Elle était là, toujours allongée. Concentrée sur sa respiration douloureuse, et si plaisante en même temps pour son esprit déviant. La tête légèrement tournée sur le côté, pour observer d'un oeil seulement la silhouette de la jeune femme qui terminait de se laver. Bien plus saint que tout ce qu'elle avait pu voir de puis un certain temps, d'ailleurs.
Elle continuait à tirer sur ses liens, sans vraiment la volonté de se libérer. Ce n'était pas le but. Mais ses yeux s'ouvrirent, plus grands et un sourire éclaira son visage encore abimé quand elle vit sa tortionnaire libératrice s'approcher d'elle avec une seringue.
Pour Milana, cela signifiait qu'une seule chose : son envie allait pouvoir être contentée. Un frisson parcourut son échine et elle se tendit un peu vers Tyria, d'un coup devenue plus calme, douce. Elle ne saisit pas bien les paroles prononcées à propos des anges et des démons. Elle était croyante, oui, et mais si ses prières, dans son enfance et son adolescente avaient souvent supplié Dieu d'une libération, ou d'une fin miséricordieuse. Elles s'étaient transformées peu à peu. Elles n'étaient plus dirigées cette fois-ci, non pas vers un dieu qui n'avait rien eu à faire de cette jeune fille puis femme, enfermée et traitée moins bien que du bétail.
Mais... Vers ces êtres qui satisfaisaient ses appetits. De douleur et de drogue. De folie et de plaisir. Et déjà rencontrée, déjà séduite, Tyria commençait à prendre cette place, bien malgré elle, sûrement. Et elle lui murmura ces mots, en russe.
- Tout est pur pour ceux qui sont purs, mais rien n'est pur pour ceux qui sont souillés et incrédules, leur intelligence et leur conscience sont souillées. Epîtres de saint Paul, à Tite, I, 15
Elle souffla un instant, fermant les yeux pour reprendre rapidement.
- Jetons-nous dans les bras du Seigneur, et non dans ceux des hommes, car telle est sa majesté, telle aussi sa miséricorde.
Et vint le silence, et un abandon, son esprit fondant déjà dans les affres qui lui étaient offertes. Un sourire béat se dessina sur son visage, et le calme revint. Que représentait Tyria, pour elle ? Elle ne savait pas. Mais elle ne pouvait être que bonne. Elle l'avait lavée, frappée, fournie, attachée, et avait même été douce avec elle. Que d'émotions mélangées qui formaient ce coctail particulière pour la Russe attachée. Oh. Elle n'allait certainement pas dormir. Mais profiter au mieux de ce qui lui était offert.
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Akiko Peterson (http://img06.deviantart.net/660d/i/2005/362/c/0/speed_grapher_saiga_by_roguefury.jpg). Il était assez connu dans le milieu journalistique, pour être l'un de ces reporters qui allait au devant des ennuis : c'est à dire, dans les coins sombres où personne n'allait, voir même dans ces pays en proie aux guerres les plus ouvertes ou insinueuses. Il en tirait souvent des clichés assez choquant, brut, qui avait mené le journal où il travaillait à avoir une certaine reconnaissance pour bousculer le train-train quotidien avec une réalité que tous tentaient d'ignorer.
Ainsi, en tant que reporter qui bougeait... beaucoup, il n'avait pas de grande maison, malgré une notable richesse (ses clichés se vendaient parfois très, très cher). Il était connu qu'il avait un petit appartement au centre ville, au plus haut. Disait-il, il voulait pouvoir observer quand il le souhaitait les ombres s'installer sur la ville. Facile à atteindre, rien de bien complexe, en quelques recherches internet, on pouvait facilement avoir son adresse et toutes les informations importantes.
D'ailleurs, il était su, aussi, qu'en ce moment, plutôt qu'un endroit miné par la guerre, il avait voulu se concentrer sur la décadence des bas fonds de cette ville. Sa ville. Montrer à ceux qui habitent à la Lumière des lampadaires et de leur télévision Full HD, que l'ombre n'est jamais loin de chez eux. Et qu'elle est grave. Du coup, les soirs, souvent, il rentrait chez lui.