaisir dans ce monde de brute ? Soupirant de plaisir, la Louve bougeant ses hanches pour donner plus de profondeur au coup de reins du Diablotin, posant sa main contre celle sur sa poitrine, la pressant même contre, émettant un grognement lorsqu’il se retirait un peu trop longtemps avant qu’un autre, plus exalté venait remplir la pièce quand il venait de s’enfoncer de nouveau entièrement en elle. Sa queue avait glissé entre les jambes de l’incube et frottait doucement contre ses bourses avant d’aller taquiner sa consœur, se frottant contre, s’enroulant même des fois autours. Certes, le plaisir était bien présent pourtant, ce n’était pas encore assez.
«Allez…je sais que tu …peux faire mieux que cela »
Etait-ce la tenue qui l’avait poussé à une telle provocation ? Non, elle ne justifiait pas tout. Mais la Lycane ne pouvait nier qu’elle apportait son lot de plaisir ! La magie rose dont elle était imprégnée était fortement redoutable et même si la sodomie aurait dû être un tant soit peu douloureuse, la Terranide n’y ressentait que du plaisir qui s’amplifiait au rythme des coups de reins du Diablotin. Bien vite, elle ne sut retenir ses gémissements de bien être, emplissant sa chambre d’une douce Lituanie de débauches. Au diable White Elise et Flagg ! Pour l’heure seul comptait la sensation de sentir cette verge explorer son fondement sans le moindre ménagement, de la sentir frotter contre ses parois et palpiter en son sein. Ha quelle sensation des plus grisantes ! Mais plus, il lui en fallait étrangement plus.
« Haa encore… »
Une supplique, un simple mot qui indiquait une chose toute simple. L’incube n’avait pas le droit de s’arrêter, pas en si bon chemin ! Oh certes, rien ne lui empêchait de se stopper subitement, il était en position de force et dominait la situation mais la louve espérait plutôt au contraire qu’il redouble encore d’effort, qu’il continue à la labourer sans le moindre ménagement jusqu’à ce que ses dernières barrières s’abaissent et qu’elle en profite pleinement. Et pour cela elle pouvait compter sur l’expertise d’Alastar ! Quoi de mieux pour se détendre qu’une petite partie de jambe en l’air ?
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Une grosse claque s’abattit sur les fesses de Shad, comme pour répondre à ses provocations, et à son désir de voir Alastar la baiser plus fortement encore.
« Hmmm… Mais… Où est donc passée ma timide Louve, h-hein… ? »
Il la provoquait, jouant avec cette gêne si propre aux habitants des Plans Intermédiaires quand on évoquait le sexe. La tenue aidait, bien sûr, mais elle n’était qu’un plus, un stimulant, réveillant les ardeurs et les fantasmes de Shad. Alastar, sur ce point, n’avait aucun problème, aucun souci de cohérence, admettant volontiers, et sans l’ombre d’un doute, être un redoutable pervers. En Enfer, il était un héros. Sur Terre, il aurait fini en prison. Le sexe était sa raison d’être, son domaine de prédilection, mais, plus que tout, l’Incube aimait contenter ses partenaires. Il aimait les sentir s’abandonner, céder totalement à la passion, renoncer à toute forme de calme, de contrôle, se perdre dans les tréfonds de la luxure.
N’était-ce pas ça, en définitive, la tentation ? Et c’était précisément dans cette tornade aliénatrice que Shad plongeait, en oubliant tout le reste. Alastar était bien décidé à la satisfaire, et se concentra donc. Ses mains raffermirent leur emprise sur sa croupe, et il grogna, gémissant, retirant sa queue du corps de Shad pendant quelques secondes. Sa queue grossit, se mit à croître, exagérant confusément, les veines ressortant… Puis Alastar grogna encore, griffant les fesses de la belle Shad. Une fine ligne de démarcation apparut ensuite, et, dans un nouveau soupir, trahissant son excitation, sa verge se dédoubla ! La ligne séparatrice s’estompa progressivement, s’élargit... Et, dans un grognement supplémentaire, et une crispation des mains du Diablotin sur les fesses de la femme, deux chibres se dressèrent fièrement, venant caresser le corps de Shad, glissant tout le long de sa croupe.
« Ah... Navré de t’avoir fait attendre, ma chérie, ce genre de transformations prend toujours un peu de temps. »
Mais, au moins était-il maintenant fin prêt. Au diable White Elise, au diable les attaques arachnéennes, les menaces surnaturelles, il était temps de laisser le sexe se tailler la part du lion ! Alastar déplaça alors sa queue caudale, dont l’extrémité changea de forme, prenant une longue forme profilée et ronde, phallique.
« Pour me faire pardonner de l’attente, ma chérie... »
Et, puisque Shad voulait un traitement exceptionnel, c’était bien là tout le moins qu’Alastar pouvait faire ! Sa queue caudale se rapprocha des lèvres de Shad, et s’enfonça entre ses lèvres, pendant que ses deux queues vinrent la pilonner par l’arrière, l’un s’enfonçant dans ses étroites fesses, et l’autre dans son intimité. Et, même si Alastar avait divisé sa queue en deux, ses deux membres étaient toujours bien épais et bien durs.
« Hmmmm... !! »
Maintenant, les choses sérieuses pouvaient commencer !
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Elle sursauta lorsque la claque s’abattit sur ses fesses, leur donnant une petite teinte rouge qui s’estompa progressivement.
« Hmm, j’ai bien le droit de me détendre un peu…non ? »
Et quelle manière de se détendre ! N’y avait-il là pas meilleure façon ? Ne pouvait-on pas demander de mieux que de laisser la Luxure nous envahir et nous faire oublier tous les tracas l’espace de quelques heures ? Le corps de la Terranide ne mentait pas et elle profitait pleinement de ce que le Diablotin lui faisait subir, tremblante de plaisir à chacun de ses coups de reins. Pourtant, tout s’arrêta subitement et la Lycane émit un petit gémissement quand il se retira, sentant comme un vide en elle. A quoi jouait-il ? Il était pourtant si bien parti… Tournant son regard vers lui elle observa avec attention le dédoublement qui se déroulait devinant l’effort que l’incube devait fournir.
Une petite exclamation plaintive lui échappa lorsqu’elle sentit les griffes d’Alastar entraient dans sa chaire. Une douleur des plus passagères qui ne faisaient que renforcer son envie. L’attente était longue mais elle en valait la chandelle ! Et ce fut avec délectation qu’elle put par la suite sentir ces deux épées de chaires frottaient contre sa croupe, chacune se préparant à rentrer dans un fourreau respectif. Levant une main du lit, elle attrapa doucement la queue caudale, glissant ses doigts le long de cette dernière là où elle était transformée en guise de caresses et sans la moindre hésitation ou le moindre mouvement de recul, la Louve la laissa passer la barrière de ses lèvres.
« Hmmm… »
Il était maître à bord quant à la puissance de ses coups de reins mais elle pouvait décider de comment elle comptait s’occuper de lui entre ses lèvres. Sa langue ne resta pas inactive bien longtemps et vint se frotter contre cette dernière, gouttant à chaque centimètre, tournant autours, guidant la queue caudale transformée toujours plus loin vers la gorge de la Terranide. Sa main continuait à le caresser, même la partie non transformée, y enroulant ses doigts tandis que l’autre se crispait contre les draps du lit, faisant voleter quelques pétales de roses en dehors de ce dernier.
La Terranide gémissait de plaisir et de bien-être, sentant la poigne du Diablotin contre son corps, ses deux membres avançaient et reculaient chacun dans leur trou respectif, frottant contre ses chairs dans un bruit moite et obscène des plus révélateurs. L’Okami passait un très bon moment, oubliant tout ce qui se passait autour d’elle, ne se concentrant que sur l’instant présent. Désireuse de faire plaisir au Diablotin, elle finit par prendre la partie transformée entièrement en bouche, accélérant les mouvements de sa tête, son corps se cambrant pour lui donner un meilleur angle de pénétration. Le plaisir commençait à monter et à ce rythme-là, la Lycane savait qu’elle n’allait pas tenir bien longtemps.
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Prise dans la tornade de la Luxure, Shad ne pouvait que succomber. Résister à toute cette vague, à ces assauts de plaisir, voilà qui relevait de l’impossible. Elle avait choisi de le suivre, et, ensemble, les deux amants s’enfonçaient, non seulement dans le corps de Shad par tous les trous, mais aussi dans les confins du vice et du sexe. Alastar avait trois queues plantées en elle, lui prodiguant des sensations de plaisir inouïes et indescriptibles. Le désir éclatait dans tout son corps, vibrant harmonieusement en lui. Que de sensations, que d’extase ! Alastar continuait à la prendre, oubliant tout le reste. Le plaisir était très intense, même pour lui, car il ressentait. Ce cul qui se dilatait au fur et à mesure que sa verge passait, la mouille de Shad glissant et recouvrant son phallus, sa langue léchant son troisième membre... Un tel plaisir était réellement interdit aux mortels, tant il vous enivrait, vous aveuglait, et vous transportait. Le corps de l’Incube en était bouillonnant, et il multipliait les coups de reins, encore et encore, avec une hargne accrue.
« Hmmm... Shaaadd... !! »
Ses dents se crispèrent, son corps partit en arrière, puis revint plus furieusement en avant. Ses deux queues ne se retirèrent à aucun moment, et il profita de la position de la Louve pour enfoncer davantage sa queue en elle, la glissant dans sa gorge, optant pour une longue gorge profonde, sa queue caudale tournoyant sur place, remuant en elle. Shad avait bel et bien une bonne expérience sexuelle, acquise notamment grâce aux Magoa, et c’était cette expérience sexuelle qui lui permettait de tenir le rythme, et d’être à la hauteur de l’amant endiablé qui la pénétrait avec vigueur et énergie.
La petite Terranide aux longs cheveux bleus mouillait de plus en plus, son agréable corps se dandinant sous son nez, sa tenue crissant le long de ses coups de reins. Elle arrivait à accuser le coup, étonnant admirablement Alastar.
« Tu es vraiment... Bien plus douée que ce que je pensais, Sh-Shad... ! »
C’était le cas de le dire, et Alastar se remit à la gifler, fessant ses fesses. Au stade où ils en étaient, douleur et plaisir ne formaient plus qu’un seul et même ensemble, une sensation exquise et jouissive qui les transportait tous les deux. Alastar continuait donc à la prendre, les minutes s’écoulant à toute allure sous ce traitement brutal et intense, n’attendant plus qu’une chose...
...Qu’elle jouisse !
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Le plaisir était à son comble, grimpant sans fin jusqu’à atteindre des sommets inimaginables. L’ appendice caudale transformée en verge au fond de sa gorge, la Lycane gémissait caressant même la partie extérieur de ce membre transformé dans un mouvement de va et vient rapide et sans équivoque. Elle bougeait son bassin en rythme avec celui de l’incube, sentant ses deux verges la prendre, limer ses chairs encore et encore. Bien qu’elle aurait pu y ressentir une petite douleur, la tenue imprégnée de magie rose lui permettait d’accuser le coup et de sentir l’extase du plaisir croître en elle de minute en minutes.
« Hmmm ! »
Son corps se tendit, ses muscles se contractèrent d’un coup autours des membres du Diablotin et des spasmes de plaisir envahir bien vite le corps de la Terranide. Elle venait d’atteindre le point de non-retour et le cri qu’elle aurait pu émettre fut étouffée par cette verge qui tournoyait entre ses lèvres et frappait au fond de sa gorge. Bien vite, la Lycane sentit un liquide chaud s’abattre contre son palais et sa langue, sentant également cette queue pulsait de plaisir tandis qu’elle crachait son jus entre ses lèvres. Elle avala chaque goutte de la laitance qui lui était proposé fermant les yeux pour se délecter de ce met qui lui était offert. L’avantage avec les incubes c’était bien que leur semence n’avait pas un goût immonde.
Il ne lui fallut guère longtemps pour sentir une vague de chaleur envahir ses deux orifices, sentant le Diablotin la remplir encore et encore. Une sensation des plus agréables qui ne manqua pas de lui provoquer un second orgasme, certes moins puissant que le précédent mais bel et bien présent toutefois. Avalant jusqu’à la dernière goutte, elle recula par la suite sa tête du faux membre avant d’y passer quelques coups de langues pour finir de le nettoyer, finissant toutefois par se laisser complétement tomber contre les draps du lit en bataille.
« Haa….Sacré….Diablotin… »
Et c’était là un compliment ! La Lycane reprenait son souffle, sentant leurs fluides respectifs couler le long de ses cuisses. Pour se détendre, c’était un moyen efficace de se détendre ! Et pour preuve, la Terranide affichait un visage serein, parfaitement détendue bien que sur le coup quelque peu épuisée par l’effort qui venait d’être effectué. Se relevant, elle se retourna et vint embrasser l’incube avant de poser son regard sur ses deux phallus.
« Hmm…Je crois que l’on a pas encore totalement fini. »
Elle lui fit une dernière bise rapide sur les lèvres avant de descendre vers son bas ventre. Tour à tour les deux membres furent couverts de coups de langues qui récoltèrent chaque goutte, les nettoyant avec précision tandis que l’une des mains de la Lycane les caressait également. Les mouvements amples de sa propre queue prouvaient à l’incube qu’elle ne détestait pas ce qu’elle faisait ! Elle finit par en reprendre un entièrement en bouche, celui qui avait servi pour le coït et relevant ses yeux vers Alastar, elle se mis à lui offrir une dernière fellation pour la soirée.
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C’était un sacré rodéo. Alastar pénétrait Shad dans tous les sens du terme. Sa bouche, son vagin, ses fesses... Elle avait droit à un sacré traitement, et même la tenue était, à elle seule, bien insuffisante pour lui permettre de subir un tel traitement. Qu’elle tienne le rythme était bien la preuve de son talent, de son expérience sexuelle, et de sa familiarité avec la luxure. Pour le Diablotin, ce n’était là que des qualités, et que des bonnes choses. Il n’irait pas jusqu’à considérer Shad comme son élève, mais, entre eux, il y avait quand même une relation qui, dans une certaine mesure, tenait de celle unissant l’élève au professeur. Elle, cette petite Louve têtue et motivée, qui avait fini en Enfer, et avait eu droit à un sacré traitement de la part des Magoa. Un traitement qui n’avait fait que confirmer la dose de perversion brûlant en elle, et qui se déversait maintenant, l’illuminant comme les flammes d’une cheminée. Là, toute chaude, Shad se tortillait entre les queues d’Alastar, qui s’efforçait de la prendre.
Tout en voulant faire durer le plaisir, l’Incube savait aussi que, à un tel niveau, il ne pourrait pas tenir longtemps. Trois verges pénétraient Shad. Le plaisir ressenti était immense, indescriptible. Une vague si intense que même un démon de Luxure comme lui finissait par y succomber. Ses mains continuaient à se crisper sur le corps de la femme, et il grognait et haletait. Shad jouait avec la queue dans sa bouche, la suçant bien, le plongeant dans des confins de plaisir extrême.
« Hmmmm... Oh, ma petite Shad !! »
Alastar serra les lèvres, et continua à la prendre, encore et encore, prolongeant le plaisir. Shad ne pouvait plus lutter, et il ne comptait pas jouir avant son orgasme, par politesse. Ainsi, il continua à la prendre, haletant et grognant, enfonçant ses griffes dans la chair moelleuse de ses fesses, jusqu’à sentir le plaisir atteindre l’ultime étape... Son corps se crispa alors, et, finalement, il put jouir. Un triple orgasme, qui fut terrible en intensité, et le fit frémir de partout, tandis que ses multiples phallus se déchargeaient, se vidant dans le corps de Shad, la remplissant de son foutre pendant de nombreuses secondes.
« Ohhhhhhhh... Shaaaaad... !! »
Quel plaisir, quelle joie ! Sentir tout son corps se relâcher comme ça... Alastar émit un nouveau soupir, et se détendit petit à petit. Il venait de jouir, et Shad également. Cette dernière léchait sa queue caudale, et s’étala ensuite sur le lit, pendant qu’Alastar la libérait. Heureuse et épanouie, Shad était en sueur, magnifique petite beauté avec ses cheveux bleus désordonnés, ses joues rougies par l’effort, les gouttes de sueur filant le long de son visage, et ce visage ravi et serein. Alastar, qui suait également, sourit à son tour devant ce spectacle, et caressa tendrement, avec la sa queue caudale, la joue de la femme.
Pour autant, elle réussit à surprendre Alastar, quand Shad lui indiqua que ce n’était pas encore fini. Ce dernier sourit alors.
« J’aime cet esprit, ma petite Shad... »
La Terranide-louve se rapprocha de ses deux phallus, et commença à les sucer, l’un après l’autre. Celui qu’elle ne suçait pas caressait sa joue, gros et tendu. Elle les léchait et les embrassait, les caressait, avec une tendresse et une sensualité exquises. Alastar n’y était guère insensible, et sentit son rythme cardiaque s’accélérer au fur et à mesure que la Louve continuait à s’attaquer à ses deux chibres. Il crispa ses poings, et sa queue caudale se déplaça encore, pour s’enrouler autour du ventre de Shad, juste pour l’aider à la maintenir, pendant qu’elle prit l’un de ses membres en bouche, venant le sucer.
Finalement, Alastar dut agripper ses cheveux, et soupira encore, longuement.
« Ouiii... Vas-y, Shad, suce-les bien, comme tu sais si bien le faire... »
Qu’elle continue comme ça... Et elle aurait encore droit à une chaude et juteuse récompense !
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Sentant la poigne d’Alastar dans ses cheveux la Teranide n’en fut que plus motivée pour continuer son office. Avec appétit elle faisait glisser cette verge entre ses lèvres y appliquant des coups de langues appuyés tandis que sa tête allait d’avant en arrière, gagnant au fur et à mesure du terrain. Celle qui était restée à l’extérieure ne se voyant pas dénigrée ni oubliée car aussi bien elle se frottait contre la joue de la Terranide, aussi bien cette dernière l’avait enserrée d’une de ses mains. Cependant, la majeure partie de son attention allait pour celle qui se situait dans sa petite bouche et avec détermination elle entreprit de faire au Diablotin une gorge profonde.
Peu à peu, sa verge disparaissait entre ses lèvres jusqu’à ce que le nez de la Lycane touche presque son bas ventre. Elle frissonna, eut un léger hoquet, son corps cherchant un peu d’air mais n’en démordit pas pour autant. Reculant sa tête, elle la refit s’avancer de nouveau d’abord dans un rythme lent puis dans un plus soutenu plus rapide. L’acte précédent et la salive ayant parfaitement lubrifié le membre du Diablotin pour lui permettre de glisser sans effort. Et lorsqu’elle le sentit devenir plus raide et tremblant, elle se recula à temps pour récolter contre sa langue son nectar mâle, avalant chaque giclée qu’il pouvait lui offrir avec appétit et perversion. Quelques dernier coups de langues pour finir de le nettoyer et la lycane se retira complétement.
« Hmm…sucré. »
Elle se laissa par la suite aller sur le dos, poussant un soupir d’aise, sa main caressant doucement la queue caudale qui enserrait son ventre. Son regard se perdit quelques instants vers le plafond de sa chambre.
« Bon sang, sur le coup…Je préférerais rester ici plutôt que d’aller au dehors…- elle se releva légèrement afin de faire face au Diablotin - as-tu d’autres idées en tête ? Bon je t’avoue…Je ne pense pas tenir un second round, j’ai beau avoir de l’endurance je suis loin d’être un succube ! Mais toi tu… »
Ses mots moururent entre ses lèvres tandis que ses oreilles se redressèrent subitement sur le sommet de son crâne. Balayant la pièce du regard, la Lycane piqua soudainement un fard, ses joues virant au rouge écarlate. Ils n’étaient pas seuls, bon sang, ils n’étaient pas seuls ! Et elle n’avait pas remarqué l’autre (ou les autres ? ) présences. Se cacher ? A quoi bon après ce qui venait d’être vu ? Emettant un grognement la Terranide marmonna :
« Bon sang Alastar, ce n’est pas drôle tu aurais pu prévenir ! »
-
Leur séance était particulièrement intense, et se termina dans le stupre et la jouissance joyeuse. Alastar, en poussant de grands soupirs, se répandit généreusement et profondément en elle, remplissant ses multiples trous de sperme chaud. Il se lâcha longuement en elle, la remplissant, sentant l’insistance de la Louve sur sa queue, provoquant en lui quantité de frissons. Le Diablotin avait donc joui avec plaisir, et reprenait maintenant sa respiration. Shad s’étala sur le dos, en annonçant toutefois avoir encore envie de lui, savourant sa queue caudale, qui caressait tendrement son corps, comme pour remercier et féliciter son amante de son ardeur exceptionnelle à son égard.
« Tu sais, tout n’est pas imputable à la tenue, Shad... Je crois en réalité que tu es bien plus perverse que ce que tu laisses à penser, et, même si ton séjour chez les Magoa n’est pas négligeable là-dedans, il faut aussi être honnête, et se dire que... »
Alastar se tut brusquement en sentant des soufflements autour de lui, une puissante présence magique. Il se retourna sur place, tandis que Shad, prenant également conscience du fait qu’ils n’étaient pas seuls, s’empourpra, et accusa Alastar d’avoir invité quelqu’un sans l’en avertir.
« Merci pour la confiance, petite Louve... Mais je n’ai rien à y voir. Toutefois, je reconnais cette présence, c’est... »
Alastar vit des ombres se matérialiser depuis le plafond, formant comme une sorte de nuage noir qui se mit à pousser vers eux, prenant peu à peu une forme humaine. Le Diablotin s’écarta légèrement, tout en voyant la silhouette apparaître. Des formes langoureuses apparurent, et Alastar reconnut une invitée de luxe, qui, quand elle venait au Palais Magoa, recevait toujours le tapis rouge. Ses yeux blancs immaculés se mirent à luire, observant le corps endormi de Shad. Rares étaient les moments où Alastar pouvait se trouver à court de mots, et c’était bien le cas ici.
Devant lui, il y avait... Sha (http://img110.xooimage.com/files/1/5/4/tome-01---the-shadow-one-52759eb.jpg) ! La puissante Déesse des Sorcières observa Shad pendant quelques secondes, avant de se mettre à parler :
« Ainsi donc, c’est toi qui as repoussé Hastur... Shad Hoshisora. »
Sha flottait en l’air, et sa main se déplaça, venant caresser le visage de la jeune femme, glissant sur son nez et sur ses joues.
« Je suis la Déesse Sha, Shad, et nous avons un ennemi commun. Peut-être bien qu’il n’est finalement pas trop tard pour sauver Terra du funeste destin auquel ce monde est destiné... »
-
La Louve resta sans voix. Elle avait observé ces ombres se déplacer vers eux et prendre une forme humanoïde aux formes généreuses. Bien qu’elle ne l’avait jamais vu auparavant, la Lycane pouvait aisément sentir une puissante magie émanait de cette femme formée d’ombre et aux yeux blancs étincelants. Elle resta stoïque, restant sans voix, depuis combien de temps était-elle ici parmi eux à les observer ? Et dire qu’elle avait crié sur le pauvre Incube pour rien ! A cela, l’Okami regarda Alastar et abaissa légèrement ses oreilles vers l’arrière en guise de demande de pardon avant de légèrement sursauter en sentant la main de la déesse se poser contre sa joue. Son regard se porta vers Sha et après un petit instant de flottement, la Terranide osa prendre la parole.
« Je n’étais que la porteuse du talisman qui a permis de l’empêcher de venir, sa fonction c’est…Flagg qui l’a compris et qui a donné la marche à suivre pour renvoyer Hastur…Seule je n’aurais rien réussi. »
Le nom de Flagg avait été prononcé avec une pointe de haine dans l’intonation. Quant à Hastur, aurait-elle pu vraiment réussir seule ? La Louve en doutait fortement. Certes, elle avait sacrifié une part d’elle-même mais sans les indications du mage aurait-elle trouvé la marche à suivre ? Peut-être, peut-être pas, il était impossible de déterminer un fait qui s’était déjà passé. Inspirant un coup, la Lycane se dégagea doucement pour se lever du lit.
« Je pense que nous n’avons plus beaucoup de temps devant nous. »
A ces mots et sans formes de procès elle retira la tenue qui lui moulait le corps et l’envoya droit…sur Alastar avant d’attraper ses propres affaires et de se rhabiller. Et dire qu’elle était censée se reposer ! Le sommeil devra encore attendre un peu, bien qu’étrangement, après ces minutes intenses passées en présences du Diablotin, la Terranide se sentait…requinquée, revigorée même, prête à affronter tout danger se présentant devant eux. Ou était-ce dû à Sha ? Car il y’a encore peu de temps, elle aurait pu s’effondrer de fatigue. Étrange, vraiment étrange.
« Je ne sais pas ce que vous avez entendu à mon égard, mais…j’espère ne pas vous décevoir. » énonça t’elle à l’attention de la déesse des sorcières.
Et elle espérait également ne pas décevoir Elise et Médonnée, en plus d’un autre panel de personnes. La dernière bataille n’allait pas tarder à commencer et la Lycane s’adressa au Diablotin.
« Viens-tu avec nous Alastar ? »
Maintenant que Sha était arrivée, il était temps de faire les dernières préparations et de mettre fin au règne de White Elise.
-
«
...Flagg ? Vraiment ? »
Il y eut une légère hésitation dans la voix de Sha. Une hésitation compréhensible. Pourquoi Flagg avait aidé Shad à refermer le Portail ayant permis à Hastur de sortir de sa prison ? Sha savait que le Magicien était proche du Roi Cramoisi. Son second. Flagg n’était d’ailleurs pas son vrai nom, et l’Ombre savait que le Magicien avait toujours joué avec des forces qui le dépassaient. Il était lié à son bannissement, et était donc, d’une manière ou d’une autre, lié à la folie qui avait saisi les Dieux de l’Olympe. En réalité, Sha le soupçonnait fortement d’être la personne ayant manipulé Héra pour la convaincre d’ouvrir la Boîte de Pandore, corrompant les Dieux olympiens en amplifiant leurs défauts.
Visiblement, Shad avait des informations supplémentaires, à recouper avec celles dont Sha disposait. Et, visiblement, elle était pressée de parler, puisqu’elle se dépêcha de retirer sa tenue, la jetant à un Alastar silencieux, et enfila sa tenue usuelle. La Louve se retourna ensuite vers l’Ombre, qui sourit légèrement.
«
Ta motivation est très inspirante, Shad, mais même les grandes guerrières ayant défié les Grands Anciens doivent se reposer. De plus, j’ai encore affaire ici avec mes sorcières. »
Son doigt se posa alors sur le front de Shad, et Sha usa rapidement d’un sortilège. Shad put alors sentir ses paupières s’alourdir considérablement, tandis qu’une sensation de torpeur la saisissait. Sha n’eut ensuite plus qu’à la repousser d’une pichenette, et la Louve, malgré toutes les bonnes volontés du monde, s’effondra sur le lit. Le sommeil vint la trouver très rapidement, preuve qu’elle n’avait pas dû se reposer beaucoup dernièrement.
«
À faire, hein ? glissa Alastar.
Je suis sûr que tu as déjà dû aller voir tes précieuses sorcières avant de venir ici... -
Ou peut-être que le bruit de votre raffut m’a attiré jusqu’ici... -
Ce n’est pas de ma faute si elles hurlent toutes, elles sont folles de moi ! »
L’Ombre se rapprocha de lui, et posa sa main sur son torse, griffant légèrement sa peau. Sha était très bien placée pour savoir que ses sorcières aimaient régulièrement invoquer les démons du clan Magoa, en particulier Alastar. Les ombres enveloppèrent peu à peu Alastar, qui se laissa aller, sa rigidité phallique revenant rapidement...
Quand Shad se réveilla, ce fut pour constater qu’elle était seule dans un agréable lit bordé, glissée sous la couverture. Ses vêtements étaient posés sur une table de nuit, pliés et nettoyés, avec une enveloppe dessus. Et, surtout, elle portait une nuisette très sensuelle (http://img110.xooimage.com/files/9/c/d/2015-hot-design-w...s-ladies-5290a1e.jpg), visiblement un énième « cadeau » du Diablotin.
Dans l’enveloppe, il y avait une lettre :
« J’ai pris la liberté de nettoyer ta tenue. Et puis, comme tu ne pouvais pas dormir nue, je t’ai donné une nuisette. Ne t’inquiète pas, elle n’est pas enchantée, elle, je trouve juste qu’elle te va bien.
Réunion à dix heures dans la Grande Salle. »
Ton Diablotin adoré
-
Elle n’avait pu résister, même avec toute la bonne volonté du monde, elle n’avait su résister au sort de sommeil que lui avait lancé l’Ombre. Ses paupières s’étaient mises à se fermer intolérablement et son corps s’affaissa mollement sur le lit lorsqu’il fut poussé par l’aide d’une simple pichenette. Les bras de Morphée accueillirent rapidement la Louve qui ne se réveilla pas avant le petit matin, parfaitement en forme et pleine d’énergie, quoi qu’un peu perdue sur le coup. Il lui fallut quelques secondes pour se remémorer les évènements de la veille. Un rapide coup d’œil dans la chambre, seule, elle était à présent seule. Ses yeux s’abaissèrent par la suite sur la tenue qu’elle portait et un fin sourire vint orner son visage. La nuisette était belle, cela elle ne pouvait le nier.
Attirant rapidement son attention, la lettre posée sur la pile de vêtements parfaitement lavés et pliés fut rapidement saisie et lue avant d’être tout simplement redéposée. La Lycane ne retira pas immédiatement le présent du Diablotin faisant les cent pas dans la pièce. De nombreuses questions trottaient dans son esprit. Comment allaient-ils faire face à White Elise s’ils n’arrivaient pas à reprendre le contrôle des araignées ? Pourquoi Sha semblait-elle être étonnée à l’annonce du nom de Flagg ? Est-ce qu’Aoife a réussi à convaincre Nexus de venir les aider ? Et puis..quel sera son rôle dans tout cela ? Où l’enverra-t-elle ? L’Okami se stoppa et poussa un profond soupir. Elle qui voulait parler rapidement hier soir devait bien avouer que cette nuit de sommeil lui avait fait le plus grand bien.
Mais à présent, la Terranide ne pouvait rester dans cette chambre à se morfondre et à se questionner, il était temps d’agir ! Enfin, d’ici quelques heures, la réunion n’allait pas encore avoir lieu ce qui lui laissait un peu de temps devant elle. Retirant la nuisette et la pliant avant de la poser sur le lit, la Louve remis sa tenue habituelle avant de sortir de la pièce afin de chercher de quoi se mettre sous la dent. Après tout, on ne part pas en guerre le ventre vide ! Il ne lui fallut guère de temps pour trouver ce qui se rapprochait aux cuisines et se remplir l’estomac. Il lui arrivait cependant de bloquer sur un aliment qu’elle n’avait jamais vu, mais passa bien vite la surprise visuelle en l’ingurgitant tranquillement.
Les heures passèrent sans heurts, défilant à un rythme des plus normaux. L’Okami put constater cependant l’effervescence qui régnait dans le domaine des sorcières. La tension liée à la bataille à venir était plus que palpable et bientôt l’heure du rendez-vous dans la grande salle sonna. Une interpellation auprès d’une sorcière pour demander son chemin et la Lycane se rendit à temps et en heure dans la salle susnommée. Une grande carte était dépliée sur une table avec plusieurs « pion » et « effigie » posée ici et là. Certaines personnes étaient déjà présentes, plaçant ces figurines stratégiques. L’Okami les salua en silence d’un mouvement de tête, s’approchant pour mieux observer. Etablir des stratégies n’était pas réellement son fort et elle espérait qu’on ne lui demande pas son avis. Tout ce qu’elle voulait c’était qu’on lui dise le rôle qu’elle aurait à jouer dans les prochaines heures. Pourtant, cela ne l’empêchait pas d’observer avec attention la carte pour en retenir le plus d’informations possible. Tout pourrait être utile au cours de la bataille à venir.
-
« Les temps changent. Ce qui se passe ici, à Koldoue, n’est qu’un élément dans une grande machinerie dont je commence à peine à voir les rouages complets. »
Voilà comment Sha introduisit la nouvelle réunion au sommet. Alastar était présent, ce qui pouvait paraître surprenant. Lui, si frivole, si prompt à se désintéresser de sujets sérieux, assistait à une réunion cruciale ? Il ne fallait pas être grand sorcier pour comprendre qu’il y avait d’autres intérêts derrière. Il était là parce qu’Onyxian lui avait ordonné de venir. Shad put aussi voir Élise, en compagnie de Médonée, et Scybille.
« Je crois que c’est le moment rêvé de nous expliquer ce que vous savez, Déesse Sha.
- L’araignée qui a fait de toi la femme que tu es actuellement portait en elle le sang du Roi Cramoisi. J’ignore si ta création est volontaire ou non, mais, vu les récents évènements, tout laisse à penser que le Roi Cramoisi ne s’attendait pas à ce que tu voies le jour. Il a donc déployé White Élise pour se doter d’une nouvelle armée… Mais tout ça n’est qu’un des aspects du puzzle.[/color]
- Comment ça ? »
Sha se tut pendant quelques instants, avant de croiser les bras, consciente qu’elle allait devoir longuement s’expliquer. Elle leur parla alors des Grands Anciens, de cette ancienne guerre cosmique qui avait été terminée quand les Dieux avaient décidé de s’unir, sous l’égide des Anges, parvenant ainsi à bannir les Grands Anciens.
« Cette ancienne alliance s’est effondrée. J’ai appris que les Olympiens étaient devenus fous. Randall Flagg a réussi à profiter du désarroi d’Héra, et l’a utilisé pour ouvrir la Boîte de Pandore. Les maux contenus dans cette Boîte ont influencé l’esprit des Olympiens, et ont exacerbé leurs mauvais penchants. C’est suite à cela que j’ai été bannie, il y a des siècles. Le Roi Cramoisi est, d’une manière ou d’une autre, lié aux Grands Anciens.
- Il est donc lié à la libération d’Hastur en Enfer ? demanda soudain Alastar.
- Oui… Et non. Je crois que le Roi ne cherchait pas à libérer Hastur, car Flagg, qui est son bras droit, a donné à Shad les moyens de le sceller. Je pense que la libération d’Hastur n’était qu’un coup d’essai, destiné à voir s’ils avaient les moyens de libérer les Grands Anciens… Et tout porte à croire qu’ils développeront bientôt une technologie capable de le faire.
- Quelle est cette technologie ? »
Sha regarda alors Shad, et répondit rapidement :
« Tu as rencontré cette technologie à Nexus, Shad… La Machine de Mandus. »
L’Ombre expliqua rapidement qu’Oswald Mandus était un homme d’affaires nexusien, qui s’était rendu jadis à Zerrikania. Amateur de safaris, il y avait trouvé, dans cette jungle sauvage, une ancienne rune, en réalité une relique des Grands Anciens, qui avait corrompu son esprit, et lui avait ordonné de construire la Machine.
« La Machine de Mandus est un mélange de technologie et de magie. Elle consiste à raffiner le sang et l’énergie spirituelle des gens en les tuant. Ce mélange est regroupé dans une sorte de catalyseur central qui permet de générer un puissant rayonnement magique, une Faille qui permet d’atteindre les prisons dimensionnelles où les Grands Anciens sont retenus.
- Mais la Machine de Mandus a été détruite…
- Oui… Mais elle n’était qu’un prototype. La vérité, c’est que la Machine de Mandus n’avait pas la taille requise pour permettre d’atteindre les confins du Multivers, et permettre d’y libérer les Grands Anciens. Voilà pourquoi le Roi a construit une autre Machine, plus grande, plus dangereuse… Et qu’il est en train de la charger. »
Cette révélation amena un silence glacial parmi les différents membres de l’assemblée, qu’Élise finit par rompre :
« Comment fait-il pour… Pour la charger ? »
Sha la regarda gravement, bras croisés, avant de lui répondre :
« La Machine se charge à l’aide des morts et du sang qui coule. Et tout laisse à penser que l’Empereur a relié sa Machine à Terra elle-même. Autrement dit… À chaque conflit, à chaque bataille, à chaque guerre, la Machine se charge, et se charge encore. Et, quand elle sera pleine, le Roi pourra enfin accomplir ce qu’il cherche depuis tant de siècles…
- Réveiller les Grands Anciens ? demanda Médonée.
- Oui… Mais, surtout… Il pourra détruire la Tour Sombre. »
-
« Et le Roi Cramoisi pourra redevenir celui qui était par le passé… » Termina simplement la Terranide.
La Louve observa l’assistance, expliquant rapidement ses propos en contant l’histoire du Premier Né et de son rapport avec la Tour Sombre et le Roi Cramoisi. Beaucoup des points rejoignaient les éléments déjà apportés par Sha mais en amenaient également des nouveaux. Elle expliqua du mieux qu’elle put la création des premiers êtres, parfait en tout point, censé veilleur la nature qui fut créer par Dieu. Mais que de cette perfection, ces êtres n’acceptèrent pas « l’imperfection » des autres créatures et s’unissant créèrent le Premier Né, qui n’avait qu’un objectif. Détruire toute forme d’imperfection dans l’univers. Et le Roi Cramoisi n’était qu’une partie de cet ancien être, l’autre partie étant retenue prisonnière jusqu’alors dans la Tour Sombre. la Lycane se tourna vers Elise.
« Voilà l’une des raisons pour laquelle je t’avais demandé de retrouver la Reine Elena Ivoiry, car ce n’est qu’avec son aide et celle des autres immortelles que nous pourrions mettre fin à la menace du Roi Cramois et par extension du Premier Né. S’il arrive à détruire la Tour Sombre, je n’ose imaginer ce qui pourrait nous arriver mais…-elle se tourna à cet instant vers l’Ombre – vous avez oublié un détail important, outre le sang, la Machine de Mandus était aussi alimenté par des Espers maintenue en vie et il est fort simple de supposer que les survivants des massacres servent à cela…. »
La Terranide porta son attention sur la carte et plus particulièrement sur l’emplacement de la ville avant d’émettre un léger grognement réalisant soudainement un fait capital.
« Si les conflits alimentent la machine du Roi Cramoisi alors Koldoue lui produira sous peu une quantité pharamineuse de sang et cela grâce aux réfugiés qui s’y trouvent….Nous ne pouvons les évacuer de manières conventionnelles, le pourrait-on par un autre moyen ? »
Cette question était adressée à Scybilla, la Lycane espérait que ses sorcières pourraient au mieux déplacés les réfugiés vers un endroit plus sûr, là où leur sang ne serait pas versé. Mais la Louve n’était pas dupe et se doutait qu’une telle téléportation ne pourrait prendre toutes les cibles en une fois, certains resteront donc sur place. Mais le coût du sang en serait grandement réduit.
« Mais.. N’avons-nous aucun moyen d’arrêter l’approvisionnement de cette machine ? Que tout le sang de Terra n’y soit plus acheminé ? »
-
Élise n’avait jamais entendu parler de toutes ces histoires. En fait, elle ignorait quasiment tout de Terra. Elle, elle vivait depuis des années dans sa forêt, sans rien demander à personne. Quand des étrangers venaient, soit elle les tuait s’ils étaient hostiles, soit elle les accueillait. C’est par ce biais qu’elle avait ainsi appris que le monde évoluait, qu’il existait une guerre entre Nexus et Ashnard, mais elle avait toujours cru pouvoir vivre en-dehors du monde, toujours pensé que les problèmes qui affectaient Terra ne la concernait pas elle. Après tout, qui voudrait s’attaquer à sa forêt ? Et puis, Brahmin était arrivé. Élise avait alors compris qu’elle se mentait à elle-même. Son paradis arachnéen était menacé, car la menace approchait. Elle avait donc chargé Médonée d’enquêter, et l’avait mis dans un cocon, usant de sa puissante magie pour la faire évoluer. Médonée s’était rapprochée de Koldoue, avait découvert que le monde allait mal. Le royaume était appauvri, affaibli. Traditionnel allié de Nexus, Koldoue sombrait sous les crises économiques, la propagation de monstres, le brigandage, et la guerre... La guerre, mère de tous les maux.
Shad leur expliqua que tout cela les dépassait, et de très loin, puisqu’elle en revint à une légende elfique. Celle contant les origines du Premier-Né, en expliquant qu’Il existait, qu’Il s’était matérialisé sur Terra, et voulait récupérer l’immensité de son pouvoir pour détruire la réalité, et la recréer. Difficile de croire que, entre ça et eux, il y avait bien un lien commun.
« Alors, White Elise et moi, nous...
- Tu es une erreur, Élise, confirma Sha. L’une des araignées du Roi Cramoisi t’a injecté son venin, et a provoqué une mutation imprévue. White Elise est une version conçue par le Roi pour s’emparer de ce que tu as créé, et le retourner contre toi. Pour le dire autrement, Élise, et tu me pardonneras ma franchise, ta vie ancienne est finie. Ta colonie est détruite, tes gens sont morts, ou asservis pour servir la Machine du Roi. Tu as senti la morsure du Roi, et il faut maintenant que tu t’en remettes. »
Élise resta silencieuse, mais on pouvait sentir la confusion dans son regard. Sa forêt, détruite ? Bien sûr... Au fond d’elle-même, elle savait que son ancienne vie ne pourrait jamais recommencer comme avant.
« Il est trop tard pour faire marche arrière. Nous ne pouvons plus ignorer ce qui se trame, reprit Sha. Se mettre la tête dans le sable, et espérer que les choses s’arrangeront d’elle-même... Ce n’est plus possible. Shad vous l’a expliqué, le Roi veut détruire cette réalité. Il a failli y arriver par le passé, en créant les Grands Anciens. Seule une coalition de toutes les forces mythologiques et divines a pu le repousser, à l’époque... Et, maintenant, nous sommes plus dispersés que jamais. Et, surtout, nous manquons encore d’éléments cruciaux pour savoir comment réagir.
- Les plans de l’ennemi nous sont encore méconnus dans leur majeure partie, acquiesça Scybilla. Mais nous connaissons leur puissance... Ils ont été capables de manipuler les Dieux olympiens.
- Tout ça, c’est dément, je n’en avais jamais entendu parler, glissa alors Aoife. Vous... Vous êtes vraiment sûrs de tout ce que vous avancez ?
- J’ai vu par moi-même un Grand Ancien, ma poulette, intervint subitement Alastar. Crois-moi, tu n’as pas envie de voir ça. Alors, votre histoire est délirante, c’est clair, et je vous avoue que je préférerais volontiers pénétrer l’une de mes nombreuses amantes plutôt que participer à votre coalition, mais... J’ai vu un Grand Ancien », répéta-t-il.
Shad intervint alors, pour demander si une évacuation des habitants est possible.
« Les routes sont beaucoup trop dangereuses pour ça...
- Alors, il faut ouvrir un Portail vers mon domaine.
- Mais... Il y a énormément de gens à évacuer, et... Il faudrait arriver à les convaincre. Je vous rappelle, ma Déesse, que nous ne sommes pas en odeur de sainteté ici. Les Hamleigh dirigent la ville, et sont de mèche avec la Monarchie de la Rose. »
La Terranide demanda alors ce qu’il fallait faire pour ébranler la Machine.
« Je n’en sais rien, Shad... Cette technologie nous dépasse totalement. Il faudrait que nous puissions étudier les restes de l’ancienne Machine de Nexus, découvrir son fonctionnement... J’ignore comment cette Machine fait pour se nourrir des morts, ou son étendue... »
Élise soupira alors. Médonée était proche d’elle, tâchant de la consoler.
« Je ne peux pas abandonner les miens. Si j’ai bien compris ce que tu as dit, Shad, ce Roi recherche des ESPers, des êtres doués de pouvoirs surnaturels... Et les miens sont détenus dans le château des Hamleigh.
- Alors, il me semble que les Hamleigh sont notre principal problème.
- Nous avons réuni des preuves pour les faire tomber en disgrâce, mais... Ils ne se laisseront pas faire. Le conseil royal va se réunir d’ici quelques jours, les choses risquent de se compliquer... Et je ne suis qu’un simple chevalier nexusien. Je ne vois personne, parmi notre assemblée, qui serait en mesure de convaincre les habitants de vous suivre.
- Heureusement que je ne suis pas venue seule, alors... »
La dernière phrase de Sha amena un léger silence surpris autour de la table. Puis cette dernière se tourna vers une porte, qui s’ouvrit alors lentement. Une silhouette s’avança alors, portant une élégante armure.
« Bonjour à vous. Je m’appelle Knaël (http://pre01.deviantart.net/cee5/th/pre/f/2014/126/d/e/silver_centurion_leona_by_vinogradovalex-d7hdx0f.jpg), et nous avons un ennemi commun. »
-
La Terranide regardait sans mot dire la nouvelle arrivée. Qui était-elle réellement ? Une sorcière du culte de Sha ? Non impossible, alors qui ? Qui pouvait-elle bien être pour réussir à convaincre les habitants de cette foutue citée à quitter les lieux avant qui ne soit trop tard ? Sur le coup elle en doutait mais s’il y’avait le moindre espoir, mieux valait tenter de le saisir. Et cet espoir venait de rentrer dans la pièce. La Louve la salua poliment d’une inclinaison de la tête avant de reprendre :
« Au risque de briser tout espoir, la Machine de Mandus est complétement détruite et sous une tonne de gravats….Alors oui peut-être vous y trouverez quelques fragments mais cela ne servirait à rien. »
Retourner dans les bas-fonds de Nexus était ainsi une cause perdue, une mission qui se vouerait à un échec crucial. D’autant plus que réussir à se rendre à la capitale actuellement sans téléportation était pratiquement impossible et bien trop dangereux. La Terranide se tourna par la suite vers Alastar :
« Nous avons vu un Grand Ancien, tout comme nous avons vu l’ancienne cité et les horreurs qui s’y trouvaient…Et – elle se stoppa soudainement, semblant réalisé un point important, un détail qui lui avait échappé jusqu’alors – et nous avons vu Flagg prendre le Necronomicon sans sourciller. Je me souviens que tu n’osais toucher à cet ouvrage –elle se tourna vers Sha – est ce que ce livre aurait la capacité de lier la Machine du Roi aux morts de Terra ? »
Le Necronomicon…Si la Terranide avait bien compris, cet ouvrage contenait des savoirs aussi dangereux qu’anciens et le lire pouvait mener à la folie. Le savoir entre les mains de Randall Flagg pouvait être une information capitale et…angoissante. Cet être au service du Roi Cramoisi et des Grands Anciens devait déjà être assez fou pour ne pas sombrer lui-même dans la folie. La Louve se retourna vers Knaël.
« Pardonnez-moi, je ne vous ai pas laissé le temps de parler lors de votre arrivée mais…comment comptez-vous convaincre les habitants de Koldoue ? Ils croient en la protection des Hamleight et si nous n’avons rien pour leur prouver leurs torts … Alors ils seront condamnés. Je devrais presque m’en réjouir en fait, pour une fois que ce n’est pas ceux de ma race qu’on extermine mais…le résultat qui en découlerait…Je ne pense pas que beaucoup soient capable de se confronter à la vision d’un Grand Ancien sans sombrer dans la démence et la folie. Et je ne compte pas voir notre monde anéanti.»
Il était même étonnant qu’après avoir vu les tentacules de Shub-Niggurath et Hastur lui-même que la Louve n’est pas gagnée un peu d’insanité mentale. Elle expira d’un air las.
« On ne peut pas compter sur Nexus aussi, certes il y’aura un conseil mais le temps qu’il se fasse, White Elise aura déjà attaqué, nous aurions eu besoin de leur aide dans l’immédiat. Ou alors….Emmenez-moi à la capitale et je demanderais une audience auprès d’Adamante la suivante de la Reine. Elle a vue tout comme moi la fameuse machine de Mandus et nous avons repoussé l’horreur ensemble…Peut-être arriverais-je à la convaincre de nous envoyer des troupes ? »
-
Venant d’arriver, Knaël commença par se présenter en détail. Elle expliqua être originaire d’Ashnard, où on l’appelait « Le Centurion d’Argent ». C’était une guerrière redoutable, dont Aoife avait entendu parler. Elle était une Nephalem, fille d’un Prince démoniaque, Allocen (http://orig09.deviantart.net/93e2/f/2014/076/a/9/man_protrait_by_yuchenghong-d698opb.jpg), et Vehuiah (http://orig04.deviantart.net/c97d/f/2012/273/e/8/e8e6581ad759b76e945487442e807c5c-d5gd26z.jpg), et avait été chargée par son père d’enquêter sur la Monarchie de la Rose. Visiblement, les ramifications et les intrigues de la Monarchie dépassaient le cadre de Terra, puisqu’on avait retrouvé des traces d’activité de l’organisation terroriste en Enfer même. Knaël avait en sa besace des documents légaux attestant du fait que sa mission était considérable, puisqu’elle disposait d’une bulle émanant du Saint-Siège lui donnant autorité pour investiguer sur la Monarchie auprès de toute autorité religieuse et de tout territoire consacré relevant, de près ou de loin, de l’autorité de l’Ordre Immaculé, ainsi qu’une ordonnance impériale lui donnant, en gros, les mêmes pouvoirs, à l’égard de l’Empire d’Ashnard.
« Il y a donc urgence à agir, glissa Knaël, et surtout à se rassembler. La Déesse Sha a entendu parler de ma quête, et j’ai entendu parler des problèmes qui ont lieu à Koldoue. Pour moi, la Monarchie de la Rose est impliquée, ça ne fait aucun doute. »
Mais que faire concrètement ? Shad indiqua qu’il n’y aurait pas grand-chose à trouver à Nexus, mais, surtout, qu’elle avait vu Flagg utiliser le Necronomicon sans sourciller. Sha se pinça les lèvres à l’évocation de ce livre maudit.
« La Machine est une construction pensée par les Grands Anciens, un mélange aberrant d’une magie ancienne et puissante, et d’une technologie toute aussi cruelle, expliqua Sha. Alors, oui, je suis convaincue que la Machine est fondée sur le Necronomicon. Ce livre contient des savoirs magiques très puissants, qui dépassent même les Dieux. C’est dans ce livre que Flagg a appris comment sceller les Dieux... Ce dont j’ai été personnellement victime. »
Une moue triste passa sur le visage de Scybilla. Le bannissement de sa Déesse, ce n’était vraiment pas un épisode heureux, une séquence dont elle aimait se rappeler.
Restait ensuite la question centrale, qui était de savoir quoi faire actuellement. Shad se proposa d’aller voir directement la Reine de Nexus, non sans avoir souligné qu’il faudrait que le Conseil se réunisse.
« La Reine n’enverra jamais une armée sans l’approbation du Conseil, répliqua Aoife. Les choses ne se passent pas comme ça. Ce serait vu comme une agression, une atteinte à la souveraineté de Koldoue, le royaume n’ayant pas appelé à l’aide... Et, même dans ce cas, le Conseil devrait discuter de l’opportunité de cette action.
- La solution doit venir de Koldoue même, trancha Sha.
- Il faut montrer aux habitants que les Hamleigh sont liés à la Monarchie. Nous avons récupéré des preuves en ce sens dans le manoir des Hamleigh. Moi, Aoife et Knäel devrions y aller, et les présenter au conseil. Il se réunit en session publique, ce sera le meilleur moyen de confondre William Hamleigh... Mais il y a risque d’émeute et de panique.
- Les habitants de Koldoue doivent comprendre qu’il leur faut partir, s’ils ne veulent pas mourir. La ville ne peut plus être défendue, et il faut aussi s’occuper de tous les réfugiés qui s’agglutinent devant les murs. »
Sha avait une idée derrière la tête, et poursuivit :
« Ce temple-ci abrite un antique Portail de téléportation, qui conduit directement à l’un de mes Portails, dans une terre sûre. Pendant que le conseil débattra, il faut commencer l’évacuation des réfugiés. Mes terres sont fertiles, et il y a de la place pour des colons.
- Et que faire de mon peuple ? Les miens sont toujours détenus dans les geôles du château des Hamleigh.
- Il est trop dangereux de...
- Je ne les abandonnerai pas ! » coupa Élise.
C’était son peuple, des gens qui avaient vécu avec elle depuis des années, dans la Forêt des Toiles. Ils avaient tout perdu, et attendaient que leur Reine les revoit.
« Ils sont sûrement morts, Élise, et...
- Je dois m’en assurer.
- C’est en plein territoire ennemi, c’est trop risqué, et...
- Je dois m’en assurer... Et aussi comprendre comment mon clone a pu me vaincre si facilement. Je ne peux pas laisser une telle chose se reproduire. Jamais. Donc, je pars.
- Je viens avec vous, ma Déesse ! s’exclama alors spontanément Médonée.
- Non, ma chérie... Toi, tu dois convaincre les réfugiés de vous suivre. Je ne connais personne qui soit plus douée que toi pour ça.
- Mais...
- Ce n’est pas ouvert à la discussion, Médonée. »
La femme soupira lentement. Sha intervint alors, en regardant Shad.
« Le médaillon de Shad... Je peux lui redonner un peu de magie. Ce médaillon pourra vous aider à remonter les terres de White Elise... Pas assez pour passer totalement inaperçues si des sentinelles vous repèrent, mais assez pour que sa magie ne vous détecte pas... »
Encore une fois, les regards se tournèrent vers Shad. Contrite, Élise intervint toutefois à nouveau :
« Je ne te force pas à venir, Shad, tu en as déjà fait beaucoup pour moi, bien plus que ce que tu aurais dû faire... »
-
La Lycane se retourna simplement vers Elise, sa réponse ne donnant lieu à aucune hésitation de sa part, les groupes petits à petits se formaient et chacun se voyait attribuait une tâche à accomplir face à la menace imminente planant sur Koldoue.
« Et je ne compte pas rester à me tourner les pouces pendant que chacun d’entre vous tente de résoudre au mieux le problème, je vous accompagnerai. Surtout qu’on ne sait pas si White Elise s’attend à ce que vous venez, il serait donc préférable d’y aller à deux. »
Une embuscade, l’idée était plausible mais comment savoir si on ne s’y rendait pas ? La Terranide observa la carte sur la table, particulièrement l’endroit où résidait l’usurpatrice. Elle mémorisa du mieux qu’elle pouvait le moindre détail qui pourrait faire son importance lors de leur avancée ou qui pourrait les aider à battre facilement en retraite si le besoin se faisait ressentir. Mais la topographie des lieux ne sera pas le point le plus handicapant, bien au contraire !
« White Elise doit aussi s’attendre à notre venue, que vous comptez libérer les habitants de la forêt des toiles…Nous risquons de croiser bon nombres de sentinelles. Et je ne pense pas que notre progression sera aussi simple que la précédente. Nous devrions avancer de concert et avec prudence en utilisant nos capacités. Malheureusement je ne sais monter au mur ni envoyer des rets de soie pour immobiliser mes ennemis et l’utilisation de mes flammes risquent de nous faire repérer. Par chance j’ai d’autres ressources en réserves pour nous débarrasser en silence de quelques obstacles gênant. »
Preuve en était leur dernière excursion, à deux, la Louve et l’Araignée avaient réussi à s’infiltrer dans le manoir des Hamleight et à en sortir sans que la moindre alerte ne soit lancée. Bien évidemment, il serait utopique de penser qu’une telle chose pourrait de nouveau se produire mais il y’avait néanmoins un espoir concernant leur futur avancée. Retirant le médaillon de son cou, la Lycane le tendit par la suite à l’Ombre :
« Aurions-nous un délai avant que la magie de White Elise ne nous détectes ? »
Mieux valait s’attendre à toute opportunité, si le temps jouerait contre elles, ce serait encore un élément à prendre en compte. Récupérant son médaillon luisant légèrement d’une aura cramoisie, la Terranide pris par la suite la direction du manoir s’arrêtant comme auparavant dans une petite ruelle pour observer la situation au loin. Et comme elles auraient pu s’en douter les patrouilles ont étaient renforcés, d’étranges personnes en bure violettes accompagnaient également les soldats, un étrange symbole ressemblant à un œil luisant au-dessus d’eux.
« Ils ont des détecteurs…Et par ça j’entends qu’ils ont de quoi nous repérer si on entre dans leur champs de « vision ». – Elle se tourna vers Elise – Je sais que la première fois vous ne vouliez pas passer par les égouts mais, il semblerait que nous n’avons guère le choix là. Il y’a bien trop de patrouilles et en –dessous…Nous aurons les bêtes rôdant dans cette puanteur. Cependant, je ne peux vous obliger à prendre cette voie, donc…Par où passons nous ? »
-
Les plans étaient en train de s’organiser. Difficile de dire si tout cela allait marcher, car il y avait beaucoup d’aléatoire... Mais c’était, somme toute, ce qu’il y avait de mieux à faire. Il fallait en effet se battre sur plusieurs fronts. White Elise, les Hamleigh... Autant de problèmes à devoir gérer dans un court laps de temps. Fort heureusement, la bande n’était pas dénuée d’éléments redoutables. Une Déesse, une guerrière nexusienne, une Nephalem, une Terranide qui avait croisé la route de deux Grands Anciens, des sorcières, et même un Incube... À bien les regarder, tous ces gens formaient une drôle d’assemblée, mais Sha, en les voyant, avait le sentiment que quelque chose d’important était en train de se nouer. Qui sait ? Il suffisait qu’un petit caillou tombe pour pouvoir, à terme, former une avalanche...
Élise, elle, songeait surtout aux siens. Ce périple était risqué, en effet, mais elle ne pouvait pas juste fuir, et laisser les gens qu’elle avait juré de protéger mourir. De plus, il lui fallait aussi comprendre comment White Elise avait pu retourner toutes ses araignées contre elle. Et, pour ça, il fallait qu’elle retourne là où tout avait commencé, dans son ancienne forêt, afin de mieux comprendre comment le lien symbiotique l’unissant à son nid s’était rompu. Shad, de son côté, accepta l’idée, tout en commençant à envisager la manière de quitter Koldoue.
« Sortir de Koldoue n’est pas ce qu’il y a de plus difficile, intervint Scybilla. Régulièrement, des caravanes en sortent pour amener de la nourriture aux réfugiés situés dans les camps alentours. Vous n’aurez qu’à vous infiltrer par là.
- Et je vais doter ton médaillon d’une orbe spéciale, Shad... Une fois que vous aurez trouvé ce que vous cherchez, enclenchez l’orbe, et elle ouvrira un Portail, qui conduira directement à un miroir magique situé dans ce repaire. »
Déjà qu’il était presque suicidaire de rejoindre le château des Hamleigh, si, en plus, il avait fallu repartir avec les prisonniers... Le cadeau de Sha était inestimable, et Élise ne put que la remercier.
« C’est toi qui as conçu ce médaillon, Élise... La magie qui sommeille en toi est particulièrement puissante. Je serais ravie de t’aider à l’améliorer... Quand tout ça sera terminé.
- Nous verrons quand nous y serons. »
Élise était restée relativement silencieuse pendant toute la durée de cette réunion au sommet. Pour l’heure, elle préférait ne pas songer à son avenir. En fait, on ne le réalisait pas forcément, mais elle était au bord de la rupture nerveuse. Elle avait tout perdu en quelques semaines, elle qui avait passé des décennies à fuir le monde extérieur, à vivre paisiblement dans sa forêt, sans rien demander à personne, et en pensant naïvement que cette situation allait pouvoir perdurer ad vitam æternam.
La réunion commençait à se terminer, mais, avant le départ, Sha se retourna vers Shad.
« Il va falloir que je recharge ton médaillon, et que j’y incruste l’orbe, ça risque de prendre quelques heures... »
Si Shad était sûrement impatiente de partir, elle allait encore devoir patienter un peu. Et, tandis que la salle de réunion se vidait, Élise se rapprocha de la Terranide-louve.
« Tu as l’air d’avoir vécu bon nombre d’aventures depuis la dernière fois que nous nous sommes vues. C’est moi qui t’avais donné ce médaillon, et, maintenant, je ne serais même plus capable d’en refaire un. Quand ce clone m’a privé de mes araignées, elle m’a aussi privé d’une grande partie de mes pouvoirs magiques. »
Résultat : elles allaient foncer droit dans l’incertitude la plus complète. Sha avait été incapable de répondre aux questionnements de Shad, mais allait profiter du fait qu’elle manipulait le médaillon pour le renforcer. Pendant ce temps, Élise décida de laisser parler sa curiosité, et de parler d’autre chose.
« Alors, tu voulais que je me rende à Nexus ? Pourquoi diable est-ce que la Reine voudrait me voir ? Et... Comment me connaît-elle ? »
-
La Louve se tourna vers Elise et esquissa un bref sourire compatissant qui disparut rapidement de son faciès.
« Je suis sûre que vous retrouverez vos pouvoirs un jour..Quant à la reine de Nexus. A vrai dire, je ne pense pas qu’elle vous connaisse réellement. Comme je l’ai expliqué vous êtes une immortelle et l’objectif d’Elena Ivory est de rassembler les treize pour combattre et vaincre le Premier Né. C’est Lucifer lui-même qui m’a donné pour mission de vous convaincre de vous rendre à la capitale pour y rencontrer la reine. »
Mais cela, la Lycane l’avait déjà expliqué devant toute l’assemblée et était quelque peu étonnée de devoir se répéter, ce qui était à son souvenir, un fait non courant face à Elise. La perte de sa forêt se ressentait et sa psyché en prenait un certain coup. Quoi de plus normal après tout ?
« A vrai dire...Je ne sais pas comment on détermine si une personne est un immortel ou non. Je crois qu’il y’ait aussi question d’orbes liées à chacun d’entre eux et qui seraient liés à un pouvoir spécifique…Je n’ai malheureusement pas toutes les informations à ce sujet. La seule chose que je sais c’est que leur identité est secrète et peut être même inconnu pour certains d’entre eux. Comme ce fut votre cas. »
Ainsi la recherche de ces êtres pouvant combattre le Premier Né était une tâche des plus ardues qui pouvait prendre plusieurs années. Et encore fallait-il que l’Immortel ne meurt pas au risque de se voir réincarner dans un nouvel être à trouver à son tour. La Terranide laissa échapper un petit rire.
« Quand je repense à notre première rencontre ! Qui aurait cru que nous arriverions jusque là ! Mais..Pensez-vous trouver quelque chose au sein de la Forêt des Toiles ? Un indice pour combattre White Elise ? Malheureusement vos araignées sont sous son contrôle, nous y rendre risque d’être…suicidaire. Mais s’il faut passer par là…Quant au château des Hamleight est-ce vraiment une bonne idée ? Je sais que vous vouliez sauvés votre peuple mais à deux ? Et sans garantie de réu.. »
Elle se tut subitement, pensive, faisant les cent pas dans la salle de réunion, les mains croisées derrière son dos.
« Une mission suicidaire de plus ou de moins…Après tout quelle différence ? Je me rappelle de certains d’entre eux et les savoir proches de la mort…Non ces gens n’ont rien fait de mal. Je ne sais pas comment nous allons faire mais nous parviendrons à nous infiltrer chez ces enfoirés. »
Ou du moins, l’Okami l’espérait ! Sans un mot, elle se dirigea vers la porte et se tourna vers Elise :
« Nous pourrions peut-être continuer à discuter au dehors ? Il serait de bon ton de prendre un peu l’air non ? Nous ne pouvions qu’attendre pour le moment, alors si vous avez d’autres questions à me poser, profitez-en ! –Elle marqua un instant de silence avant de reprendre – Je suis désolée pour ce qui vous arrive en ce moment. »
Pour ceux ne connaissant pas Elise, cela pourrait s’avérer être une punition justifiée face à sa personne mais la Reine des Araigénes ne méritait pas pareil traitement. Il ne restait plus qu’à la Louve d’attendre la décision de son interlocuteur. Et lorsque Sha lui ramènera son pendentif, alors, les deux femmes pourront se rendre à la Forêt des Toiles. Et par extension chez les Hamleight en espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard.
-
« Tu as bien conscience que tout ce que tu dis paraît sortir de la bouche d’une illuminée ? »
Les Treize Immortels, Lucifer… Si Élise ne connaissait pas suffisamment Shad, elle aurait effectivement pu la croire atteinte d’un quelconque maléfice. Mais la jeune Louve était honnête, et Élise le savait. Le pire, avec la réalité, c’est qu’elle dépassait parfois la pire des fictions. Ici, c’était exactement le cas, où ce qui se passait dépassait l’entendement. Élise devait donc retrouver Elena Ivory afin de participer à une quête ancestrale visant à vaincre le Premier-Né… Sauf qu’elle n’était toujours pas spécialement enthousiasmée à l’idée de se rendre dans un lieu où les simples gardes risquaient de l’occire sur place, au vu de son apparence. Être une femme arachnéenne, ce n’était jamais bon pour faire de vieux os, a fortiori dans une ville immense comme pouvait l’être Nexus.
Après cette première conversation, Shad en revint au sujet principal : leur expédition dans les terres de White Elise. Est-ce que les enjeux en valaient le risque ? La défunte Reine des Araignées pouvait tout à fait comprendre les inquiétudes de Shad, qui, avant qu’elle ne puisse lui répondre, proposa d’aller faire un tour au-dehors.
« Si tu veux… »
N’étant pas prisonnières ici, elles pouvaient sortir du repaire par une entrée précise, qui conduisait au milieu d’un grand parc. Elles arrivèrent ainsi dehors en empruntant un escalier, et rejoignirent un kiosque. Le parc surplombait une bonne partie de Koldoue, et permettait surtout de voir, séparé du reste, le Château royal. Plus les jours passaient, et plus Koldoue sombrait dans le fanatisme et le paupérisme. Les pouvoirs publics avaient accusé les sorcières d’être responsables des maux des paysans, mais, même malgré ces mensonges, il y avait parfois des révoltes. La situation était explosive, et les gens étaient suffisamment désespérés pour peut-être décider de rejoindre Sha.
*Et puis, son plan n’est pas aussi insensé que le sien…*
Le fait est que, à voir le nombre de gens présents autour de leur table, Élise affrontait un ennemi redoutable, dont White Elise n’était qu’un pion.
« J’ai été humiliée, Shad… Depuis des générations, je commandais à ma forêt, et j’étais en symbiose parfaite avec mes araignées. Quand White Elise m’a arraché à ça, elle… Elle a brisé quelque chose, comme une part de moi. J’exerçais une symbiose avec ces araignées. »
Expliquer ce qu’elle avait ressenti à Shad était très compliqué, car c’était une notion qui dépassait sa propre perception. Elle était effectivement liée à ces araignées, un peu comme l’Annexien était lié à ses Formiens. Elle serra les poings en fermant les yeux. Elle, si forte, si dure, inébranlable, avait subi un revers dont elle peinait encore à se remettre. Elle avait été capturée par ses ennemis, humiliée, brisée, et vu ses propres araignées se retourner contre elle, des créatures dont elle n’aurait jamais pu douter de la loyauté.
Laissant passer ce bref moment de faiblesse, Élise reprit, en desserrant ses mains :
« Je veux y retourner, Shad… Il n’y a que comme ça que je pourrais comprendre ce qui est arrivé… Et trouver un moyen d’y faire face. Je ne dis pas que je n’ai pas confiance en Sha, mais son plan comporte beaucoup d’aléas. Et puis, il faut bien s’occuper de cette armada d’araignées. Si nous laissons à White Elise le contrôle entier d’un pays, elle va pouvoir considérablement multiplier le nombre d’araignées. Il faut que je sache… Et c’est pour ça que je ne te force pas à m’accompagner. Cette quête est certes suicidaire, mais elle est avant tout personnelle. Les Immortels, le Roi Cramoisi, la Monarchie de la Rose… J’ai entendu tout ça, mais moi, je ne connais que ma forêt. Et tu voudrais m’envoyer à Nexus ? Je dois d’abord tourner la page de mon passé. »
Elle observa les étoiles pendant quelques secondes, puis la région environnante. Depuis le kiosque, on voyait le lac de Koldoue, et les forêts et collines s’étendant au loin. Là, dans la pénombre, White Elise et son armée s’avançaient.
« Et, surtout, je dois massacrer cette clone. Tu ne comprends ? Elle utilise mes araignées. Chaque victime qu’elle fait, c’est comme si j’en étais indirectement responsable. J’ai perdu mon royaume, mon peuple, mon armée… Mais il me reste encore ma fierté. Je ne fuirais pas comme une lâche en laissant mon adversaire gagner du pouvoir. »
-
Observant l’horizon en silence, la Louve ne put qu’hocher la tête en signe d’affirmation face aux paroles que venait de prononcer Elise.
« Je comprends parfaitement. Cette White Elise ne peut s’en sortir impunément après ce qu’elle vous a fait. Cette mission est certes suicidaire, mais obligatoire. Et je ne reviendrais pas sur ma décision de vous accompagner. Même si dire que je n’ai aucune crainte serait mentir. »
Qui n’aurait pas peur après tout ? Quel être censé ne craindrait pas pour sa vie lors d’une telle expédition ? La Louve tout comme Elise savaient les risques qu’elles encouraient, elles en avaient pleinement confiance. Mais il était des fois où on n’avait guère le choix pour la suite, où le destin nous pousse à agir. Il était en effet primordial que White Elise perde le contrôle des araignées, ou mieux encore, qu’elle soit occise. Mais cela ne serait pas une mince affaire et plus le temps passait, plus White Elise approchait. Au moins le seul confort que les deux femmes pouvaient avoir été que le groupe des troupes de leur ennemie ne serait pas vers la Forêt des Toiles mais en direction de Koldoue.
« J’espère que les habitants écouteront la voix de la raison… »
Et qu’ils iront se cacher dans l’un des repaires de Sha. Sur le coup l’Okami n’avait que peu envie d’assister à un bain de sang qui conduirait à l’avènement du Premier Né. Elle soupira, comme pour se décharger d’un poids avant de reprendre :
« Si vous tuez White Elise, vous êtes sûre de retrouver votre maîtrise sur vos araignées ? Elle ne risque pas de passer à un autre ennemi comme…Charlotte par exemple ? Ce qui nous oblige à trouver comment ils vous ont pris votre contrôle avant d’aller l’affronter. »
C’était d’un côté fort improbable mais toute fois possible. Et cela rendait encore plus important leur expédition au sein de la Forêt des Toiles. Mais avant d’y aller, les deux femmes devaient encore attendre quelques heures, quelques longues heures le temps que Sha finissait sa tâche. Levant le regard vers le ciel, la Louve esquissa un bref sourire.
« Médonnée a vraiment changé depuis la dernière fois, elle semble si....puissante. Mais surtout elle vous est toujours autant dévouée…Et je pense qu’elle a foi en vous et en votre mission. Autant ne pas la décevoir. »
En d’autres termes, autant que leur expédition suicidaire ne se solde pas par un échec. Il y’avait bien évidemment beaucoup d’éléments à prendre en compte mais au moins leurs objectifs étaient déjà tout tracés.
« Hum est ce que vous voulez que l’on discute de la marche à suivre ? Je veux dire, vous savez mes compétences et je connais une partie des vôtres, peut-être serait –il avisé de ne pas foncer tête baissée dans la mêlée et de réfléchir à un moyen d’approche ? »
Et puis, elles avaient encore quelques heures devant elle pour échafauder un petit plan et de combiner leurs compétences respectives !
-
« J’ignore ce qui se passera si je la tue… Peut-être reprendrais-je le contrôle de mes araignées, oui… Ou alors, elles deviendront juste des bêtes sauvages, ne répondant plus à personne d’autre qu’elles-mêmes. »
En toute hypothèse, le royaume de Koldoue pouvait envisager de manière sombre son futur, car Élise ne lui voyait aucune solution heureuse. Une bonne partie du royaume était désormais recouvert d’araignées, les réfugiés s’agglutinaient devant la capitale, et les multiples exactions commises par les pouvoirs publics pour maintenir le calme et l’ordre ne resteraient pas, à terme, sans conséquence. La trahison des Hamleigh n’était qu’un autre élément dont le royaume peinerait à se remettre. Mais tout ça, honnêtement, Élise s’en moquait. Le royaume payait pour son intolérance, pour son incapacité à ouvrir les yeux sur les multiples crimes commis par la maison des Hamleigh.
Élise ne pouvait donc qu’émettre des suppositions sur l’issue du conflit, et sourit quand Shad évoqua Médonée.
« Médonée a toujours été la plus fidèle de mes prêtresses. Je l’ai recueilli quand elle était petite. Elle n’est pas née au sein du Village des Toiles… Je suppose que son père devait être un puissant noble. Sa mère l’avait abandonné à l’orée de la forêt. Je l’ai recueilli, et l’ai élevé avec tout l’amour que je pouvais lui offrir. Elle n’a jamais eu peur des araignées, elle. »
Élise avait transformé Médonée, grâce à des potions très efficaces. Puissante, elle l’était, en effet.
« Elle a toujours eu une relation particulière avec les araignées. La plupart des gens ont peur d’elles, mais… Jamais Médonée. Bébé, déjà, elle aimait les avoir près d’elle. Les araignées la protégeaient. Une puissante magie bouillonne en elle, et c’est comme ça que j’ai pu la faire muter. Mais je ne pense pas réussir avec tout le monde. Médonée est la première de sa génération… »
Et la seule, pour le moment. Élise avait pour l’heure d’autres soucis, mais, quand elle avait transformé Médonée, c’était dans le but qu’elle soit la première d’une sorte de corps d’élite, capable d’aider Élise à contrôler davantage ses araignées, et de pouvoir la protéger plus efficacement… Comme si, inconsciemment, Élise avait anticipé ces terribles évènements. Mais, après tout, avant que White Elise n’arrive, et que ses araignées ne se retournent, elle avait fait de multiples rêves étranges, où elle se voyait face à un homme tout vêtu de rouge, drapé dans sa cape, la dominant depuis un grand trône fait d’ossements et de pattes d’araignées.
« J’ai rêvé de ces évènements, Shad… Je pense que le Roi Cramoisi a voulu me contrôler… Mais qu’il n’a pas réussi. Peut-être parce que je suis une erreur… Alors, il a créé White Elise. »
Shad envisagea ensuite leur option d’approche.
« Je suis une araignée, Shad. Une araignée ne fonce pas tête baissée contre l’ennemi, elle attaque dans les angles, profite des coins sombres, analyse son environnement pour tisser sa toile… C’est ce que je compte faire avec Hamleigh. »
Cette fois-ci, Élise n’aurait pas de petites araignées à déployer pour attaquer les gardes ennemis. Elle allait devoir se débrouiller avec ses propres capacités… Et aussi avec celles de Shad.
« On sauve les miens, on récupère ce qu’on peut récupérer, et nous partons » résuma-t-elle.
C’était, somme toute, aussi simple que ça.
Elles quittèrent la ville en suivant la stratégie de Scybilla. Elles s’infiltrèrent dans l’un des entrepôts de Koldoue, grimpant à bord d’un chariot, et n’eurent ainsi aucune difficulté à sortir, les gardes étant, somme toute, assez peu regardants sur qui sortait. Les deux auraient aussi pu partir par les égouts, mais il y avait, non seulement des monstres, mais aussi des patrouilles, afin de repousser les monstres, et, surtout, les contrebandiers, qui utilisaient les égouts pour permettre aux réfugiés de venir. Parfois, mieux valait sortir sous le nez et la barbe des ennemis.
Le camp de réfugiés avait encore grossi depuis que Shad était venue, et la situation était dramatique. Des places d’exécution publiques avaient été dressées pour refréner les ardeurs des réfugiés. Une émeute faillit même éclater lors de la distribution de nourriture. Le duo réussit à se faufiler, Élise dissimulant son apparence grâce à une potion de polymorphie fabriquée par Scybilla. Elle ressemblait ainsi à une simple réfugiée, et fut bousculée par un soldat. Ces derniers tapaient à tout-và, repoussant les réfugiés. Beaucoup avaient été pendus, leurs carcasses suspendues à des gibets le long des tranchées du vaste camp de réfugiés.
« La situation ne peut pas durer ainsi éternellement, commenta Élise. Il va y avoir des émeutes… »
Raison de plus pour filer rapidement !
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« Je ne pourrais pas dire mieux… »
Tirant d’un coup sec sur les bords de sa capuche pour qu’elle reste en place afin de cacher les signes de sa race, la Terranide suivait au coude à coude Elise dans ce camp de réfugiés qui n’avait fait que croître depuis son arrivée. Son regard se posa sur les pendus et elle ne put s’empêcher de se demander si les Hamleight commençait déjà à faire couler volontairement le sang pour le Roi Cramoisi.
« Au moins les gardes ne nous prêtes pas d’attention… »
Une chance en effet ! Mis à part quelques bousculade le duo put avancer aux travers des réfugiés. Mais plus que les gardes ces derniers étaient aussi une menace, cherchant à vous dépouillez au moindre instant d’ inattention. La faim les tiraillaient et certains gardes semblaient avoir mis en place un système de payement afin d’accéder à une maigre pitance. Autant dire qu’hommes, femmes et même des enfants cherchaient à se faire des coups bas pour assurer leur survie. Une émeute ? Pour sûr que ça n’allait pas tarder dans de telle condition ! Et rester ici pour tenter de calmer la zizanie ne servirait à rien. Les deux femmes devaient simplement partir et se diriger vers leur premier objectif : la Forêt des Toiles.
« Bon sang…C’est encore plus pire que ce que j’imaginais »
Souffla simplement la Louve après s’être éloignée de cet attroupement. Du sang…là le Roi Cramoisi en avait une bonne quantité à porter de mains. Continuant cependant à camoufler ses attributs animales, le risque de croiser un soldat étant encore présent, L’Okami avançait en compagnie d’Elise. Elles ne croisèrent que très peu de voyageurs sur leurs routes. Est-ce que tous avait fuit vers Koldoue ? Le point positif ? Elles ne croisèrent pas également White Elise et son armées d’araignées géantes.
Mais cela ne voulait en rien dire que la route était sans risques et le duo progressait avec prudence et rapidité jusqu’à atteindre leur premier objectif. Observant l’entrée du territoire d’Elise, la Terranide eut une moue interrogative.
« Comment allons nous rentrer sans tomber dans un piège de soie ? Je doute que nous puissions avancer sans risques. Et si les araignées sont liées à White Elise comme pour vous dans le passé….Elles seront ses yeux et elle sera au courant de notre présence. Je doute qu’elle vienne d’elle-même mais elle pourra nous envoyer ses troupes. Donc…une idée ? »
Qui sait peut être il y avait-il une autre entrée ?
-
Il fut bientôt aisé de deviner pourquoi tant de réfugiés se pressaient à Koldoue. Shad et Élise s’avancèrent prudemment, traversant les lignes de guerre. De multiples séries de camps, des charniers, des tranchées, des patrouilles militaires filant à cheval d’un camp à l’autre. On avait installé de sommaires forteresses en bois, et elles traversèrent plusieurs champs de batailles sinistres. Des cadavres gisaient au sol, avec des carcasses de multiples araignées. Les éboueurs et ouvriers n’avaient pas encore réuni toutes les carcasses, et certains alchimistes et autres apprentis inspectaient les carcasses, récupérant des boyaux, des organes précieux. Élise vit également des voleurs de cadavres, arrachant les dents, et d’autres spectacles plus sinistres. Outre les charognards qui s’attaquaient aux corps, les morts attiraient les créatures nécrophages, et, à plusieurs reprises, elle et Shad durent affronter des goules. Certes, les goules aimaient la chair morte, mais appréciaient encore plus la chair bien vivante.
Traverser la région fut donc sportif. Partout, la guerre, l’horreur, et le chaos. Pour lutter contre les mutineries et le désespoir de certains soldats, Élise en vit plusieurs qui avaient été pendus, et dont les carcasses, à moitié dévorées par les corbeaux, flottaient le long de poutres. Plus aucun village n’était ouvert. Ils étaient tous abandonnés, pillés par l’armée, qui avait laissé derrière elle les corps. Dans les villages, Élise vit également des corps de femmes tondues dans des gibets, avec des pancartes significatives écrites en rouge : « CATIN ARACHNÉENNE », « TRAÎNÉE », « HÉRÉTIQUE ». Il y avait également des traces de bûchers.
« Le désespoir entraîne toujours le fanatisme », commenta silencieusement Élise.
On avait également attaqué les non-humains, comme les Terranides, accusés de conspirer avec l’ennemi. Leurs oreilles avaient été coupées, leurs queues arrachées, et ils avaient été abattus ensuite, sacrifiés. De quoi remettre en perspective la nécessité de sauver ces gens, dont la peur les amenait à se comporter comme les pires des monstres. La traversée prit bien plusieurs jours, pendant lesquels Élise et Shad dormaient là où elles le pouvaient, dans des maisons en ruines, dans des grottes. Les soldats étaient en ce moment tout autant dangereux que les monstres et les bêtes, qui proliféraient avec ce chaos. Régulièrement, elles voyaient des monstres, le long des carnages sur la route, et affrontèrent même des déserteurs transformés en brigands qui voulurent les asservir. Chaos et désespoir, les deux enfants de l’anarchie et de la peur. On ne voyait guère plus que les charretiers convoyant des monceaux de cadavres, afin de les brûler.
Les deux femmes s’enfoncèrent ainsi dans une forêt, qui les amena finalement à la lisière du territoire ennemi, qu’Élise perçut en elle-même. Sa main se posa sur l’écorce d’un arbre, tandis qu’une épaisse brume vint les envelopper.
« Nous y sommes, Shad. »
Des patrouilles de soldats étaient encore là, dans la forêt, afin de retarder les araignées, en déclenchant des points d’incendie. Shad exposa alors ses angoisses, et Élise hocha la tête.
« N’oublie pas qui je suis, Shad. Suis-moi, et fais bien attention. »
Il suffisait de marcher sur un fil pour provoquer une vibration qui amènerait les araignées.
« Bien que les araignées aient huit yeux, elles ont une très mauvaise vision. Elles ne peuvent voir que devant elles, et se fient surtout à leurs yeux latéraux, qui détectent les mouvements. Si nous croisons une araignée, soit on la tue rapidement, soit on reste immobiles. »
Des conseils qui pourraient s’avérer bien utiles par la suite. Le duo s’avança donc, et, peu à peu, les toiles apparurent, évoquant à Shad un souvenir bien familier : celui de la Forêt des Toiles. Cependant, tandis qu’elles avançaient, des hurlements et des bruits de flammes se firent entendre… Ainsi que des grondements et des grognements. À proximité, des soldats se battaient contre les araignées de White Elise.
« Fais attention, Shad ! »
La bataille risquait en effet de se rapprocher d’elles…
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Elle hésita quelques secondes, observant cette entrée d’où une étrange brume semblait émaner. Les risques étaient nombreux et la Louve devait avoir donc une totale confiance en Elise pour décider de la suivre dans cette forêt où chacun de leur pas pouvaient les amener à déclencher un piège mortel. Certes, la plupart des araignées avaient une bien mauvaise vue mais une espèce au contraire chassait à vue. Les araignées sauteuses. Et la Terranide espérait qu’elles n’auront pas la désagréable surprise d’en croiser une. Car si tel était le cas, le fait de rester immobile ne serait guère la solution appropriée. Soupirant, elle s’aventura également à la suite d’Elise, suivant ses pas, prenant garde à ne toucher aucun fil de soie. Mais bien que ces derniers étaient fortement éparpillés au début de leur progressions, ils constituaient à présent un entremêlât qui obligeait les deux femmes à prendre leur temps et à user de souplesse pour ne pas en effleurer un et prévenir les araignées de leurs présences. Couplé à cela, le bruit d’une bataille proche se faisait entendre, annonçant de futures difficultés à venir :
« Je fais comme je peux…On n’appelle pas cet endroit la « Forêt des Toiles » pour rien…. »
En effet, cette forêt portait bien son nom. Petit à petit l’écorce des arbres se retrouvait recouverte d’une fine couche de soie sur lesquelles on pouvait voir courir de multiples petites araignées. Par chance ou par pur hasard ces dernières ne faisaient pas attentions aux intruses et lorsqu’une d’entre elle s’arrêtait face aux deux femmes, Elise et Shad s’immobilisaient simplement en attendant que la dite araignée reparte. Haussant ses oreilles, la Terranide écoutait les bruits de combats, ces derniers semblant se dérouler dans plusieurs parties de la forêt mais leur chahut se rapprochait également des deux femmes.
« Nous devrions nous hâter….Au vu de ce qu’on a vu sur notre chemin, je doute que les ennemis d’Elise puissent être considères comme des alliés…. »
Aux femmes pendues portant des pancartes les traitant d’hérétiques arachnéennes aux Terranides mutilées sacrifiée, la Louve avait ses raisons de se méfier autant des hommes que des araignées de White Elise. Car rien n’empêchait ces derniers de leur faire subir le même sort qu’à leurs confrères une fois la bataille finit. Si bien sûr ils arriveraient à en sortir victorieux et face à l’armée d’araignées, les chances de succès étaient des plus faibles. Cependant elles n’étaient pas réduites à néant et un espoir subsistait encore. Un espoir qui était en partie entre les mains de la Louve et de l’Araignée.
« Attention ! »
Se mettant rapidement devant Elise, la Louve encaissa le jet de flamme qui venait de surgir d’un des recoins de la forêt. En baissant son regard vers le bas, elle vit sa botte sur l’un des innombrables fils de soie qu’elle avait tenté d’éviter jusqu’à alors.
« Merde. »
Que faire ? Elle ne pouvait pas bouger au risque de déclencher la vibration et d’un autre côté toute une troupe arrivait sur elles, reculant tout en hurlant et en utilisant des armes capables de cracher le feu. Face à eux, d’innombrables bruits de pattes se faisaient entendre, des jets de soie gluantes parcouraient des mètres jusqu’à toucher un humain et l’immobiliser. A partir de là, il ne restait plus qu’aux araignées de les achever. Des cris de terreur et de guerre résonnaient dans la forêt et maintenant auprès des deux femmes. Agitant l’une de ses oreilles, la Louve tourna rapidement son regard vers une araignée plus grande aux yeux développés qui semblait les « regarder ». Malheureusement une de celle que la Lycane aurait souhaité ne pas rencontrer.
Que faire ? Elle ne pouvait décemment pas bouger au risque de prévenir le reste de la forêt de leur présence mais rester immobile ne servirait à rien également. Le choix vint cependant de lui-même lorsqu’un jet de soie fila dans sa direction. La Terranide sauta rapidement sur le côté tout en émettant un juron tandis qu’au même instant leur adversaire se camper sur ses pattes arrière, prête à sauter sur l’une d’entre elles. Le saut fut rapide mais le claquement de doigt qui résonna le fut tout autant et l’araignée sauteuse tomba pendant son saut, sa carcasse enveloppée par les flammes.
« Je crois que nous n’avons plus le choix …On va devoir combattre les araignées de White Elise et aider ces….humains. »
Une situation qui ne l’enchantait guère mais avait-elle seulement le choix ? Et au diable les fils ! Ils étaient maintenant bien trop tard surtout avec ces humains qui mettaient leurs pieds n’importe où sans faire attention. Toute la forêt des Toiles étaient au courant de leur intrusion. Se préparant à combattre, la Louve s’arrêta subitement, un puissant frisson parcourant son échine alors qu’une énorme patte d’araignée venait de surgir juste à ses côtés. Une patte bien plus grande que celles des araignées qu’affrontaient les hommes à quelques pas de là. Certains d’entre eux venaient même à attaquer Elise en la prenant pour leur véritable ennemie. Sur qui les conduisait bien évidemment à une mort sans précédent. En baissant le regard, la Louve put voir un flot innombrable d’araignées de petites tailles qui jaillissaient des entrailles de la forêt et qui se mirent à attaquer chaque humain, plantant leurs crochets dans leur peau après s’être faufilées sous leurs armures, leurs injectant une quantité pharamineuse de poisons. Paralysie, nécrose, organes réduits en bouillie, les malheureux ne survivait pas plus de quelques secondes et servaient par la suite de festins au sujet de White Elise.
Il était d’ailleurs fort étonnant qu’Elise et Shad ne subisse pas le même sort. Etait-ce dû au fait qu’elles étaient bien plus immobile que le reste ? Qu’elles n’avaient vraiment bougé qu’en cas d’extrême utilité ? Dans le doute, la Lycane jeta un regard vers Elise. De plus la patte à ses côtés se mis à bouger, faisant passer la Terranide pile en dessous de l’infâme créature. Une vue qu’elle aurait souhaité à ne jamais être confrontée. Dans tous les cas, l’araignée et ses « sœurs » semblaient les ignorées. Mais jusqu’à quand ?
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La situation devint rapidement très critique, la bataille se rapprochant d’elles, et Shad, dans la précipitation, marchant sur un fil de soie. C’était comme la forêt d’Élise... Mais en plus grand encore. Et, tandis que de multiples araignées approchaient de partout, tournoyant autour d’une araignée gigantesque, similaire à celles qui avaient assiégé Gavony, Élise constata, encore une fois, qu’elle n’avait plus aucun contrôle sur ses araignées, ce qui était tout simplement effrayant. Une force supérieure les commandait, et, fort heureusement, les soldats en train de se battre constituaient une diversion utile pour les deux femmes, qui se retrouvèrent près de l’araignée géante. Une véritable araignée-reine, car, depuis son corps, de multiples œufs libéraient d’autres araignées. L’une des pattes de la bête manqua de peu d’écrabouiller Shad, qui, ayant suivi les consignes d’Élise, restait immobile.
« Bon sang... »
Shad avait raison! Il allait falloir aider les humains, car les araignées se multipliaient, et les humains diminuaient.
« On se replie ! Sonne la retraite !
- Clairon !
- Y a plus de... Haaaaa... !! »
Élise bondit vers Shad.
« On y va, vite ! »
Depuis l’araignée géante, des araignées blanches tombèrent près d’elles, les encerclant alors. L’une bondit vers Élise, qui la frappa avec le pied, lui éclatant la tête. Une autre lança un filament de toile vers le bras de l’ancienne Reine arachnéenne, qui la trancha avec sa main, et courut vers l’araignée, bondissant dans les airs, et s’abattit sur elle, plantant ses longs talons tranchants dans son abdomen. Inutile de vouloir tous les tuer, elle cherchait juste à se tracer un chemin, pendant que d’autres araignées plus grosses se rapprochaient.
N’ayant plus le choix, Élise se retourna vers Shad, et hurla quelques mots :
« Grimpe sur moi ! »
Elle se transforma alors, et, en quelques secondes, adopta sa forme arachnéenne (https://img04.deviantart.net/f4ac/i/2013/222/5/d/elise_the_spider_queen_by_zeronis-d5ihue1.jpg), prenant l’apparence d’une grosse araignée velue avec six pattes tranchantes aux points rouges. Ses pattes frappèrent quelques araignées, s’écrasant sur leurs têtes, défonçant leurs crânes, puis elle courut ensuite devant elle, usant de ses six pattes pour avancer rapidement, et chargea une araignée plus grosse, avec une carapace robuste sur le corps, qui s’interposa devant elles. Le choc fit trembler le corps d’Élise, mais elle embrocha l’araignée, et reprit ensuite sa fuite, filant entre les arbres, tout en évitant les jets de toile que l’araignée géante leur balançait.
En route, Élise croisa plusieurs cavaliers qui filaient. L’un d’eux fut happé à la tête par une toile, et disparut dans les feuilles, son hurlement mourant, pendant que des myriades de pattes descendaient le long des arbres. Élise continuait à courir, jusqu’à sortir de la Forêt, rejoignant une plaine, où elle avisa des feux de camp. Les cavaliers fuyaient vers le village, où les restes d’une compagnie de soldats s’étaient regroupés.
Un point de chute provisoire, car le camp n’allait pas tenir longtemps, vu qu’une horde d’araignées s’élançait vers lui, de tous les côtés...
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La Louve n’attendit pas une seconde de plus avant de monter sur le dos d’Elise qui venait tout juste de se transformer. Un frisson lui parcouru cependant l’échine au contact des poils arachnéen sur son épiderme, mais elle y fit abstraction. Toute cette débandade….aurait-il mieux fallut qu’elle ne se mette pas entre Elise et les flammes qui la menaçait ? Non, son corps avait réagi instinctivement malgré les risques que cela pouvait comporter. De plus, comment diable auraient –elles pu éviter jusqu’à la fin le moindre fils de soie ? C’était là encore un miracle qu’elles n’eurent pas d’accident plus tôt. Est-ce que la Terranide s’en voulait cependant ? Bien sûr ! Elle aurait peut-être dû faire plus attention. Elle soupira un bref coup, s’accrochant à la forme arachnéenne d’Elise pour ne pas tomber quand elle se mit à se déplacer avec vélocité. Mais la Louve ne resta pas inactive et garda les autres araignées à distance en usant de sa magie, qu’elle déployait également sur les filets de soie.
Elle dû cependant s’arrêter quelques fois et s’accrocher plus fortement à Elise, notamment quand cette dernière percuta une autre araignée avec le dos blindé. Par chance, ce fut l’ancienne reine qui sortit victorieuse de cette confrontation, filant à présent droit vers la sortie de la forêt où la Louve put également voir les camps qui étaient peu à peu désertés et le village au loin qui préparait ses vaines défenses. Mais qui était aussi paradoxalement l’un des seul lieu sûr à la ronde. Avisant de la situation, la Terranide s’adresse à l’ancienne reine.
« Si vous voulez vous rendre dans ce village, mieux vaut y aller avec une autre apparence, au risque de nous faire descendre à vue….Ou bien nous pouvons profiter de la diversion que ce village nous apportera pour ..revenir dans la forêt et..continuer notre chemin … »
C’était en partie immoral mais avaient –elles seulement le temps de perdre du temps à la défense d’un village condamné ? Et au vue de la quantité d’araignées qui s’y dirigeaient, ils ne devraient plus en rester beaucoup au sein de la forêt. Du moins, les risques seraient encore élevés. Portant sa main à son médaillon, la Terranide baissa ses oreilles :
« Désolé pour l’erreur avant. »
Le mal était fait. Observant la sphère trônant au centre du médaillon et que Sha avait rajouté, la Lycane reprit :
« Je sais que Sha a fait en sorte que White Elise ne détecte pas notre présence par magie mais…Pensez-vous qu’elle a également fait en sorte que je puisse revoir les fils de soie comme auparavant ? »
Ce qui, serait en l’occurrence, un outil dispensable ! Il ne restait maintenant plus qu’à choisir…Le village ou…retourner dans la forêt et atteindre l’objectif visé ? Pour la Louve, la réponse était toute trouvée et elle en avait déjà fait part à Elise.
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Il s’agissait visiblement d’une escouade désespérée, un régiment qui s’était retrouvé piégé derrière les lignes ennemies. Un destin bien funeste les attendait, tandis que l’armée d’araignées s’avançait, faisant remuer tous les arbres, donnant presque l’impression que c’était la forêt elle-même qui se déplaçait. Suivant les conseils de Shad, Élise reprit sa forme normale, et écouta ensuite cette dernière lui présenter ses excuses pour avoir marché sur le fil de soie.
« Tu n’y es pour rien, Shad. Avec les combats dans la forêt, ces araignées auraient, de toute manière, fini par nous repérer. »
Restait à savoir, maintenant, ce qu’elles allaient faire. Shad proposait de laisser les soldats à leur sort, afin de servir de diversion. C’était un plan assez cynique, mais sensé. Elles n’avaient aucune chance de pouvoir infléchir le cours de la bataille. Élise, en l’état actuel des choses, ne pouvait que constater son impuissance. Incapable de reprendre le contrôle sur ses araignées, elle les avait vus l’attaquer, et avait même dû se battre contre elles. Difficile, dans ces conditions, de sous-estimer White Elise... Surtout quand on savait que son clone avait été capable de produire bien plus d’araignées qu’elle. C’était à se demander si, en définitive, elle n’était pas effectivement une erreur de parcours, une sorte de cobaye involontaire du Roi Cramoisi. Élise ne savait pas quoi en penser. Que pouvait-elle faire ?
Shad revint ensuite sur la question des fils de soie.
« Je ne sais pas, Shad... Tu peux voir mes fils en raison du lien que nous partageons, mais ces fils-ci ne sont pas les miens. Je peux les ressentir grâce à mes instincts naturels, pas magiques. »
Autrement dit, elle n’était pas convaincue qu’un sortilège pourrait les aider. Et puis, de toute manière, il n’y avait plus qu’elles en piste, désormais.
« Mais tu as raison, on va profiter de la bataille pour les contourner. »
Un petit ruisseau filait le long de cette grande plaine, et Élise descendit. Quand des araignées s’approchaient, elle ordonnait à Shad de se coucher dans les hautes herbes. Les araignées passaient alors sans s’attarder. Comme Élise le lui avait dit, ces créatures avaient une très mauvaise vision. Au-dessus d’elles, elles voyaient régulièrement des hordes de flèches enflammées tomber ici et là sur le champ de bataille, touchant les araignées. Les soldats se battaient avec l’énergie du désespoir, et le duo réussi tà atteindre le petit ruisseau, jonché de cadavres ici et là.
Plusieurs ponts en bois se trouvaient au-dessus de leur tête, et, quand Élise se rapprocha de l’un d’eux, la carcasse d’une araignée tomba brusquement, une flèche plantée dans le crâne. Elle gesticula nerveusement sur le sol, avant de se coucher, mais ses pattes obstruaient le chemin. De plus, les deux femmes devaient avancer accroupies, pour éviter de croiser le chemin des araignées qui bondissaient par-dessus cette mince tranchée. Le ruisseau avait en effet été aménagé pour faire office de tranchée défensive, la terre ayant été nivelée autour.
Élise écarta prudemment les pattes puantes, puis fit signe à Shad de la suivre, en lui intimant de rester silencieuse, et de se déplacer très lentement.
« ...’Poussez-les ! entendit Élise.
- ...’Partout !! »
La Reine déchue continua sa marche, s’éloignant ainsi, progressivement, de la zone de guerre...
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Rampant sur le sol sans émettre le moindre son, Shad suivait Elise afin de s’éloigner de la zone de conflit. Elle pouvait également entendre les cris de terreur provenir du village assiégée par une myriade d’araignées. Et quand ces dernières passaient au-dessus d’elle, la Louve s’immobilisait, faisant confiance à Elise et sur ses paroles. Aucune de ces créatures à huit pattes ne nota leurs présences, ni les petites qui sautaient au-dessus d’elle ou la plus grande qui venait de s’effondrait juste à quelques pas de leurs positions. Grimaçant de dégoûts en observant les pattes poisseuses de l’arachnide, la Lycane les repoussa également à son tour afin de pouvoir passer. La progression fut certes lente et dangereuse mais se déroula sans encombre.
Une fois assez loin, les deux femmes purent se relevées et observer au loin le chaos qui se passait dans le village où des pauvres hommes avaient tenté de trouver un endroit sûr. Ces murs malheureusement allaient devenir leurs tombeaux. Une araignée plus massive s’attaquait à la porte principale, cherchant à la défoncer afin de permettre à d’autre de ses consœurs de pouvoir passer…Quand ces dernières n’escaladaient tout simplement pas la muraille pour passer au-dessus et sauter après sur les soldats présents dans l’enceinte. On essaya de les repousser à renforts de flèches et d’huiles chaudes versés par-dessus les remparts mais…rien n’y faisait, les araignées continuaient toujours d’arriver. Encore et toujours jusqu’à tout submerger.
Il n’y avait donc aucun espoir pour eux. La Louve se détourna avant de reprendre une marche plus rapide vers leur première destination, la forêt. Cette fois, elle suivit exactement les pas d’Elise, ne faisant aucun mouvement de plus, progressant ainsi avec l’ex monarque jusqu’au cœur de la Forêt des Toiles. D’étranges ruines recouvertes de toiles d’araignées étaient présentes ainsi que la présence de centaines d’entre-elles filant entre les fils de soie, n’ayant pas encore remarquée la présence des deux intruses. Combien d’araignées possédait White Elise à la fin ? Et surtout, étaient-elles arrivées à leurs bonnes destinations ? Le regard de la Terranide se porta sur l’entrée des ruines…obstruée par une toile. Nul doute qu’au moindre contact, la centaine d’araignées qui se déplaçaient autours d’elles allait leur tomber dessus sans prévenir.
« Je me vois mal forcer le passage –murmura la Terranide – il doit bien y avoir une solution »
Et cette solution, elles devaient le trouver. Observant les lieux, la Terranide nota un renflement au niveau du sol, comme si la terre y avait été retournée juste à quelques pas de l’entrée des ruines. Aucun fils de soie n’étaient présents à cet endroit ce qui retirait la potentialité d’un piège, d’un terrier construit par une araignée. Et pour savoir de quoi il en retournait, le mieux était d’aller voir pourtant…cette absence de fils de soie juste à cet endroit avait de quoi rendre perplexe, ça sentait le piège à pleins nez. Mais si c’était une solution pour rentrer dans les ruines…c’était peut-être un risque à prendre.
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Sans douves, des murs n’étaient pas très efficaces contre les araignées, qui pouvaient les escalader, ou sauter par-dessus. Mais même les châteaux-forts dotés de douves ne pouvaient pas tenir éternellement, car les araignées, soit bondissaient au-dessus de l’eau, soit tissaient de multiples filaments de toiles pour enjamber l’eau. Et puis, même sans ça, White Elise disposait toujours de ses araignées géantes monstrueuses, des araignées gigantesques, comme une qui se rapprochait lentement , et balança d’épais filaments de toile sur la porte du corps de garde, l’éprouvant. De multiples araignées avaient toutefois pu grimper sur les murs en bois, et des filaments de toile avaient également attaqué les miradors, repoussant les archers, soit en les balançant dans le vide, soit en les tractant à elles, les tuant dans tous les cas.
Élise ferma les yeux devant ce sinistre spectacle, les poings serrés.
« J’ai souvent haï les humains pour ce que certains d’entre eux m’ont fait subir… Mais ce chaos, cette dévastation… Je n’ai jamais voulu ça. »
Il était effrayant de voir ce qu’Élise aurait pu devenir si elle avait été moins scrupuleuse, moins… Moins dotée de conscience, en réalité. White Elise était tout simplement prête à tout, massacrant tout le monde derrière elle… Ou presque ? C’était une bonne question. Que faisait White Elise des corps ? Élise savait que les humains constituaient de bons nutriments, et il fallait bien nourrir toutes ces araignées. Or, les araignées ne se nourrissaient pas de cadavres. Elles enfermaient leurs proies dans des cocons, et les pompaient régulièrement pour se nourrir.
*En toute logique, elle doit avoir d’impressionnants nids…*
Élise le savait, car, quand elle dirigeait la Forêt des Toiles, et qu’elle capturait des bandits de grand chemin attaquant les siens, c’était la condamnation qu’ils subissaient. Recouverts de toiles, ils étaient enfermés dans son nid, et étaient lentement dévorés par ses araignées. Un sort funeste, bien sûr, mais qu’elle réservait à des gens qui l’avaient amplement mérité. Et, vu les araignées que White Elise produisait, elle devait vraiment avoir des nids impressionnants. En tout cas, Élise détourna le regard du village moribond, et reprit sa route. Il ne faisait aucun doute que les deux femmes allaient encore voir de sinistres spectacles sur leurs pas, en marchant vers le fort de Hamleigh.
De fait, elles ne tardèrent pas à tomber sur une série de curieuses ruines recouvertes de toiles… Visiblement un fort en pierre dévasté par les araignées. Néanmoins, Élise se fit rapidement une observation silencieuse.
*Aucun cadavre…*
La zone semblait tout simplement… Totalement abandonnée. Élise regarda encore nerveusement autour d’elle, convaincue que cet endroit avait été récemment assiégé par les araignées, ce dont témoignait l’entrée, obstruée par des filaments de toile. En se déplaçant, Shad trouva alors une trappe, un moyen de progresser.
« Je sens une présence arachnéenne dans ces ruines… »
Délicatement, Élise approcha son pied, et le posa sur un fil de soie à l’entrée des ruines, et s’en servit pour percevoir d’infimes vibrations au loin.
« C’est un nid… »
Elle avait la confirmation de ce qu’elle pensait, et se retourna brusquement vers le village en feu. Au loin, on voyait encore des volutes de flammes et de fumée noire s’envoler dans les airs, mais le combat devait maintenant approcher de la fin.
« Il faut qu’on se dépêche de filer, Shad. Toutes les araignées vont revenir ici avec leurs proies, pour grossir le nid ! »
Mais elles n’avaient aucun autre moyen de fuite que par le tunnel que Shad avait découvert… Peu importe où ce tunnel conduisait, il était toujours préférable au fait de rester là, et d’attendre que tout le troupeau revienne ! Élise s’y avança donc.
« Cette trappe doit mener à des grottes souterraines longeant le nid. Notre vigilance va devoir être accrue, Shad, si les araignées sentent que nous nous rapprochons du nid, elles nous tomberont toutes dessus. »
Sur ce, Shad passa à travers l’ouverture, descendant une modeste échelle en bois…
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Un nid, il fallait que ce soit un nid ! Si seulement les araignées assiégeant le village ne revenaient pas par tous les coins de la forêt, elles auraient pu prendre un autre chemin, mais non, il fallait qu’elle descende dans ce tunnel proche du nid de ces odieuses créatures ! Et au vue de leurs nombres, ce dernier devait être impressionnant, jonchés de pauvres victimes se faisant lentement dévorés, maintenues en vie jusqu’à leurs derniers instants. Après tout, quoi de mieux qu’une viande bien fraîche pour le repas ? Ce fut à contrecœur que la Louve descendit la modeste échelle en bois, arrivant sur un sol légèrement humide et fait d’argile. Les pieds s’embourbaient dans la terre et rendait la progression difficile mais au moins, il y’avait un avantage. Les fils d’araignées ne pouvaient parcourir le sol, ce dernier les « mangeant » permettant ainsi aux deux femmes de progresser sans risquer de déclencher une alarme. Du moins tant qu’elles étaient assez discrètes et ne touchaient aucunes des parois les entourant. Car là, au contraire du sol, les fils de soie étaient tissés et attendaient qu’une main malheureuse ne les effleures pour donner l’alerte.
Prenant garde à ne pas être repérée, les deux femmes progressèrent vers un point inconnu avant de soudainement se figer sur place. Un brouhaha énorme venait de naître, le son de multiples pattes traversant les tunnels voisins, et surtout des plaintes étouffées. De nombreuses plaintes étouffées, des gémissements de peurs et d’agonie. Les araignées emmenaient avec elles les pauvres survivants et n’allaient pas tarder à entamer un funeste festin. Est-ce que Shad et Elise pouvait faire quelque chose ? Pouvaient-elles leur venir en aide ? Non, ce serait suicidaire même si ce n’était pas l’envie qui leur manquait. Mais ce serait comme se jeter soi-même dans la gueule du loup. Elles attendirent donc que les sons s’estompent ou s’éloignent avant de reprendre leur progression.
Et furent subitement stoppé par une autre toile d’araignée obstruant la suite du tunnel. Bien qu’elles n’étaient pas réellement présente dans ce dernier, cela n’empêchait pas ces créatures à huit pattes à tendre quelques pièges pour les quelques fous qui tenteraient de longer leur nid. La Terranide observa la toile, et particulièrement la direction dont prenaient les fils d’alertes…droit vers le nid. A la moindre vibration, les araignées allaient être au courant de leurs positions et débarquer en masse. Mais…c’était également là le seul moment de progresser.
«Je pense que nous n’avons pas le choix…Il va falloir y aller, et prier pour courir assez rapidement jusqu’à la sortie…. Je peux essayer de les contenir avec un mur de flammes mais je ne pense pas que cela les arrêtera longtemps» Murmura t’elle doucement.
A l’instant où la toile serait détruite….l’alerte serait donnée. Les deux femmes devaient donc faire un choix, continuer ou bien chercher une autre issue.
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Ce moment était important, et allait permettre à Élise de répondre à l’une des questions qu’elle se posait sur les pouvoirs de White Elise. Élise n’avait jamais réussi à étendre son armée d’araignées au-delà d’un certain nombre, car il y en avait tout simplement trop à contrôler, et son esprit ne pouvait pas suivre. Or, chez White Elise, ce problème ne se posait pas. Élise avait initialement pensé que c’était parce que son clone était tout simplement plus doué qu’elle, mais, maintenant qu’elle et Shad avançaient dans les galeries entourant le nid, Élise ressentait d’étonnantes émanations psychiques... Comme si White Elise était là, mais sans être là. C’était son empreinte qu’elle ressentait, sa signature, mais émanant d’un autre corps...
*Bon sang, une Reine !*
Élise avait enfin sa réponse ! Par un quelconque procédé fort mystérieux, White Eliseavait su se doter de créatures-relais, des lieutenants intervenant en son nom pour contrôler son immense horde, des Reines ! Et l’une d’elles était justement très proche, dans le nid. Un sentiment d’excitation diffus s’empara du corps d’Élise, qui prenait conscience qu’elle et Shad avaient l’occasion d’endommager les forces arachnéennes alentour. En tuant la Reine, White Elise perdrait le contrôle sur les araignées qui, jusqu’à présent, dépendaient justement de la Reine. Un élément majeur pour leur permettre de progresser à travers les terres ennemies !
Pour l’heure, le duo s’avançait dans les anciennes cryptes du château, une série de longs couloirs tortueux. Les araignées se déplaçaient le long du nid, patrouillant également le long de ces couloirs, amenant régulièrement le duo à rester dissimulées dans l’ombre. Parallèlement, Élise et Shad entendirent d’autres cliquètements, et virent des araignées traîner des cocons derrière elles, signe qu’elles ramenaient au nid les prisonniers des soldats tombés au combat plus tôt.
Rapidement, les deux femmes se retrouvèrent coincées par d’épaisses toiles d’araignées, ce qui les amenait à devoir se rapprocher du centre de la toile.
« Si nous tuons la Reine, nous démantèlerons cette armée... »
Et la Reine ne pouvait se trouver qu’à hauteur du nid. Autrement dit, les deux femmes avaient une proie majeure, ce qui amena Élise à s’avancer la première. Elles approchèrent d’un chemin qui descendait, et, au bout de ce dernier, entrèrent sur une alcôve surplombant un très grand hall, le centre de la crypte funéraire. Une salle très haut de plafond... Et presque entièrement recouvert de soie d’araignée, avec un nombre incroyable de cocons. Impossible de se méprendre : c’était le nid !
Élise entendit soudain des cliquètements dans son dos, et se retourna... Pour voir des araignées se rapprocher.
« Merde ! »
Élise concentra sa magie, mais des filaments de toile fusèrent dans leur dos, et les attrapèrent, avant de les tirer en arrière, les envoyant voler dans le hall. Élise se réceptionna en déployant ses pattes arrière sur une toile, et évita ainsi d’être engluée en atterrissant sur une toile.
« Pensais-tu vraiment pouvoir m’échapper, Usurpatrice ? » siffla une voix sardonique et cruelle.
La jeune Élise vit une silhouette se rapprocher, et constata qu’il s’agissait d’elle : la Reine (http://img110.xooimage.com/files/0/6/b/jing-spiderr-531cdcf.jpg) !
« Toi et ton amie, vous ferez un magnifique cadeau pour ma Maîtresse ! » claironna encore la Drider, en se rapprochant.
Le plan de Shad d’éviter le troupeau était tombé à l’eau...
Mais Élise n’avait pas encore dit son dernier mot !
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Au contraire d’Elise, la Terranide n’avait pas de pattes d’araignées lui empêchant d’être engluée dans la soie de la toile sur laquelle elle venait d’être projetée. Mais elle pouvait brûler ses liens pour se libérer et c’est ce qu’elle fit, provoquant ainsi une chute jusqu’à un étage inférieur du nid. Parvenant à voir un petit espace dénudé de toute toile, elle tenta d’y atterrir. Point positif, l’Okami n’était pas engluée, point négatif, elle n’avait pas vraiment de mobilité et se retrouva bien vite entourée d’araignée. Retenant les conseils d’Elise, elle fit le moins de mouvement possible, aucun de ses membres ne touchant un fil de soie elle était pour l’heure presque invisible aux multiples yeux arachnéens. Mais ces dernières savaient également qu’une proie était à porter et commençait à chercher à « tâtons », ce qui obligerait la Lycane à se défendre et par ce fait à bouger tôt ou tard.
Et elle ne pouvait se permettre de rester ainsi à ne rien faire, à attendre simplement que ces araignées viennent la cueillir. Levant son regard vers la partie inférieur elle put voir la Reine du nid ainsi qu’Elise se battre l’une contre l’autre. Pour l’heure, il lui était impossible de lui venir en aide, ou du moins si, elle le pouvait indirectement. Si elle servait d’appât pour ces araignées, la Reine n’aurait pas autant de troupes pouvant lui apporter assistance qu’elle escompterait. Oh, elle en aurait toujours au vue du nombre phénoménal d’araignées présentes dans le nid, mais ce serait toujours cela en moins. Réfléchissant à toute vitesse, la Lycane cherchait une solution, avant d’en trouver une toute simple : Attirer les araignées vers soi et s’en défendre à l’aide de ses sors pyrotechniques.
Mais ce ne fut pas tout, elle changea également de formes, prenant celle d’apparence lycanthrope afin d’avoir accès à un corps plus robuste. Tout ce qu’elle devait espérer c’était qu’Elise parvienne à vaincre rapidement son adversaire, le temps qu’elle arrive à tenir sa position. Mais le pourra t’elle face à un flot continue d’araignées, qui avec sa transformation avait pu localiser sa position ? Il ne fallut guère attendre de temps avant que les premiers fils de soie fusèrent vers la Terranide, qui soit se penchait pour les éviter, soit les frappait de ses griffes, préalablement enflammées pour les détruire. Remarquant que quelques araignées commençaient à monter vers Elise et leur Reine actuelle, la Louve lança une sphère de flamme droit sur elle, qui à l’impact fit brûler quelques fils de soie mais surtout qui détourna l’attention des renforts vers une autre cible.
Tenir le temps qu’Elise décroche la victoire, juste tenir assez longtemps …Dans l’idée cela n’avait rien de difficile ! Et puis qui sait peut-être qu’après cela Elise arrivera à récupérer une partie de ses troupes perdues ? C’est ce qu’espérait intérieurement la Louve qui donna un coup de patte à une tête d’araignée bien trop prêt à son goût, la faisant reculer dans un cri strident. Elle observa un instant la bête et eut un frisson. Bon sang, qu’elle était laide, pas étonnant qu’elle en ai eu peur des années durant !
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« Tu es une erreur, Élise ! Une aberration qui n’aurait jamais dû voir le jour, et il est temps de rectifier ça ! »
La Reine n’était pas White Elise, mais seule une idiote aurait choisi de la sous-estimer. La Reine, qui répondait au nom de Jinq, était dangereuse et puissante. Elle bondit vers Élise, qui sauta en retrait, évitant ses doigts tranchants. Jinq bondit à nouveau vers elle, et Élise concentra sa magie entre ses doigts, générant un mur de toile devant elle. Dans un ricanement cruel, Jinq enflamma ses pattes d’araignée, et traversa la toile. Néanmoins, la toile avait eu pour effet de cacher sa vue, permettant à Élise de bondir en avant, et d’éviter la charge de Jinq en se retrouvant derrière elle. Ce faisant, Élise attaqua encore, la frappant dans le dos en générant une charge magique, amplifiant ainsi le coup de pied qu’elle fit.
Jinq s’envola sur plusieurs mètres, et rebondit sur ses toiles, mais d’autres araignées bondirent alors autour d’Élise, cherchant à la mordre, ou à l’entoiler, permettant à leur Reine de se remettre en place. La Reine des Araignées les attaqua donc, et, alors que d’autres araignées se rapprochaient... Une boule de feu éclata sur sa gauche, enflammant une partie du nid.
*Shad !*
La Louve était toujours là pour la protéger, pour l’aider, et pour couvrir ses arrières. Les araignées s’écartèrent donc, se dirigeant vers les flammes, et Jinq bondit alors, surprenant Élise en la frappant avec l’un de ses crochets. La jeune femme fut repoussée en arrière, et tissa des toiles derrière elle, avant de les enflammer. Les flammes repoussèrent Jinq, qui poussa un grognement colérique, et cracha alors avec sa bouche un jet de toile. Élise se protégea en mettant ses mains devant elle, et Jinq bondit ensuite vers elle, s’apprêtant encore à l’attaquer. Élise fléchit les genoux, et frappa avec son dos, ses pattes arachnéennes heurtant le ventre de la Reine arachnéenne, la repoussant au sol.
« C’est tout ce dont tu es capable, ma petite ? C’est très décevant...
- Salope... Tu vas me le payer ! »
Furieuse, Jinq généra des boules électriques dans le creux de ses mains, et des arcs électriques jaillirent tout autour d’elle. Élise se protégea avec une main, ses écailles permettant d’encaisser les attaques magiques et de moins souffrir. Élise bondit ensuite en hauteur, évitant les éclairs, et généra depuis sa bouche une toile acide, qui fila droit vers le corps de Jinq. Cette dernière l’évita de justesse, mais certaines toiles touchèrent quand même ses pattes.
« Aaaaargh... Fichue pute !!
- Décidément... Tu es résistante !
- Toi et ta petite copine... Je vais vous buter !
- Ne te fatigue pas, et dis-moi qui a créé White Elise.
- Meurs ! »
Jinq bondit à nouveau en avant, et Élise s’élança également. Jinq était massive et rapide, mais Élise était plus agile, et utilisait ses pattes adhésives pour défier la gravité, en adhérant à n’importe quelle toile.
Élise était plus forte que Jinq, mais elle ne devait sa survie qu’aux flammes qui rongeaient la toile, et à la résistance de Shad.
*Il va falloir que j’en finisse au plus vite pour épargner Shad...*
Mais c’était plus facile à dire qu’à faire...
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« Elise ! »
De par sa position, l’Okami ne pouvait pas faire grand-chose. Du moins, elle pouvait couvrir les arrières d’Elise et s’assurer qu’aucune araignée ne viendrait la déranger pendant son combat contre la Reine mais elle se trouvait également dans une posture instable. A l’instar d’Elise, la Terranide ne pouvait se déplacer librement dans le nid et devait donc se contenter de sa petite parcelle pour faire front face à l’ennemi. Certes, aucunes de ses bêtes ne pouvaient l’attaquer dans le dos mais elles pouvaient bien utiliser la paroi derrière elle pour l’atteindre, ce à quoi, la Louve devait faire également attention. De temps à temps, une sphère enflammée filait plus haut, en direction de la Reine afin de brûler quelques fils de soie ou même si l’impact était concluant, lui faire perdre un peu d’équilibre et permettre à Elise de profiter d’une ouverture pour attaquer.
Mais aucune des deux combattantes ne voulaient céder la place, le combat était rude, acharné et prédire la victoire de l’une ou de l’autre semble impossible pour l’instant. Mais l’issue était tout autre du côté de la Terranide. Petit à petit, le nombre d’araignées l’entourant ne fit que croître de manières exponentielles. Qu’importe où la Lycane posait son regard, elle n’avait que dans sa ligne de mire une infamie face à elle. Elle se recule par réflexe, son dos touchant la paroi avant de sentir deux pattes crochues contre ses épaules, levant ses yeux ambrés, elle évita de justesse un coup de crochet d’où suintait un puissant poison. Mais se tenir sur une petite parcelle ne présente pas de grands avantages et plutôt de multiples risques et l’un d’entre eux est celui de choir. Remarquant que bien trop tard son erreur, la Lycane s’agrippa in-extremis contre la paroi, ses griffes plantées dans la roche. Elle tenta de remonter avant de sentir une puissante morsure dans le dos de sa main.
Le poison fit immédiatement effet. Les muscles de la Lycane s’alourdirent lui faisant lâcher prise et tomber droit dans une nappe de toile plus bas, perdant sa forme lors de sa chute, tandis que sa conscience lui échappait peu à peu. Elle entendit vaguement les araignées s’approchaient de son corps, elle les sentit la soulever et l’entoiler dans un cocon de soie telle une vulgaire proie. La toxine faisait parfaitement son effet et empêcher la Louve de se défendre, ne pouvant que voir son champ de vision s’obscurcir au fur et à mesure que les filets de soies recouvraient son corps. La dernière chose qu’elle arriva à distinguer fut le combat entre Elise et Jinx qui semblait gagner en intensité. Les flammes qu’elle avait également envoyé contre la toile où se déroulait la jouxte continuaient à dévorer les fils de soie, s’en prenant à présent aux fils porteurs. Il ne fallut pas attendre bien longtemps avant que la toile ne s’affaisse sur elle-même, obligeant les deux femmes à changer de places pour leur combat.
Débarrassée de la Terranide, les araignées se mirent à remonter vers Elise, apportant un soutien non négligeable à Jinq. Crachant des filets de soies, elles tentèrent d’immobiliser leur ancienne souveraine. La Reine du nid éclata d’un rire malsain, lançant des arcs électriques vers Elise :
« Abandonnes tout espoir ! Tu as déjà perdu Elise ! »
Trop confiante de sa victoire imminente, la Reine laissait cependant entrevoir plusieurs ouvertures possibles pour la frapper et faire changer la donne.
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Il n’y avait pas que Jinq, il y avait aussi toute son armée. Élise était en infériorité numérique criante, et elle perçut rapidement l’équilibre mental de Shad s’affaiblir.
« SHAD ! »
Élise vit son amie tomber, touchée par un poison redoutable, et disparaître dans les toiles.
« C’était une teigneuse, elle... Elle ne doit sa survie actuelle qu’à d’improbables miracles. »
Élise serra les poings, sentant une pointe de colère la traverser. Shad... Elle avait accepté de l’accompagner dans cette quête suicidaire, en plein territoire ennemi. Pour autant, Élise n’avait jamais sous-estimé Shad, car elle savait tout ce que la Terranide-louve avait fait, tout ce qu’elle avait affronté.
« Il faudra plus qu’un simple poison pour la tuer, Jinq...
- Tant mieux ! Je vais adorer la dévorer tout en la laissant vivre. J’adore voir les yeux écarquillés de mes proies quand ils voient leur corps partir petit à petit, morceaux par morceaux... »
L’idée sembla même amuser profondément Jinq, qui se mit à glousser.
« Tu es folle à lier... »
Mais Élise se retrouvait maintenant en situation critique, car les autres araignées se rapprochèrent, et des filaments de toile tombèrent sur son corps. Claironnant sa victoire, Jinq bondissait autour d’elle, pendant que d’autres filaments de toile tombaient sur le corps d’Élise, jusqu’à la recouvrir totalement. Tout ce qu’Élise entendit avant de sombrer, ce fut la voix moqueuse et orgueilleuse Jinq lui ordonner d’abandonner « tout espoir ».
« Voilà... Maîtresse sera contente. File la prévenir, toi ! »
Jinq donna cet ordre à une araignée, qui se mit rapidement à remonter le long de la toile, pendant que les mains de Jinq caressaient les cocons devant elle. Elle ricana encore. Dans l’un d’eux, Shad était en train de mourir. Cependant, elle pouvait être reconnaissante à Jinq, car le cocon avait pour effet de l’anesthésier, et de ralentir les effets du poison. En effet, la toile était magique, et elle ne se contentait pas que de les retenir, mais aussi d’absorber très légèrement leur énergie vitale, les rendant plus dociles. Jinq ne voulait commettre aucun risque. Si sa Maîtresse avait spécifiquement ordonné qu’on épargne Élise pour elle, il n’y avait aucun ordre concernant Shad.
En tout cas, Jinq devait bien admettre qu’Élise avait été plus dangereuse que prévue. Comme quoi, ce simple raté avait pu se montrer tenace. Mais bon, face à Jinq, qui n’était que l’expression de la volonté de White Elise, la bataille était perdue d’avance. Jinq ordonna alors à ses araignées de remonter le cocon d’Élise, pendant qu’elle observait celui de Shad.
« Comment une simple Terranide a pu rencontrer deux Grands Anciens, et survivre ? C’est invraisemblable... Mais bon, je suis sûre que tu feras un parfait dîner ! »
Jinq gloussa encore, visiblement sûre de sa victoire... Quand le cocon de Shad s’éleva brusquement dans les airs.
« Que... ?! »
Des araignées descendirent alors, et on put rapidement noter un subtil changement chez elles: une aura violette s’échappait de leurs yeux.
« Q-Quoi... ?!
- Tu as eu tort de me sous-estimer, Jinq. J’ai peut-être perdu ma Forêt, mais pas mon lien avec le monde arachnéen. »
Les araignées descendirent alors, massives, pendant qu’Élise arrachait le cocon retenant Shad, et lui administrait un vaccin.
« Comment tu as fait ?
- Je ne pouvais pas te vaincre avec tes araignées, alors... Je t’ai laissé m’enserrer dans ta toile, et j’ai repris, par ce biais, le contrôle de mes petites bêtes.
- C’est... C’est impossible !
- Il faut croire que non. »
Élise se pencha ensuite vers Shad, et décerna un baiser sur ses lèvres, sa salive filant dans sa bouche.
« Là... Reviens parmi nous, Shad.. »
-
Au même instant où Elise administrait le vaccin à Shad afin de la sauver d’un bien terrible trépas, ses araignées qui étaient à présent de nouveau sous ses ordres ne tardèrent pas à entoiler et immobiliser Jinq, qui malgré tous ses efforts ne put se défaire de ce retournement soudain de situation. La Terranide quant à elle fronça un peu ses sourcils tandis que son esprit sortait de sa torpeur involontaire. Elle ouvrit à demi ses yeux, vit qu’Elise était en train de l’embrasser, sentit ses lèvres contre les siennes et sa salive coulait le long de sa langue vers sa gorge mais ne la repoussa pas comme elle aurait pu le faire par le passé. La Louve était loin d’être dupe et comprenait ce qu’Elise était en train de faire et l’accepta sans rechigner. Dans ce cocon c’était comme si le temps s’était arrêté pour elle, elle s’était certes senti de plus en plus faible mais cette sensation était à présent révolue. Mais la culpabilité emplissait l’esprit de la Terranide et elle abaissa ses oreilles en signe de regret. Elle détourna le regard tandis qu’Elise mettait fin à ce baiser guérisseur :
« J’aurais dû faire plus attention, désolé Elise –elle soupira – peut-être que je n’aurais pas dû venir finalement, j’ai l’impression de vous apporter plus de difficultés… »
Pour se sentir coupable, la Lycane se sentait coupable ! Etant remise sur pied, elle enleva quelques derniers fils de soie qui pendaient sur sa tenue avant de regarder le nid, notant que les araignées ne les attaquaient plus et qu’un cocon plus grand que les autres étaient à présent visible dans ce dernier. Elle ne vit également pas Jinq et supposa aux premiers abords qu’elle devait se terrer quelque part avant de réaliser son erreur en reportant son regard vers l’imposant cocon de soie.
« Vous l’avez battu et finalement reprit le contrôle sur vos araignées…Peut-être est-ce la solution ? Vaincre chaque reine de chaque nid pour reprendre le contrôle mais…il reste encore les habitants de la forêt des toiles à sauver… »
Ce que Shad ne savait pas c’était qu’Elise avait réussi à reprendre le contrôle sur ses sujets arachnéen bien avant de vaincre Jinq. C’était ce qui était le plus logique pour elle. Au moins ce qui était sûr c’était bien que les deux femmes avaient découvert un fait qui pouvait changer la donne. Malgré toute attente, Elise pouvait encore reprendre le contrôle sur ses araignées et renverser ainsi le cour de la bataille. La Terranide reporta son attention sur Elise et la questionna :
« Alors que dois-je faire ? Rentrer et aider autre part ou bien continuer à vous accompagner malgré cet incident ? »
Tout ce que la Lycane voulait, c’était de ne pas être un poids mort et sa défaire face aux araignées contrôlés par Jinq lui donnait cette impression.
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Ce retournement de situation inattendu avait permis d’inverser la situation. Élise expurgea Shad de tout le venin arachnéen, et la Terranide, en reprenant les esprits, ne tarda pas à se dire inutile. Elle ne voyait pas quoi faire, et alla même jusqu’à proposer de rebrousser chemin, en laissant Élise se débrouiller seule... Ce qui amena subitement l’intéressée à poser un doigt sur les lèvres de Shad, et à secouer négativement la tête.
« Ne dis pas n’importe quoi, Shad. »
Élise retira ensuite son doigt, puis relâcha Shad. Elles se tenaient au sommet du nid, surplombant ce dernier. Jinq, elle, avait été recouverte d’un cocon, et se débattait encore faiblement, en train de perdre la vie. Mais, si Shad pensait que les choses allaient être aussi simples, elle se trompait.
« Pour commencer, j’ai eu une chance extraordinaire. Je ne pensais pas arriver à contrôler les araignées jusqu’à ce que Jinq me recouvre de toile. Je ne suis pas sûre que cette stratégie fonctionnera à nouveau... Ni que les araignées me suivront longtemps. Je te rappelle que White Elise a réussi à prendre le contrôle de mes araignées, au début de cette histoire. »
Il ne faisait aucun doute que White Elise allait se rendre compte, tôt ou tard, de la mort de Jinq. Et, même sans ça, Élise ne contrôlait pas assez d’araignées pour combattre l’armée de son clone maléfique. Elle en avait toutefois assez pour provoquer une diversion, mais, dans tous les cas, il était bien trop tard pour que Shad puisse songer à faire demi-tour.
« Nous devons nous montrer plus prudentes... Je vais commencer par te confectionner un vaccin. Je ne prétends pas qu’il te protègera contre tous les poisons et les venins que les araignées peuvent faire, mais... Il ne pourra que t’aider. »
Élise, de manière générale, n’allait pas négliger l’aide de Shad, une femme qui l’avait aidé à vaincre les troupes de Brahmin, et qui avait survécu à des rencontres avec deux Grands Anciens. Non, il aurait été tout simplement idiot de la mésestimer, et, de toute manière, rebrousser chemin serait difficile, si ce n’est impossible. Paradoxalement, plus Élise et Shad s’enfonceraient dans les terres de White Elise, et moins elles risquaient de tomber sur des araignées. White Elise concentrait en effet ses forces sur ses frontières, probablement pour un assaut final sur Koldoue. Honnêtement, Élise se faisait de moins en moins d’illusions sur ses sujets. Il suffisait de voir ce nid.
Sous ce dernier, il y avait toute une nuée de cocons, probablement des centaines, abritant des humains en décomposition. Élise se laissa descendre jusqu’ici, en compagnie de Shad, tissant sa toile en serrant la Louve contre son corps. Le duo se posa sur le sol, sous le nid, pour voir tous les cocons, abritant autant d’humains et de soldats. Élise, silencieuse, posa sa main sur l’un d’eux.
« Ils sont encore en vie... Mais dans un état trop affaibli pour survivre. Le moins que je puisse faire, c’est de les achever rapidement, malheureusement. »
La mort dans l’âme, Élise se concentra. Ces cocons, c’était le centre du nid, son poumon. Les araignées se nourrissaient à partir des fils, et, peu à peu, dépouillaient leurs proies de toute leur énergie et leur vitalité. Une araignée était une créature en réalité très cruelle, car c’était de cette manière qu’une araignée mangeait, en empoisonnant ses proies, et en les étouffant petit à petit. Élise s’écarta ensuite, tandis qu’elle venait d’envoyer une dose massive de poison dans les cocons, donnant aux prisonniers la seule délivrance à laquelle ils pouvaient espérer.
Ceci fait, Élise se dépêcha de confectionner un anticorps. Shad, elle, pouvait sentir la nervosité des araignées au-dessus d’elles. Ça n’avait rien à voir avec la fois où elle s’était rendue dans la Forêt des Toiles. Les araignées semblaient beaucoup moins dociles, et certaines commençaient à descendre lentement le long des murs.
« Ne t’inquiète pas, je suis là... Mais je ne pourrais pas les utiliser longtemps. Le mieux est de s’en servir comme outil de diversion pour attaquer d’autres araignées à la surface, et nous permettre de passer. Mais, pour l’heure... »
Ne laissant pas le temps à Shad de réagir, Élise l’attrapa par les cheveux, et l’embrassa encore. Et, encore une fois, elle en profita pour répandre sa salive dans sa bouche, diffusant par ce biais son sérum.
« Voilà... Désolée, je me suis dit que tu préférerais un baiser plutôt qu’une morsure... »
Le vaccin allait se répandre dans le corps de Shad, ce qui prendrait quelques minutes. Pendant ce temps, Élise entreprenait de rassurer son amie :
« Tu devrais avoir davantage confiance en toi, Shad. Tu as accompli des exploits incroyables, tu sais... Tu es tout à fait apte pour cette mission. Je ne vois personne de mieux placé que toi, en réalité. »
-
« Non…Non mais ça m’a juste surpris. »
Avalant sa salive et donc également une partie de celle d’Elise, la Louve laissa l’antidote envahir son corps. Elle avait fait part précédemment de ses craintes et avait écouté avec attention les remarques d’Elise, apprenant également que leur victoire n’avait été qu’un coup de chance. Et ces araignées qui semblaient obéir à Elise pouvaient tout aussi bien de nouveau redevenir fidèles à White Elise en un claquement de doigt. Le temps pressait donc. Posant sa main sur un des cocons qui à présent abritaient un pauvre malheureux, la Terranide soupira. Une mort rapide et indolore…Quelle malchance que cela ne fut que la seule solution possible mais il n’y avait pas d’autres alternatives. Et cette vision morbide rendait encore de plus en plus caduque l’espoir de voir les habitants de la forêt des toiles en vie. La Louve écoutait l’Araignée avec attention, souriant légèrement en sentant qu’elle cherchait à la rassurer, elle soupira en observant le nid.
« Vous avez peut-être raison. Si je commence à douter de moi, alors autant se livrer de nous-même à White Elise. Je vous ai promis de vous aider et je le ferais. Avec toutes ces araignées cela aurait été un miracle que je m’en sorte sans séquelle…. »
Elle leva son regard, observant les nouveaux serviteurs d’Elise, sentant leur animosité, entendant leurs crochets claquer dans les airs et apercevant des gouttes de venin à la pointe de ces derniers. Les araignées s’impatientaient et commençaient à s’agiter, l’aura violette visible dans leurs yeux se faisant des fois moins éclatant. Le temps était compté.
« Nous devrions y aller. »
Le temps des excuses et des plaintes n’était plus. Malgré l’incident tout c’était pour le mieux terminé et il était présent temps d’avancer en faisant usage des araignées comme d’une diversion temporaire. Reprenant ainsi leurs routes, suivit à quelques pas de distances par les nouvelles bêbêtes d’Elise, le duo s’avançait de plus en plus dans les terres de White Elise. Elles croisèrent de moins en moins d’araignées sur leurs routes, évitant également toute confrontation avec ces dernières lorsque cela était possible. Après quelques temps, un escalier dérobé se présenta face aux deux femmes, un escalier qui les menaient à la surface.
« Je pense qu’il serait judicieux de faire appel à l’une de ces araignées…en guise d’éclaireur. »
Laissant passer la dite araignée, la Louve tendit l’oreille et ne tarda pas à entendre des sons arachnéens de confrontations, d’abord présent près de la sortie puis s’éloignant peu à peu. L’araignée avait parfaitement joué son rôle et venait de faire office de diversion. S’assurant que la voie était à présent libre, la Terranide sortie la première, laissant s’échapper un juron.
« Oh putain de merde. »
Des toiles…Des toiles partout, bien plus que dans la forêt d’Elise et surtout au loin l’antre dans laquelle elle résidait. Par chance, malgré tous les fils de soie présents, la plupart des araignées étaient engagées sur le front, se préparant à la bataille imminente face à Koldoue. Et le plus gros des troupes restant dans ce secteur, à savoir celui du nid, était pour l’instant encore sous le contrôle d’Elise. Par chance, le lieu était certes couvert de fils mortels mais en faisant bien attention, il était possible de s’y déplacer sans lancer l’alerte. La progression risquait d’être plus lente. L’Okami se tourna donc vers Elise.
« Si je monte sur vous alors que vous êtes transformée….Peut être pourrions-nous progresser plus vite ? »
Dans la nature, certaines araignées arrivaient à marcher sur la toile de leurs congénères sans pour autant les alerter. La Louve gageait qu’Elise pouvait faire de mal en prenant sa forme arachnéenne.
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Après ce redoutable combat contre Jinq, Élise et Shad s’aventurèrent à travers un profond réseau de grottes. Une structure labyrinthique, où il aurait été très aisé de se perdre, s’il n’y avait la présence de fils. La soie d’araignée agissait comme un fil directionnel. Élise n’avait qu’à suivre le fil menant à la sortie, ce qu’elle faisait. Shad était à côté d’elle, et, dans leur dos, on pouvait entendre une armée de cliquètements et de frottements. Un spectacle assez macabre, à bien y réfléchir, surtout quand on gardait en mémoire que la Reine avait, sur sa horde, un contrôle très relatif. Quoi qu’il en soit, le duo continua à marcher, pendant un temps assez important, évitant quelques patrouilles souterraines, notamment des araignées convoyant vers d’autres nids des cocons abritant des prisonniers. Élise ne se risqua pas à les affronter, par crainte d’attirer tout un nid. La mort de Jinq avait dû se répandre dans la meute, et il fallait s’attendre à ce que White Elise ne finisse par réagir.
*Elle est d’ailleurs sûrement déjà au courant, en ce moment...*
En marchant, Élise et Shad finirent par rejoindre une ancienne cache de contrebandiers. Il restait quelques étagères abritant d’antiques ustensiles, des tonneaux percés, et un escalier en bois filant vers une grande trappe au plafond, toute rouillée, et partiellement arrachée de ses gonds. Suivant les conseils de Shad, Élise envoya une première araignée, qui se chargea d’éloigner un groupe de ses consœurs, permettant aux deux femmes de sortir.
L’ambiance était particulièrement glauque dehors. Il y avait des toiles partout, et, surtout, les nids n’étaient plus enterrés, mais en hauteur. Élise aperçut ainsi devant elle un étrange spectacle, avec une énorme toile d’araignée, sur laquelle il y avait une multitude de cocons. La toile était dressée dans les hauteurs, attachée à d’énormes rochers. Le sol tout entier était recouvert de toiles. Il restait bien des araignées, mais pas les guerrières, simplement de petites araignées ouvrières, qui entretenaient le nid, tissaient des toiles supplémentaires, vérifiant la solidité des cocons...
Shad lui proposa alors d’avancer sous sa forme arachnéenne, et Élise acquiesça.
« Nous approchons du château de William Hamleigh, il ne faut surtout pas se faire repérer. Ton idée bénéficie donc de mon approbation. »
Élise se transforma donc à nouveau, et prit son apparence arachnéenne. Pendant ce temps, ses araignées sortaient de la cache de contrebandiers. Élise savait qu’il restait encore beaucoup d’araignées dans son ancienne forêt, et elle comptait sacrifier les siennes pour affronter les araignées de White Elise. Mais, pour le moment, elle laissa Shad la chevaucher, puis s’avança ensuite. Un chemin très particulier, car, plutôt que de marcher sur le sol, Élise s’aventura, avec ses araignées, dans cet enfer de toiles. Peu à peu, Shad dut même en perdre les notions d’espace. Où était le sol, le ciel ? Parfois, Élise avançait en lui tournant le dos, avant de monter, puis de descendre, suivant une série de fils blanchâtres, tellement nombreux qu’ils en obscurcissaient la vision.
Une véritable ambiance cauchemardesque, d’autant plus qu’on voyait très souvent de multiples ombres de pattes et de corps velus, signes qu’il y avait beaucoup d’araignées dans les environs...
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Certes Shad avait quelque peu perdu la notion d’espace en montant sur la forme arachnéenne d’Elise mais elle lui faisait aussi confiance pour savoir où elle allait. Elle nota également la présence des araignées qui étaient encore sous son contrôle et également de celles qui étaient sous le joug de White Elise. S’accrochant à la reine déchue, la Terranide ne disait pas un mot, ne pouvant espérer qu’en silence qu’elles ne se fassent pas remarquer. Un léger scintillement cramoisi attira son attention et lorsqu’elle se retrouva de nouveau la tête en bas, la Louve put voir son médaillon luire d’une petite aura. Le sort de la déesse Sha faisait son effet et les « cachaient » à la vue et la magie de White Elise, leurs permettant ainsi d’avancer dans cet enfer de toile sans qu’aucune araignée ne viennent les attaquer. Et aucunes des deux n’allaient sans plaindre ! Eviter tout conflit leurs permettaient également d’approcher plus rapidement de leur destination. Et elles y arrivèrent, devant le château des Hamleight.
On pouvait aisément voir des gardes patrouillant sur les remparts, ainsi que des araignées, d’innombrables araignées courant sur les parois, tissant inlassablement leurs toiles. C’était presque à se demander qui était réellement le maître de ces lieux. Restant hors de vue de tous, toujours assise sur Elise, la Lycane observait les lieux, comment allaient-elles faire pour s’avancer à présent ? Une simple attaque et la magie les dissipant à la vue des araignées ne seraient plus efficaces. Hors cette magie ne fonctionnait pas sur le commun des mortels..Les gardes humains pouvaient donc facilement les voir dès qu’elles sortiraient du couvert des arbres.
« Il doit y avoir un moyen de rentrer –murmura la Terranide – nous pouvons toujours utiliser vos araignées pour une ultime diversion mais je pense que cette fois, ce sera à moi de vous porter pour atteindre rapidement notre but avant que nous utilisions vos capacités pour gravir ce mur de toiles… Je doute que l’on puisse passer par de quelconques égouts donc nous n’avons pas vraiment le choix, à moins que vous avez peut-être une autre idée ? »
Mais le temps était compté. Shad était aussi bien prête à changer de forme et porter à son tour Elise sur son dos pour atteindre rapidement les remparts tout comme elle était prête à prendre une autre directive. Les araignées qui étaient dans leur dos et qui écoutaient encore la reine déchue commençait à montrer des signes de rébellion, le contrôle qu’Elise avait sur elles commençaient à se dissiper. Quoi qu’il en soit, il était temps d’agir. Mais comment ? La Louve désigna d'un mouvement de menton les gardes présents en hauteur :
"Ceux là sont les plus dangereux actuellement vu qu'ils peuvent nous voir...Mais nous ne pouvons pas aussi négliger les araignées de White Elise...Le tempo sera serré"
Et pas qu'un peu ! Un seul faux mouvement dans leurs démarches et les deux femmes auraient bientôt sur elles une armada d'araignées qui se feront un plaisir de livrer Elise à celle qui l'avait supplanté.
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À force de remonter le long des toiles, Élise finit par apercevoir le château. Une structure surréaliste. Elle avait pourtant très souvent vu ce château, mais, là, entouré par les toiles, on ne voyait même pas les douves qui l’entouraient. Les lumières du soleil n’arrivaient pas à passer à travers l’épais monceau de toiles se tenant en hauteur. Le château était éclairé par des torches, et une atmosphère vicieuse y régnait. Élise, qui se rapprocha, constata vite que les toiles montant au-dessus du château étaient remplies d’araignées. Elle commença donc à envisager une stratégie, tout en s’interrogeant, en son for intérieur, sur cette situation.
*Comment de simples humains peuvent continuer à suivre William Hamleigh dans une telle folie ?*
Pour elle, ça semblait tout simplement impensable ! Ils auraient dû perdre la raison depuis longtemps. Mais, au-delà de ça, Élise finit par avoir une stratégie. Elle ne pouvait pas parler à Shad sous cette forme, et reprit donc son apparence normale, tout en déposant Shad sur l’une de ses araignées.
« Je peux grimper au-dessus du château, mais, même avec ta magie, les araignées nous repéreront... Sauf si j’utilise les miennes pour attaquer. »
Autrement dit, elle rejoignait l’idée de Shad, en optant pour une diversion. Élise était relativement fébrile, car elle était proche de son peuple. Ils devaient sûrement se trouver ici, dans les geôles du château. Élise se rapprocha encore, afin de visualiser au mieux la scène. La cour centrale du fort abritait une estrade avec une potence. Habituellement, les paysans circulaient ici, ainsi que les pages, les charretiers déposant leur matériel sur place. Mais, là, il y avait des cocons et des œufs d’araignées, ainsi que d’autres araignées, qui avançaient au milieu de gardes impassibles. Élise sentait quelque chose d’inhabituel chez eux, lui rappelant ce que les gens disaient sur Regan Hamleigh, la mère de William... Comme quoi elle serait une sorcière qui utilisait les filles que William ramenait (des vierges) pour mener sur elles de sinistres expériences afin de gagner en beauté.
Les araignées d’Élise se déployèrent lentement vers ce qui faisait office de « surface », avançant le long des toiles. Élise ordonna alors l’attaque, et des filaments de toile jaillirent alors de certaines araignées, fauchant des gardes situés en hauteur, les tractant dans les toiles, puis les araignées se rapprochèrent encore... Jusqu’à ce que des cloches ne résonnent. Des rondins de bois s’enflammèrent alors, et furent lâchés depuis les remparts, tombant sur les toiles, les déchirant en tuant plusieurs des araignées d’Élise.
Fort heureusement, la Reine en disposait d’autres, qui bondirent alors en hauteur, pour celles qui pouvaient sauter, atterrissant sur les remparts. Élise vit alors que ce qu’elle pensait sur les gardes était juste... Ils avaient été infestés de magie noire. Elle en vit un cracher des éclairs depuis ses doigts. Élise se rassura ensuite en voyant une flopée d’araignées descendre depuis le ciel, formant une myriade de lignes, les araignées tombant ensuite sur les remparts, affrontant leurs consœurs.
« Allez, on en profite ! »
Le combat était perdu d’avance pour les forces d’Élise, mais ce n’était pas la victoire qu’elle cherchait. Elle arriva au-dessus de la potence, et agrippa Shad, puis se laissa descendre, se retenant à l’aide d’un filament, jusqu’à ce que les deux femmes puissent atterrir sur l’estrade. Autour d’elles, la bataille continuait à faire rage, car, même en infériorité numérique, les araignées d’Élise se battaient avec ténacité et acharnement.
« Évitons autant que possible de nous faire repérer, Shad... »
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Les araignées d’Elise accomplissaient parfaitement leurs rôles et offraient ainsi aux deux femmes une diversion des plus opportunes. Arrivée au centre de la cour, elles purent noter le fait que la plupart des forces présentes s’occupaient actuellement des soldats d’Elise, mieux valait ne pas perdre de temps et être repérées. Regardant rapidement les environs, la Louve désigna une porte en retrait vers laquelle le duo se dirigea. Ecoutant rapidement à cette dernière pour s’assurer que la voie est libre, Shad l’ouvrit donnant accès à une sorte de débarras. C’était toujours moins dangereux que de se retrouver au milieu de tout le monde au sein du château Il y’avait ici et là quelques livres poussiéreux, des meubles brisés, des restes de bougies…Un vrai capharnaüm. S’approchant de la seconde porte, la Louve tendit de nouveau l’oreille, mais encore une fois, pas un seul bruit. Etrange…étaient-ils donc tous à Koldoue et sur les remparts de ce foutu château ? Mais l’opportunité était bien trop bonne pour la laisser filer et à présent elle et Elise se retrouvaient réellement dans l’enceinte du château.
Sombre, sinistre, lugubre….les termes étaient bien trop faibles pour représenter l’ambiance et l’atmosphère pesante au sein de ce château. Le couloir était presque plongé dans le noir, les murs étaient recouverts de toiles d’araignées et une mince lumière s’échappait des candélabres présents à intervalles réguliers, donnant à ce lieu un air hanté. La Louve pris bien sûr garde à ne pas toucher les murs et mise à part quelques petites araignées filant le long des toiles, aucune autre avec une taille disproportionnée n’étaient pour l’heure en vue. Jetant un coup d’œil rapide au-dessus son épaule, Shad murmura :
« Je pense que le mieux est de chercher de quoi nous rendre dans le sous-sol…Si vos villageois sont ici…c’est peut être la meilleure possibilité par laquelle commencer. »
Trouver où étaient retenus captifs les habitants du village des toiles, les libérer et les faire passer par le portail de Sha…simple en apparence mais difficile dans les faits. Ecoutant attentivement la réponse d’Elise, les deux reprirent par la suite leur route vers la direction choisie, avant de s’arrêter tandis qu’une silhouette humaine venait de faire son apparition au loin dans le couloir. Mais cette dernière ne donna pas l’alerte, ni même ne prononça un son cohérent. Non, l’individu semblait avancer en boitant et des sons rauques, gutturaux sortaient de sa bouche. Ce ne fut que quand il arriva proche d’une faible source de lumière que les deux femmes purent voir son corps décharnés, ses yeux blancs révulsés et sa bouche remplit de sang. L’homme, si d’autant on pouvait le nommer ainsi à présent, n’avait plus rien d’humain et avançait les bras tendus dans l’attention d’attraper l’une ou l’autre des intruses.
« Partons d’ici et vite.. »
Par chance, il était lent et le château était assez grand pour pouvoir contourner ce couloir et revenir sur ses pas. Mais bien vite, d’autres gémissements morbides résonnèrent dans les couloirs et bien vite il n’y aurait pas d’autres choix que de faire face à ces…morts-vivants. Et ce n'était encore rien face à ce qui les attendaient dans la demeure des Hamleight !
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Élise ignorait totalement ce qui se passait dans ce château. Même à l’époque où elle était encore la Reine de la Forêt, elle n’avait que des rumeurs sur le château, des rumeurs relativement effroyables. On disait que William y torturait les femmes que ses hommes ramenaient dans les villages. Il les enfermait dans des chambres, et les violait en les battant à mort. William était un monstre, cruel et sadique, mais ce n’était pas lui le principal problème de ce château. Ce n’était pas non plus son père, Percy Hamleigh, car, même à l’époque où il était encore en vie, il n’avait été que la marionnette de sa cruelle femme, Regan Hamleigh. Lady Regan était une femme défigurée, arborant sur son visage une sinistre balafre, mais les gens du château affirmaient qu’elle était une sorcière, entretenant avec son fils une relation incestueuse. Élise craignait de tomber entre les mains de William, mais celle dont elle avait surtout peur, c’était Lady Regan, la seule capable de contrôler son fils, mais dont les sorts de magie noire étaient connus.
Les deux femmes avaient réussi à rentrer dans le château. Dehors, la bataille continuait à faire rage, mais Élise savait que ses araignées n’arriveraient pas à vaincre les gardes du château. C’était une manœuvre désespérée, mais elle savait que Regan était suffisamment intelligente pour deviner le subterfuge, pour réaliser qu’il ne s’agissait que d’une diversion. Autrement dit, le temps manquait, et elle acquiesça à la proposition de Shad.
« Oui, vers les cachots… Il nous faut surtout éviter la tour de Regan, Shad, des rumeurs effroyables circulent sur elle… »
Des rumeurs qui corroboraient les informations que les deux femmes avaient récupéré au manoir des Hamleigh à Koldoue. Regan entretenait une relation avec Randall Flagg, le Magicien, l’Étranger Sans Âge… Un individu que Shad avait déjà croisé en Enfer, et qui l’avait aidé à fermer le Portail qui avait permis à un Grand Ancien de sortir de sa prison. Un être mystérieux, donc, aux motivations ambigües, mais qui avait pris Regan sous son aile. Qui sait ce que ce mage avait pu apprendre à cette folle ?
Élise sentait la malveillance tout autour d’elle, comme si elle s’était imprégnée dans l’air ambiant. Elle sentait le Mal, tout simplement, dans ces longs couloirs silencieux. Beaucoup de portes étaient closes, et, alors que les deux continuaient à suivre le couloir, Élise put entendre des grognements. Elle s’arrêta sur place, fronçant les sourcils, avant de voir une silhouette décharnée s’avancer lentement vers elles. Il portait des vêtements de page rapiécés, et une chair boursouflée, tuméfiée… Avec de longues dents qui scintillaient dans la nuit, des ongles ressemblant à des griffes, et des yeux brillant d’une lueur verte. Un frisson de dégoût traversa l’échine d’Élise en voyant cette créature s’avancer vers elles.
« Un zombie… Par les araignées, c’était donc vrai… On dit que Regan est versée aux arts de la nécromancie… »
Les deux femmes rebroussèrent chemin, et partirent par un autre couloir, rejoignant finalement une petite salle de banquet. Un feu de cheminée crépitait encore dans son âtre, avec, à droite et à gauche, de grandes fenêtres dissimulées par des rideaux et des toiles d’araignée… Et, surtout, devant elles, des morts-vivants. Il y avait là les anciens serviteurs du château, mais aussi des gardes. Ils étaient occupés à dévorer des corps sur le sol, à côté de la table. Visiblement, Regan avait invité les pages à manger, car des plats se trouvaient encore sur la table, avec des verres en argent renversés, étalant sur le sol du vin.
*Elle les a empoisonnés…*
Les zombies poussaient des grondements sinistres, inhumains, mais se retournèrent en entendant les deux femmes approcher. Ils grognèrent alors, et Élise eut un rictus en voyant, dans la bouche de l’un d’entre eux, un monceau de chair dégoulinant de sang, avec des tendons qui glissaient de sa bouche comme des spaghettis.
« Fais attention, Shad… »
Le premier s’avança vers elles, et Élise envoya son pied le frapper au visage. Un coup qui ouvrit la joue du monstre, tout en l’envoyant heurter violemment un mur. Il y avait une mezzanine sur leur droite, accessible par un escalier. Élise grimpa rapidement, mais d’autres zombies se trouvaient à l’étage… Dont un qui bondit brusquement sur sa droite, posant ses mains sur ses épaules, et chercha à la mordre au cou.
« Argh… ! Lâche-moi, sale monstre… !! »
Élise le repoussa, et ses pattes arachnéennes dans son dos frappèrent le zombie, l’envoyant heurter le mur. Il commençait toutefois déjà à se relever, et d’autres se tenaient au fond de la mezzanine, poussant des grognements et des grondements inhumains.
« Ces saloperies sont nombreuses. Fais attention à ce qu’ils ne te mordent pas, Shad ! »
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Qu’est ce qui pouvait être le plus pire entre des araignées géantes et des zombies ? Les deux avaient leurs lots d’horreur à leur manière. Encerclés par une douzaine de zombies, les deux femmes devaient faire plus qu’attention à ne pas se faire mordre au risque de se retrouver dans le même état que ces êtres infâmes. Par chance, ils étaient lents et stupides et tant qu’elles ne se retrouvaient pas submerger, il était possible de les repousser sans trop de mal. Mais encore fallait-il les mettre hors d’état de nuire et pour cela il n’y avait qu’une seule solution possible, attaquer directement le crâne.
« Et vous également ! Je n’ai pas envie de me retrouver avec une reine zombifiée ! »
Et qui potentiellement pourrait s’avérer extrêmement dangereux entre les mains de White Elise. Changeant de nouveau de formes, la Louve reprit son apparence de lycanthrope, ses griffes traversant sans mal la chaire molle des crânes de ses adversaires et endommageant mortellement leur cerveau, ne laissant qu’au sol que des cadavres en putréfaction et cette fois..sans vie. Relevant son museau, elle observa la mezzanine et laissa échapper un grognement :
« Ce n’est pas une bonne direction à prendre, ça sent beaucoup trop la mort par là et surtout…il y’a une autre odeur que celle de ces cadavres qui nous y attends, mais je ne saurais dire de quoi il peut s’agir »
L’inconnu attisait toujours la curiosité de Shad, sauf quand cet inconnu correspondait à une odeur nauséabonde et dans un château dirigé par des fanatiques. Sentant un zombi lui attraper la jambe, elle souleva simplement la seconde et écrasa sa patte postérieure massive sur son crâne, se retrouvant par la suite avec une cervelle en morceau sous sa voûte plantaire. C’en était infect. Un rapide coup d’œil lui permis de voir que de nombreux adversaires arrivaient par tous les côtés et encore plus vers la mezzanine.
« Et merde, on change d’endroit ! »
Cette fois, l’Okami ne laissa pas le temps à Elise de riposter et l’attrapa, passant outre deux zombies qui leur bloquaient leur passage, se rendant rapidement au couloir qu’elles avaient précédemment traversés et recroisant le premier mort-vivant du château qu’elles avaient rencontrés. De mort-vivant, il passa au rang de mort tout court et les deux femmes purent atteindre un escalier qui les menaient vers un étage inférieur.
« Ces créatures arrivent..Lentement mais sûrement mais d’autres approches aussi…Bien plus rapidement. On devrait descendre mais..Je crains que nous nous retrouvions encerclées…. Soit on tente le tout pour le tout soit on s’occupe déjà de ce qui vient à notre rencontre avant de continuer mais je crains que d’autres arriveront sans cesse… »
Prendre l’escalier représentait un risque non négligeable, après tout se rendre dans ce lieu était déjà purement suicidaire.
« Je peux créer une barrière de flammes qui pourra les retenir quelques temps même si je doute que cela puisse les tuer mais avec un peu de toiles collantes….Ca pourrait marcher et nous offrir quelques précieuses minutes. »
Mieux valait tenter l’impossible que de ne rien tenter du tout !
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Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ici ? Quelles sinistres expériences Regan Hamleigh avait mené sur ces gens pour en faire de telles créatures ? Élise avait entendu parler de la nécromancie, certes, mais, entre les rumeurs et la voir à l’œuvre, la différence était notable ! Ce n’était pas pour rien si la plupart des écoles de magie et des autorités magiques de Terra prohibaient l’usage de la nécromancie, en faisant une magie noire rigoureusement interdite. Qu’est-ce que Regan avait cherché à accomplir ? Au-delà de ces morts-vivants décérébrés, cette sorcière se tapissait dans l’ombre, quelque part. De quoi inquiéter profondément Élise, tout en la révoltant à l’idée que les habitants de la Forêt des Toiles aient pu servir de cobayes pour les expériences démentes de Regan Hamleigh. En effet, parmi les zombies, il y avait, outre des pages, des individus portant des tenues de bagnards. Déstabilisée à l’idée de devoir combattre les siens, Élise en fut perturbée, et ce fut Shad qui l’aida à sortir de ce piège. Les deux femmes rebroussèrent rapidement chemin.
Dehors, des araignées. À l’intérieur, des monstres. Au moins, Élise comprenait pourquoi il n’y avait pas d’araignées ici ! Les deux femmes coururent à travers un couloir, rencontrant le premier mort-vivant, que Shad tua rapidement, alternant entre sa forme humanoïde et sa forme animale. Elles arrivèrent finalement devant un escalier, qui semblait s’enfoncer dans les profondeurs de l’Enfer. Dans leurs dos, les morts-vivants les traquaient, et Shad généra un mur de flammes, tout en suggérant de le consolider avec des toiles. Élise ne put qu’acquiescer.
« Tu as raison, Shad. »
Et, ceci dit, Élise généra plusieurs filaments de toile, tout en se dirigeant vers l’escalier. Elle fit un mur de plusieurs mètres, puis s’arrêta. Voilà qui allait les retenir un certain temps ! Avisant l’escalier, elle commença ensuite à le descendre, nerveuse, mais surtout en colère.
« Regan va le payer… Cette folle… Je ne sais pas ce qu’elle a voulu faire, mais elle est encore plus démente que ce que je pensais. »
Les deux femmes arrivèrent dans un autre hall, avec de grandes fenêtres sombres. Des toiles les recouvraient entièrement, et, parfois, on pouvait voir, à l’extérieur, l’ombre d’une patte. Shad enflamma un lustre se trouvant en hauteur, permettant d’éclairer un hall d’accueil. Elles étaient arrivées au rez-de-chaussée, absolument désert. Il y avait une grande porte pour permettre de quitter le donjon, mais celle-ci était totalement bloquée par les toiles situées à l’extérieur. Pour le reste, le grand hall comprenait une mezzanine, par laquelle Élise et Shad venaient d’arriver, avec de multiples portes ici et là. Des tableaux et des armures sur des présentoirs décoraient les lieux. En temps normal, ce grand hall était chaleureux et accueillant, mais, ici, il était plutôt lugubre.
Sous la mezzanine, au fond du grand hall, une autre grande porte menait directement à la salle principale, la salle de trône, qui servait aussi de salle de banquet. Élise s’en approcha, mais constata vite que les portes étaient condamnées.
« Je ne me souviens plus trop de la configuration des lieux… C’est un grand château, et assez tortueux. Malheureusement, si j’ai bonne mémoire, le laboratoire de Regan est situé juste au-dessus des cachots. »
Élise continua à faire le tour, et ouvrit une autre porte, le long des murs du hall, donnant sur un couloir. Le parquet craquait sous ses pas, et, assez rapidement, elle vit quelque chose qui la fit mentir sur ce qu’elle avait pensé plutôt. Les deux femmes arrivèrent à un couloir avec trois fenêtres donnant sur l’extérieur, où, entre les toiles, on pouvait voir quelques buissons… Mais, surtout, il y avait quelques grosses araignées velues dans le couloir.
La Reine se prépara au combat…
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De grosses araignées dans un étroit couloir. Le doute n’était pas permis, les deux femmes étaient bien sur la bonne voie mais comment allaient-elles faire pour passer cet obstacle ? Par chance les araignées étaient certes imposantes mais elles restaient aveugles et pour l’heure, les deux femmes ne rentraient pas dans leur ligne de mire. La Louve s’approcha d’Elise et observa également le couloir, notant la présence de multitudes de filaments de soie. Ca, elle aurait pu y mettre sa main à couper qu’il en aurait. A l’instant où elles rentreront dans ce couloir, les araignées auront connaissance de leur présence et…fileront droit sur elles. Que faire dans ce cas ? Relevant ses oreilles, la Louve entendait parfaitement les plaintes des zombis plus loin qui tentaient de traverser le mur de flammes et de soie et même si ce dernier allait les retenir un petit moment il ne tiendrait pas éternellement. De plus, la seule voie qui leur était possible d’accès était celle se trouvant devant elles. Mais bon ! Ce n’était pas la première fois qu’elles affrontaient des araignées géantes !
« Tant que nous n’entrons pas dans ce couloir on est pour ainsi dire saine et sauve …Je compte trois araignées mais d’autres nous attendent peut être. Je ne sais pas si cela est possible mais peut être pourriez-vous immobiliser l’une ou deux d’entre elle avec votre soie ? Après il faudra forcer le passage et espérer que la sortie ne soit pas condamnée… »
Si tel serait le cas, les deux femmes devront rebrousser chemin et trouver une autre voie. Se préparant au combat à venir, la Louve pris une inspiration et attrapa le manche d’une de ses armes dans une main, s’avançant jusqu’au rebord sans toucher un fil d’alerte. Tout comme Elise elle attendit patiemment qu’une araignée soit à porter avant de lancer l’offensive. Que la soie parvienne à l’immobiliser ou non cela ne changea pas leur détermination à s’avancer dans ce couloir grouillant et à se confronter aux monstres leurs arrivant dessus. Les deux femmes avançaient de paires et chacune protégeait l’arrière de l’autre avec ses capacités propres. Et bien que le couloir ne faisait que quelques mètres de long, il leur fallut une bonne poignée de minutes pour le traverser et lorsqu’elles ouvrirent la porte au fond, elles atterrirent dans une pièce sentant la mort.
Tout autour d’elles se trouvait de multiples cadavres. Certains avaient le corps encore entier mais la plupart était décharnés, démembrés et surtout semblaient avoir des excroissances sur leur peau qui les rendaient méconnaissables. La plupart avait le faciès figé dans une expression de douleur intense et tandis qu’Elise et Shad progressait un craquement d’os se fit entendre. Sortant d’une cache sombre, une araignée bien plus imposante que les autres leur fit face et ses yeux développés ne laissaient aucun doute : Elle les voyait clairement. L’araignée claqua ses mandibules, coupant en deux le corps qu’elle tenait entre ses pédipalpes. Puis elle renversa son abdomen en arrière et lança sa soie, cherchant à les immobiliser pour après subitement se remettre sur ses pattes et bondir vers l’une d’entre elles, alternant ainsi ses différentes attaques pour les capturer.
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Vaincre ces trois araignées ne fut pas particulièrement difficile. À vrai dire, les environnements d’intérieur, étroits et peu larges, comme un couloir, ne convenaient pas à des créatures massives. Les araignées étaient avant tout reines des attaques furtives. Certes, elles étaient impressionnantes avec leurs pattes, mais présentaient un corps assez gros, et, partant de là, plutôt encombrant. Élise en entoila une, la retournant sur le dos, et Shad s’attaqua à une autre, pendant qu’Élise bondissait sur la troisième, ses pieds rebondissant sur les soies pour lui permettre de frapper la créature avec ses membres, tranchant l’une de ses pattes. Entre-temps, la première araignée réussit à se redresser, et rejoignit sa consœur, attaquant Élise en la chargeant rapidement, renversant la Reine-Araignée sur le sol. Cette dernière posa ses mains sur les crochets entourant la gueule de la bête, et sentit ses dents claquer devant elle. Ses pieds se posèrent sur le ventre du monstre, et elle la repoussa. L’araignée se hérissa sur ses pattes, et attaqua plus rageusement encore. Un coup de pied la frappa au visage, et Shad vint ensuite la rejoindre, la soutenant contre cette énième araignée.
Cependant, leur combat avait attiré d’autres monstres, et Élise pouvait entendre, autour d’elle, un concert de cliquètements. D’autres araignées se rapprochaient très rapidement.
« Vite, Shad, il faut partir ! »
Elle ouvrit la porte au fond, et le duo débarqua dans un nid sinistre. Du sang ruisselait sur le sol, mais Élise fut surtout agressée par la forte odeur de putréfaction. C’était une grande salle, avec, en son centre, une belle fontaine en marbre ruisselant du sang. Des cadavres flottaient dessus, donnant à cette pièce sombre une teinte cramoisie. L’ensemble était très glauque, en réalité, et Élise comprit rapidement que cet endroit était un nid. Des cocons et des œufs se trouvaient dans les coins, avec de multiples corps amoncelés devant. Élise déglutit lentement, et vit alors un corps flotter dans les airs, avant d’être brisé, provoquant une série d’horribles craquements osseux.
Une énorme araignée se trouvait derrière, les pattes couvertes de sang. Si elle avait pu hurler, elle l’aurait sans doute fait, mais elle se contenta de lancer de redoutables filaments de toile. Élise protégea alors Shad et elle en tendant sa main, générant un bouclier qui dévia les filaments.
« Bordel ! Fais attention, Shad, il y en a d’autres ! »
Des araignées descendaient le long des murs. La pièce s’avérait en réalité être un vaste hall, avec des colonnes de marbre situées tout autour de la place, que les araignées utilisaient pour descendre, venant en aide à leur Reine.
« Il faut se concentrer sur ce gros monstre, c’est le seul moyen... »
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Encore et toujours des araignées ! Combien de nids pouvaient être sous les ordres de White Elise ? Combien d’innocents finiront en tant que simples gardes mangé pour une future génération d’araignée venir ? La réponse était évidente…Des centaines si rien n’était fait, si cette guerre venait à avoir pour gagnant White Elise et ses troupes arachnéennes. Ceux que voyaient en cet instant Elise et Shad n’était qu’un pâle aperçu d’un futur sanglant à venir. Protégée par l’ancienne Reine de la Forêt des Toiles, la Louve examinait vite fait leurs environnements, ne manquant pas les araignées plus petites qui descendaient le long des colonnes de marbres. Mais Elise avait raison, mieux valait qu’elles concentrent leurs efforts sur la Reine du nid. Comparée la précédente, celle-ci ne semblait pas être doutée de paroles ou d’une intelligente surdéveloppée, mais elle compensait ces lacunes par une fulgurante agilité malgré sa taille imposante et une force écrasante. S’en débarrasser le plus rapidement avant que ses « sujets » n’encerclent les deux femmes…C’était tout à fait possible. La Terranide souffla en observant la protection d’Elise avant de déclarer :
« Je m’occupe de tout l’aspect offensive. Je compte sur vous pour nous éviter de finir entoiler. »
Les flammes ne tardèrent pas à filer droit vers l’araignée, la frappant de toute part, léchant ses pattes, brûlant son abdomen, réduisant à néant les poils urticants qu’elle portait le long de son abdomen et de ses hideuses pattes. La Louve ne laissait aucun répit à la bête, brûlant même son fil de rappel pour qu’elle choit sur le sol et se retrouve sur le dos, sans défense. Les mandibules de la bête claquèrent dans le vide et ses pattes se trémoussèrent avant que son imposant corps se retrouve dans une situation plus avantageuse. Renversant de nouveau son abdomen des filets de soie furent projetés vers les deux femmes. Mais l’Okami avait foi à la protection d’Elise et ne pris donc pas la peine de s’écarter. Tout comme lorsque l’araignée vint à frapper violemment avec deux de ses pattes et ses crochets. Non, elle ne bougeait pas, concentrant encore et toujours ses attaques, faisant lever dans la pièce une odeur de chaire brûlée qui se combina avec celle de putréfaction. Les araignées plus petites qui avaient l’audace de s’approcher trop prêt se retrouvaient avec le corps complétement noirci. Non, la Louve ne prenait pas de gants, il fallait s’en occuper au plus vite ? Soit ! Elle en avait les moyens pourquoi diable ne pas l’utiliser ? Attaque et défense, le duo s’adapta à merveille et la reine du nid ne tarda pas à rendre l’âme. Si d’autant cette chose pouvait en posséder une. Les plus petites subirent également l’ire de la Louve et de l’Araignée tandis que les œufs étaient réduits à néant. Pour ce qui était des gens dans les cocons, malheureusement leur sort était déjà scellé et le mieux qu’elles purent faire fut d’abréger rapidement leurs souffrances. Derrière eux, les araignées dans le couloir frappaient contre la porte, cherchant à la défoncer.
« Continuons, nous avons assez perdu de temps par ici. »
Et surtout, la Terranide n’avait que peu envie d’affronter la troupe d’araignées se situant derrière la porte qui, par chance, pour l’instant tenait le coup. Continuant ainsi la route, les deux femmes chevauchèrent bon nombre de corps démembrés, sans vie et en putréfaction. L’Odeur infecte agressait les sens de la Terranide mais elle n’avait pas le temps de se préoccuper de cela, non elle se devait d’avancer avec Elise. La chance sembla leur sourire puisqu’aucune autre araignée ne semblait venir à leur rencontre mais elles n’oubliaient pas celle situées dans leur dos et ce n’était qu’une question de temps avant qu’elles ne leurs arrivent dessus. Finalement une énième porte fut ouverte et une pièce bien plus propre leur apparue. Du moins si on oubliaient les traces de sang situés sur une sorte de table où l’on pouvait voir quatre carcans en fer.
« Je n’aime pas cet endroit… »
D’un côté des livres aussi bien sur l’anatomie que sur la magie occulte, d’un autre des seringues, des scalpels et autres joyeusetés pour jouer avec la chair humaine. Il aurait fallu être dupe pour ne pas comprendre qu’elles venaient d’entrer dans le laboratoire de Regan. Par chance, aucune trace de cette dernière dans les environs.
« Nous devrions continuer et atteindre les cachots.. »
En espérant que les habitants soient bien encore en vie ! Pour l’instant tout était calme mais la Louve sentait que cela n’allait pas durer éternellement. Ce n’était pour l’heure que le calme avant la tempête.
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Le plan de Shad requit bien évidemment l’entière approbation d’Élise. Après tout, le style de combat de la Reine des Araignées était davantage centré sur la défense. Shad lança donc de multiples boules de feu, et Élise utilisait ses toiles pour repousser les ennemis proches, ainsi que les jets d’acide. Les deux femmes bondissaient dans tous les sens, Élise s’avérant très souple, usant de ses pattes arachnéennes pour se catapulter dans les airs. Elle intercepta ainsi régulièrement des ennemis, jusqu’à ce que le duo ne parvienne à triompher de l’immonde bête. D’autres ennemis, néanmoins, se rapprochaient encore.
« Allez, Shad, on décolle ! »
Elles partirent donc, et parvinrent à rejoindre le laboratoire de Regan, pendant que les zombies envahissaient le grand hall qu’elles venaient de traverser. Élise vit ainsi plusieurs fauteuils servant à retenir des patients, des instruments chirurgicaux sur des tables, ainsi que des grimoires. Intriguée, la Reine s’approcha de l’une des bibliothèques, et consulta les ouvrages. Des traités de magie noire portant sur la nécromancie, la putréfaction, des encyclopédies sur les créatures nécrophages, la vivisection, des ouvrages mystiques… Tout ça faisait froid dans le dos. Regan avait longuement travaillé sur la nécromancie, et, vu les morts-vivants qui hantaient son fort, il ne faisait aucun doute qu’elle avait réussi.
Restait-il encore un espoir pour les sujets d’Élise ? Celle-ci sentit son cœur s’assombrir à l’idée qu’ils soient tous morts, et que cette quête n’ait été que purement suicidaire. Pourquoi avoir entrepris de revenir jusqu’ici ? D’emmener Shad avec elle ? Qu’est-ce qu’Élise cherchait à expier ainsi ?
*Comment puis-je encore me faire des illusions ? Ils sont morts… Ou pire encore !*
Regan allait devoir payer… Elle et son fils dégénéré ! Difficile de dire lequel des deux était le pire. Lui, pour sa cruauté sans bornes ? Ou elle, pour l’avoir engendré ? Shad encouragea encore Élise à partir, à retrouver les cachots, mais la femme ne réagit pas immédiatement, plongée dans ses pensées.
« Tu sais, Shad, tout le monde se demande pourquoi des gens sont assez fous pour vivre dans la Forêt des Toiles. Un endroit sinistre, rempli de toiles d’araignées et de créatures arachnéennes qui donnent des cauchemars aux enfants. On prend mes habitants pour des fous, mes sujets pour des cinglés fanatisés ou drogués… »
Parlait-elle à Shad, ou à elle-même ? Visiblement, Élise commençait à craquer. Elle était maintenant convaincue de l’inutilité de sa quête, et Shad commençait à voir, derrière la créature chitineuse, la femme qui se cachait là, une femme pleine de miséricorde et d’empathie, dans un monde où l’empathie était malheureusement vue comme la plus grande des faiblesses.
« Mais personne ne sait ce qu’ils ont vécu. Ces gens, ce sont les victimes des Hamleigh, des individus qui ont été torturés, humiliés, brisés par eux. Il y a Jean Lockslay, un forgeron… Toute sa famille a été massacrée par les hommes de William Hamleigh, sa femme a été violée et torturée sous ses yeux. L’un des lieutenants de William l’a embroché avec sa lame en la plantant dans son sexe après l’avoir violé toute la nuit. Ils l’ont laissé vivre… Par plaisir. Et il y a aussi cette servante, Alina, une jeune fille qui n’avait rien demandé à personne, qui rigolait lors de la salle des banquets. William l’a vu, et l’a emmené dans sa chambre. Elle était vierge… Et maintenant, elle ne pourra plus jamais faire d’enfant après ce qu’il lui a fait. »
Les mains d’Élise tapèrent contre la bibliothèque, faisant trembler les livres qui se trouvaient derrière.
« Les pires monstres, Shad, ce sont les humains… »
Elle soupira alors, les yeux embués, et caressa de la main son visage, fronçant les sourcils en voyant quelques larmes.
« Hm… Pardonne-moi, nous devrions explorer ce laboratoire. »
Regan devait sûrement s’y trouver. Il était sûrement trop tard pour ses protégés, maintenant, mais… Regan paierait pour tous ces crimes ! Élise s’en faisait le serment ! Elle retrouverait cette immonde sorcière, et elle la tuerait !
« Sois sur tes gardes, Shad, il faut s’attendre à tout ici… Nous sommes dans la gueule du loup. »
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La Lycane s’était arrêtée net et ne disait plus un mot. Seul sa queue se mouvait de gauche à droite dans son dos et ses oreilles tendues, montraient qu’elle écoutait avec attention l’ancienne reine. Elle aurait aimé lui dire que tout aller s’arrangeait, que ce n’était qu’une mauvaise passe, que ses sujets étaient certainement encore en vie….Mais elle se doutait également au fond d’elle-même que ce n’était qu’une utopie. Depuis leur arrivée dans ce château maudit ils n’avaient vu qu’horreurs sur horreurs et elle se doutait qu’elles étaient encore loin d’être au bout de leur surprise. Ce laboratoire lugubre en était déjà une preuve suffisante. En observant les différents grimoires, la Louve avait pu apercevoir l’esquisse de créature que seul un esprit dérangé aurait pu élaborer. Un esprit aussi fou que celui de Regan. Les villageois …qui sait si certains n’étaient pas là tout simplement, justes derrière elles, dans la grande salle…Elle abaissa ses oreilles, peinée pour son amie, se doutant de la rage et de la tristesse qui devaient la traverser en cet instant. Certes, de prime abord, la Forêt des Toiles ne semblaient guère être un lieu accueillant, et pour cause ! Les toiles d’araignées jouaient parfaitement leurs rôles de protectrices, apportant à ceux qui étaient venus trouver un refuge, un village sain et sans danger. Mais une fois qu’on avait pu passer quelques jours avec les habitants, bien que méfiants au début, on découvrait bien vite une certaine joie de vivre sous le fameux « joug » d’Elise. Mais tout cela n’était à présent qu’un lointain souvenir...Et les responsables étaient William Hamleight et sa mère.
« Nous réussirons peut-être à les sauver avant que Regan ne…-elle ne termina pas la phrase, le sous-entendu suffisait amplement avant de reprendre – mais je me ferais une joie de vous aider à les venger…Ces gens n’ont pas mérité cela…Même si ce sont des humains. »
L’humain la pire créature ? La Louve ne pouvait qu’acquiescer. C’était en majeure partie eux qui avait décidé des lois de Terra et de leur joug sur les autres espèces. Eux qui martyrisait et réduisait à l’esclavage toute celle qui n’étaient pas de leur ethnie. Bien sûr certaine race s’élevaient au-dessus des humains mais ils étaient bien plus importants, bien plus nombreux. Marchant dans le laboratoire, la Terranide cherchait des indices, une trace où pourrait se trouver Regan , mais tout ce qu’elle put trouver fut les traces écrites d’odieuses expériences. Son regard lisait rapidement les écris sur les pages, tandis que ses doigts feuilletaient les pages d’un air agacé. Oh qu’elle avait tant envie de brûler tout cela ! Que toutes ces horribles recherches soient réduites à néant ! Mais elle ne le pouvait pas. Pas encore et puis…Ces livres pouvaient également être une preuve contre les Hamleight.
« Nous devrions prendre quelques-uns de ces ouvrages en guise de preuves. Le plus dur sera de prouver qu’il s’agit bien d’écrit provenant de Regan Hamleight mais…Peut-être y aura-t-elle laissé une trace permettant de l’identifier ou que son écriture puisse être comparée. Je sais, c’est une maigre consolation et cela nous servira peut être à rien mais…sait-on jamais ? »
Mieux valait tout prévoir. Rien ne pouvait prédire si elles croiseront Regan ou William lors de leur expédition suicidaire. Relevant subitement ses oreilles et humant l’air, la Lycane toussota et porta son avant bras devant son visage. Ca puait ! Ca puait la mort et…une odeur de marécage ? Faisant volte-face elle vit une créature quadrupède verte, hideuse, couverte de pustules. Ses pattes munies de griffes suintaient d’un poison verdâtre et sa langue longue et visqueuse, claquait dans les airs, touchant le sol de temps à autre y laissant un trou à l’impact de ce dernier.
« Merde ! »
Par reflexe, l’Okami tenta de brûler la créature. Mais celle-ci se releva résistante, provoquant un son certes plus aigüe mais traversant l’attaque comme si cette dernière ne l’avait que chatouiller. Dans un cri ignoble, elle bondit en avant, et frappa l’air de ses griffes et de sa langue, cherchant à toucher l’une des deux femmes. Entre temps, une silhouette se faufila derrière la bête, une silhouette féminine qui semblait prendre la fuite….
« Elise ! Derrière la bête ! »
Pas facile de prévenir quand cette même bête tentait de vous touchez sans cesse ! Une bête qui empêchait également que la femme dans son dos ne subisse la moindre offensive redirigeant toute attaque magique vers elle. Et puis soudain, le son caractéristique d’une porte qui s’ouvre, d’un rire dément appartenant à une femme et…d’une horde de monstres qui s’avançait vers le laboratoire.
-
« Des preuves ? s’exclama Élise. Aucun procès ne sera assez dur pour ce monstre. Elle ne mérite pas un procès, elle ne mérite pas qu’on lui fasse les honneurs d’entendre sa défense. Et puis, je n’ai aucune confiance en la justice des hommes. Non, tout ce que cette folle mérite, c’est de mourir, et d’être à jamais effacée des livres d’Histoire, elle et son maudit château ! »
Élise était, sur ce point, très résolue, et profondément déterminée. Un procès pour Regan... Quelle folie ! Cette femme avait commis des atrocités qui ne répondaient pas aux lois faibles et trompeuses des hommes ! Libre à Shad de recueillir des ouvrages, si elle en avait besoin pour recueillir des informations sur Regan ou ses alliés. En ce moment, Élise ne songeait qu’à sa vengeance envers les Hamleigh, les Hamleigh qui avaient détruit sa vie, et provoqué la mort de tant de gens. Regan était la monstrueuse mère d’un monstrueux fils. Elle se vengerait aussi de William, mais, pour l’heure, elle allait décapiter la marraine.
La Reine s’avançait donc, quand elle perçut soudain des émanations magiques. Shad et Élise se retrouvèrent alors face à une ignoble créature verdâtre. Élise frémit en reconnaissant cette immonde bête, fruit de manipulations alchimiques et génétiques : un épouvanteur (http://img110.xooimage.com/files/b/9/b/frightener-4c10204.jpg) ! Depuis sa gueule, l’épouvanteur libéra une langue meurtrière, qui creusa un trou dans le sol en manquant les deux femmes. L’épouvanteur se déplaça rapidement, du poison glissant le long de son corps... Et, dans son dos, Élise aperçut la silhouette de Regan, dans une longue robe légèrement froissée.
Shad la nota également, et Élise lança des toiles vers les pattes du monstre, pour le retenir :
« Regan ! Shad, il faut la poursuive ! »
Malheureusement, l’épouvanteur brisa sans peine ses toiles, ses écailles se recouvrant d’une série de pointes acérées, tel un hérisson passant en défense. Les deux femmes se reculèrent de nouveau, évitant une nouvelle attaque du monstre, et Élise, qui se préparait à attaquer, entendit soudain des bruits dans son dos. Des portes s’ouvrirent brusquement, libérant des zombies très particuliers, avec des pupilles sanguinolentes. Contrairement aux autres monstres, qui étaient plutôt lents, ceux-ci poussèrent des hurlements furieux, avant de bondir vers les deux femmes, mains tendues.
Élise réagit instantanément, et balança des filaments de toile vers les portes, repoussant les morts-vivants.
« Nous sommes coincées !
- HAHAHAHA !! Chère Reine des Araignées, j’espérais tant pouvoir enfin m’occuper de vous ! »
La voix machiavélique et hystérique de Regan résonna des hauteurs. Élise regarda autour d’elle, étonnée, cherchant à en discerner l’origine.
*Comment cette femme peut avoir de tels moyens technologiques à disposition ?*
Élise était troublée, mais la situation ne se prêtait pas à ce genre de questions. D’un côté, un redoutable épouvanteur ; de l’autre, des zombies redoutables.
« Je suis très heureuse de vous montrer mes nouveaux bébés. Fais-moi plaisir, Chère Reine, survis... Survis, car je meurs d’envie de te présenter à mon fils ! »
La Reine des Araignées fronça les sourcils à nouveau. Elle et Shad étaient dans une grande pièce, et Élise se mit à fuir sur le côté, l’épouvanteur se mettant à les poursuivre, et cracha des jets d’acide. Elles rejoignirent une alcôve assez vaste abritant plusieurs rangées d’armoires, comprenant des livres ou des instruments chirurgicaux. L’épouvanteur continuait à les poursuivre, filant rapidement, et renversa une armoire sur son passage, se dressant à nouveau devant elles.
Élise l’entoila alors à hauteur du visage, obstruant sa vision, ce qui amena l’épouvanteur à se débattre. Ses pattes frappèrent alors plusieurs zombies qui se rapprochaient, les repoussant sur plusieurs mètres.
« Il va falloir s’occuper de ce monstre, Shad ! »
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« Plus simple à dire qu’à faire ! Je n’avais pas réalisé sur le coup mais…j’ai déjà affronté une telle créature par le passé. Et beaucoup moins puissante que celle que nous avons devant nous. Mais nous n’avions pu la vaincre, ce ne fut que grâce à la chance qu’on a réussi à s’en échapper. Soit à l’aide d’une boule de feu tombant du ciel et d’un bon bain de lave…Nous n’avons rien de tout cela ici et si déjà cette chose est résistante en temps normal…Avec les manipulations de cette folle… »
Il devenait indestructible. Une bête immonde qui n’aurait de répit que lorsqu’il aura achevé sa mission. La Louve le savait si l’une d’entre elles devaient mourir, il y’avait de grande probabilité que ce soit elle. Pourquoi ? Car Regan s’intéressait à Elise et voulait la voir souffrir, la faire souffrir encore plus et dieu sait quelle manigance son esprit dégénéré avait pu imaginer. Shad elle n’était qu’une simple Terranide et ne représentait rien. Du moins en apparence. Mais surtout, la Louve n’avait pas envie de finir ses jours ici. D’un côté un épouvanteur, de l’autre une horde de zombi bien plus rapide que la moyenne….Mais beaucoup moins résistant que l’autre monstre.
« Nous devrions utiliser cette bête pour tuer ces morts vivants ! Si vous lui lancez des toiles pour obstruer sa vue…Il y’a de forte chance qu’il refrappe de nouveau dans les airs et tues quelques-uns de ces morts vivants au passage…Après..Il faudra trouver un moyen pour le vaincre ou…lui échapper. Je m’occupe d’attirer les zombies vers lui.»
C’était un risque à prendre, un risque à surmonter mais avaient-elles le choix ? Le temps leur manquant, la Terranide opta une apparence plus résistante et se mordit le bras, faisant couler le sang. Un sang qui avait pour objectif d’attirer les monstres à elle, de lui faire jouer le rôle d’appât. Elle les attira à elle, en repoussant certain, en tuant même quelques-uns de ses griffes mais surtout..elle conduisit le plus gros des troupes vers l’épouvanteur, qui elle espérait, allait tous les déchiqueter à l’aide des lames. Encore quelques mètres…un rapide bond sur le côté et..le résultat fut sanglant. De la horde de zombies il ne resta bien vite que quelques survivants qui furent vite réduits au silence mais la menace de l’épouvanteur planait toujours. Et la bête était à présent enragée, fonçant sur Elise, cherchant à la trancher de ses redoutables lames. Le regard de la Louve se porta donc sur la porte, leur unique moyen de sortir et elle s’y dirigea rapidement, usant de tous ce qu’elle avait à disposition pour l’ouvrir. Que cette porte soit réduite en morceau ou en cendre peu importe ! Mais il fallait qu’elles sortent de là ! Surtout qu’une nouvelle vague de zombies arrivée…
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Un épouvanteur était un redoutable monstre, non naturel. Une création alchimique abominable, mais Élise en connaissait les faiblesses. Réfugiée dans la bibliothèque avec Shad, elles étaient pour l’heure protégées de la masse des zombies par les toiles d’Élise, et par l’épouvanteur, qui s’attaquait indistinctement à tout ce qui passait.
*Regan a commis une erreur en restant éloignée de lui. Pour contrôler un épouvanteur, l’enchanteur doit rester proche...*
Il s’agissait de machines à tuer, des perversions naturelles uniquement destinées à massacrer et à tuer. Réfléchissant à toute allure, Élise regarda autour d’elle. Outre les rangées d’étagères, il y avait aussi tout un ensemble de machines bizarres, qu’elle ne comprenait pas vraiment.
« Les épouvanteurs sont sensibles aux ondes sonores, Shad. Il faut... Regan doit sûrement avoir un instrument, ici, qui génère du son. Des cloches, je ne sais pas... »
Élise continuait à le retenir avec ses toiles, aveuglant ses yeux, immobilisant ses pattes, mais elle entendit des grognements sur sa gauche. Jaillissant entre deux étagères, deux zombies déchaînés s’élancèrent vers elle en hurlant. La Reine des Araignées réagit rapidement. Sa jambe gauche se détendit, et frappa prodigieusement l’un des zombies au visage, ouvrant sa joue, et l’étalant au sol. Le deuxième bondit sur elle, la renversa, et Élise se laissa porter, enfonçant son genou dans son ventre, l’envoyant valser par-dessus d’elle. Il s’écrasa contre une autre étagère, renversant une série de livres.
Le premier zombie s’élançait déjà vers Élise, mais se heurta à ses pattes arachnéennes, qui se déplièrent brusquement en s’étirant, et le frappèrent violemment, lui brisant la nuque. Sa tête fila vers l’arrière, mais se remit ensuite en position, sans que cela ne semble le gêner outre mesure. Il était toutefois désorienté, mais battait encore dangereusement des bras. Élise grogna, et bondit sur lui, le frappant au ventre, et planta l’une de ses pattes dans sa tête, explosant sa boîte crânienne, son cerveau, la moitié de sa tête... Et le tuant sur le coup.
L’autre zombie s’était extirpé des livres, et d’autres approchaient. Élise bondit alors au plafond, et s’y agrippa avec ses pattes arachnéennes déployées, puis cracha des bombes de toiles, qui recouvrirent les zombies. L’épouvanteur hurla encore, et cracha des jets d’acide vers Élise, qui se déplaça le long du mur à ‘laide de ses pattes, se déplaçant rapidement, avant de lancer de nouveaux jets de toile. Voyant un zombie s’élancer vers Shad, qui était au fond de la pièce, Élise l’intercepta avec un jet de toile, qui le heurta dans le dos, puis elle le tira en arrière, et l’envoya heurter le corps de l’épouvanteur, le perturbant, amenant ce dernier à déchiqueter le corps en deux avec ses pinces.
*Il ne cherche même pas à manger, juste à tuer...*
Quelle bête effrayante ! Élise en était stupéfaite. Fort heureusement, Élise connaissait bien la famille Hamleigh. Regan avait installé un dispositif sonore fonctionnant sur des hauts-parleurs diffusant des ultrasons, qui servaient à calmer l’épouvanteur quand il tentait de s’en prendre à elle. Un dispositif impressionnant, d’un niveau technologie qui dépassait clairement ce qui était autorisé dans ce royaume. Mais, en ce moment, Élise n’avait pas le temps de s’intéresser aux causes de cet anachronisme technologique. Ce qui comptait, c’était que Shad trouve l’appareil permettant d’enclencher les ultrasons.
Fort heureusement, les zombies se concentraient sur l’épouvanteur, les monstres de Regan s’attaquant entre eux.
« Non, bande d’idiots ! Attaquez ces salopes !
- Shad ! La voix de Regan sort de l’un de ces trucs ! »
Elle désigna du doigt un haut-parleur, avec un léger fil électrique. Il n’y avait qu’à suivre le fil pour trouver le générateur permettant de les faire fonctionner.
« Vas-y, Shad ! Les ultrasons vont affaiblir l’épouvanteur, et on pourra le tuer ! »
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« C’est comme si c’était fait ! »
La Louve délaissa son précédent objectif et se mis à rapidement observer les murs entourant la pièce, cherchant le fin fil qui la mènerai jusqu’au générateur. Mais plus que de sa vue, elle utilisait également son ouïe pour mieux détecter la source du son et s’aidait dans sa tâche. La Terranide faisait confiance à Elise pour savoir qu’elle la couvrirait pendant ses recherches et elle ne s’était pas trompée. Pas une seule fois, elle eut à s’inquiéter de l’épouvanteur ou d’un zombi survivant. Ses yeux se posèrent sur l’objet de ses recherches, ou du moins du fil d’Ariane qui la mènerait jusqu’au générateur. Suivant avec attention le fin fil électrique qui longeait le mur elle nota que ce dernier filait derrière une lourde étagère contenant plusieurs ouvrages.
« Hey le monstre ! Par ici ! »
Lui lançant une petite boule de feu pour attirer son attention, la Louve se plaça devant l’étagère et attendit. Une autre sphère fut lancée pour que l’épouvanteur ne se détourne pas et également pour l’exciter, l’énerver. Et lorsqu’il fonça vers elle, lames en avant, la Terranide bondit au dernier instant pour éviter le coup fatal, sentant cependant une des lames éraflée sa jambe. Trop tard, elle avait sauté un peu trop tard mais au moins..son objectif avait été atteints. Percutant de plein fouet l’étagère, le monstre la fit trembler puis basculer en avant. Il évita cependant la chute qui aurait pu lui causer des dégâts et dans un hurlement se retourna pour repartir s’attaquer à l’Araignée.
Portant une main à sa jambe, la Louve laissa échapper un juron. Bien qu’il ne s’agisse que d’une éraflure de la part du monstre, sa lame s’était déjà bien enfoncée dans sa chaire. Mais, elle n’avait guère le temps de s’apitoyer pour le moment et se dirigea immédiatement vers le générateur qui était précédemment dissimulé derrière l’étagère. Ouvrant la boite de contrôle, elle observa attentivement les composants et les différents mécanismes. Si le son avait un impact sur cette bête, mieux ne valait pas se tromper. Un gargouillement lui fit faire volte-face et elle repoussa d’un coup de pied au ventre un mort vivant qui s’approchait d’un peu trop près.
« Bon…les ultrasons…les ultrasons où est la commande pour les…ha ! Trouver ! »
En appuyant sur un bouton activant un mécanisme un son strident mais inaudible pour la plupart se mis à se répandre dans la salle, faisant hurler de douleur la créature avant de la rendre..presque inerte, immobile, dans un état second. Sensible au bruit, la Louve grimaça également, prête à annuler les ultrasons une fois que le monstre sera défait.
« Tuez le ! Qu’on en finisse ! »
« Non ! – s’écria une voix – Je te l’interdis Elise ! Tu me le payeras ! Je te ferais souffrir sale garce ! »
Comment Regan pouvait-elle savoir ce qui se passait ici ? Levant son visage, la Terranide aperçu une sorte de…caméra ? Décidemment c’était à ne plus rien comprendre. Comment les Hamleight pouvaient ils avoir une telle technologie dans cette région du monde ? Leur maudite secte semblait s’étendre bien plus loin que les régions du Chaos..
« Elise ! Regan nous observe ! - elle pointa la caméra du doigt – Tuez son monstre devant elle …Après nous n’aurons plus qu’à suivre les fils… »
Et trouver où cette mégère se cache.
-
Élise n’était pas une grande spécialiste en matière de technologie. Pour autant, même elle trouvait cette technologie avancée très particulière. Où Regan avait-elle eu cet équipement ? Fugacement, elle repensa aux lettres qu’elle avait trouvé à Koldoue, cette correspondance entre elle et ce magicien qui préoccupait les Ashnardiens... Flagg. Jusqu’à quel point Flagg avait-il aidé Regan ? Jusqu’à quel point lui avait-il fourni des conseils et de l’équipement ? Élise continuait à se battre, et bondit au sol, fondant sur les zombies, frappant violemment avec ses griffes et ses pattes arachnéennes, déchiquetant et lacérant à chaque coup. Élise était déchaînée, laissant parler toute sa fureur. Elle bondissait dans tous les sens, et ses toiles jaillissaient. Là, elle entoila la tête d’unz zombie, et l’envoya heurter une fenêtre, le faisant tomber de l’autre côté. Le zombie termina sa course dans les épaisses toiles qui recouvraient le donjon, puis Élise bondit sur un autre adversaire, lui arrachant les deux bras.
Les ultrasons jaillirent alors, et déstabilisèrent même Élise. L’épouvanteur, en se les recevant de plein fouet, couina en battant précipitamment en arrière, renversant une étagère. Il hurla nerveusement, Lady Regan, furieuse, leur ordonna d’arrêter. Pour seule réponse, Élise acheva sa transformation, et prit sa forme d’araignée. Même affaibli, l’épouvanteur restait dangereux. Sous sa puissante et imposante forme d’araignée, Élise cracha des toiles enflammées, qui heurtèrent la tête de l’épouvanteur, filant sur sa tête. La bête hurla encore de douleur, et Élise la chargea brusquement, bondissant avec ses huit pattes vers l’avant. Son corps massif heurta le flanc de l’épouvanteur, et elle planta ses mandibules dans ses écailles, sentant la résistance de ces dernières, et força le passage, jusqu’à en arracher un morceau. Un sang verdâtre coula de la plaie, sang acide et empoisonné. Élise se recula précipitamment. Touché au flanc, l’épouvanteur continua à se déplacer, titubant lentement, avant de cracher du sang de sa gueule calcinée.
Élise vit plusieurs zombies se rapprocher d’elle, et cracha des jets de toile supplémentaires, des toiles très tranchantes, qui agirent comme des lames de rasoir, déchiquetant les zombies, les découpant en petits morceaux. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Élise ne plaisantait plus ! L’épouvanteur, endolori, bondit alors en avant, ses mandibules claquant dans le vide. Élise avait en effet à nouveau bondi en arrière, une partie de ses pattes s’agrippant sur le mur, et cracha un nouveau jet de toiles, qui atteignit la tête du monstre. Élise maintint les filaments, et bondit alors en hauteur, filant par-dessus l’épouvanteur. Elle put ainsi faire partir sa tête en arrière, et le renversa au sol, exposant son ventre, qui était fragile, puisqu’il n’y avait aucune écaille.
Le maintenant ainsi, Élise attendait désormais que Shad vienne l’attaquer là, la Reine des Araignées retenant le monstre avec ses toiles. Les pattes de ce dernier fendillaient nerveusement l’air, la créature abominable cherchant vainement un moyen de se libérer des filaments...
-
A la vue du ventre exposé du monstre, la Terranide ne perdit pas un instant en paroles ou en hésitation, et bondit simplement vers ce dernier, griffes dehors, plantant ces dernières dans son abdomen non protégé. Elle sentit ses griffes percer aisément sa peau, s’enfoncer dans la chaire et toucher certains muscles et organes. Mais elle ne s’arrêta pas là, et se mis à donner plusieurs coups, sans se préoccuper des lames tranchantes de la créature. Après tout Elise la retenait. Cependant, la Lycane devait faire attention au sang acide et empoisonné, dernier rempart que l’épouvanteur possédait face aux deux femmes. Mais cela ne le préserva nullement de la fureur et de la rage de l’Araignée et de la Louve. Ses organes internes étaient pour la plupart à l’air libre, certain tranché en plusieurs morceaux et la bête convulsant de douleur, fini par rendre son dernier souffle. La Lycane se retira de la dépouille et pris une apparence plus familière avant de se tourner vers Elise.
« Une bonne chose de faite. Rappelez moi de ne jamais vous mettre en colère… »
Shad avait été témoin de la colère d’Elise et présumait également que ce qu’elle avait vu face à cet épouvanteur n’était qu’une infime partie de ce que la Reine réservait aux Hamleight. Tournant son regard vers la caméra, l’Okami s’en détourna et se mis à chercher une seconde voie de sortir. Certes, la porte où s’était échappée Regan pouvait facilement être détruite, même si derrière cette dernière une horde de monstre les attentaient, mas la Lycaen cherchait autre chose, un autre chemin.
« Vous m’avez bien dit que le laboratoire se trouvait juste au-dessus des prisons non ? Bien que j’aie tout autant envie que vous d’aller voir cette garce et que vous la tuait…Je serais plutôt d’avis de nous rendre dans les prisons pour nous assurer qu’il n’y ait aucun survivant. Sait-on jamais… »
L’espoir faisait vivre. La voix de Regan se mis à s’élever depuis les haut-parleur situés dans la pièce, moqueuse et menaçante, criant de vils infamie face à Elise.
« Folle que tu es Elise ! Tu ne peux me vaincre ! Tu n’as tué que l’un de mes petits bébés ! Tu ne peux me vaincre ! Ton village et des stupides habitants m’obéissent ! Tu mourras en tentant de les sauver ! Tu n’es rien ! Rien ! …. »
Elle continua ainsi, encore et encore, déversant sa rage et sa colère contre l’ancienne souveraine de la forêt des toiles. Shad quant à elle, l’ignorait, plus concentrée à chercher un mécanisme pour ouvrir la voie aux geôles. Ce ne fut qu’après une bonne poignée de minutes qu’elle le trouva. Elle se retourna cependant vers la porte, entendant la horde de monstres tambouriner dessus et les gonds de cette dernière prête à céder à tout instant. Elle soupira et activa le mécanisme qui fit ouvrir une trappe dissimulée dont un escalier en colimaçon semblait descendre dans les ténèbres. La Louve s’en approcha, observa, huma et émit un grognement. Ca puait la mort. Soufflant d’agacement face aux paroles sans fin de Regan, elle se tourna vers Elise :
« Ne l’écoutez pas, ignorez là et continuons notre chemin, elle cherche juste à vous faire craquer. Nous devons aller voir ces geôles avant qu’il ne soit peut être trop tard et nous réglerons le cas de cette femme par la suite. »
Si aucun village n’était présent dans une seule cellule, la Terranide n’était pas dupe. Elise risquerait de rentrer dans une rage dévastatrice et ce ne serait pas une horde de zombie qui risquerait de l’empêcher d’atteindre son but : Tuer William Hamleight et sa mère démente.
Un autre coup sur la porte et des mains décharnées apparurent. Elle n’allait plus tenir longtemps.
-
Entre Regan et les villageois, Élise accepta la proposition de Shad. Peut-être était-il déjà trop tard, mais elle devait en avoir le cœur net... Ce combat avait en tout cas permis à Shad de voir qu’Élise pouvait se montrer particulièrement redoutable. L’épouvanteur était mort, ainsi que les monstres de Regan, qui s’énerva sur place. Beaucoup de questions étaient encore dans la tête d’Élise, mais elle préféra suivre rapidement Shad. Son corps était marqué par les traces du combat contre son adversaire, mais sa peau cicatrisait rapidement.
« Ne t’inquiète pas, Regan, je vais m’occuper de toi, sale sorcière... »
Shad réussit à déverrouiller la porte, et les deux femmes descendirent une volée de marches, rejoignant ensuite des cachots sombres. Même la présence des autres monstres de Regan ne détournait l’attention d’Élise, qui avait un très mauvais pressentiment. Elle marchait donc rapidement, tandis que Shad regardait fréquemment derrière elles. Le duo était passé par un couloir secret, contournant les monstres, et rejoignit donc les cachots. Ils étaient plongés dans la pénombre, mais, rapidement, Élise entendit des coups secs derrière la porte. Elle se retourna, et, quand des mains sinistres apparurent, des filaments de toile jaillirent, consolidant la porte.
Personne dans les geôles... Élise continua à avancer le long du couloir, ne répondant même pas aux éventuelles phrases d’Élise. Une autre porte, fermée, se trouvait au fond de ce couloir, qu’elle ouvrit en l’arrachant de ses gonds, usant pour cela de ses pattes arachnéennes. Derrière, le couloir en forme de voûte se prolongeait, avec un mur à gauche, et les geôles à droite.
« Non... »
Élise s’avança lentement, et manqua chanceler sur place quand un corps tapa furieusement contre les barreaux noirs de la prison, ses yeux verdâtres jetant des regards haineux et affamés vers les deux femmes, ses mains griffues cherchant à les attraper... Puis une femme se dressa alors à côté de lui, et les autres zombies se réveillèrent alors, grognant et grondant sur place. Un vertige saisit Élise, qui recula lentement, et sentit ses yeux s’embuer.
« Non... » répéta-t-elle, d’une voix éteinte.
Ces gens... Elle les connaissait. Elle vit même Alina, cette jeune femme qui avait été violée par William Hamleigh, lorsque ce dernier avait introduit le droit seigneurial abusif de la prima nocte. Il avait violé et battu Alina, tant et si bien que, après son passage, Alina avait perdu à jamais la capacité de pouvoir avoir des enfants. Élise l’avait recueilli, elle l’avait protégée, lui avait permis de se reconstruire... La Reine tomba à genoux, sentant ses forces l’abandonner, mit une main au sol, et l’autre devant sa bouche, en voyant que l’irréparable avait été commis.
« Ils ne souffrent plus, maintenant, tu sais... Ils mènent une vie heureuse, débarrassés de la peur, de la hantise, des faiblesses humaines. Certes, ils ont faim, mais cette faim ne peut plus leur être fatale. Je n’ai fait que suivre ton exemple. Tu leur offrais un refuge sans avenir, une vie sans horizon, ils sont devenus les parfaits toutous décérébrés que tu souhaitais, Reine des Araignées. Admire-les, voyons ! Admire ton peuple !! »
À l’entrée des prisons, les toiles d’araignées étaient en train de se fissurer, sous les coups multiples de la horde de monstres. Élise restait silencieuse, tête basse... Et serra le poing, fortement, puis les dents.
« Tu vas me payer ça, Regan... JE VAIS TE TUER, SALOPE !! » s’exclama-t-elle avec fureur.
-
L’horreur, une pure horreur sans nom qui se présentait devant les yeux des deux femmes. Sans un mot, la Louve observait le corps décharné se ruer contre les barreaux de sa cellule et, toujours sans un mot, posa son regard sur le reste de ses compères. Pas un seul n’avait été épargné, tous n’étaient à présent plus que des monstres décérébrés au service d’une folle qui leur aura ôté toute trace d’humanité Elle serra ses poings, ses griffes entrant dans sa paume et faisant ainsi un peu perler le sang. Tout ça pour rien ! Tout ces risques pour un échec cuisant ! La seule chose qui pourrait faire gage de lot de consolation serait que Regan ne soit plus en vie et au vue de la fureur d’Elise, cela ne saurait tarder. La Louve n’était pas dupe, tenter de raisonner l’ancienne reine ne serait que pure folie. Et pourquoi le ferait-elle finalement ? Cette sorcière ne méritait pas de vivre. Elle tourna son regard vers la toile qui gardait l’entrée, vit la horde de monstre qui progressivement la déchirait et dans un long soupir de lassitude s’y dirigea, enflammant l’une de ses épées pour leur faire face.
Un premier monstre passa le seuil de la porte et se retrouva immédiatement sans tête. Respectant le deuil de l’Araignée, Shad n’avait pas prononcé depuis lors le moindre mot. Pour l’heure elle faisait office de rempart, empêchant la horde de pénétrer dans la pièce. Par chance, le couloir était étroit et une grande partie de la toile subvenait, obligeant les créatures à presque rentrer l’une après l’autre. Et sans un mot, la Terranide leur rendait leur dernier souffle. Mais la fourberie de Regan ainsi que sa méchanceté n’avaient pas de limites. Et elle se remit à s’adresser à Elise .
« Ne sont-ils pas parfaits Elise ? De bons et loyaux sujet comme tu les aimes ! Mais où sont donc mes manières ? Viens donc parler à ton peuple ! »
Un crissement métallique se fit entendre et la porte de la geôle se mis à s’ouvrir afin de libérer les anciens habitants du village des Toiles sur leur protectrice. La Terranide continuait à garder sa position mais ne put retenir un juron en voyant ce que Regan venait de faire. Si Elise n’agissait pas au plus vite, la mort serait le cadet de leur souci. Les zombies tendaient leurs mains en s’approchant de leur cible, leur mâchoire claquant dans le vide…
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Pour eux, elle avait saigné. Pour eux, elle avait tué. Battu. Massacré. La courageuse Reine des Araignées n’avait jamais cessé de discourir, de se battre, de se sacrifier pour eux... Et voilà que son peuple avait été transformé en d’abominables zombies. Partagée entre la douleur et la haine, Élise se revit jadis, bien auparavant, dans cette même forêt qu’elle avait défendu bec et ongles... Elle se revit en train d’être poursuivie par les Hamleigh il y a des années, d’être violée par eux, et avait failli être tuée. Elle avait été sauvée par une araignée, transformée en une puissante créature, et avait continué à combattre ses adversaires, sans relâche... Jusqu’à échouer.
Elle entendit encore Regan rire, se moquant d’elle, tandis que Shad repoussait les premiers zombies... Et la grille s’ouvrit devant elle, dans un sinistre grincement, libérant une flopée de zombies. Une femme se rua vers Élise en hurlant, les yeux pleins de sang, la bave coulant de ses lèvres. Une femme qui aimait faire la cuisine au Village des Toiles, et qui pestait toujours contre les araignées qui tombaient. Agathe... Agathe, qui fonça vers elle, et allait la griffer... Quand Élise se redressa brusquement, et saisit Agathe à la gorge, avant de la repousser. Elle se dressa, déployant ses pattes arachnéennes, et frappa deux autres zombies proches, les clouant au sol, ses griffes s’imbibant de leur sang.
« Tu me paieras ça, Regan... Je viens te tuer, salope !
- Hahahaha ! Il est trop tard, ma chérie ! Petite araignée pendue au plafond, depuis des années, tu nous ennuies, moi et mon fils ! Viens donc me voir, toi et ta pute poilue ! »
La situation devenait de plus en plus compliquée, et Élise généra depuis ses pattes des filaments de toile, repoussant les zombies originaires de son village, puis lança d’autres filaments vers la porte, venant entoiler le visage d’un zombie qui était en train de sortir, le repoussant en arrière.
« On fout le camp, Shad ! Vite ! »
Remise sur pied, Élise n’avait plus le temps de discuter, et courut vers la porte du fond, menant à un puits, probablement une zone d’où on jetait les prisonniers. Elle déploya une toile, pendant que ses autres toiles commençaient à se craqueler, sous les claquements et les hurlements furieux des zombies. Sa toile atteignit la trappe située en hauteur, et elle tira dessus d’un coup sec, l’ouvrant violemment.
« Ta main, Shad ! »
Et, quand Shad l’attrapa, Élise rétracta le fil, s’envolant vers l’étage du dessus, se rapprochant de la sorcière...
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La Terranide n’attendit pas une seconde de plus quand elle entendit l’ordre d’Elise de se replier. Délaissant les zombies qui venaient d’être bloqués par une toile, elle rejoignit rapidement celle qui venait de l’envoyer, saisissant sa main et sortant de ce trou infâme. Arrivée à l’étage supérieure, la Louve mis tous ses sens aux aguets, observant autour d’eux, ses oreilles s’agitant au moindre son et son odorat analysant rapidement chaque once d’odeurs qu’elle percevait. Pourtant…l’endroit où elles avaient atterrit était calme, bien trop calme. Un grognement lui échappa avant qu’une odeur particulière ne vienne titiller ses sens : Celle de Regan. Les deux femmes ne l’avaient peut-être qu’entrevus mais la sorcière avait pu laisser quelques flagrance de son parfum.
« Par-là Elise ! Cette femme se trouve de ce côté ! »
Elle désigna une direction qui menait vers la chapelle intérieure. Après tout, même si elle se trompait, qu’il y’avait-il à y perdre ? Les villageois étaient perdus, la seule chose qui restait à faire était de tuer les responsables, même si cela signifiait de fouiller le château de fond en combles et de devoir affronter des hordes de monstres. Sauf que, un détail important était à prendre en compte, l’endurance des deux femmes aussi élevée soit-elle n’était pas inépuisable. Celle des monstres, si. Le temps jouait donc contre elles. Et tandis que quelques secondes auparavant tout était calme, des geignements et des grognements morbides vinrent à se faire entendre de chaque côté du couloir. Poussant un soupir las, l’Okami s’avança, bien décidée à aider Elise à atteindre son objectif.
La traversée des couloirs ne se fit pas sans difficulté, les monstres affluaient mais était-ce la détermination et la rage des deux femmes qui leurs permirent de traverser ce torrent sans trop d’encombres ? La Terranide usait de sa magie aussi bien polymorphique que pyromancienne pour mettre à mal ses adversaires, profitant également des toiles pour contre-attaquer au besoin. Mais alors qu’elles arrivaient devant la double porte de la chapelle, là où l’odeur de Regan était la plus persistante, Shad hésita :
« Ce n’est pas logique…Ce fut presque trop simple d’arriver jusqu’ici..Je crains à un piège au-delà de cette porte… »
Et pourtant, elle ne sentait pas d’odeurs de putréfactions….Mais cette dernière pouvait aussi bien être camouflée par un stratagème. La main sur la poignée, la Lycane hésita quelques instants avant de soupirer un « oh et puis merde ! » et de l’abaisser ouvrant l’une des doubles portes et révélant une Regan entourée de plusieurs monstres inconnu jusqu’à présent. L’un d’entre eux ne tarda pas à bondir en direction des deux femmes, cherchant à les trancher de ses griffes aiguisées, un second se mis à cracher des gerbes d’acide, et un troisième filait contre les murs et tentait de transpercer ses adversaires à l’aide d’un dard empoisonné.
« Quelle idiotie tu as faite là Elise ! Tu me crois sans défense ? Que tu peux m’atteindre si tu te débarrasses de mes amours ? Sale conne..Tu ne pourras JAMAIS me tuer ! »
La Terranide lança une gerbe de feu sur la sorcière qui s’en sortit sans la moindre égratignure. Un sort de protection ! Cette pute était entourée d’un bouclier de protection ! Sortant une sorte de boitier où était situé un bouton, Regan éclata de rire :
« Vois ! Vois mon armée qui déferle sur toi et ta pute poilue Elise ! Vous allez apprendre vos places ! »
Une pression, des crissements de pierres et une horde affamée qui envahissait peu à peu la Chapelle. Et derrière toute cette meute affamée, un homme qui observait le spectacle avec plaisir et qui n’attendait que le bon moment pour frapper.
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Cette fois-ci, il n’y aurait pas d’échappatoire, pas d’alternative. Cette salope de Regan allait mourir... Ici et maintenant ! Élise s’avança rapidement, tandis que tout le château s’ébrouait, comme si Regan déployait sur les deux femmes ses séides. Déchaînée à son tour, Élise montrait à quiconque aurait pu en douter toute sa dangerosité. Avec ses pattes arachnéennes, elle attaquait dans toutes les directions, tranchant avec ses griffes, décapitant même avec ses coups de pied, et lança même des toiles tranchantes, qui tranchèrent plusieurs zombies, ou même des toiles corrosives. Guerrière redoutable, elle repoussait ses adversaires, jusqu’à rejoindre la porte de l’église. Là, Shad l’interpella, soulignant que Regan leur tendait sûrement un piège.
« Bien sûr que c’en est un ! répliqua Élise. Mais, dans tous les cas, elle va payer pour ses crimes... »
Le ton était sombre, bas, menaçant. Élise ouvrit alors la porte à double battant, et les deux femmes entrèrent dans une nef plongée dans la pénombre. Le long des vitraux, on apercevait les ombres velues des abdomens des araignées, ou de leurs énormes pattes. Au centre de l’église, sur l’autel, Regan se tenait là, les narguant, et lança sur elles trois nouveaux mutants affreux. L’un était un être bipède couvert de grosses pustules vertes sur le corps, lui donnant une apparence fortement bosselée. Élise se concentra sur lui, bondissant sur les bancs, évitant ainsi les jets acides qu’il générait depuis son corps, extrayant de ses pustules des boules empoisonnées. Élise arriva ainsi sur le toit de l’église, s’accrochant aux poutres, et put voir qu’un bouclier magique protégeait Regan, qui ricana encore.
Dans leur dos, d’autres zombies approchaient rapidement. Encore une fois, Élise réagit rapidement, et se laissa tomber depuis les hauteurs, se transformant de nouveau en araignée, et s’écrasa en plein milieu de l’assemblée, avant de cracher des filaments de toile vers les premiers zombies qui approchaient. Les multiples filaments repoussèrent les morts-vivants, les envoyant heurter les autres, tandis qu’Élise condamnait l’entrée de la chapelle avec ses toiles.
« HAHAHA ! Crois-tu pouvoir les retenir ainsi, pauvre folle ?! » se moqua encore Regan.
Élise se retourna alors, et avisa le monstre arachnéen qui grimpait le long des vitraux. Une sorte d’araignée avec une longue langue, qui bondit en hauteur, et étira brusquement sa langue, visant Shad. Cette dernière esquiva, et Élise cracha en l’air, frappant le monstre arachnéen, et l’envoyant à travers l’un des vitraux, qu’il explosa au passage, son corps atterrissant dans les épaisses toiles qui recouvraient la chapelle.
La Reine des Araignées se retourna ensuite vers Regan, mais elle bondit brusquement en arrière, la douleur éclatant le long de sa carapace. L’une des boules empoisonnées du monstre-pustule venait de la toucher, la saignant.
« JE VAIS VOUS TUER !! HAHAHAHAHA !! JE VOUS TUERAI, ET FLAGG M’AIMERA ENFIN !! »
Cette femme était décidément complètement folle...
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Aux toiles gluantes mises en place pour contenir l’arrivée massive de zombies décharnés, la Louve y ajouta ses flammes afin de consolider le tout. L’aspect collant et les flammes dévastatrices assuraient une protection non négligeable pendant un laps de temps. Un temps bien trop court qu’il faudrait utiliser à un bon escient. Les quelques zombies qui étaient parvenus à se faufiler eurent tôt fait de voir leurs cerveaux transpercés afin de les mettre hors d’état de nuire.
Mais les trois abominations et le bouclier de Regan restaient problématique. Quand Elise fut touché, la Terranide changea de forme pour prendre son apparence lycane et frapper à l’aide de ses griffes la créature pour la faire reculer, ou du moins la gêner suffisamment pour qu’elle ne parvienne pas à ses desseins macabres. Ça ne sera pas suffisant…cette forme n’aura aucune chance de faire des dégâts suffisants au vue de l’endurance de ces monstres. La Lycane émis un grognement et esquiva une boule d’acide avant d’interpeller Elise :
« Je vais tenter de briser son bouclier ! Aussi magique qu’il doit l’être, il doit avoir une limite »
« Idiote poilue Vous ne pouvez rien me faire ! Je vais vous tu… »
La phrase de Regan mourra dans sa gorge tandis que tout autours d’elle se dessinait une gueule remplit de crocs acérés. La puissante mâchoire exerçait une forte pression sur le bouclier, le secouant même dans tous les sens afin de le fragiliser au mieux. Quant aux zombies qui pourraient l’attaquer, des flammes les gardaient à distance, tout comme les trois abominations.
Enfin, l’instant tant attendu arriva ! Un bruit distinct de craquement se fit entendre. La Louve lança sa prise vers un mur de sorte à ce qu’elle s’ y fracasse allant par la suite planter ses crocs dans les abominations, les faisant passer de vie à trépas. Elle fit également attentions aux acides, se retrouver avec le corps troué serait une bien mauvaise idée.
« Tues la Elise ! »
Quant au fait d’être repéré via la taille….la Terranide n’était plus à ce détail prêt. Regan allait périr et c’était tout ce qui comptait.
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Regan était la mère de William Hamleigh. Si elle ne pouvait pas être accusée d’avoir totalement créé la démence de son fils, elle avait néanmoins une bonne part de responsabilité dans le psychopathe qu’était son fils. Et, en l’état, elle avait tué les villageois d’Élise. Elle avait massacré son peuple. La haine d’Élise était exacerbée. Pour cette femme, il n’y avait qu’une seule justice valable : la mort. Mais encore fallait-il réussir à la tuer. Disposant de pouvoirs magiques, Regan, s’abritant derrière son bouclier, déclenchait un véritable enfer magique dans l’église. De puissantes bourrasques de vent soulevèrent les bancs, en faisant des projectiles mortels. Élise s’en reçut un qui l’envoya heurter le sol. Elle se rétablit ensuite, et bondit sur le mur, évitant des cônes de glace que Regan généra au-dessus d’elle. Il fallait également affronter ses mutants, ce qui compliquait fortement le combat. Voyant une ouverture, Élise bondit alors sur son adversaire, mais Regan leva les mains, et usa de la télékinésie pour soulever le corps d’Élise dans les airs. Le manipulant à distance, elle l’envoya s’écraser sur plusieurs bancs, défonçant ces derniers.
« Hnnn... Saloperie... »
Le temps de se relever, Élise vit l’un des mutants bondir vers elle, et le repoussa in extremis, en envoyant sur lui des filaments de toile, qui le collèrent à un pilier latéral. Shad intervint alors en passant aux choses sérieuses, et se transforma... Prenant une forme gigantesque, la même que celle qu’elle avait prise jadis, face aux forces de Brahmin. Elle défonça plusieurs bancs au passage, le haut de son corps longeant les poutres du toit, et plongea sur le bouclier, provoquant des gerbes et des éclairs en plantant ses crocs dedans.
« Sale peste ! Comment oses-tu lever la main sur tes maîtres, sale Terranide ?! »
Les doigts de Regan crachèrent des éclairs qui frappèrent le pelage de Shad, mais qui ne devaient pas être plus douloureux, vu sa taille, que des piqûres de moustique. Le combat continuait à faire rage, et Élise, en se relevant, vit que l’un des monstres, celui lançant des pustules d’acide, la visait. Sous cette taille, Shad était bien plus facile à atteindre. Élise agit au bon moment, lançant un filament de toile qui s’enroula autour de la main du monstre alors qu’il allait lancer sa bombe... Ce qui fit que la bombe empoisonnée explosa dans la paume de sa main, pulvérisant, non seulement sa main, mais aussi son avant-bras.
Le mutant hurla de douleur, tandis que Shad balança Regan contre un mur, en brisant son bouclier. Élise sauta sur l’occasion, et bondit vers la femme, prête à l’achever, mais les doigts de Regan crépitèrent, et elle cueillit encore Élise au vol, lançant sur elle une série d’éclairs. Le corps en sang, Regan avait également ses vêtements déchirés, mais était toujours combative. Toutefois, Élise leva ses mains, et dévia les éclairs, se redressant lentement.
« Misérable ! Reste à terre !
- Tu... Tu vas mourir, Re... Regan !
- Ah ! Pas de vos mains, sales monstres ! »
Les éclairs s’intensifièrent, Regan hurlant rageusement, tout comme Élise, qui se reçut sur le corps plusieurs ricochets électriques, avant que les arcs ne se taisent dans une puissante explosion lumineuse. Élise bondit alors sur Regan, mais cette dernière, revêche, se téléporta alors. Elle devint un courant noir, et fila par une porte au fond, l’explosant. Une porte qui menait au clocher de l’église. Élise se transforma alors en araignée, et bondit par un vitrail, atterrissant sur les épaisses toiles recouvrant le château, près de plusieurs araignées, et grimpa rapidement.
Elle grimpa sur le toit de l’église, puis rejoignit la chapelle, et aperçut le corps de Regan par une fenêtre, près d’un appareil permettant une téléportation lointaine. La Reine explosa la vitre, et envoya un fil de toiles, qui attrapa l’orbe magique que Regan manipulait pour tenter de se téléporter.
« Qu... ? Rends-moi ça, sale monstre ! »
Élise tira sur l’appareil, qui s’envola dans les airs, avant de se fracasser à même le sol, tandis que la Reine débarqua face à la femme.
« Misérable ! Comment as-tu osé ?!
- C’est fini, Regan. Tu meurs maintenant, il n’y a aucune autre alternative.
- JAMAIS ! »
Regan hurla, et puisa dans ses ultimes ressources magiques pour affronter la Reine des Araignées...
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La Louve n’était pas partie à la suite d’Elise pour poursuivre Regan à ses côtés. Non, ce combat était le sien et rester ici à empêcher les troupes de Regan de lui venir en aide était bien plus important à ses yeux. Shad ne craignait pas pour la survie d’Elise et savait la femme suffisamment forte et surtout emplie d’une haine infaillible envers la mère de William pour mettre un terme à sa vie. Elle ne changea pas de formes, gardant la dernière qu’elle avait adoptée. Certes sa taille faisait d’elle une cible facile mais sa hargne à combattre ses ennemis faisait d’elle une ennemie à ne pas sous-estimer. Elle repoussait les assauts à coups de crocs, de pattes et même grâce à sa queue, des flammes destructrices furent également invoquées afin de réduire en cendre ceux qui essayaient de la mordre directement. Et toujours, la Louve gardait un œil vers l’endroit où se tenaient Elise et Regan, s’assurant qu’aucune créature abjecte ne vint à les déranger. Mais le vitrail qu’avait détruit Elise permis à d’autres ennemis de pénétrer l’enceinte de la chapelle. Des adversaire au corps velu et muni de huit pattes. Des araignées ! Il fallait que des araignées s’invitent d’elles-mêmes à la petite fête !
La Lycane devait agir rapidement et sans plus attendre, mis fin à la vie des derniers morts vivants « survivants ». Mieux valait s’en occuper avant que les géantes n’arrivent et ne laissent leurs filets de soie. Bien que quelques peu « inoffensif » sous cette forme actuelle, si la Terranide venait à être finalement immobilisée, l’ardeur et l’endurance des zombies auraient tôt fait de trouver un moyen de lui arracher ici et là quelques morceaux de chairs. Et autant dire qu’à cet instant, le glas serait sonné. Utilisant ses crocs, ses pattes et même sa queue pour tuer les quelques rescapés la Louve en vint également aux flammes avant de subitement sentir une matière collante et visqueuse contre son museau et surtout contre ses yeux. Secouant sa lourde tête, et grattant de la patte, la Louve tentait au mieux de se libérer de cet amas gluant qui lui bloquer la vue. Elle tenta bien de brûler la soie mais…celle-ci était étrangement protégé de ce genre d’attaque.
Elle sentit des mouvements contre sa patte droite postérieure et l’enflamma violemment pour y brûler l’intrus. Par chance les zombies n’étaient pas protégés de ces flammes. Mais la plus grosse difficulté résidait maintenant. Les araignées pénétraient une à une dans l’enceinte, filant le long des murs et du plafond. La Louve les entendaient, les sentaient même mais …elles semblaient si nombreuses que réellement déterminer leur position relevait du miracle. Et elle ne devait pas perdre de temps ! Avec rage, elle continuait à essayer de briser la soie retenant son museau avant de sentir subitement quatre pattes lui percutaient le dos. Elle s’effondra sur le sol, détruisant encore quelques bancs. Elle parvint miraculeusement à se relever, mais des fils gluants vinrent entraver ses pattes, la faisant de nouveau chuter.
Survenant de tout part, la soie des araignées que contrôlaient Regan et donc White Elise obligeait la Louve à rester à terre. Son museau scellé par une muselière de type arachnéenne, il lui était impossible d’appeler Elise à l’aide. Du moins pas avec sa propre voix. Tentant de se rappeler de la position exacte du vitrail brisé, elle y envoya quelques sorts enflammés. Certains touchèrent quelques araignées mais l’objectif premier n’était pas de tuer ces bêtes mais de prévenir la Reine des Araignées de sa piètre citation. Tel un tir de détresse. Mais avec Regan aurait-elle seulement le temps ?
La Louve usait également de ses flammes pour maintenir à distance autant qu’elle le pouvait les araignées qui l’entouraient. Combien étaient-elles en réalité ? Avait-elle fait le bon choix ? Ou aurait-elle dû délaisser les morts vivants pour de suite s’occuper de ces monstruosités ? L’un dans l’autre…Chaque choix demeurait risqué et présentait chacun ses propres risques. Repoussant les araignées du mieux qu’elle le pouvait, la Terranide ne sentit pas arriver, depuis le plafond l’une d’entre-elle et quand elle sentit ses chélicères frappaient son dos, pénétraient sans mal sa chaire, la Lycane s’agita encore plus, tenant de se défaire de ses liens.
L’araignée posa fermement ses pattes contre son corps, injectant du venin qui avait pour effet de liquéfier les chairs. Du moins qui aurait dû. L’anti venin que lui avait administré Elise lui permettait de ne pas voir ses organes être réduit à l’état de bouillie. Pourtant l’araignée continua, plantant ses chélicères encore et encore, suivit bientôt par quelques-unes de ses consœurs. Bien que le venin injectait ne faisait pas réellement son office, il épuisait la Louve qui n’eut bientôt plus réellement de forces pour se débattre, restant couchée sur le sol de la chapelle, la respiration lourde et difficile. Haa ! Elle espérait qu’Elise s’en sorte mieux qu’elle ! Au moins…la plupart des créatures étaient occupées à tenter de la manger…N’était-ce pas merveilleux ? La Reine des Araignées avaient le champs libre ! Quant à la Louve, elle espérait que l’anti-venin n’avait pas une durée limitée…Ou elle serait dans une bien mauvaise posture.
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L’orbe de téléportation de Regan s’était brisé, et, face à elle, Élise était bien décidée à la tuer. Furieuse, la mère démente de Williamù Hamleigh tendit ses mains, et, depuis ses doigts, les éclairs jaillirent. Intenses, éblouissants, mortels. Élise mit ses pattes devant elle, en un mur protecteur, les éclairs frappant contre sa carapace chitineuse. Regan hurla rageusement, furieuse, les éclairs fusant tout autour d’elle. Sa terrible magie faisait trembler les murs, et Élise serra les dents, sentant les vibrations, l’intensité des ondes de choc. Cette fois-ci, Regan était bien décidée à en finir, et ses sorts magiques s’avéraient très puissants.
Élise regarda autour d’elle, et bondit sur le côté, s’appuyant contre le mur, puis rebondit encore, filant vers Regan, qui généra un bouclier. Le corps d’Élise s’écrasa sur ce dernier, et le bouclier s’illumina, tout en la repoussant. Elle tomba au sol, à côté de la femme, qui généra au-dessus des cônes de glace, pour les lancer sur Élise, tels de mortels javelots. Encore une fois, Élise les évita, et commença à voir que l’usage intensif de magie commençait à attaquer le corps même de cette vieille folle. Des rides étaient en train de creuser son visage, et elle attaqua encore, remplaçant les éclairs par des langues de feu qui jaillirent depuis ses paumes. Une nouvelle fois, Élise esquiva, s’accrochant au plafond, et cracha des filaments de toile, qui se heurtèrent au bouclier de Regan, ébranlant ce dernier.
« Crois-tu vraiment pouvoir me vaincre avec tes minables tours, misérable ?! » l’invectiva Regan, plus remontée que jamais.
La Reine savait que le temps lui était compté. Il n’y avait pas qu’elle, mais aussi Shad, qu’elle avait laissé en grande difficulté. Mais Élise était décidée à en finir, et, si elle tuait Regan, elle mettrait fin à ce combat. Regan puisa dans sa magie noire, ses pupilles virant à un noir d’encre, et des tentacules sombres jaillirent tout autour d’elle, défonçant le plancher, agissant comme de mortels fouets. Encore une fois, Élise dut se résoudre à les esquiver, bondissant entre les poutres, ce qui l’amena à se recevoir une attaque d’Air alors qu’elle bondissait sous un linteau. L’onde la frappa, et l’envoya heurter un mur porteur.
Sonnée, Élise se redressa laborieusement. La respiration lourde, elle sentit l’air vibrer de nouveau. Remuant des mains, Regan puisait dans une épaisse magie, et, dehors, au-dessus des toiles, de lourds cumulus se formaient.
« Toi et ta salope... MOUREZ ! »
La magie terrible de Regan était poussée à son paroxysme, tout comme sa rage, et, perçant le ciel, la femme invoqua des météorites. D’énormes boules de feu jaillirent, enflammant les toiles recouvrant cette partie du château, et s’explosèrent contre l’église. Le clocher vola en éclats, et Élise eut la présence d’esprit, avant que le sol ne se dérobe, de générer de la toile autour d’elle. Tout le décor s’effondra ensuite, et la femme arachnéenne se mit à tomber, revenant finalement dans la chapelle, tandis que les murs s’effondraient, et que l’incendie se répandait tout autour de l’église, enflammant les toiles, et contraignant les araignées à fuir.
Après cette attaque, au milieu des décombres, Élise émergea lentement, repoussant quelques morceaux de rochers. Regan flottait dans les airs, toujours recouverte de son bouclier, observant son œuvre.
*Par les araignées, cette puissance... Elle ne peut pas venir que d’elle, qu’a-t-elle bien pu faire pour pouvoir lancer de tels sorts ?*
Élise regarda autour d’elle, et se déplaça rapidement, sans que Regan ne semble noter sa présence. Elle repoussa plusieurs débris, et aperçut le corps de Shad.
« Shad ! Debout, ma belle ! »
Elle l’empoigna, et constata que la jeune femme respirait toujours. En revanche, son corps, redevenu normal, était parcouru de traces de morsures. Se pinçant les lèvres, Élise se dépêcha de fabriquer un sérum particulier avec son sang, et mordit le cou de Shad, l’aidant, non seulement à lutter contre les toxines, mais aussi à émerger. Une attaque magique frappa ensuite Élise dans le dos, l’envoyant heurter un pilier dont une partie était restée miraculeusement debout.
« Tu te refuses donc à mourir, Élise... J’admire ta persévérance ! »
Regan se posa sur le sol de l’ancien autel de la nef, les veines de son visage s’étant noircies, probablement sous l’effet des terribles sorts magiques qu’elle utilisait...
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Plaquée contre le sol entretenue par de puissantes pattes arachnéenne, la Louve ne parvenait plus à faire le moindre geste. Sa respiration était difficile, lourde et à chaque instant, elle sentait les crocs des bêtes velues la pourfendre de toutes part, injectant meurs toxines dans ses veines. Loué soit le vaccin d’Elise ou ses organes seraient déjà à l’état de bouillie prédigéré. Et soudain, la Terranide entendit le plafond céder sous un puissant choc. Les pierres s’écrasèrent aussi bien sur son corps, lui faisant de ce fait perdre connaissance et redevenir normale, que sur les araignées en tuant quelques une sur le passage et en faisant fuir d’autres.
Elle fut tiré de sa torpeur par une sensation de morsure et quand elle ouvrit les yeux, ce fut pour voir Elise être projetée plus loin par une attaque sournoise de Regan. Voir…La Terranide pouvait de nouveau faire usage de sa vue, les rets gluants avaient disparu. Elle leva le regard vers Regan et un frisson parcouru son échine. D’où lui venait tant de puissances ? Ce …ce n’était pas humain ! Et l’Okami n’était pas dupe : son endurance touchait à sa fin, elle ne sentait pas assez forte pour rivaliser avec cette folle à lier.
Les araignées qui avaient fuit, revenaient petit à petit, tissant en même temps des toiles pour empêcher toute retraite de la part des deux femmes, tout en s’approchant de ces dernières tout en émettant un son de stridulation. Que faire ? Le temps leur était compté et cette femme semblait invincible ! De l’aide…elles avaient besoin d’aide mais…de qui ? Sentant soudainement son médaillon lui toucher le haut de la main, l’Okami le serra et…se mis simplement à tenter d’appeler Sha ou une des sorcières par ce biais. Après tout, l’artéfact était bien recouvert de sa magie non ? C’était un risque à prendre…
Pendant ce temps, l’air se mis à crépiter autour de Regan, des tentacules noires sortirent du sol, et dans un rire dément elle cria :
« C’est fini Elise ! Tu vas mourir ici toi et ta petite chienne ! »
Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne lance sa redoutable attaque.
-
Shad libéra Élise des décombres, et constata que les araignées n’osaient plus attaquer, tandis que Regan semblait comme métamorphosée. Sortant de son dos, d’étranges pattes arachnéennes rougeâtres se dressaient dangereusement, générées par la magie. Élise frémit alors en sentant quelque chose de très particulier émaner du corps de Regan, et sentit un trouble la saisir. Sa vision devint floue, et une forte migraine la saisit.
« Hnnnn... »
Élise secoua la tête, tandis qu’un ricanement guttural, profond et caverneux, s’échappa des lèvres de Regan.
« Oui... Ouuiii !! »
La Reine grogna encore, et se releva à nouveau.
« Tu n’es pas Regan... Qui es-tu ?
- Oh, mais siiii, Élise... Je suis Reeeegaaaaannn... ! Mais... Je porte son Sang ! Son Sang puissant, hahahahaha !! »
Elle avait perdu l’esprit. Le pouvoir lui montait clairement à la tête, la rendant ivre. Une aura rouge l’enveloppait, et elle tendit les mains, envoyant de puissantes ondes de choc. Retrouvant ses pouvoirs, Élise se protégea encore avec ses pattes, mais hurla malgré tout de douleur, en sentant de vives coupures la traverser. Elle en tomba sur le sol, et se retourna, tentant de se relever, avant de sentir une terrible vague d’Air la soulever, l’envoyant s’envoler contre l’un des rares murs de l’église tenant encore debout.
Regan se posa sur le sol, ses pattes arachnéennes poussant encore dans son dos, lui arrachant des hurlements de douleur. Le sang coulait abondamment de ses lèvres, tandis qu’Élise, en l’observant, vit le symbole qui l’entourait... Elle vit l’Œil Rouge (https://img00.deviantart.net/f037/i/2010/054/5/1/all_hail_the_crimson_king_by_fenrisilver.jpg), nimbé de sang, et la voix de Regan se mit à nouveau à jaillir :
« Tous s’agenouillent devant le Roi Cramoisi ! » exulta Regan.
Élise serra les dents. La magie s’échappait de tout le corps de Regan, qui était en train de déclencher une véritable tempête magique autour d’elle. À force, il était bien possible qu’elle-même finisse par mourir à force de générer une telle magie, qui allait visiblement bien au-delà de ses propres capacités...
-
Pas la moindre réponse, le moindre élément qui aurait pu faire penser que sa « prière » avait été entendue. Bien évidemment, la Louve n’appartenait pas à ce culte, cela aurait été fort étonnant si le contraire ce serait produit. Regan était toujours en lévitation dans les airs, entourée de magie. Elise et elle-même étaient en piteux état et la suite ne leur promettait pas une quelconque clémence. L’Okami regarda Elise avant de tourner son attention sur Regan. Quand tout cela allait se terminer ? Elle ne put rien faire quand Elise fut la cible de Regan et dû assister impuissante aux coups qu’on lui portait. Au moins les araignées à distance pour le moment. Mais par réflexe l’Okami y jetait de temps en temps un œil pour s’assurer qu’elles ne s’approchaient pas. Mais après si cela aurait été le cas, aurait-elle put faire quelque chose pour les repousser ?
Toutes ces questions furent vite relayées au second plan quand le symbole du Roi Cramoisi apparu derrière Regan. Et à force d’entendre cette dernière s’exprimer, tout laissait à penser qu’elle n’était plus elle-même. Mais un simple corps utilisé par le Roi. Du sang coulait de sa bouche et son corps crépitait et bouillonnait de magie. Une magie qui semblait de plus en plus dure à contenir, tel un ballon de baudruche qui serait trop remplit d’air. Le corps de cette femme atteignait ses limites mais n’avait pas encore franchi la dernière limite.
La Terranide se releva difficilement lui envoya une attaque enflammée et observa sa magie se faire absorber. Elle réitéra plusieurs fois l’action et observa attentivement les répercussions. Le corps de Regan absorbait bien sa magie mais il arrivait également petit à petit à sa limite. Ce serait quitte ou double. Car après lui avoir transféré leurs forces magiques, les deux femmes seront en bien mauvaises postures.
Shad senti soudainement un souffle d’air la soulever et l’envoyer contre le même mur sur lequel Elise avait été projeté. Du sang jaillit de sa bouche sous l’impact et elle en cracha même sur le sol avant de chercher Elise du regard et de lui désigner Regan.
« Cette folle veut du pouvoir….donnons lui ce qu’il nous reste….Jusqu’à la faire imploser »
C’était un pari risqué mais à tenter. L’Okami fit donc ce qu’elle avait proposé, observant au fur et à mesure le corps de Regan qui se couvraient de cicatrices et de plaies sanguillonantes.
-
Regan était terriblement puissante. Une puissance qui était en train de la dépasser totalement, comme Élise pouvait le voir. Toutefois, il fallait s’assurer que la femme ne les tue pas. Shad était en tout cas d’accord sur ce plan, qui semblait de toute manière être le seul à faire. Regan tendit ses mains vers elle, et Élise se dépêcha de générer un épais bouclier de toile. Des éclairs noirs jaillirent des doigts de Regan, qui avançait lentement vers les deux femmes, crachant de terribles éclairs étincelants. Les tirs rebondirent dans tous les sens, et Élise ploya un genou à terre, serrant les dents. Elle protégeait les deux femmes avec ses toiles, mais son mur se fissurait.
« Ridicule !! Je vais vous tuer, salopes !! Bande de sales putes, vous allez comprendre !! »
Difficile de dire ce qu’il y avait à comprendre, Regan avait perdu l’esprit, et frappa le sol avec ses mains, provoquant une épaisse fissure en utilisant un sortilège de Terre. Élise de dépêcha d’attraper Shad, et bondit vers un morceau de mur, rebondissant à nouveau pour éviter une puissante attaque magique de Regan, qui désagrégea le mur. La violente explosion aurait sans aucun doute tué les deux femmes. Tenant Shad contre elle, Élise lança depuis sa main un filament de toile, qui frappa les yeux de la femme, l’aveuglant.
La femme secoua la tête, furieuse, tandis qu’Élise atterrit au milieu des décombres.
« Bordel !! »
Regan hurla alors, et généra autour d’elle une véritable onde magique. Des débris s’envolèrent de partout, et la toile d’Élise brûla contre ses yeux. Regan se rapprocha alors, méconnaissable, le visage creusé de rides, des vaisseaux sanguins explosant dans ses orbites. Du sang coulait de ses lèvres, et elle disposait désormais de pattes arachnéennes dans le dos, s’en servant pour avancer. Des pattes magiques, et elle tendit la main, envoyant une nouvelle onde magique. Élise l’évita en bondissant sur la gauche, et lança de nouveaux jets de toile, mais qui se heurtèrent à une espèce de halo enflammé enveloppant Regan. Usant de magie élémentaire et psychique, elle soulevait par télékinésie des débris, et les lançait vers elles.
« Fais attention, Shad ! »
Élise se déplaça encore, tandis que Regan semblait puiser encore plus dans sa magie. Des rayons enflammés explosèrent tout autour d’elle, jusqu’à ce que Regan ne rugisse encore. Elle bondit brusquement en avant, chargeant Élise, qui bondit dans les airs, évitant son attaque. Elle sentit néanmoins les flammes lécher son corps.
« Vous... Vous... Je vais vous tu-Haaaaa... Tuuuuaaaaaaaaaaarghhhh... !! »
Les cris se transformaient en inintelligibles borborygmes. Regan hurla encore, et bondit encore vers Élise, frappant violemment le sol, provoquant un profond cratère. Le souffle renversa Élise au su sol, qui sentit la magie continuer à s’affoler. Les rides devenaient des cratères lumineux, des fissures par lesquelles la magie suintait de partout.
*Elle... Elle va exploser !*
Une explosion qui risquait bien de les tuer toutes les deux ! Élise se releva, et appela son amie, afin qu’elles utilisent l’artefact de Sha pour retourner à la capitale.
« SHAD ! Vite !! »
Elle l’aperçut, mais, au même moment, un éclair la frappa dans le dos. Regan continuait à hurler de douleur, sa voix se cassant pour reprendre ensuite. Des cris abominables, exprimant, non pas sa colère, mais bien une souffrance terrible, tandis que tout son corps disparaissait dans une onde magique. Tout autour de ce dôme magique qui brillait de plus en plus, des arcs magiques sifflaient. C’était précisément l’un de ces traits qui avait atteint Élise. Encore consciente, elle sentit Shad se rapprocher, et s’agrippa à elle.
« Vi... Vite, on... On doit partir... »
Les deux femmes se téléportèrent donc, laissant Regan rendre ses derniers soupirs dans une violente explosion magique.
Elles arrivèrent au bout de quelques secondes dans l’une des allées du temple des sorcières. Élise tomba au sol, encore sonnée par l’attaque magique involontaire de Regan. Il faisait sombre, et une épaisse odeur de fumée régnait, tandis que des voix fortes, graves, se faisaient entendre... Et, surtout, devant elles, il y avait un cadavre égorgé, les yeux fixant le vide, baignant dans du sang frais.
« Brûlez tout !
- Débusquez les sorcières ! »
Visiblement, les choses s’étaient considérablement aggravées ici depuis leur départ...
-
N’auraient-elles jamais le moindre répit ? Regan dans ces derniers instants fut plus dangereuse et meurtrière que jamais, éviter ses différentes attaques magiques ne fut pas chose aisée et tout comme Elise, la Louve écopa de quelques coups. Mais à présent, Regan était morte. Non grâce aux deux femmes mais tout simplement car elle avait voulu avoir bien plus de magie en elle qu’elle ne pouvait contrôler. Résultat : Elle en avait payé les frais. Et avant qu’elle n’explose et mette un terme à sa vie, la Terranide était parvenue à rejoindre Elise. Ensembles, elles purent retourner au temple des sorcières. Mais l’accueil fut bien différent que celui qui était escompté. La Lycane poussa un long soupir d’agacement et releva immédiatement ses oreilles en entendant les cris. Comment diable ces personnes avaient-elles put trouver le moyen d’accéder au temple ? Ces questions devront attendre, qui sait combien de survivantes il restait ? Shad se tourna donc vers Elise :
« A croire qu’on ne peut pas se reposer….Essayons de trouver des survivantes. Je vais partir de ce côté. – elle la regarda – je suis à bout Elise, je ne sais pas si je tiendrais encore longtemps à ce rythme…Et je suis désolée de ne pas pouvoir t’apporter de soins….Mais…nous nous reposerons plus tard…Fais attention à toi ! »
Et elle se sépara d’elle, partant dans une direction, croisant multitudes de corps sans vie. Ces « hommes » avaient fait un carnage et tout laissait présager qu’il servait également le Roi Cramoisi. Mais quid de Médonée ? Ou encore de Scybilla ? Cela étonnerait fortement la Terranide qu’elles aient péris ! Dans ce cas, où pouvaient-elles bien être ? Et..avait-elle fait le bon choix en se séparant d’Elise ? S’arrêtant, elle lança un juron et tournant les talons, fit volte-face pour rejoindre la Reine….Avant qu’un coup de masse ne vienne la frapper brutalement dans le dos quand elle passa une intersection. Le coup fut soudain et brutal et la fit tomber au sol. Elle serra les dents de douleurs et lorsque son attaquant voulu lui assigner un nouveau coup, des flammes le firent reculer avant que ce soit une Terranide transformée qui vint lui sauter dessus et lui ouvrir le ventre à coup de griffes bien placées. Elle mordit également l’homme au cou, faisant gicler du sang sur son museau. Relâchant sa prise, elle haleta légèrement, huma l’air et continua sa route vers Elise.
Mais cette fois, la Louve était entrée dans une rage meurtrière. L’aventure chez les Hamleights, les habitants du Village des Toiles réduits à l’état de zombies, les araignées qui avaient tenté de la dévorer vivante, Regan devenue encore plus folle et incontrôlable, l’attaque du temple de Sha et maintenant ce simple coup dans le dos….Non c’en était bien trop. Et en plus de cela, la Terranide n’avait qu’une envie : SE REPOSER. Mais comment faire quand tout vous tomber sur le coin de la gueule ? Non c’en était trop. Avançant rapidement dans les couloirs, elle traquait l’odeur d’Elise afin de la rejoindre, n’hésitant pas à tuer tout ennemi potentiel sur son chemin. Et quand enfin elle retrouva la Reine, ce fut pour voir qu’un homme s’apprêtait à lui tirer dessus avec un carreau d’arbalète. Sans attendre, ni même réfléchir, elle se jeta entre l’attaquant et la cible, se prenant le coup à la place d’Elise. Coup qui atteignit son épaule gauche. Grognant de rage, elle se jeta par la suite sur l’assaillant pour le mettre littéralement en pièces avant de se relever, bras gauche tombant sur le côté, regardant Elise.
« Trou…Trouvons les ensembles…. »
Et que tout cela se finisse rapidement.
-
Quand les deux femmes avaient quitté Koldoue, la ville était au bord du chaos. Les réfugiés s’amoncelaient dans la ville, ainsi que le fanatisme religieux, sous la houlette de William Hamleigh. Les araignées de White Élise s’approchaient également, compliquant davantage la situation. Le temps qu’Élise et Shad terminent leur périple, la situation avait dégénéré. Le repaire de Sha avait été découvert par les tueurs des Hamleigh, les chasseurs de sorcières. Des hommes patibulaires qui tuaient tout le monde sur leur passage. Le temple souterrain était enfumé, les corps jonchaient le sol. Du sang partout, faisant tourner la tête à Élise. Shad remarqua qu’Élise était en difficulté, et la Reine lui proposa de partir à la recherche des autres, pendant qu’elle-même prendrait des forces. Se séparer n’était sans doute pas la meilleure idée possible, mais il fallait surtout trouver des renforts. Shad partit donc, pendant qu’Élise restait dans la pièce, reprenant ses esprits. Elle entendait des bruits de pas sourds, des grondements…
*La haine et le chaos… Est-ce là tout ce qui nous attend ? J’ai tout perdu…*
Sa forêt, son peuple… Ils avaient été massacrés, exterminés par les Hamleigh, par le Roi Cramoisi et par ses séides. Regan était une sorcière qui avait renié la voie de Sha, qui avait suivi celle du Roi. Elle s’était retrouvée dotée de pouvoirs terribles, avait conçu des abominations, et avait fini par en perdre la raison, jusqu’à se suicider. Élise s’adossa contre le mur, et continua à se concentrer, la magie vibrant doucement autour d’elle. En sueur, elle avait chaud, et tentait de réparer son corps, d’envisager la suite. Médonée était-elle morte ? Élise serra les dents, et finit par se relever.
Non, elle ne pouvait pas rester là, comme ça, à attendre que les fanatiques viennent la cueillir. Médonée avait peut-être besoin d’elle, de son soutien… La Reine se déplaça lentement, s’appuyant contre le mur, une main sur le flanc, et partit sur la gauche. Elle avança sur un couloir sombre, voyant des flammes devant elle. Une brusque explosion sur sa droite la surprit, et elle tomba au sol, voyant un homme s’avancer, tenant une hache ensanglantée dans la main. Les oreilles sifflant, Élise le vit dire quelque chose, et bondit brusquement en avant, le renversant au sol. Les yeux du tueur s’écarquillèrent sous la peur, et elle lui trancha la gorge, le sang éclatant sur son visage et sur sa poitrine.
Élise se releva ensuite, et continua à marcher, rejoignant un escalier en colimaçon. De la fumée continuait à monter, et elle éternua, ses yeux embués lui procurant une vision floue.
*Je ne peux pas rester là…*
Continuant sa progression, elle trébucha sur une marche, et tomba lourdement dans une grande pièce. Plusieurs hommes se tournèrent vers elle. Il y avait également des femmes, certaines ayant le crâne rasé, de la peinture noire le long des yeux.
« C’est elle ! La femme-araignée !
- Ces salopes de sorcières conspiraient contre nous !
- Tuez cette pute ! »
Élise se releva à temps, et leva ses mains, bloquant de justesse l’épée d’un tueur en agrippant le poignet de l’homme. Ce dernier ne se laissa toutefois pas décontenancer longtemps, et son genou frappa Élise au visage, la couchant au sol. Elle roula sur le côté, évitant la lame, et se redressa ensuite, puis fouetta l’homme avec ses pattes arachnéennes, lui arrachant une joue. Il hurla de douleur, et, du pied, Élise le poussa dans un brasier. Un autre s’élança alors vers elle, faisant tournoyer en l’air une masse hérissée de pointes métalliques.
Prudente, Élise bondit en arrière, évitant l’attaque, et entoila le visage de l’homme. Elle n’eut pas l’occasion de l’achever, car l’une des femmes hurla rageusement, et bondit depuis une table, brandissant une dague vers Élise. Celle-ci vit la menace pointer vers elle, et évita l’attaque. La dague se planta dans le sol, et la femme attrapa un couteau de lancer accroché à sa ceinture. L’arme fusa vers Élise, et l’atteignit au torse. Une zone non mortelle, mais douloureuse malgré tout. Elle grogna alors.
Élise ne vit pas l’arbalétrier apparaître dans son dos, dévalant les marches. Il la cibla, et tira… Mais Shad arriva alors. Élise entendit un hurlement de douleur, et se retourna.
« SHAD !! »
La Terranide, blessée, bondit sur l’arbalétrier, et le tua. Élise cligna des yeux, et entendit ensuite la femme l’attaquer encore. Elle évita sa charge, et la décapita avec l’une de ses pattes.
« S-Shad, il… Il faut qu’on sorte d’ici, qu’on rejoigne… La surface… »
Elle arracha le couteau planté dans son torse, et le jeta au sol. Il n’y avait plus rien à sauver ici. Médonée et les autres avaient probablement dû s’enfuir également.
Rester ici serait tout simplement suicidaire.
-
« Je..suis d’accord…Je n’ai vu que des morts par là… »
Elle montra la direction qu’elle venait de prendre d’un mouvement de menton. Posant sa main opposée contre sa blessure, elle se mis à suivre Elise dans une direction, qui elle l’espérait, les mèneraient sans heurt à la surface. Mais ce n’était que douce utopie. Le temple des sorcières étaient encore infestée des agents du Roi Cramoisi. Et dans leurs états actuels, les deux femmes risquent d’abréger rapidement toute rencontre fortuite. Elles se devaient d’économiser le plus d’énergie et surtout, rien ne disait que la surface serait plus clémente. Cela, l’Okami avait des doutes à ce sujet.
« Attends »
Elle huma l’air, sentant aussi bien l’odeur du souffre, des cadavres frais et brûlés que celle d’hommes en parfaite santé. Un groupe venait dans leur direction. Elle tendit l’oreille et put entendre nettement le crépitement d’une flamme faisant office de torches. D’ici peu de temps les deux groupes se feront face à face, et faire demi-tour ? Non ce ne serait qu’une perte de temps. Ils n’étaient pas nombreux, rien de bien insurmontable.
« Cinq hommes arrivent…. »
Précisa t’elle tout simplement. A quoi bon donner des directives ? La Terranide savait parfaitement qu’Elise saura agir en conséquence. Pour sa part, à peine le groupe était-il de visu qu’elle fit en sorte d’accroître la flamme de la torche afin qu’elle dévore son porteur. Profitant de l’effet de surprise, elle sauta sur un second pour lui donner plusieurs coups de griffes jusqu’à ce qu’il passe de vie à trépas. Certes, elle ne pouvait utiliser son bras gauche mais le droit restait toujours fonctionnel….
Mais…Tout cela était épuisant et sa respiration était saccadée. Elle se releva de sa cible et mis fin aux jours d’un troisième englué dans l’une des toiles d’Elise avant de regarder subitement dans une direction.
« J’entends pleins de pas Elise ! Il faut partir ! La surface ne doit plus être loin ! »
La dernière ligne droite. Du moins la Terranide l’espérait.
-
Élise ne reconnaissait plus rien. Certains couloirs étaient effondrés, et il y avait de la fumée partout, ainsi que d’épais murs de flammes. Dans ces conditions, il était très difficile de progresser, et encore plus de se repérer, d’autant qu’Élise et Shad étaient toutes les deux épuisées. Elles revenaient après tout d’un combat éreintant contre Regan Hamleigh, contre laquelle elles avaient bien failli mourir. Et, au lieu de pouvoir se reposer, elles débarquaient dans un refuge envahi. Élise et Shad attaquèrent un autre groupe, et, encore une fois, leurs capacités mutuelles leur furent d’une grande utile. Elle, la Reine, avec ses toiles, et Shad, qui bondissait rapidement, et lacérait ses ennemis. Toutefois, les bruits de combat attirèrent d’autres chasseurs. Élise acquiesça aux propos de Shad, les deux femmes venant de rejoindre un escalier de sortie.
« Vite ! Par là ! »
La Reine des araignées se mit à courir rapidement, entendant des bruits dans son dos. Elle sentait un appel d’air, voyait une ouverture... Un homme apparut brusquement, brandissant une arbalète vers elles... Quand il fut balancé sur le côté dans un hurlement. Élise n’avait pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait, et étouffait. Ses poumons étaient en feu, et elle arriva finalement dehors, se jetant à terre. Dans son dos, d’autres chasseurs remontaient, et elle vit une silhouette devant elle, des jambes... Puis des éclairs fusèrent alors, frappant les tueurs, avant de s’accompagner d’une épaisse langue de feu qui incendia les tueurs. Élise éternua encore, et sentit soudain une aura blanche l’envelopper, venant la soigner, la purifier, tout comme Shad.
Devant elles, un visage familier se trouvait, et leur sourit : Scybilla (http://img110.xooimage.com/files/4/d/5/b895c292b57fb246d...20a29957-5159744.jpg) ! La Grande-Sorcière de Koldoue, la cultiste de Sha, les observa silencieusement.
« Vous êtes enfin rentrées...
- Scy-Scybilla, que... Qu’est-ce qui... »
Élise reprit ses esprits, et, en levant la tête, constata qu’il n’y avait pas que le temple de Sha qui était détruit. Le ciel était rouge, noir de cendres et de nuages monstrueux. De hautes flammes s’élevaient dans le ciel, et Élise déglutit en voyant des corps pendus. Ils étaient situés sur un arbre ravagé au milieu de la cour, pendouillant lentement.
« Qu’est-ce que vous croyez ? White Elise a attaqué... William Hamleigh lui a ouvert les portes, et ils ont déferlé sur le temple.
- Les habitants...
- Beaucoup ont été évacués, mais il en reste beaucoup à protéger. Médonée et les autres les regroupent dans la cathédrale. On ne peut plus rester là, il faut fuir.
- J’approuve. »
Scybilla n’avait posé aucune question sur le fait qu’elles étaient revenues... Seules. Il n’était pas difficile de comprendre que leur quête avait été un cuisant échec.
-
La Lycane était à bout de souffle. Sa poitrine s’abaissait et se relevait avec difficulté, sa gueule était entre-ouverte et de ma vapeur d’eau s’en échappait. C’était à peine si elle arrivait à tenir sur ses pattes postérieures ! Le sang s’était coagulé au niveau de sa blessure et cessait donc de dévaler le long de son pelage. Même ses arabesques étaient bien ternes. Autant dire que ce sort de soin lui fit le plus grand bien ! Pour peu elle se serait jetée dans les bras de la sorcière. Elle la remercia donc d'un hochement de tête. Mais l’heure n’était pas aux réjouissance : White Elise avait attaqué et…quel massacre ! Un grondement sourd lui échappa.
Des survivants….il y’avait des survivants mais pour combien de temps ? Il fallait agir et le plus vite possible ! La Cathédrale n’était peut-être pas bien loin mais les troupes de White Elise ratissait les rues. Le cheminement risquait donc d’être ardu. Et après où pourraient ils fuir ? Une telle masse se ferait voir de loin. Quoi que…non ! Il restait encore le portail vers le domaine de Sha ! Le principal pour l’heure était d’arrivée saines et sauves jusqu’au point de rendez-vous.
« Comment allons nous nous rendre jusqu’à la cathédrale ? Enfin je veux dire….On force le passage ou on prends nos précautions mais cela mettrait plus en danger les habitants ? »
Avec tout ce qu’Elise et elle avaient traversé, une ou deux araignées géantes sur leur chemin…Ce n’est pas ça qui allait les stopper ! Et puis…le temps était compté car les forces de White Elise tentaient en cet instant de pénétrer dans la Cathédrale. La Louve observa attentivement la ville dévastée par les flammes D'un côté, les araignées de White Elise ne devraient pas réussir à tendre des pièges aux endroits ravagés par l'incendie, sauf si l'une d'entre elle possédait des fils de soie ignifugée. N'oublions pas la fumée, qui outre le fait pouvait également faire tomber dans l'inconscience ceux qui y demeurait trop longtemps, pouvait également faire office -d'écran de camouflage -. Mais le point le plus important était les flammes. La Lycane pouvait les contrôler, tout comme Scybillia à ne point douter. Et là...elles avaient du feu à revendre ! Le point positif avec la Cathédrale c'était qu'elle se voyait de loin et que par conséquent on pouvait voir les incendies sur le chemin qui sauraient nous aider.
"Je peux utiliser les flammes des incendies pour créer une diversion si besoin - elle regarda Scybillia - Nous n'avons aucun moyen pour contacter Médonnée ? Autant que tout soit prêt quand nous arriverons."
Chaque minute, chaque seconde comptait. La Terranide leva le museau vers les pendus et fronça légèrement ses sourcils. Combien avaient pu seulement s'échapper grâce aux sorcières du Culte de Sha ? Changeraient-ils aussi leur point de vue sur les sorcières après cet...effroyable évènement ? Et puis..Où se terraient White Elise et William Hamleight ? La mort de sa mère lui était-elle déjà parvenue par un quelconque procédé ? Cette nouvelle, à ne point en douter, allait le faire entrer dans une rage folle. Mais qu'était une vie face à toute celles qu'ils avaient massacré au nom du Roi Cramoisi ?
-
En réalité, le fait que la situation dégénère à ce point n’était pas surprenant. Quand Élise et Shad avaient quitté Koldoue, la capitale était aux portes du chaos. Les réfugiés s’amoncelaient à ses portes, et les Hamleigh avaient ourdi pour prendre le pouvoir. Visiblement, les efforts de Knaël pour renverser William Hamleigh en révélant sa duplicité avec White Elise n’avaient pas dû aboutir. Shad demanda alors à Scybilla s’il y avait moyen de contacter Médonée, et l’intéressée secoua la tête :
« La magie est brouillée, il y a trop d’interférences. Si nous avions une orbe de communication, ce serait possible... Mais nos stocks ont été détruits.
- Je croyais que Knaël et Aoife devaient mettre aux arrêts William Hamleigh.
- Il y a eu un débat houleux, expliqua Scybilla. William Hamleigh a effectivement été mis aux arrêts, mais son influence sur la ville était déjà trop grande. Les attentats terroristes se sont multipliés, ainsi que des vagues de vandalisme. On accusait les réfugiés, mais je soupçonne les hommes de William d’avoir agi et de leur avoir fait porter le chapeau. Les derniers jours ont été plutôt confus. »
Le trio s’avançait le long de rues ravagées. Outre les flammes, il y avait aussi un nombre terrifiant de cadavres. Le sang jonchait le sol, coulant le long des pavés pour filer dans les caniveaux. Sur des chariots, des fossoyeurs avaient pensé à empiler des cadavres, avant d’arrêter là leur office. Il y avait aussi des toiles, ici et là, mais Élise n’avait jamais vu tant de cadavres. Certains flottaient encore en l’air, pendus à des arbres, des panneaux de bois cloués sur leur corps avec des écriteaux indiquant les motifs de leur exécution : « SORCELLERIE », « VANDALISME », « PROSTITUTION »...
Parallèlement, Scybilla continuait à faire le résumé de ces derniers jours. Les tensions avaient continué à croître, tandis que même des conseillers municipaux, les plus réfractaires à William Hamleigh, se faisaient tuer. Ceux le soutenant accusdaient les sorcières de prendre le pouvoir, Nexus de vouloir prendre le pouvoir... Et, pendant ce temps, les réfugiés continuaient à grossir. Dans les camps de réfugiés le long de la ville, les rixes se multipliaient, et, là encore, Scybilla soupçonnait les hommes de Hamleigh d’encourager le chaos, diffusant des tracts et des messages propagandistes affirmant que les autorités koldouennes voulaient que les réfugiés meurent à l’extérieur de la ville, afin d’apaiser l’appétit des araignées.
Finalement, la situation avait éclaté en guerre civile lors de l’ouverture du procès de William Hamleigh. Ce dernier avait été conduit devant le Tribunal autour d’une foule compacte, et ses hommes avaient attaqué les gardes. Le Tribunal était devenu un lieu de guerre. Le juge avait été tué, ainsi que ses assesseurs, et William Hamleigh s’était décrété « Roi de Koldoue ». Knaël s’en était sortie de justesse, tout comme Aoife, mais la Nexusienne avait été grièvement blessée lors des échauffourées. Ensuite, Hamleigh avait marché vers le reste des conseillers municipaux.
Puis les araignées étaient finalement arrivées, mettant un terme à l’embrasement général.
« Je suppose que c’est l’expression de la nature humaine, commenta cyniquement Élise. Plutôt que de s’allier face à un ennemi commun, ils préfèrent s’entredéchirer. »
Une justice très expéditive avait eu lieu, comme Élise en eut la confirmation en approchant d’une place publique avec une estrade comprenant une guillotine. Il y avait des mares de sang, et des goules, qui fouillaient près d’une série de seaux... Quand ils avisèrent la présence du trio, l’un d’eux renversa maladroitement l’un des seaux, déversant une partie de son contenu sur le sol : un empilement de têtes humaines blafardes, décapitées à la chaîne.
Les goules hurlèrent en se mettant en position de combat. Des éclairs jaillirent des doigts de Scybilla, en fauchant deux, et Élise attaqua les autres, en repoussant une avec ses pattes, un coup si puissant que la goule passa à travers la fenêtre d’une maison.
*Avec tant de morts, les créatures nécrophages sont ressortis des profondeurs...*
C’était un véritable cauchemar.
-
Koldoue n’était plus que l’ombre d’une cité. La Louve marchait aux côtés d’Elise et de Scybillia, écoutant avec attention les explications de cette dernières vis-à-vis des évènements récents. Ce William avait joué de perfidie pour arriver à un tel désastre. Il était vrai que la situation lors de leur départ n’était pas fameuse mais de là à empirer si rapidement. La Lycane laissa glisser son regard sur une pile de cadavres et soupira : La nature humaine…
« Les humains seraient capables de s’entretuer pour un morceau de pain….Et surtout qui ont besoin de se sentir comme une race dominante -elle se tourna vers Scybillia- sans offense…
ŪElle tourna par la suite son attention sur l’estrade surmonté d’une guillotine. Du sang séché était présent sur la lame qui n’avait cessé de couper des têtes de pauvres malheureux. Etre décapité ou pendu…Voilà le lot de quelques innocents et une forte odeur de chaire en putréfaction se propageait dans la cité. Des effluves qui ne tardèrent pas à rameuter des créatures nécrophages et anthropophages….des goules. Encore des goules….La Louve envoya une langue sur l’une d’entre elle avant d’envoyer deux petites boules qui vinrent explosés à l’impact, éparpillant des morceaux ici et là.
Autant dire que les trois femmes ne firent pas dans la dentelle pour se débarrasser de ces odieuses créatures. Let on ne peut le nier, les soins apportés par la grande sorcière furent salutaires ! Shad tout comme Elise était de nouveau au meilleur de sa forme et quoi de mieux pour renvoyer ces goules là où elles devraient être ? La rixe ne dura que quelques minutes avant que le trio purent reprendre le chemin.
« William Hamleight et White Elise sont toujours présent à Koldoue ? Vu qu’il s’est proclamé Roi…et White Elise ne doit pas être bien loin….et super j’entends des cris non loin… »
Des cris d’agonie, de terreur mais aussi de combats. Qu’importe ce que c’était une bataille avait lieu non loin de leur emplacement. En observant les environs on pouvait nettement voir le clocher de la cathédrale. Nul besoin de réfléchir plus longtemps, il fallait réagir. Un bruit dans leur dos attira l’attention de la terranide. D’autres goules…elles devront aussi s’en occuper avant de les attirer là où il y avait de la viande fraîche.
« Je m’en charge elles ne sont pas nombreuses…je vous rejoins dans peu de temps »
Le plus important c’était les réfugiés dans la cathédrale.
-
Koldoue ne ressemblait plus à rien. C’était comme si la ville avait plongé dans une variante infernale d’elle-même. Les goules et les créatures nécrophages émergeaient des profondeurs pour attaquer les cadavres. Élise, Shad et Scybilla s’en débarrassèrent sans difficulté, avant que d’autres hurlements ne retentissent. Des goules supplémentaires s’approchèrent alors, et Shad demanda aux deux femmes d’aller directement vers la cathédrale, tandis qu’elle retiendrait elle-même les goules. Pour seule réponse, Élise déploya des filaments de toile sur deux goules.
« Il n’est pas question que je perde une personne de plus ce soir, Shad », répliqua-t-elle fermement.
Scybilla, de son côté, lança de nouveaux sortilèges, des cristaux de glace jaillissant de ses mains pour transpercer les torses de plusieurs goules.
« La Déesse Sha en personne veut vous retrouver toutes les deux, je ne reviendrais pas à la cathédrale sans toi, Shad. »
Cet aveu avait de quoi surprendre. Pourquoi la Déesse Sha en personne s’intéressait à Shad ou à Élise ? Mais la femme-araignée n’avait pas le temps de se poser cette question. Les nouvelles goules furent battues sans réelle difficulté, et Scybilla leur confirma ensuite que William Hamleigh et White Elise se trouvaient là. Du moins, elle en était sûre pour William, mais, pour White Elise, en revanche…
« Ce n’est qu’une supposition, je ne l’ai pas vue en personne, mais, vu que ses araignées sont là…
- Il faut en finir avec eux deux. »
Scybilla acquiesça lentement, mais en rappelant ensuite Élise à la réalité :
« Nous ne sommes pas assez nombreuses pour ça…
- Je me moque de ce que ta Déesse me veut, je dois venger les miens. William Hamleigh et White Elise sont autant responsables que Regan Hamleigh !
- Ce n’est pas une raison pour se suicider en allant les affronter seules !
- Je ne compte pas me suicider. Il y a une différence entre maintenant et avant… »
Les yeux froncés, Élise faisait preuve d’une redoutable colère contenue, avant de rajouter une chose que Shad ne pourrait que confirmer :
« J’ai la rage. »
Pendant ce temps, devant la cathédrale, un combat avait lieu… Mais il n’opposait pas les araignées aux humains. Les hommes de William Hamleigh assiégeaient la cathédrale, bien décidés à capturer les réfugiés et les sorcières dissimulées à l’intérieur, qui tentaient tant bien que mal de les repousser.
-
Autant dire que la Louve n’avait pas son mot à dire quand on lui refusa catégoriquement de faire cavalier seul. Cependant, l’une des raisons avait de quoi l’étonner et bien qu’elle puisse comprendre pourquoi Sha voudrait voir Elise, pour sa part, elle n’en voyait pas l’utilité. Mais cette question aurait une réponse dans les temps à venir ! Acquiesçant finalement pour que le trio reste soudée, elle aida les deux femmes à se débarrasser des quelques goules à l’aide de quelques sorts un poil brûlant. Et tout portait à croire, face à la discussion entre Elise et Scybila que William et White Elise demeuraient encore dans la cité. Une information qui ne manqua pas de faire ressurgir les images du château des Hamleight où la Louve avait pu voir en compagnie d’Elise ce qu’avait fait Regan aux anciens villageois de la Forêt des Toiles. Et quand Elise prononça ces derniers mots, la Terranide hocha la tête d’un air affirmatif :
« Je ne peux que te le confirmer. Tu n’as pas idée de ce que nous avons vu là-bas. Ce qu’ils ont osé faire. Pour rien au monde, je ne souhaiterai me confronté à l’Ire d’Elise… »
Oh non, loin de là ! L’ancienne Reine arachnéenne faisait preuve d’un sang-froid remarquable mais la Lycane le savait, à tout moment, tout pouvait éclater et la rage, la vraie rage pouvait surgir. Et face à cela, même White Elise ne pourrait rien faire. Mais, Scybilla avait toutefois raison sur un point : Ils avaient l’avantage du nombre et surtout d’une impressionnante armée d’araignées de toute taille. En réalité, la Louve les craignaient plus que les soldats de William, ce n’était pas faute d’avoir vue la mort plusieurs fois de près à cause de ces bêtes ! Un souvenir lui revint soudain et elle s’adressa à Elise :
« Ce n’était qu’une sbire de White Elise mais tu as réussi à reprendre le contrôle de certaines de ses araignées…de tes araignées. Penses-tu pouvoir faire de même à nouveau ici ? »
Afin d’éclairer rapidement la sorcière à ce sujet, la Louve lui résuma rapidement l’histoire du nid et la suite qui s’en suivit avec l’utilisation des quelques araignées pour faire office de diversion. Tout en marchant vers leur destination, le trio fut plusieurs fois la cible de quelques goules, bien rapidement mises au trépas et quand ils arrivèrent en vue de la Cathédrale, la Louve se figea sur place :
« C’est…un massacre…Un véritable massacre … »
Des corps gisaient sur le sol, une mare de sang s’écoulait tout autour de la Cathédrale, mais principalement devant les portes de cette dernière. Par chance la porte à double battant n’avait pas encore été forcé, il restait donc des survivant à l’intérieur. Quelques mètres plus loin, un groupe de soldat se mirent à soulever un bélier et dans un élan en commun, foncèrent jusqu’à la double porte et la frappa avec rage, faisant ébranler l’édifice. A ce rythme, en quelques coups, les portes allaient céder ! Mais bien vite des sorcières vinrent à envoyer plusieurs sortilèges sur les soldats pour les repousser. En vain. La Louve grogna :
« Une protection anti-magique…Ces salauds ont une protection anti-magique ! »
Le combat se fera donc à l’ancienne, au corps à corps. L’une des sorcières qui avait lancé la précédente attaque fut subitement décapitée sans remords par l’un des soldats de William. Il était temps d’agir, par n’importe quel moyen !
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« C’est bien mon intention, mais je suis lucide, Shad. White Elise dispose de pouvoirs arachnéens plus étendus que les miens. »
Si elle en croyait les informations de Regan, Élise n’était rien d’autre qu’une erreur de la nature, une sorte de premier rejeton expérimental créé par l’une des araignées du Roi Cramoisi. Elle qui s’était toujours vue comme descendant d’une araignée formienne ne savait pas trop quoi penser de ces révélations, mais, à voir l’état de Koldoue, et, plus généralement, de ce royaume, elle ne pouvait qu’en déduire que la Monarchie de la Rose était une réalité. Elle avait manifestement sous-estimé ses ennemis, et en payait désormais le prix. Alors, seule face à White Elise... Ce n’était pas qu’Élise manquait de confiance en soi, maintenant, même si cet élément devait aussi très certainement jouer, mais... Elle était réaliste. Elle avait vu de quoi ses ennemis étaient capables, et, pour être honnête, leurs pouvoirs étaient terrifiants. Regan Hamleigh, White Elise... Qui sait ce qui les attendait encore ?
Le trio finit par se rapprocher de la cathédrale, où un combat avait lieu. Ce n’était pas la première fois que les forces de William assiégeaient la grand-place, et des corps jonchaient déjà le sol. Les sorcières soutenaient les hommes en armure, derniers soldats et chevaliers de Koldoue protégeant les citoyens. Shad constata toutefois que les armures des hommes de William portaient des sortilèges magiques.
« Sûrement un cadeau de l’amant de feu Regan...
- Les Ashnardiens disposent d’armures de ce type. Ils ont des mines d’ébonite très riches. »
L’ébonite était un matériau très particulier, que les Ashnardiens savaient exploiter au mieux, le raffinant pour confectionner des armures d’élite. Les Commandeurs de Sylvandell, par exemple, portaient des armures en ébonite. Il devait ici s’agir d’un dérivé. Le moment était parfait pour permettre aux trois femmes de se manifester, et Élise se rua dan sla bataille, bondissant dans les hauteurs, et s’abattit sur l’un des tueurs, le renversant sur le sol. Ses griffes se plantèrent dans les interstices de son armure, à hauteur de sa gorge, et elle se retourna ensuite vers le toit d’un mirador. Des arbalétriers ennemis tiraient sur des soldats. Fronçant les sourcils, Élise bondit à nouveau dans les airs, se catapultant avec ses pattes arachnéennes, et tomba sur eux.
Un arbalétrier s’envola en hurlant, et se fracassa sur le sol, un autre connut le même sort et s’écrasa sur un ancien chariot. Élise observa ensuite la bataille. Scybilla utilisait sa magie, des éclairs jaillissant de ses poings, ou encore des lames d’Air. Même si les armures ennemies encaissaient la magie, leurs boucliers magiques ne faisaient qu’en atténuer les effets. La présence des femmes sembla ragaillardir l’ardeur des soldats. Et, au milieu de ces derniers, la redoutable Knaël (http://pre01.deviantart.net/cee5/th/pre/f/2014/126/d/e/silver_centurion_leona_by_vinogradovalex-d7hdx0f.jpg) dansait sur place, fauchant les ennemis avec son épée, bondissant par-dessus eux pour les frapper dans le dos, usant des sorts d’Air avec sa main libre. Élise vit ainsi l’un des guerriers ennemis s’envoler sur une dizaine de mètres, avant de se briser la nuque en heurtant violemment le sol.
La guerrière aperçut Shad, et se rapprocha d’elle.
« Votre expédition a pris du temps ! Ici, les choses se sont légèrement compliquées, Shad... »
Un massier s’élança vers Knaël, qui bondit sur le côté, évitant sa masse, puis le frappa au ventre avec son pied. Sur son flanc, un spadassin brandit son épée, qui se heurta à celle de Knaël, les deux épéistes se livrant ensuite à une redoutable passe d’armes, que Knaël remporta en tournoyant sur place. Son épée lui trancha le dos, fendillant l’armure, et le corps de l’homme s’écroula au sol. Hélas, plus le temps passait, et plus le nombre de soldats diminuait. Assauts après assauts...
Mais peut-être que les choses allaient enfin changer avec ces renforts inespérés ?
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Bonne nouvelle, même si les soldats de Hamleight portaient des armures anti-magiques, elle ne leur garantissait pas une protection optimale, et la Louve put donc utiliser ses sorts enflammés pour mettre à mal ses ennemis. Elle avait sortie deux de ses épées et dansait contre ses adversaires, chaque coup d’épée provoquant une langue de flammes qui venaient attaquer les malheureux. Pourtant, elle le voyait très bien, ces armures restaient résistantes et les affaiblir réellement prenait du temps. Elle esquiva un coup d’hallebarde, la coupa d’un coup sec avec un coup de lame et donna un coup d’estoc à son adversaire avant de répondre à Knaël :
« Nous avons eu droits à de bien mauvaises surprises. Cette folie doit s’arrêter ici Knaël… »
Elle se tut quand un épéiste vint à la rencontre de la guerrière et fit face également à un adversaire, ses armes s’entrechoquant avec celle de son adversaire, mais soudain, sans crier gare, elle tira un de ses couteaux de lancer, pile dans la petite ouverture de l’heaume permettant à son ennemi de voir. Un tir, net, précis, et mortel…Mais un autre pris vite sa place, ainsi qu’un autre, et encore un….Le flux de soldats ennemis de se tarissait jamais et semblait venir de toutes les directions.
« Ce n’est pas normal…Ils semblent apparaître d’un coup ! Comme s’ils surgissaient de nulle part ! »
Elle frappa du pied contre le sol, envoyant une vague enflammée contre une troupe, ceux au premier rang périrent dans les flammes, les derniers n’eurent que leurs armures abîmées. La Lycane poussa un grognement, ces armures…ces maudites armures ! Elle allait tout simplement les broyer. Mais avant cela, elle s’adressa à Knaël :
« Je doute que nous puisons réellement gagner cette bataille, nous avons bien trop de gens à protéger… »
Et c’était là un handicap, car il fallait avant toute chose pensait à la protection des civiles. Rangeant ses armes, la Terranide se métamorphosa et de sa gigantesque gueule, attrapa des soldats ennemis et les broya tout simplement. Leurs armures pouvaient aussi bien résister à la magie dans une certaine mesure mais pas contre des crocs qui y exerçait une certaine forme de pression. La Louve n’hésitait pas à donner de violent coups de pattes et de queues, envoyant valdinguer ses ennemis au loin. Elle ouvrit subitement sa gueule face à une troupe ennemie et un torrent de flammes vint à leur rencontre. Entendant un bruit, elle se tourna brusquement vers un homme qui s’apprêtait à attaquer scybilia et l’attrapa en pleins vol, secouant rapidement sa gueule, différentes partie de son corps s’écrasant ici et là dans la mêlée. Elle retourna par la suite près de Knaël.
« Si tu as la moindre idée…Je suis preneuse… »
Ou ce combat allait durer éternellement…..
-
Comment diable William Hamleigh avait pu regrouper autant d’hommes ? Élise avait visiblement grandement sous-estimé la maison Hamleigh et son influence. Ils avaient dû recruter très largement, tout en produisant un nombre élevé d’armes et d’armures. La Reine déchue commençait à réaliser l’immense influence et le vaste pouvoir des Hamleigh... Un pouvoir trop grand pour eux, qui les dépassait entièrement. Regan Hamleigh en avait été la démonstration. Élise fusa encore sur les ennemis, complètement déchaînée. Ses toiles filèrent, et fauchèrent plusieurs ennemis, les envoyant s’écraser lourdement contre des murs. Deux massiers s’élancèrent dans son dos, et elle bondit sur le côté. Prenant appui avec une jambe sur le sol, elle déploya l’autre, et frappa l’un des massiers au torse, l’envoyant décoller en l’air. Il s’écrasa à travers une fenêtre, et l’autre déploya sa masse vers son visage.
Hélas pour lui, Élise était très agile, et bondit sur le côté, évitant la charge, puis frappa l’homme dans le dos avec ses pattes, arrachant sa chair, le faisant hurler de douleur. Il se cloua au sol, et Élise entendit alors un grondement. Tournant la tête, elle vit Shad prendre une forme gigantesque, sa forme la plus puissante, et bondit sur les ennemis, crachant des flammes redoutables. Pour autant, des renforts ennemis continuaient à arriver, ce qui amena Shad à paniquer, se rapprochant de Knaël.
« Parce que tu crois que, si j’avais une solution miracle, je t’aurais attendu ? »
Knaël para avec sa lame une lame ennemie, et contre-attaqua ensuite. Un solide homme avec une hache à deux mains leva ensuite son arme, et l’abattit droit vers elle. Mais, encore une fois, la Nephalem évita l’attaque, et déploya sa main, envoyant une puissante onde d’Air qui repoussa l’ennemi, le faisant voler sur plus d’une dizaine de mètres. Les troupes défensives continuaient à diminuer, tout en se regroupant sur la place. Knaël se déplaça encore, et prit appui sur un chariot renversé, bondissant dans les airs. Une boule magique se forma dans sa main, et, quand elle atterrit au sol, elle relâcha la sphère, créant une puissante déflagration magique qui souffla les ennemis à proximité.
La bataille était intense, ardente, mais, à terme, les ennemis finirent par diminuer. Knaël en égorgea un, et sourit en entendant un cor annonçant le repli. Elle soupira lentement en s’épongeant le front, le corps couvert ici et là d’éclaboussures écarlates, puis sourit doucement à l’intention de la Terranide.
« Tu vois, Shad... Ils cherchent à nous épuiser progressivement, pas à nous vaincre d’un seul coup. Mais, sous ce régime, on ne pourra plus tenir éternellement, en effet. Enfin... Tu vas bien ? Qu’a donné votre séjour avec Regan ? »
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« Ca je le sais bien ! Je ne suis pas idiote à ce point Knaël ! Mais mis à part moi, tu as Elise qui est de retour et il est probable qu’elle a un grand rôle à jouer dans cette bataille… »
Gronda simplement l’imposante Louve face à la remarque cinglante de la guerrière. Elle attrapa dans sa gueule un nouvel ennemi, referma ses puissants crocs sur le corps et laissa tomber le corps sans vie au sol, un autre goûta à ses flammes salvatrices, pendant que Knaël combattait ses adversaires, la Terranide couvrait ses arrières en empêchant quiconque de l’approcher. La bataille était dure et demandait d’être aux aguets à tout instants, le nombre d’ennemis ne cessait d’arriver en masse jusqu’à ce que…un cor retentisse. L’appel de la retraite. Au départ, la Lycane crûe que c’était pour leur camp mais non ! C’était bien l’ennemi qui reculait. C’était illogique…Ils avaient l’avantage du nombre…La réponse ne tarda pas à venir et la Louve ne put retenir un autre grognement :
« Une technique de lâche mais efficace…Surtout que toute sortie de la ville nous ai sans doute impossible, si nous essayions de suivre par voie terrestre…ils nous accueillerons sans la moindre difficulté et nous tuant sans que nous puissions riposter… »
Reprenant sa forme usuelle, la Terranide observa quelques secondes le carnage se trouvant tout autour d’elle et observant un corps sans vie, elle repensa aux affreuses expériences qu’avaient commise Regan sur les habitants du Village des Toiles :
« Des nids d’araignées avec des victimes que l’on a dû tuer pour abréger leur souffrance, des villageois innocents transformés en morts-vivants, des abominations nées d’un esprit malfamé et…le désir d’une trop grande puissance magique qui a provoqué la mort de Regan…. »
Elle soupira. En réalité, mise à part la mort de Regan, qui en l’occurrence se serait sans doute dérouler au vue du désir de pouvoir qui l’habitait et dont elle était incapable de contenir, tout ce voyage n’aura servi à rien. Enfin presque à rien….Il y’avait toujours espoir de reprendre contrôle sur les araignées mais la reine du nid n’était pas White Elise et cette dernière gardait ses troupes d’une main de fer.
« Nous n’avons peut-être pas pu sauver les habitants du village de la Forêt des Toiles mais nous pourrons peut-être sauver ceux de Koldoue. Nous devrions profiter de cette petite accalmie pour partir d’ici. Les sorcières dans la cathédrale sont déjà en train de s’en charger non ? Pas besoin de se leurrer, la seule solution pour partir avec le maximum de survivant c’est d’utiliser des portails… »
Mais avec les attaques à répétitions, garder ces derniers actifs relevait de l’exploit. Du regard la Louve cherchait tout à la fois, Elise, Médonnée ainsi que Scybillia. Le temps était compté, autant faire vite avant le prochain assaut, regardant Knaël, la Terranide prononça simplement :
« Dans tous les cas, je te suis Knaël. »
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Après cette bataille, Knaël regroupa ses hommes. Même si elle n’était pas originaire de Koldoue, le Centurion d’Argent disposait d’une très forte réputation, et ses talents au combat avaient sans aucun doute achevé de convaincre les plus indécis. Elle ordonna à ses hommes de se regrouper, de se mettre en position, et retrouva ensuite Shad et Élise, qui revint à l’idée des Portails. La guerrière ne put qu’acquiescer, mais ce plan rencontrait quelques difficultés.
« Les choses ne sont pas aussi simples. Tu vois cette tour, là-haut ? »
Elle désigna du doigt un beffroi rouge qui se trouvait en hauteur, surplombant la ville. Comme son nom l’indiquait, c’est là qu’on trouvait les cloches de la ville, mais aussi le siège du conseil municipal.
« William Hamleigh a établi son siège là-haut... Et, même si je réjouis du décès de Regan Hamleigh, elle a laissé des amulettes très puissantes. Les Portails sont perturbés par une orbe magique qui se trouve au sommet du beffroi. Impossible de fuir dans ces conditions. »
Élise comprit très vite où Knaël voulait en venir. L’intérieur de la cathédrale avait été transformé en hôpital de fortune, avec de multiples couvertures sur le sol, des blessés, des individus paniqués. La Reine fut au moins rassurée de voir que les sorcières de Scybilla avaient réussi à regrouper un grand nombre de personnes en ces lieux. Le rituel avait lieu sur la nef, où un vortex apparaissait, mais de manière très instable, clignotant à plusieurs reprises, sautillant sur place. Le bouclier de Regan gênait, et, tandis qu’Élise s’avançait, son visage s’éclaira brièvement en voyant Médonée... Qui comprit rapidement que l’expédition ne s’était pas passée aussi bien que prévue.
Tandis qu’Élise s’absentait auprès de Médonée, Shad revit Scybilla. Knaël les avertit rapidement du décès de Regan, puis Scybilla demanda à Shad un récit plus complet. Elle apprit ainsi les expériences génétiques de Regan, la nécromancie, les zombies, puis cette magie noire qui l’avait surchargé.
« Je l’ai perçu, oui... Regan a toujours été versée dans les arts occultes. Une empoisonneuse redoutable. Mais ce que tu me décris dépasse largement ses compétences.
- Je vous l’ai dit, c’est l’œuvre du Roi Cramoisi, rappela Knaël.
- Ma chère Shad, j’ai bien peur que, après tout ce que tu aies vécue, tu ne doives me suivre une fois le Portail ouvert. La Déesse Sha en personne voudra s’entretenir avec toi.
- Pour l’instant, il faut mener une petite expédition vers le beffroi. Seule, je n’avais aucune chance, mais, avec Shad et Élise... »
Knaël avait vu de quoi ces deux femmes étaient capables. Les soldats présents n’étaient pas des guerriers-nés, ils se battaient avec acharnement, mais aucun n’aurait le courage de grimper jusqu’au beffroi. Maintenant que l’ennemi avait perdu bien des hommes lors de ce siège avorté, c’était leur chance. Le beffroi se trouvait sur une colline au milieu de Koldoue, entouré de remparts. C’était le fort historique, et il comprenait d’ailleurs encore quelques dépendances.
« Vous pourriez passer par les grottes et rejoindre le beffroi en empruntant les cryptes, mais l’endroit doit maintenant grouiller d’araignées... »
La paladine acquiesça doucement. Elle se déplaça encore, et rejoignit une longue table, étalant une carte dessus.
« Aoife a récupéré cette carte en allant plaider sa cause, expliqua-t-elle. Ce sont les plans du beffroi et du quartier environnants. J’ai eu le temps de les analyser. »
Des plans très précis, avec des mesures faites à l’échelle. Elle désigna du doigt un toit situé à côté d’un rempart.
« Ici. Avec l’aide d’un grappin de dix mètres, depuis ce toit, nous pourrons l’accrocher à une meurtrière, et rejoindre le beffroi. L’endroit sera très bien gardé, mais il n’y a aucune autre solution. Et puis, Élise pourra grimper au sommet, pendant que je ferais diversion avec ton aide, Shad.
- Si tu le veux, bien sûr, renchérit Médonée. Mais c’est toi qui as la meilleure expérience ici en ce qui concerne les Grands Anciens et le Roi Cramoisi. »
C’était sans doute là la principale raison pour laquelle la Déesse Sha souhaitait ensuite rencontrer la Terranide...
-
Observant la carte déployée sur la table, la Lycane tentait d’en retenir le plus d’information. La mission serait loin d’être aisée, William devait s’attendre à une attaque sur le beffroi pour permettre aux réfugiés de s’enfuir. Même dans la mort, Regan continuait à faire preuve de fourberie afin de ralentir les troupes ennemies. Tout ce qu’elle espérait c’était qu’après cette prochaine excursion, rien d’autres ne viendraient entraver leur fuite de la cité. Elle avait également acquiescé aux dire de Sybille quant à sa prochaine rencontre avec la déesse Sha, même si pour la Terranide, elle ne voyait pas trop ce qu’elle pourrait lui apprendre de plus. Mais soit, si elle était mandée par une déesse qui était-elle pour refuser ? Ecoutant attentivement le plan d’approche, elle regarda Médonnée par la suite :
« Mon expérience avec les Grands Anciens n’a rien à voir Médonnée, nous parlons ici de prendre d’assaut à beffroi, détruire une orbe et permettre au portail de fonctionner parfaitement. Quant au Roi Cramoisi….Nous aurons bien sûr affaire à ces araignées et qui sait…aussi de sa magie. Mais nous avons pu voir avec Elise que cette magie peut être très influente et…instable pour toute personne ne pouvant contenir sa puissance. Je ne sais pas si William Hamleight sera assez fou pour s’y risquer après ce qui est arrivé à sa mère. »
La Louve pointa du doigt les différents accès aux grottes et aux cryptes qu’Elise et elles auraient pu potentiellement emprunter si elles ne risquaient pas d’être envahies par une horde d’araignée.
« Il y’a de forte risques que les araignées qui se terrent dans ces endroits accourent pour aider ceux se trouvant sur le beffroi…N’y aurait-il pas un moyen de bloquer leur progression ou du moins les ralentir pour nous laisser une marge de manœuvre ? »
Se retrouver entourer d’araignées géantes n’était pas réellement dans les ambitions de la Terranide, surtout après l’évènement passé dans la demeure des Hamleight. A bien y réfléchir le plan était des plus simples, encore fallait-il que ce dernier se passe sans accroc.
« Je participerais à cette opération… »
En espérant qu’il n’y ait pas de mauvaises surprises.
….
Après avoir discuté des derniers points importants, le groupe se tenait prêt à attaquer le beffroi. La Lycane n’escomptait qu’une seule chose : Que tout se passe sans encombres, mais avec ce qu’elle avait vécu depuis son arrivée à Koldoue, son instinct lui disait que cela n’était qu’une pure utopie. Grâce à la carte trouvée par Aoife, le groupe put atteindre les remparts sans trop de difficultés, se cachant dans les ombres pour ne pas attirer l’attention. Quant aux grottes et aux cryptes, la Louve espérait bien qu’une solution soit apportée à ce potentiel problème…
Mais à présent, il était temps d’agir. Les grappins furent envoyés et s’accrochèrent aux meurtrières. Quelques petites secondes d’attentes pour être sûrs que personnes ne les avaient attendus. La voie était libre et le groupe escalada le premier mur, certains plus aisément que d’autres. Et comme Knaël avait pu le mentionner…l’endroit était finalement très bien gardé. A peine la Terranide avait passé la meurtrière que déjà elle devait faire face à des gardes. La diversion était donc entamée et la Louve s’assurait du moins qu’elle pouvait de garder l’attention des gardes afin que ces derniers ne puissent voir la progression d’Elise.
Ses flammes outres le fait de les attaquer servaient également à les aveugler. Une simple orbe à détruire, cela ne devait pas être bien compliqué ! Et bien qu’elle était quelque peu occupée de son côté, une des oreilles de la Louve était dirigée vers Knaël, prête à réagir à tout ordre ou indication qu’elle pourrait lui donner. Bien vite cependant, les troupes commençaient à affluer, l’alerte avait été belle et bien lancée…Au moins la distraction semblait fonctionner.
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« J’ai déjà ralenti les araignées, et je continue à le faire, expliqua Médonée. Elles se déplacent sous terre, alors nous avons condamné beaucoup des voies de sortie des égouts. Cependant, il est impossible de tout sécuriser. Il y a des entrées dans des caves, des entrées anciennes qui ne sont même plus répertoriées… J’ai aussi entoilé beaucoup de voies d’égout pour ralentir leur progression, mais c’est une issue temporaire. »
Il fallait pour l’heure se féliciter de ce que White Elise ait déployé, pour le moment, très peu de ses araignées. Knaël et les autres affrontaient donc surtout les forces de William Hamleigh pour le moment. Shad accepta en tout cas de faire partie de cette équipe, de cette ultime mission pour permettre d’en finir. Le groupe se mit donc en place, Knaël menant la marche. La femme était une professionnelle. Elle avait après tout la réputation d’être l’une des meilleures soldates d’Ashnard, le légendaire Centurion d’Argent. En chemin, ils croisèrent plusieurs groupes de goules, qui ne leur posèrent aucune difficulté. Knaël dansait sur place, alternant entre attaques physiques précises et mortelles et des attaques magiques redoutables et acérées.
Plusieurs des mercenaires de William leur tombèrent également dessus. Les toiles d’Élise s’emparaient des archers situés sur des postes surélevées, les balançant violemment au sol. Avec ses toiles, la femme était redoutable, surtout qu’Élise avait soif de vengeance. Elle avait dû avouer à Médonée que leur peuple n’était plus. La Forêt des Toiles avait disparu, entraînant dans sa chute tous les gens qu’Élise avait, pendant des années, protégé en son sein. Cet échec ne laissait désormais plus qu’une froide et terrible vengeance, qu’Élise comptait exercer à la fois sur les Hamleigh et sur White Elise. Tuer Regan n’avait nullement permis d’épancher sa soif, et le désir de venger ses anciens sujets.
Le groupe rejoignit une maison permettant de rejoindre les toits. Des pillards se trouvaient à l’intérieur, arrachant les dents des victimes. L’épée de Knaël rougeoya encore en les égorgeant, puis le groupe atteignit ensuite le grenier. Une trappe leur permit d’accéder au toit.
« Par ici. »
Dans les hauteurs, Koldoue était en feu. Des flammes partout, un ciel rouge, moribond. Une vision d’apocalypse, tandis que le beffroi se dressait. Les Hamleigh avaient pendu le long des murs entourant cette citadelle improvisée les cadavres des anciens conseillers municipaux de la ville. Des flammes dansaient depuis cette position. Knaël déploya son grappin, mais Élise fut la première à grimper, à l’aide de ses pattes arachnéennes. Elle rejoignit ainsi une plateforme, et l’une de ses pattes transperça au passage le crâne d’une sentinelle, jetant ensuite le cadavre au loin.
Autour du beffroi, les tueurs de William Hamleigh avaient réuni les cadavres, créant des feux de joie, tout en rassemblant aussi les trésors de la ville. Ils chantaient et festoyaient, tandis que, dans des dépendances et dans des granges, les femmes encore en vie, qu’elles soient des servantes ou des nobles, se faisaient violer en répétition.
Knaël se mit en position, et lança une boule de feu vers l’un des feux de joie, amplifiant considérablement ce dernier. Une explosion en jaillit, transformant en torchères humaines une demi-douzaine de mercenaires. Ils poussèrent des hurlements paniqués, et Knaël enchaîna ensuite en générant des cristaux de glace, abattant d’autres tueurs.
« Intrus !
- Des intrus ! »
La bataille commença à faire rage. Knaël bondit sur ses ennemis, tournoyant sur place. Elle fendilla le torse d’un homme, et le repoussa à l’aide du Signe d’Aard, l’envoyant heurter d’autres ennemis, puis frappa sur le sol avec sa main, déclenchant un sort de Terre qui repoussa d’autres ennemis. Polyvalente, Knaël faisait partie de ces rares individus maîtrisant les Signes magiques des sorceleurs, preuve, s’il en fallait encore, de l’immensité de son talent. Elle était une véritable tornade, bondissant sur ses ennemis. Un arbalétrier tenta de la viser au loin, et, alors qu’il croyait enfin avoir un angle, le regard de Knaël se porta sur lui pendant une demi-seconde, un quart de tour… Puis un couteau de boucher qu’elle avait ramassé de la main d’un récent cadavre se retrouva planté entre les deux yeux du tueur.
Élise, de son côté, avait profité de la situation pour grimper le long du beffroi. Régulièrement, elle attaquait des défenseurs jaillissant depuis des plateformes ou des fenêtres, les balançant dans le vide, jusqu’à rejoindre le dernier étage. Elle s’appuya sur le rebord du dernier étage, et grimpa encore. Il y avait une énorme cloche, et, sous elle, un piédestal avec la fameuse orbe.
Et, au même moment, un filament de toile frappa de plein fouet Élise, et la fit tomber en arrière. La Reine des Araignées bascula dans le vide, tandis que, parallèlement, au pied du beffroi, la porte d’entrée de ce dernier explosa brusquement, libérant une flopée de mandibules et d’araignées géantes.
« Que d’agitation ce soir ! » exulta une voix moqueuse et puissante qui émergea au milieu des araignées.
Elle était finalement là. Tenant l’orbe avec elle, White Elise (http://img110.xooimage.com/files/3/8/5/odhqk6k-4e38fc4.jpg) se tenait face à Knaël et à Shad, accompagnée de ses multiples araignées.
-
« Elise !! »
La Terranide vit la Reine des Araignées tombaient dans le vide tandis qu’au même instant White Elise faisait son apparition, ne laissant ni à Knaêl, ni à elle-même d’utiliser leurs diverses capacités pour rattraper Elise dans sa chute. Mais la Lycane n’était pas dupe, elle savait qu’Elise était emplie d’une envie irrépressible de vengeance et cette chute, ne serait qu’un contretemps. Elle allait se rattraper, ce fait était indéniable. A peine White Elise s’était-elle révélée au grand jour que ses araignées jetaient des filaments gluants vers les deux femmes, quand elles ne sautaient pas simplement vers elles, pattes déployées et crochets en avant. La Terranide invoqua des flammes qui tournoyaient autours des deux femmes, brûlant tout fil de soie qui s’approchaient un peu trop prêt d’elles. La mobilité leur été bien évidemment possible, les flammes suivant leurs mouvements.
Cependant, la Louve ne savait pas combien de temps cela pouvait durer et surtout si ses flammes pourraient venir à bout d’une quantité pharamineuse de soie. Mieux valait en finir le plus vite. Elle changea de forme, optant pour une plus combative, la lycanthrope. Elle accueillit une des araignées sauteuses, griffes en avant, ses armes naturelles se plantant dans la chair de l’ennemi, la laissant convulser par la suite sur le sol. Bien que ces bêtes aient un exosquelette solide, il existait un endroit dans leur anatomie qui était sans contexte leur point faible : leur abdomen. Et c’est sur ce point précis que la Louve dirigeait ses attaques. Elle sauta sur le côté évitant un coup de pattes, envoya une boule de feu qui explosa à l’impact faisant renverser l’araignée avant de lui assigner un dernier coup la laissant sur place.
Mais…Tout cela était trop simple. Bien trop simple, les araignées étaient nombreuses et pourtant, la Terranide avait l’impression qu’elles attaquaient chacune leur tour. Ce n’était pas logique, que pouvez donc préparer White Elise ? Surtout que cette dernière pour le moment, ne semblait pas bouger, elle…observait tout simplement, tenant l’orbe d’un air narquois au creux de sa main. Elle avait l’avantage du nombre et pourtant elle ne demandait pas à ses araignées d’attaquer toutes en même temps. Deux raisons étaient possibles : Soit elle voulait gagner du temps, et dans ce cas, dans quel but ? Soit, elle s’amusait tout simplement, jouant avec ses cibles tel un chat jouerait avec une souris qu’il aurait chassée avant sa mise à mort.
Un sentiment étrange traversa l’échine de la Louve, une sensation qu’elle avait déjà pu ressentir deux fois par le passé. Soit c’était son imagination, soit il leur fallait agir au plus vite, car il lui semblait qu’un mal tapis non loin d’eux n’allait pas tarder à émerger.
« Quelque chose n’est pas logique Knaël….j’ai une mauvaise impression…Une TRES mauvaise impression…. »
Et qu’en était-il d’Elise ? Avec tous cela, la Terranide n’avait pu voir si elle avait réussi à amortir sa chute….Et si tel était le cas, où était-elle à présent ? Entre temps, quelque peu lassée de son petit jeu, White Elise envoya plus de troupes sur les deux femmes, chacune se défendant avec les capacités qui lui étaient propres. La Terranide n’était pas à changer de formes pour s’adapter plus facilement à certaines situations et ne faisait pas dans la demi-mesure quant à l’utilisation de ses flammes. Mais ce sentiment d’alerte, persistait et son instinct animal lui dictait de fuir…
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« C’est donc toi, la fameuse Louve… Et toi, Knaël, celle qui a tué Phalanx ? »
La voix de White Elise était exactement la même qu’Élise. Tandis que la reine arachnéenne originaire était tombée dans le vide, son clone envoya plusieurs araignées attaquer simultanément les deux femmes. Shad déploya ses boules de feu pour repousser les monstres, pendant que Knaël, de son côté, pivota sur place, frappant avec sa lame, tranchant les pattes avant d’une araignée d’un mouvement circulaire de bas vers le haut, puis termina en décapitant le monstre. L’araignée velue s’effondra lourdement sur le sol, vaincue. Suite à cela, White Elise se mit à ricaner, et surplomba les deux femmes à l’aide de ses toiles, avant de se poser élégamment sur le corps d’une araignée.
Autour d’elles, Koldoue était en feu. Une vision cauchemardesque, tandis qu’il ne semblait y avoir nulle trace d’Élise.
« Qui es-tu ?! hurla Knaël.
- Je suis ce qu’Élise aurait toujours dû être, rétorqua simplement la femme en écartant les bras. Ce qu’elle aurait été si elle n’avait pas laissé la peur commander sa vie. Mais Élise n’était qu’un accident de parcours, une erreur séparée de son père. Moi, j’ai été conçue pour être sa version améliorée. Une simple fille, comme elle… Qui a bénéficié des mêmes pouvoirs qu’elle, mais avec mon père pour me former.
- Ton père ? »
White Elise se déplaça lentement. Des griffes bleuâtres dansaient au bout de ses doigts, tandis qu’un sourire moqueur étira ses lèvres.
« Le Roi Cramoisi, Knaël. De qui d’autre pourrait-il s’agir ? Son œil s’est posé sur Élise, tout comme il s’était posé sur Phalanx, ce Colosse conçu par la Tortue pour la protéger. Nous te remercions au passage de l’avoir tué. »
Knaël était devenue une guerrière ashnardienne exceptionnelle, le Centurion d’Argent, quand elle avait réussi à vaincre un Colosse, le puissant Phalanx (http://img109.xooimage.com/files/1/f/3/phalanx-45f2a28.png). Les Colosses étaient d’antiques monstres, d’étonnantes créatures uniques en leur genre, qui vivaient dans des endroits reclus de Terra. Knaël avait réussi à le vaincre au terme d’un rude combat, où elle avait bien failli perdre la vie à plusieurs reprises. Phalanx vivait dans un désert, et elle avait dû grimper sur son corps pour le vaincre, un affrontement homérique qui avait eu lieu dans les airs et au sol, et s’était terminée par sa victoire.
Cependant, elle avait toujours soupçonné que les Colosses étaient autre chose que de simples monstres. Et ce que White Elise était en train d’insinuer ne faisait que confirmer ces lointaines appréhensions.
« La Tortue ? Mais de qui parles-tu ?! »
Pour toute réponse, White Elise éclata de rire.
« Tu ne sais donc vraiment rien, ma pauvre ! gloussa-t-elle. Mais cela n’a rien de surprenant… »
Elle bondit alors sur le sol, et atterrit devant les deux femmes.
« Tout ceci vous dépasse complètement. La Machine de Mandus, les Dieux Anciens, la R’lyeh que tu as vu en Enfer, Shad, Phalanx… Tout ça forme une toile dans laquelle vous êtes engluées toutes deux… Et je vais avoir l’immense honneur de vous tuer toutes les deux. Un magnifique cadeau à offrir à Père… Qui sait ? Peut-être ne me torturera-t-il pas, cette fois… »
White Elise bondit alors vers les deux femmes.
« Shad, attention ! »
Très rapide, la femme arachnéenne allait frapper avec sa main griffue, mais Knaël s’interposa au même moment avec son bouclier. La main de la Reine se heurta à ce dernier, provoquant une violente onde de choc qui fit trembler Knaël. Le Centurion tint toutefois bon, et Knaël attaqua avec son autre main, abattant sa lame sur son adversaire, qui esquiva en bondissant en arrière, et cracha ensuite des filaments de toile avec ses doigts.
Plutôt que de chercher à parer, Knaël se téléporta, évitant les jets, et lança une boule de feu en revenant à elle, que White Elise fendit d’un coup de patte.
« Rapide ! Réactive ! Comme c’est stimulant ! » ironisa White Elise.
La femme n’était visiblement guère plus impressionnée que cela par les exploits des deux femmes lui faisant face…
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Oui, tout cela la dépassait. La Louve était en effet prise dans une toile dont elle n’arrivait qu’à comprendre qu’un fragment. Et à chaque fois d’autres éléments venaient se rajouter, rendant la chose encore plus incompréhensible. La Tortue ? Phalanx ? De quoi pouvaient-elles bien parler ? Pour le dernier, Knaël semblait en avoir une certaine connaissance mais pour l’autre….Quelles pouvaient être la signification des paroles de White Elise ? Il était fort probable que cette dernière leur ait fait des révélations de la plus haute importance pour la simple et bonne raison que pour elle, Knaël et Shad allait périr ici et maintenant. Cependant toutes ces nouvelles informations devront attendre un peu avant d’être analysées.
« Shad, attention ! »
La Lycane se prépara d’instinct à l’impact, croisant ses pattes en croix devant elle mais le ceinturion fut plus rapide et le choc des griffes de White Elise contre son bouclier résonna sur plusieurs mètres à la ronde. La Terranide ne resta pas inactive et bondit également en arrière pour s’éloigner de leur adversaire. Elle ne possédait pas de pouvoir de téléportation mais pouvait également apporter son aide en attaquant White Elise sur d’autres fronts. Elle se mis ainsi à coopérer avec Knaël, attaquant White Elise, cherchant perpétuellement à rester dans son angle mort. Mais leur adversaire était redoutable et très peu de leurs attaques arrivaient à l’atteindre. Et quand bien même, elle en riait. Tout cela ne semblait qu’être qu’une formalité pour elle.
Remarquant que les araignées revenaient également mettre leurs grains de sels, la Terranide émis un grognement. Si elles venaient à trop se concentrer sur White Elise et à oublier ses serviteurs, cela pourraient leur être fatal. D’autant plus que ces derniers commençaient déjà à envoyer leurs filets de soie pour gêner leurs mouvements et les obliger à prendre une autre approche pour combattre leur adversaire.
« Je m’occupe d’eux ! Concentres toi sur elle Knaël ! »
Il n’était pas très difficile d’attirer l’attention des araignées. La Terranide s’était fait avoir par ces dernières lors de son excursion avec Elise chez les Hamleight…Cela ne se reproduira plus. Elle avait pris conscience que la moindre faute, la moindre garde baissée et cela pouvait conduire à une fin plus que douloureuse. Envoyant des projectiles enflammés, la Lycane s’assurait que les araignées tournent son attention vers elle. Elle vint même à essayer de les attirer loin du champs de bataille entre White Elise et Knaël.
Usant de ses pouvoir de polymorphie, la Terranide jouait entre sa forme animale pour éviter rapidement les jets de soie gluante et sa forme de lycanthrope quand elle était assez à porter pour sectionner d’un coup de griffe une patte ou tout simplement ouvrir l’abdomen de la créature. Mieux ne valait pas faire la fine bouche avec toutes les tripes qui commençaient à être répandues sur son corps. Cependant, cette bataille commençait à s’éternisé et si rien ne venait changer la donne, la Louve ne donnait pas cher de leur peau. Malheureusement, il lui était impossible de voir le déroulement du combat principal, ou du moins de s’y attarder. La seule chose qu’elle pouvait faire c’était d’attirer toute nouvelle araignée vers elle. C’était toujours une nuisance en moins pour le chevalier à gérer, surtout face à un adversaire tel que White Elise.
Elise était-elle réellement dans le vide et avait fini sa vie, le corps en morceaux contre le sol de Koldoue ? C’était une hypothèse que la Terranide refusait de croire.
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« Mon père ne pourra jamais suffisamment te remercier, Knaël, pour tout le bien que tu nous as fait ! »
Rapide et meurtrière, White Elise attaqua encore la femme. Ses griffes se heurtèrent une nouvelle fois à son bouclier, mais la femme-araignée bondit dans les airs, survolant Knaël, et lança avec ses doigts des filaments argentés électriques. Knaël leva alors son poignet, générant autour de ce dernier un bouclier magique contre lequel les toiles rebondirent. Le temps que White Elise atterrisse au sol, Knaël avait armé son autre bras, et lança une longue langue de feu, qui fusa droit vers la femme. Celle-ci, ne pouvant l’esquiver, se protégea avec un filament de toiles, qui recouvrit son corps, puis bondit en avant, à travers les flammes. Son genou frappa le menton de Knaël, déstabilisant cette dernière en lui arrachant un caillot de sang.
Elle contre-attaqua toutefois, repoussant White Elise avec un revers de son bras, sa main gantée giflant la femme à la joue, repoussant la sorcière arachnéenne. Parlant bien moins que White Elise, Knaël donna ensuite un coup d’épée en pointe, afin de la transpercer dans le dos, mais son adversaire esquiva l’attaque en bondissant à nouveau dans les airs. L’épée se planta dans le vide, tandis que White Elise apparut à côté de Knaël, et bondit encore sur elle, toutes griffes déployées… Mais, cette fois, ce fut Knaël qui évita à l’aide d’une pirouette, tout en frappant avec son épée. Encore une fois, son adversaire esquiva de justesse la lame en se roulant sur le côté, mais offrit, par ce biais, une ouverture à Knaël. Le pied de la femme jaillit, et frappa la tueuse au visage, lui arrachant un hurlement de douleur.
« Sale pute, je vais mettre fin à ton existence, et… »
Knaël ne put achever sa phrase, car une araignée, voyant le danger pour sa Maîtresse, avait bondi sur Knaël, sa tête immonde la frappant au ventre. Knaël tomba sur le sol, et posa ses mains sur les deux mandibules de la bête, qui mordit dans le vide, ses multiples yeux arachnéens fixant avec voracité la guerrière. Le corps velu de l’araignée se mit à remuer, ses pattes fendant le sol tandis qu’elle cherchait un moyen de tuer la guerrière, de lui croquer un bras. Serrant les dents, Knaël se concentra, avant de se faire traîner sur plusieurs mètres par l’araignée, qui se déplaçait furieusement.
Les mains de Knaël s’illuminèrent alors d’une aura blanche, tandis qu’elle déployait un sort de Gel. Elle congela ainsi les mandibules, puis les brisa avec ses doigts, la douleur éclatant dans le corps de l’araignée, son sang aspergeant le torse et le visage de la guerrière. Elle eut néanmoins suffisamment de répit, pour récupérer une dague attachée à sa ceinture, et la planta dans le crâne de l’araignée, crevant plusieurs yeux au passage, envoyant voler des morceaux de pus sur ses bras.
Knaël se redressa alors, juste à temps pour entendre le ricanement de White Elise, et se reçut un coup sur la côte, qui l’envoya valser sur plusieurs mètres. Elle roula au sol, rebondit à plusieurs reprises, et se releva ensuite, sonnée. White Elise bondissait déjà sur elle, et Knaël, plutôt que de chercher à parer, roula sur le côté, évitant la charge, et lança des arcs électriques sur la femme. Des éclairs sifflèrent depuis ses doigts, mais se heurtèrent aux carapaces de White Elise, qui attrapa la femme par la gorge, et la plaqua contre le mur.
« Argh !
- C’est décevant, je m’attendais à mieux.
- Va chier, sale pute…
- On a construit toute une légende sur le fameux Centurion d’Argent et tes soi-disants pouvoirs.
- Et toi… Tu n’es rien d’autre qu’une mauvaise copie un peu trop pâle. »
White Elise fronça les sourcils.
« Je… JE SUIS BIEN MEILLEURE QU’ÉLISE, SALE PUTE !! JE LA REMPLACERAI ET JE FERAI CE QU’ELLE N’A JAMAIS EU LE TALENT DE FAIRE !! »
Knaël avait visiblement touché un point sensible, et sentit les griffes se resserrer sur son cou. Toutefois, elle eut le temps de se concentrer, et généra deux sphères d’Air qu’elle relâcha alors. Une onde de choc repoussa White Elise sur plusieurs mètres, et Knaël ouvrit ensuite sa main. Son épée, disparue sur le sol, s’envola comme par magie, aimantée vers sa paume, et elle s’en empara, puis courut rapidement vers la femme. Surprise, White Elise cracha des filaments de toile, mais Knaël avait déjà bondi dans les airs, et s’abattit sur elle. Son épée se planta dans le vide, car la femme avait évité, et, au même moment, plusieurs araignées bondirent sur Knaël. Celle-ci envoya une boule de feu sur une araignée, et pivota sur place, tranchant une autre araignée avec sa lame. Des toiles saisirent alors ses jambes, et, le temps qu’elle le réalise, Knaël se retrouva couchée au sol, et traînée sur plusieurs mètres. Son visage heurta des ronces, des branches, du bitume, jusqu’à se retrouver sous une araignée qui chercha à l’entoiler… Mais Knaël se retourna, et envoya une puissante onde d’Air depuis sa paume, alors qu’elle se trouvait sous le corps de l’araignée, envoyant voler cette dernière sur une quinzaine de mètres, la faisant tomber dans la ville.
À proximité d’elle, Shad continuait à combattre les araignées, alternant entre ses différentes formes pour maximiser ses chances. Elle vit un filament de toiles frapper alors le visage de Shad, qui se métamorphose pour faire fondre les toiles, et une araignée bondit alors sur Shad, la frappant dans le dos, la couchant au sol, au milieu d’autres araignées.
« SHAD !
- MEURS !! »
White Elise bondit sur Knaël, et se tint au-dessus d’elle… Quand une femme jaillit brusquement, et l’intercepta en plein vol, l’envoyant rouler à terre, tandis que les araignées attaquant Shad se calmèrent brusquement.
« Tu croyais vraiment pouvoir me voler mon royaume ?! »
White Elise se redressa lentement, faisant face à… Élise ! La femme se tenait là, debout, et usait de ses pouvoirs mentaux pour contrer l’influence de White Elise sur les araignées, ce qui donna finalement lieu à un pugilat entre elles.
« Tu te refuses toi aussi à crever, hein ? grogna White Elise en se relevant. Je vais en finir avec toi ! »
La femme bondit alors sur Élise, qui sauta sur le côté, et la frappa avec ses pattes arachnéennes, envoyant voler White Elise. Sans attendre plus longtemps, Élise bondit à sa suite, se catapultant également dans les airs, et les deux femmes disparurent ensuite dans la ville.
Au milieu du chaos ambiant, Knaël se redressa lentement, et allait utiliser un sort de Soin pour guérir de ses blessures… Quand un homme apparut à côté d’elle, et la frappa violemment au visage avec un gantelet. Elle tomba encore à terre, tandis qu’une voix forte se mit à résonner :
« Il semblerait que je doive encore tout faire moi-même. »
Face à Knaël, William Hamleigh tenait une épée encore rouge du sang des individus qu’il avait fait passer dessus, et il brandit sa lame, prêt à l’enfoncer sur elle…
-
Roulant rapidement sur le dos, la Terranide attrapa de justesse les deux crochets qui s’apprêtaient à la pourfendre de part en pars. Son visage encore enduit de fils gluants, elle utilisa à la fois ses flammes pour détruire ces derniers et lui permettre de mieux voir et pour maintenir les autres araignées à distance. Se concentrant, elle commença à former une boule de feu dans l’optique de la faire exploser juste sous le ventre de l’horrible bête avant de remarquer qu’elle…arrêtait tout simplement. Arrachant le reste de toile qui lui était resté figé, la Lycane pu entrevoir White Elise et Elise partir au cœur de la cité en flamme. Et au vue des réactions des araignées, tout portait à croire qu’Elise avait réussi à récupérer le contrôle de certaines d’entre elles. Mais pour combien de temps ?
Se relevant, la Louve observa un instant le champ de bataille. Les araignées étaient pour l’heure inertes et semblaient attendre qu’un vainqueur soit désigné entre les deux femmes. Et ce répit était le bienvenue ! Cependant, mieux ne valait pas baisser sa garde et la Terranide chercha rapidement du regard Knaël. Par chance, elle semblait être sur le point de se soigner et…elle fut violemment frappée et mis au sol par un nouvel arrivant. Le sang coulant le long de son épée ne lui présageait rien qui n’aille. Et quand il leva son épée pour l’abattre sur Knaël, le sang de la Terranide ne fit qu’un tour. Sans réfléchir, elle se jeta entre la guerrière et l’inconnu, l’une de ses propres armes parant l’attaque mortelle. Elle lança par la suite une boule de feu directement sur le sol, levant un nuage de poussière et tirant Knaël hors de portée de son agresseur.
Un grognement lui échappa. Ha si au moins elle avait un sort de soin ! Mais non, la Terranide ne pouvait jouir de cela ! Et surtout qui était cet homme ? Se plaçant devant Knaël, la Terranide se mis en position de défense. Cet homme…Elle n’avait aucune idée de qui il pouvait être mais elle le sentait, il était plus judicieux de le fuir que de s’en approcher, ou même de l’affronter. Mais pouvait-elle la laisser ici et sans défense ? Bien sûr que non.
« Si tu veux te soigner Knaël, c’est quand tu veux….Cet homme ne m’inspire pas confiance. »
Et pour cause ! Si la Lycane savait qui il était, elle comprendrait mieux d’où lui venait toute cette méfiance à son égard. Entre temps, les araignées s’étaient rassemblées autour du trio et avaient formé un cercle. On aurait pu croire à une sorte d’arène sommaire faite à la va-vite. Les mandibules claquaient dans les airs mais aucune ne lançaient la première attaque. Les araignées semblaient toujours attendre….Et tant mieux ! L’Okami se voyait mal devoir affronter ces bêtes et…cet homme. Etait-ce lui la menace qu’elle avait ressenti quelques instants plus tôt ? A bien le regarder il partage des traits avec Regan, ainsi qu’une once de son odeur…
« Et merde. »
Oui, elle ne trouva rien d’autre à dire. William Hamleight se tenait face à elles et au vue de son épée pleine de sang, il ne faisait aucun quartier face à ses adversaires. La Louve avait pu entendre quelques récits à son sujet et savait à quel point il pouvait être dangereux déjà à l’époque. Mais maintenant qu’il servait le Roi Cramoisi…avait-il aussi une once de pouvoir de ce dernier ?
-
« Toi... Misérable louve ! Comment as-tu pu OSER faire ça à MA MÈRE ?! »
Délaissant soudain Knaël, William Hamleigh se rua vers la jeune Louve, pendant, que tout autour d’eux, les araignées, après une courte pause... Se mirent à s’affronter entre elles. Les araignées restées fidèles à White Elise affrontèrent les autres, dans un enchevêtrement incompréhensible de mandibules. L’épée de William Hamleigh, rouge de sang, s’enflamma alors brusquement, et il tendit sa main vers Shad, concentrant une boule de feu dans cette dernière, confirmant ainsi qu’il avait hérité de quelques tours de sa mère. Toutefois, lorsqu’il lança la boule, une araignée s’interposa, et s’enflamma à la place de Shad, et, le temps que William la repousse, Knaël jaillit encore, sa lame se heurtant à celle de William.
L’Ashnardienne était fidèle à sa réputation. Du sang coulait de son visage après le coup de poing tonitruant du seigneur démentiel, mais elle ne comptait pas arrêter si facilement.
« Dégage, sale pute ! vociféra William.
- Toi... Toi d’abord, sale taré !
- Haaaaa, vous allez tous payer !! »
Le corps de William s’auréola alors d’un halo de feu, et des flammes mortelles jaillirent tout autour de lui, tels de redoutables geysers incandescents. Il repoussa Knaël, et deux de ses hommes, des fanatiques qui avaient traqué et battu des sorcières, s’élancèrent sur elle, tandis que lui s’élança à la poursuite de Shad.
« Reviens, sale Terranide ! Je vais te décapiter, sale pute !! »
Pendant ce temps, Élise rebondit sur le toit d’une maison, en contrebas du beffroi, et eut à peine le temps de se redresser que White Elise bondissait sur elle. Son genou frappa la Reine arachnéenne au visage, la déstabilisant, et, alors que White Elise comptait en profiter pour la frapper une seconde fois, un jet de toiles jaillit de la main d’Élise, l’atteignant en plein visage. Élise bondit alors sur elle, et bondit dans les airs, envoyant White Elise passer à travers le toit d’une maison. Elles atterrirent dans le grenier et le traversèrent pour rejoindre l’étage du dessous, au milieu des flammes.
Là, White Elise la repoussa contre le mur, et se redressa alors, furieuse.
« Tu meurs ce soir, salope, je ne souffrirai plus jamais à cause de toi !
- Je ne te connais même pas !
- Qu’est-ce que j’en ai à foutre ?! »
Les mains de White Elise s’illuminèrent encore d’une lueur bleuâtre, et elle sauta vers sa cible, raclant le mur de ses griffes, en défonçant même une partie, et sentit des filaments de toile l’empoigner encore, la déstabilisant tandis qu’Élise la tirait vers elle. Cependant, White Elise, plutôt que de se laisser tirer par les toiles, bondit avec eux, et frappa à nouveau Élise au ventre, l’envoyant valser à travers une fenêtre. La femme tomba sur le sol, et vit son adversaire sauter à sa suite. Elle eut à peine le temps de rouler sur le côté, évitant un coup de genou qui défonça le bitume, puis la frappa avec le pied sur le côté, la déstabilisant.
Élise se releva à son tour.
« Tu as massacré mon peuple ! Mes araignées s’entretuent à cause de toi ! »
White Elise se mit à glousser, et essuya le sang qui pendait de ses lèvres d’un revers de sa manche.
« Tu n’avais qu’à ne pas désobéir à Père...
- Mais qu’est-ce que tu racontes ?!
- Qu’il est temps pour toi de tirer ta révérence... Définitivement ! »
Et White Elise bondit à nouveau sur elle !
« SHAD !! Tu penses pouvoir m’échapper ? Tu paieras pour la mort de ma mère, sale pute ! »
William enflamma une nouvelle araignée, et son épée en faucha une, lui sectionnant plusieurs pattes dans la foulée, faisant couler des gerbes de sang, cherchant la trace de la Terranide, bien décidé à se battre avec elle, et à lui faire venger la mort de sa chère et tendre mère...
-
Elle s’était écartée par prudence, avançant prudemment afin d’éviter tout contact avec ce dégénéré. En temps normal, l’Okami n’aurait pas craint les flammes mais cette fois il lui semblait qu’elles auraient pu la brûler. Mieux valait rester prudent dans ce cas. Et plus que tout, un homme aveuglé par la vengeance et la haine pouvait se révéler dangereux et surtout imprévisible. Mais la Louve n’était pas sotte, le combat était inéluctable et tôt ou tard elle devrait faire face à William Hamleight. Sauf qu’en cet instant, lui faire face pouvait relever du suicide. Il était peu probable pour Shad qu’il n’ait que dans sa manche que quelques sort de pyrotechniques. Qui sait quel genre de pouvoir il pouvait encore avoir gardé en atout ?
« Ta mère serait morte même sans notre intervention ! A vouloir trop de pouvoir, elle en a payé le prix ! »
Cela…IL n’allait guère apprécier. Lui dire que sa mère était la seule responsable de sa propre mort n’était sans doute pas le choix le plus judicieux et un cri de rage et d’autres insultes vinrent confirmer les doutes de la Terranide. Que faire ? Elle ne pouvait décemment pas fuir sans arrêt ! Marchant dans une toile, son pied se retrouva subitement englué, ne possédant que peu de choix, la Lycane brûla la toile pour se libérer et la lumière engendrée par les flammes releva sa position. Elle n’eut à peine le temps de bondir en arrière pour éviter un assaut frontal que déjà William Hamleight se trouvait face à elle, arme au poing et flammes l’entourant.
Cette fois, la fuite n’était plus permit, déviant une de ses attaques enflammées avec l’une de ses propre boule de feu, la Terranide para par la suite un coup d’estoc, la lame de sa propre épée grinçant contre celle de son adversaire. Donnant un coup de pied au niveau de son ventre, elle s’éloigna de nouveau de quelques mètres et décida donc de rentrer dans la danse. Tout comme son adversaire, elle invoqua également des flammes, servant aussi bien pour l’attaque que la défense. Bien évidemment s’il venait à avoir des sorts liés à la glace, le combat serait déjà cousu de fil blanc mais même à cet instant, la Terranide restait des plus méfiantes. Qui sait ce qu’il avait encore sous le coude ? Elle avait pu voir la puissance de Regan avant que la magie ne la consume, son fils pouvait peut être au contraire, mieux contrôlé cette magie impie.
Et en parlant de contrôle, c’était à peine s’il arrivait à contenir sa rage ! Devant miser plus sur la défense que l’esquive en ce début d’affrontement, la Lycane cherchait des failles dans les postures de son adversaire, mais elle devait bien admettre qu’il ne lui laissait aucune ouverture ! Ou si une était disponible, la fenêtre était bien trop étroite pour pouvoir espérer faire mouche. Autant dire qu’elle était en mauvaise posture ! Grognant, la Terranide lâcha un juron et changea subitement de formes pour en prendre une plus combative, déjà maintes fois utilisées dans ces précédents combats à Koldoue : La Lycanthrope.
Bondissant en avant, ses griffes attrapèrent l’épée de William et sa gueule garnie de crocs claqua à quelques centimètres de son visage. Mais les flammes ardentes qu’il fit jaillir l’obligèrent à reculer. Elle riposta, envoaytn de sjets de flammes à son encontre avant de s’élancer de nouveau griffes en avant. Prenant garde à tout mouvement de son adversaire, la Louve ne se demandait qu’une chose : Qu’est ce qu’il pouvait bien cacher sous sa manche ? Mais d’un autre côté, elle espérait ne pas le savoir et pour cela, il n’y avait pas trente-six mille solutions : Le combat devait se clore au plus vite. Frappant de la patte au sol, elle leva une vague de flammes qui déferla sur son adversaire mais..encore une fois, il n’avait rien.
Si la magie était inutile, le mieux était encore d’attaquer au corps à corps malgré les risques encourus. Et dans sa forme primal, la Terranide reparti à la charge, comptant bien planter ses crocs et ses griffes dans la chair de William Hamleight.
………….
Les deux hommes entourèrent Knaël, se déplaçant prudemment tout autour d’elle. L’un tenait un filet dans sa main dont l’utilité ne faisait aucun doute quant à l’autre, il était armé d’une épée longue. L’homme au filet n’était pas désarmé pour autant car un cimeterre était accroché à sa ceinture, prêt à être dégainé. Le premier homme chargea, cherchant à capter toute l’attention de Knaël afin que son partenaire puisse lancer l’entrave sur elle.
Mais encore fallait-il que cet entrave puisse lui résister. A cela, les deux hommes n’étaient pas des chasseurs de sorcières pour rien, car leur filet était garni de symboles anti-magie qui empêchaient toute utilisation à cette dernière si une personne venait à être attrapée…
-
« Tu ignores vraiment tout, hein ? La Reine des Toiles... Pfff, quelle blague ! Tu n’es qu’une erreur de la nature, Élise, une erreur qui aurait dû être corrigée il y a bien longtemps ! »
Dans les rues dévastées de la ville, les deux femmes continuaient de se battre avec le même acharnement, avec une hargne vengeresse témoignant de leur haine mutuelle. Élise se releva après une nouvelle charge de White Élise, et évita une attaque de l’adversaire, déployant des filaments de toile pour repousser White Élise, l’envoyant défoncer un mur. Elle atterrit dans une petite cour privée avec quelques chariots et des corps en train d’être dévorés par les goules. Ces dernières se retournèrent alors vers White Élise, tandis qu’Élise bondissait sur le toit de l’une des maisons cerclant la cour. Elle vit ainsi White Élise repousser les goules en hurlant rageusement, les décapitant, les éventrant, ses griffes mortelles tranchant dans le vif avec violence et sauvagerie.
Élise cherchait un moyen pratique de les attaquer quand des bruits dans son dos la surprirent. Des malandrins approchaient, dont des archers, qui l’attaquèrent à distance. Surprise, Élise se reçut une flèche dans le torse, et, déstabilisée, tomba en arrière. Elle roula sur le toit, puis atterrit dans la cour, tandis que White Élise finissait de démembrer une dernière goule. Les yeux démentiels, le clone s’avança ensuite, et, tandis qu’Élise se redressait, elle sentit la main griffue de White Élise la saisir à la gorge, venant la plaquer sur le dos, la couchant au sol.
« Aargh... !
- Tu ne comprends pas ? L’araignée qui t’a mordu, qui a fait de toi celle que tu es... Elle n’était pas supposée te mordre ! Ta vie entière est une erreur, tu aurais dû crever la gueule ouverte dans cette forêt.
- Haaaa...
- Père a longtemps cherché qui tu étais, car il a senti qu’il avait une bâtarde... Il a finalement réussi à te retrouver, et a joint l’utile à l’agréable. Ce pays pourri n’est rien pour nous, juste un vulgaire caillou, mais sa destruction déstabilisera encore davantage les terres centrales de Terra. »
Sa poigne était en acier, solide, semblant inébranlable. Elle étouffait Élise, et leva son autre main, comme pour chercher à lui écraser la figure sur le sol avec sa main.
« Je... Je suis LIBRE ! » hurla alors Élise.
Elle se transforma alors, et prit l’apparence d’une énorme araignée velue, repoussant White Élise, et en profita pour cracher depuis sa gueule un filament de toile massif qui englua son adversaire. Élise chargea alors, telle une espèce de taureau, et sa tête heurta violemment celle de son adversaire, l’envoyant de nouveau valdinguer. Celle-ci passa à travers le portail de la cour, mais, avant qu’Élise ne puisse la poursuivre, les maraudeurs qui l’avaient attaqué dans la rue apparurent alors.
« La vache !
- Encore une de ces saloperies d’araignées ! »
Des flèches frappèrent le corps d’Élise, qui grogna rageusement, et se retourna vers eux. Les toiles jaillirent de nouveau, recouvrant le visage d’un archer, et elle s’en prit à un spadassin qui cherchait à l’attaquer avec une épée, venant lui arracher le bras en bondissant sur lui. Les autres, comprenant leur erreur, entreprirent alors de s’enfuir. Élise, furieuse de ce temps perdu, sortit ensuite dans la rue, sans voir le corps de White Élise.
La femme reprit alors son apparence normale, et regarda autour d’elle, cherchant nerveusement une trace de cette dernière...
...
De son côté, William Hamleigh se retrouva face à une louve furieuse, grosse et épaisse, qui lui bondit dessus. Le museau de la louve le frappa au ventre, le renversant sur le sol, lui arrachant son épée. Furieux, William n’avait qu’une envie, celle de les tuer, de les massacrer, de les exterminer, eux qui avaient osé attenter à la vie de sa sainte mère ! Elle était la seule personne en ce bas monde que William ait jamais vraiment pu apprécier. Que de tels individus, méprisables et sans importance, aient pu la tuer et détruire son château lui était inacceptable.
Ses mains gantées se positionnèrent pour empêcher la louve de le mordre. Les dents énormes de la Terranide monstrueuse claquaient devant son visage, et les griffes de la femme se heurtèrent à son armure, s’enfonçant légèrement. Le sang afflua, et William hurla alors, faisant fi de la douleur, et frappa finalement Shad au visage, faisant reculer la louve. Il se releva alors, et, plutôt que de tenter de récupérer son épée, envoya avec sa main une autre langue de feu. La femme en face de lui esquiva sans peine, et du feu jaillit en retour de la gueule de la louve, ciblant William. Ce dernier hurla de surprise et de douleur, les flammes venant lécher son armure magique.
« À moi ! À moi, mes braves !! »
Comprenant que la magie ne le sauverait pas, William aperçut sa lame, mais, surtout... Il y avait du feu sur lui ! Du feu ! Les yeux désormais écarquillés par la terreur, William sentait revenir en lui ses vieilles phobies et peur de l’enfance, quand, pour le sermonner, sa mère lui passait sa tête dans la cheminée, le soignant régulièrement, mais l’ayant traumatisé à jamais du contact du feu sur son corps.
Des soldats s’élancèrent entre lui et Shad, tandis que William se mettait à courir, fuyant vers le beffroi, et, tout en courant, il vit alors sur le sol la fameuse orbe magique. White Élise l’avait sûrement perdu après l’intervention d’Élise, et il s’empressa de la récupérer, avant d’aller se réfugier à l’intérieur du beffroi...
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Le lâche ! William Hamleight venait de s’enfuir, mettant entre lui et Shad, ces hommes. Au moins, la Terranide avait pu découvrir un point important : même si cet homme utilisait la magie du feu, il en était fortement vulnérable, une piste à suivre donc…Analysant rapidement la situation dans laquelle elle se trouvait, la Louve ne tarda pas à bondir sur un des soldats tandis que deux orbes enflammées filaient vers un second et un troisième homme. Ne restant jamais statique bien longtemps, elle les empêcha d’ajuster leur tir. Ne faisant pas dans la dentelle, la Louve n’avait qu’un objectif en tête, se débarrasser au plus vite de ces gêneurs et de repartir à la poursuite du seigneur Hamleight par la suite.
Mais à devoir se confronter à plusieurs adversaires à la fois, venait un instant où se retrouvait à être blessée et la Lycane n’échappa pas à la règle. Un coup d’estoc frappa son flanc et sous le coup de la colère, Shad bondit sur son assaillant, lui donnant de nombreux coups de griffes dans une rage non contenue jusqu’à ce que mort s’en suive. Les flammes furent de bonnes alliées également pour mettre fin à la vue de ces soldats. Plusieurs minutes passèrent et quand tout furent tués, la Terranide souffla, brûlant sa blessure pour éviter tout risque d’infection. Des soins plus élaborés devront attendre.
Humant l’air, elle chercha l’odeur de William et parti à sa recherche à une cadence cependant plus…réduite. Sa blessure l’empêchait de se mouvoir correctement et lui offrait donc un certain handicap dans le combat à venir. Et tandis qu’elle s’approchait du beffroi, le son d’une flèche sifflante la fit reculer d’un bond. Bien évidemment, il aurait été fort étonnant qu’il n’ait pas avec lui des hommes capables de tenir quiconque à distance. Se tenant hors de portée des archers, la Terranide chercha rapidement du regard une ouverture mais..rien. Et impossible de bien se déplacer dans son état, une autre approche était donc de mise. Regardant autour d’elle, la Louve vit au loin un groupe se battre dont au centre une femme dont la combattivité n’était plus à mettre en doute.
Profitant du chaos ambiant et de l’effet de surprise, elle attrapa l’un des hommes qui combattait contre Knaël, lui arracha le casque et planta ses crocs dans ses jugulaires avant de le jeter au sol, le reste des hommes ne firent pas long feu face à cette redoutable femme. Une petite trêve bienvenue mais l’heure n’était pas au repos. D’un mouvement de museau, la Lycane désigna le beffroi.
« William s’y est réfugié, des archers postés à différents endroits de la tour empêche quiconque de l’approcher…. »
Bien sûr il devait y avoir un moyen, mais plus cette affrontement avait lieu et plus des soldats liés aux Hamleight tombés, plus la Louve avait l’impression qu’il en venait. Et tandis qu’elle réfléchissait à un moyen d’approcher le beffroi sans être vue, une araignée vint à sauter vers Knaël, mandibules en avant prête à la mordre.
« Knaël !! »
Mais une autre araignée s’interposa et un combat entre ces deux bêtes, toutes deux contrôlées par une des Elise pris lieu et place.
« Au moins…aucune des deux Elises ne semblent prendre l’avantage… »
Ce qui était à la fois une bonne ET une mauvaise nouvelle.
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Knaël était une redoutable guerrière, qui exterminait les adversaires. C’était comme si la femme avait des yeux dans le dos. On disait après tout d’elle qu’elle était capable d’affronter des sorceleurs, et, à voir ses mouvements, son mélange entre attaques physiques et magiques, elle en semblait bien capable. Tournoyant sur place, Knaël trancha la min d’un spadassin, et pivota encore sur place, son pied frappant un autre au ventre. Elle déploya ensuite sa main, et lança une onde de choc qui repoussa deux autres tueurs. La visant de loin, un arbalétrier décocha un carreau sur elle... Que Knaël intercepta avec son épée, pivotant encore sur place. Toutefois, une araignée bondit à côté d’elle, et Knaël l’évita en bondissant en arrière. Les mandibules de l’araignée claquèrent dans le vide, et la Centurion d’Argent frappa avec son épée, tranchant trois des pattes de l’araignée, la renversant sur le sol, et le planta ensuite.
D’autres ennemis l’attaquèrent encore, et Shad intervint alors, sous une forme de louve. Pour autant, elle arrivait encore à parler, et expliqua à Knaël que William Hamleigh s’était réfugié dans le beffroi, avec l’orbe. Knaël se pinça les lèvres. Le beffroi était défendu par des archers et des arbalétriers situés en hauteur, qui décochaient de multiples flèches, tandis que des gardes à l’entrée en armure lourde repoussaient les ennemis qui s’approchaient.
« Il faut en finir avec lui. Les Hamleigh ont pactisé avec le Roi Cramoisi, leur famille fait partie de la Monarchie. »
Knaël se concentra, et généra entre ses doigts une sphère dorée, qui se mit à grossir, jusqu’à les englober toutes les deux. La paladine s’approcha rapidement, à l’aide de son Bouclier, et généra des cônes de glace, qui agirent tels des javelots. Plusieurs archers furent ainsi transpercés, et tombèrent dans le vide, ou s’écroulèrent au sol. Quelques flèches heurtaient le bouclier, faisant briller ce dernier, tandis que les hommes en armure lourde s’approchèrent, tenant d’épaisses claymores. Knaël courut vers eux, consciente que de simples ondes de choc ne suffiraient pas à renverser les hommes, au vu de leurs solides armures de plates.
Les épées s’entrechoquèrent contre la sienne, et elle les défia donc, pivotant sur place, et frappa avec sa lame dans une ouverture à hauteur du cou d’un garde. Le sang fusa ensuite lentement de son armure, et le garde s’écroula mollement au sol. Un autre l’attaqua dans le dos, avec un solide fléau qu’il faisait tournoyer en l’air, les pointes acérées du fléau étant enflammées. Knaël évita de justesse le boulet monstrueux, et l’homme attaqua encore, déplaçant régulièrement ce dernier.
« Meurs ! »
Le chaos continuait à dégénérer autour des deux femmes, tandis que Knaël cherchait un moyen de rentrer dans le beffroi.
« Allez... Misérables, disparaissez ! »
« Libre, hein ? Et qu’est-ce que ta liberté t’a apporté, Élise ? Tu vis cloîtrée dans ta forêt, à tisser tes toiles, terrorisée par le monde extérieur... Tu te drapes dans ton arrogance pour masquer tes terreurs... »
Les rues étaient étroites, sombres, sinueuses. Élise s’avançait lentement, faisant fi de la fumée qui montait, des flammes qui croissaient ici et là. Le chaos régnait partout, et elle se déplaçait lentement, recherchant White Elise, sans encore la voir. Elle rôdait dans le coin, se déplaçant dans les ombres.
« ...Tu ne mérites pas ce don, Élise, je suis venue pour corriger l’erreur de ta présence. »
Il était inutile de répondre à ses provocations. Élise rejoignit une impasse sombre, menant à une petite cour d’intérieur où plusieurs goules s’enfuirent à son approche, laissant les cadavres démantibulés de plusieurs chiens. La Reine déchue se retourna alors brusquement, cherchant son adversaire. Contre les murs, et même sur certains pavés du sol, elle apercevait des traces de toiles, des filaments argentés.
Élise continua à marcher, toujours sur ses gardes, s’attendant à la voir débarquer. Cette femme était extrêmement nocive et dangereuse, ce qu’elle avait prouvé à maintes reprises. Face à elle, Élise se devait de rester la plus vigilante possible. Quelque part, près d’elle, White Elise rôdait, silencieuse, mortelle, terrible...
« SALOPE ! »
Elle bondit brusquement depuis un toit. Élise bondit en arrière, évitant la charge du clone, qui défonça le sol, faisant voler plusieurs pavés. Son adversaire la chargea alors, évita un filament de toiles en bondissant en hauteur, puis s’abattit sur White Elise. Les deux femmes se heurtèrent, se livrant à un combat très intense au corps-à-corps. Cependant, la colère ne régentait plus les actions d’Élise, qui profita d’un moment d’inattention pour entoiler la cheville de White Elise, la collant au sol, déstabilisant cette dernière, offrant ainsi l’occasion à Élise de le frapper violemment avec ses pattes en tournoyant sur place.
Le coup renversa son adversaire, l’envoyant s’étaler sur le sol.
« Tu n’es qu’une pâle copie, White Elise... Une erreur qui a cru pouvoir me surpasser. Par ta faute, ceux que j’avais juré de protéger sont morts... Et ça, tu vas me le payer ! »
Ce n’était pas là une parole en vain, mais une promesse.
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L’avantage quand on combat avec une guerrier aguerris à ses côtés c’est que, des fois, il arrivait que la majeure partie de l’attention de l’adversaire soit tourné vers ce dernier. Et c’est ce qui arriva précisément en cet instant. Les troupes de Hamleight se concentrait principalement sur Knaël et n’offrait qu’à la Terranide que quelques adversaires mais également un avantage non négligeable : Elle pouvait avancer progressivement vers la porte du Beffroi sous couvert de la bataille qui régnait à ses côtés. Un homme en armure en plate nota sa présence et vint à la charger, elle esquiva le coup, donnant un coup de griffe sur l’arme pour briser sa hampe, puis visant une zone plus fine de l’armure, elle lança son attaque, ses griffes acérées perçant l’armure et donc la chair de l’homme qui tomba lourdement sur le sol.
Ne s’arrêtant pas pour autant, la Lycane continua sa progression, devant cette fois faire face aux quelques archers restant sur les hauteurs. Des flammes naquirent dans les paumes de ses pattes et d’un mouvement rapide, elle les envoya sur ces hommes qui ne tardèrent pas à courir dans tous les sens tandis que les flammes les dévoraient. Certains même passèrent au-dessus du petit muret qui les protégeait et tombèrent simplement, venant s’écraser contre le sol, rajoutant de nouveau cadavre dans cette ville en flamme. Mais petit à petit, la Louve parvint à leur objectif en commun, atteindre la porte et sans attendre une seule seconde, elle se mis à donner des coups de griffes afin de la mettre en miette. Des flammes vinrent même se rajouter, brûlant peu à peu les planches qui constituaient la dernière barrière avant d’être face à William.
Se retournant, la Terranide n’eut point de mal à noter que Knaël s’était occupée de ses adversaires qui gisaient à présent sur le sol. Jetant un coup d’œil à l’intérieur du beffroi, elle vit un escalier en colimaçon. Nul doute, William se trouvait au bout de ce dernier et devait les attendre de pieds fermes.
« Finissons-en »
Elle s’engouffra à l’intérieur du bâtiment et se mis à monter le colimaçon arrivant rapidement à son sommet mais…rien…personne. Laissant échapper un grondement, la lycane se mis à humer l’air à la recherche de l’humain. Il ne pouvait être bien loin et pourtant, elle n’arrivait pas à le sentir. Aurait-il pu partir par une autre voie sans que cela ne soit remarqué ? Prudemment, la Louve se mis à chercher une pièce secrète…jusqu’à ce qu’elle évite de justesse une lame qui manqua de la décapiter sur place et qui semblait sortir de…nulle part. Un sort d’invisibilité…Ce salaud en utilisait un, le doute n’était pas permis et un des plus efficaces en plus ! Car la Louve n’arrivait pas à le détecter ni au son, ni à l’odeur…
« Montres toi lâches ! »
Heureusement, le sifflement de l’acier pouvait être entendu, car cette fois, William visait Knaël, cherchant à la prendre par surprise…
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Knaël et Shad réussirent finalement à pénétrer dans le beffroi, et grimpèrent à l’étage, affrontant rapidement les quelques gardes restés en retrait. Les deux femmes agissaient vite, et rejoignirent ainsi le dernier étage, là où, quelques instants auparavant, Élise avait trouvé l’orbe magique permettant d’ouvrir le portail. William ne tarda pas à les attaquer, disposant d’un sortilège d’invisibilité... Ou plus vraisemblablement d’un élixir en ce sens. Knaël s’interposa entre Shad et l’emplacement présupposé de William.
« C’est terminé, William Hamleigh ! Dites-moi tout ce que vous savez sur la Monarchie de la Rose, sur leurs plans, et nous pourrons faire preuve de clémence !
- HAHAHA ! »
Une boule de feu jaillit soudain sur la gauche de la vision de Knaël, qui déplaça rapidement son épée, et trancha la boule en deux. William attaqua alors en hurlant, et les lames s’entrechoquèrent, le corps de l’homme apparaissant. Furieux, en sueur, William frappait fort, témoignant de ses capacités de bretteur. Knaël bondit en arrière, se ménageant quelques instants de répit, et évita une attaque de William, puis contre-attaqua en lançant une onde d’Air, frappant l’homme au ventre. Il recula, déstabilisé, et devint de nouveau invisible, la lame de Knaël frappant dans le vide.
« Sale lâche !
- Vous allez payer pour la mort de ma mère ! »
Des langues de feu jaillirent encore, et Knaël se protégea avec sa cape ignifuge, générant également un bouclier de protection magique avec sa main. Le bouclier dévia la plupart des boules de feu, qui frappèrent les poutres en bois, enflammant le beffroi autour des deux femmes. William jaillit alors au milieu des flammes, les yeux écarquillés, et sa lame heurta violemment celle de Knaël. Il hurlait comme un dément, lui postillonnant à la figure, mais la guerrière tenait bon, continuant à se battre, les deux duellistes se rapprochant ainsi d’un balcon.
Le fait est que l’homme se battait avec frénésie et démence, ce qui le rendait dangereux, et le sol même devenait instable.
« Hmmm... ! »
Les lames se heurtèrent encore, s’entrechoquant violemment. William tournoya sur place, cherchant à prendre la femme sur le côté... Et Shad en profita pour bondir, le mordant férocement au poignet.
« Haaa !! »
Knaël en profita alors, et frappa l’homme au torse, puis lui lança une nouvelle onde de choc, qui l’envoya valser à travers le balcon. En hurlant, l’homme tomba dans le vide, disparaissant dans les flammes. Knaël soupira longuement, jetant un œil vers l’orbe violette.
« Ça y est... C’est là ! »
Mais encore fallait-il réussir à sortir du beffroi en feu...
La toile de White Elise frappa Élise en plein ventre, l’envoyant s’étaler contre le mur.
« Fichue salope, grogna la clone. J’en ai plus qu’assez de toi, tu sais...
- Je... Je te retourne le compliment.
- Nous allons en finir avec tout ça. Toi, Nexus, Ashnard... Koldoue n’est qu’une étape dans l’Œil de notre père !
- Tu... Tu es folle à lier ! »
Élise se concentra alors, et déchira les toiles, avant de bondir encore vers son adversaire. Les deux femmes s’entrechoquèrent à nouveau, et Élise planta son genou dans le ventre de White Elise, l’envoyant valser sur une place, près d’une fontaine remplie de cadavres, où des corbeaux croassaient dangereusement. Le temps que White Elise reprenne ses esprits, Élise l’attaqua encore, et la frappa à nouveau, toujours au ventre, par un nouveau coup de genou, puis enchaîna par un coup de pied retourné, qui envoya White Elise heurter le rebord de la fontaine. Celle-ci tenta alors de se défendre en jetant des filaments de toile, mais Élise esquiva cette attaque en bondissant dans les airs, et déploya des filaments supplémentaires, atteignant son clone au visage, puis s’abattit violemment sur elle, dans un craquement terrible.
White Elise poussa un hurlement étouffé dans les toiles recouvrant son visage, tandis que son corps s’écroula mollement sur le sol. Élise avait enfin réussi à briser son armure, à percer sa carapace, et se redressa lentement, dominant la femme de toute sa hauteur.
« C’est fini, copie ratée. Je t’ai brisé les os, des éclats ont dû perforer tes poumons, maintenant...
- Uurk... » grogna la femme.
Élise l’observa silencieusement.
« Tout ce que tu auras gagné, c’est de mourir ici, seule, sans personne pour te pleurer... »
Il ne faisait aucun doute qu’elle allait succomber d’une hémorragie interne. Élise lui arracha les toiles recouvrant son visage, et vit que la femme était en train de cracher du sang. Élise la regarda encore, laissant passer les secondes... Puis s’écarta ensuite, la laissant se vider de son sang contre la fontaine.
Une fin pathétique digne de cette créature sournoise et mauvaise...
-
Etait-ce enfin terminé ? La Louve s’approcha du rebord du balcon et regarda un instant en contrebas. Rien, pas la moindre silhouette. Etait-il réellement mort lors de sa chute ? Mieux vaudrait aller vérifier avant de lancer des conclusions hâtives…Mais avant cela, encore fallait-il sortir de ce beffroi en flammes. Usant de ses capacités, la Lycane repoussa les quelques flammes qui entouraient l’orbe violette et s’en saisit avant de se tourner vers Knaël :
« Sortons d’ici et ramenons ceci aux sorcières…-elle se tut quelques instant avant de reprendre – Tu penses qu’il a péri pour de bon ? »
Certaines personnes avaient la fâcheuse tendance d’être tenace et de s’accrocher à la vie du mieux qu’il le pouvait. Mais trêves de questionnement ! L’objectif principal en cet instant était de sortir d’ici avant que tout ne s’effrondre…ou du moins que ce qui restait en place ne s’effondre pas, car des pans du plafond et du sol se dérobaient déjà sous la chaleur. Passer par l’escalier risquait donc d’être potentiellement dangereux et mortel. A moins de pouvoir un peu contenir les flammes, juste assez pour pouvoir passer. La Terranide passa l’orbe, changea de forme, pris sa forme animale, tout en laissant couler vers le sol quelques gouttes de sang et s’approcha de Knaël :
« Montes ! »
Le ton était certes autoritaire mais le temps était compté. A l’instant même où la Louve sentit que la guerrière était installée sur son dos, elle s’élança à travers les flammes, écartant juste celle devant elle pour se créer un passage. L’escalier fut descendu à l’aide de saut et les quelques poutres qui pouvaient gêner le chemin tout simplement brûlées afin de laisser la voie libre. Il ne fallut guère longtemps pour sortir du beffroi mais par précaution, la Terranide s’en éloigna au maximum…avant que ce dernier ne s’effondre, les gravats venant même tomber là où devrait se trouver le corps de William Hamleight.
Mais ce n’était pas le moment de rester là à ne rien faire et la Louve pris la direction de la cathédrale afin d’amener l’orbe aux sorcières du sabbat. Bien que William Hamleight semblait vaincu pour de bon, Koldoue était toujours en proie aux flammes et y demeuraient relevait du suicide. Mieux valait partir de cet endroit maudit au plus vite…Mais la Louve s’arrêta subitement devant une fontaine où gisait White Elise, morte. Du sang s’était écoulé de sa bouche et mélangé avec l’eau de la fontaine.
« On…dirait bien qu’Elise a gagné… »
Deux victoires….cela semblait trop beau pour être vrai. Reprenant rapidement sa route, la Louve atteignit rapidement la cathédrale , laissa Knaël descendre de son dos avant de prendre son apparence de Terranide.
« Je te laisse ramener l’orbe..Moi..Je vais chercher des soins. »
Une petite trainée de sang était visible sur le sillage de la Terranide mais ce n’était pas cela qui allait la tuer ! Elle poussa également un long soupir. Tout semblait enfin se terminer…
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La mort de White Elise ne mit pas fin à la guerre, ou, en tout cas, à la frénésie des araignées. Les araignées géantes n’avaient juste plus de leader, et Élise était trop fatiguée pour contrôler une telle armée. De plus, bien de ces araignées n’étaient pas ses araignées. Tout au plus pouvait-elle encore en contrôler quelques-unes, mais la plupart des araignées de White Elise n’étaient conçues que pour le meurtre, la tuerie, le massacre. Avec la mort de leur Reine, les araignées se dispersèrent, mais continuèrent à attaquer les humains. Quand Shad et Knaël retournèrent à la cathédrale, des cadavres supplémentaires d’araignées s’étaient empilés sur le sol. Fort heureusement, les araignées se concentraient sur les proies les plus proches, à savoir les hommes de William Hamleigh, ce qui laissait aux survivants un peu de répit.
Scybilla ne perdit pas de temps en conjectures inutiles, et plaça l’orbe violette dans un autel. Avec l’aide des autres sorcières, elle parvint ainsi à stabiliser le Portail. Un vortex se forma au fond de la cathédrale, dans la nef, tandis que, dehors, les araignées commençaient à approcher massivement. Koldoue était définitivement perdue. Il faudrait des semaines, si ce n’est des mois, pour chasser les araignées, mais le royaume en lui-même avait, semble-t-il, définitivement sombré. Le gouvernement avait été décapité à Koldoue, avec la plupart des grands nobles. Impossible pour l’heure de savoir si William Hamleigh était bel et bien mort, faute d’un corps à pouvoir examiner.
Fort heureusement, Shad, en entrant dans la cathédrale, ne tarda pas à voir Élise. Blessée, celle-ci était adossée contre un pilier. À côté d’elle, Médonée tentait de la soigner, lui prodiguant des soins.
« On dirait que tu as réussi, Shad...
- Ce n’est pas comme si nous doutions de toi », observa Médonée.
Dehors, les derniers affres de la bataille avaient lieu. Knaël, infatigable, continuait à tenir la ligne, tandis que Scybilla terminait de consolider le vortex. Finalement, Knaël se replia à l’intérieur de la cathédrale avec ses hommes. Dehors, il y avait une marée noire d’araignées, provoquant un grondement terrible, des milliers de pattes arachnééennes martelant régulièrement le sol en se rapprochant.
« Repliez-vous au fond de la nef ! Vite !! » intima Knaël.
Élise était déjà en bonne position. Knaël et quelques archers gardèrent ainsi l’entrée, abattant les araignées qui s’approchaient. Faute de pouvoir passer par la porte d’entrée, que Knaël avait condamné, ils défonçaient des vitraux, cherchant ainsi à contourner l’entrée. Des jets magiques et des flèches jaillissaient ainsi pour tuer les quelques araignées, tandis que les gens s’enfuyaient. Élise parvint finalement à se relever, s’appuyant brièvement contre un banc.
« Allez... Sortons de cet enfer ! »
La Reine déchue s’avança près du vortex, tandis que Knaël fermait la marche, reculant en tuant autant d’araignées que possible. La porte d’entrée de la cathédrale explosa brusquement sous les assauts d’une immense araignée, et la horde arachnéenne jaillit. Pour Knaël, c’était le signe du repli. Elle se retourna, et se mit à courir à vive allure, tandis qu’Élise empruntait le vortex.
En quelques secondes, elle se retrouva à une autre partie du monde, dans l’immense hall lumineux d’un grand château... Ou, plutôt, d’un palais.
Celui de Sha.
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De Koldoue il ne restait à présent plus que ruines, toiles et flammes. William Hamleight et White Elise avaient été vaincus mais la folie meurtrière des araignées ne s’étaient pas cessée avec leurs disparitions. La ville était maintenant en proie à une armée arachnéenne qui comptait bien dévorer tout êtres humains qui oseraient s’approcher d’un peu trop près. Dans l’enceinte de la cathédrale, le portail avait été stabilisé et serait bientôt prêt à l’emploi.
Aux remarques d’Elise et de Médonée, la Louve souria simplement, affichant sur son faciès un air las et fatigué. Oui elles s’en étaient sorties mais à quel prix ? Beaucoup de gens avaient péris lors de cette ultime attaque. Face aux assauts brutaux que subissait la cathédrale, il serait utopique qu’elle tiendrait encore longtemps, le temps du repli était donc arrivé. Sous l’injection de Knaël, tous se dirigèrent vers le portail et quand une gargantuesque araignée fit sortir de ses gonds la porte principale, le doute n’était plus permis. La retraite était primordiale. La Lycane traversa ainsi le portail passant d’une cathédrale au bord de la ruine à une salle lumineuse et chaleureuse.
Mais le temps du repos n’était pas encore arrivé. Certes, il n’y avait plus de risques d’attaques mais les blessés étaient bels et bien présents. La Lycane pu quémander l’aide d’une sorcière précédemment, sa blessure étant rapide à soigner, à présent, elle comptait bien donner un coup de main. Il était vrai qu’elle ne possédait aucun pouvoir de guérison, mais rien ne l’empêchait d’apporter son aide d’une quelconque manière ! Elle faillit hésiter cependant pendant quelques instants. Tous ces blessés…Ce n’était rien de moins que des humains, auraient-ils fait la même chose pour les siens ? Cela, elle en doutait fortement mais elle pouvait aussi superposer ce point de vue avec les sorcières du sabbat. Elles furent chassés et tuées pour la plupart par ces mêmes survivants et pourtant…elles les soignées. Peut-être que cela servira à changer les mœurs ?
Le nombre de blessé était important et le temps que tous furent stabilisés et soignés demanda quelques heures. Mais à présent, tout risque était écarté ! S’essuyant les mains pleines de sang avec l’aide d’un chiffon humide, la Terranide s’approcha d’Elise et de Médonée, observant d’un air rassuré que les blessures de la Reine des Toiles avaient été également soignées.
« Je… »
Elle se stoppa. Que pouvait-elle donc dire ? Elise avait perdu son royaume, ses habitants furent transformés en morts-vivants décérébrés. Certes, Regan et White Elise n’étaient plus, mais il restait encore William…Et si ce dernier avait survécu à sa chute, il serait étonnant qu’il ne tente pas de se venger. Une vengeance qui pourrait aussi bien arriver sous peu que dans plusieurs années le temps qu’il récupère des troupes à sa solde. La Terranide souffla, ce n’était pas la peine de parler de tout cela, pas dans l’immédiat.
« Je suis désolée. »
Bien sûr tout cela n’était pas de sa faute, mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir peinée pour Elise.
« Mais…qu’allez-vous faire à présent ? »
Tant de possibilités ! Il y’avait déjà Nexus, où Elise pourrait rencontrer la Reine comme il lui fut suggéré. Mais encore fallait-il qu’elle accepte de s’y rendre. Ou l’avait-elle accepté ? Avec tous ces évènements, la Terranide avait bien du mal à s’en rappeler. Et elle ne jugea pas le moment opportun pour faire une piqure de rappel. Vint alors qu’une sorcière du sabbat vint à la rencontre de cette dernière, l’invitant à la suivre….
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Dans la tumulte du moment, Élise et Médonée finirent par se retrouver seules. La Déesse Sha et ses sorcières étaient là, et s’occupaient des blessés, les emmenant dans le dispensaire médical du château. Toutefois, il y avait fort à parier que des halls seraient mobilisés, au vu du nombre de réfugiés. Élise resta un peu isolée de tout ça. White Elise était morte, mais sa vengeance ne lui apportait aucune satisfaction. Elle avait honoré la mémoire de son peuple, de la Forêt des Toiles, mais… Tout cela ne ramenait pas à la vie les gens qu’elle avait jurés de défendre, sans compter que, aux yeux du monde, Élise resterait la seule personne à l’origine de la destruction de Koldoue et du royaume.
Tandis que les pages et les serviteurs se déplaçaient, Shad finit par rejoindre le duo. Elle présenta à Élise ses excuses. La mine fermée, celle-ci était assise contre le mur, Médonée (http://img110.xooimage.com/files/b/8/6/m-don-e-51287ea.jpg) à côté d’elle. La femme aux cheveux blancs dégageait toujours une puissante aura magique, et se retourna vers Shad quand celle-ci lui demanda ce qu’elles allaient faire.
« Je n’en sais rien, Shad. J’ai perdu tout ce que j’avais. Que suis-je supposée faire ?
- La Reine de Nexus souhaitait te voir… rappela Médonée.
- Nexus est loin d’ici… Et les Nexusiens me considèrent maintenant comme la responsable de la destruction d’un royaume. Je ne suis pas convaincue que rejoindre la Reine Ivory soit la meilleure chose à faire, même avec la bénédiction de Shad. »
Au moins, la souffrance n’étranglait pas Élise. Elle n’avait jamais été du genre à s’apitoyer sur elle-même après tout, et, dans ces circonstances, elle préférait aller de l’avant, et donc envisager la suite.
« Je ne sais pas quoi faire, et…
- Ces gens non plus ne savent pas quoi faire. »
Dans le dos de Shad, une silhouette venait d’émerger. Elle dégageait une très impressionnante aura magique. La Déesse Sha (http://image.noelshack.com/fichiers/2014/37/1410473100-e3d925797aca3035bdbc7086cb5ce1af.jpg) se tenait là, peu impressionnante dans un simple manteau de fourrure, mais dégageant malgré tout une terrible aura.
« Les réfugiés de Koldoue… Ils ont tout perdu, eux aussi. Ils n’ont plus de dirigeants, plus de famille, plus de maison. Un peuple sans royaume… Une Reine sans peuple… Je pense qu’il y a là quelque chose à en tirer, non ?
- Un peuple ne remplace pas un autre…
- Ces gens savent qui tu es, Élise. Ils t’ont vu les défendre, te battre pour eux. Moi, je suis une étrangère pour eux, mais toi… Il ne s’agit pas de remplacer quoi que ce soit, mais de se reconstruire, de t’offrir une nouvelle vie. »
Élise resta silencieuse pendant de longues secondes. Dans le fond, il était indéniable que Sha avait raison. D’aucuns auraient pu lui reprocher son manque de tact, mais la Déesse savait qu’Élise ne voulait pas qu’on s’apitoie sur son sort. Elle voulait qu’on reste efficace, qu’on agisse vite et bien, et c’était là tout ce qu’Élise lui proposait.
« Par ailleurs, l’une de mes plus puissantes sorcières et une Drider. Je gage que tu devras la rencontrer tôt ou tard, Élise… Et toi aussi, Médonée. »
La jeune femme acquiesça doucement, sans rien dire, restant proche de sa Reine.
Sha tourna ensuite son regard vers Shad.
« Quant à toi.. Shad Hoshisora, n’est-ce pas ? Tu portes un intéressant médaillon…
- Il est déchargé.
- Plus maintenant. »
La main de Sha venait de se saisir du médaillon, et ses yeux s’illuminèrent pendant quelques secondes… Puis le médaillon s’illumina alors, les runes situées dessus se mettant à briller, se rechargeant en magie.
« Intéressant… Tu n’es pas une Terranide ordinaire, Shad. Clairement pas… Je suis heureuse que nous ayons enfin l’occasion de nous rencontrer. »
Elle lui sourit alors tendrement.
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A peine fut il rechargé que l’araignée au centre du médaillon se mis à claquer des mandibules avant de s’immobiliser de nouveau en son centre. C’était qu’elle lui avait manqué un peu cette petite ! La Lycane hocha simplement la tête en guise de remerciement envers Sha, souriant d’un air légèrement gênée.
« Je ne suis pas plus exceptionnelle que cela. Je n’ai pas pu aider à protéger ni les habitants du village des toiles, ni ceux de Koldoue. Un royaume est en ruine et le sang versé à sans doute dû alimenter la Machine…Et si par hors du commun vous parlez du fait que j’ai vu non pas un mais des Grands Anciens…je me demande s’il n’aurait pas été mieux que je ne sois pas liée à toute cette histoire. »
Car depuis cette histoire avec les hommes-porcs, Mandus, l’abattoir et la Machine située sous Nexus, la Louve avait été prise dans un engrenage qui dépassait toute sa compréhension. Elle avait certes reçu plusieurs explications, venant aussi bien d’alliés que d’ennemis mais toute cette histoire semblait simplement…surnaturelle. Tous ce qui se passaient avaient toujours plusieurs dénominateurs communs : La Monarchie de la Rose, les Grands Anciens et Flagg. En ce jour, l’un de leur « soldat » avait connu une cuisante défaite. Tout comme ses opposants. Bien que White Elise et les Hamleight fussent vaincus, la victoire restait amère. Une victoire amère qui touchait bien plus Elise que la Terranide en cet instant mais au moins, la possibilité de se relever était bien présente.
« Scybillia m’a fait comprendre que vous souhaitiez me voir et me posez quelques questions. J’avoue ne pas savoir lesquelles vu que je vous ai déjà dit ce que je savais mais peut-être qu’une information ait pu m’échapper. Je ne peux réellement pas me rappeler exactement de chaque détail mais je peux essayer de faire au mieux. »
En toute sincérité, la Louve se passerait bien de se rappeler des horreurs incommensurables qu’elle ait pu voir mais si cela pouvait aider à faire avancer les choses...alors ce sera chose faite. L’Okami observa quelques instants la déesse des sorcières. Comparée à leur première rencontre sous sa forme d’ombre, cette dernière semblait plus…fragile ? Mais seul un idiot serait assez fou pour croire cela, l’aura que cette femme dégageait imposait le respect. Ce n’était pas tous les jours qu’on se retrouvait face à une déesse !
« Si je puis me permettre, je suppose que vous avez un sort quelconque pour voir dans les souvenirs ? Ne serait-il pas plus avisé d’utiliser cela au besoin ? Au moins…on serait sûr que la vérité ne serait pas déformée par quelques lacunes de mémoires. »
Et tout éléments pouvaient s’avérer importants, autant que ces derniers ne soient pas falsifiés inconsciemment. Et si on prenait en compte les gravures rencontres dans la cité de Ry'leth qui seraient compliqués à décrire...Oui c'était une solution tout à fait envisageable aux yeux de la Terranide.
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Élise observa la fameuse Sha, songeant à sa proposition. Se reconstruire ici... Elle n’en savait rien ! Élise venait de tout perdre, et, surtout, de réaliser qu’en essayant de fuir contre le monde, elle n’avait fait que se condamner elle-même. White Elise avait certes été vaincue, mais la Forêt des Toiles n’existait plus. Et cette Sha lui offrait, non pas un refuge ou de la pitié, mais un nouveau but, de nouveaux objectifs... Pourquoi refuser ? La Reine pesait le pour et le contre, tout en sachant très bien ce qu’elle allait finir par choisir. Et, pendant ce temps, la Déesse s’entretenait avec Shad, qui proposa de fouiller directement dans sa mémoire. Une proposition qui amena un léger sourire sur les lèvres de la Déesse.
« La mémoire n’est pas un livre ouvert qu’on peut lire aussi facilement. Il ne me suffit pas de claquer des doigts pour obtenir de toi ce que je veux... Mais nous y penserons. Je dispose d’instruments permettant d’extraire les souvenirs, mais il faudra tout de même que tu t’en souviennes un minimum. »
Sha disposait d’une sorte de Pensine, et il existait effectivement des sortilèges d’hypnose permettant de faciliter l’accès aux souvenirs, que Sha enregistrait et reconstituait ensuite à l’aide d’un sceau magique et d’une orbe de stockage. Il s’agissait là d’un ensemble de sortilèges assez relevés, mais elle n’allait pas passer à côté de cette opportunité.
« Pour le reste... Le simple fait que tu connaisses la Machine est suffisant à mes yeux pour que je t’interroge. Tu étais là quand la Machine de Mandus s’est déclenchée à Nexus, non ? L’onde magique qui a jailli... Je l’ai senti, et elle m’a rappelé de lointains souvenirs. »
La Déesse se mit à déambuler lentement, tandis qu’une activité bourdonnante continuait à s’affairer autour des femmes.
« Je suis amnésique, expliqua-t-elle. Alors, crois bien que je suis bien placée pour savoir comment manipuler la mémoire. Mes souvenirs me reviennent par bribes, et la Machine de Mandus... Elle est très particulière. Mais, comme tu l’as compris, cette machine n’était qu’un prototype, et je soupçonne la Monarchie de la Rose d’en construire une autre, bien plus grande, et destinée à briser les murs entre les dimensions. »
Sha secoua doucement la tête.
« Peu importe... J’aurai besoin, en temps voulu, que tu me dises tout ce que tu as vu à l’intérieur de la Machine. Il faut que je comprenne le fonctionnement de cette mécanique infernale, et ce à quoi tu as assisté pourra m’aider. Mais rien ne presse, jeune Louve. Tu as besoin de repos, pour le moment... Et j’attends bientôt un invité qui sera ravi de te revoir. »
La Déesse ne comptait pas en dire plus, laissant à Shad la surprise.
« Bref, je t’offre une chambre pour te reposer le temps qu’il te faudra... Et je crois que ce ne sera pas de trop, après tout ce que tu as vécu. »
La main de Sha se posa soudain sur la tête de Shad, venant caresser affectueusement ses cheveux. La Déesse des Sorcières avait beau être austère, elle n’en restait pas moins une femme hospitalière. Et elle avait en tout cas rapidement compris que Shad n’était pas une simple Terranide comme les autres.
Et tout cela méritait bien qu’elle se renseigne sur elle...
-
Sha était amnésique ? Cette révélation surpris la Terranide. Elle comprit également rapidement que la mémoire n’était pas aussi simple à raviver qu’elle aurait pu le croire. Après tout, comment aurait-elle pu deviner que la déesse des sorcières souffrait de lacunes de réminiscences ? Cette nouvelle la laissa un instant sans voix, suivant simplement Sha dans les couloirs de son palais. La Machine de Mandus fut remise sur le tapis, et la Lycane ne put s’empêcher d’avoir un léger frisson lui parcourant l’échine quand elle se remémora les horreurs qu’elle avait pu y voir. Oh oui elle avait été là lors de son activation et de sa destruction, elle en avait vu les immondices qui régnaient dans ses entrailles…Un lieu fantasmagorique, irréel, où personne ne censé ne voudrait pas y mettre les pieds. Et pourtant, ce n’était qu’un prototype. Quelles horreurs incommensurables pouvaient abriter une Machine plus sophistiquée ?
« Dans ce cas, je ferais au mieux pour me rappeler des éléments les plus importants mais je ne suis pas la seule à l’avoir vue, Adamante, la suivante de la Reine de Nexus a aussi été témoin de son macabre fonctionnement…. »
Elle aussi avait vu les tuyaux remplis de sang se diriger vers le cœur de la Machine, elle aussi avait vu les hommes-porcs provenant de cette Machine et elle aussi avait vu les cuves où les Espers étaient drainés…..Un simple esprit humain ne pouvait concevoir tout cela, non, cela relevait de l’impossible aux yeux de la Terranide. Et pourtant, des esprits corrompus et aliénés pouvaient-ils y arriver ? Cette Monarchie de la Rose, même si elle était composée d’humains, ne semblait ne pas avoir de limites quant aux atrocités qu’elle pouvait commettre. Repensant à la fin de la phrase de la déesse, la Louve haussa un sourcil.
« Un invité ? N’aurait-il par pur hasard la peau d’une couleur rouge ? Et hum..merci ? »
Ses oreilles se redressèrent quand elle sentit la main de Sha se poser contre sa tête et..la caresser tout simplement. Le geste eut un effet de surprise sur la Terranide mais elle n’en offusqua pas. Et puis, elle devait bien l’avouer, ce geste lui permettait de se détendre après tout ce qu’elle avait enduré et une pause était des bienvenues. Elle quitta peu de temps après Sha, se dirigeant vers la chambre indiquée afin de s’y reposer de bien différentes manières…
…Et fin !...