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Lonbraunt et sa région
Éloigné de tout, Lonbraunt était une sympathique bourgade connue notamment pour sa participation au concours régional de la plus belle vache, concours ayant lieu chaque année. C’était une petite communauté de fermiers, de bûcherons, de pêcheurs, d’agriculteurs et de paysans, avec des jeunes filles très belles ne rêvant que d’une chose : quitter cette province pour rejoindre la capitale royale, Hebron, et, de là, pouvoir accéder à une vie citadine, se marier avec un riche tisserand, et rejoindre Nexus. Lonbraunt n’était guère embêté par les monstres, si ce n’est quelques attaques de loups chaque hiver, mais, en plein été, la chaleur accablante qui s’abattait sur Lonbraunt faisait que les loups étaient bien loin, et que l’activité du village était au ralenti. Verdoyante, la vénérable forêt s’étalait sur des milliers d’hectares. C’était une profonde forêt, remplissant une superficie comparable à un dixième du royaume d’Hebron. Hebron était un royaume marchand neutre, ayant passé des traités bilatéraux avec Nexus et avec Ashnard pour éviter d’être assiégé. L’Empire n’avait encore jamais attaqué Hebron. Le royaume était éloigné, reculé, et peu intéressant, d’un point de vue stratégique. Il n’était donc pas prioritaire, et, pendant ce temps, Hebron en profitait pour renforcer son alliance avec Nexus, afin de pouvoir militairement se protéger le jour où l’Empire attaquerait.
Lonbraunt, donc, était une sympathique région, près d’une de ces forêts anciennes et profondes, avec des arbres centenaires, si ce n’est millénaires. Des arbres sacrés, que les bûcherons n’avaient pas le droit de couper, et devant lesquels les jeunes couples se rendaient pour prier les anciens Dieux. L’Ordre Immaculé avait beau avoir dressé une chapelle ici, les anciennes croyances avaient encore la peau dure. Samara le savait, tout comme elle savait que, quelque part dans cette forêt, une petite fée était en train d’errer. La forêt de Lonrabunt était très agréable, respirant la vie et la joie de vivre, sous l’influence ancienne des elfes, qui avaient un sanctuaire ici.
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Je te sens, petite…*
Samara était bien éloignée de la capitale impériale. Elle traquait cette fée, qu’elle avait ressentie, car elle était attirée par son pouvoir magique. Samara voulait se renseigner sur les pouvoirs magiques des fées, et pouvoir les copier. Elle était une très bonne élève, et elle avait pour spécialité d’absorber les pouvoirs magiques, si besoin en les tuant… Mais elle tenait à éviter ça avec cette petite fée. On disait que les fées étaient des êtres magiques disposant d’un pouvoir magique immense, et l’Archimage avait hâte de tester cette théorie.
Elle n’était cependant pas la seule à traquer la fée. Des braconniers avaient aussi entendu parler de cette fée, et s’était lancés dans la forêt, la traquant à l’aide de dispositifs magiques, de cartes, de flèches, et de cristaux magiques. Ils étaient conduits par
Trevelyan Loktar (http://fc05.deviantart.net/fs70/f/2015/001/0/0/trevelyan4web_by_vaahlkult-d8c8p42.png). Loktar était un contrebandier expérimenté, un ancien soldat ashnardien qui avait trouvé plus fructueux de rejoindre une guilde d’esclavage. Il capturait des esclaves en fuite, ou des spécimens, comme des Terranides… Cette fée risquait de rapporter gros, et il la traquait… Il avait une piste à suivre, un employeur… Ce qu’il ignorait, c’est que Trevelyan avait été recruté par Samara, et que tout ça faisait partie d’un savant plan concocté par la démone pour se rapprocher de la fée.
Un plan
démoniaque.
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Elle avait décidé de retourner "chez elle". Chez elle, c'était cet endroit, une vaste forêt dans laquelle elle s'égarait bien volontiers, à chaque fois qu'elle en avait marre du "dehors". Et comme à chaque fois, elle commençait par se déplacer dans un village proche de sa forêt. Là, elle connaissait les gens, une petite quarantaine d'habitants, marchands et paysans qui la connaissaient, eux aussi. Et si certains râlaient ou bien grognaient à cause des quelques facéties qu'elle s'autorisait envers eux, ils l'aimaient plutôt bien. Après tout, quand elle venait, après avoir volé quelques fruits et s'être reposé sur un toit pendant une journée, elle faisait le tour des maisons, jouait avec les enfants, ou soignait les maladies qui trainait, quitte à y passer plusieurs jours. Les médecins étaient rares, et couteux, souvent. Alors quand la fée capricieuse arrivait, on supportait facilement les quelques tours qu'elle jouait aux habitants.
Sauf que cette fois-ci, l'ambiance n'était pas la même. Oh, sa téléportation s'était passée à merveille, apparaissant à l'entrée des petits champs qui bordaient le village. Ses quelques vols d'abricots avaient été effectués parfaitement. Personne ne l'avait vu, mis à part quelques enfants qui l'avaient pointée du doigt en souriant et l'appelant fort peu discrètement. Et elle s'était requinquée avec ces fruits, reprenant de l'énergie, avant de commencer sa tournée des maisons. Peu de malades, pour une fois... Mais une certaine tension régnait. A la troisième maison, le chef de la famille la prit à partie, alors que sa femme se reposait, fiévreuse.
- Avant que tu n'soignes ma p'tite femme, commença-t-il d'un ton bourru mais sympathique, j'aim'rai qu'tu sais un truc. Quand l'tordu du coin d'la rue est r'venu d'ses ventes à Hebron, l'a vu quelques hommes qui posaient des questions sur une fée. T'sais qu'on t'aime bien ma p'tite, alors fais attention à toi.
Puis après lui avoir donné une petite bourrade sur l'épaule qui l'envoya presque rejoindre le sol -heureusement, elle se redressa rapidement en voletant à quelques centimètres du sol-, il laissa Finië rejoindre sa femme. Quelques minutes plus tard, une cerise entre ses petites mains, elle s'envolait dans sa forme la plus petite, agitant son précieux fruit pour les remercier. Même si elle ne prenait pas trop trop au sérieux les dires de cet homme, elle s'inquiétait un peu. Pour cela, elle fila voir l'tordu. Elle le connaissait plutôt bien, et il prenait souvent un malin plaisir à préparer des pièges pour l'attraper. Oh, rien de bien méchant, surtout qu'il la libérait souvent aussitôt qu'il la capturait, même si la plupart du temps ses pièges étaient inefficaces.
Se glissant par l'entrée qui lui était réservée dans sa maison, c'est à dire par une petite fenêtre fabriquée spécialement pour elle, elle voleta jusqu'au bien nommé "Le Tordu". Tordu à force de plier sous le poids des marchandises qu'il transportait jusqu'à sa carriole, c'était maintenant un vieil homme encore vigoureux au sourire légèrement édenté. S'arrêtant sur son épaule, canalisant un bref soin pour soulager son arthrose, elle s'assit ensuite sur la table, poussant à deux mains une choppe à moitié remplie d'une boisson puante.
- Hé ! Vieil homme. C'est quoi c'que t'as vu ? On t'a parlé de moi ? demanda-t-elle avec curiosité, alors qu'elle commençait à manger sa cerise.
- Aahhh... Merci pour mon dos... et ouais. V'la deux jours, quand j'revenais d'Hebron, que j'entends dans une auberge de passage qu'il y avait quelques hommes qui t'recherchait. Ils parlaient entre eux... Et comme toujours, on fait pas attention au vieux sourd que j'suis ! 'sont bien équipés, en tous cas. Ils savaient où aller. Alors reste pas et file !
Lui donnant du bout du doigt une goutte de miel qu'elle s'empressa d'aspirer, il la congédia ensuite en bougonnant. Le remerciant tout en se léchant les lèvres avec quelques frissons de plaisir, elle s'envola sans demander son reste. S'éloignant à toute allure du village apprécié, sans se retourner, elle glissa dans la forêt qu'elle connaissait si bien. Puis, enfin, elle aperçut sa main. Au creux d'un arbre, après avoir mis dehors un pauvre hibou, elle s'était installée ici. Un minuscule lit de poupée qui lui allait à ravir, une petite lampe, avec tout le nécessaire pour être tranquille. Plus loin, dans un autre arbre, on pouvait voir une porte fermée, avec de bonnes senteurs sucrées qui s'en échappait, sûrement son garde-manger. D'autres arbres, encore, avaient été évidés par endroit, pour qu'elle y installe d'autres pièces.
Mais l'heure n'était ni aux réjouissances, ni au repos. Si on la traquait... C'était ici qu'ils allaient venir en premier. C'était ici qu'elle passait du temps et où il y avait des traces magiques de son passage. Plutôt que de rentrer chez elle, elle préféra se cacher en haut des arbres, dans les feuillages épais de la forêt ancestrale, surveillant son petit paradis sécurité et de repos. Si les hommes étaient aussi équipés que Le Tordu avait dit... C'était vraiment risqué pour elle. Mais il était bien trop tôt pour se téléporter ailleurs, elle n'avait pas assez d'énergie. Alors autant se cacher dans un environnement qu'elle connaissait.
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Trevelyan n’était pas un simple chasseur idiot et imbécile, qui se lançait à la traque d’êtres surnaturels sans réfléchir. Il s’était longuement renseigné sur les fées, et il savait qu’elles étaient de plusieurs types. Peu farouches, certaines se terraient dans les profondeurs des forêts, refusant tout contact avec les humains, qu’elles voyaient comme des personnes dangereuses, ou ne se rapprochant guère que des jeunes enfants. Ces fées étaient souvent des fées espiègles, jeunes au sein de leur race, et qui préféraient aller voir des enfants, en pensant qu’ils ne leur feraient jamais de mal. Inversement, il existait aussi d’autres fées qui n’hésitaient pas à mettre au service d’une communauté leur potentiel magique. Trevelyan avait donc commencé par aller à Lonbraunt, avant même la traque. Il s’était rendu dans les régions environnantes, avec ses meilleurs éléments, des espions, et avait ainsi appris qu’il existait une fée, allant voir certaines communautés, essentiellement celle de Lonbraunt. C’est ainsi qu’il avait concentré sa traque à Lonbraunt, tout en sachant que la femme se réfugierait dans la forêt.
Loktar avait servi à l’armée d’Ashnard il y a longtemps, et avait suivi une formation à l’Académie militaire impériale, académie qui avait fait de lui un soldat talentueux, avec des pouvoirs magiques latents… Il s’en était servi pour devenir un éclaireur et un pisteur, partant en avant pour planifier la route des grands régiments et garnisons impériales. Une activité assurément noble et importante, mais avec une paye décevante, et des risques trop importants. Trevelyan n’était pas un couard, mais, quand il avait participé à une guerre contre Nexus, au siège d’un superfort, l’enchaînement interminable de milliers de morts face à des murs gigantesques et colossaux, les batailles durant des jours, où les vivants finissaient par piétiner les morts pour avancer, Trevelyan avait compris que sa place n’était pas ici. Il avait tenu son engagement militaire, ne l’avait pas renouvelé, et avait rejoint le privé, afin de mettre à profit ses compétences de chasseur et d’éclaireur. Il était ainsi devenu un Traqueur, et c’était en tant que tel qu’il avait fini par être embauché par une guilde ashnardienne spécialisée dans l’esclavage. Pendant des années, il avait traqué et capturé des esclaves en fuite, puis, progressivement, avait développé et diversifié son activité, au fur et à mesure qu’il faisait preuve de ses talents auprès de son employeur. De tels talents allaient lui servir en ce moment, et il les utilisait pour traquer cette fée.
Il sentait sa puissance, sa présence, imprégnant la forêt… Mais même lui n’était pas assez fort pour pister cette fée, et c’était pour ça que son employeur avait mis avec eux une femme connue pour pister des cibles, une Ranger, Djöll (http://fc03.deviantart.net/fs70/f/2011/140/1/0/1044f2a5f48a45fc8be6222289afce30-d3gscg3.jpg), une succulente et dangereuse Drow. Trevelyan n’aimait pas trop l’idée de faire venir une étrangère dans son groupe, dans sa formation, mais l’employeur avait estimé que c’était le seul moyen de mettre sur la piste de la fée cette dernière. Djöll venait d’une puissante cité drow de l’Underworld, qui appartenait à l’Empire d’Ashnard. Trevelyan avait vu que Djöll était une femme solitaire, mais avait surtout senti l’excitation de ses hommes devant cette femme. Belle et sensuelle, comme une Drow se devait de l’être, faisant tourner les têtes des hommes… Au grand dam de Trevelyan, qui craignait de voir ces derniers oublier leurs missions, et se mettre à faire des actes qu’ils regretteraient assurément par la suite… Comme tenter de la baiser. Le pire était toujours à craindre quand les hormones se mettaient à parler.
« Je l’ai senti… Elle est dans la forêt. »
Les braconniers étaient divisés en plusieurs équipes, et Trevelyan se tenait, avec Djöll et plusieurs hommes, près de belles cascades, devant un petit lac. Elle était assise en tailleur devant ce lac, méditant, s’imprégnant de l’esprit de la forêt, afin de sentir cette fée. Djöll était certes une Drow, mais seulement d’une moitié : sa mère était une dryade, et son père un Drow. Grâce à ce côté dryade, elle se sentait relativement à l’aise dans une forêt. La femme se releva lentement, puis Trevelyan hocha la tête, satisfait.
« Alors, allons-y sans tarder… »
Trevelyan se méfiait des grandes forêts comme celle-ci, craignant que des loups ou des arbres tentaculaires ne les attaquent sans prévenir. La prudence était de mise, et il s’avança donc, rapidement, sur les pas de la Drow, ne pouvant s’empêcher, malgré lui, de loucher sur la vue rebondissante et délicieusement agréable de son postérieur. Il fallait bien savoir se faire plaisir dans la vie ! S’écartant des sentiers, Djöll s’enfonça dans les profondeurs de la forêt, auprès d’immenses arbres centenaires. Les branches fouettaient leurs visages, et Trevelyan continuait à suivre, jusqu’à atteindre la zone recherchée.
Depuis un petit promontoire rocheux en hauteur, ils voyaient, plus loin, un arbre… Avec un trou au milieu. Le genre d’endroits où les hiboux se nichaient.
« Elle est là-dedans, murmura Djöll.
- Vous en êtes sûre ? »
Pour toute réponse, Djöll tourna la tête vers lui, fronçant les sourcils comme si elle se demandait si elle n’allait pas le tuer tout de suite. Capturer un être si rapide et si petit ne serait pas une mince affaire, mais, si elle était bloquée dans ce trou, il avait une idée. Il fit signe à l’un de ses hommes de s’approcher. C’était un fin archer, un ancien chasseur provincial qui abattait des biches et des daims. L’homme déploya son arc, le bout de la flèche tenant un petit filet, et il tira juste au-dessus du trou. La flèche se nicha contre l’écorce de l’arbre dans un *SCHTAC !* sonore, puis le filet en contrebas se déploya d’un seul coup, venant s’accrocher à d’autres parties de l’arbre, obstruant le trou. Les mailles du filet étaient très étroites, ne pouvant laisser passer que de petites mouches, et Trevelyan et ses hommes se dépêchèrent de descendre, afin de se rapprocher du trou, sans s’embarrasser de rester silencieux.
Les observant, en restant dissimulée dans l’ombre, Samara attendait son tour. Pour l’heure, tout se déroulait comme prévu !
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Au début, elle avait patienté tranquillement, cachée sur sa branche, à l'abri. Pendant un temps assez long, seules les rumeurs habituelles de la forêt pleine de vie arrivait à ses oreilles effilées. Quelques lapins passèrent en contre bas, ainsi que deux écureuils, ramassant quelques glands pour les grignoter. Légèrement distraite par ce spectacle attendrissant, elle ne put s'empêcher de leur balancer une petite noisette, les faisant sursauter. Et elle se rappela.
Elle se rappela les conseils qu'on lui avait donnés, un an plus tôt, où elle avait échappé de peu à des chasseurs. Si elle ne pouvait fuir, elle pouvait toujours agir pour les faire abandonner. Deux choix se proposaient alors. Se cacher dans un endroit suffisamment discret pour ne pas se faire trouver. Ou faire en sorte qu'ils préfèrent partir, mettre la main sur une autre entité magique, plus facile. Se cacher dans la forêt aurait pu être une bonne idée, mais un peu risquée. Il suffisait qu'ils aient un peu de matériel et beaucoup de patience, et ils finiraient tôt ou tard par la trouver. Alors, il ne restait qu'à échafauder quelques plans. Juste... réfléchir, et penser à ce qui pouvait les énerver. Pas les tuer, non. Elle n'était pas une tueuse après tout. Mais taquiner les gens, tenter de leur faire perdre la tête, ça oui, elle pouvait.
La première chose à faire, avant tout, était de laisser son énergie un peu partout dans la clairière. Grâce à ça, ils ne pourraient pas la voir directement, ni même la localiser, pensait-elle. Et ce, même avec leurs objets, espérait-elle. Et bon, elle ne savait pas vraiment combien ils seraient, alors toute action pour les déstabiliser un peu serait bonne. Une cerise en main, elle se balada donc, cherchant de ses petits yeux vifs d'autres idées avec les objets présents, une main dans sa sacoche pour la fouiller. Elle prit un peu de distance, en l'air, pour observer la clairière, et eut une idée !
Se dépêchant, quelque peu stressée d'être possiblement en vue de n'importe qui, elle piqua jusqu'à son chez elle, posant à l'entrée de sa "maison" des fruits mûrs. Fruits qu'elle avait empruntés pour une longue durée sans promesse de retour à une sorcière. Le seul problème était qu'au moindre coup, ils émettaient une odeur pestilentielle. D'autres, aussi furent déposés au sol. Au moins cela rendrait hors service des éventuels terranides ou tout autre bête à l'odorat un peu trop développé.
Un troisième piège venait de germer dans son esprit. Et même un quatrième. Elle leva le nez au ciel pour voir où en était la course du soleil... Et se rassura. Même eux ne pouvaient pas être si près. Elle fila hors de la clairière à toute vitesse, esquivant toujours aux derniers instants arbres et buissons, à la recherche d'une chose en particulier : une ruche. Et elle finit par en trouver une. Finissant un autre fruit, avec une recharge d'énergie suffisante, elle prit la décision de déplacer cette ruche proche de sa cachette, vers le milieu de sa clairière. Avec de la chance, ils seraient plusieurs dessous.
Prenant mille précautions, elle eut aussi beaucoup de chance, et le transporte se fit sans problème. Seulement... cela lui prit bien plus de temps qu'elle pensait au départ. A peine la ruche accrochée au bon endroit, et les abeilles calmées, un bruit se fit entendre, au loin. Que ce fut à cause d'un animal qui désertait, dérangé par une présence étrangère, ou les étrangers eux-mêmes, il n'en fallut pas plus pour la petite fée pour qu'elle aille se réfugier à dans sa cachette en hauteur.
Puis revint l'attente. Une minute, dix minutes. Une petite heure, même, passa avant que.... *SCHTAC !* Elle sursauta, s'étant presque endormie sur sa branche, observant la flèche encore vibrante plantée dans l'écorce de l'arbre, juste au-dessus du trou, et le filet s'étendre. Sa peur augmenta d'un cran, et elle trembla légèrement, observant toujours la scène de loin. Elle déglutit. Heureusement qu'elle était partie de là, sinon... Elle n'osait l'imaginer. En effet, ces messieurs étaient bien équipés. Mais... peut-être pas si intelligents que ça, pensa-t-elle finalement, en les voyant s'approcher, vendant les ailes de fées avant de les avoir arrachées. Et cela, avec ses pièges, ça allait lui porter chance. Tout allait se déclencher.
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Djöll restait en retrait, tandis que Loktar et ses hommes chargeaient. Plus intelligente que ces zouaves, elle savait combien les fées étaient espiègles, et difficiles à attraper. Surtout, la Drow savait combien elles connaissaient intimement leur forêt. Il était sûr que cette petite fée avait eu l’occasion de les repérer, et la pister jusqu’ici n’avait pas été trop difficile. Autrement dit, alors que la fée aurait pu se confondre dans la forêt, elle avait délibérément choisi de les amener ici. Djöll était convaincue que c’était un piège, et elle préférait laisser ces bêtes « dh’oines » tomber dans le piège, et en profiter pour essayer de retrouver la fée. Elle devait sûrement être à proximité, car une fée était une créature facétieuse, et elle devait avoir envie de voir comment ses attaquants allaient s’en sortir contre les pièges que la fée avait probablement tendu. Toute la difficulté était de réussir à la repérer, dans la mesure où elle était effectivement très petite.
Trevelyan s’approcha rapidement, et marcha sur des fruits secs. Une odeur pestilentielle se répandit, mais il n’en tint pas compte. En revanche, les chiens accompagnant les hommes se mirent à aboyer, et s’écartèrent rapidement, tant l’odeur était repoussante. Loktar ne s’en soucia guère, et fut le premier à s’approcher du trou dans l’arbre, qu’il éclaira avec sa lanterne. Il s’attendait à voir une feu apeurée... Mais, à travers les étroites mailles du filet, il ne vit rien.
« C’est pas possible ! Elle n’est pas là !
- L’elfe nous a mentis ! Je vous avais bien dit de ne pas lui faire confiance !
- Amène les chiens, ils pourront renifler l’odeur de cette fée, et...
- Les chiens sont fous... C’est cette odeur, ils... »
Trevelyan avait amené avec lui deux chiens entraînés pour la chasse de Terranides, un rotweiler et un dobermann. Malheureusement, les deux chiens aboyaient à la mort. Il est vrai que l’odeur était insupportable, et, en regardant un peu autour de lui, Trevelyan vit des fruits dispersés sur le sol, et serra les dents. Cette maudite fée... Elle les avait piégés ! Elle avait balancé des bombes puantes pour perturber les chiens ! Leur flair restait en effet la meilleure chance de traquer la fée. Le rotweiler, furieux, mordit alors dans la main du maître-dresseur, qui hurla de douleur, lâchant les laisses. Les deux chiens s’enfuirent alors à toute allure, ce qui agaça Loktar.
« Arrêtez-les, bordel ! »
La main du maître-dresseur pissait le sang, et il gémissait, hurlant à la mort, se tortillant à droite et à gauche. Plusieurs de ses hommes se mirent à partir, afin de rattraper les chiens. Trevelyan ne comptait pas les perdre. Éduquer et dresser de tels chiens était une tâche longue et fastidieuse, et ce d’autant plus qu’ils étaient parfaits pour traquer les Terranides. Ils bondissaient sur eux, les mordaient à la jambe, et les immobilisaient ainsi, leurs aboiements féroces se chargeant de les effrayer. Trevelyan se déplaça rapidement... Et l’autre piège de la fée s’abattit sur eux.
Attirées par le hurlement de l’homme, des abeilles arrivèrent alors en masse, provoquant un bourdonnement. Les mercenaires levèrent la tête, et hurlèrent sous l’effet de la panique. Les abeilles avaient été déplacées de leur état naturel, et elles étaient furieuses. Une abeille ne piquait généralement que pour se défendre, soit parce qu’on l’attaquait (ou parce qu’elle avait le sentiment qu’on l’attaquait, soit parce qu’on attaquait sa ruche... Et, pour elles, les hommes ici cherchaient à les attaquer.
« Des abeilles !! »
Un homme hurla quand plusieurs abeilles l’attaquèrent, le piquant au visage. Il hurla en battant des bras, fuyant à toute allure, tandis que Trevelyan concentra dans sa main des flammèches.
« Salope de fée ! s’égosilla-t-il. Tu crois que quelques insectes vont me stopper ?! »
Une boule de feu mineure jaillit de sa main, et frappa de plein fouet la ruche. Cette dernière tomba sur le sol, transformée en torchère, et, sous la menace des flammes, les abeilles ne tardèrent pas à s’éparpiller, les quelques insectes survivants se faisant attaquer par les hommes restés au sol. Djöll, de son côté, était restée à distance, espérant que tout ce raffût amènerait la fée à se démasquer.
« Qu’est-ce qu’on fait, Chef ?
- Elle nous observe... Je suis sûre qu’elle est par là... Tu m’entends, salope ?! hurla-t-il. Rends-toi tout de suite, ou je fous le feu à ta forêt ! »
Comme pour justifier ses dires, une boule de feu se forma dans la paume de sa main. C’était une méthode radicale, mais il avait été piqué par plusieurs abeilles, et on pouvait donc légitimement dire que Trevelyan était en colère.
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Le plan fonctionnait. Comme quoi... Ces êtres n'étaient pas si intelligents qu'ils n'y paraissaient. Ou plutôt... apparemment peu habituée à recevoir une quelconque résistance. Considérant la fée comme attrapée, ils s'étaient avancés tous ensemble. Et l'odeur avait fait son effet : les éventuelles bêtes qui auraient pu la pister étaient mises hors course. Et même mieux ! Elles attaquèrent leur propriétaire. Ses pouffements de rires furent heureusement cachés par les aboiements et les cris.
Et ce qui s'enchaina était plutôt appréciable aussi. Bon... éventuellement, si la situation était plutôt amusante, elle avait un bref instant plaint les chiens. Elle ne leur en voulait pas, à eux. Mais... la suite l'enchanta. Les abeilles, déjà mécontentes par son action, devinrent furieuses. Et aux cris de douleur du Maître-Chien vinrent s'ajouter ceux de quelques-uns de ses compères encore présents -ceux qui n'étaient pas parti à la recherche des chiens en fuite.
Cependant... Il y avait un détail, en particulier, qu'elle avait sous-estimé, ou même carrément oublié de prendre en compte : la magie. Un claquement de doigt plus tard et un cri de colère et les abeilles se tortillaient au sol, brûlées. Elle déglutit, mécontente et apeurée. Jouer avec ces êtres avaient été amusants, jusqu'à un certain point. Elle n'appréciait guère le fait d'être traquée pour... une raison qu'elle ne connaissait pas. Même si elle avait quelques doutes. Et... Qu'on vienne détruire ou tuer des bestioles là où elle vivait... Ça commençait à sentir le roussi. Et c'était le cas de le dire.
Le hurlement de l'homme blessé, tout feu tout flamme, l'appelant, la glaça d'effroi. De sa cachette, elle regardait à droite, à gauche, cherchant un moyen de s'échapper... Tout en gardant la forêt le plus intact possible. Même si elle doutait largement que l'homme puisse mettre effectivement sa menace à exécution -l'énergie nécessaire pour faire un tel acte était bien supérieur, pensait-elle, à ce qu'un pitoyable humain comme lui pouvait faire, et la forêt n'allait pas se laisser brûler sans réagir non plus-, elle craignait de voir les environs brûlés... Pour rien. Certes, elle aurait pu s'envoler. Partir. Le ciel était en partie son paradis... Mais avec les cris, le feu, les hommes blessés... L'attention de quelques oiseaux de proies avait aussi été attirée. Et du coup... Si elle s'envolait en forme petite, elle risquait plus de se faire attaquer par un faucon de passage que de s'enfuir. Et si elle se mettait en forme humaine. Elle allait se faire attraper.
Alors que faire... ? Un autre regard... Et elle se figea sur la drow. De ce qu'elle avait entendu, les Drows étaient plus généralement des êtres des profondeurs, et ne s'aventuraient en plein jour que dans un but précis. Sans avoir de problème avec la Lumière du Soleil, ils ne l'appréciaient pas pour autant. Mais celle-ci semblait calme. Un brin méprisante pour les hommes qui se tortillaient toujours par terre, mais ça, c'était typique des elfes, mais calme.
Elle se mordit la lèvre inférieure, pestant contre elle-même.
"Et merde."
Elle grogna une dernière fois, avant de se laisser tomber, sortant de sa cachette, pour filer sur l'épaule de la Drow. Rapidement, sans lui laisser le temps de réagir, elle murmura quelque chose à son oreille. Quelque chose d'inaudible pour les autres hommes bien sûr.
"Aide-moi. Faisons un marché. Je peux t'apporter plus"
La voix n'était qu'un murmure très rapide, mais on pouvait facilement entendre une certaine peur que la fée n'essayait pas de cacher. Mais la peur révélait souvent une vérité : dans la hâte, le cœur parlait, et la réflexion et le mensonge n'avait pas le temps de s'installer. Alors, il ne restait que la pensée directe, pure, surtout venant d'une fée.
Il allait falloir jouer serré. Si elle n'acceptait pas... La réaction n'allait pas tarder, et la seule voie évidente pour la fuite était de voler se réfugier dans les arbres, et partir le plus loin possible. Et même là... Avec une boule de feu à ses trousses, elle ne pariait pas là-dessus. Se cacher derrière l'elfe Sombre n'était pas vraiment une bonne idée, car elle n'avait aucune idée de ses compétences. Quitte ou Double.
Elle avait choisi de jouer, et de parier sur la Drow. Différente du groupe... Ses volontés le seraient peut-être aussi.
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Rupert était un honorable maître-chien, qui appréciait beaucoup ses bêtes. Il n’était pas normal qu’ils paniquent à ce point, et encore moins qu’ils le mordent. Il les poursuivait donc à travers la forêt, jusqu’à se rapprocher d’une belle cascade... Ou, plutôt, d’un lac devant plusieurs cascades, ces dernières formant comme un élégant mur d’eau en U, le lac au centre du U. Une vision féérique, mais Rupert n’était pas suffisamment intelligent, ou romantique, pour en apprécier le spectacle. Tout ce qu’il voyait, c’était ses deux chiens, et, alors qu’il se rapprochait, il écarquilla les yeux en voyant une silhouette, devant qui les chiens léchaient ses mains.
« Que... ?!
- C’est qui, cette fille ? »
Un rayon de soleil les empêchait de clairement la voir. Rupert et Torek, l’homme qui l’accompagnait, s’avancèrent un peu, et Rupert parla à voix haute.
« Vous... Vous êtes qui ?! »
La femme releva la tête, et leur sourit. Une queue caudale apparut alors, fouettant sur le sol, tandis qu’ils voyaient, peu à peu, sa silhouette. Pendant ce temps, l’eau du lac se mettait à bouillonner, et d’énormes tentacules aqueux se formèrent progressivement Ils montèrent dans le ciel, et Rupert et Torek écarquillèrent les yeux.
« Misérables petits humains... Merci pour votre dévotion. »
Samara remua les mains, et abattit les tentacules aqueux, qui se fracassèrent sur les hommes, les repoussant sur plusieurs mètres, les dispersant au loin. Elle regarda ensuite les deux chiens, et leur sourit à nouveau.
Il était temps pour elle d’intervenir.
À distance, Djöll vit Loktar incendier la ruche, une manière comme une autre de se protéger. Les piqûres d’abeilles étaient redoutables en grand nombre, voire mortelles. La Drow continuait à surveiller, mais peinait à repérer la fée, et ce d’autant plus que les gesticulations de Loktar et de ses hommes la fatiguaient, et perturbaient sa concentration. Ils hurlaient, tournoyaient, et l’odeur de la ruche en flammes perturba l’odorat affiné de la Drow. Djöll ne vit pas ainsi pas la fée se rapprocher, et, quand cette dernière lui parla, en se posant sur son épaule, elle tourna la tête, surprise... Ce qui était un véritable exploit. On ne surprenait pas aisément une Drow, et elle eut la surprise de voir la fée... Juste sous son nez !
La fée venait de lui demander son aide, et Djöll réfléchit rapidement. Très logiquement, la petite fée avait soupçonné que Djöll était une Drow différente de Loktar et de ses hommes... Et ce n’était pas faux. Elle réfléchit rapidement, et vit Loktar viser l’arbre de la fée, prêt à l’incendier, à brûler toute la forêt s’il le fallait.
« Glisse-toi dans mes cheveux... Vite ! »
Djöll banda son arc, visa soigneusement, et décocha sa flèche. Le projectile fila vers la boule de feu, au moment même où Trevelyan la lançait vers l’arbre. La pointe de la flèche atteignit le centre de la boule, et la fit exploser.
« Qu’est-ce que vous fabriquez ?!
- Inutile d’incendier la forêt, je sais où se trouve la fée... »
Elle se rapprocha d’eux, et Loktar fronça les sourcils.
« Ah vraiment ?
- La ruche que vous avez brûlé... Vous vous rappelez le champ de fleurs que nous avons traversé, avec l’olivier en plein milieu, et la rivière à côté ?
- Euh... Oui... »
La Drow hocha la tête, apparemment satisfaite de cette réponse balbutiante.
« Il y a d’autres ruches. Je pense qu’elle a dû s’y réfugier. »
Comme s’il sentait un piège, une entourloupe, Loktar la regarda Les secondes défilèrent rapidement, puis il hocha la tête.
« Très bien... Vous venez avec nous ?
- Non... Elle a piégé l’endroit avec son odeur. Je vais rester ici, afin d’essayer de discerner ses illusions, et pouvoir mieux la pister. »
Loktar haussa les épaules, puis s’écarta. La Drow attendit bien ensuite une bonne minute, puis parla à voix basse.
« Reste avec moi... »
Elle se déplaça rapidement, filant à travers la forêt, et rejoignit le lac, ce lac où Smara, quelques instants plus tôt, avait neutralisé deux malfrats. Ils gisaient dans les buissons, neutralisés... Et Samara était là. Djöll se rapprocha d’elle, et pencha la tête vers le bas, s’inclinant en signe de respect.
« J’ai réussi à retrouver la fée, Dame Samara... Elle est saine et sauve. »
-
Et le dieu de la Chance lui accorda cela, si tant est qu'il y en avait un. Ses déductions, rapides, se révélèrent juste, et la drow l'invita à se cacher. L'instant n'étant plus vraiment aux réflexions -comme souvent apparemment-, elle traversa le rideau blanc des cheveux de Djöll et se réfugia proche de l'oreille, ses deux mains plaquées contre le cou sombre offert, sans le chatouiller. Normalement, avec l'épaisseur, et cette longueur, la fée passerait inaperçue. Et si on rajoutait sa finesse et sa blancheur naturelle qui se confondait avec celle des cheveux. La cachette était parfaite.
Et de là, elle pouvait même observer ce qui se passait. Pas de manière claire, bien sûr... Mais suffisamment pour remarquer l'habilité de la femme à l'arc. Louée soit-elle, son habitat avait failli se transformer en four. Elle avait mis un certain temps à s'y installer, et tout était bien foutu. Son lit. Les minis tableaux accrochés aux murs... Et elle l'avait sauvé. Un bon point pour l'elfe.
Sans rien dire, elle écouta la conversation, tressaillant parfois, pas complètement en confiance, et dans une sécurité toute relative. Mais apparemment... Elle avait vraiment vu juste, et par un mensonge bien foutu, les humains furent envoyés sur une fausse piste. Finië ne resta cachée, à l'abri encore quelques instants, attendant que les bruits de pas des hommes s'estompent. Mais avant qu'elle ne mette une aile dehors, la drow reprit parole, lui demandant de rester avec elle.
"Pourqu..."
Bon... Apparemment, ce n'était pas comme si elle avait le choix. Posé sur l'épaule de la drow, une main posée contre son cou, l'autre accrochée à une mèche de cheveux qui lui servait de sécurité, elle se fit emmener autre part dans la forêt. S'il s'agissait finalement d'un coup fourré, elle voulait garder des forces pour voler autant qu'elle le voulait, même si elle était loin de sa limite, toute force était bonne à garder, dans de telles conditions.
Et sa monture s'arrêta enfin, et s'inclina, sans même la prévenir. Surprise, elle se raccrocha de ses deux mains à la mèche salvatrice, alors qu'elle glissait de l'épaule, et prit cette fois le parti de recommencer à voler. S'éloignant sur le côté de la Sombre femme, elle fronça les sourcils en voyant ce qui l'attendait.
Une démone. Samara, apparemment. Et elle était recherchée.
Elle secoua la tête, plissant les yeux et son petit nez. Tout en l'observant. Qu'une démone la recherche ne lui plaisait pas vraiment, car les raisons de cette recherche ne pouvaient pas être si nombreuses. Peut-être avait-elle volé quelque chose qui lui appartenait de manière détournée, car elle ne se souvenait pas l'avoir jamais rencontrée. Ou bien son sang était-il son intérêt. Elle connaissait les propriétés qu'elle portait en elle, et en avait déjà fait les frais, il y a une année. Alors. Réponse A, ou B.
Elle s'écarta un peu plus du duo infernal, et monta un peu plus dans les airs.
"Mmh... Bonjour." dit-elle en penchant la tête sur le côté. "Je... suppose que j'dois te remercier pour l'aide contre ces imbéciles. Même si je m'en serai sortie toute seule, bien sûr."
Un bref mensonge, pour cacher sa peur, non pas qu'elle faisait des efforts pour la cacher. Plutôt stressée, d'ailleurs, elle oscillait à droite, à gauche doucement, jamais immobile dans les airs.
"Et... qu'est-ce qu'une démone fait dans cette forêt... Et à ma recherche ? " demanda-t-elle d'une voix un peu aigüe, un peu rapide. Elle avait fait le choix d'être directe dans sa demande, n'ayant aucune confiance dans les inconnus, l'eussent-ils sauvée ou non. Son regard oscillait lui aussi, sa focale passant de Samara à Djöll et son arc. Sûrement, elle se demandait si sa vitesse suffirait à fuir un être empli de magie, et une redoutable archère. Sur ces points-là... Elle en doutait un peu beaucoup.
-
Samara avait engagé Trevelyan Loktar et sa bande, mais Djöll... La Drow avait eu une mission différente, qui s’était exprimée dès le début. Récupérer la fée et la lui ramener... La Drow était une femme avec qui Samara faisait souvent affaire, car il était toujours bon d’avoir une Drow dans ses relations. Les Drow étaient un peuple constituant un solide matriarcat religieux, vivant sous terre, et ils étaient des alliés de l’Empire depuis longtemps, et des ennemis héréditaires des elfes. Samara avait déjà contacté Djöll à plusieurs reprises, et, contre une fée, elle n’avait voulu prendre aucun risque. Son plan n’avait pas marché aussi bien qu’elle l’avait voulu, car, initialement, Djöll devait juste s’assurer de rattraper la fée, la poursuivre, et la paniquer suffisamment pour l’amener vers elle... Mais, finalement, l’objectif initial avait été réalisé, car la fée ne tarda pas à arriver, sortant des longs cheveux de la Drow, pour se mettre à voleter, papillonnant avec ses belles ailes.
C’était une très belle créature, et Samara sentait toute la magie qui en émanait. Elle était puissante et forte, naturelle et instinctive, et, rien que dans la manière dont elle s’exprimait, on sentait la magie. Elle avait une taille microscopique, et, pourtant, sa voix portait comme une voix normale... Or, si la voix avait été à la hauteur de ses cordes vocales, Samara n’aurait absolument rien pu entendre. De manière brave, la fée annonça qu’elle aurait pu se débarrasser toute seule de Loktar et de ses hommes. Samara esquissa un léger sourire, mais, avant qu’elle ne puisse répondre quoi que ce soit, la fée poursuivit :
« Et... qu'est-ce qu'une démone fait dans cette forêt... Et à ma recherche ? »
Sa voix avait légèrement monté, comme si elle avait peur. Il est vrai que les démons avaient rarement une bonne réputation... Au moins, la fée n’était pas partie à toute allure.
« Je viens de l’Empire d’Ashnard, petite fée, et je suis à la recherche de savoirs et de connaissances magiques. Voilà pourquoi je m’adresse à toi... J’ai fait route vers Lonbraunt, où j’ai appris qu’une fée s’y trouvait. En chemin, j’ai appris que des esclavagistes te traquaient afin de te vendre, et j’ai réussi à convaincre Djöll, une amie à moi, de les rejoindre, afin qu’elle puisse les piéger, et pouvoir mieux te protéger. »
C’était vrai, même si Samara omettait sciemment que c’était elle qui avait envoyé Loktar. De cette manière, elle se plaçait plus facilement comme une sauveuse.
« Tu n’as plus rien à craindre désormais, maintenant. Je suis une puissante magicienne, et j’ai un profond respect pour les forces magiques naturelles comme toi... »
Elle voulait la rassurer un peu, car Samara savait que, par nature, les fées avaient tendance à être très craintives et très suspicieuses.
« Je ne te veux aucun mal, jeune fée... Est-ce que tu veux bien de ma protection ? Est-ce que tu veux bien m’enseigner ton savoir ? »
Samara arborait un ton calme et souriant, et restait à une distance raisonnable de la fée, afin de ne pas lui faire peur. Elle savait la réputation des fées... De jeunes créatures farouches et craintives. Samara ne voulait surtout pas l’inquiéter... Mais, si la fée acceptait de l’écouter parler, on pouvait dire que 90% du boulot était déjà fait.
-
De tout temps, les fées ont existé. Les imaginaires ont été remplis de ces êtres magiques, mais rares sont ceux qui ont vraiment pu les voir, deviser avec eux ou les attraper. Ceux-là étaient généralement promis à des destinées particulières, en bien, ou en mal. Souvent, la nature des fées a donné lieu à des débats. Véritable concentré de magie, qu'étaient-elles ? Certains pensaient qu'elles étaient des élémentaires, esprit du vent taquins, d'autres les mettaient dans un état entre l'ange et le démon, peuplant un monde entre l'Eden et les enfers. Quelques-uns émirent même la possibilité qu'elles fussent des revenantes fantômes ou banshee... Enfin une poignée estimait qu'elles étaient des humains qui ne s'étaient pas présentés à Dieu.
En sorte, nul ne savait d'où elles venaient, ni leur véritable nature, mais tous s'accordaient sur une chose : Les Fées étaient un peuple spécial, caché du reste du monde, vivant dans une autarcie la plus complète, pour se prémunir de ceux qui leur voulaient du mal. La plupart des fées étaient bonnes, même si quelques-unes au pouvoir maléfique se complaisaient parfois dans les malédictions. De plus, contrairement aux véritables élémentaires, on avait fini par comprendre d'où leur venait leur pouvoir si particulier : leur sang. Et c'est ce qui avait mené beaucoup d'Êtres Fées à se méfier des races dites maléfiques, ou de ceux à la recherche de pouvoir.
Et les démons en faisaient parti. Une question se posait dans l'esprit de Finië : pourquoi est-ce qu'elle ne fuyait pas loin de la dame Sombre et de la Reine Rouge ? La peur lui serrait son petit ventre, et son cerveau lui criait de s'en aller à toute allure. Et pourtant, elle restait ici, combattant ses pulsions, à voleter. La réponse était pourtant simple. La curiosité. A force de fuir tout ce qui lui faisait peur -et les dieux savent qu'il y en avait un paquet-, elle ne s'était jamais approchée de tels êtres.
Alors pour une fois qu'une démone faisait... si peu démon. Et qu'une Drow faisait... si peu drow. Elle osait. Croisant ses mains dans son dos, tripotant l'anneau qu'elle portait à l'annulaire droit, elle écoutait la Reine Rouge. Ashnard... C'était pas ce peuple militaire ? Elle n'y était pas vraiment allée, trop risqué pour elle. Mais apparemment, cette Rose du Mal l'avait bien protégé. Une petite note dans sa tête continuait à la supplier de s'en aller, mais le reste de son esprit comptait bien rester. Profiter pour apprendre. Mais... Si la démone était au courant pour les esclavagistes, pourquoi ne s'était-elle pas occupée elle-même des abrutis ?
Elle ne comprenait pas. Et elle n'était pas vraiment en état de comprendre tous les discours cachés derrière les paroles de la Rouge. Une protection... En avait-elle réellement besoin, ou envie ? Et quant à ses pouvoirs... Peut-être devait-elle éclaircir la situation maintenant.
- Si je ne suis pas bien sûre de comprendre ce qu'une protection pourrait m'apporter, je peux au moins affirmer que j'aurai pas grand chose à t'apporter, en connaissances, en savoir. La magie que j'utilise est innée... Et ne nécessite que de la concentration, j'crois...
Eh oui. Elle pensait. Elle n'y avait pas vraiment réfléchit. Se téléporter, se transformer, parler, voler. Tout cela était naturel pour la petite fée dont le regard s'était à présent fixé sur la démone, sur ses yeux. Elle parlait toujours d'une voix un peu rapide pour être calme, mais au moins son timbre était revenu à une hauteur plus naturelle.
- Mais... T'm'as sauvé la maison, enfin, la ... Drow. J'suppose que je peux bien répondre à quelques questions si tu veux...
Tout en parlant, elle avait fouillé la petite sacoche à ses hanches pour en sortir une cerise qu'elle commença à manger. De toute évidence, la sacoche était magique, portail vers un endroit où elle entreposait ses objets. Et elle continuait à voleter. Entre deux bouchées, elle continua.
- Néanmoins, j'ai une question. Pourquoi tu t'es pas débarrassée des humains toi-même ?
-
La petite fée était une femme timide et farouche, et Samara dansait sur des œufs. Le moindre faux mouvement, la moindre parole regrettée, et la fée partirait. L’occasion qui lui était offerte ici était grande. Si les fées étaient si onéreuses sur le marché, ce n’était pas pour rien. Outre leur beauté naturelle, elles étaient aussi de puissants réservoirs magiques, et ce même si elles n’en avaient pas conscience... Ce fut d’ailleurs exactement ce que la fée ne tarda pas à dire, expliquant qu’elle ne voyait pas en quoi elle pourrait aider Samara, car elle utilisait la magie de manière innée. Plus généralement, bon nombre de magiciens s’étaient penchés sur la nature réelle des fées, et leur origine. Pour certains, une fée était une créature de pure magie, comme si, à un moment, la mana se concentrait à un tel point d’une forêt qu’une fée naissait. Samara ignorait où était la vérité, car les fées, justement, étaient insaisissables, d’où une certaine difficulté à obtenir des informations sur eux. Si elle se rapprochait suffisamment de cette fée, elle aurait pu écrire un livre, une thèse sur les fées, qui aurait sans aucun doute été très appréciée et très populaire au sein de la petite communauté internationale de la magie... Mais Samara avait d’autres projets.
Pour l’heure, elle se demandait juste comment les aborder. La démone sentait encore une certaine résistance chez cette fée, comme si elle avait encore un peu peur d’elle. Une démone, Ashnard... On pouvait la comprendre. L’Empire n’était pas connu pour ses méthodes douces et diplomates. Samara la vit sortir une cerise de sa sacoche, avant de commencer à la grignoter.
*Bon... Si elle mange, c’est bon signe, au moins... Du moins, je crois...*
Manger n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler un signe d’hostilité. Réfléchissant à ce qu’elle pouvait bien pouvoir dire, l’Archimage laissa la fée lui poser une question. Pourquoi avoir utilisé la Drow, plutôt qu’agir elle-même...
« C’est très simple, je ne voulais pas t’effrayer... Je ne savais pas que ces hommes arriveraient aussi vite dans cette forêt. Je pensais arriver à te retrouver avant eux, mais tu es une petite futée. Disons que Djöll était une assurance, au cas où je n’arriverais pas à te retrouver avant eux... Et, une fois qu’ils sont entrés dans cette forêt, je n’arrivais toujours pas à te retrouver. Ils t’ont trouvé avant moi, c’est tout... »
Elle ne mentait, pour le coup, pas vraiment. La fée avait vraiment bien dissimulé sa trace, y compris pour Samara. Ce n’était pas pour rien qu’elles étaient difficiles à attraper. Leur magie était partout dans une forêt, comme une Alraune, et, ce faisant, il était difficile de remonter la piste... La vraie piste était noyée dans tout un tas de fausses pistes et d’indices trompeurs.
« Et, même si tu utilises la magie de manière innée, tu l’utilises quand même... Quant à la protection... Je t’avouerai que ta forêt est très sûre, mais il existe bien des forbans comme Loktar, et tous ne sont pas aussi faibles que lui. Moi, d’un autre côté, je suis une femme influente au sein de l’Empire. Je peux faire de toi une assistance de recherche, par exemple, ou une partenaire. Tu bénéficieras de ma protection, et, pendant ce temps, je pourrais me renseigner sur ta magie, et peut-être réussir à perfectionner la mienne. »
Samara entreprit de fléchir les genoux. Loktar traînait toujours dans la forêt, mais Djöll avait réussi à l’envoyer de l’autre côté, et elle avait encore des choses à expliquer à la fée. Elle était en train de vendre son dossier, tout simplement.
« Toute fée dégage de minuscules particules... Des particules magiques dont les propriétés sont fascinantes. Ainsi, même si toi, personnellement, tu ne pourras rien m’apporter, en faisant de petits prélèvements sur cette forêt, je pourrais travailler sur mes recherches... De plus... »
Elle se mordilla les lèvres, et reprit ensuite :
« On m’a dit que les fées pouvaient être curieuses du monde extérieur... J’imagine qu’à part Lonbraunt, tu n’as pas dû voir grand-chose... Alors... Je pourrais te parler de Terra, t’en montrer toutes les subtilités, non ? Et... Hum... Désolée de ne te le demander que maintenant, mais... Est-ce que tu as un nom ? »
-
D'abord. Il fallait se donner les moyens. De fuir. Ou de combattre si besoin était. Et c'était avant tout pour cela qu'elle mangeait. Tout en voletant tranquillement. Récupérer des forces. Pour mieux s'échapper si besoin était. Et même si sa téléportation véritable était hors d'usage. Encore une cerise, et elle pourrait sûrement disparaître pour réapparaitre à un autre endroit de la forêt.
Elle hocha la tête pour elle-même, écoutant d'un air mi-concentré, mi-distrait la démone rougeoyante qui parlait avec calme. Sa première explication sonnait un peu faux. Mais bon. Les démons étaient connus pour être complexes. Et Finie mit ses doutes sur un problème de compréhension. Si toutefois, il y en avait vraiment.
« Alors. Pourquoi ta Djöll ne s'est pas débarrassée d'eux ? Elle est suffisamment forte pour ça, non ? »
Elle penche la tête sur le côté, un instant, et laisse tomber le noyau de cerise à terre, avant de fouiller dans sa sacoche pour en sortir une seconde. Et rebelote. Elle commença à nouveau à croquer dedans. Sûrement. Samara pouvait sentir l'énergie magique qui se concentrait à nouveau dans le petit corps de la fée.
Mais aux paroles de la démone sur le fait de lui offrir... un poste d'assistante. Elle explosa de rire, voletant de façon un peu saccadée, en faisant quelques loopings. Après une petite minute de franche rigolade, elle finit par se calme. Se tenant les côtes d'une main. Tandis que le fruit entamé, sans qu'elle n'y porte véritablement d'attention, volait à ses côtés.
« Hah.. ha.. Assistante ? » Autre pouffement. « H.. ha... »
Puis, après un long soupir encore amusé, elle reprit. En voletant à gauche à droite, comme pour illustrer les paroles à venir.
« Non... Je... vais pas devenir assistante ou partenaire d'une démone ! Ce serait comme offrir un bracelet à un oiseau... Le bracelet serait inutile car l'oiseau vole ! »
Et elle finit par se stabiliser dans les airs, amenant à elle son fruit bien sucré. Recommençant à croquer ses dents dedans. Quelques gouttes de jus de cerise coulant le long de son menton jusqu'au sol un mètre ou deux plus bas. Elle n'y faisait pas vraiment attention, ceci dit. Sa focale entièrement posée sur Samara.
Elle reprit avec une voix un peu plus sérieuse.
« Ceci dit... si tu m'offres suffisamment de fruits sucrés... Je veux bien t'aider un peu pour tes recherches. Mais faudra vraiment de bons fruits. »
Une négociation de fée. Et si la démone n'avait pas trop menti... Elle y gagnerait sûrement. S'il suffisait de répondre à des questions et de lui donner... ce qu'elle appelait de la poudre de fée. Ou Quoi que ce soit. Et si elle pouvait avoir chez elle une source infinie de fruits tous plus juteux les uns que les autres. Le choix était fait. Encore fallait-il voir ce que cette Samara voulait.
-
Le rire moqueur de Finië ne plut pas des masses à Samara. En fronçant les sourcils, la démone croisa les bras. De fait, et pour autant qu’elle s’en souvienne, elle n’avait jamais particulièrement aimé qu’on se moque d’elle, ou qu’on la prenne pour une idiote. Les fées étaient connues pour être des petites farouches, pour fuir à toute allure dès qu’un humain s’approchait… Mais elles semblaient aussi être sarcastiques. La fée trouvait totalement idiot d’être l’assistante de Samara, ce qui eut pour effet d’agacer l’Archimage. Est-ce qu’elle se rendait seulement compte de qui elle avait affaire ? Samara était une magicienne puissante, une Archimage d’Ashnard, proche de certaines divinités comme Sha. Elle n’allait tout de même pas laisser une insolente fée lui manquer de respect ! Mais, d’un autre côté… Et bien, il fallait reconnaître que tout ce plan hasardeux, cette traque et cette capture, était le fruit de sa stratégie. Elle avait compté sur le fait que Finië aurait peur, suffisamment peur des humains, pour venir entre ses doigts. Malheureusement, Samara avait fait appel à de parfaits incompétents, car la fée semblait bien partie pour repartir dans la forêt… Et ça, Samara ne pouvait pas le laisser faire, ce qui, autrement dit, ne lui offrait que deux solutions : soit elle capturait immédiatement Finië, soit elle continuait à l’encourager.
La diplomatie, ou l’action ? Samara hésita. En tant que diplomate ashnardienne, elle savait précisément que, parfois, la diplomatie ne servait à rien. Parfois, il fallait agir, et avec Finië, elle se demandait si ce n’était pas le cas… Avant qu’elle ne demande des fruits sucrés en échange de son aide. Bras croisés, Samara les décroisa, et réfléchit un peu, posant une main contre sa hanche.
« Hum… Un marché, donc… Je ne m’attendais pas à ce qu’une fée emploie une méthode d’humains. »
Samara s’humecta les lèvres, puis hocha la tête, en décidant d’opter pour rester fidèle à sa parole. Un démon détestait mentir, ou revenir sur ce qu’il disait, et elle était venue vers Finië dans l’optique de la convaincre.
« Je ne peux pas te trouver des fruits maintenant, tu sais… Mais je connais un moyen d’en avoir plein. Je suis une femme riche et puissante, je peux t’avoir autant de fruits que tu veux… Mais je voudrais de la poussière de fée, et trouver un moyen de te contacter à nouveau. »
L’Archimage s’avança un peu, se rapprochant de la fée, et enchaîna rapidement :
« Je comprends que ma nature ne t’incite pas à la confiance, Finië… Mais je suis prête à te montrer ma bonne foi. Demande-moi ce que tu veux, et je le ferais. »
Tout simplement.
-
Elle écoutait doucement. Le regard fixé sur la rougeaude. Elle avait risqué quelque chose. Sans le savoir vraiment, elle le savait. Heureusement qu'elle avait parlé assez vite. Son petit cœur inexistant, plein de magie, battait à toute allure, pulsant la magie autour d'elle sous l'émotion. Plus le temps passait. Plus elle tentait de se calmer. Et même, plus elle arrivait à se calmer. Plus la peur commençait à entraver son être. Et pour Samara. Cela se voyait sûrement.
Seulement. Elle était calme. Et en même temps agitée. Elle qui avait fini par se stabiliser, manger. Recommençait à osciller de droite à gauche, dans les airs. Sans même s'en rendre compte. Elle plissa le nez aux premières phrases de la démone. Humains. Humains de pacotille ? Ou ceux qui valaient la peine. Elle souffla par le nez.
- Pas de fruit... Pour le moment, commença-t-elle en plissant les yeux. Riche et puissante...
Quand l'Archimage s'avança. Elle voleta un peu en arrière, par petits à-coups. En effet. La nature de la démone incitait à tout, sauf à la confiance. Mais si elle avait une demande... Elle poussa un long soupir qui fit vriller ses ailes de plus belle.
- Je ne sais pas ce qu'est exactement de la ... Hm. Poussière de fée. Mais si je devais demander quelque chose... Autre que des fruits. Sachant que si ça ... Hm. Va plus loin. Vous m'en donnerez de toutes façons.
Elle porta un doigt à sa joue droite, l'y enfonçant un peu. Elle réfléchissait. Tout en gardant à l'œil la démone. Voir même la Drow. Pas question de se faire attraper par des êtres tels qu'elles. Que pouvait-elle demander, si elle n'avait pas ses fruits. Peut-être... Ca.
Elle reprit parole avec une expression plus sérieuse. Toujours douce. Mais sérieuse.
- Je veux deux choses. D'abord... La promesse que tu me feras rien de mal ou que je ne veuille pas contre moi. Ensuite... Quand je t'aurai donné ce que tu veux... Un peu plus. Je te demanderai un service que tu devras accepter.
Et c'était dit. La première demande n'était que pour se protéger. Quant à la seconde... Vu ce que ça représentait pour elle. Elle voulait d'abord offrir quelque chose à la démone. Pour que celle-ci ne soit pas en position de refuser... Rien de bien méchant. Elle restait une fée. Mais tellement important.
-
Négocier avec une fée n’était pas chose facile quand on était une démone... Mais Samara était une diplomate, alors elle supposait qu’elle pouvait gérer ça. Tout ce qu’il fallait, c’était convaincre e petit bout qu’elle ne lui voulait aucun mal, et qu’elle était mieux avec elle que sans elle. Facile... Ou pas. Les fées n’aimaient pas quitter leur habitat naturel, et étaient conçus pour vivre dans de grands espaces verts. Samara jouait donc serrée, mais elle avait vraiment besoin de cette poussière de fée. Les propriétés magiques étaient incroyables, et, outre cela, elle se voyait bien avoir une petite fée posée sur son épaule, lors des réceptions diplomatiques qu’elle organisait dans son appartement. Mais là, l’Archimage s’avançait beaucoup. En attendant, elle avait proposé à Finië autant de fruits que la fée volait, si elle lui laissait le temps de les récupérer.
*Elle a peur de moi... Je dois m’occuper de ça.*
Finië hésita un peu. D’un autre côté, si les propositions de Samara ne l’intéressaient vraiment pas, la petite créature aurait largement eu l’occasion de filer. Par conséquent, le fait qu’elle soit toujours là signifiait nécessairement quelque chose. La fée réfléchissait, l’amenant à poser un doigt sur sa joue. Samara trouva l’image assez touchante, et évita de s’approcher d’elle. La démone avait en effet bien noté le mouvement de recul de la femme, et savait ce qu’il voulait dire.
Finalement, la fée émit deux autres conditions, la deuxième faisant froncer les sourcils de Samara.
*Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ?*
Samara fit une petite moue. Elle croisa ensuite les bras, et répondit :
« Sache que rien n’est plus important, pour un démon, que son honneur. Par conséquent, je déteste mentir. Alors... Je te promets que je ne te ferais jamais rien de mal, petite fée, et je ne te forcerais à ne faire rien que tu ne souhaites pas. »
Les démons étaient connus pour avoir l’habitude de jouer avec les morts, et c’était pour ça que Samara employait des termes clairs, afin d’éviter que sa petite fée n’ait l’impression qu’on ne cherche à la gruger.
« Maintenant... La poussière de fée est une poussière que les ailes d’une fée émettent naturellement. J’ai eu vent de récits parlant de fées capables de l’utiliser et de s’en servir, notamment pour fertiliser les rêves des dormeurs. Tu en émets naturellement, et elle vaut une petite fortune sur le marché... Mais je n’en veux pas pour le vendre, je... Hum... »
Samara se pinça les lèvres. Convaincre cette fée allait être difficile, et elle se disait que le meilleur moyen de la convaincre était d’être honnête avec elle. C’est ce qui amena un léger silence entre les femmes. L’Archimage finit par se retourner vers Djöll, et lui demanda d’aller surveiller les alentours. Obéissante, la Drow partit, et Samara s’assura d’être seule avec la fée, pour s’exprimer, et, surtout, pour se confier :
« J’ai été invoquée sur Terra par un mage cruel et méchant... Il m’a torturé... Il m’a énormément fait souffrir, et, depuis lors, je suis incapable de me souvenir de mon passé. Qui étais-je en Enfer ? Ces questions me hantent, et je pense trouver la réponse en explorant mon inconscient, et en utilisant mes rêves. Voilà pourquoi je veux de la poussière de fées... Pour contrôler mes rêves, pour voyager dans mon inconscient, et pour découvrir qui j’étais avant... Avant d’être invoquée. »
L’Archimage soupira lentement, et baissa la tête, avant de la relever, s’humectant les lèvres avec sa langue. Elle n’avait pas le temps de se confier ainsi. Il fallait bien connaître Samara pour savoir toutes les nuances derrière
« Voilà... Pour le reste... Je peux t’accorder autant de faveurs que tu veux, mais... Dans la limite de mes moyens, cela va de soi. Je suis une Archimage puissante et influente, mais je ne suis pas une Déesse. Si ceci est clair pour toi... Alors, je pense t’avoir tout dit. Mais, si tu as des questions, je suis disposée à y répondre. »
-
Elle soufflait fort. Et tout le stress qu'elle avait encore disparu peu à peu. Cette poussière dont elle n'avait pas conscience, et dont parlait Samara "coulait" un peu de ses ailes, pour s'évaporer peu après dans l'air. La moue de Samara ne présageait rien de bon... et pourtant, ses paroles vinrent directement contredire la moue.
Elle haussa ses deux sourcils. Puis s'arrêta même d'avoir peur. Il avait suffi de quelques paroles. Et même si elle avait encore quelques doutes sur la démone, elle ne pouvait pas vraiment demander plus que ça. Et si elle ne croyait pas ses paroles. Pourquoi serait-elle restée un peu plus ? Non. Elle voulait avoir "confiance" en les promesses de la Rouge.
Elle hocha la tête, continuant à l'écouter. La penchant sur l'écouter lors de l'explication.
- Tu veux dire que les mages sont plus forts que les démons ?
Elle plissa le nez. Pour reprendre juste après, s'approchant d'elle-même de Samara.
- Je ne savais pas qu'on pouvait contrôler les démons.
Dans les histoires qu'on entendait. C'était plutôt le contraire. Les histoires où des légions démoniaques s'attaquaient à des villes, pays ou mondes entiers pour récupérer ce qui les attendait. Mais... Si elle n'en avait jamais vu, les histoires semblaient plutôt convaincantes à l'époque. Jusqu'à maintenant. La rouge ne ressemblait pas à l'image qu'elle se faisait des démons. Et la fée commençait à admettre un peu son ignorance.
- Pour ce qui est.. hm. De la poussière. Je t'aurai aidé si tu m'avais simplement demandé contre un fruit tu sais... Pas.. Besoin de ... tout ça. Je ne sais pas vraiment comment faire. Du moins de manière aussi contrôlée que tu le souhaites. Mais je peux... éventuellement confirmer que parfois. A nos passages. Les êtres vivants ont des réactions parfois étranges. Que ce soit quand ils dorment et que nous venons leur piquer quelques fruits planqués ici et là. Ou quand ils ne dorment pas.
Sans compter les fois où les gens s'énervaient simplement à cause d'une simple petite farce gentillette. Ou bien quand ils devenaient tout rouge de colère, quand ils voyaient quelques objets précieux disparus. Certains de ses frères et sœurs fées étaient parfois pires que des pies. Mais là n'était plus la question.
- J'accepte de t'aider, alors... Je... te demanderai juste quelque chose après.
Elle hocha la tête. Puis... La pencha à nouveau sur le côté.
- Je... dois te suivre quelque part ? Ça...Va se passer comment, maintenant, alors ? Si on doit aller ailleurs qu'en forêt...
Elle grimaça un peu, plissant son petit nez, avant d'avancer encore pour voleter une trentaine de centimètres devant le visage de Samara.
- Je veux... bien. Tant que je peux revenir ici. Sinon, je me téléporte ailleurs. Eh. Je veux aussi savoir ton nom.
Et c'était tout. Finië était gentille. Un peu taquine, parfois. Elle restait une fée. Mais le plus souvent; Ses tours étaient soient inoffensifs, soient bénéfiques, même.
-
Les négociations semblaient aller bon train. Samara venait de se confier, et esquissa un léger sourire en voyant la fée se rapprocher un peu de son visage. Son histoire avait visiblement ému la créature, qui lui posa d’autres questions. Encore une fois, l’Archimage écouta silencieusement ses questions, puis hocha la tête.
« Samara. Je m’appelle Samara. »
Elle reprit ensuite, en commençant par revenir sur les observations préliminaires de la fée :
« Ce mage m’avait enfermé... Mais oui, on peut contrôler un démon. Samara n’est d’ailleurs pas mon vrai nom démoniaque. Si je te le disais, tu pourrais obtenir de moi tout ce que tu veux. Mais... Pour être honnête, je ne sais même pas de quoi il s’agit. Les mages ne sont pas par principe plus forts que les démons, tout dépend... Un démon dispose de capacités naturelles accrues et renforcées, certes, mais nous ne sommes pas invincibles. »
Voilà bien pourquoi Samara désirait tant la puissance... Elle avait tué ce mage, et avait volé ses pouvoirs, puis, ensuite, n’avait eu de cesse de s’améliorer. Elle soupçonnait avoir des gènes de succube dans le corps, dans la mesure où elle pouvait absorber les essences magiques des personnes qu’elle tuait, exactement de la même manière qu’une succube se nourrissant de l’énergie sexuelle de ses amants. Samara était ainsi devenue de plus en plus forte, traumatisée par ses années de servitude et de frustration. Elle en voulait plus jamais revivre ça, ce sentiment d’impuissance.
Samara se tenait donc maintenant face à Finië, qui avait des questions concernant sa capacité à revenir sur place.
« Et bien... L’idéal serait d’aller chez moi, à Ashnard. J’ai une serre, et la ville comprend des parcs, mais ce n’est pas un environnement très forestier. Néanmoins, je pense que je peux t’offrir la capacité de revenir ici pour te ressourcer quand tu le souhaiterais. Vois-tu, j’ai chez moi une orbe spéciale, une orbe de téléportation, qui est reliée à des orbes plus petites. Chacune de ces petites orbes peut, en étant actionnée par la plus grande, former un Portail magique. »
Elle essayait de simplifier autant que possible, et sortit de ses affaires une petite boule noirâtre.
« Nous allons la mettre quelque part dans ta forêt, dans un endroit tranquille... Ensuite, nous pourrons l’utiliser pour aller chez moi, ou pour revenir ici. Je te l’ai dit, je ne souhaite pas te piéger, belle fée... »
Samara lui sourit, comme pour tenter de la convaincre.
« Maintenant, si nous sommes d’accord, je te propose de me donner ton nom... Et de venir te nicher ici... »
Elle posa sa main sur sa poitrine, entre ses seins.
Après tout, n’était-ce pas le meilleur endroit du monde dans lequel se glisser ?
-
Ainsi, Samara était son nom. Et du "a" partout. Elle sourit, amusée. Ça sonnait bien. Et ça lui donnait des idées de rimes. Elle allait ouvrir la bouche pour en faire quelques-uns. Mais avant qu'elle ne le puisse. Samara reprit parole. Prenant une moue boudeuse un très bref instant, qu'on lui pique ainsi du temps pour placer des idées. Elle l'écouta néanmoins avec un intérêt curieux.
Donc. Ils avaient deux noms. Mais sa mémoire jouait encore des tours, plus mesquins les uns que les autres. Mais d'un côté. Peut-être était-ce mieux, de ne pas connaître son nom. Car on ne pouvait le donner à quelqu'un... non ? Un instant en pleine réflexion, elle penchait la tête sur le côté. Et si elle ne comprenait pas tout, elle en comprenait pour sentir que la démone avait besoin d'elle.
Le tout ne lui semblait pas si mauvais. Et tant qu'on ne s'en prenait pas à elle... ou contre sa volonté. Et pour une Démone. La Samara ne lui semblait pas si maléfique que cela. Et c'était aussi peut-être pour cela qu'elle avait bien envie de l'aider.
Ceci dit. La suite ne lui plut guère. Pas le fait d'aller là bas. Ca.. Elle pouvait comprendre. Mais offrir un moyen à la démone de venir ici quand elle voulait en claquant des doigts. A cet endroit précis. Ca. Ca ne lui plaisait pas. Elle plissa fortement le nez.
- Je peux me téléporter ici quand je veux. C'est. Hm. Juste un peu aléatoire. Mais je n'ai pas besoin... D'une orbe ou je sais pas quoi. Si je veux partir. Je partirai.
Elle voleta. Pour se poser juste sur l'épaule gauche de la démone, balançant ses pieds dans le vide. Sa petite main s'empara d'une fine longue mèche de cheveux pour l'enrouler autour d'elle.
- Hmm. Je pense plutôt que je vais me mettre ici, commença-t-elle avec un rire léger. Mais je t'aiderai avec ton passé si je le peux, Samara. Sans que tu ne laisses rien ici !
Malgré ses rires. Malgré ses divers airs. C'était la forêt où elle vivait. Et d'un côté. Elle comptait bien la protéger. Si la mort ne la dérangeait pas, car elle faisait partie de la vie. Les objets magiques, eux, ne la mettaient pas en confiance. D'où sa requête. Et cette précision. Après... Peut-être avait-elle exagéré son contrôle sur sa téléportation. Mais ça. Elle seule le savait.
Ayant terminé de faire la fière, elle se laissa glisser de l'épaule pour atterrir en douceur sur un sein. Pour glisser de celui-ci et se nicher entre les deux monts vertigineux. Ses petites mains tenaient le vêtement de la démone, alors qu'elle commençait un peu à se demander si c'était vraiment une bonne idée, que de faire à ce point confiance à une démone... Mais elle avait promit, non ?
Un instant soucieuse, elle observait sa forêt. Dans les fourrés, quelques bestioles étaient venues observer, sans crainte, le dialogue entre la fée et la démone. Les arbres eux-même semblaient silencieux, attentifs. Mais bon. Sa décision était prise. Et elle avait aussi confiance en ses propres pouvoirs. Peut-être trop, certes. Mais si cela pouvait lui permettre d'atteindre son but... Elle était prête à risquer autre chose qu'un fruit ou deux.
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Samara essayait d’être la plus cordiale possible, dans le but de montrer à cette fée qu’elle était honnête... Et sympathique. Cependant, la fée continuait à se méfier, et choisit ainsi de se poser sur son épaule, où elle amusa la démone en venant s’enrouler autour de l’une de ses mèches de cheveux. L’Archimage trouva ça amusant. Elle comptait utiliser ses cheveux comme couverture ? En tout cas, elle devait probablement ressentir la douceur de ses cheveux, de longs cheveux sombres et soyeux, très agréables au toucher. Ses amantes adoraient glisser leurs doigts dans ses longs cheveux, et ils sentaient bons... Comme tout le reste de son corps, Samara se parfumait, et faisait très attention à sa beauté esthétique, au fait qu’elle devait rester attirante. La petite fée se posa donc sur son épaule, et lui expliqua qu’elle pouvait se téléporter elle-même, n’ayant pas besoin d’une orbe quelconque.
« Oh... Et bien, d’accord. Mais, tu sais, Ashnard est assez éloignée de ta forêt... »
Et la téléportation, si elle était efficace, était toujours difficile sur de très grandes distances. Néanmoins, Samara n’avait pas envie que la fée se rétracte, surtout après avoir eu tant de si bons résultats. Elle lui avait proposé de se nicher sur ses seins, et, après quelques hésitations, la belle petite fée finit par se laisser convaincre, et se laissa tomber en contrebas. Samara frémit quand le corps de la fée caressa son sein, avant de se nicher là où elle lui avait dit d’aller. Elle sentit ses petits pieds se poser sur sa peau chaude et douce, et ses ailes venir caresser les rebords de ses seins.
Baissant la tête, Samara esquissa un léger sourire, l’esprit empli par un redoutable dilemme.
*Où est-elle le mieux ? Entre mes seins, ou perdue dans mes cheveux, sur mon crâne ?*
Une sacrée question, en effet, qui amena Samara à réaliser que la fée ne lui avait toujours pas donné son nom. Est-ce parce qu’elle avait peur de se faire ensorceler si elle le donnait ? Cette petite fée, pas plus haute de deux pommes, n’hésitait pas à faire la fière en disant que rien ne pourrait la retenir, mais elle se demandait si tout cela ne dissimulait pas une certaine forme d’inquiétude... Exactement comme elle, qui avait toujours peur du sexe masculin, et qui était incapable d’avoir le moindre rapport sexuel avec un homme. Un problème que seul Kazuha connaissait, et qu’elle et son esclave essayaient, pour l’heure en vain, de résoudre.
Samara sortit encore de ses pensées, et l’une de ses mains se rapprocha alors de ses seins. Le bout de l’un de ses doigts titilla alors la tête de la fée, tandis qu’elle souriait tendrement.
« Tu vas voir, ma petite, on va beaucoup s’amuser ensemble. Je sais que les démons n’ont pas bonne réputation, mais, si nous étions si horribles, l’Empire d’Ashnard, qui est composé de beaucoup de démons, aurait disparu depuis longtemps, non ? Ne t’inquiète pas, ma chérie... Et puis, tu verras du pays comme ça. Je suis sûre qu’une petite fée comme toi doit être curieuse de savoir ce qui l’entoure... »
Ou pas. Les fées étaient souvent très isolées, xénophobes, refusant de sortir de leur forêt, avec laquelle elles partageaient un lien psychique assez fort. De fait, beaucoup d’études disaient que, quand on éloignait une fée de son environnement naturel, elle se laissait dépérir. Samara avait bien une serre chez elle, mais elle espérait que ce problème ne se poserait pas. C’était une autre raison expliquant toute la difficulté qu’il y avait à se renseigner sur les fées.
Avec son autre main, elle concentra de la magie, puis lança une boule orangée qui explosa à quelques mètres, formant alors un Portail dimensionnel, ressemblant à un vortex. Un sifflement aigu s’en échappait, ainsi que des bourrasques d’air.
« Mon appartement se trouve de l’autre côté... Mais, avant qu’on y aille, tu ne m’as toujours pas dit ton nom, ma jolie. Alors, comment est-ce que tu veux que je t’appelle ? »
Elle cessa ensuite de caresser son visage, puis se rapprocha un peu du vortex... Chaque fois qu’elle se déplaçait, ses seins se soulevaient un peu, amenant aussi la fée à se déplacer. Et puis, c’est vrai que Samara trouvait cette image assez mignonne, avec cette fée se déplaçant entre ses seins. C’était un peu comme une sorte de passagère, en quelque sorte.
-
Elle prit un air boudeur. On la sous-estimait car elle était petite ? Car ce n'était qu'une fée ? La téléportation, pour revenir à SA forêt ne la gênait pas. Où qu'elle était. Elle avait un lien avec SA forêt, bon sang. Mais le temps n'était plus à la dispute. Ou même au boudage intempestif. Et même si sa moue renfrognée était craquante selon les dires de certains humains qui n'étaient pas tombés dans ses taquineries incertaines, elle n'avait pas vraiment l'intention de lui offrir cela !
Ses mains cherchent d'abord un point d'accroche... Sans y faire attention, appuyant sur les deux monts de chair confortable. Pour finalement laisser ses bras passer par-dessus les laçages. Soupirant, une fois installée, elle relève la tête pour observer la démone qui choisit justement ce moment pour lui caresser la tête d'un doigt. Directement revint l'air renfrogné craquant. Et même pire. Un instant, elle se demanda si elle devait mordre ce doigt qui décoiffait ses longs cheveux d'or. Se disant que mordre une démone n'était pas une si bonne idée que cela. Elle mit cette idée de côté. Du moins pour le moment. Lui lâchant un sourire amusé, elle pencha la tête sur le côté, pour se faire gratter juste au derrière l'oreille. Pour peu, elle aurait lâché un ronronnement. Mais elle était fée. Et non chatte.
Hm... L'argument que la rougeâtre énonça à propos des démons et d'Ashnard ne porta pas vraiment. D'après Finië la plupart des villes étaient remplies d’êtres pas fréquentables pour un fruit, et pourtant, les villes étaient toujours là. Et certaines s'étendaient sur de nombreux hectares ! Trop nombreux. Mais encore une fois, ses pensées divergeaient. Elle avait quelques inquiétudes à se séparer de sa forêt. Et quand elle partait, elle devait revenir tous les trois quatre jours pour se ressourcer. Voir si tout allait bien. Seulement. Là, avec ces imbéciles de chasseurs, elle n'avait pu faire ni l'un, ni l'autre. Elle avait encore de la ressource, suffisamment pour tenir quelques jours sans dépérir. Et surtout si la téléportation n'était pas à ses frais. Tout dépendait de la démone. Elle avait choisi de lui faire confiance pour l'aider... Et elle avait promis. Et en plus, si elle pouvait ensuite demander ce qu'elle voulait... Elle pouvait bien endurer un affaiblissement du lien pendant un bref temps.
Ses yeux s'arrondirent quand la magie officia dans sa forêt. Ça. C'était impressionnant. Les quelques animaux qui s'étaient approchés, curieux, fuirent sans demander leur reste. Les oiseaux s'envolèrent en piaillant, et les lapins et renards couinant, détalèrent pour rejoindre des terriers plus loin. S'ils étaient habitués à leur forêt, et la magie qui était partout. Ce genre de choses qui faisait du bruit et du vent n'était pas le bienvenue ici.
- Tu peux m'appeler Finië si tu veux... Ton appartement... De l'autre côté ? C'est comment un appartement ?
Évidemment. Quelques notions manquaient à cette jeune fée de forêt. Les coutumes des gens qui habitaient dans une cité lui étaient totalement inconnues. Elle ne connaissait que les petites maisons aux alentours, le plus souvent, petits villages, ou encore le Grand Arbre où les fées se réunissaient parfois. Quand ils n'avaient guère le choix. Du coup... Elle était curieuse. Inquiète. Mais curieuse.
Plaçant ses pieds dans les laçages, pour se retenir, ses bras accrochés aussi à eux. Elle ferma les yeux au passage du portail, retenant sa respiration. Comme si elle entrait dans l'eau. Elle n'était pas habituée à ce genre de déplacement, ayant une téléportation basique, elle. La question, maintenant, était : comment est l'autre côté.
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La téléportation était une magie extrêmement compliquée, et pour laquelle il existait différentes méthodes, plus ou moins sûres. La plus hasardeuse consistait à transplaner d’un endroit à l’autre. Une méthode très dangereuse, car, si on se trompait de quelques degrés, on pouvait finir encastré dans le décor, en transplanant par exemple dans un arbre... Ce qui résultait en une explosion de particules. Samara avait toujours été incapable d’expliquer le mécanisme scientifique de la téléportation, qui reposait sur les champs quantiques. Elle savait comment ça marchait, mais, pour ce qui était du fonctionnement... Ce qu’elle avait créé était un portail de téléportation ramenant droit vers elle. Si une autre personne qu’elle cherchait à faire ce portail, elle se heurterait à des champs de force entourant son appartement. Mais Samara disposait, chez elle, de puissants artefacts, comme une orbe magique de téléportation qu’elle utilisait pour pouvoir faire ses portails plus facilement. Le fonctionnement était relativement similaire à l’orbe qu’elle avait montré à Finië ; Samara lançait un sortilège de téléportation vers son appartement, et ce sort se « connectait » à l’orbe de téléportation, qui générait un portail.
Quand on se téléportait, la première étape, indispensable, était toujours de visualiser le point d’accueil. Ainsi, en observant le portail, on pouvait voir l’intérieur d’une pièce. Finië semblait relativement intriguée, ce qui fit que sa petite mine boudeuse (et adorable, au demeurant) était parti. Samara sentait que cette petite fée ne devait pas aimer qu’on la sous-estime, mais il n’y avait rien à faire. Avec sa taille minuscule et son beau corps, elle était tout simplement irrésistible. Samara la croquerait volontiers... D’amour, bien entendu.
Finië était intriguée par la notion d’appartement, ce qui, en soi, pouvait se comprendre. Étant une petite fée sauvage vivant en pleine forêt, elle n’avait jamais dû rencontrer ce genre de choses. Samara la sentit gigoter contre ses seins, s’appuyant avec ses pieds sur les laçages de son corset, ce qui amena ses fesses à caresser sa peau nue. Un contact bref, mais très agréable, comme de sentir les petites mains de la fée s’appuyer sur ses seins pour se soutenir.
« Et bien... Je suppose que le mieux est que tu vois ça par toi-même... »
Samara s’avança donc vers le Portail, et passa à travers. Le transfert fut instantané, et elles se retrouvèrent de l’autre côté, dans une pièce chaude et confortable. L’appartement de Samara, de fait, était assez grand, bien plus qu’un appartement classique. Il comprenait de nombreuses pièces, et même un jardin intérieur, ainsi qu’une piscine intérieure. Elle était une haute-fonctionnaire impériale, ce qui méritait bien qu’elle dispose de quelques privilèges. Le Portail derrière elle se referma, et elle fila dans le couloir, traversant la petite pièce pour rejoindre un salon. Il y avait une table à manger, un canapé, une cheminée, plusieurs meubles très précieux, et une grande porte vitrée menant à la terrasse.
« Je vais te montrer où nous sommes, Finië... »
L’Archimage s’approcha de la porte vitrée, et l’ouvrit à l’aide de la magie, puis débarqua sur la terrasse. L’air d’Ashnard, chaud, vint les accueillir, ainsi que la vision de la capitale.
Ashnard n’était pas aussi grande que Nexus, loin s’en faut, mais la capitale impériale s’en sortait bien. Samara se trouvait dans le centre-ville, dans un immeuble privé, et, depuis son étage, on pouvait voir les toits d’Ashnard, ses minarets, ses miradors, ou les immeubles d’habitation. Un ciel orangé les éclairait, et les bruits de la ville venaient d’en bas. Sur la droite, au fond, on pouvait également voir les hautes et multiples tours du Palais Impérial, avec en son centre la plus haute tour de la capitale : le Donjon Impérial.
Encore une fois, Samara s’amusa à gratter la tête de Finië, à hauteur de ses cheveux.
« C’est nettement différent de ta forêt, hein, ma belle ? »
-
Le moment était venu ! Elle allait partir de sa forêt... Et pour aller très loin d'ici. D'avance, la fée en frétillait. D'excitation, de découverte. De peur et d'inquiétude. Elle allait sortir d'ici. Complètement. Pas pour un petit voyage, bonjour au revoir. Mais pour aider une démone. Si Galahad le savait, elle se serait sûrement faite disputer pendant longtemps. L'homme fée... qu'elle appréciait beaucoup, avait une certaine tendance à l'aventure lui aussi. Mais à l'aventure mesurée. Mesure que Finië n'avait certainement pas. Mais d'un côté, c'est par l'aventure, et la découverte qu'on pouvait évoluer, non ? Et si elle voulait accomplir son but... Il fallait au moins cela.
Et la voilà de l'autre côté, ses poings férocement fermés sur les laçages de la démone, et ses ailes frétillant un peu, chatouillant sûrement la peau nue derrière elle. Puis le silence. Elle rouvre les yeux. Derrière elle, le portail est fermé. Et elle peut enfin observer ce fameux appartement. Des murs. Partout. Plutôt épais. Elle ne décroche pas de son emplacement, mais se détend, très légèrement. Sans laisser vraiment le temps à la fée de s'attarder sur les détails de diverses pièces, couloirs ou décorations, Samara se dirigea vers une pièce particulière... Et ouvrit une fenêtre.
Elle eut un hoquet de surprise, ses yeux s’ouvrant tout grands sous la surprise. Non pas pour le spectacle d'Ashnard, car il ne s'était pas encore offert à ses yeux, mais pour la vague de chaleur sèche qui envahit rapidement la pièce. Elle n'avait pas pensé à ça. Des étendues sableuses, un vent chaud et sec. Une ville perdue dans un désert. Elle frétilla à nouveau, de tout son corps, et se glissa hors du corsage de l'être Rouge aux arguments palpables pour voleter. Elle oscilla à gauche, à droite, avant de préférer se poser sur l'épaule de la démone, laissant une main peu sûre se faufiler dans les cheveux soyeux pour en attraper quelques-uns.
- Fait chaud... Ça change...
Le choc émotionnel était peut-être un peu plus fort que prévu. Et cette chaleur était partout. Et maintenant, elle pouvait voir la ville qui s'étalait sous elles. Le spectacle était ... étrange. Des bâtisses, à perte de vue. Et des étranges tours diverses et variées. Certaines... elle pouvait en reconnaitre. Certains chasseurs dans la forêt, ou les plaines à l'est en utilisait pour surveille les alentours, et débusquer des proies attrayantes. Mais faire ça en ville... Elle ne comprenait pas tout. Quelle était leur utilité ? Et pourquoi les mettre ainsi dans la ville. Et... pourquoi faire une ville dans cette fournaise ?!
Elle s'ébroua, plissant son nez, relevant la tête après que Samara ait finit de jouer avec ses cheveux. Ou sa tête. Ou les deux ! Foutues gratouillages... Qui étaient pourtant si bons. Et elle s'éleva à nouveau dans les airs pour rentrer bien rapidement dans l'appartement, ou la température était bien plus clémente, pour une raison qui lui était totalement inconnue. Une fois dedans elle soupira.
- Rentres vite ! Fait trop chaud dehors ! fit-elle en gesticulant un peu.
Elle se posa sur la table, ses yeux s'attardant enfin sur les meubles et l'organisation de la salle. Au moins, elle reconnaissait quelques objets. Elle en avait déjà vu dans les villages qu'elle avait pu inspecter à l'orée de son bois. Mais ceux-ci étaient loin d'être aussi brillants que les meubles cirés de la démone. Ou leur canapé était moins rembourré, quand ils en avaient. Elle commençait à comprendre un peu la différence entre Samara, et le reste des gens qu'elle connaissait. Même le sol, ici, semblait parfait. Tout à la même hauteur, et non plus ces lattes parfois décalées les unes aux autres. Bref. Samara était bien puissante.
Mais il n'empêchait que le dehors était bien trop chaud ! Ce qu'elle fit valoir d'un air un peu boudeur, contre l'extérieur.
- Quelle idée de vivre dans un désert ?! Cela manque de tout ! Eau, verdure, animaux, cascades... D'ombre aussi. Et je ne parle pas d’ombre brûlante. Et... Vous arrivez vraiment à avoir des fruits ici ? Ceux dont vous aviez parlé, dans ma forêt. Ça pousse vraiment ?
Elle avait encore quelques doutes, visiblement, quant à la véracité de tous les propos qu'avaient pu tenir Samara dans la forêt. Et voir des fruits juteux pousser dans un environnement comme celui-ci l'étonnerait plutôt. Certes, elle avait vu qu'on pouvait se téléporter à des endroits recherchés plus ou moins facilement. Mais de là à faire ce que les êtres sur pattes appelaient commerce -et qu'elle comprenait seulement à moitié-, c'était tout autre chose.
-
Finië était embêtée qu’on lui gratouille la tête... Ce qui, pour Samara, était précisément une raison de le faire. Elle en jouait, rien de plus. Oui, l’Archimage aimait bien cette petite fée, mais elle fut rapidement anesthésiée par la chaleur d’Ashnard. La ville était en plein désert, et, parfois, des vents chauds remontaient des dunes. Si l’appartement de Samara était plus frais, c’était lié aux cristaux magiques d’Eau et de Glace que l’Archimage, comme bien d’autres établissements, avait. Ainsi, la température était normale dans son grand appartement. En souriant, elle retourna dans l’appartement, la porte vitrée se refermant derrière elle. La démone aimait bien quand la fée remuait des ailes, car, alors, ses petites ailes frottaient son corps, glissant sur sa tendre peau. Ce contact provoquait en elle de multiples frissonnements, agréables et délicats.
« Ma pauvre petite, tu n’es pas habituée à une telle chaleur, hein, dans ta belle forêt ? »
Un léger sourire ornait les belles et délicates lèvres de Samara, qui marcha encore un peu, sa queue caudale glissant dans son dos. La fée s’était échappée de son corsage, et voletait en l’air, avant de se poser sur une table, et d’observer le mobilier Ce dernier se composait de plusieurs fauteuils rembourrés, d’un canapé, et de quelques meubles dans les angles. Il y avait un livre sur une table basse, qui appartenait à sa servante, Kazuha.
Finië revint ensuite sur la chaleur étouffante qui régnait en ces lieux, ce qui fit sourire Samara. Visiblement, cette chaleur rendait la fée quelque peu sceptique, et Samara, en souriant, se rapprocha d’elle, et l’un de ses doigts vint caresser délicatement le menton de la jeune fée.
« M’accuserais-tu donc d’être une menteuse, ma jeune et petite fée ? sourit-elle. Un désert ne manque pas d’animaux, ni de flore. La capitale a été bâtie sur un oasis, vois-tu, qui se trouve à l’emplacement du Palais. Cependant, il n’y a pas de fermes dans le palais. Nos fermes sont dans de vastes oasis et dans des campagnes, mais nous pouvons aussi les pousser ici. Tu ne me crois pas ? Alors, suis-moi... »
Samara, avec un sourire espiègle, se mit à marcher, et s’aventura le long des couloirs. Ils étaient luxueux, très beaux, et il y avait souvent des tableaux représentant des spectacles sensuels, des femmes nues en train de se faire l’amour, ou des portraits de hauts-fonctionnaires impériaux. L’Archimage marcha jusqu’à une double grande porte, et s’assura que Finië la suivait... Puis, en souriant, la femme ouvrit la porte.
Cette dernière s’ouvrit alors sur une belle et grande serre. Il y avait une fontaine au centre, et, à gauche et à droite, une succession de feuilles, de fleurs, de buissons, de délicieux parfums et de fragrances parfumées emplissant l’air. De magnifiques arômes délicats s’échappaient, ainsi que des mouvements d’eau dans les coins. Il y avait ici et là quelques baies à attraper. C’était le jardin personnel de Samara, et un lieu où, l’espérait-elle, une fée pourrait parvenir à se ressourcer.
« Alors, Finië ? Ma serre te paraît-elle désertique ? »
Samara esquissa un léger sourire amusé, et écarta les mains, avant de caresser une fleur. De petits tentacules jaillirent alors, et vinrent s’entortiller autour de son doigt, la faisant sourire. Elle laissa Finië se promener, quand des bruits de pas résonnèrent dans leur dos. Samara se retourna alors, et sourit en voyant la personne qui s’approchait, tenant une carafe d’eau entre ses belles mains.
« Maîtresse ? »
Kazuha (http://img101.xooimage.com/files/e/b/c/kazuha-1--45174dc.jpg) venait d’arriver, comme toujours dans ses jolis sous-vêtements, en observant Samara... Puis cligna des yeux, surprise, en voyant la petite fée.
-
A la réflexion, la fée ne savait pas vraiment comment se comporter avec Samara. D'un côté... Elle voulait l'aider, de l'autre elle était une démone. D'un côté, elle lui faisait découvrir de nouvelles choses, de l'autre, elle ne cessait de lui grattouiller la tête. D'un côté, elle était curieuse, de l'autre, elle était craintive. Mais pour le moment, malgré tous ces dilemme, le bon côté l'emportait. Mais il restait cette chaleur ! Étouffante chaleur. Heureusement, après son départ du balcon, la fenêtre se ferma. Assise sur la table, sur ses genoux, le cul par "terre", elle soufflait un peu, et hocha la tête vers Samara, laissant frétiller ses ailes encore un peu.
- Oui ! C'est... trop.
Un nouveau hochement de tête, alors qu'elle fixait les meubles ici et là. Confirmation de ses pensées. Si elle avait déjà vu l'intérieur des maisons des petits villages qu'elle visitait parfois, il n'y avait pas l'ombre d'un doute : Samara était riche. Quoi que cela signifiait. Elle était sûre que même si elle fonçait vers les sièges, elle s'y enfoncerait en douceur, pour en ressortir sans heurt ni mal. Ses yeux brillaient d'ailleurs un peu à cette idée. Et elle ne vue pas le doigt de la démone s'approcher de son menton pour le gratter. Suivant le geste, elle leva un peu la tête, pour offrir inconsciemment son menton à la grattouille. Ses ailes s'agitèrent et une petite poudre dorée s'éleva dans les airs pour disparaître aussitôt. Les grattouilles... C'était bas !
Et elle se rendit compte qu'on lui parlait, ayant manqué les premiers mots. S'envolant pour échapper à ces gratouilles appréciées, elle écouta avec attention les dernières paroles de la démone pour récupérer le train en route, et pencha la tête sur le côté. Les explications de Samara lui paraissaient confuses, et peu claires pour son esprit. Comment des plantes et des arbres aux fruits savoureux pourraient accepter de pousser dans de telles conditions ?! Les pauvres... Ce n'était pas un traitement plantaire ! Enfin. Féér... Dém.. Décent !
Sans rien répondre à ses explications, elle retourna se poser sur l'épaule droite de Samara toute légère, laissant ses pieds se balancer dans le vide, et une main s'égarer dans les doux cheveux de cette porteuse confortable. Durant le chemin, son regard s'égara ici et là, sur les tableaux, les éventuels bustes taillés, et autre. Sans vraiment comprendre non plus cette manie qu’avaient ces êtres des cités de faire de tels tableaux. Parfois, une légère roseur s'attarda sur ses joues devant un tableau ou deux, mais rien de bien notable. Au fur et à mesure que le duo s'approchait d'une grande porte, Finië sourit plus largement, laissant ses ailes battre un peu, se hissant sur ses pieds, toujours juchée sur l'épaule de la démone.
Et elle vit la serre. Elle prit une grande inspiration, s'enivrant des délicates fragrances s'échappant des fleurs connues ou inconnues. La fée s'envola sans répondre à son hôte, pour filer. Elle s'arrêtait devant certaines plantes, leur donnant une petite pichenette. Dès lors, les plantes se redressaient. Elle observa d'un air incertain les petites sortes de tentacules qui sortaient de l'une des fleurs, puis offrit son bras, en riant doucement.
Elle semblait apprécier l'effort. Et aussi la découverte de toutes ces choses inconnues. Étant définitivement une fée des forêts, même si la serre était particulièrement bien entretenue, il manquait aux goûts de Finië les arbres majestueux, les cours d'eau, les cascades, les cl... Enfin. Ce n'était pas une belle serre. Ça pourrait peut-être aller, pendant un temps. Bref temps. Mais visiblement... Ça ne suffirait pas sur du long terme. Par chance, elle ne comptait pas rester indéfiniment là ! Mais alors qu'elle venait de se stabiliser voilà qu'une femme blonde arrivait !
N'ayant pas prévu ça, la fée resta un moment interdite, échangeant un regard surpris avec l'humaine. Elle finit par faire demi-tour, et filer très rapidement. Si rapidement, que seul un trait d'une poussière dorée qui s'évaporait dans l'air trahissait son passage. Slalomant entre les plantes, elle s'était posée en haut d'un petit arbre. Prenant dans son sac sans fond quelques noix, elle en jeta une vers l'humaine, pour l'atteindre à la tête !
Bon... Vu la force de la fée, et la légèreté de la noix, elle aurait pu lui donner un coup de plume que ça aurait eu le même effet... Mais au moins l'intention était là. Elle regardait le duo en contrebas, plissant le nez.
- C'est qui ? demanda-t-elle d'un air légèrement inquiet.
Puis, voyant que la jeune femme n'avait pas l'air si.. dangereuse, elle sauta de son perchoir pour rebondir sur une fleur qui sentit à peine son poids pour voleter devant le duo. Oscillant un peu, prête à fuir. Elle avait peut-être un peu confiance en la démone, mais loin de chez elle, ici, à Ashnard, la fée était plutôt très inquiète de tout ce qui l'entourait, qui n'était pas une plante.
Et ça faisait un sacré paquet de choses !
-
Voir la manière dont Finië fuyait ses gratouilles fit sourire Samara. C’était d’autant plus amusant que, en lui grattouillant le menton, elle avait vu un peu de cette précieuse poussière de fée jaillir de ses ailes magiques. Un bien précieux, que la fée gaspillait, probablement sans vraiment réaliser toute son importance. Elle l’avait ensuite invité dans se serre, et avait laissé Finië s’en imprégner, toute la serre semblant s’égayer à son passage. Mine de rien, toutes ses fleurs avaient été des graines à une époque, ou des fleurs récupérées depuis des fleuristes, des herboristes. Elles n’étaient pas là que pour la décoration. On trouvait par exemple des racines de mandragore, des pétales de myrte blanc, de la verveine... Des fleurs et des plantes qu’on utilisait pour confectionner des élixirs. Or, Samara n’était pas une puissante mage pour rien. Elle maîtrisait aussi les arcanes de l’alchimie, et, à ce titre, elle venait souvent dans cette serre prélever des plantes, des ingrédients alchimiques qu’elle utilisait ensuite pour ses décoctions. Elle laissait donc à Finië le soin de tout voir... Quand Kazuha, sa fidèle servante, arriva.
Les fées étaient connues pour être peu farouches, et cette légende se justifia en ce moment. La petite fée se mit à paniquer, et s’envola dans un arbre, se dissimulant au milieu des feuilles, faisant sourire Samara. Kazuha sentit alors une noix venir sur son front, et releva la tête.
« Hey ! protesta-t-elle.
- Du calme... Finië, Kazuha est une amie. Elle travaille pour moi, me protège, et me seconde dans bon nombre de tâches. Tu peux lui faire autant confiance qu’à moi. »
La fée hésita un peu, et Kazuha finit par lever les mains, en signe d’apaisement.
« Je ne suis pas armée... Mais ne me jette plus de noix, s’il-te-plaît... »
Finalement, la fée se décrispa, et descendit de son perchoir, continuant à flotter dans les airs. Samara donna ensuite quelques explications à Kazuha, en lui indiquant qu’elle avait ramassé cette fée dans une forêt, et que Finië avait accepté de la suivre, afin de se renseigner sur le monde extérieur.
« Tu vois, Finië ? Mon appartement est un endroit sûr pour toi... Et, pour te montrer à quel point je tiens à toi, j’ai une surprise pour toi. »
Samara lui sourit, puis lui fit signe.
« Tu peux te mettre sur mon épaule, si tu veux, j’aime bien quand tu es dessus... »
En tout cas, Samara se mit à marcher, puis rejoignit un salon. Kazuha avait de fait conçu quelque chose pour accueillir une fée. Elle se rendit dans une belle pièce, avec un grand rideau blanc entourant une partie de la pièce, puis, en souriant lentement, l’ouvrit.
Derrière, il y avait, sur un meuble, une superbe et grande maison de poupée en bois, avec de multiples fenêtres donnant sur des chambres, un grand salon, et même une petite salle de bains.
« Kazuha a conçu elle-même cette maison pour pouvoir offrir à une éventuelle fée un peu d’intimité. Elle est parfaitement opérationnelle... Et elle est pour toi, Finië. Si tu n’as pas envie de dormir avec moi, tu pourras dormir là-dedans.
- J’ai tout fait moi-même, précisa Kazuha. J’ai découpé le bois, poli l’ensemble, découpé du tissu pour faire les lits, les rideaux... J’ai toujours aimé faire des maisons de poupée. »
Elle eut un léger sourire poli. Pour Samara, c’était bien la preuve que Kazuha était une femme polyvalente, et capable de nombreuses choses... Y compris faire de belles maisons de poupées. Cette maison était très grande, et Samara tendit sa main en souriant, retournant grattouiller le menton de Finië, pendant quelques secondes.
« Tu veux la visiter, Finië ? Elle est toute pour toi... »
-
Décidément, à la façon dont la regardait Samara, Finië commençait un peu à douter de la démone. D'abord, les grattouilles. Ce regard tantôt fasciné, tantôt avide. Ces portraits aux murs... Et maintenant il y avait une personne aussi habillée que les ondines qui traversaient parfois les lacs où rivières pour rejoindre la mer. Et dans les pensées, ce n'était pas vraiment très flatteurs. Les ondines faisaient souvent les fières avec leur eau salée. Mais un jour, elles verraient. La nature gagnerait sur cette mer envahissante. Sur ce sel si ennuyant. Maiiiis ce n'était pas là la question du jour. Elle gardait son air mécontent, ses ailes vibrant dans son dos, jusqu'à ce que la démone daigne expliquer ce qu'il en était... Et que la dénommée Kazuha lève ses mains aux ciel. Hmm... Si c'était vrai, alors pourquoi pas.
Sans pour autant faire pleinement confiance à la blondinette, et en la surveillant du coin des yeux, elle daigna descendre de son arbre, continuant à voleter tranquillement. Elle gardait néanmoins une main proche de son sac sans fond. Et cette fois, qui sait ce qu'elle en sortirait ? Et aux explications de Samara elle réagit à nouveau, gardant une moue un peu boudeuse, mais amusée au visage.
- Nah. Tu ne m'as pas...ramassée ! Je suis venue pour t'aider avec tes rêves.
Elle donna une petite pichenette sur ses ailes qui battaient sans cesse l'air pour la maintenir sans effort apparent, en l'air, et de la poussière dorée brillante apparue, pour disparaitre dans l'air presque aussi tôt. Puis elle voleta jusqu'à l'épaule de Samara, celle qui se retrouvait à l'opposé de la position de Kazuha, ne comptant pas se laisser piéger dans un terrible entre deux ! Ou quelque chose du genre. A nouveau, elle put apprécier la chevelure de la démone, qui faisait un très bon cordage.
- Même si je ne sais pas ce que je peux faire avec ça... Si tu me dis que cela peut t'aider, je suis prête à faire ce qu'il faut pour. Enfin. Dans les limites de notre accord bien sûr... Puis je te demanderai, si cela fonctionne, la seconde partie.
Elle ne perdait pas le nord. Déjà, qu'en tant que fée, elle avait un moyen interne pour le repérer... Mais même dans la conversation, ce qu'elle faisait était en quelques sortes intéressé. A nouveau, une pensée s'échappa pour l'un des siens dont elle connaissait déjà si bien les colères, mais revint rapidement au temps présent. Dans le salon précédemment visité, puis une autre pièce. La richesse était omniprésente, et prouvait sûrement un certain statut que la fée ne pouvait pas comprendre. Elle était loin de toutes ces considérations si.... civilisées. Et elle se jeta de l'épaule de Samara pour voleter proche du rideau blanc.
A la découverte, elle haussa ses sourcils, sans vraiment comprendre. Et s'approcha des fenêtres de la maison miniature pour observer l'intérieur. C'était plutôt joli, bien fait. Et, même sans concevoir tout le travail que cette maison de poupée avait dû demander, et toute la maîtrise de Kazuha, elle pouvait voir que c'était beau. Et pour le moment, cela lui suffisait. Elle voletait, de fenêtre en fenêtre, tout en écoutant l'explication donnée par la fameuse créatrice.
Et alors que la fée aux lancés de noix douloureux allaient répondre, elle ne vit pas -une nouvelle fois- ce doigt traitre venir lui gratouiller le menton. Et à nouveau, elle ne put s'en empêcher. Elle leva légèrement la tête pour offrir son menton et son cou, tandis que ses yeux se plissaient et que tout son être vibrait, laissant s'échapper cette si précieuse poussière d'or qui s'évaporait bien rapidement dans le dos de Finië... Mais enfin, après quelques secondes où elle se laissa gratouiller comme un chat, orientant l'ongle sur certains points du cou, elle put enfin reprendre parole.
- Cessez çaaaa ! Commença-t-elle d'abord, se secouant et frétillant pour reprendre le contrôle sur son esprit, sans se rendre compte du vouvoiement, et elle reprit. Et je ne veux pas d'une maison. Je ne suis pas une fée de compagnie !
Puis elle regarda Kazuha, plissant les yeux...
- C'est... Très beau, hein. Mais je ne suis pas vraiment faite pour ce genre d'endroit où on ne peut pas voler tranquillement. J'ai plus l'habitude de dormir dans... Dans la forêt. Donc là, ce serait dans la serre... A défaut d'avoir une vraie forêt dans ce coin désertique.
Elle soupira un peu. Déjà, le coup de noix sur l'humaine, puis le refus si puissant d'y entrer... Peut-être était-ce un peu trop. Elle-même, si elle avait préparé quelque chose comme ça, n'aurait pas apprécié une telle réaction. Grommelant pour elle-même, après quelques instants d'hésitations où son regard oscilla entre Kazuha et la maison de poupée, elle finit par se poser devant la porte de cette dernière.
- Je... veux bien faire un test alors... C'était aussi pour ça que je suis venue, non ? Je... J'y passerai une nuit. Cela vous va ? demanda-t-elle vers le duo. Et... Samara, tu as une idée, pour tes rêves et mon aide ? Et tu veux faire cela quand ?
Elle préférait aussi revenir à ce sujet qui était aussi la principale raison de sa venue dans ces lieux. Et elle s'assied, en écoutant la réponse de la démone, sur le devant de la porte, laissant ses mains se passer dans ses longs cheveux blonds.
-
Visiblement, les grattouilles étaient le point faible de la petite fée, ce qui ne manquait pas de faire sourire Samara. Elle finit par s’arracher au doigt de Samara après quelques secondes, en geignant faiblement, probablement agacée par l’idée que ces grattouilles puissent la rapprocher d’un animal à qui il faudrait caresser le dos pour le faire obéir... Samara avait un angle d’attaque supplémentaire. Pour l’heure, la fée était toutefois interloquée par la maison de poupée, car elle ne se voyait pas dormir dedans. Finië était une fée habituée aux grands espaces, alors, devoir vivre dans un endroit si clos... Cependant, même dans sa forêt, la fée avait son refuge, ce petit coin situé dans son arbre où les imbéciles de chasseurs que Samara avait secrètement engagé avaient réussi à la trouver. Consciente que son refus pourrait vexer Kazuha, elle proposa alors d’y passer une nuit, juste pour voir, tout en voulant aussi savoir quand elle pourrait commencer à travailler avec Samara sur les rêves.
L’Archimage se pencha alors vers elle, et lui répondit rapidement :
« Tu n’es pas obligée de dormir dedans, tu sais... Disons que c’est... Un genre de refuge pour toi, si tu veux. Quand tu es dans cette maison, ça signifiera que tu ne veux pas qu’on te dérange. Si tu ne veux pas dormir dedans, il n’y a absolument aucun problème, Finië... »
Il n’y en avait effectivement aucun, et Kazuha hocha la tête, en lui faisant un sourire poli :
« Ne t’inquiète pas pour moi. Tout ce que je souhaite, Finië, c’est que tu te sentes bien, pour le peu de temps où tu resteras ici. Tu es une invitée d’honneur, il est normal de veiller à ce que tout soit irréprochable pour toi. »
C’était fondamentalement aussi simple que ça : veiller à ce que la fée soit heureuse.
« Pour les rêves, on peut faire ça quand tu veux... Le mieux, ce sera que tu dormes avec moi, dans ce cas. Ainsi, ta poussière de fée ira directement sur mon corps, et je pense que ça nous sera utile. »
Elle se redressa un peu, et orienta ses mains vers ses seins.
« Tu n’auras qu’à dormir sur ma poitrine... Enfin, dans l’espace entre mes seins, c’est un endroit très doux et très confortable... »
Kazuha sourit légèrement. Si on le lui avait demandé, elle aurait pu confirmer que les seins de sa Maîtresse étaient très agréables. Finië avait en tout cas bien de la chance, car ce n’était pas tout le monde qui était invité à dormir dans cet espace-là. Un espace chaud et tendre, doux et agréable, délicat et attirant... L’un des meilleurs endroits du corps féminin, en réalité ! Qui n’aurait pas envie de s’y nicher, et d’y dormir ?
Samara s’écarta alors un peu.
« Voilà... Tu peux faire comme chez toi ici, Finië... Si tu as besoin de quelque chose, n’importe quoi, Kazuha est là pour ça. Si tu veux retourner te reposer dans la serre, pas de soucis... Si tu veux sortir dehors, fais-nous signe, car je préfère qu’on t’accompagne. La ville est plutôt grande, et je n’ai pas envie que tu te perdes.
- N’hésite pas à me demander tout ce que tu veux, Finië, je me ferais un devoir de rendre ton séjour ici le plus agréable possible... »
-
Perdre un arbre pour se retrouver avec une mini-maison humaine. Même si elle n'aimait pas trop le concept de maison, avec toutes ces pièces, tous ces petits amas de technologie... Il fallait bien avouer tout de même que l'humaine avait fait un sacrément bon travail. Et... son petit coin de paradis, dans sa forêt, maintenant qu'il avait été découvert par des humains. - A cette idée elle fronça les sourcils. - Elle devrait s'en trouver un autre. Ce qui impliquait beaucoup de voyages entre le point A et le point B, pour transporter toutes ses affaires qui ne rentreraient pas dans son sac. Et aussi trouver le bon arbre. Elle se balança sur ses pieds, à gauche à droite, puis cessa.
Elle ne comprenait décidément pas tout ce qui se passait entre Kazuha et Samara. Une démone et une humaine ensemble. Qui semblaient bien s'entendre aussi. Et... Elle-même était l'invitée d'honneur d'une Démone puissante. D'un pays super supra lointain. Avec tellement peu d'arbres. Et la maisonnée faite en avance pour pouvoir recueillir une fée. Elle n'y avait jamais pensé. Mais...
- T'as jamais trouvé d'autres fées pour t'aider ? Je suis la touuuute première ?
Elle clignait des yeux, incertaine. Ça faisait beaucoup pour elle, et son petit cerveau. A peu près incapable de concevoir des plans complexes. Généralement, dès que ça la faisait réfléchir de trop, ou sur du trop long terme. Quand ça ne concernait pas la forêt. Elle oubliait ces idées, les mettant de côté, loin. Un autre soupir, et elle sauta en l'air, laissant ses ailes agiles prendre le relai, jusqu'à poser ses fesses sur le bord d'une cheminée. Ses petits pieds nus battaient l'air... Et faut dire, vu ses vêtements... Il n'y a pas que cela qui battait l'air. Ses ailes frémissaient un peu ici et là. Maintenant, que pouvait-elle faire...
- Je veux bien dormir où tu voudras hein. Elle souriait avec douceur et ingénuité, puis rit d'un air amusé, farceur. Tant que je ne m'étouffe pas entre ces deux montagnes rouges !
Faut dire. Quand on comparait. Ces seins faisaient plusieurs fois sa largeur. Et si la démone se tournait pendant la nuit. POUF. Elle finissait écrasée. Non pas que recevoir une couverture du genre la dérangeait, mais si elle pouvait éviter de se froisser une aile durant la nuit, ça elle préférait éviter. Mais l'idée semblait lui plaire.
- Le problème. Pour ça, faut que tu dormes, non ? Donc, faut te fatiguer. Un hochement de tête rapide, l'air concentrée pour trouver ce plan superbe. Donc, on sort un peu ? A moins que tu veuilles te fatiguer autrement ? Mais je doute que faire des gratouilles sur mon dos suffise. Il en faudrait plein. Puis sous le ment...
Un gargouillement venait de faire son apparition. Les petits fruits qu'elle mangeait avaient beau lui donner de l'énergie, suffisamment espérait-elle, pour s'enfuir si besoin. Finië restait une gloutonne pour sa taille. Et cet instinct prit le dessus sur toute autre idée. Elle vola alors juste devant le nez de Samara, pour s'exclamer.
- D'abord, je veux manger !
Un autre hochement de tête rapide, avant qu'elle ne tourne sur elle-même, pour observer la pièce, puis poser la question fatidique.
- C'est où qu'on mange, et quoi ?
-
Finië, indéniablement, était une fée très atypique... Mais, d’un autre côté, Samara avait peu d’expérience avec les fées, et ne savait donc pas trop comment les aborder. D’elles, on disait surtout qu’elles étaient très timides, asociales, car craignant les « géants ». Parvenir à sortir Finië de sa forêt avait, de fait, nécessité l’accomplissement de tout un stratagème, et, maintenant que Samara avait atteint son objectif, elle espérait maintenant pouvoir profiter de la fée. Cette dernière finit par lui avouer qu’elle avait faim, ce qui ne manqua pas de faire sourire Samara.
« Je vais te montrer la cuisine, Finië. Tu peux te poser sur mon épaule, si tu veux. »
Samara aimait bien l’idée d’avoir la fée sur son épaule, comme une sorte d’acolyte qui viendrait se nicher dans le creux de sa nuque pour lui déposer moult baisers. La fée lui avait, peu ou prou, proposé de faire l’amour, en associant le fait de « dormir » et de se « fatiguer ». Est-ce qu’elle l’avait fait sciemment exprès ? Ou est-ce qu’elle était vraiment tellement innocente qu’elle n’avait fait aucune association d’idées ? L’Archimage s’amusait à y songer, tout en traversant quelques couloirs, pour rejoindre sa cuisine.
La cuisine se composait d’une pièce où on préparait à manger, et d’un garde-manger, avec des meubles. La pièce était dépourvue de fenêtres, et faisait office de grand réfrigérateur, l’Archimage usant de sa magie pour abaisser artificiellement la température. C’était donc une chambre froide avec des murs en pierre.
« Là, il y a la viande, et tous les aliments devant être conservés. Les fruits et les sucreries se trouvent dans la pièce principale, dans ces placards. Je les laisserais ouverts pour toi, ne t’en fais pas. »
Une fée, ça devait surtout manger des fruits, mais Samara voulait faire un essai. Elle ouvrit donc un placard, et en sortit un pot de chocolat.
« Je ne sais pas si tu en as déjà mangé... C’est du chocolat. Ne t’inquiète pas, si tu n’aimes pas, j’ai des fruits... Mais, pour tout t’avouer, je suis folle de chocolat ! »
Samara lui sourit alors, puis enfonça le bout de son index dans le pot de chocolat, en imbibant son ongle et le bout de son doigt, puis le présenta vers Finië.
« Viens lécher, ma petite... »
-
Elle était atypique. Trop curieuse pour son propre bien, et trop inconsciente pour penser proprement. Sans doute Galahad l'aurait disputée. C'était presque sûr, même. Elle en rit même pendant un instant, perdue dans cette idée. Voir cette belle face devenir joufflue et violette de colère, tandis qu'il aurait jacassé au moins pendant cinq minutes. Ca la faisait rire. Bon, elle en aurait eu marre et lui aurait mis une cerise dans la bouche, pour le faire cesser. Mais elle aimait l'entendre râler. A croire qu'elle ne faisait cela que pour ça. Mais pas vraiment. Elle était vraiment curieuse, et si elle pouvait aider cette démone qui lui apparaissait comme gentille. Elle n'avait rien contre.
Plutôt que l'épaule, elle préfèra se percher sur la tête de la démone, ses pieds s'enfonçant dans ses cheveux, et s'y faisant une sorte de siège confortable, juste entre les deux cornes. Et en plus, d'ici, elle avait une meilleure vue, pas cette grosse tête rouge pour lui gacher la vue. Enfin. Pas que cette vue la dérangeait. -Elle avait une fascination étrange pour les oreilles.- Mais là, quand même, on voyait vachement mieux. Et... Samara se trompait bien. Pour la fée, se fatiguer, s'était sortir. Aller découvrir cette ville inconnue et inquiétante. Elle était à mille lieu de penser à une relation charnelle. Surtout avec une géante ! Mais bon. Déjà, Finië ne s'en était pas rendue compte. Et en plus, elle était toute à son observation des couloirs, et des tableaux qui y étaient parsemés.
Quand elles arrivèrent -enfin- à la cuisine, elle fit un rond de ses lèvres, toute impressionnée par la grandeur de la pièce. Bon, c'était vachement moins beau et confortable que le reste de la maison, -après tout, ils étaient dans cette ville militaire, mais elle l'avait déjà oubliée- mais à nouveau elle n'y porta pas t'attention. Toujours perchée sur le haut du crâne de la démone, elle observait, tordant son cou et son torse pour tout observer.
Elle prit quelques secondes pour déméler ses jambes légèrement prises au piège de ces sombres cheveux. Puis une fois libre, elle s'envola en grognant légèrement.
- Faudra te coiffer les cheveux. Mes pieds voulaient plus en sortir ! accusa-t-elle sans mauvaise foi aucune.
Et elle voleta un peu, ici, et là, observant la démone fouiller dans ses placards. Déjà, manifestement, elle n'avait pas de cuisiner, vu qu'elle connaissait où se trouvaient les objets... D'ailleurs. Les démons, ça mangeait quoi, déjà ? Elle pencha la tête sur l'autre côté, réfléchissant. Puis haussa les épaules. Chocolat. Elle chercha un peu, puis ouvrit plus grands ses yeux.
- J'en ai jamais mangé, nah. MAIS ! On m'en a déjà parlé oui !
Et elle fonça, pour freiner juste devant le doigt, y louchant. D'abord, elle y approcha son petit nez, pour sentir, et sentir un frisson parcourir tout son corps. Et sans vraiment attendre, elle ouvrit la bouche pour y planter ses crocs. Enfin, crocs. Mis à part une pression dérisoire, la démone ne devait pas sentir grand chose. Elle s'en mis un peu autour des lèvres, voir même sur le nez. Gourmande, elle accrocha ses mains sur le doigt démoniaque, tandis qu'elle commença à se régaler du chocolat sur l'ongle.
- MRouhhhhh ! lacha-t-elle, apparemment contente.
Dans le même temps, cette concentration de magie particulière augmentait un peu, et ses ailes qui flap-flappaient l'air lachaient doucement cette poussière de fée, si précieuse. L'ongle propre, s'écarta un peu, un sourire large au visage, jusqu'à ses oreilles.
- Mrouhhh ! C'est super bon ! Galahad et Gilmahel m'en avaient déjà parlé ! Chocolat. Mrouhhh !
Elle hochait la tête avec vigueur, et de ses mains elle se débarbouilla le visage, faisant rapidement disparaître toute trace de chocolat si bon. Puis elle la regarda.
- D'autre !
-
Cette fée était vraiment curieuse... Et amusante. Elle s’était juchée sur la tête de Samara, s’empêtrant dans les cheveux soyeux de l’Archimage, et avait, effectivement, fait preuve de la plus pure mauvaise foi, et ce parce que Samara prenait grande attention à ses cheveux. Elle les entretenait régulièrement, les brossant, les nettoyant, et les lavant. Ils étaient très fins et très doux. Finië n’était juste pas habituée, mais tout ceci ne fut bientôt qu’un souvenir lorsque ses petites lèvres s’approchèrent du doigt de Samara. Elle avait pris vraiment peu de chocolat, et esquissa un léger sourire. Elle, elle adorait la gastronomie humaine, car, en Enfer, on mangeait, somme toute, des mets aussi horribles. Les démons exilés sur Terra étaient donc, très souvent, de fins gourmets, car, quand on avait l’occasion de manger autre chose que du ragoût de gobelin, on devenait vite accroc à la bonne nourriture.
« Vas-y, goûte... »
Et elle goûta. Tandis qu’elle léchait, le plaisir gastronomique se fit savoir, ce qui eut pour effet de faire couler le long de ses ailes de la poussière de fée. Samara sentit clairement cette puissante magie, et s’en mordilla les lèvres, voyant la poussière dorée tomber de ses ailes. On disait que la poussière de fée avait d’importantes propriétés magiques, et Samara, maintenant, pouvait le constater de visu. Oh, c’était excitant, encore plus que de sentir cette petite fée s’arc-bouter contre son doigt pour en lécher tout le chocolat.
Finië eut vite fait le tour de ce chocolat, et s’en était mis un peu partout, ce qui l’amena rapidement à se nettoyer. Elle lui parla alors d’individus dont Samara n’avait jamais entendu parler, et confirma une chose qui, aux oreilles de Samara, était évident :e c’était bon. Au moins, ça confirmait aussi que la fée pouvait manger autre chose que des fruits et des feuilles de salade.
« Encore ? Hum... Tu es une petite gourmande, Finië... Mais soit ! Je ne peux rien te refuser. »
Samara lui sourit, et plongea son doigt plus profondément dans le pot de chocolat, puis le tendit ensuite vers Finië de nouveau.
« Viens... Viens lécher mon doigt... »
Et, cette fois, Samara en profiterait pour récupérer la précieuse poussière de fée...
-
Qui était le chef, et qui était la petite fée qui obéissait. On se le demandait presque. Du moins, dans l'esprit de Finië. Ca l'amusait, cette sensation, de commander à une grande démone puissante dans une ville inconnue. D'un côté à y penser... Ca paraissait surtout étrange. Elle observa un instant la rouge qui agitait son doigt couvert de chocolat, sans bouger. Oscillant entre le chocolat, et le regard argenté. Tiens. Elle venait de remarquer. Des yeux argentés, c'était plutôt mignon, en fait. Et tellement peu démon. Elle s'était plutôt...
Elle s'égarait. Et son ventre réclamait encore. La fée reposa sa focale sur le chocolat, puis y voleta avec une certaine lenteur. Elle sembla se concentrer.
- Merci ! lacha-t-elle tout en tapant dans ses mains de contentement.
Mais cette fois, le plan de la démone allait peut-être être mis à mal. Car nulle poussière ne s'échappa de Finië tandis qu'elle dévora la moitié du chocolat qui reposait sur le doigt tendu. D'ailleurs, elle s'arrêta à la moitié. Et le changement se produit là. Plutôt que d'agiter ses ailes, de frissonner, et de laisser échapper cette précieuse Poussière, elle la concentra en elle.
Encore plus qu'avant, Finië fut un concentré de pur magie. Qui ne se régissait pas sur des règles préconstruites ou logiques. (Après tout, comme un simple chocolat pouvait provoquer cela ? Si le chocolat a bien des vertues, il n'était guère connu pour ses propriétés magiques.) Et, telle ces fées qui orientaient certains êtres égarés la nuit, dans les forêts, elle fut ainsi. Brillant dans cette cuisine.
Pour un nez fin, elle n'était que magie. Un grand noyau qui resplendissait, mais qui pour cette fois, ne laissait rien échapper. Et la fée, après s'être débarbouillée le visage rapidement, souriait. Elle s'écarta en volant un peu, pour observer Samara.
- Tu vois ! Je brille.
La voix était un peu plus sérieuse, restant taquine, comme fière de son coup, de sa maîtrise. Car il en fallait. Certaines, disait-on, étaient capables de miracles. Encore fallait-il les provoquer, ces miracles. Finië comme un soleil, voletait à droite, à gauche, tournoyant sur elle-même. Déjà délaissant ce chocolat qu'elle avait découvert, apprécié, et goûté suffisamment. Elle pencha la tête sur le côté en observant l'air qu'avait la démone.
- T'as un air bizarre... Tu vas bien ? Elle cligna des yeux, légèrement inquiète, tournoyant toujours et voletant avec une énergie renouvelée.
-
Samara se mit à sourire en voyant Finië s’attaquer encore à son doigt. Elle était si mignonne, cette petite fée... La voir lécher le chocolat sur son doigt était très amusant, et très excitant. La regardant avec une lueur appétissante dans les yeux, Samara la laissait faire, voyant le petit corps de la fée remuer contre son doigt. Sa langue filait le long de sa peau, et elle continuait à l’avaler, encore et encore. La fée avalait joyeusement le chocolat, et, tandis qu’elle le faisait, sa magie se mit à évoluer, à augmenter, comme si le fait d’avaler tout ce chocolat l’excitait énormément. Mais, contrairement à la précédente fois, de la poussière de fée ne s’échappa pas. Au contraire, la magie sembla se concentrer dans le corps de la fée, faisant briller ses ailes. La fée se transforma en une petite lampe avant d’être rassasiée, et de se mettre à voleter, toute contente.
L’Archimage, elle, nettoya son doigt avec une serviette, puis regarda ensuite Finië voleter autour d’elle. Toute cette magie... Finië semblait s’être transformée en un réservoir à magie, scintillant sur place, et elle lui demanda ensuite ce qu’elle avait. En retour, un léger sourire vint traverser les lèvres de Samara, qui haussa les épaules.
« Évidemment que je vais bien... Je suis juste surprise de voir... À quel point tu scintilles. »
Son doigt se rapprocha du corps de Finië, et elle la gratta sur le ventre avec son ongle, avant de se mordiller les lèvres. Toute cette magie, ça... Et bien, pour le dire simplement, ça l’excitait, et elle avait envie de plus. Elle s’humecta donc les lèvres, et se rapprocha encore de la femme, son visage finissant par être tout proche de son corps. Finië avait beau être toute petite, il y avait bien des moyens de jouer avec elle, maintenant que la fée semblait toute bouillonnante et toute chaude.
« J’apprécie beaucoup ta présence, ma petite Finië... »
Elle se pencha vers elle, et l’embrassa sur la tête, ses lèvres la recouvrant presque intégralement. La magie, néanmoins, était une chose très pratique, et, tout autour de la main de Samara, quelques étroits et fins tentacules jaillirent pour s’enrouler délicatement autour de la jambe de la fée, remontant pour se rapprocher de son bassin, caressant ses jambes.
« Tu irradies tellement de magie, c’est le signe que tu dois être heureuse... Et j’ai envie de te rendre encore plus heureuse, ma chérie... Pas toi ? »
Son auriculaire vint caresser le ventre de Finië, appuyant doucement sur son estomac. La fée était toute petite... Mais ça n’empêchait pas Samara de pouvoir jouer avec elle... Ce qu’elle comptait maintenant bien faire.
-
Elle était puissante. Ou plutôt, la puissance était en elle; Finië, fée de son état n'avait jamais été du genre à utiliser ses pouvoirs, ou même avoir conscience qu'elle en avait de grands. De tous temps, elle s'était limitée à la téléportation, à prendre soin de la forêt qu'elle avait choisi pour refuge, et quelques autres pouvoirs magiques basiques. Mais pourtant, elle était bien plus. En quelques sortes, une source. Quand elle se retrouvait dans cet état, scintillant et suintant la puissance, elle devenait une Source. En elle s'écoulait une magie pure qui pulsait autour d'elle. Bien sûr, elle n'en avait absolument pas conscience, et pourtant, elle brillait. Petit soleil de puissance.
- Chaque fois que je mange bien, et que je garde le tout en moi, cela me rend ainsi, répondit-elle avec un sourire large, comme fière de sa prouesse.
Elle ouvrit un peu plus les yeux, louchant sur le doigt qui s'approcha de son ventre, pour rire légèrement quand il la gratta du bout de l'ongle. Quelle folie. Par contre, voir la tête de la démone se rapprocher bien plus près, bien trop près, lui fit un peu peur. Mais elle n'eut pas le temps de lever les bras pour se protéger que les lèvres rouges se posèrent sur sa tête pour un bien étrange baiser. Elle se secoua, et tenta de reculer pour protester.
- Mhhah ! Arrêtes ça ! Pas besoin de ça pour te passer de la magie quand tu dormiras mhuu !
Tiens. Elle ne s'était pas reculée. Pis, elle sentait des choses étranges sur ses jambes. Des... tentacules ?! Elle ouvrit un peu plus les yeux, les battements de ses ailes augmentant leur rythme effréné pour tenter de partir de cette étrange chose. Si elle voulait s'amuser avec des tentacules, y avait des fleurs pour ça. Pas besoin d'avoir des démons ! Sous cette peur soudaine, la pulsation magique qui émanait de la fée augmenta, devenant plus forte, plus présente. Et malgré la magie qui s'échappait de la fée, la lueur ne s'amoindrissait pas, au contraire. Après tout, la peur donnait des ailes, non ?
- Je suis heureuse, c'est bien. Maintenant, tu...
Interrompu par un doigt sur son estomac, elle plissa les yeux, tentant de se débattre un peu plus.
- Maintenant tu peux cesser, mhuhu !
Elle tirait, à gauche, à droite, frétillant dans cette puissance sans cesse renouvelée. Ha. Mais... Elle pouvait bien se téléporter, non ? Maugréant de n'y avoir pas pensé plutôt, elle tenta de se concentrer pour activer ce pouvoir, mais à chaque fois, elle était dérangée, par une caresse, une présence intrusive. Elle ferma ses petits points et tenta encore.
-Gnnnnnnn
En vain. Elle n'arrivait pas à se concentrer avec ces tentacules et ces gratouilles !
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Quelle impressionnante magie ! Des fées, on ne savait pas grand-chose. Ces créatures ancestrales étaient encore très mystérieuses, et, sur elles, on glosait encore beaucoup, faute d’avoir des informations fiables et vérifiables. Samara, en tout cas, voyait maintenant Finië comme une sorte de grosse boule de magie, cette dernière suintant autour d’elle sous l’effet du plaisir. Et, plus elle caressait son corps, et plus cette présence magique s’intensifiait, sous les vaines protestations de la fée. S’arrêter maintenant ? Quelle drôle d’idée ! Samara se sentait si bien avec elle, et elle voulait continuer à la taquiner un peu.
« Pourquoi veux-tu que j’arrête ? Tu as l’air d’apprécier ce que je te fais… Il faut bien que je te convainque de rester en ma compagnie, ma petite fée. »
Samara lui sourit, et les tentacules sortant de sa main continuaient à caresser les jambes de Finië, se rapprochant de son intimité. Fée ou non, le sexe était une valeur universelle, primordiale, qui se retrouvait chez n’importe quelle créature vivante, comme une sorte de constance universelle. Il n’y avait donc aucune raison pour que les fées, purs produits de la Nature, en soient exclues. La petite Finië n’y était juste pas habituée, ce qu’on pouvait comprendre. Avec un si petit corps, on n’avait pas souvent l’occasion de rencontrer d’autres personnes, et de pouvoir faire des choses avec elles. Une chance, donc, que Finië soit tombée sur Samara !
L’Archimage jouait avec elle, tandis qu’elle se rapprochait encore. Son autre main vint se poser dans le dos de la fée, comme pour la maintenir, et, ouvrant sa bouche, la femme en fit sortir l’extrémité de sa langue, et s’amusa à lécher le corps de Finië avec, glissant le long de son ventre pour frotter ses seins, et s’arrêter sous son visage.
« Mmhmm… Tu as une peau toute douce, Finië… Et ta magie, hummm… Elle vibre contre moi et encense mon corps et mes sens… »
C’était vraiment une sensation des plus magnifiques. L’Archimage alla encore lécher le doux corps de sa fée.
Oh oui, elle allait passer de magnifiques moments avec elle !
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Etait-ce le plaisir ou la peur ? Etait-ce l'émotion ou bien un possible sentiment ? Elle-même ne savait pas vraiment ce qui faisait-elle... Cela. Mais ce qui était sûr, c'est que sa magie, cette petite boule de concentré de magie, ne cessait d'augmenter. En intensité. En pureté. Comme si la fée n'avait pas de limite. Comme si elle ne connaissait même pas ce concept. Pourtant, elle se débattait, tentait bien de s'échapper de ces tentacules qui continuaient à monter, toujours plus haut. Mais en vain. Cette poigne, si on pouvait l'appeler ainsi, était trop forte.
- Je ne veux pas, nah ! Je veux bien rester sans ça !
Protestation inutile, sûrement, pour la démone. Elle le savait : elle aurait dû s'enfuir avant. Elle serrait ses cuisses, mais la langue, légèrement rapeuse vint s'écraser contre son corps. Une langue ! Qui ne faisait certes pas sa taille... Mais au moins la moitié. Qui la recouvrait de salive... Et qui provoquait d'autres choses quelle préférait ignorer.
Oh, pour la mage, la démone, la succube. La sensation devait être sûrement formidable. Pour elle, c'était comme si elle léchait de la magie pure. Un concentré de puissance sans équivalent, et qu'elle en détachait quelques petits fragments, qui venaient la nourrir très légèrement. Un avant goût de ce qu'elle pouvait sûrement tirer de cette fée venue des plus pofondes forêts. Mais dans tout cela... C'est comme si quelque chose se cachait encore. Si une puissance, ou plutôt... Comme si une autre forme existait. Mais cachée, encore.
Et elle se tortillait, tentant de se protéger de la langue avec ses mains, tentant de pincer "violemment" ce muscle rose de ses petits doigts. Tout en gémissant faiblement. Oh, elle avait bien eu des expériences par le passé. Des âges qu'elle ne savait compter. Car pendant longtemps après, elle s'était laissée aller dans sa fonction. Protectrice de la forêt. Mais là. Elle ne semblait plus que prisonnière de ces contrées lointaines. De cette démone qui lui offrait un logis bien particulier. Qu'elle ne pouvait refuser. Et... Qu'elle ne voulait, dans son esprit actuellement, refuser non plus.
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Samara était en train de jouer avec la petite Finië. Elle sourit en sentant cette dernière tenter de la repousser, en posant ses petits doigts sur le bout de sa langue, crispant ses légers muscles dessus. Samara en gloussa légèrement, et, releva sa langue, entraînant Finië avec elle, suspendant ainsi la jeune fée, sans pour autant lui offrir la possibilité de s’échapper avec ses ailes, car les légers tentacules de Samara retenaient encore ses pieds. Samara finit par replier sa langue dans sa bouche, et reposa Finië dans le creux de sa main, enserrant la fée entre ses doigts, jusqu’à sa taille.
« Allons, Finië, à quoi tout cela rime ? Tu ne veux pas de plaisir ? Tu préfères goûter à nouveau au chocolat ? »
La démone sourit encore, un sourire mielleux, et se pencha à nouveau, venant déposer un baiser du bout des lèvres sur la petite tête de la fée, qui continuait à bougonner. Sachant très bien qu’elle voulait se sentir libre, Samara écarta ses doigts, la libérant ainsi, les tentacules se repliant dans sa main.
« Ou alors... »
Samara continuait à jouer avec Finië, et, pendant qu’elle parlait, une douce odeur ne tarda pas à remplir la pièce, émanant des cuisines. Une odeur de cuisson, délicieuse. En effet, pendant que l’Archimage jouait avec Finië, elle avait ordonné à Kazuha, mentalement, de préparer un gâteau au chocolat, avec de la crème anglaise... Et le gâteau était maintenant prêt, ce qui faisait que Kazuha avait ouvert la porte de la cuisine, afin de répandre l’odeur.
Elle s’approcha ensuite, tenant, sur un plateau d’argent, le gâteau au chocolat, avec, à côté, un bol comprenant de la crème anglaise. Samara s’écarta alors, suivant Kazuha vers une autre pièce, la salle à manger.
« Kazuha est une très bonne cuisinière, Finië... Elle a fait ce gâteau pour toi. Si tu ne viens pas le manger, elle sera triste... »
Tout était fait pour tenter la pauvre Finië. Habituée à manger des fruits secs et des salades, la pauvre devait être complètement folle devant cette explosion sensorielle. Samara le comprenait, car, s’il y avait bien une chose qu’elle adorait sur Terra, c’était clairement sa gastronomie, qui n’avait rien à voir avec celle des Enfers. Samara s’assit donc sur une chaise, tandis que Kazuha servait les plats, ayant préparé une seule assiette... Pour Samara et Finië.
Tout était fait pour la tenter.
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Prisonnière de ces tentacules, de cette main rouge, si forte. Prisonnière de cette poigne, à la merci de ces doigts, de cette langue. A défaut de réponse, toujours bougonnante, la fée se prit dans une réflexion peu commune, profonde. Que voulait-elle, vraiment ? Si elle le voulait véritablement, elle pourrait bien partir, mais le destin, les dieux et la magie elle-même ne reliait pas les êtres seulement pour son plaisir, ni même par caprice. Si la fée avait pu survivre une fois de plus à ces pilleurs, ces contrebandiers, ce n'était pas seulement grâce à ses pouvoirs et à sa préparation. Mais aussi grâce à une démone. Une démone, dans sa forêt.
La sensation de son corps, piégé par cette main-là, n'était pas si désagréable au final. Et sa volonté de venir en aide à la démone se révélait être aussi quelque chose de profond. Liées. Après un baiser sur sa tête, qu'elle enfonça entre ses épaules, un peu comme une tortue, elle fut libérée, voletant un peu à droite à gauche, frottant son corps presque nu.
- Brourhoruhrouhrouh, fit la fée comme pour se débarasser d'une impression étrange.
Oh, Finië n'était pas bête. Et si elle ne voyait pas vraiment clair dans le jeu de la démone, lui assignant de par son essence, de nombreux maux et buts cachés, elle se doutait que derrière ses préjugés, il y avait une envie étrange. Elle suivit néanmoins docilement, voletant à gauche de la tête de Samara. Elle ne pouvait nier l'évidence : les odeurs étaient particulièrement alléchantes, elle devait au moins cela à Kazuha.
Néanmoins, elle avait autre chose en tête, pour le moment. Pour ne pas rendre triste l'humaine, elle s'approcha du gateau, pour en prendre un bout en tirant fort avec ses deux mains, et s'écarta rapidement en l'air pour déguster la miette qu'elle avait réussi à récupérer. Mais... Ce n'était que pour le principe. Elle voulait aller plus vite. Ne laissant guère le temps à la démone de réagir, la petite fée fila à toute vitesse vers elle, pour mordre quelque part. Un doigt, un bras, un cou. A un endroit accessible, avant de se reculer pour rester en vol stationnaire, à quelques dizaines centimètres du sol.
- Huuu... Je vais vous aider. Vous avez aidé une de mes forêts. Alors notre magie vous aidera. Nous ... sommes liées. Jusqu'à ce pour quoi vous m'avez ramené soit exaucé. Je vous aiderai dans vos recherches. Le nord vous aidera.
Et sur cette phrase énigmatique, le petit être se mit à briller. Si plus tôt, lors de son contentement particulier, elle avait semblé être une petite boule de magie pure, l'effet, maintenant, en était décuplé. Ou même plus. Ce petit corps grandit alors, passant de quelques centimètres, à une taille humaine parfaitement convenable. De ses petits doigts s'étaient maintenant formés des ongles semblables à des griffes blanches. Sa longue chevelure blonde l'avait entourée, pour éclater en morceau, laissant apparaître un corps superbe, déjà habillé d'un habit d'une pureté sans pareil.
De la petite et jolie fée, elle était devenue la gardienne de nombreuses forêts (https://www.artstation.com/artwork/NzYlD). Semblables aux fées de légendes, Gardiennes des forêts qui s'étendaient jusqu'aux plateaux les plus froids. L'ambiance même avait changé, plus froid, majestueuse. La poudre tant recherchée filait à chacun des mouvements de la nouvelle Finië, s'évaporant dans l'air. La magie était on ne peut plus concentrée dans cet être mythique.
Un sourire fin s'afficha sur les lèvres rosées de la fée blanche.
- Brouhrouhr, fit-elle simplement, amusée.
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La petite Finië était une fée bien particulière, et qui intriguait de plus en plus Samara. Qu’allait-elle faire d’elle ? La question était permise. Finië semblait innocente, mais aussi assez butée... Et Samara, même si elle se montrait sympathique et cordiale, était avant tout une démone. Et, même si elle l’ignorait alors, elle descendait d’un grand clan de l’Orgueil. Autant dire qu’on ne se refusait jamais à Samara, surtout quand elle avait enfin la chance d’avoir une fée si près d’elle. Finië l’ignorait sans doute, mais elle était extrêmement précieuse aux yeux de Samara. Non seulement il y avait aussi sa précieuse poudre de fée, mais Samara était aussi très intéressée par les liens symbiotiques unissant Finië au monde naturel. Alors, quand elle vit, interloquée, Finië, après avoir virevolté, prendre une toute autre apparence... Samara l’observa légèrement, indécise.
« Eh bien, si je m’attendais... »
Finië se transforma donc, et Samara sentit la magie éclater en elle. Une belle peau blanche, et un courant d’air frais fit frissonner l’Archimage. La petite fée était devenue une grande et belle fée aux cheveux blancs, dégageant un pouvoir magique très impressionnant. Kazuha, en voyant cela, s’était levée instinctivement, sur la défensive, mais Samara ne se sentait guère menacée. Samara l’observa sans rien dire, puis sa main se releva alors, et caressa la joue de Finië.
« Tu n’es pas qu’une simple fée, n’est-ce pas ? Tu caches plutôt bien ton jeu, je trouve... »
Samara sourit à nouveau, et continua à caresser le visage de Finië.
*Damn, sa puissance magique est vraiment impressionnante, j’en frissonne sur place !*
Finië lui expliqua être la « Gardienne des forêts », une sorte d’entité naturelle vouée à la protection des forêts. Vu son apparence, elle maîtrisait la Glace, et avait surtout la protection de forêts polaires.
*Près de cette région où on dit que des Terranides se regroupent massivement, songea silencieusement Samara. Une région sauvage et dangereuse où nos troupes peinent à implanter des colonies durables...*
Récemment, le Conseil Impérial s’était d’ailleurs fait l’écho d’un nouvel échec. Les régions polaires intéressaient beaucoup l’Empire, car on disait qu’il y avait de multiples gisements et autres précieuses ressources, notamment magiques. Et, au-delà de ça, il y avait aussi cette rumeur concernant l’émergence de Terranides. Toutefois, dans les faits, les choses étaient plutôt compliquées à faire, en raison de la distance, des monstres, des conditions climatiques rugueuses... Une colonie ashnardienne avait donc dû rebrousser chemin après une attaque de yétis et de Barbares.
Samara commençait déjà à envisager les hypothèses, et s’était lentement rapprochée de la femme, comme attirée par sa magie. Ses seins heurtèrent les siens, et ses lèvres s’approchèrent des siennes. Elle soupira contre Finië, et frémit en sentant le souffle glacé de ses lèvres.
« Oui... Tu es fascinante, ma chérie... »
L’Archimage l’embrassa alors, pendant quelques instants.
« Quels sont tes pouvoirs, dis-moi ? Tes fonctions ? Tu protèges les forêts ? Contre qui, exactement, hum ? Et... Tu veux m’aider, dis-tu ? Mais... Jusqu’où es-tu prête à m’aider, Finië ? »
Samara était bel et bien intriguée par cette petite fée...
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Un éveil en puissance.
La puissance en éveil.
Toujours est-il, que la fée nouvellement grandit semblait aussi plus sûre d'elle que ne pouvait l'être la petite fée hésitante. Son regard était direct, et son maintient faisait clairement passer le message, qu'elle connaissait sa puissance, et qu'elle savait sûrement s'en servir. De même que la conscience de son corps et de sa position face à la démone. Face à la caresse sur sa joue, Finië semblait rester de marbre, ou plutôt, son petit nez d'albâtre se plissa, et une moue guère appréciatrice se dessina sur son visage.
Invitée, néanmoins, elle ne céda pas à l'envie d'éloigner cette main ennuyeuse d'une tape sur celle-ci.
Cette forme-ci n'était pas quelque chose qu'elle prenait, préférant s'enfermer dans un de ces petits corps discret et qui pouvait filer, s'infiltrer, à un attrait limité à quelques spécialistes, plutôt que garder celui-là. Nul doute qu'il aurait attirer une puissance inconvenante, dans la forêt que la fée avait voulu protéger au tout départ. Mais chez une démone, dont elle doutait toujours des intentions pacifistes, elle n'avait plus vraiment besoin de retenir sa forme. D'autant si elle devait l'aider sur un point précis avant de prendre congé.
Mais alors qu'elle allait répondre aux remarques et questions, voilà que Samara s'avançait un peu plus, venant se coller à elle. Finië claqua de la langue, clairement désapprobatrice. Et quand la Démone Rougeâtre vint presque à l'embrasser, une magie légère et implacable s'éleva. Les lèvres de Samara se virent closes, gelées, juste le temps que la fée, toute légère malgré sa nouvelle taille, saute en arrière pour atterrir hors de portée de son hôte.
- Acceptez mes excuses pour cette magie qui visait à refroidir vos ardeurs, démone. Et... Vos questions sont bien nombreuses. Et... je n'y répondrais certainement pas à toutes, huf. Mes pouvoirs, pour rester simple -qui donne tous ses points forts après tout-, vont des pouvoirs féériques variés, à ceux que m'apportent les forêts... à la glace, comme vous avez déjà pu le sentir. (Un léger rire taquin à cette dernière évocation.) Quant à mes fonctions... Gardienne et protectrice. Des savoirs des forêts, des forêts elle-même, parfois, quand l'envie m'en prend, de ses habitants. S'ils le méritent !
Elle agita une main nonchalante pour la dernière question.
- Un fragment de ma puissance actuelle suffira sûrement pour vous aider dans ce que vous recherchiez. Sommeil, fatigue. Puissance. Echantillon. Et... Je ne consentirai à rien sans savoir dans quoi je risque de m'engager. Je représente trop gros pour cela ! (Léger rire, à nouveau.) Néanmoins... Evitez de me toucher... Surtout une démone. C'est plutôt mal vu, de fricoter avec vous autres. Vous comprenez.
Elle souriait, de toutes ses dents acérées, dans une douceur particulière. Penchée en avant, elle semblait à moitié narguer, à moitié intriguée par la démone.
- Donc. Je vous écoute. Que voulez-vous ? Et dites à votre humaine de compagnie de se calmer. Perosnne n'attaquera personne ici... A moins qu'elle veuille recevoir à nouveau une noix sur la tête ?
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Visiblement, la transformation de Finië induisait aussi un comportement... Beaucoup plus hostile. Samara sentit un frisson la traverser quand ses lèvres gelèrent, et s’écarta prudemment. Sensuelle et pulpeuse, la démone commençait à être agacée par la situation. Rapidement, elle dégela ses lèvres, et commença à envisager un autre scénario. Face à elle, Finië lui assura qu’elle ne comptait pas trop fricoter avec elle, ou, plutôt, « avec vous autres ». Nerveuse, Kazuha, qui sentait le changement, s’était lentement redressée, prête à attaquer. La belle blonde était loin d’être une simple poupée. En fait, elle était sa garde du corps, car, si Kazuha ne maîtrisait pas la magie, elle maîtrisait le combat au corps-à-corps, et savait se battre contre les magiciens.
*Mais là... Finië est trop forte pour toi, petite Kazuha.*
Samara sourit alors, mielleusement.
« Suivez-moi, Finië. Et détends-toi, Kazuha, Finië est notre hôte... »
La démone marcha alors, traversant un couloir. Finië pouvait peut-être envisager un pièce, mais il n’y avait aucune rune, ni aucun artefact magique dans le couloir. Tout en marchant, Samara, inhabituellement calme, se mit à parler :
« Les régions polaires nous intriguent, Finië. On dit que des Terranides s’y regroupent massivement, et préparent une invasion... Ou une révolte, à tout le moins. L’Empire a toutefois du mal à se renseigner sur ce qui se passe là-bas, car de grandes et épaisses forêts compliquent notre progression. »
Elle parlait calmement, assez emballée par les dernières révélations qu’elle venait d’apprendre. Initialement, Finië n’était qu’une petite fée destinée à amuser Samara, mais, maintenant qu’elle avait un aperçu du véritable pouvoir de cette beauté... Il aurait tout simplement été idiot de la laisser passer comme ça. Tout en parlant, Samara rejoignit une double porte, et l’ouvrit, arrivant dans une grande pièce assez vide, qui lui servait de salle d’entraînement. Finië la suivit donc, et les portes se refermèrent derrière elle. La magie se mit alors à vibrer autour de Samara, et, quand elle se retourna, Finië put la voir s’entourer de flammes, ses yeux se mettant à luire d’une intense lueur orangée.
« Je compte sur toi pour nous dégager la voie, et aider nos troupes à pouvoir prendre position le long de ces terres sauvages. Soit tu acceptes de m’aider, soit tu refuses, et tes précieuses forêts risquent de flamber comme des torchères. »
Samara se concentra encore, et sa mana explosa, des flammes jaillissant de son corps, formant des lignes torsadées sur le sol et sur le plafond.
« Mais, de toute façon, ma chérie, sache que je n’apprécie guère qu’on rejette mes avances et qu’on me traite comme une pestiférée. »
Si Finië était forte, Samara l’était tout autant. Elle était une Archimage, et chez elle, de plus... Des espèces de tentacules enflammés jaillissaient autour d’elle, de longs fouets mortels, qui claquaient sur le sol, répandant des braises ici et là. Un sourire moqueur éclaira ensuite les lèvres de la démone.
« Bien sûr, j’accepte tes excuses, petite salope frigide... »