Le Grand Jeu

Plan de Terra => Ville-Etat de Nexus => Les bas fonds => Discussion démarrée par: Elena Ivory le vendredi 21 février 2014, 12:12:57

Titre: [FINI] A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 21 février 2014, 12:12:57
30 ans plus tôt
Jungle de Zerrikania


Il coupa la dernière branche, et releva la tête en le voyant. Le temple. Un sourire de joie étira ses lèvres, et il l’observa silencieusement, sans rien dire, pendant de longues secondes. C’était la contemplation d’une vie, la réussite de toute une expédition qui lui avait coûté des hommes, du temps, et beaucoup d’argent... Mais, face aux passions, l’argent n’était pas vraiment un problème. Le temple était là, devant lui, vestige d’une civilisation reculée. Dans son dos, les indigènes qui l’avaient accompagné jusqu’ici refusaient d’avancer, ce qui l’amusa. Ils vivaient à Zerrikania, l’une des jungles les plus dangereuses du monde, ils affrontaient continuellement des mouches qui pondaient des œufs dans leurs cerveaux, des araignées si géantes qu’elles vous avalaient la tête entière d’une morsure, des tigres féroces, des ours capables de résister à une pluie de flèches, et, pourtant, ils tremblaient comme des feuilles devant un temple abandonné.

« La superstition, se dit-il alors, voilà bien une chose étrange... Mais qu’importe. »

L’homme se retourna, et épongea son front, couvert de sueur, avant de quitter l’orée de la jungle, sortant des arbres. Le temple était en forme de pyramide, avec plusieurs escaliers qui se rejoignaient à son sommet, et il y avait, à sa base, plusieurs statues sinistres. Les Zerrikaniens lui avaient dit qu’ils l’amèneraient devant le temple, mais sûrement pas au-delà, leur guide répétant sans cesse le même mot : « ok’hba », « ok’hba »... Le mauvais œil. Pour lui, c’était tout, sauf un mauvais présage. Il attrapa sa gourde d’eau, et y trempa ses lèvres, puis commença à grimper les marches.



Période actuelle
Bas-fonds de Nexus


« Non, non... »

Le ciel était là, si près, avec les étoiles qui brillaient sur le manteau noir. Le malheureux s’acharna encore un peu sur la grille, mais cette dernière avait beau être rouillée, elle tenait bon. Ses lèvres desséchées tremblaient nerveusement, de même que ses doigts rachitiques, et la faim, terrifiante, le tenaillait. Il était en sueur, sa vision était floue, et il voyait des formes dans l’obscurité de l’égout. Il Les entendait, il savait qu’Ils étaient là, qu’Ils le pourchassaient, et que leur sort qu’Ils lui réservait n’était pas des plus préférables. Fuir, revoir les étoiles, en cesser avec les bruits, les machines, les jets de vapeur, et les aiguilles... Oh, en finir enfin avec les aiguilles ! C’était là tout ce qu’il demandait, mais la grille était fermée. Devant cette dernière, il y avait la sortie de la bouche, et il dut se replier, avançant lentement, à tâtons, dans l’obscurité sinistre, ses mains heurtant le rebord humide et trempé du mur, heurtant de la mousse. Il ne s’en rendait pas compte, et, tandis qu’il avançait, titubant à moitié, son corps faible et malingre heurtant le mur, il revoyait les séances... Attaché, retenu par les sangles, sous une lumière éblouissante, et il revoyait les seringues... Toutes ces seringues, tant de seringues, et la douleur, la douleur... Le sang, son sang, qui filait dans les tubes, et disparaissait, avant qu’il ne soit ramené dans sa cellule, faible, cadavérique...

Il avait réussi à s’échapper, il avait réussi à fuir les contremaîtres, mais les porcs, eux... Les porcs le retrouveraient, ils avaient leur flair, ils étaient les gardiens et les ouvriers. Tout en s’avançant, l’homme sentit alors le mur disparaître le long de ses doigts, et s’avança. Il secoua à nouveau la tête en entendant un scintillement, une intense vibration dans sa tête. Le trouble fut si fort qu’il se mit à hurler en tombant sur le sol, portant ses mains à ses tempes, hurlant silencieusement.

« Tais-toi ! Tais-toi ! Tais-toi ! Pas la sonnerie, pas la sonnerie, non, non, non, non, pas la sonnerie, pas la sonnerie... »

L’être n’avait pas conscience qu’il pleurait, et se releva alors, se mettant à courir, haletant comme un fou. Ses poumons lui faisaient mal, et il avait chaud, terriblement chaud, une chaleur insoutenable, qui le faisait crever. Il courut le long des marches, un étroit escalier carré qui lui semblait interminable. Était-il en train de quitter l’Enfer ? C’était clairement le cas. Il vit une porte, et la poussa sauvagement, tout en heurtant le marchepied derrière. L’homme s’affala lourdement sur le sol, s’ouvrant le genou, mais atterrit dans ce qui était indéniablement une ruelle. En se retournant, malgré sa vision floue, il vit des points brillants dans le firmament, et tendit lentement sa main, en essayant de les attraper.

« Les é... Les étoiles, les étoiles... »

Était-ce un rêve ? Non, cette sensation de froid sur le bout de ses doigts... Ces glissements sur son nez... Non, non, rien de cela n’était faux ! Tout était vrai, tout était authentique. Il était sorti. Sorti ! Sorti ! Sorti ! Il sentit son cœur s’emballer, mais ne put guère rester longtemps couché sur le dos. Les trous dans son corps lui faisaient mal, les empreintes des innombrables seringues qu’il avait reçu. Ilse retourna alors, et commença à marcher. Il ne fit pas attention à l’affiche grandement étalée sur le mur, à sa gauche, et qui montrait une rangée de porcs, avec l’inscription suivante :

« Abattoir Mandus
Du travail pour tous ceux qui en ont besoin !
»

Il s’avança vers une grille en fer forgée au fond de la ruelle pavée, et essaya de la pousser, mais elle se contenta de grincer. Dans son dos, de grands entrepôts avec des cours et des bureaux, la lumière de chandelles s’échappant de certaines fenêtres. Il regarda autour de lui, et entreprit alors d’escalader la grille de fer. Soulever son corps chétif n’était pas bien difficile, il était d’une anorexie affolante. De plus, ne portant sur lui aucun vêtement, on pouvait voir tous ses os, qui sortaient le long de sa peau. Quand ses jambes heurtèrent le sol, il était si faible qu’elles ne le soutinrent pas, et il s’écrasa sur le ventre, son menton heurtant le sol, laissant de nouvelles traces de sang sur les pavés. Quoi qu’il arrive, il réussirait à sortir de là.

L’homme entreprit de se relever, et entendit alors, très distinctement, un grognement.

« Groooonnkk… »

Il sursauta, et se retourna, mais ne voyait rien d’autre que sa tête qui lui tournait, ainsi que des bâtiments noirs. Il se mit alors à courir, pensant aller vite, alors que, en réalité, il trottinait laborieusement. Il essayait d’appeler à l’aide, mais il n’était plus capable d’aucune pensée rationnelle, haletant rapidement, alors qu’il entendait les bruits de pas se rapprocher. Sa respiration s’accélérait de plus en plus, ses poumons hurlaient, et une masse noire le saisit, l’envoyant s’étaler contre le mur. Son hurlement fut bref, et le peu de sang qu’il lui restait vint tâcher la tête d’une créature (http://fc07.deviantart.net/fs71/f/2012/288/1/4/amnesia__a_machine_for_pigs_monster_fan_art_by_dawned55-d5hvltb.png) semblant issue de l’imagination tortueuse d’un malade mental. Le porc humanoïde s’essuya les lèvres en grognant.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 21 février 2014, 20:38:50
Nexus enfin ! La Louve voyait les lumières de la ville au loin sur le sentier qui la conduisait à la capitale Elle qui était juste sortie prendre l’air avait de nouveau vécu pas mal d’aventures avant de pouvoir rejoindre la capitale. Une chose était sûre, elle ne risquait pas de sortir avant un temps si c’était pour à chaque fois connaître ce genre d’aventures. Oh, mais il n’y avait pas que du négatif loin de là. Grâce à cela, l’Okami avait pu créer de nombreux liens, apprendre de nouvelles choses. Il ne fallait pas tout voir comme de la malchance.

La Terranide arriva devant la porte principale et sans se soucier le moins du monde des gardes, elle passa à côté d’eux, levant juste sa main pour une brève salutation. Fait pratique, il était déjà bien tard dans la nuit et les gardes qui tenaient l’entrée somnolaient à moitié. La Louve avait caché ses attributs dans son ample toge noire pouvant être confondu avec l’habit d’un mercenaire ou d’un assassin. Ne voyant qu’une simple silhouette, les gardes ne firent pas plus attention que cela à la Terrande. Mais si cela aurait été le contraire, Shad aurait simplement indiqué le lieu où comptait se rendre, à savoir chez un noble de la ville.

Le fait que le nom des nobliaux étaient connus par les gardes et qu’elle possédait la marque de l’un d’entre eux aurait fait pencher la balance de son côté, lui évitant ainsi une nouvelle mésaventure, si prêt de la demeure.  A cette heure-ci peu de personnes ou d’êtres se baladaient dans les rues. Seuls quelques mendiants étaient positionnés ici et là le long des grandes voies de temps à autres expulsés par une escouade de garde.  La Terranide s’arrêta un instant, observant les étoiles, songeuse.

Encore une fois, elle avait laissé à Arashi tout le travail. Oui, elle ne comptait pas Mélisandre encore dans le lot, car elle se doutait qu’elle ne lèverait pas le moindre petit doigt pour aider la Vampire. Non, elle s’imaginait déjà la démone parler à la polymorphe de façon sarcastique pendant que cette dernière effectuait une des tâches communes de la maisonnée. Certes, la Louve avait donc pensé  remplacer son amie pendant un temps, mais pourquoi ne pas rentrer avec un petit présent ? Et quoi de mieux pour la vampire qu’une poche de sang  bien fraîche ?

Le regard de la Terranide se porta sur sa droite,  exactement au début d’une ruelle qui marquait l’entrée des bas-fonds.  Elle avait souvenance qu’Arashi lui avait mentionné qu’elle cherchait ses poches de sang dans un marché noir au sein des ruelles lugubres de Nexus. Après tout ce qu’elle avait déjà vécu et vu, la Louve pouvait bien passer cinq minutes dans ce dédale peu accueillant et ressortir avec un peu de sang. Quant au maître, une petite bouteille de bière devrait faire l’affaire.. .. Non ?

 La lupine s’engouffra donc dans les bas-fonds, en silence. Ses pas étaient sûrs et d’un rythme soutenu.  Le regard de Shad filait partout autour d’elle, prête à intercepter la moindre attaque sournoise. En ces lieux et en cette heure, on est jamais trop prudent. Mais, tout se passa pour le mieux.  Shad n’eut qu’un petit souci avec un soulard qu’elle esquiva rapidement tandis que ce dernier tendait ses bras dans l’espoir vain de l’attraper. Finalement, la Louve arriva au fameux marché noir et pris une petite sacoche de sang d’une créature exotique. Après avoir payé, elle retourna dans la ruelle et releva subitement ses oreilles de canidés.

« Un porc ? »

Mais quel son étrange ! Certes, on aurait dit le cri d’un cochon, mais d’un morceau de jambon enragé, non commun.  Et ce cri provenait juste de la ruelle adjacente.  Shad regarda dans la direction de cette dernière avant de courageusement, partir vers son opposée. Ce n’était pas là de la peur, mais elle n’avait encore aucune envie de fourrer son nez dans des affaires qui ne la regardaient pas et qui pourraient lui apporter un nouveau lot d’ennui. Pourtant, dans sa ligne de mire apparue bientôt un homme. Un humain dans un était déplorable qui semblait fuir ou tenter de fuir quelque chose.

L’Okami aurait pu partir, laissant la personne là, seule à son triste sort pourtant elle fit un pas vers lui dans l’objectif de l’aider. Sauf qu’à peine avait-elle entamée son mouvement qu’une masse noire fonda sur le malheureux, le tuant en le fracassant conte un mur. Le sang gicla en faible quantité et la Louve en écopa d’une partie sur son visage dissimulée sous sa capuche d’ébène. Les meurtres étaient monnaies courantes dans les bas-fonds pourtant ce qu’elle vit n’avait rien d’humain. Ou plutôt c’était une créature ignoble ressemblant à une hybridation entre un cochon et un homme. Oh, ce n’était pas les créatures moches qui manquaient ici mais cette dernière ne disait rien qui vaille à la Terranide.

Cette dernière avait deux choix possibles. Se battre ou tenter de fuir. Sauf qu’elle se doutait que fuir ne ferait que retarder le moment de l’affrontement et qu’elle risquait fort de se prendre un coup en traitre.  La Louve agita un peu ses doigts, créant quelques petites flammèches le long de ces derniers, comme pour s’échauffer. Cette fois, elle comptait en finir vite, brûler ce monstre et rentrer. Un cri strident retenti soudainement et les sens de la Louve lui indiquèrent que le combat qui viendrait ne serait bientôt plus réellement un  duel. Grognant, elle créa rapidement une boule de feu et la lança sur le monstre, dans l’espoir de le blesser mais surtout de l’aveugler.  La Louve se mis donc à courir, prenant divers passages. Derrière elle, elle pouvait sentir une présence menaçante qui se rapprochait. Elle qui pensait être en paix à Nexus, elle venait de se fourvoyer.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le samedi 22 février 2014, 02:30:21
Au même moment
Locaux du Centaur Club


« Honnêtement, ma chère Adamante, vous auriez tout intérêt à ramener plus souvent votre joli minois dans nos locaux. Allons bon ! Qu’est-ce qui déplaît la Couronne et ses dames pour qu’elles ne se donnent point la peine de venir nous voir ? Nous sommes des êtres civilisés, nous autres, des individus de charmante compagnie, qui plus est.
 -  Je n’en doute point, Comte... Il vous faut bien avoir à l’esprit que la Reine a bien des activités, et...
 -  Allons bon ! La Reine dirige, non ? C’est là, à ce que je ne m’abuse, ce qu’on attend des rois et des reines, qu’ils dirigent ! Et bien, croyez-moi, ce n’est pas aux séances interminables et pompeuses du Conseil de Régence que le pouvoir se joue, ma chère, mais ici, dans mes locaux ! »

Adamante hocha lentement la tête. L’amie d’enfance de la Reine Elena Ivory n’avait rien à ajouter à ça. Elle était en compagnie du propriétaire de ce grand manoir, le Comte Auguste Flay. Flay, outre être un noble, faisait aussi partie du gratin de la haute société, comme tous les hommes et les femmes qui étaient invités aux soirées du Centaur Club. C’était un club de réflexion politique et philosophique, où on débattait de tout et de n’importe quoi : les résultats sportifs, les activités économiques, les problèmes sociétaux, la guerre... Tous les régents, ou presque, siégeaient à différents clubs, mais le Centaur Club avait pour lui d’avoir connu, il y a des années, Sa Majesté la Reine Nöly Ivory. La légende disait même que c’était lors des discussions assidues au Centaur Club que Nöly avait pu réussir à envisager le projet de réforme de l’esclavage. Ceux qui l’avaient vu ne cessaient de dire qu’elle était l’une des oratrices les plus talentueuses qu’on ait jamais vues. Elle avait clairement popularisé le succès du Centaur Club, mais, des années après, Adamante avait plutôt l’impression d’y voir un groupe de pression. Il y avait là des juges, de puissants marchands, des maîtres de guildes, et même des militaires.

Tous discutaient de sujets assez variés, et, comme à chaque fois, le cas d’Oswald Mandus fut évoqué. Ici, c’était un peu particulier, et Adamante était justement venue pour ça.

« Que pouvez-vous me dire sur Monsieur Mandus ? Pourquoi ne vient-il pas à vos réunions ? »

Un sourire légèrement amusé éclaira les visages du Comte Flay, mais ce fut quelqu’un d’autre qui répondit, un marchand, le représentant d’une guilde.

« C’est pour ça que vous êtes là, hum ? L’Oreille du Palais d’Ivoire ! J’ai eu ouï-dire que la Couronne envisageait de rendre visite à l’abattoir Mandus. Je ne peux que comprendre ce point de vue, car, qu’avons-nous là, si ce n’est l’histoire à succès d’un généreux mécène ?
 -  Contre toute attente, Monsieur Mandus a su injecter sa fortune dans des bâtiments désaffectés des bas-fonds, et sa politique économique a permis de relancer l’activité de ce secteur. La Couronne envisage même de lui remettre une médaille pour le récompenser de son succès, mais il est assez difficile d’avoir des informations sur lui.
 -  Monsieur Mandus n’est plus venu à une seule des réunions du Centaur Club depuis la mort de ses enfants, ma chère, intervint alors un avocat, en train d’allumer un cigare. C’est un homme très occupé, en vérité. J’imagine que vous connaissez sa petite histoire, n’est-ce pas ? Elle a tout d’un roman, et je crois même qu’on chercherait à en faire des pièces de théâtre. Un immigré tekhan qui a racheté une ferme esclavagiste des environs, et l’a retransformé en ferme agricole, en proposant à tous les esclaves de devenir ses ouvriers, et en les affranchissant. Il a racheté personnellement toute leur valeur. La fortune de Monsieur Mandus, initialement, provient de sa mère, une femme d’affaires tekhane, de la vieille école... Ce genre de femmes qui trouve que les hommes ne sont pas tous des macaques tout juste bons à péter sur leur siège. »

Une véritable histoire de rêve, oui... Oswald Mandus était le fils d’une riche Tekhane, qui avait fait fortune dans les nouvelles technologies, et qui, comme Maître Lavolé venait de l’indiquer, avait refusé de modifier génétiquement son fœtus, une pratique courante à Tekhos pour s’assurer de n’avoir que des bébés de sexe féminin. Oswald était un homme doué, un petit génie, mais il avait choisi de s’immigrer à Nexus, en profitant de l’argent de sa mère. Avec cet argent, cet homme, pétri d’idéalisme, grand amateur de voyages exotiques et de safaris, avait racheté une ferme esclavagiste. Il avait racheté les hectares, la bâtisse, ainsi que tous les esclaves, et avait proposé à ce dernier de travailler pour lui, d’être logés, nourris, et payés. Sa ferme avait plutôt bien marché, et, il y a environ trente ans, Oswald avait effectué son dernier voyage exotique, dans la redoutable jungle de Zerrikania. Il en était revenu changé, et avait décidé de s’implanter à Nexus, et de créer un abattoir. Il avait alors commencé à fréquenter les membres de la haute société, qui voyaient en lui un bourgeois de province, un vulgaire pécore. Il avait réussi à convaincre une guilde de racheter à bas pris des entrepôts désaffectés dans les bas-fonds. Utilisant ses fonds, Oswald avait payé une guilde de construction et de maçons, afin de transformer les bâtiments, en embauchant les ouvriers sur place, généralement des vagabonds. Il avait embauché des crieurs publics, afin d’annoncer à toutes les tavernes qu’il embauchait. Ce qui était troublant, c’était que, s’il avait acheté les entrepôts désaffectés il y a trente ans, il n’avait réellement commencé les travaux qu’il y a un peu plus d’une dizaine d’années. Vingt ans d’écart. Certains l’expliquaient pour des raisons financières. Pendant ces vingt ans, il avait continué à étendre son activité agricole dans la campagne, avant de finalement construire son abattoir, en plein cœur de la ville, convoyant les porcs depuis ses nombreuses porcheries.

Avec son argent, Oswald avait rénové une vieille église à côté de l’abattoir, et rénové plusieurs orphelinats, tout en permettant à des boutiques de rouvrir. Oswald Mandus était ainsi devenu quelqu’un dont on parlait de plus en plus. Le seul point d’ombre de son histoire concernait la mort de ses deux fils : Enoch et Edwin, des jumeaux. Oswald avait un immense manoir le long de la falaise, et on disait que ces derniers étaient tombés dans la mer, lors d’une violente tempête. Leur dépouille n’avait jamais été retrouvée, et, folle de chagrin, la femme d’Oswald, Lily Mandus, s’était suicidée. Mandus s’était alors dévoué intégralement à son abattoir, et au renouveau de Nexus, afin de pouvoir oublier sa souffrance.

La Reine avait décidé qu’il fallait encourager ce genre d’initiatives, et c’était dans cette optique que la Couronne avait décidé de visiter l’abattoir, d’ici quelques jours, afin d’y faire un discours, et d’offrir à Oswald Mandus une récompense : le consacrer Chevalier d’Honneur de Nexus, une haute distinction, amplement méritée. Amplement.



Près de l’abattoir Mandus, les grognements sinistres du monstre firent frissonner les gens endormis à côté, déclenchant des cauchemars. On aurait cru entendre un cochon en train de grouiner. Le porc était en train de s’occuper de sa nourriture, quand il sentit une odeur fraîche. Il se retourna alors, en voyant une silhouette méconnaissable...

« Groooooonnnkkkk !! » rugit-il.

La silhouette balança alors sur lui une boule de feu, et sa peau s’enflamma. Les grognements du porc se transformèrent en couinements, et le monstre se roula sur le sol, essuyant les flammes. Sa peau était très résistante, mais ça faisait tout de même mal. Furieux, il se mit alors à la poursuivre, en grognant, ses pas foulant le sol. Il courait à quatre pattes, et était donc assez rapide, bondissant par-dessus les caisses et les tonneaux, manifestant une vivacité dont on ne l’aurait pas cru capable, au vu de son ventre énorme. Il portait de sinistres vêtements rapiécés. Il la poursuivait, sans savoir que les pas de cette dernière allait la conduire droit sur une patrouille.

En effet, Shad, en courant, finit par débarquer sur une artère un peu plus grande, et heurta le plastron d’un homme en armure, la faisant rebondir.

« Halte ! Qui va là ?! s’exclama l’homme, surpris.
 -  Une Terranide ! Et habillée comme une voleuse, qui plus est ! » cracha un autre.

Les gardes crurent alors entendre des mouvements venant de la ruelle, et brandirent leurs hallebardes. Deux d’entre eux pointèrent des arbalètes. Ils crurent alors entendre un sifflement strident, et se regardèrent entre eux. Personne d’autre ne vint. S’ils lèveraient la tête, ils auraient vu, se découpant dans l’obscurité, sur un toit,  une silhouette qui les observait, portant un costume, et un singulier masque (http://fc06.deviantart.net/fs71/f/2013/277/3/d/oswald_mandus__amnesia_a_machine_for_pigs__by_arisrus-d6p5b1v.jpg). La silhouette sembla brièvement les observer, avant de disparaître comme elle était apparue.

Quant aux gardes, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne faisaient guère confiance à la Terranide.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 22 février 2014, 13:54:35
« Notes bien tout »
« Entendu »

L’encre coula jusqu’à la pointe de la plume et cette dernière fila sur le papier, laissant une calligraphie des plus parfaite malgré la vitesse d’écriture. Le jeune domestique effectuait l’ordre son maître, le duc Weisstone et ce dernier ne manquait pas de jeter de furtifs regards sur la feuille, vérifiant si son domestique ne manquait rien. Il fallait prendre tout en note, tout ce qui avait été dit. C’était une de ses manies et bien qu’il ne dise peu de choses pendant ces réunions, les notes qu’il prenait pouvaient s’avérer utile. Par le passé, elles avaient permis de régler un conflit entre deux riches barons, chacun clamant de part droit de naissance, une parcelle de terre bien précise leur était attribuée.

Les fameuses notes du duc avait permis de mettre de la lumière sur cette affaire. En effet, lors d’une réunion antérieur, un duo  discutait dans son coin, ne prenant pas gardes à faire attention à leurs dires. Le domestique avait donc tendu l’oreille et noter ce qui se racontaient, la plume marquant parfaitement  que les deux barons étaient en réalité de la même famille et que cette querelle de terrains n’avaient pour but que de détruire et ruiner leur famille. Une histoire de vengeance construite depuis des années mais démantelée rapidement.

La plume fut replongée dans l’encrier, l’imbibant. Le domestique observait les convives tour à tour et à chaque fois que l’un d’eux ouvrait sa bouche, il  se tenait prêt à écrire. La discussion ce soir tourna autours de Mandus. Le Duc de Weisstone n’avait pour le moment pas encore plongé plus en avant dans le dossier de cet homme. En réalité, il n’en avait pas besoin. Les deux hommes se connaissaient et faisaient affaires ensembles, ou du moins,  le Duc de Weisstone de par ses fiches pouvait renseigner Mandus sur plusieurs faits. Nouveaux arrivants et employés potentiels, nombres de porcs abattus et encore pleins de petites joyeusetés administratives.

« Et vous, Sir John Weisstone, que pensez-vous de ce brave individu ? »

L’homme concerné releva son visage, observant son interlocuteur sans un mot. Ce qu’il pensait de Mandus ? Lui dire la vérité ne serait pas une bonne chose, pas encore, voire jamais.  Le Duc tapota sur la feuille de son domestique, deux petits coups rapides avec son index, lui indiquant qu’il commençait à oublier de retranscrire ce qui était dit.

« Mundus est un visionnaire, un homme d’Etat pour le peuple.  Vous savez autant que moi quels sont ses hauts-faits, ce qui a pu faire pour tant de personnes dans le besoin, et tout ce qui fera encore.  Cet homme doit être remercié à sa juste valeur. Grâce à lui, les Bas-Fonds de Nexus changeront bientôt de couleur »

Pour en être une, rouge, comme le sang.



« Putain de bordel de merde ! »

Elle jura, à voix haute. La Louve courait dans les ruelles sombres des bas-fonds, jetant de temps à autre des regards par-dessus son épaule. Elle pouvait voir aisément l’immense masse noire qui la poursuivait et qui semblait peu à peu gagner du terrain. Elle se mit donc à son tour à courir plus vite, coupant par une artère, son élan étant brusquement  stoppé par un impact.  L’Okami avait fait plus attention à surveiller ce qui était derrière elle plutôt que devant elle et venait tout simplement de rentrer dans un soldat d’une des nombreuses patrouilles de la ville. Le choc, la fit reculer, tomber même.

Et alors qu’elle secouait sa tête pour remettre ses idées en tête pendant que les gardes lui jetaient des regards suspects, le sien pu entrevoir une étrange silhouette sur le toit d’un bâtiment désinfecté. Un homme portant un étrange masque, curieusement lié à ce monstre cochon issu de nulle part. L’Okami voulu l’indiquer aux gardes, leur dire de se retourner, mais l’inconnu était déjà parti, tout comme son ancien poursuivant. Tenter de désigner un lieu vide ne servirait à rien, surtout pour le moment où la suspicion se lisait sur les visages des soldats.

« On l’embarque, elle m’a l’air bien louche »

Disant ces mots, il s’avança vers l’Okami et lui agrippa le bras, la forçant à se relever. Chose qu’elle fit, mais une fois debout elle tira sur ce même bras, se dégageant de l’emprise qui était dessus.  Le geste fut mal pris et la pointe d’une hallebarde vint se poser contre la gorge de la Louve, menaçante. Aucun mot ne fut soufflé, juste quelques regards lancés. Shad pouvait s’enfuir, mais à quoi bon ? De plus, il était fort probable qu’ils l’emmènent se faire interroger et elle n’avait absolument rien à cacher.

« Hey regardez-ça ! »
« Hey ! Remettez-ça tout de suite là où vous l’avez trouvé ! »

L’objet délesté était la fameuse poche de sang. Une Terrande, se promenant le soir dans les bas-fonds sans collier, ni chaînes, avec un habit de type assassin et possédant une poche de sang dans l’une de ses poches, voilà un fait qui pouvait faire naître beaucoup d’interrogation. On lui attrapa rapidement les poignets, les mettant dans son dos, reliés par une chaîne. La lupine leva les yeux au ciel.

« Un simple, suis-nous s’il te plait aurait suffi. Je n’avais pas l’idée de m’enfuir, et je vais répondre à vos questions. Car vous devez sans doute en avoir et..Non je ne suis pas une voleuse. Je porte juste cet habit quand je sors en ville au lieu de vêtements plus féminins pour éviter de me prendre des remarques salaces. »

Les gardes se regardèrent en silence avant que le bruit d’une claque vint tarir le silence qui venait de s’imposer. La lupine l’accusa, tournant son visage vers le sens opposé pendant l’impact avant de refaire front.  On l’encercla par la suite, à la manière de surveiller un impur de la société, l’entraînant vers l’un des nombreux bastions.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 23 février 2014, 02:16:04
(http://img103.xooimage.com/files/d/6/d/places_jail-441255b.png)

La prison du bastion comprenait une grande cellule commune assez sale, avec de la paille, de la poussière, et plusieurs individus. Ils étaient déjà là quand on poussa la Terranide à l’intérieur. Les gardes de la patrouille firent rapidement leur rapport au sergent, indiquant qu’ils avaient surpris cette Terranide en train de rôder dans les bas-fonds, près de l’abattoir Mandus, et qu’elle détenait une poche de sang, probablement volée. Le sergent, qui était près d’une table, et en train de manger, leur ordonna de repartir, tout en contemplant la poche de sang.   Différentes hypothèses se bousculèrent dans sa tête : vampirisme ? Sorcellerie ? Alchimie ? Le sang avait bien des utilités, et celui-là semblait plutôt frais. Il lui faudrait certainement interroger la détenue, et cette simple idée suffisait à le faire soupirer d’ennui. Il n’avait tout de même pas que ça à faire, et remit donc à plus tard l’interrogatoire.

Pour lui, le constat était simple : cette Terranide n’avait rien fait d’autre que de se trouver dans le coin avec une poche de sang. La patrouille l’avait arrêté, car la garde avait reçu des ordres très précis émanant du Palais d’Ivoire : renforcer et accroître les patrouilles autour de l’abattoir Mandus. La Reine de Nexus comptait y organiser une visite bientôt, et il était impératif que la visite se déroule sans anicroche. En conséquence de quoi, le général responsable de la sécurité de la ville avait ordonné qu’on multiplie les patrouilles autour de l’abattoir, et qu’on arrête toute personne suspecte. Du fait de ces directives, le sergent avait une recrudescence de détenus supplémentaires, comme cette Terranide.

Il buvait un peu de vin, tandis que, pendant ce temps, les prisonniers regardaient cette petite Terranide en frissonnant, certains ricanant grassement en mimant le geste de se masturber.

« En v’là bien une belle poulette, tiens !
 -  Tu suces combien, chérie ? » grogna un autre homme, avec des dents pourries.

Les hommes ricanèrent, crachant sur le sol, essuyant avec leurs haillons la morve qui coulait parfois de leurs nez. Les bas-fonds portaient plutôt bien leur nom. Ces gens étaient analphabètes, n’avaient aucune réelle forme d’éducation, et, face à une femme, était bien incapables d’avoir un autre comportement que celui de vouloir la sauter. Or, les autres vagabondes des bas-fonds n’étaient pas vraiment des canons de beauté. Forcément, en voir une qui avait l’air lavée, et qui ne puait pas les rats crevés ou les pieds sales, il y avait de quoi exciter les hommes.

Entendant ces bruits, un garde se rapprocha des barreaux, et donna un coup dessus avec son arme.

« Fermez-là, pas d’esclandres, ou j’en fous un dans le trou ! »

Le trou était une sorte de gibet qui menait directement aux égouts, et dans laquelle on suspendait un prisonnier pour plusieurs heures, s’il commettait des impairs. Le garde reporta ensuite son attention sur la Terranide. Il était un peu plus poli que les simples gardes de la patrouille.

« Le sergent va venir vous interroger d’ici une dizaine de minutes. Je ne pense pas que vous serez retenue ici toute la nuit, mais, avec l’annonce de la visite de la Reine à l’abattoir, nous avons reçu des directives très précises. »

Le garde retourna ensuite à sa table, continuant à jouer aux dés avec son collègue.

« Honnêtement, commenta son collègue, je ne comprendrais jamais l’engouement de tous ces richards pour cette bande de rascals…
 -  Mandus n’est pas un homme très sain d’esprit... On dit qu’il vit tout seul dans son manoir, qu’il aurait renvoyé tous ses domestiques à la mort de ses fils. Tu as vu sa baraque ? Elle est immense, le long de la falaise... Tout seul là-dedans, j’en frissonne...
 -  Mouais... M’est avis qu’y doit quand même y faire rentrer une ou deux putes, de temps en temps... Mais y a pas de mal, hein ; j’aurais aut’chose à fiche que surveiller ces troufions, moi aussi, j’irais m’en secouer une grosse, de temps en temps. »

Dix minutes s’écoulèrent, sans que le sergent ne vienne. Il fallut finalement attendre une demie-heure avant que ce dernier ne descende. Les deux gardes se redressèrent immédiatement, un peu gauches, s’empressant de se mettre au garde-à-vous.

« C’est bon, c’est bon, grommela le sergent. Libérez la Terranide.
 -  Hein ? Mais…
 -  Depuis quand discute-on les ordres de son supérieur? Putain, libérez-là, ou je vous fous aux latrines ! »

Surpris, les deux gardes obtempérèrent. Ils attrapèrent les clefs, et tournèrent la grille. Un homme s’approcha alors, quémandant sa liberté, et se reçut un coup de pied dans le ventre, le repoussant. On remit à Shad ses effets personnels.

« Ton maître est venu te chercher... Enfin, il a envoyé un de ses majordomes. Il nous a dit qu’il avait besoin de sang pour sa femme, qui serait hémophile, ou quelque chose comme ça. »

Il y avait de quoi interpeller Shad. Le « maître » attendait la créature dehors. Le majordome mentionné par le sergent n’était nullement l’envoyé d’un maître. Il avait été envoyé par quelqu’un d’autre, afin de trouver cette femme. Dans les bas-fonds, les informations circulaient assez vite.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 23 février 2014, 21:32:32
La Louve suivit sans résistance les gardes jusqu’à la prison, ne disant aucun commentaire, se contentant d’écouter, d’observer en silence. Une fois arrivée à destination, la lupine laissa son regard filer sur les détenus déjà présents. Ces derniers ne manquèrent pas de vite l’interpeller, ne laissant aucun sous-entendu quant à leurs pensées. Elle les observa simplement en biais, émettant un léger grognement. Qu’un seul d’entre eux ose la toucher et il ne saurait plus se servir de ce qui lui sert de membre masculin.

Le rapport fut également donné à l’un des gardes de la section qui expliqua ce qui allait suivre à la Terranide.  Cette dernière hocha simplement la tête en signe d’affirmation. Un simple interrogatoire, ce n’était vraiment pas la mer à boire. Bien qu’elle aurait préféré rester en dehors de la cellule commune, elle dû s’y rendre, donnant ses effets personnels.  La louve s’installa sur une espèce de petit rebord dans le mur, une jambe pliée contre elle, l’autre repliée, son bras droit passant sur son genou et sa main gauche étant apposée contre le sol froid. Et dans cette posture, elle observait et attendait.

Un homme s’approcha, un détenu,  une main déjà dans ce qui lui servait de pantalon. L’Okami ne bougeait pas, l’observant avancé. Il arriva face à elle et sans la moindre gêne, sortie son membre de sa prison de tissu, le secouant devant la Terranide, se masturbant même un peu devant ses yeux.

« Allez ma pute, fais ton travail ! »

« Oh mais avec joie… »Susurra t’elle,  d’un ton étrangement roulant.

L’Okami descendit de son perchoir et se mis à genou face à l’humain. Sa main vint saisir délicatement la verge qu’elle couvrit d’une simple petite caresse appuyée. Sans doute la dernière. La Terranide n’allait pas aimer ce qu’elle allait faire, mais cela ne durerait que quelques temps, à peine deux trois à trois secondes. Elle sortit sa langue et donna un coup sur le gland. Le goût, l’odeur, tout était infecte. L’homme frissonnait, ne pouvant attendre plus, il posa ses deux mains derrière la tête de Shad, faisant cogner son gland contre ses lèvres fermées.

Un petit rictus s’afficha sur le visage de la Terranide cette dernière ouvrit la bouche et laissa le membre entrer en elle, dans cette petite cavité étroite. Mais alors que le détendu commençait à se retirer pour entamer une série de mouvement, elle claqua fermement sa mâchoire. En tant que Terranide-Louve elle possédait une meilleure dentition qu’un humain lambda et ses crocs coupèrent d’un coup sec le chibre de l’homme, qu’elle recracha par terre. Le malheureux  tomba à genoux sur le sol, sa main sur son entre-jambe coupée au trois-quarts, le sang dégoulinant de ce dernier.

« Haa…haa sa…salope ! »

En guise de réponse, l’Okami s’essuya ses lèvres d’un revers de la main. Un peu d’eau pour lui faire passer cette expérience ne serait pas de refus. Elle retourna par la suite là où elle se trouvait quelques secondes plus tôt, ignorant complétement la souffrance du détendu. Il n’avait qu’à pas la prendre pour une pute. Elle jeta également un regard aux autres prisonniers, observant leur réaction. Le fait de  la voir amputé l’un des leurs de son plus cher atout avait dû en refroidir plusieurs. Bien, au moins, elle serait tranquille.

Le temps passa sans aucune nouvelle anicroche. L’homme fut emmené à l’infirmerie du bastion pour être soigné, ses cris ne pouvant pas passé inaperçu. La lupine repensa à ce que lui avait dit le garde quelques minutes plus tôt. La reine devait se rendre à l’abattoir. Cet abattoir devait donc se trouver dans les bas-fonds mais savaient-ils pour les hommes-porcs ? Avaient-ils la moindre idée qu’un fait inconnu se tramait dans ces sombres ruelles ? L’Okami en doutait fortement et si la Reine de Nexus venait à aller dans ces rues, elle risquait d’y rencontrer la mort au tournant. Elle en ferait donc part pendant l’interrogatoire qui mettait du temps à venir.

Le sergent arriva enfin et la Louve fut surprise d’entendre qu’on la libérait. Elle sortit donc de la cellule, récupéra ses affaires et se stoppa net dans son élan, entendant l’explication  de sa libération.

« Pardon ? »

Quelque chose n’allait pas. Ce que cet homme disait sonnait vrai pour lui mais tellement faux aux oreilles de la Terranide. Elle croisa ses bras sur sa poitrine et secoua sa tête en signe de négation avant de regarder le sergentl.

« Mon maître ne sait pas que je suis enfin de retour à Nexus et ne m’a pas envoyé chercher une poche de sang. Ce sang est destiné à l’autre esclave, un vampire, donc cela ne peut pas être sa femme. Qui que ce soit dehors, je ne la connais pas. De plus, j’aurais aimé vous parlez d’un évènement dans les bas-fonds. Un meurtre plus précisément, commis par une ignoble créature. J’ai cru comprendre que la Reine allait s’y rendre. N’est-ce pas risqué ? »

Rester à voir maintenant s’’il allait la croire ou non. Les meurtres étaient monnaies courantes dans les bas-fonds mais mieux valait être prudent. Le regard de la Louve glissa de l’humain jusqu’à la porte, se demandant qui était la personne qui était venue la chercher. Pour elle, il ne pouvait s’agir que d’un homme servant cet étrange individu au masque aperçu plus tôt. Shad avait été témoin d’un meurtre, alors il était donc évident qu’on essaye de la faire taire. La Terranide reporta par la suite son attention sur le sergent, demandant :

« Je souhaiterais voir la personne ici si possible. Je ne sortirais pas de ces murs sans savoir à qui ou à quoi j’ai affaire. »

Autoritaire ? Un peu dirons-nous. En tout cas, elle prouvait aux gardes et aux détenus qu’elle ne se laissait pas marcher dessus et qu’elle n’obéissait pas aveuglement à des ordres données car elle était en bas de l’échelle sociale de Terra. Finalement, un garde sortie de la prison, partant chercher l’étrange inconnu.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 25 février 2014, 02:02:45
À Nexus, il était assez fréquent que les gardes arrêtent des esclaves en fuite. Leur mission était alors de les enfermer, et de publier une annonce, retransmettant des informations sur ces derniers. Les éventuels maîtres se manifestaient ensuite, et, par une décision de justice, on leur remettait l’esclave, ou pas, selon les différents éléments de preuve fournis par l’esclavagiste. Si l’esclave et l’esclavagiste étaient tous les deux d’accord, il n’y avait pas de procès. En pratique, un esclave en fuite était cependant rarement d’accord pour retourner entre les griffes de son maître, et indiquait que cet homme n’avait sur lui aucun pouvoir d’autorité. Pour éviter que n’importe qui ne vienne reprendre l’esclave, un procès était donc organisé, mais était généralement fait le jour même, ou le lendemain. Les esclaves étaient souvent marqués par leurs propriétaires, quand ces derniers étaient des professionnels, ou de riches propriétaires. Les problèmes étaient un peu plus fréquents quand le propriétaire était un simple particulier. Ainsi, quand la Terranide annonça au sergent que cet homme ne pouvait pas être son maître, ce dernier grommela dans sa barbe. Il devait probablement s’agir d’un faussaire, mais, dans ce cas, il allait falloir organiser une confrontation, et procéder à des interrogatoires, et probablement rédiger un procès-verbal, à communiquer au Ministère public, afin qu’un procès puisse avoir lieu. Or, le sergent n’avait pas spécialement envie de se lancer dans une telle aventure. Cependant, il connaissait son métier, et, avec la venue de la Reine, s’il négligeait de faire correctement son métier, d’appliquer les procédures prévues, il risquait d’avoir des problèmes.

Les problèmes allèrent en s’accentuant quand la Terranide lui signala qu’il y avait eu un meurtre près de l’abattoir.

« Hein ?! » s’étonna-t-il donc.

La patrouille qui avait intercepté la Terranide aurait normalement du voir le corps, si elle n’avait pas été perturbée par la venue de cette Terranide. Il y avait cependant d’autres patrouilles, et, si un meurtre avait eu lieu dans les environs de l’abattoir Mandus, il était probable que des gardes l’avaient déjà remarqué. Même les criminels et les forbans habituels l’avaient compris : avec l’annonce d’une visite de la Reine de Nexus, les gardes ne pardonneraient aucun impair. Tous les vagabonds avaient été délogés à grands coups de pied dans le derrière, les vendeurs à la sauvette avaient vu leurs biens être confisqués pour pratiquer du commerce sur un espace public sans autorisation préfectorale, et les ivrognes avaient tous fini en cellule de dégrisement, recevant au passage quelques coups, coups qui avaient été indiqués par le médecin chargé de les évaluer comme antérieurs à leur période de détention, bien entendu.

Un meurtre, ça pouvait avoir de fâcheuses conséquences, surtout si c’était dans le ressort territorial du bastion. Certes, la responsabilité du sergent ne serait pas directement affectée, car il n’était pas responsable des trajets des patrouilles, mais il avait quand même suffisamment d’autorité pour servir de bouc-émissaire parfait.

« J’ai cru comprendre que la Reine allait s’y rendre. N’est-ce pas risqué ? »

Le sergent cligna lentement des yeux, en observant ce petit bout de femme. Elle n’avait pas vraiment l’air d’une esclave classique... Elle avait même été jusqu’à sectionner en deux le sexe d’un poivrot, qui finissait régulièrement en prison pour attoucher des prostituées, sans qu’elles ne l’aient autorisé à faire ainsi. Son sexe allait certainement être recousu, et le sergent s’apprêtait justement à prévenir le propriétaire de la Terranide qu’il allait devoir payer la facture. Un autre souci en plus !

« Évidemment que ça l’est, répliqua l’homme, agacé. Si c’était une promenade de santé, nous n’aurions pas doublé les patrouilles ! »

La Terranide demanda ensuite une confrontation, et le sergent grommela à nouveau, passant une main sur sa bouche, tout en faisant les cent pas. Non, il n’aimait pas ça, vraiment pas. Il réfléchit rapidement.

« Bon... On va monter à l’étage. S’il y a effectivement un meurtre, c’est un crime, et je vais devoir t’interroger, vu que tu es un témoin. Maître ou pas maître, tu ne sortiras pas d’ici avant que j’en sache un peu plus sur tout ce foutu bordel. Viens, quittons cette crasse puante.
 -  Hey, chef, grogna un détenu, moi aussi, j’y ai vu un mort ! ‘Pourriez pas me bichonner un peu, moi aussi ?
 -  Moi’si, chef, m’si moi ! »

Le sergent soupira à nouveau, puis grimpa les marches, finissant au rez-de-chaussée du bastion, où il indiqua à la Terranide de s’asseoir près d’une table, dans l’endroit servant de réfectoire. Le sergent alla voir un simple homme, et lui dit de partir avec un collègue, et d’aller du côté de l’abattoir Mandus, où il y aurait apparemment un cadavre.

« Si vous trouvez un corps, dépêchez-vous de vous ramener le cul. Trouvez la patrouille la plus proche, délimitez une scène de crime, il faudra que j’en informe le Procureur. »

Le Procureur déléguerait cette affaire auprès d’un magistrat, comme le prévoyait la loi. Il ordonna également qu’on aille lui chercher le « maître » de la Terranide, tout en allant chercher un bloc de notes, avec un encrier.

« Commençons par le commencement. Ton nom. »

Il le nota en haut de la page. Cette page blanche servirait à retranscrire l’interrogatoire, et on pàouvait sentir que le sergent était perturbé. Quelques gouttes de sueur filaient le long de sa tête, et le « maître » entra. Il portait un léger manteau pour se protéger du froid, et abattit sa capuche, accompagné par deux gardes. C’était un bel homme blond avec une barbe finement entretenue, un peu sauvage (http://lorandesore.deviantart.com/art/Werewolf-362035515).

« Je vous remercie, Commandant...
 -  Sergent, rectifia l’homme. Cette Terranide… Shad Hoshisora… Certifie ne pas vous appartenir, alors que vous avez indiqué être son maître, et être, en ce sens, indiqué à la libérer.
 -  Je ne suis pas son maître, reconnut l’homme, mais je cherche effectivement à la libérer.
 -  Non, mais c’est quoi, ce bordel ? Vous êtes qui, alors ?!
 -  Quelqu’un qui cherche à libérer une femme que vous soupçonnez d’être une esclave, sans avoir aucune preuve formelle. Quels sont les motifs de son incarcération ? Est-ce une garde-à-vue ? Si oui, quelle infraction a-t-elle commise ? J’ignorais qu’un arrêté royal avait décrété un couvre-feu dans notre ville. »

Le sergent grommela. Un tel aplomb... Ce ne pouvait être qu’un de ces maudits avocats. L’homme s’avança rapidement.

« Cette femme a signalé un meurtre, et c’est en ce sens que je la retiens. Mes gars sont un peu à cran, et j’envisageais de la libérer, de toute manière. Quant à vous, vous allez me dire immédiatement qui vous êtes.
 -  Je suis Jacques de Malenbraix, avocat.
 -  Et ça vous prend souvent, de venir au secours des Terranides, comme ça, à l’improviste ? »

Lentement, les deux hommes se regardèrent, avant que l’avocat ne réponde :

« Ma cliente désire s’entretenir avec cette Terranide au sujet de ce que cette dernière a aperçu près de l’abattoir. »

Le sergent cligna lentement des yeux.

« Ça par exemple ! s’exclama-t-il en tapant du poing sur la table. Il semblerait que tout le monde soit au courant de cette histoire sauf moi. Et vous avouerez que ça tombe plutôt bien, j’étais en train d’interroger Mlle Hoshisora à ce sujet. Maintenant, vous allez me faire le plaisir de décarrer d’ici, maître de Malenbraix. Vous empiétez sur une enquête officielle, et je pourrais très bien vous faire boucler pour me calmer les nerfs ! »

L’avocat hocha lentement la tête, puis s’écarta, ne trouvant rien à redire. Le sergent attendit patiemment que l’homme sorte. Tout ça était bien mystérieux : un meurtre, un avocat qui débarque comme par enchantement... Les hommes du sergent étaient perturbés, tandis que ce dernier était de plus en plus convaincu qu’un meurtre avait bel et bien eu lieu.

« À nous, maintenant. Que faites-vous à Nexus, Mlle Hoshisora ? Que faisiez-vous près de l’abattoir Mandus ? Que faisiez-vous avec une poche de sang en votre possession ? Et, surtout, qu’avez-vous vu, très précisément ? »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 25 février 2014, 14:36:45
[hrp : Désolé ça ne fait pas trop avancer :/ ]


L’annonce du meurtre semblait réveillé le sergent, ou du moins, le surpris assez pour que son attention soit portée sur la Louve.  Cette dernière aurait pu rire face à l’air hagard de cet homme, pourtant elle n’en fit rien, se retenant. Cela aurait pu être mal vu et elle ne désirait pas d’autres complications. Surtout que l’Okami disait la vérité, elle avait bel et bien était témoin d’un meurtre et  l’annonce de la venue de la Reine en ces lieux malfamées l’avait poussé à en faire part. Cependant qui disait être témoin d’un meurtre dans les Bas-Fonds disait également un lot de soucis en perspective.

Mais la Terranide ferait face à toutes les interrogations qu’elle pourrait susciter. Hochant la tête, elle entreprit de suivre le sergent avant une main rêche attrapée son appendice caudale au même moment que des misérables mentaient en prétendant avoir vu également un meurtre.  Le dos de la Louve fut parcouru d’un rapide frisson et cette dernière se retourna rapidement, plongeant sa main à travers les barreaux, attrapant le col du détenu. D’un geste vif, elle le tira vers elle, faisant percuter son visage que les barres de métal, grondant :

« Oses encore me toucher pourriture et tu verras ce qui t’en coûteras. » le menaça t’elle, son regard plongé dans le sien, un air déterminé pouvait se lire sur son visage. Elle relâcha par la suite le poivrot et retourna auprès du Sergent, abaissant quelques peu la tête.

« Désolé pour ce petit incident. »

Quoi que, elle n’était pas si désolé que ça. L’Okami en avait plus qu’assez que juste parce qu’elle était une Terranide, les hommes pensaient pouvoir la toucher comme bon leur semblait. Hors, cela était faux, mais cette idée avait été ancrée dans  l’esprit des habitants de Terra depuis des milliers d’années. Un Terranide pouvait être utilisé comme bon leur semblait et en croiser une qui n’écartait pas les cuisses immédiatement relevait presque du miracle. En pensant à cela, la Louve soupira, s’installant à la fameuse table indiquée par le sergent.

Posant ses coudes sur la table et joignant les mains, la lupine attendit patiemment que le sergent revienne avec de quoi noter. Intérieurement, elle espérait ne pas devoir se répéter sans arrêt. Quand il lui demanda son identité, elle ne lui donna en premier lieu que son prénom, n’utilisant plus son nom depuis quelques mois. Mais sous l’insistance du sergent et surtout d’un point de vue administratif, la Louve lui indiqua son identité complète avant de tourner son regard vers un petit groupe de personne qui arrivait. Un groupe qui composait l’homme s’étant fait passé pour le maître de la jeune louve.

La lycane ne pipa mot observant l’inconnu, l’écoutant et surtout le sentant de là où elle se trouvait. Si cet homme disait bien la vérité et était un avocat comme il s’était présentait et  surtout s’il n’avait aucun rapport avec l’abattoir, la Louve ne devait déceler aucune odeur propre à cette dernière sur cet homme. Et ce fut le cas. Ni traces d’odeurs de porcs, de sangs, de tripes. Aucunes flagrances également d’un masque qu’il aurait pu porter.  Au moins,  Shad savait que cet avocat n’était pas envoyé par cet étrange homme masqué qu’elle avait vu plutôt.

Le maître fut remercié et l’interrogatoire commença.  Croisant ses bras devant elle, la lycane écouta les questions du sergent, prenant une petite inspiration avant de répondre.

« Je vais tenter de vous répondre comme je peux, Sergent. Pour commencer, au sein de la ville, je suis esclave –du moins si on pouvait la qualifier comme telle- du Duc Belmond »

Afin d’argumenter ses paroles, la Louve montra son poignet droit imberbe au sergent, poignet qui afficha bien vite la marque de noblesse de la dite-demeure avant de disparaître aussitôt selon la volonté de Shad. Reposant sa main, elle reprit calmement.

« J’ai été absente pendant quelques temps et à mon retour, j’avais pris la décision de chercher une poche de sang pour mon amie Arashi qui est également au service de cet homme. Elle m’avait fait part d’un endroit où je pourrais en trouver, ce n’était simplement donc qu’un petit présent, rien d’autres. Quant au fait que je me suis retrouvée face à ce fameux meurtre…Disons qu’une fois le produit acheté, j’ai pu entendre une sorte de grouinement, comme un cri de porc. Ce dernier venant juste la rue adjacente, j’étais partie dans le sens opposé pour éviter de me retrouver à nouveau impliquer dans des affaires sordides. Sauf que, ma route croisa celle d’un homme dans un état lamentable et avant même que je puisse lui venir en aide, une espèce de monstre mi humain, mi porc l’avait attaqué, tué et surtout, commençait à le dévorer. »

La lycane marqua un arrêt, levant son index comme pour mettre bien l’accent sur un fait :

« Et non ce n’était pas un Terrranide, cela n’avait rien à voir avec l’un des miens, qu’il soit des contrées chaudes ou froides. C’était plus une sorte d’hybridation crée par un esprit dément. Enfin, par la suite,  n’ayant aucune envie de me battre, je pris la fuite et percuta donc l’un des fameux gardes d’une de vos patrouilles. Et si ces derniers s’étaient retourné tout en regardant en hauteur, ils auraient pu voir un homme portant un masque de porc… Voilà tout ce que je sais, libre à vous de me croire ou non»

Un nouveau soupir s’extirpa de ses lèvres. Il ne la croirait jamais, la prendrait sans doute pour une folle, une menteuse. Pourtant, elle lui avait dit la vérité.  Pensive, la lupine observa la porte close, se demandant si l’autre humain était encore présent derrière et l’attendait. Reportant son attention sur le sergent, elle le questionna :

« D’autres questions Sergent ? »

Ou allez-vous me laisser sortir ?  En réalité, la lupine se doutait bien qu’il devait encore en avoir ou si ce n’était pas le cas, la cliente de cet avocat en aurait assurément.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 26 février 2014, 01:47:25
Jacques de Malenbraix, si tant est que ce soit là son vrai nom, n’avait plus rien à faire du côté du bastion, et choisit de prudemment s’écarter, afin de ne pas attirer inutilement l’attention des gardes. Il avait usé de l’élément qui l’avait toujours caractérisé le plus : le culot. Il espérait que le sergent l’oublierait, et n’irait pas faire une enquête auprès du barreau de Nexus. Comprenant des milliers d’avocats, le barreau était une véritable structure administrative, avec un important secrétariat, passant une bonne partie de son activité à recenser les activités des différents avocats qui existaient : leurs associations au sein des cabinets, leurs domaines, vérifier leurs diplômes, leurs accréditations, ce genre de choses. Jacques de Malenbraix ne figurait nullement sur le registre de l’ordre des avocats de Nexus, et n’avait aucune carte, ou aucun document officiel, permettant de justifier son statut. N’importe quel avocat était inapte à agir en justice, ou à participer à un interrogatoire de police, s’il n’avait avec lui un petit papier, qui était délivré par l’ordre des avocats de Nexus, et qui attestait que son propriétaire était bien un auxiliaire de justice, habilité à accomplir les trois missions traditionnelles d’un avocat : l’assistance, la représentation, et le conseil. Ce papier était un arrêté nominatif, qui était pris par l’ordre, signé par le bâtonnier, et tamponné par le service administratif du Palais d’Ivoire en personne, la justice étant, par excellence, une prérogative régalienne. En d’autres termes, Jacques avait tout intérêt à ne pas traîner, sous peine d’attirer l’attention des gardes. Or, s’ils apprenaient qu’il se faisait passer pour un avocat, il risquait gros.

S’il était entré dans ce bastion, c’était pour déposer dans un coin un petit objet cylindrique, qui semblait tout droit sorti d’un film d’espionnage tekhan. Jacques avait placé un émetteur, et retourna chez lui, dans une planque sordide des bas-fonds. Il s’assura que personne ne l’observait, et referma derrière lui la lourde porte, puis grimpa à l’étage, où se dressait un énorme appareil : le récepteur de sa balise, avec une antenne radio. Il l’alluma, et écouta l’enregistrement de la conversation entre la Terranide et le sergent.

Un porc... Des grouinements... Jacques réfléchit silencieusement, pendant de longues minutes, à la lumière d’une chandelle brûlant sur son bureau. Ce matériel de télécommunications venait tout droit de Tekhos, et attestait l’appartenance de Jacques à un réseau d’espionnages. Jacques réfléchit rapidement, avec le sentiment lourd que le temps jouait contre lui, et que la visite de la Reine allait être décisive. Si l’homme était venu, c’était parce qu’un des gosses du quartier lui avait dit qu’il avait vu une patrouille arrêter une Terranide, près de l’abattoir Mandus. Or, Jacques avait dit qu’il voulait être au courant de tout ce qui se passait près de l’abattoir Mandus. Comme il payait généreusement les enfants, ces derniers ne se posaient pas de questions, mais il savait que c’était risqué. Tôt ou tard, un généreux mécène comme lui allait s’attirer des ennuis auprès de la faune locale, mais il n’avait pas le choix. Et le temps pressait. Jacques était saisi d’un affreux pressentiment.

*Il faut que j’aille voir cette histoire de plus près... Cependant, cette Terranide... Si elle a vraiment vu cet homme-porc... Serait-il possible que tout ça soit vrai ? Ces disparitions, ces enlèvements ? Je ne saurais y croire...*

S’attirer la confiance des gens des bas-fonds était particulièrement difficile, et il avait fallu à Jacques des semaines pour que certains acceptent de parler. Oswald Mandus... Toute son enquête portait sur l’homme le plus populaire de Nexus, cet homme si parfait, mais dont l’histoire avait quelques virgules ratées. Ce qu’il avait appris n’était rien de concret, simplement des rumeurs... Des rumeurs autour de gens qui disparaissaient, des ouvriers, de simples vagabonds... On prétendait que des chariots silencieux venaient autour de l’abattoir la nuit, convoyant d’énigmatiques cargaisons dans les égouts.

Finalement, Jacques prit sa plume, ouvrit une lettre, et réfléchit un peu, puis commença à écrire. Il dut tremper sa plume à plusieurs reprises dans son encrier, tout en tirant sur sa pipe. Quand il eut terminé, il relut sa lettre, puis la fourra dans une enveloppe, et la scella. Il sortit ensuite de son abri précaire, et s’avança à travers les rues silencieuses, hanté de cauchemars et de fantômes. L’énigmatique personnage se dirigea vers une maison, et tapa contre la porte en bois de cette dernière, jusqu’à ce qu’elle s’entrouvre. Il tendit alors la lettre, accompagnée de quelques piécettes, devant un homme peu accueillant.

« Transmets cette missive à ta matrone, dans les plus brefs délais.
 -  De la part de qui ? aboya l’homme.
 -  Dis-lui que c’est Jacques, et que c’est urgent. Des vies sont en jeu ! »

L’homme grogna. Il arriverait à s’en rappeler, et Jacques s’écarta. Il était temps pour lui d’aller inspecter cet abattoir. Il prendrait sûrement des risques, mais l’homme était confiant. Il était un espion royal, après tout, et ses compétences ne résumaient pas qu’à connaître le droit. Advienne que pourra, l'homme s'enfonça dans la nuit.

Le lendemain, il ne reparut pas, et, quand les policiers arrivèrent autour de l’abattoir, personne ne le vit.



Le lendemain matin, une scène de crime avait effectivement été dressée près de l’abattoir Mandus. La rumeur se propagea rapidement, et on parla d’un cannibale, afin de désigner l’état du pauvre homme. On aurait dit qu’il avait été recraché des gorges de l’Enfer. Il était maigre comme un clou de girofle, et était contre le mur, baignant dans une flaque de sang, avec des traces de morsures profondément enfoncées dans sa poitrine, qui lui avaient arraché une partie du corps, comme si quelqu’un avait cherché à le dévorer vivant. Les badauds surprirent quelques mots échangés par les miliciens, des gens nerveux, qui repoussaient rapidement les curieux. Certains gardes soupçonnèrent la présence d’un « loup-garou », et cette rumeur enfla, dans les rues de la ville.

Shad, quant à elle, avait été relâchée. Si elle disait vrai, elle disposait d’un soutien influent en ville, et il ne voulait pas qu’un noble lui tombe dessus. Un duc, qui plus est ! Le pauvre sergent avait déjà bien assez d’ennuis comme ça, et se trouvait sur la scène du crime, au petit matin, en attendant la venue d’un agent spécial, un inspecteur royal, dépêché exprès par le juge d’instruction chargé de l’affaire.

Vers dix heures du matin, une calèche s’approcha de l’antre de Monsieur Belmond. La calèche était escortée de six chevaliers dans d’élégantes armures étincelantes, amenant les quelques badauds à les observer, médusés.

« C’est la Garde royale ! »

L’élite de l’élite, ce qui revenait à dire que la personne à l’intérieur de cette calèche était un officiel, venu tout droit du Palais d’Ivoire. La calèche s’avançait le long d’élégantes rues pavées aérées et grandes, dénotant avec l’ambiance étriquée et sinistre des petites rues qui circulaient le long des bas-fonds. Elle s’arrêta devant la porte du manoir, et l’un des hommes descendit de son cheval, s’avançant élégamment vers la porte, pour toquer à l’entrée.

« Je suis le Chevalier Grégoire de Montmirat, annonça-t-il d’une voix forte à l’individu qui l’accueillit, et j’ai avec moi une convocation officielle du juge d’instruction, Maître Montfils, demandant expressément à ce que la dénommée Shad Hoshisora nous rejoigne dans la présente calèche pour un entretien. »

Grégoire de Montmirat avait en main une missive officielle, signée par le juge d’instruction, et contresignée par la Reine de Nexus, ce qui revenait à dire que la personne se tenant dans la calèche était, si ce n’est la Reine, au moins un proche. La missive précisait qu’il s’agit d’une convocation en vue d’obtenir des informations au sujet d’un meurtre ayant eu lieu la nuit précédente, auquel Shad aurait été témoin.

La femme à l’intérieur de la calèche n’était pas la Reine, mais c’était tout comme. C’était Adamante Mélisi, la seconde de la Reine.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 26 février 2014, 15:28:05
Plusieurs fois, Shad avait dû répéter son histoire, rentré dans certains détails, donner plus de compléments pour que le rapport soit au maximum complet. L’agacement pouvait se lire sur son visage. Oui, la Louve en avait plus qu’assez de répéter à chaque fois les mêmes choses et avait surtout l’impression qu’on ne l’écoutait pas.  Son récit, elle avait dû le compter bien une dizaine, se faisant couper à certaine partie pour avoir plus de précision. Précision qu’elle pouvait donner ou non. Quoi qu’il en soit, la lycane fut coopérative et donna le maximum d’information qu’elle possédait. Bien évidemment, certain fait ne pouvait être pris en compte par un humain, comme par exemple l’odeur.   Shad avait une grande mémoire olfactive et avait mémorisé dans un coin de son esprit l’odeur du monstre mais il n’était pas aisé pour elle de la décrire au sergent. 

L’interrogatoire s’étala sur une durée de trois bonnes heures. La Terranide fut la première surprise en s’apercevant du temps qu’ils venaient de passer dans cette pièce servant de réfectoire.  Au bout d’une heure, l’Okami avait demandé un verre d’eau afin d’avoir de quoi étancher sa soif. Verre qu’on lui apporta et qui fut à moitié vidé dès  les premières lampées. A force de parler, de se répéter, la Louve avait eu soif.  Finalement, après une dernière rectification, une énième répétition des faits, la Terranide fut relâchée.

Cette dernière observa avant tout les alentours, se demandant si cet avocat était toujours dans les parages. Après s’être assurée que ce n’était pas le cas, et prenant garde qu’il n’y avait pas d’individus liés à ce meurtre, portant sur eux, une odeur de porcs, la Louve partit rejoindre la demeure où elle séjournait actuellement. L’habitation au vue de l’heure tardive devait être plongée dans le calme.  Un baume au cœur réchauffa  Shad. Enfin, elle allait pouvoir se reposer un peu et espérer que toute cette histoire soit finie.  Une fois arrivée à destination et tombante de fatigue, elle partit rejoindre les bras de Morphée,  rejoignant rapidement le royaume des songes.

….

Le jardiner venait d’arracher les dernières mauvaises herbes qui poussaient dans le jardin. S’épongeant  son front plein de sueur à l’aide de son avant-bras, il s’appuya par la suite sur son râteau, soufflant. Le travail n’était en soit pas bien compliqué, ni même exténuant, mais la chaleur accablante en cette saison le rendait plus ardu.  Il releva cependant son menton, intrigué par les coups portaient à la porte. Etant le seul domestique prêt de cette dernière, il  était de son devoir d’aller voir de quoi il s’agissait.  Soupirant, il déposa ses affaires dans un coin, pensant les ranger après ce petit interlude.

Quelle ne fut pas sa surprise quand il se retrouva devant un garde royale ! Bouche bée et stoïque, la première de ses interrogations étaient de se demander ce qu’une personne de ce rang viendrait faire en ces lieux. Surtout qu’on ne lui avait pas parlé d’une quelconque visite. Ni à quiconque au sein de la demeure d’ailleurs.  Un regard de suspicion traversa les yeux de l’homme quand le chevalier quémanda à voir la Terranide qui avait été acheté il y’a quelques temps par le maître de maison.  Le jardinier tourna rapidement son visage vers la bâtisse, se demandant ce qu’elle avait pu faire pour attirer pareils soldats ici.

« Je vais vous la chercher Messire. »

A ces mots, il s’inclina légèrement en guise de respect et fila droit vers l’immense maison.  La Louve quant à elle s’était levée tôt et avait rattrapé tout son retard, s’octroyant pour le moment une petite pause bien méritée. Debout devant une table à plusieurs trous, une queue de billard à la main, Shad se demandait sur quelle boule de couleur elle pourrait frapper pour être sûre de ne pas jouer pour rien. Tournant autour de la dite table, elle se pencha par-dessus par la suite, ayant fait son choix. Et alors qu’elle allait frapper, et tenter de rentrer une boule à l’allure carmin, une entrée fracassante du jardinier lui fit stopper son geste.

« Shad ! Tu dois  aller dehors ! »
« Et pourquoi ? »
« Tu es convoquée par missive royale au sujet d’un meurtre dont tu serais témoin. »
« J’ai déjà dit tout ce que je savais à ce sujet, ils ne vont pas me faire répéter la même chose à chaque fois si ? »
« Tu dois y aller… »
« Tu penses que si je tape dans la bleu, elle peut percuter la rouge et… »
« SHAD ! »
« Ca va…j’y vais.. »

Grommelant quelques peu, la Terranide rangea en quatrième vitesse le billard, déposant la queue contre le mur, à l’endroit prévu à cet effet. Soupirant, elle s’habilla également, troquant sa robe contre  la tunique qu’elle met lors de ses sorties. Royaux ou pas royaux, elle ne comptait pas sortir en petite tenue.  Finalement, elle sortit, se présentant à l’entrée, saluant le chevalier.

« Vous m’avez demandé ? Il me semble pourtant avoir dit tout ce que je savais au Sergent. Enfin..En quoi puis-je vous être utile ? »

On ne lui donna pas plus d’informations, lui demandant simplement de monter dans la calèche. Haussant un sourcil d’interrogation, la Louve se demandait même si cela ne sentait pas le piège à pleins nez. Pourtant,  l’armure des gardes prouvaient le contraire. Tout autour d’elle, Shad pour entendre les quelques murmures qui émanaient des passants. C’est sûr qu’une Terranide rentrant dans une calèche royale, cela n’avait rien de banale. Une fois à l’intérieur, elle fut assise face à la seconde de la reine de Nexus.  L’Okami hocha la tête pour la saluer, et devait avouer qu’elle n’avait strictement aucune idée à qui elle avait affaire en cet instant.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 27 février 2014, 01:39:54
Grégoire de Montmirat n’était pas un homme très compliqué. Sa vie, en réalité, était fort simple. C’était un chevalier, et il avait prêté serment à la Couronne de la défendre, et de servir les intérêts de Nexus. Point. Grégoire ne se posait pas beaucoup de questions, et accomplissait avec diligence ses obligations. Ayant reçu une savante éducation religieuse, il accomplissait ses fonctions. Il sentait bien que la Couronne s’était affaiblie, mais il avait eu pour père un compagnon de guerre de Liam Ivory, et avait grandi en entendant les nombreux récits vantant les récits de bataille de Liam Ivory, un Roi noble, quelqu’un qui saurait enfin redonner à Nexus sa splendeur. Avant l’arrivée de sa fille, Nexus était déjà en train de sombrer, de ployer sous l’influence des criminels, qu’ils soient des délinquants, ou du côté de la loi. Le Lion, lui, était un gage de pureté, un symbole, rappelant à tous ces cancrelats et à toutes ces hyènes que le temps des guépards et des lions existait toujours. Personne n’avait dit à Grégoire pourquoi il fallait que cette Terranide vienne. Il le fallait, c’est tout. Raison d’État. Il fut agacé quand cette dernière demanda pourquoi, mais sut le masquer.

Les gens n’avaient plus confiance, car ils avaient perdu leurs valeurs, là était le problème. Ils ne croyaient plus en rien, et, quand on ne croyait plus en rien, on devenait méfiants, on devenait égoïstes, suspicieux. La défiance du peuple à l’égard de la Couronne en était un exemple. Grégoire de Montmirat n’était pas spécialement un démocrate, et, si ça n’avait tenu qu’à lui, il y a longtemps qu’il aurait démantelé en personne toutes ces guildes, tous ces aristocrates prétentieux qui prétendaient qu’il était temps pour l’État de n’être plus qu’un simple appareil de gestion des affaires publiques, et de se désintéresser de sujets qui le dépassaient. Le chevalier guida la femme vers la calèche, et cette dernière y pénétra.

Il n’y avait pas de garde à l’intérieur, rien d’autre que deux confortables bancs, une femme, et un petit plateau comprenant quelques croissants. Une délicieuse odeur de parfum régnait dans le logis, et la calèche se mit rapidement en marche. Devant la Terranide, il y avait une femme dans de courts vêtements, et une longue chevelure de feu. Adamante était surtout remarquable par ses yeux jaunes, qui illustraient le fait qu’elle était une magicienne. Tous les magiciens n’avaient pas les yeux jaunes, mais ceux qui avaient les yeux jaunes étaient, sauf de rares exceptions, des magiciens.

« Je suis heureuse de te voir, Shad, et je te prie de pardonner cet attroupement un peu solennel. Tu n’as pas à t’inquiéter, je ne te veux aucun mal... C’est même tout le contraire, en réalité. »

Elle voyait bien que Shad ne la connaissait pas, et, en soi, ce n’était pas surprenant. Adamante ne faisait aucun discours public, et, quand elle participait à des évènements commémoratifs, elle se faisait rarement remarquer, restant près de la Reine, mais toujours en retrait. Il n’y avait guère qu’au sein du Palais d’Ivoire et des clubs de soirée comme le Centaur Club qu’on entendait parler d’elle. Adamante Mélisi, la fameuse dame d’honneur de la Reine, sa plus intime conseillère, et son amie d’enfance. Les mauvaises langues disaient que ces deux femmes baisaient ensemble, et les langues de serpent qu’Adamante était une sorcière manipulant la Reine, pour en faire son pantin, et ainsi permettre aux Mélisains de commander Nexus, et de parvenir ainsi, progressivement, à définitivement contrôler le royaume.

« Sache que, si j’ai voulu t’avoir auprès de moi, c’est parce que je crains pour ta vie. Comme on a du te le dire, je suis Adamante Mélisi, et je suis, entre autres choses, l’une des proches conseillères de la Reine. Nous avons eu vent du crime sinistre auquel tu assisté, et la Reine pense que, en tant que témoin unique de ce drame, tu es en danger. »

C’était en tout cas ce que disait le rapport que la Reine avait reçu hier, de la part de Zephyr. Un rapport, qui correspondait en réalité à la lettre remise par le fameux Jacques de Malenbraix, espion au service de la Couronne, tout comme Zephyr, officiellement une activiste révolutionnaire, en réalité une espionne et tueuse travaillant pour le compte direct des Ivory, et qui connaissait les passages secrets et les runes permettant d’accéder au Palais d’Ivoire. Elle avait apporté la lettre en main propre, et Jacques y parlait de Shad, en expliquant qu’elle allait probablement être victime d’une tentative d’assassinat.

« Nous avons pu lire le témoignage que tu as confié au sergent Palinco ce matin, et il est intéressant... Notamment la partie sur cet homme avec un masque de cochon. De toi à moi, il y a aussi une petite tâche dont j’aimerais te confier. Mais nous aurons le temps d’y revenir. En attendant, si tu as faim, n’hésite pas à prendre l’un de ces croissants. Nous ne devrions plus tarder. »

La calèche ne prenait pas la route du Palais d’Ivoire, mais empruntait un autre chemin, et termina sa course devant un immense manoir en bout de rue. Un portail en fer forgé était à l’entrée, et un beau jardin était à l’avant, avec une fontaine. Le manoir comprenait trois étages, et plusieurs ailes. C’était la demeure d’Oswald Mandus, et on pouvait voir que le jardin n’était pas entretenu. Il était envahi par les mauvaises herbes, et le lierre s’attaquait aussi partiellement à la fontaine.

Une calèche était déjà à l’intérieur du manoir, devant le perron menant à la porte. Le perron se composait d’un double escalier filant à gauche et à droite, pour passer ensuite sous des colonnes en marbre. D’autres gardes étaient là, ainsi qu’une autre femme. C’était la Reine de Nexus, Elena Ivory. Tout simplement. Tout en descendant de la calèche, Adamante expliqua à Shad quelques éléments supplémentaires :

« Je t’expliquerai tout plus tard, Shad, mais j’ai besoin que tu te fasses passer pour notre domestique. Ceci permettra d’éviter d’éveiller les soupçons de Monsieur Mandus. »

Adamante avait conscience que tout ça semblait sembler relativement incongru pour Shad, si ce n’est fantaisiste, mais le temps jouait un peu contre elles. La Reine se rapprocha d’elle, et salua Shad.

« Ainsi, c’est toi, la courageuse Terranide qui te promène toute seule dans les bas-fonds de la ville après la tombée de la nuit... Je suppose qu’Adamante n’a pas eu le temps de tout t’expliquer en détail, mais, comme tu le sais peut-être, il est prévu que, d’ici quelques jours, je doive aller visiter l’abattoir de ce cher monsieur Mandus. Je ne peux pas encore te l’expliquer en détail, mais, pour te donner un aperçu, le meurtre que tu as vu, et ce que tu as vu, peuvent être comme les petits rouages d’un engrenage s’insérant dans une machinerie dont tu n’as pas sans doute pas encore totalement conscience... Et moi non plus, pour être exact. Si j’ai décidé de te convoquer, au risque de passer pour une folle aux yeux de mes détracteurs, c’est parce que j’aimerais que tu analyses quelque chose dans le manoir de cet homme, et que tu me dises s’il t’évoque quelque chose. Disons que ce serait comme un service rendu envers le pays, et une manière de nous aider à éclaircir ce drame. »

Elena parlait d’une voix calme et déterminée. Elle portait une élégante robe, et termina :

« Es-tu prête à nous aider ? »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le jeudi 27 février 2014, 14:05:50
Quand la lycane rentra dans la calèche, la première impression qu’elle eut fut qu’on tentait de la mettre à l’aise. Elle s’’était assise comme demandée sur l’un des bancs, juste en face de la seule personne présente dans la calèche.  Cela ressemblait fortement à un interrogatoire en lieu clos pour la Terranide et elle commençait à nouveau pourquoi diable elle venait d’être à nouveau convoquée. Surtout pour des informations qu’elle avait déjà donné. Mise à part cela, la lupine devait bien avouer que l’odeur des croissants était toujours plaisante et réveillait les papilles. Ainsi que quelques vieux souvenirs.

S’installant pour être à son aise, légèrement adossée contre le dossier du banc,  sa jambe droite passant au-dessus de la gauche, un bras replié vers le ventre, l’autre main sous le menton, la Terranide écoutait attentivement ce qu’avait à dire la personne en face d’elle. Shad la laissa parler tout du long, ne lui coupant pas la parole, changeant de temps à autres d’expressions.  Oh, bien évidemment, elle était encore surprise de se retrouver en présence d’une personne régnant au palais d’Ivoire et elle était même encore en train de se demander si tout cela n’était pas un rêve, ou une mauvaise blague.

Comme la Louve avait pu le craindre, le sujet du meurtre dont elle fut le témoin fut remis sur le devant de la scène. Quand Adamente lui confia qu’elle craignait pour sa vie du fait qu’elle était  le seul témoin de ce meurtre odieux et qu’elle risquait fort d’être la cible de tentative d’assassinat, la lycane eut un sourire cynique. Ce n’était pas la première fois et ce ne serait ni la dernière fois que sa tête serait mise à prix. De plus, un fait sonnait étrangement faux dans les oreilles de l’Okami. Pourquoi la Reine de Nexus viendrait-elle réellement à la protéger d’une mort prochaine ? Alors que pour sa part, elle n’avait pas entendu beaucoup de récit sur le fait que la souveraine aidait les personnes, humains, Terranides et créatures dans le besoin. Pour la lupine, il ne s’agissait rien de plus qu’une demande égoïste, un simple moyen de se protéger d’un danger que la Reine ne connaissait pas encore complétement.

Pourtant, elle en fit pas encore part, mais garda cette hypothèse dans un coin de son esprit. De toute façon, Adamante était toujours en train de parler et elle ne parvenait pas à rentrer dans la conversation. Au moins, on pouvait dire qu’elle était éloquemment douée. Quand elle lui parla d’une tâche, la curiosité naquit dans le regard de la Louve. Qu’attendait donc cette femme ?  La Terranide leva la main  en signe de refus pour les croissants, prenant enfin la parole, maintenant qu’Adamante avait terminé son récit et ses explications :

« Merci pour les croissants mais je n’ai pas faim actuellement. Donc, si je résume bien.  Comme je suis l’unique témoin d’un meurtre perpétré près de ce fameux abattoir Mandus et que la Reine doit y faire une visite, ma vie serait en jeu ? Pardonnes-moi d’être aussi cynique mais….Ne crains-tu pas plutôt pour la vie de la Reine ? »

Au moins, ses doutes étaient mis sur le tapis. La lycane avait encore de nombreuses questions à poser pour tirer tout cela au clair. Mais le changement soudain de la diligence vers un lieu différent que le palais d’ivoire ne manqua pas de piquer encore plus sa curiosité. Où diable l’emmenait-elle ?  La Louve poussa un léger soupir en attendant la demande, comprenant mieux ce qu’on commençait à attendre d’elle.

« Il aurait était plus judicieux de faire part que je devais venir en tenue de servantes et non dans celle que je porte actuellement. »

Shad ne dit pas plus. D’un côté, elle ne voulait plus savoir plus de cette histoire mais d’un autre, son intuition la forçait à en savoir plus. Malgré tout, elle marquait un point sur un fait. Si elle devait jouer les domestiques, la tenue qu’elle portait n’était vraiment pas appropriée à un tel rôle.  Enfin, elle se doutait bien que si on lui avait fait telle demande, la calèche devait comporter en son sein quelques accoutrements plus appropriés.  Le reste du trajet se fit sans un mot, la Louve se contentait d’observer l’extérieur, pensive.

La première impression qu’elle eut quand elle foula le sol de l’extérieur de la demeure Mandus était déjà un léger sentiment de malaise. Ce manoir immense, jaugé sur le sommet d’une falaise avait de quoi rendre mal à l’aise quiconque. Surtout au vue de son état déplorable et l’air de la mer qui était censé être vivifiant n’avait que pour effet d’arracher un frisson à la Terranide. Cette dernière se tourna vers la Reine et néanmoins, se força à s’incliner légèrement en guise de salutation. L’écoutant attentivement, elle prit à son tour la parole, ne se souciant pas des marques de respects. Du moins, pas encore.

« Pourquoi dans ce cas ne pas envoyer des gardes royaux inspecter la demeure de cet homme, ou même directement son abattoir ? Ce n’est pas parce que j’ai était témoin d’un meurtre en pleine nuit que je saurais vous être grandement utile. Néanmoins…Quelque chose me pousse à vous aider, toutes les deux. Adamante m’a fait part que je devais jouer une domestique à votre solde afin de ne pas réveiller les soupçons de cet homme. Et j’imagine que la mission que tu as à me confier et liée à ce que j’ai ressenti et vue dans cette ruelle, non ? »

Pour  Shad, sa mission ne serait rien d’autres que de voir si elle noterait des éléments similaires avec ce qu’elle avait pu rencontrer lors de son face à face avec cette espèce de porc humanoïde. Laissant sa queue battre légèrement derrière elle, en de court mouvement, la lycane soupira une nouvelle fois.

« Bon, ce  n’est pas comme si c’était la première fois que j’aidais une personne royale. Bien, je vais jouer le jeu »

Les dés étaient donc jetés.  Après la confirmation de la Terranide, on  la fit remonter dans la calèche où elle reçut des habits plus appropriés à son rôle de domestique. A savoir, une longue robe blanche.  Bien évidemment, Shad aurait préféré garder sa tunique noire aux broderies carmin mais cela aurait pu faire échouer la mission. Malgré tout, elle ne se sépara pas de ses armes, les cachant sous l’ample robe avant de sortir, toussotant  un peu pour se mettre dans la peau de son nouveau personnage.

« Que sa Majesté daigne me pardonner, mais je suis prête à vous servir. »

Son regard se porta sur le manoir et  tandis qu’on lui expliquait ce qu’elle aurait réellement à faire, le groupe fut mis en branle. Tous se dirigeaient vers l’imposante porte d’entrée et donc indirectement dans la gueule du loup.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 28 février 2014, 01:05:02
Elena avait bien conscience que tout cela était inhabituel, et surprenant. Hier encore, elle n’avait jamais entendu parler de la petite Shad Hoshisora, Terranide du duc Belmond. Aujourd’hui, cette Terranide inconnue était devant la Reine, à devoir se faire passer pour sa servante. La Terranide ne dissimulait pas sa surprise, mais elle était compréhensible. Elena s’était d’ailleurs initialement attendue à ce que Shad croit à une blague, et refuse de les accompagner. Certes, elle avait été convoquée, mais Nexus était un État de droit. Le pouvoir royal ne pouvait pas convoquer les gens sans motif valable, et la loi était claire sur ce point : les juges avaient du annuler des ordonnances royales qui étaient prises sans aucune motivation. Il s’agissait tout simplement d’une invitation, et la bonne coopération de Shad illustrait ce qu’Adamante avait pressenti : cette Terranide réfléchissait vite. Suffisamment vite pour avoir le courage de se promener seule dans les bas-fonds de la ville.

Shad accepta donc de jouer le jeu, malgré ses doutes, et enfila une robe blanche plus appropriée. Elena et Adamante attendirent, se regardant brièvement. Amener Shad, c’était l’idée d’Adamante, mais Elena la rejoignait. Il y avait encore quantité de points d’ombre nécessitant des réponses, mais elle n’avait tout simplement pas encore eu le temps d’en parler avec Shad. Une légère secousse de vent résonna dans le jardin, faisant frissonner la Reine. Des nuages gris dansaient dans le ciel, annonçant une tempête.

« Que sa Majesté daigne me pardonner, mais je suis prête à vous servir. »

Un sourire éclairait les lèvres d’Elena, qui hocha lentement la tête, en signe d’assentiment.

« Dans ce cas, allons-y. »

Plusieurs des gardes restèrent sur la cour. Ce fut Grégoire de Montmirat qui alla toquer à la porte. Dans n’importe quelle autre bâtisse de ce genre, un domestique leur aurait ouvert dans la minute qui suit, mais il suffisait de voir l’état du jardin pour constater qu’il n’y avait pas de domestiques. Une si grande maison, sans aucune âme qui vive... La Reine s’attendait presque à ce qu’elle soit hantée. Ils durent attendre un certain nombre de minutes.

« Faire attendre ainsi la Reine de Nexus, grommelait Grégoire, ce Mandus est un rustre.
 -  Oswald Mandus a congédié tous ses serviteurs à la mort de sa famille, expliqua Elena à Shad. Visiblement, ce n’est pas facile de gérer à la fois un abattoir aussi prospère que le sien et son manoir. »

Ceci expliquait le jardin en friche. Grégoire de Montmirat toqua de nouveau à la porte, et on finit alors par entendre le roulement d’une grosse clef dans la serrure. La porte s’ouvrit ensuite dans un grincement, et un homme apparut dans l’embrasure. Elena aperçut une élégante canne en ivoire, maintenant un homme qui portait un pantalon, une chemise, et une simple veste. Oswald Mandus avait une barbe.

« Majesté. Je vous salue humblement.
 -  Je vous salue également, Monsieur Mandus. C’est un enchantement de voir en personne un homme qui a une telle réputation. »

Oswald haussa lentement les épaules.

« Je ne fais qu’accomplir mon devoir, rien de plus. Je vous en prie, entrez, il commence à faire froid. »

Ils avancèrent dans un élégant vestibule, pour arriver au hall d’entrée, un vaste salon, massif, s’étalant sur plusieurs étages, avec un escalier intérieur, et une mezzanine. L’escalier menait aux différents étages. L’architecture du manoir était centralisée autour de la pièce centrale, le salon, où il y avait plusieurs tables, des fauteuils confortables, des meubles. Des couloirs à gauche et à droite conduisaient aux ailes du manoir, et il n’y avait effectivement pas âme qui vive. L’éclairage venait d’immenses fenêtres à gauche et à droite de la porte d’entrée, éclairant tout le hall.

C’était une pièce magnifique.

« J’espère que cet incident devant mon abattoir ne vous amènera pas à annuler votre visite, Majesté. C’est un évènement très attendu parmi mes ouvriers.
 -  Je ne croyais pas être aussi populaire au sein de ces quartiers... »

Oswald secoua lentement la tête.

« Vous êtes la Reine de Nexus, la fille du Lion. Ces pauvres âmes ne l’ont pas oublié, et votre visite dans ces quartiers déshérités ne peut que plaire à la majorité d’entre eux. »

Elena ne dit rien. L’idée se tenait. Oswald partit sur la droite, conduisant le groupe dans une sorte de grande salle à manger, avec une série de chandelles. Quelques rideaux rouges étaient tirés le long des fenêtres, et Oswald, tout en se tenant sur sa canne, et en boitant légèrement, les ouvrit en tirant dessus.

Si cet homme boitait vraiment, il était impossible qu’il soit lié à l’individu qui se tenait sur les toits. Le regard d’Oswald se porta alors sur Shad, et il cligna lentement des yeux.

« Qui êtes-vous ? On ne m’avait pas annoncé qu’il y aurait une servante qui vous accompagnerait... Non pas que cela pose un quelconque problème, bien sûr. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 28 février 2014, 19:38:18
L’attente était particulièrement longue et la raison du manque de domestiques ne suffisait pas à convaincre Shad. Si cet homme avait décidé de congédier tout son personnel après un drame familial, alors pourquoi être également resté dans un si grand manoir dont il ne pourrait se charger seul ? Cela était complètement illogique pour la Louve et elle le fit comprendre en  effectuant un petit mouvement de tête en signe de négation tout en soupirant.

« Alors pourquoi continuer à vivre ici ? Avec tout son argent, cet homme serait capable d’acheter une maison plus mondaine. Je ne comprendrais jamais des fois la décision de certains humains… »

Montrer qu’on possède de grandes propriétés permettait de montrer aux autres qu’on avait de quoi payer et donc qu’on était dans de bonnes conditions de vie. Pourtant, la Louve ne comprenait pas pourquoi ce Mandus continuait à vivre dans un si grand manoir et seul de surcroît. Rien que cela ne manquait pas de piquer la curiosité de Shad qui voulait en savoir plus. Pendant le petit trajet, la Reine lui avait également fait part de sa mission.  En somme, la quête était d’une facilité déconcertante. La seule chose que la Terranide avait à faire était de rentrer dans la demeure de cet homme et d’observer, de voir si elle trouverait un élément lui rappelant les faits s’étant passés la nuit précédente.

Enfin, après des minutes qui semblèrent être une éternité, la porte s’ouvrit, laissant entrevoir un homme à l’apparence faible.  L’Okami leva les yeux au ciel en silence, assez rapidement pour que cela ne soit pas remarqué. Une canne en ivoire. Même pour une simple canne, il fallait encore que les hommes aillent dans l’excès.  Certes, il était riche mais il y’avait des limites tout de même. Faisant rapidement fi de ce fait, la lycane observa plus attentivement leur hôte. A première vue, il ne pouvait s’agir de la personne se trouvant sur les toits, cette dernière avait semblé bien plus jeune et en meilleur état aux yeux de le Terranide.

Pourtant, quand ils furent invités à rentrer dans le manoir et à y suivre le maître des lieux, l’avis de la Terranide changea subitement. Cet homme leur mentait. De par son passé, la Louve avait participé à de nombreuses chasses, ce qui lui impliquait de savoir vite reconnaître les bêtes en bonnes ou en mauvaise ainsi que de discernés celles qui étaient blessées ou non. Ainsi, le boitement de Mandus sonna faux aux yeux de la Louve. Il feintait, ou sinon il bougerait d’une toute autre manière. Un fait dont elle ferait mention à la reine et sa seconde plus tard. Pourtant, la Louve fut sortie de ses pensées par cet homme qui lui demanda la raison de sa présence.

« Je ne suis qu’une domestique comme vous avez pu le deviner Monsieur Mandus. J’accompagne sa Majesté et Madame Mélisi dans toutes leurs excursions afin de les servir. Mais, je serais discrète et ne vous importunez pas n’ayez crainte. »

Oh Shad, si tu n’avais pas été esclave, tu aurais pu faire une bonne comédienne. La phrase fut sortie sans accroc, de la manière la plus naturelle possible. La Terranide se tenait droite derrière ses « maîtresses » dans l’attente d’une quelconque demande. Entre temps, elle ne pouvait décemment pas faire courir son regard n’importe où, dans tous les sens, ce qui révélerait à Mandus le fait qu’elle n’était là que pour chercher un indice le liant au meurtre de la nuit passée. A défaut de pouvoir user de sa vue, la Terranide usa de son odorat, discrètement, laissant les odeurs lui parvenir.

Quelle erreur elle fit. Immédiatement, après la première inhalation, l’Okami fut envahie par une sensation de mal-être, de peur et de haut le cœur.  Et tout cela ne provenait que d’une seule personne, le maître de maison.  Chaque espèce pouvait laisser derrière elle des phéromones de peur dans certaines circonstances, phéromones qui étaient par exemples très bien ressentis par les chiens entre  eux quand une visite chez le vétérinaire s’imposait. Ainsi, un chien dans un bon état mental, se sentait de suite apeuré en humant ces effluves. Et Shad pouvait également sentir pareilles odeurs quand elles étaient présentes en de grandes quantités.

Grimaçant légèrement, elle inspira doucement afin de faire passer la  sensation des plus dérangeantes. La Terranide avait également sentit une odeur de fer provenant de Mandus, une odeur liée au sang. Bien évidemment, cette odeur était caractérielle d’une boucherie, pourtant, quelque chose la dérangeait mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Néanmoins,  ce changement de situation ne dura qu’une dizaine de secondes, et la Louve reprit bien vite contenance, restant auprès de la Reine et d’Adamante, écoutant simplement l’échange qui se déroulait.

Deux heures passées. Deux longues heures pour l’Okami qui n’avait en réalité qu’une seule envie. Sortie d’ici. Pourtant, elle gardait le sourire qui incombait à chaque domestique. Mais, elle ne pouvait pas rester là, il lui fallait également plus d’information.  Mais pour cela, il lui fallait un alibi. Un alibi qui allait bien vite lui être donné sous la demande d’une préparation d’un thé. La « domestique » hocha la tête et s’enquit auprès de Mandus.

« Dans quelle direction se trouve les cuisines Monsieur Mandus ? Il serait fort malpoli de vous faire déplacer dans votre état »

Bien évidemment, la Terranide avait pour projet de préparer ce fameux thé mais également de faire un rapide tour au sein du manoir ou dans de plus simples mesures, observer plus en détails les couloirs qui la sépareraient de salle à manger de la cuisine. Il ne restait donc plus qu’à savoir si Mandus la laisserait marcher au sein de son manoir ou si cet homme irait de lui-même dans la cuisine.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le samedi 01 mars 2014, 01:26:41
« Vos amis du Centaur Club s’inquiètent de ne plus vous voir en leur sein...
 -  C’est que j’ai bien d’autres choses à faire que de passer mes soirées au club, malheureusement... Non pas que j’en dénigre l’intérêt, dame Adamante, mais un homme d’affaires doit avoir un ordre de priorités. »

Oswald Mandus avait rejoint le living room, derrière le hall d’entrée, et s’était assis sur un confortable fauteuil, en profitant pour fumer une pipe, après avoir demandé à la Reine si ça ne le dérangeait pas. L’endroit était calme, agréable, éclairé par des chandelles. Tout respirait la vie, mais le simple fait d’imaginer cet homme seul, dans un endroit aussi immense... La Reine ne pouvait s’empêcher d’en frissonner, en essayant de s’imaginer à sa place. Il y avait de quoi en devenir fou. Pourtant, Oswald semblait parfaitement maître de lui-même. Cependant, on disait qu’il passait fort peu de temps dans son manoir, et qu’il avait fait installer une chambre dans son bureau, à son abattoir, y passant ses nuits. Le living room était décoré par des tableaux exotiques et des photographies en noir et en blanc, montrant les différents voyages d’Oswald, à une époque où l’homme était encore jeune et pleine d’énergie. Ses doigts remuaient légèrement, sous l’effet de l’arthrite, mais on devinait encore, à voir ses formes, l’homme athlétique qu’il fut jadis, le sportif acharné.

Le trio se mit à longuement parler, commençant par évoquer l’arrivée de la Rein, et les parties de l’usine qu’elle explorerait. Elena lui expliqua que le Conseil royal envisageait de l’anoblir, en lui confiant le titre de Chevalier d’Honneur, ce qui surprit Oswald. Il avoua en effet ne faire que son travail, ainsi que son devoir de citoyen. Difficile de savoir qui mentait ou qui disait la vérité. Si Oswald était un menteur, il était de première catégorie. Aucune intonation dans sa voix. Adamante avait parlé assez rapidement du Centaur Club, afin de voir ce qu’Oswald en dirait. Ses amis s’inquiétaient pour lui. Rejoindre le Centaur Club était un honneur, après tout, mais, d’un strict point de vue économique, il était presque indispensable d’y aller fréquemment. C’était ici qu’on était tenu au courant de toutes les actualités récentes, des coups fumeux menés par certains hommes d’affaires, des procès retentissants, ou des agitations sociales. Une révolte paysanne, par exemple, pouvait compliquer le fonctionnement de l’entreprise d’Oswald, si les fermiers n’envoyaient plus leurs porcs. Ce scénario était plus fréquent qu’on pouvait le penser, car, avec l’aggravation des conditions de vie, les révoltes étaient de plus en plus récurrentes.

« Le mieux me semble de faire un discours dans la cour centrale de votre usine.
 -  Je le pense aussi... La cour donne directement sur la rue, et permettra ainsi aux badauds de vous entendre. Encore une fois, et je me permets d’insister, Votre Majesté, mais vous n’avez rien à craindre des ouvriers. Ce sont des individus honnêtes. Ils n’ont rien à voir avec l’image que vos agents sont susceptibles de vous en donner.
 -  Parce que vous connaissez les rapports de mes agents ? répliqua rapidement Elena, sur un ton qui pouvait paraître aussi bien agressif qu’amusé.
 -  Non, mais je sais ce que ces braves hommes du Centaur Club en disent, quand bien même je n’y assiste plus... Ces gens ne sont que de pauvres hères, et, si j’ai été particulièrement enthousiasmé à l’idée que Votre Grâce puisse visiter mes modestes locaux, c’est parce que je sais que ces hommes y verront là un geste de votre personne, le sentiment qu’ils ne sont pas oubliés par le pouvoir.
 -  Le pouvoir n’oublie aucun de ses sujets.
 -  Vous prêchez un convaincu, Majesté... Malheureusement, quand on voit la situation de dénuement dans lequel certains de nos compatriotes vivent, on ne peut que comprendre, sans tolérer, certaines attitudes réactionnaires.
 -  Vous me semblez particulièrement intéressée par la cause des pauvres, Monsieur Mandus, intervint alors Adamante. Oh, c’est une activité qui vous honore, mais, pour être honnête avec vous, et pour partager les inquiétudes de vos collègues du Centaur Club... Certains s’étonnent que vous continuiez à vivre dans une telle bâtisse, tout en étant seul. »

Un nouveau sourire éclaira brièvement les lèvres de l’homme. Il ne dit rien pendant quelques secondes, caressant sa barbe. La Reine en profita alors pour demander du thé, s’éclaircissant brièvement la gorge, et Shad en profita alors pour se manifester, à la surprise de la Reine.

« Dans quelle direction se trouve les cuisines Monsieur Mandus ? Il serait fort malpoli de vous faire déplacer dans votre état. »

Oswald hocha lentement la tête en clignant des yeux. Elena ne masqua rien de son trouble. Elle ne savait rien de cette Shad, et faisait entièrement confiance à Adamante sur ce point. Elle jouait un jeu risqué avec cette Terranide inconnue, d’autant plus qu’elle savait qu’Adamante ne la connaissait pas plus qu’elle. Il fallait se reposer sur l’intuition de la Mélisaine, et ce n’était pas aussi simple que ce qu’Elena croyait.

« À côté de la salle à manger... Mais, puisque vous avez envie de vous déplacer, j’aimerais, si vous le permettez, et si vous en avez envie, que vous vous rendiez au deuxième étage... Il suffit de monter depuis l’escalier principal, et de passer par la porte entrouverte au centre. Elle conduit dans mon bureau, et vous trouverez, sur ce dernier, un dossier ouvert en plein milieu. Auriez-vous l’amabilité d’aller nous l’apporter ? »

La Reine se mordilla les lèvres brièvement. Prise à son propre jeu, elle devait faire comme si elle était la gouvernante de Shad, et tourna sa tête vers elle.

« Tu peux te faire accompagner par un garde, si tu veux, Shad... Ou alors en envoyer un, si tu n’as pas envie de te fatiguer. »

Les gardes se trouvaient dans le hall principal, et observaient, suspicieux, les escaliers. Ils avaient l’impression d’être dans un manoir hanté, et n’osaient pas s’avancer. Les chandelles n’étaient pas allumées dans tous les couloirs, et beaucoup étaient plongés dans les pénombres. Pour eux, il fallait être fou pour vivre ici.

Elena, quant à elle, en observant le mobilier, avait également noté quelque chose de singulier. Il n’y avait aucune image, aucun tableau, aucune photographie, aucune représentation de la famille de Mandus. Il n’y avait aucune image d’Edwin et d’Enoch. Toutes leurs affaires avaient été déplacées dans le grenier, et la Reine comprenait ce qui la gênait dans ce manoir. Il ressemblait effectivement à un manoir fantôme, en ce qu’il était froid, détaché... Pas un manoir fantôme, plutôt un manoir mort. On disait que la mort des deux fils d’Oswald avait dévasté sa femme, qui s’était suicidée, mais elle avait alors la conviction qu’Oswald avait également été dévasté par cette situation.

Quant au document qu’Oswald voulait que Shad rapporte, c’était tout simplement un dossier comprenant un acte authentique.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 01 mars 2014, 17:36:13
L’excuse du thé semblait être un bon alibi pour explorer un peu plus les environs du manoir. Sans pour autant  prendre trop de temps, ce qui aurait comme effet  de réduire tous leurs efforts à néant. L’Okami aurait donc comme tâche de visiter aussi rapidement que possible le plus de pièce qu’elle serait capable, sans éveiller les soupçons et cela, dans un temps imparti. Enfin, pour sa part, la Terranide aurait pensé que la dite cuisine se trouverait un peu plus  à l’écart de la présente salle et non juste à côté. La Louve cacha son désarroi, comprenant qu’il faudrait trouver une autre idée.

Idée qui fut gracieusement offerte par le maître du manoir lui-même. La lycane l’observa un instant, clignant des yeux, avant d’hocher la tête en signe d’affirmation.  Tournant son regard vers les deux femmes, la Louve attendit leurs accords avant de pouvoir prendre la parole et répondre à la demande de Mandus.

« Non Monsieur Mandus, cela ne me gêne pas le moins du monde. Au deuxième étage c’est cela ? Je vais d’abord préparer le thé et je vous rapportez votre dossier »

S’éclipsant, la Lycane fila en premier lieu vers la cuisine comme elle l’avait indiqué. Au préalable, elle n’avait pas oublié de demander quelle concoction elle devait préparer pour chaque personne présente. Le thé est une boisson aux nombreuses arômes et certaines de ces dernières étaient plus préférées par certains.  L’eau sur le feu,  Shad cherchait les trois sachets d’arômes qu’on lui avait commandés, soupirant doucement. La pièce où elle se trouvait était juste à côté de la salle à manger et sur le peu de trajet qu’elle avait pu faire, elle n’avait rien vu d’éloquent.

La seule chose qui persistait pour l’instant était cette odeur de sang, de mort, de peur et ce faux problème de locomotion de la part de Monsieur Mandus, mais cela n’était pas encore suffisant. Non, il fallait plus, ou au moins un élément important pouvant le lié à ce meurtre horrible et à cette abomination.  La lycane songea qu’elle trouverait tout cela en montant à l’étage, ou du moins elle l’espérait.  Elle darda par la suite la casserole d’eau qui refusait de bouillir, l’eau frémissante à peine.

La Terranide émit un léger grognement, claquant des doigts, renforçant  ainsi la flamme pour que l’eau soit plus rapidement à la bonne température.  L’effet escompté survint et le thé put être servi plus rapidement. Avec précaution, la domestique royale versa le liquide bouillant dans trois tasses différentes disposées sur un plateau d’argent. Chacune des tasses se mirent à dégager des arômes propres  au choix du thé choisi plus tôt.

Mettant le plateau à plat sur une main, le tenant ainsi en équilibre, la Louve rejoignit la pièce adjacente, allant vers chaque personne présente pour que ces dernières prennent leurs tasses. Bien entendu, elle n’avait pas besoin de leur préciser de faire attention au risque de se brûler, quoique, cela aurait pu être comique dans un certain sens.  Il ne lui restait plus qu’à chercher ce fameux dossier. Retournant dans la cuisine, la lycane y déposa le plateau vide avant de se rendre dans le hall d’entrée, là où se trouvaient plusieurs gardes.

« Hmm, est ce que l’un d’entre- vous pourrez m’accompagnez à l’étage ? »

Petit moment de flottement. La Terranide observait les gardes royaux en attendant un volontaire et crû au bout de quelques secondes qu’elle devrait s’y rendre seule. Finalement, et par chance, l’un des gardes s’avança, se proposant pour l’accompagner. Il fallait avouer que ce manoir ne donnait aucune envie de s’y aventurer plus en avant. Shad remercia le garde avant de monter les marches d’escaliers, parvenant au deuxième étage. Poussant la double porte, elle pénétra dans l’aile principale de cet étage, cherchant le bureau de Mandus.

La décoration était tout aussi sobre que celle du bas. Des tableaux des anciennes expéditions de Mandus, une espèce de tapis rouge sur le sol, quelques statues posées ici et là le long des corridors. Rien qui pouvait mettre la puce à l’oreille.  Pénétrant finalement dans le bureau, la Terranide se figea un instant. Pile face à elle, sur le mur au-dessus du bureau se trouvait quantité de masques tribaux. Des masques représentants chacun un animal, mais celui qui attira le plus l’œil de Shad fut le masque représentant un cochon.

Ce dernier ressemblait trait pour trait au masque porté par l’individu sur le toit.  Le doute n’était ainsi plus permis. Il ne lui resterait plus qu’à redescendre avec le fameux dossier et patienter jusqu’au départ pour faire part de ce qu’elle avait découvert à la Reine. S’approchant du bureau, la Terranide fut parcouru d’un léger frisson en observant une nouvelle fois les masques avant de s’emparer du dossier mentionné.

« C’est bon on peut descendre, je l’ai trou….Euh…Vous êtes passés où ? »

Le garde  qui était censé l’accompagner n’était plus là et la Terranide ne pouvait croire qu’il s’était simplement égaré. Mettant le dossier sous le bras, elle se mit à regarder la porte du bureau, s’attendant à entendre un bruit ou à voir une silhouette. Pourtant, ce qu’elle ne savait pas, c’était qu’elle regardait dans la mauvaise direction.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 02 mars 2014, 01:39:51
Thibault Gwyndwÿn ne partageait pas le patriotisme exacerbé de son supérieur, Grégoire de Montmirat. Ce garde royal, qui était également un chevalier, avait des origines métisses : père humain, mère elfique. Sa mère était une Haute-Elfe venant de la Sylve, qui avait, il y a une trentaine d’années, participé à un voyage vers Nexus. C’était une érudite, qui était venue participer à un colloque à l’académie magique de Nexus. Elle y avait rencontré son père, qui était aussi magicien qu’un vieux clou. Comment ces deux-là avaient fini par tomber amoureux l’un de l’autre, c’était là l’une des plus grandes énigmes de ce siècle : sa mère avait pour elle le mépris classique des elfes à l’égard des humains, mais elle était suffisamment curieuse pour avoir été à Nexus. À cette époque, les grandes discussions portaient toutes sur l’esclavage, que le Lion entendait abolir. C’était un sujet très à la mode, et Thibault soupçonnait que son père avait du appâter l’elfe sur ce point, les elfes étant un peuple plus hostile que les autres à l’asservissement. Il avait décidé de devenir un chevalier pour honorer la mémoire de son père, qui était mort lors du naufrage du Royal’s Wings, et s’était avéré plutôt doué dans cet art.

Comme les autres gardes, il savait que la petite Terranide n’était nullement une servante royale, et il ressentait naturellement une certaine forme de méfiance à son égard. Thibault n’avait pas confiance, mais il était suffisamment intelligent pour garder pour lui ses soupçons. Un ordre de la Reine ne souffrait aucune contestation, et cet homme était encore suffisamment fidèle à ses serments pour se rappeler ce sacro-saint principe. Il grimpa donc à la suite de la Terranide. Si la Terranide ressentait une odeur de mort, lui sentait que cet endroit était dangereux... Comme une intuition, un sixième sens. Une menace insidieuse rôdait ici, entre ces murs. Le chevalier le sentait. Cet endroit n’était pas sain.

Entre-temps, dans le salon, Oswald continuait à discuter, tout en rembourrant parfois sa pipe quand le tabac commençait à manquer.

« ...Connaissez-vous le père Lamb, Majesté ?
 -  Ce nom ne me dit rien », avoua Elena.

Il esquissa un léger sourire contrit, comme s’il s’attendait à cette réponse.

« Il dirige une église proche de mon abattoir. Je vous le confesse, c’est en partie à cause de lui que je dois cette réputation de mécène. C’est une belle église. Avant que ce quartier ne tombe en décrépitude, les touristes venaient admirer la richesse des vitraux. Lamb continue à l’exploiter, et cette église représente un sanctuaire et un havre de paix. »

La Reine acquiesça légèrement. Honnêtement, elle ignorait tout de cette histoire, ou du père Lamb. Nexus comprenait des milliers d’églises, au bas mot. C’était une ville si vaste qu’elle comprenait plusieurs diocèses, ces derniers correspondant, plus ou moins, aux circonscriptions administratives datant de l’époque où Nexus comprenait plusieurs cités. Elle avait déjà du mal à se souvenir du nom des évêques de Nexus, les simples prêtres officiant une charge ecclésiastique lui étaient méconnus.

« Je me permets de vous le signaler, car, dans le cadre de votre visite, je pense qu’il pourrait être judicieux pour vous de vous y rendre. Père Lamb et moi sommes de vieux amis, et c’est en partie à cause de lui que j’ai pu financer mon abattoir. Voyez-vous, il offre ses locaux pour permettre de loger mes ouvriers les plus démunis, dans la limite de ses moyens. C’est un homme fort simple, mais je suis convaincu qu’il sera très honoré d’accueillir la Reine dans la maison dont il a l’intendance. »

La Reine réfléchit brièvement, étudiant cette idée.

« Et bien, ma foi, je ne vois aucune raison de m’y opposer. Ce sera pour moi l’occasion de prier pour le bien-être de tous ces individus à qui vous offrez généreusement un emploi. »

Oswald en sembla ravi. Thibault, quant à lui, choisit de se poster dans le couloir, et s’avança vers le parapet. En contrebas, tout en bas, il pouvait voir les autres gardes. Certains étaient toujours debout, disciplinés, tandis que d’autres avaient commencé à s’asseoir. Depuis sa position, Thibault pouvait voir les superbes lustres qui étaient au plafond. On y avait installé des bougies. Les lustres étaient fixés sur des espèces de rampes de glissement, ce qui permet de les amener à hauteur du couloir, d’où on pouvait changer les bougies. Thibault se fit la réflexion que cet Oswald devait passer bien du temps à entretenir les bougies, mais il avait spécialement choisi des bougies enchantées. Elles duraient bien plus longtemps.

L’homme entendit alors un choc sourd venant de la droite, et porta sa main à son arme à sa ceinture, une élégante épée. C’était comme si un objet était tombé, et il s’avança dans l’embrasure du couloir. Un tapis rouge recouvrait le parquet, s’enfonçant dans un couloir plongé dans la pénombre. Le chevalier hésita un peu. Il y avait beaucoup de poussière, des portes fermées, et il entendit alors une porte grincer faiblement, comme si elle essayait de s’ouvrir. En s’avançant un peu, il vit alors une porte entrouverte sur sa gauche, au fond du couloir, qui remuait lentement. Le chevalier décida de se rapprocher. Cette maison l’intriguait, et i voulait se renseigner. De toute façon, il n’y avait personne, ici, et, que diable, il n’allait pas se laisser impressionner par des ombres.

*Je suis garde royal, pas un vulgaire pêcheur.*

Pendant ce temps, Shad eut la surprise de constater que son garde du corps n’était plus là. Si elle était partie sur sa droite, elle l’aurait probablement vu en train de s’enfoncer dans le couloir, mais, alors qu’elle regardait la porte du bureau, il y eut du mouvement dans son dos... Ce fut comme si un petit individu, à peine plus grand qu’un gnome, venait de sortir sous le bureau. Il courut rapidement vers Shad, et attrapa brièvement sa queue.

« Touchée ! s’exclama l’apparition d’une voix enjouée et enfantine. C’est toi le chat ! »

Ce qui s’apparentait alors à un enfant se mit à filer hors du bureau, et partit sur la gauche en gloussant. Il avait de longues chaussettes rayées, un long caleçon bleu, et une élégante veste pourpre sur le corps (http://31.media.tumblr.com/b9742fe21ae3ea41a6d8402963ac9947/tumblr_mt5a4uK9fs1qke1f5o1_500.png). Si on allait dans le couloir, on pourrait voir qu’il n’était plus là, mais l’écho de ses pas résonnait sur la gauche.

Vers un escalier qui filait au grenier.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 02 mars 2014, 18:54:28
Le dos contre le bureau de Mandus, la Louve fixait un instant la porte servant d’unique accès en guide d’entrée ou de sortie. A vrai dire, elle ne pensait pas que quelque chose pouvait sortir de la pièce où elle se trouvait, mise à part elle-même, mais plutôt qu’elle pourrait voir ou entendre quelque chose venait de l’extérieur. Tous ses sens aux aguets, la lupine attendait, nerveusement cela va s’en dire.  Plus elle restait dans ce manoir et plus cette dérangeante sensation ne faisait que s’accroître. De plus, le garde qui était censé l’accompagner s’était écarté et au vue de la taille du manoir, il n’était pas aisé de de s’y retrouver sans se perdre.

La louve tressaillit, sa queue se hérissant dans la main du petit être qui venait de l’agripper par jeu.  Ses oreilles se relevèrent également, secouées par une légère vague de frisson.  Faisant rapidement volte-face, la Terranide n’eut le temps que de  voir une petite forme,  une silhouette ressemblant à un enfant partir rapidement vers le couloir.  Ceci était bien étrange d’autant plus qu’aucune âme ne devait vivre en ces lieux, mise à part celle du propriétaire de l’abattoir.

Méfiante, la Lycane s’approcha de la porte, l’ouvrit et regarda d’abord à sa droite et à sa gauche dans le couloir. Cette dernière vérification lui permit de voir la silhouette de l’enfant, courant au loin dans cette même direction, riant gaiement.   Shad huma un instant l’air, à la recherche de l’odeur du garde, cette dernière partant également vers la gauche. Si elle voulait retrouver  le garde et tirer cette  histoire au clair, elle n’avait pas d’autre choix que de virer à gauche. Et c’est ce qu’elle fit.

Le dossier sous le bras, la Louve  partit au pas de course dans ce long couloir à l’allure très peu engageante.  Les faibles bougies posées ici et là ne parvenaient pas réellement à l’éclairer de manière correcte et les flammes vacillantes faisaient naître de par leurs ombres, certaine silhouette  les unes plus incongrues que les autres. Pourtant, ce simple petit effet de lumières et d’ombres ne stoppait pas la Louve, elle devait tirer les choses au clair, quitte à s’attirer d’autres ennuis. Après tout, n’était-elle pas là pour observer plus en détails le manoir à la recherche d’indice ? Et cette apparition, plus qu’anormale n’en était-elle pas un ?

Les pas de la Terranide la menèrent devant un escalier. Posant son pied sur la première marche, un grincement strident  put se faire entende. Niveau discrétion, il y’avait mieux, mais il était fort peu probable que quelqu’un l’entende, à part le garde qui restait introuvable.   Montant les marches deux par deux,  Shad souleva par la suite la petite trappe, atteignant le grenier, s’y engouffrant.

A une certaine époque,  l’Okami aurait avancé les mains contre son corps, dans une posture lui permettant de toucher le moins d’éléments possible au risque de sentir une toile d’araignée ou même l’une de ces tisseuses par simple peur. Mais cette époque était révolue et la Terranide marchait avec prudence néanmoins dans ce vaste grenier.  L’air dans ce dernier était humide, renfermé et brouillait quelque peu l’odorat de la lycane. Afin de s’y retrouver, elle n’avait d’autre choix que de faire confiance à son ouïe et sa vue.  Encore une fois, elle interpella le garde, mais n’eut comme réponse que le silence.

Du moins,  ce fut avant qu’un autre rire d’enfant se mis à retentir. Les murs du grenier faisaient office de caisses de résonnance et le rire semblait venir de tous les coins. Grognant, la Terranide jugea cependant qu’il serait plus avisé de redescendre au rez-de –chaussé, elle espérait également y retrouver le garde. Mais elle ne pouvait rester plus longtemps. Arès tout, elle en avait assez vu.  Reprenant le chemin inverse et s’apprêtant à redescendre par l’escalier du grenier, la Louve eut juste le temps de sentir une main lui attraper fermement la cheville et la tirer en arrière. Ce petit mouvement eut pour effet de lui faire perdre l’équilibre et la fit choir tête en première sur le sol.

Reprenant peu à peu ses esprits, Shad put entendre comme un petit déclic venant d’un recoin du grenier et  au moment où elle tenta de se relevait, la Louve reçu un violent coup derrière la tête, un coup qui la plongea dans les ténèbres de l’inconscience sous le rire joyeux d’un petit enfant. Et le fameux dossier  fut lâché par la Terranide, tombant au pied des escaliers menant au grenier.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 03 mars 2014, 01:56:16
C’était une simple fenêtre entrouverte. Depuis cette dernière, on pouvait voir, au loin, la mer. Le vent maritime avait écarté cette fenêtre, et la porte devait probablement être ouverte. Lentement poussée par les courants d’air, elle claquait contre la clenche, sans se refermer. Thibault se sermonna d’être aussi superstitieux, et se permit d’étudier un peu la pièce. Elle n’était pas bien grande, comprenait quelques meubles, ainsi que des objets encombrants, recouverts par des bâches. La tentation était grande d’écarter les bâches pour voir ce qu’il y avait dessous, mais il savait que Monsieur Mandus était un explorateur, et un collectionneur aguerri. Il ne trouverait probablement rien d’autre que des objets tribaux que l’homme avait acheté il y a des années. Il aurait tout à fait pu ne pas voir le tableau. Il se dirigea vers la fenêtre, et la referma lentement, non sans se permettre d’observer la zone. En contrebas, il y avait l’épaisse grille noire pointue qui entourait la propriété. Le vent était frais, et il referma la fenêtre, avec l’intime conviction de devoir retourner devant le bureau. La Terranide risquait de s’inquiéter, et il ne devait pas la laisser sans surveillance.

Il aurait pu retourner sans problème vers le bureau. Parfois, les choses les plus grosses étaient celles qu’on ne voyait pas, et, sur sa gauche, trônait un tableau géant. Un tableau étrangement dérangeant, curieux, qui semblait être une ode à la démence. Il lui aurait suffi d’aller tout droit, de se laisser distraire par quelque chose. Ses problèmes amoureux, par exemple. Sa mère ne cessait de le lui dire : Thibault, il était temps que tu te trouves une dame, et que tu assures la descendance. Elle pensait qu’il était encore vierge, ce qui était amusant, et témoignait bien de cette naïveté dont les mères, surtout elfiques, pouvaient faire preuve. Ce dont Thibault était sûr, c’était qu’il n’avait aucun bâtard. Il n’avait jamais été dans un quelconque harem, et avait offert sa virginité à une autre soldate, Johan. Un excellent souvenir. On disait les elfes gauchots avec leur appareil, et il fallait croire qu’il tenait là plus de son père que de sa mère. Il hésitait à se demander si c’était sérieux avec Johan ou non, une question qui le turlupinait. Il aurait pu penser au physique de Johan, à sa plastique éblouissante, à ce sourire éclatant qu’elle lui offrait quand elle le voyait, mais, au lieu de ça, il ne pensait qu’au manoir... Et c’est ainsi qu’il vit le tableau.

Muet, interdit de stupeur, pendant de longues secondes, il ne sut quoi dire, hésitant à se demander ce qui semblait le plus incongru dans cette grosse peinture murale.

(http://nsa31.casimages.com/img/2014/03/02/mini_140302113615350524.jpg) (http://nsa31.casimages.com/img/2014/03/02/140302113615350524.jpg)

La scène, manifestement, représentait une mère en train de donner le sien à son enfant. Un bébé au visage méconnaissable, mais elle avait découvert l’un de ses seins. Elle fixait le spectateur avec un regard de démente, et, surtout, arborait dans la main un poignard, et était en train de préparer une curieuse mixture. Thibault voyait une jambe de bébé en dépasser, et, sans pouvoir se l’expliquer, ressentit un frisson. Malsain. Voilà comment il qualifierait cette œuvre.

Il n’y avait aucune trace de signature sur cette dernière, et il ne pouvait détacher les yeux de cette femme. Elle avait deux pupilles noires, les sourcils relevés, comme si elle était en train de rire aux éclats. Est-ce que le peintre voulait amener le spectateur à rire avec elle ? Fallait-il y lire une sorte de plaisanterie sur la banalité de la vie ? Sur le fait qu’on ne vivait que pour mourir, et que, partant de là, l’absurdité était la principale chose caractérisant cet univers ? Thibault ne savait pas comment interpréter une telle œuvre. Le peintre qui l’avait faite était-il fou ? Ou censé ? Il chercha une trace d’une quelconque signature, mais n’en trouva aucune.

Il entendit alors un choc sourd venant du plafond, et releva la tête, s’arrachant à la contemplation hypnotique de ce tableau. Thibault sortit, et retourna vers le bureau. Comme il s’y attendait, la Terranide n’était plus là. Était-elle redescendue ? Il s’approcha du rebord, et pencha sa tête dans le vide, observant les gardes en contrebas. Aucune trace de la Terranide. Il ne l’avait pas vu dans le couloir, et partit sur la gauche.

« Shad ? Shad ? »

Lentement, lez garde s’avança dans le couloir, et crut alors entendre un rire. Sans pouvoir se l’expliquer, il était subitement aussi nerveux que tout à l’heure, quand il avait commencé à s’aventurer dans le couloir, et l’image de cette femme riante continuait à le hanter. Il se rapprocha de l’escalier, et observa alors, surpris, un empilement de papiers sur le sol. En se penchant, il put voir une feuille d’un acte notarié décrivant une partie de l’immeuble.

L’escalier montait vers le grenier, et il grimpa lentement, sentant les marches craquer sous ses bottes. L’escalier décrivait un angle menant à une porte, ouverte, et il aperçut un bras qui pendait. Inquiet, l’homme se pressa davantage et vit, étalée sur le sol, couchée sur le ventre, la Terranide. À ses côtés, il y avait une lampe. Sur la droite, un gros meuble.

« Hey, petite, petite ! »

Il la secoua légèrement, se flagellant à nouveau pour sa stupidité. La raison revenait à lui. En ouvrant la porte, la Terranide avait du faire tomber la lampe, et elle lui était tombée dessus.

Une forte odeur de renfermé régnait dans ce grenier, signe que son propriétaire ne devait pas y être allé depuis belle lurette.

« Tu vas bien ? Tu t’es pris cette lampe sur la tête, je crois bien... »

Ils étaient dans une petite pièce avec aucune porte visible... De fausses cloisons, naturellement, car cette pièce était beaucoup trop petite pour correspondre à la superficie du grenier.

« Qu’est-ce que tu es venue faire par ici ? » demanda-t-il lentement.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 03 mars 2014, 17:59:14
L’Okami se réveilla avec  quelques difficultés, se sentant légèrement secouée par le garde. Le corps et l’esprit ne réagit pas immédiatement, encore sous l’emprise de son précédent état. Chuter et tomber une fois dans l’inconscience, vous verrez bien dans quel état vous vous trouverez après cela, sans doute pas au meilleur de votre forme dès les premières secondes. Et comme si elle venait de se réveiller d’un horrible cauchemar en pleine nuit, la Louve sursauta face au garde, son cœur manquant un battement, ses oreilles et sa queue s’étaient hérissées face à une menace qui n’était pas là.

« Ha hem…Désolé. »

Portant sa main à son front, l’Okami  massa ses tempes avec son pouce et son index par quelques mouvements circulaires.  Elle devait remettre ses idées en place et vite.  Tournant son visage, elle observa à nouveau la pièce où elle se trouvait, apercevant la dite lampe que venait de mentionner Thubault.  L’observant un court instant, la lupine fut prise d’un doute. Elle n’avait aucun souvenir quant à cet objet et avait plutôt le pressentiment qu’il avait été déposé là, à côté d’elle, juste après sa chute.

« Tu ne me croirais pas, mais j’ai suivi une sorte de…gamin filant vers cet endroit et il me semblait que tu étais aussi partit dans cette direction…. »

Il l’avait tutoyé, elle fit donc de même. Après tout,  elle ne devait parler qu’avec une certaine retenue à la Reine et ici, elle ne risquait nullement de se faire entendre par Mandus.   Posant ses mains à plat contre le parquet du grenier, la Louve pris appuie sur ses dernières et se releva, avant de s’abaisser et de saisir la lampe, la regardant en silence, avant de la poser sur le bureau situé juste derrière eux.

« Je ne crois pas que je me suis cognée contre cette lampe, je me rappelle d’avoir été..agrippée par quelque chose à la cheville…Enfin, quittons cet endroit, j’en ai assez vu et je n’aime pas ce manoir…Toi non plus non ? »

Qui serait assez dément pour apprécier ce lieu si froid ? Si morbide ? La Terranide descendit donc du grenier suivit par le garde royale. En bas, elle ramassa le dossier, le remettant en place, soufflant un peu dessus pour retirer la poussière qui était tombée sur les feuilles. Décidemment, ce manoir était bien lugubre.  Shad se retourna un instant, observant le grenier, se demandant si quelque chose n’allait pas surgir de ce dernier. Mais rien ne vint.   Par chance.

Il était donc temps de retourner dans la salle de séjour. Sur le chemin du retour, l’attention de la lupine fut attirée par le même tableau qui avait rendu confus Thibault.  Tout en observant, un léger frisson la parcouru, cette œuvre, si autant on pouvait la nommer ainsi,  avait tout d’une peinture crée par un dément.  En la contemplant, ce n’était pas la  paix qu’on peut retrouver en  observant une œuvre mais bel et bien une certaine angoisse, un certain malaise.

« Ce Mandus a vraiment des goûts….Enfin… »

Shad détourna ses yeux de cette œuvre « macabre »  redescendant au rez-de-chaussée.  Au pied des escaliers, elle remercia une dernière fois  Thibault. Prenant une petite inspiration pour se remettre dans la peau du personnage qu’elle devait jouer, elle se dirigea par la suite vers la salle de séjour, s’excusant pour son retard, donnant le dossier à la personne qui l’avait chargé de le chercher. Par la suite, elle se mit debout, à l’endroit où elle se trouvait précédemment, près de la Reine, les mains jointes calmement derrière son dos. La Louve extérieurement adoptée une altitude sereine mais elle n’avait qu’une envie : Sortir d’ici et faire part de tout ce qu’elle avait vu à la Reine et sa seconde.

La Terranide se demandait également si Thibault avait été témoin de phénomènes tout aussi étranges.  Elle aurait pu bien sûr rester dans le grenier et mener une petite enquête, mais son choix de retourner dans la salle de séjour lui avait semblé le plus approprié. De plus, cela aurait pu durer un bon laps de temps, ce qui aurait pu éveiller les soupçons du maître du manoir. Et indirectement, la Louve sentait que ce grenier cachait bien plus de choses qu’il n’en montrait.  Par ailleurs, en cet instant, elle préférait être ici au lieu de se jeter dans la gueule du loup et se retrouver à nouveau dans une belle galère.

Silencieuse, elle écoutait d’une oreille la discussion, restant disponible pour toute demande qu’on lui conférait.  Comme  la bonne domestique qu’elle devait être.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 04 mars 2014, 01:57:32
[HRP. – Je l’affiche ici, maintenant que j’ai trouvé une image potable : voici l’apparence d’Oswald Mandus (http://czarnystefan.deviantart.com/art/Hantise-430097473).]

Qu’elle le tutoie étonna un peu Thibault. C’était comme si elle était du même rang que lui... Certes, il l’avait tutoyé, mais il se voyait mal vouvoyer une esclave, ou, à défaut, une servante. Néanmoins, il eut la sagesse d’esprit de ne faire aucune remarque désobligeante à ce sujet. Il avait de toute façon l’esprit assez préoccupé comme cela, et était bien d’accord avec un point : il était temps de partir. La Terranide lui expliqua qu’elle avait le sentiment que quelqu’un l’avait tiré, mais Thibault ne voyait aucune cache dans cette pièce étroite... Cependant, il était possible qu’il y ait un quelconque dispositif caché. Quoiqu’il en soit, Thibault était également pressé de partir d’ici.

« Enfin, quittons cet endroit, j’en ai assez vu et je n’aime pas ce manoir…Toi non plus non ?
 -  Pas vraiment, non... J’irais même jusqu’à dire qu’il me fiche les jetons. »

Encore cette peur irrationnelle qui revenait. Ce manoir était-il donc hanté ? On disait qu’il avait connu la mort de deux enfants, ainsi que de leur mère. Il y avait là un potentiel émotionnel fort suffisamment fort pour déclencher des réactions magiques. Thibault savait que les fantômes hantaient généralement les vieilles maisons parce qu’elles étaient chargées en émotion. Or, la magie, avant d’être une question de raison, d’apprentissage, restait fondamentalement une affaire de passion. Des choses s’étaient terribles avaient eu lieu dans ce manoir, et cet antre le montrait. Thibault frissonna donc, et redescendit en contrebas. Il aida la Terranide à regrouper les documents, et, en s’avançant le long du couloir, les deux virent alors ce que Thibault n’avait pas vu : un autre tableau, dans le couloir, similaire à celui qu’il avait vu dans la petite pièce.

Un nouveau frisson le traversa à nouveau en contemplant cette œuvre dérangeante. Il était sûr que cette femme tuait ses enfants pour les manger. Une sorcière. Ou une démente. Et, maintenant qu’il le regardait plus attentivement, il voyait des espèces de lignes filant le long du cou du bébé, et en vint à se demander si cette créature sur les jambes de la femme était toujours en vie. De même, n’y avait-il pas du sang au bout de son poignard ? Il s’y arracha à nouveau, pressant le mouvement, redescendant au rez-de-chaussée, et laissa la Terranide filer vers Mandus et la Reine.

« Et ben, mon vieux Thibault, on dirait que tu as vu un fantôme ! lâcha l’un de ses camarades.
 -  Je crains fort que tu n’en sois pas si éloigné... »

Quand Shad rejoignit Adamante, Elena, et Oswald, ce dernier était en train de leur expliquer comment il s’était retrouvé à boiter.

« C’est là l’une de ces ironies dont le sort a le secret, en réalité. J’ai traversé le monde de part en part, j’ai affronté d’horribles bêtes, des créatures ignobles, vu des autochtones xénophobes et cannibales... Et, pourtant, c’est un banal accident d’escalier dans mon entreprise qui m’a luxé les os. Ironique, vous dis-je ! Ah, mais je parle, je parle, et je ne remarque pas que votre charmante majordome nous a amené le thé. Je vous remercie, ma chère. »

Elena la remercia également, trouvant que la jeune femme avait pris son temps. Elle avait du en profiter pour fouiner un petit peu. Elle déposa le thé, et chacun prit une tasse, tandis qu’Oswald leur montra le dossier.

« Vous connaissez sûrement Maître La Volace, chère Adamante, puisque vous fréquentez le Centaur Club. C’est un notaire, et c’est à lui que je me suis adressé pour organiser la succession de mon bien. Voyez-vous, le père Lamb est membre d’une organisation, un ordre religieux : le chapitre des Hospitaliers de Nexus. »

Les Hospitaliers étaient un groupe religieux très populaire au sein de la population, en ce sens qu’ils juraient d’accomplir un service particulier auprès de la population bénie, se tournant généralement vers les plus faibles et les plus démunis : pauvres, malades, réfugiés de guerre... Ils étaient la facette positive de l’Ordre Immaculé, une facette que des organisations comme l’Inquisition avaient tendance à masquer. L’ordre des Hospitaliers se divisait en une multitude d’ordres, qu’on avait pour coutume d’appeler « chapitres ». Le Chapitre de Nexus était un ordre très connu pour son bénévolat, officiant énormément dans les bas-fonds. Tekhos avait également son chapitre, qui officiait dans les ghettos de mâles, et, de ce qu’Elena en savait, il était très mal vu de s’en prendre aux moines hospitaliers. Pour certains, l’origine de leur nom faisait référence à une ancienne prérogative militaire datant des nations antiques, l’hospitalitas. En temps de guerre, et dans des circonscriptions administratives bien précises, cet ordre obligeait la population civile à héberger en son sein les militaires. Les anciens coutumiers indiquaient aussi que, généralement, les troupes allaient dans les grandes propriétés, et s’entendaient avec le propriétaire foncier pour qu’il leur attribue une partie de ses terres, le temps de leur passage. L’hospitalitas était fondé sur la paix et sur la sécurité juridique des citoyens, afin de leur éviter d’être pillés par leurs propres soldats, et, de manière plus générale, sur la nécessité d’entraide et de solidarité au sein de la population.

Mettant fin à cet aparté spirituel, la Reine posa une question :

« Vous comptez vendre votre bien ? » demanda-t-elle.

L’homme se mit à sourire, et secoua la tête de gauche à droite :

« Non, je compte le donner à ma mort... Ou même avant. Je le donnerais aux Hospitaliers de Nexus, qui le reconvertiront en orphelinat, en crèche, ou que sais-je encore... Ce beau manoir accueillera quantité d’enfants venant des bas-fonds, des gosses qui sont des réfugiés de guerre, ou tout simplement des fils de miséreux, et qui crèchent dans de vrais dépotoirs insalubres. Savez-vous combien meurent de la grippe chaque année ? Alors, je leur ferais don de mon manoir, voilà ! Et j’espère que voir tous ces miséreux donnera à réfléchir à ces gens bienpensants du Centaur Club. »

Elena hocha lentement la tête. C’était une offre... Inattendue. Il y avait suffisamment de mobilier chic ici pour entretenir le manoir pendant des années, et payer sans problème les taxes foncières. D’un point de vue juridique, faire une donation ne posait aucun problème, Oswald ayant assurément suffisamment d’argent pour payer les taxes royales. Et, d’un point de vue social, une telle œuvre ferait assurément jaser. L’idée était bonne, visant vraisemblablement à un décloisonnement, à rapprocher les pauvres des riches. Elena était suffisamment perspicace pour savoir que ce rapprochement se ferait par les enfants. Les gosses du quartier, des fils de bourgeois, de marchands, de négociants, iraient voir tout ce fatras. Aussi folle soit-elle, cette idée pouvait marcher.

La Reine consulta brièvement les papiers. L’acte authentique était, fort justement, authentique, même s’il n’était pas terminé. Ce vieux fou comptait donc vraiment vendre son manoir... La Reine ne savait pas quoi en penser, et, pour le coup, on pouvait dire qu’elle était surprise.

« Moi, je vivrais dans mon abattoir, fit-il en haussant les épaules, il n’y a que là que je me sente bien, que là que j’ai l’impression d’avoir donné un sens à ma vie. »

La conversation tirait à sa fin. La délégation royale finit par partir, non sans remercier chaleureusement Oswald. La Reine commencerait donc par visiter l’église, avant d’aller à l’abattoir, et s’en tiendrait au programme d’Oswald. Le duo se retrouva donc dans une calèche, ensemble, accompagnées par Shad.

« Je suppose que nous te devons quelques explications, maintenant, Shad... Mais je n’ai jamais apprécié beaucoup l’idée de parler en calèche. Je suppose que tu as du jeter un œil dans ce manoir, et je te propose de résumer ce que tu as vu dans ta tête, pendant que j’en ferais de même. Nous en discuterons chez moi... Au Palais d’Ivoire. »

Adamante se permit un sourire, et se pencha vers Shad.

« Voilà ce qui s’appelle être chanceuse... Rassure-toi, le palais royal est beaucoup moins austère que le manoir de ce cher Monsieur Mandus. »

Pour le coup, Elena ne put que sourire.

Elle était entièrement d’accord.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 04 mars 2014, 17:42:56
La Terranide resta silencieuse pendant l’échange entre la Reine et Mandus, pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de repenser à tout ce qu’elle avait vu et surtout aux sensations qu’elle avait ressenties depuis son arrivée en ces lieux. Etrangement, la mention d’utiliser le manoir en tant qu’orphelinat pour les jeunes démunis de Nexus n’arracha pas le moindre sourire à la Louve.  A la mention des enfants, l’image du tableau avec l’image d’une mère au regard dément lui revint en mémoire. Pour sa part, elle imaginait très mal des enfants ou toutes autres personnes censées dans ce genre d’endroit.

Un endroit remplit de bien de mystères. A bien y réfléchir, Shad aurait encore pu fouiner pour trouver d’autres éléments mais quelque chose lui disait de ne pas continuer et de retourner dans la salle de séjour.  De toute façon, ce n’était pas comme si elle rentrait bredouille, de plus, le garde qui l’avait accompagné pourrait également faire acte de son ressenti. Elle était sûre que lui aussi avait été témoin de phénomènes étranges à l’étage. Mais quoi qu’il en soit pour le moment, elle devait attendre la fin de la visite.

Enfin la conversation se terminait et cela signifiait bien entendu le départ des trois femmes. Ainsi que ceux des gardes royaux.  Toujours dans son rôle, l’Okami salua humblement avec respect le propriétaire de l’abattoir avant de rejoindre la calèche, y entrant avec la Reine et Adamante. Une fois à l’intérieur, elle poussa un long soupir, comme si elle pouvait enfin relâcher une pression accumulée depuis des heures. Ceci étant fait, elle s’apprêtait à prendre la parole avant d’être devancé par la Reine qui lui proposait de se rendre au Palais d’Ivoire pour discuter de tout ce qu’elles avaient découvert chacune de leur côté.

« J’imagine oui. Je ne pense pas que beaucoup de Terranides ont la chance d’entrer dans la demeure royale en tout cas. Mise à part des esclaves peut être ? »

Elle haussa les épaules en disant cela, après tout, cela l’importait peu. Mais il était vrai que d’un certains point de vue, la Louve avait une sacré chance.  Comme l’avait suggéré la Reine,  Shad garda le silence pendant le voyage du retour, se remémorant silencieusement ce qu’elle avait vu dans le manoir de Mandus,  Son regard se porta également sur l’extérieur et sans le vouloir, elle laissa son esprit vagabonder un peu, comme pour se libérer de tout ce stress.  Dans quelle galère s’était-elle donc encore fourrée ? Au fond d’elle-même, la lycane espérait que la prochaine discussion mettrait fin  à cette affaire. Du moins, pour sa part. Bien que sa tête devait encore être mise à prix.

Le palais d’Ivoire fut bientôt en vue.  En réalité, la Terranide ne l’avait jamais vu d’aussi prêt et elle ne pouvait nier qu’il imposait d’un certains respect. Rentrer au sein de ces murs n’était pas offerts à tout le monde et la Louve se demandait bien quel secret pouvait bien cacher le palais d’ivoire.  Oui, elle était curieuse d’en voir l’intérieur mais qui ne le serait pas ?  Elle se tourna finalement vers la Reine alors que la calèche arrivait à destination.

« Je dois continuer à jouer un rôle ou ? »

Shad préférait être sûre sur ce point. Peut-être que si elle viendrait à agir  de façon normale, habituelle, elle attirerait plus d’attention qu’il en faudrait. Dans un sens, son rôle n’était pas bien difficile en soi et elle pourrait le prolonger si besoin.  Mais la seule chose qui l’importait surtout c’était de pouvoir discuter de ce Mandus et l’Okami avait plusieurs éléments à donner à la Reine. Notamment le fait qu’il n’était pas si blessé qu’il semblait l’être, qu’elle avait découvert un masque semblable à celui porté par l’étrange individu sur les toits et surtout ces étranges phénomènes  et sensations ressentis chez cet homme.

[Hrp : Court sorry D : ]
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 04 mars 2014, 18:24:04
Pour rejoindre le Palais d’Ivoire, il fallait passer par une falaise, la plus grande de Nexus. Au pied de la falaise, il y avait une épaisse muraille blanche avec une grille en fer forgée servant de portail. La grille était habituellement ouverte aux visiteurs, et donnait sur un corps de garde. Hors des murs, on ne pouvait pas voir le Palais en étant dans la rue, et on ne le voyait qu’en sortant du corps de garde, où ce dernier s’imposait alors à la vue des gens, dans toute sa splendeur et dans toute sa magnificence. La Reine avait aperçu le Palais d’Ivoire pour la première fois (en tout cas, la première dont elle se souvienne) en revenant du monastère de Saint-Antoine, vers ses dix ans. Elle était alors dans un navire royal, remontant la côte depuis l’Archipel Mélisi, pour rejoindre l’arsenal, et avait vu le Palais d’Ivoire. Il se découpait fièrement en hauteur, et elle avait cru, avec les reflets du soleil, que le Palais était en train de flotter au-dessus de la mer. Quand il faisait beau, le matin, à l’aube, et le soir, au crépuscule, les tours donnaient l’impression de flamboyer, car la lumière solaire se réfléchissait sur les tours. « Palais d’Ivoire » n’était pas le nom d’origine du château, qui, à la base, était apparemment un palais elfique, mais c’était un surnom... Un surnom qui avait fini, au fur et à mesure des siècles, par s’imposer.

Il était composé d’une multitude de tours, et, le long du chemin menant à ce dernier, des poteaux étaient plantés dans le sol avec, à leur extrémité, une multitude de drapeaux, représentant toutes les maisons et toutes les bannières de Nexus. Il y avait également quelques statues, des bancs, et des patrouilles. Devant le Palais, il y avait une petite cour, et un épais mur, protégeant l’accès au château, et à la seconde cour, la cour d’entrée du palais. Il fallait bien avoir à l’esprit que la falaise sur laquelle le Palais était planté n’était pas une simple falaise ; les Terriens, pour la désigner, auraient parlé d’une mégafalaise, car elle s’élevait à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol, et avait donc une superficie très étendue.

« Je dois continuer à jouer un rôle ou ? » demanda la Terranide alors que la calèche s’approchait du second corps de garde, menant à l’intérieur du château.

Cette dernière haussa les épaules.

« Tu n’es obligée de jouer rien du tout. Tu n’es pas mon esclave, je n’ai compté que sur ta coopération. De toute manière, ceux qui me connaissent savent que je n’ai pas d’esclaves. »

C’était une petite pique envers la précédente question de Shad, mais en toute honnêteté. Tout comme ses parents, Elena désapprouvait l’esclavage en son royaume, mais en venir à bout, c’était une autre paire de manches. Elles sortirent de la calèche, et Elena salua les quelques gardes qui se présentèrent à elle, sans toutefois trop s’attarder. Elle avait à faire, et elle ne pouvait pas non plus réquisitionner éternellement une femme qui ne lui appartenait pas. Si son propriétaire venait au Palais, furibond, en réclamant sa propriété, elle n’aurait d’autres choix que de la lui remettre, tout en essuyant quelque chose s’apparentant à un scandale. L’autorité de la Reine était trop vacillante en ce moment pour qu’elle daigne s’y permettre. Elle se dépêcha donc de rejoindre, avec Adamante, et Shad, une petite salle pour discuter. En chemin, elle put sentir l’odeur délicieuse de graillon et de viande émanant des cuisines. L’heure du déjeuner approchait, et Elena n’allait pas cracher dessus.

Le trio réussit à se poser dans une petite pièce chaude et agréable, les fenêtres donnant sur les jardins du Palais.

« Bien... Je crois que tu mérites quelques explications, Shad. Si j’avais eu plus de temps, je te les aurais dit plus tôt. Tu pourras en parler à ton maître, s’il te le demande, je ne veux pas créer un conflit d’intérêts. Et il vaut mieux qu’il sache que sa Terranide est en danger, de toute manière. »

Elena laissa planer quelques secondes, le temps de faire le point dans son esprit, et reprit :

« Depuis plusieurs mois, le château reçoit des rapports de plus en plus nombreux sur d’inexplicables disparitions d’individus dans les bas-fonds. En soi, des gens disparaissent sans raison depuis des années dans cet endroit, mais ces rapports sont suffisamment troublants pour que je me sois décidée à, en secret, ordonner une enquête autour de ces disparitions... Celle squi ont pour dénominateur commun d’être autour de l’abattoir Mandus.
 -  Nous nous méfions de cet homme, avoua Adamante. La disparition de ses enfants, le fait qu’il vive seul dans un manoir, et, surtout, tout cet argent qu’il trouve pour financer son entreprise. Nous ne sommes pas cyniques au point de croire que n’importe quel philanthrope est forcément une mauvaise personne, mais nous pensons que son activité est liée à ces histoires de disparition... Cependant, ne nous fais pas dire ce que nous n’avons pas dit. Nous n’avons aucune preuve, et nous n’accusons personne. Nous constatons simplement que cet abattoir se retrouve mêlé dans de sinistres affaires louches.
 -  Nous escomptions voir Monsieur Mandus chez lui pour voir de quoi il avait l’air. L’intuition féminine est chose redoutable, mais je dois bien admettre que je ne suis pas plus avancée qu’auparavant. Il a l’air honnête, et d’être soucieux de l’intérêt des autres. J’en viens même à me demander si je ne devrais pas m’inspirer de son exemple, et reconvertir une partie du château en orphelinat... Mais je m’égare. »

Elena s’humecta la gorge, et Adamante poursuivit :

« Le récent homicide de cette nuit nous incite à penser qu’il se passe quelque chose autour de cet abattoir. Quand j’ai appris qu’il y avait eu un témoin de ce meurtre, j’ai pris sur moi de venir te voir, en craignant que tu ne sois également victime de ce meurtrier. »

Adamante s’humecta les lèvres, et reprit :

« Le cadavre que tu as vu a disparu. Il ne reste que quelques traces de sang, mais il n’y a aucun corps. Rien qui puisse faire penser à un assassinat, et tu es la seule à pouvoir le dire. Je pense que cet assassinat n’était pas voulu, que quelqu’un a vu quelque chose, et qu’il est mort. Et je pense que tu encoures les mêmes risques. Que tu aies vue quelque chose d’utile ou pas ne change rien au fait que lui doit croire que tu as vu quelque chose. Cependant, nous ne pouvons te soustraire à l’autorité de ton maître, et, en l’absence d’indices suffisamment graves, nous ne pouvons pas non plus ordonner que tu fasses l’objet d’une mesure de protection policière. »

C’était la loi, tout simplement. Elena espérait avoir été suffisamment claire pour Shad.

« Et toi ? Je suppose que tu n’as pas fait que préparer le thé dans ce manoir... Qu’as-tu pensé de ce cher Monsieur Mandus ? »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 04 mars 2014, 21:33:47
La Terranide hocha simplement la tête quant à la réponse de la Reine.  Pour tout avouer, elle était bien contente de n’avoir plus de rôles à jouer et était quelque peu étonnée d’apprendre que la Reine de Nexus  n’était pas une partisante de l’esclavagisme. Ce qui était en soit un peu ironique vu que sa ville état l’un des bastions de cet ordre. Mais même si la Reine désirait retirer cette pratique primaire, elle devrait faire face à de nombreux déflecteurs, à de nombreux nobles qui n’auraient aucune envie de  se séparer de leurs précieux esclaves. En d’autres termes, ce sujet risquait d’être remis sur la table encore un bon nombre incalculable de fois. Mais là n’était pas la question de la présence de Shad au sein du Palais d’Ivoire.

Sur le trajet les menant à  une pièce accueillante, la Louve observa les lieux. Elle admira la structure du palais, son architecture, tous les éléments qu’elle découvrait pour la première fois.  Dans un sens, qui donc rentrerait dans un palais royal sans en observer sa décoration ? Sa magnificence ?  Personne de censé en tout cas. Donc, la Louve profitait de cette petite visite guidée en tout bien tout honneur. L’odeur de viande grillée provenant des cuisines lui arracha un petit réflexe animal : La Terranide se pourlécha rapidement les lèvres, dans l’expectation d’un succulent repas.  Enfin, elle ne pouvait pas s’imposer et doutait pouvoir goûter aux mets qui se préparaient en cuisine.

La Louve s’installa dans un fauteuil, en face de le Reine et d’Adamante.  Elle ne put également s’empêcher de jeter un rapide coup d’œil sur les jardins du palais royal, admirant leurs  grandeurs, leurs beautés. Elle nota toutes sortes de végétaux, allant de la simple fleur, à l’arbre majestueux. Et tout ce florilège de couleurs. Il y’avait de quoi émerveiller le plus malheureux des hommes. Elle se retourna par la suite, écoutant attentivement ce qu’avait à lui dire Elena et Adamante.

« Adamante m’avait déjà expliqué une partie de la raison de ma convocation, quant à mon maitre, ne vous en faites pas pour cela »

Le « vous » s’adressait bien entendu aux deux personnes présentes en face de la Terranide.  Elle laissa par la suite reprendre la parole, attentive. Ainsi, elle apprit  plus en détail la raison de toute cette affaire tournant autour de ce Monsieur Mandus.  En écoutant la Reine, Shad dû admettre un fait : Elle n’avait pas vraiment fait attention sir le meurtre dont elle avait été témoin s’était passé ou non proche d’un abattoir ou non. Mais le fait qu’elle comprit parfaitement était que de par sa présence, de par le fait qu’elle avait vu cet odieux meurtre, sa vie était également mise en jeu. A vrai dire, la Louve ne disposait pas de beaucoup d’éléments pouvant aller contre Mandus, ou du moins, elle n’en possédait pas jusqu’à maintenant.

La mention de l’orphelinat la fit frémir.  Non pas car cela était une bonne cause mais rien que repenser à ce lieu sinistre la faisait doucement tressaillir. Comment des enfants  pourraient seulement s’épanouir dans ce manoir sentant la mort ? Pour la Terranide,  l’habitat de Mandus était plus un cimetière qu’un lieu de vie.  Tout en écoutant la Reine et sa conjointe parler, la Louve croisa ses jambes ainsi que ses bras, son index tapotant doucement contre son avant-bras. Tout cela ne l’enchantait guère à la base et plus elle les écoutait, plus elle se disait qu’elle préférerait être dans un autre lieu, loin de tout cela.

«  Hmm, je pense que je peux encore être absente quelques jours, après tout, un jour de plus ou de moins ne risque pas de changer grand-chose et  vous l’avez-vous-même dit. Cet homme pense que j’ai vu des choses que je n’aurais pas dû voir et veux ma mort afin d’éviter que je ne dévoile ce que j’aurais pu voir. LA question de savoir si je dois rentrer ou non n’est pas importante. »

Oui oui, la Terranide disait bien ouvertement qu’elle pouvait se permettre de rentrer quand bon lui semblait. Ce qui était un fait assez étrange pour une personne censée être l’esclave d’une autre. L’une des raisons pour laquelle Shad restait auprès de son » maître » était belle et bien celle-ci. Indirectement, elle était « libre », bien plus libre que bon nombres d’esclaves dans la capitale. La lycane laissa sortir un petit soupir d’entre ses lèvres quand la dernière question fut posée.

« Non, je n’ai pas fait que du thé chez cet homme. » Commença-t-elle avant de chercher ses mots. Par où devait-elle commencer ? Le masque de porc était pour elle, le point le plus important de son résumé et elle décida donc de commencer par ce dernier.

« Quand Mandus m’avait envoyé à l’étage chercher ce fameux dossier,  j’ai pu voir un masque de cochon semblable à celui que portait l’individu sur les toits la nuit du meurtre. Ce masque était accroché au-dessus de son bureau, entouré de pleins d’autres d’ailleurs, chacun représentant un animal différent.  A ce même étage, j’ai aussi pu assister à d’étranges phénomènes notamment l’apparition d’un enfant qui me mena jusque dans un grenier où, je cherche encore à comprendre comment, je m’étais retrouvée évanouis. »

Mais fort heureusement, Thibault avait su la retrouver à temps.

« A l’étage, le garde et moi-même avons également noté un tableau des plus dérangeants, une ode à la démence je dirais presque. Ce tableau représentait une femme en train de donner le sein à son enfant. Enfant dont le visage était voilé. Oh, la scène aurait pu être attendrissante si la femme en question n’avait pas un sourire de démente, un couteau avec du sang dans la main et n’était pas en train de préparer une mixture où l’on pouvait voir un pied de nourrisson en sortir. Enfin… »

Elle ne savait pas si cela avait vraiment une importance, mais elle joua bon d’en parler. D’un côté, les tableaux reflétaient un peu l’esprit de la personne qui les avait achetés. Ou à moins que c’était Mandus lui-même qui l’avait peint.

« Au passage, cet homme ment très bien. En réalité, il fait semblant de boiter, cela se voit parfaitement qu’il bluffe. Enfin, moi j’arrive à le voir. Je dois aussi souligner le fait qu’à peine on était rentré dans son manoir qu’une sensation de peur et de mort m’avait envahi ? Et pas d’une mort datant d’il y’a quelques années, je parle d’une mort récente.  Je ne peux réellement vous expliquer mon ressenti, mais je sais juste que je n’avais qu’une seule envie en arrivant chez Mandus, partir le plus vite possible. »

Elle s’arrêta un instant avant de reprendre.

« Je pense que le point à retenir est celui de ce fameux masque non ? Pour ma part, je pense qu’il peut y ‘avoir un lien et…

Nouvel arrêt. Mais cette fois, ce dernier était dû aux odeurs provenant de la cuisine qui se faisaient de plus en plus forte. L’odorat fin de la lycane parvenait à en déceler chaque arômes et elle se laissa un instant  « partir » dans ce voyage olfactif, avant de reprendre ses esprits.

« Hem pardon. C’est juste que ça sent rudement bon, le chef cuisiner doit faire des merveilles. Enfin, revenons à notre sujet ? »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 05 mars 2014, 15:46:17
Elena fut effectivement surprise quand elle apprit que Shad pouvait rester deux ou trois jours en roue libre sans que son maître ne s’inquiète. Était-ce un grand voyageur ? Ou quelqu’un qui avait des idées modernes sur l’esclavage ? Ça n’avait rien à faire avec leur problème actuel, naturellement, mais Elena rangea cette information dans un coin de sa tête. Quand elle serait enfin en âge pour se débarrasser de son conseil, elle savait qu’elle tenterait de reprendre le rêve inachevé de ses parents : faire entrer Nexus dans une nouvelle ère de prospérité en abolissant ces pratiques païennes et ignobles Que l’esclavage soit forcé ou conventionnel, elle voulait l’abolir, car elle estimait que l’esclavage était l’une des causes principales de l’aggravation de la condition sociale à Nexus, de la hausse de la paupérisation dans les bas-fonds. On offrait aux entrepreneurs le choix entre avoir de bons esclaves dociles qui seraient payés une misère, ou des salariés, où il fallait respecter toute une législation. Les entrepreneurs n’hésitaient pas beaucoup avant de faire leur choix. En abolissant l’esclavage, Elena savait qu’elle rapprocherait son peuple. Rapprocher... Voilà l’idée centrale. Il fallait que les riches cessent de voir les pauvres comme des parasites, et que les pauvres cessent de voir les riches comme des exploiteurs. L’idée de Mandus avait pour elle qu’elle était, outre son insolence, suffisamment bonne pour marcher. Les enfants étaient toujours la clef ou le problème des conflits sociaux. Il était beaucoup plus difficile de faire changer d’avis un adulte, mais, un enfant...

L’esprit de la Reine s’égarait, et elle revint au moment présent. La mystérieuse Shad leur fit donc un compte-rendu. Il reposait beaucoup sur des présomptions, des sentiments, des impressions... Rien de très concluant de ce point de vue. Elena avait pu sentir un malaise dans ce manoir, mais il venait simplement du fait qu’Oswald vivait en reclus. Ce manoir était trop grand pour une seule personne. Néanmoins, ça ne constituait pas une infraction pénale... Tout comme l’absence de goût. Shad avait été troublée par une peinture, mais l’art, à Nexus, était très libre. Il faisait l’objet de plusieurs ordonnances royales protégeant la création artistique, et ces dernières étaient particulièrement vieilles, ce qui suffisait à dire qu’elles étaient entrées dans les mœurs. En tant que nation civilisée et cultivée, Nexus s’était toujours attaché à promouvoir et à défendre l’art. Avant leur décrépitude, plusieurs des quartiers des bas-fonds étaient de petits quartiers artistiques, où on croisait des bohémiens, des artistes sur rues. De ce qu’Elena avait lu en consultant des chroniques d’époque, il s’agissait de quartiers très conviviaux, où les accents musicaux rimaient en accordéon avec les peintures sur rue et les rires des troubadours amusant les enfants. Ce genre de quartiers était maintenant rare à Nexus, trop rare. Un autre problème contre lequel Elena allait devoir, un jour, trouver moyen de s’occuper.

« Je pense que le point à retenir est celui de ce fameux masque non ? »

Sur ce point, Elena était d’accord. Ça, ainsi que le fait que, selon Shad, Oswald boitait. Il devait sans doute s’agir d’une sorte d’intuition propre aux Terranides, car Elena avait effectivement vu un éclopé, et, même si ce n’était pas le cas, pourquoi mentirait-il ? Vu le succès qu’Oswald rencontrait dans la ville, il n’avait pas vraiment besoin de ça pour susciter la sympathie. Adamante comprit qu’elle allait devoir se renseigner là-dessus. Le masque, quant à lui, représentait concrètement le seul élément objectif, mais il ne tiendrait pas longtemps dans une cour. Un bon avocat aurait tôt fait de balayer cet argument d’un revers de manche. Il faisait nuit lors des faits : Shad pouvait-elle prétendre avoir bien vu le bon masque ? Et, de plus, il pouvait exister d’autres exemplaires de ce marque. Cependant, Elena avait envie de la croire. Si Oswald simulait son infirmité, ce pourrait être un élément à charge, car on pouvait l’interpréter comme la volonté, de sa part, de se faire passer pour un infirme, afin qu’on ne puisse pas le soupçonner

L’argument était tordu, et Shad poursuivit très rapidement :

« Pour ma part, je pense qu’il peut y avoir un lien et… »

La Terranide s’arrêta soudain, et Elena l’entendit renifler. Depuis la porte entrouverte, les arômes de la cuisine se rapprochaient, et l’odorat plus fine de Shad avait du le sentir.

« Hem pardon. C’est juste que ça sent rudement bon, le chef cuisinier doit faire des merveilles. Enfin, revenons à notre sujet ? »

Les deux Nexusiennes sourirent franchement, amusées par cette atypique réaction.

« Le chef se débrouille plutôt bien, en effet...
 -  Pour en revenir à notre affaire, l’interrompit Elena, je ne sais pas quoi en penser. Il y a effectivement quelque chose d’instable chez Mandus, mais, enfin... Quand on a perdu sa famille, on peut avoir ce genre de réactions. Ça, je peux le garantir. »

Elena aussi avait perdu sa famille, et, bien que ce fut à un bas âge, d’après Jamiël, cet évènement l’avait durablement affecté. Qui sait où elle en serait, actuellement, si elle n’avait pas eu Adamante pour la réconforter.

« Te concernant, Shad, si tu es libre de tes mouvements, le mieux me semble, provisoirement, que tu restes en ma compagnie. J’ai cru discerner en toi un certain potentiel magique, et je suis moi-même une magicienne. Aux curieux, il suffira de dire que j’ai décidé de te prendre provisoirement sous mon aile. Je m’assurerais personnellement de mener l’enquête autour de cet abattoir. S’il y a eu un meurtre, je devrais trouver des traces. Dès lors, je pense que nous avons tout intérêt, Shad, à aller sur les lieux cet après-midi. »

Elena pencha la tête vers elle.

« Après avoir mangé, j’espère... Si tu veux partager notre repas, Shad, tu es la bienvenue à ma table. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 05 mars 2014, 18:54:16
Avoir une partie animale en soi pouvait être un fait pratique, mais des fois, cette part vous obligez à avoir quelques réactions qui pouvaient  être mal vu en société humaine. Mais  la Louve dans un certain sens ne se plaignait pas.  Si elle avait des sens aussi développé s’étaient bien pour s’en servir non ? Et on ne pouvait réellement lui reprocher d’avoir cette petite mimique avec les arômes qui se dégageaient de la cuisine.  Bien sûr, elle reprit rapidement contenance et s’excusa sous le regard compréhensif de ses deux interlocutrices.

Le vif du sujet fut remis rapidement sur le tapis.  En repensant à ce qu’elle leur avait raconté, la Louve ne voyait réellement pas de preuves formelles pouvant lier Mandus à ce meurtre. Surtout qu’en  ce bas-monde la parole d’une Terranide n’était pas considérée comme juste et en tant que témoin, sa seule nature pouvait faire tourner un procès en faveur de Mandus.  La Terranide croisa les bras et fit un signe de négation avec la tête.

« On peut avoir ce genre de réaction mais là, je trouve que ça fait un peu trop. De plus, vous savez réellement comment il a perdu sa famille ?  Il n’y aurait pas un point d’ombre à ce sujet ? »

La Louve se tourna par la suite vers Adamante écoutant sa proposition et dû admettre que c’était là, la meilleur des solutions. En restant près de l’amie de la Reine, elle profitait de la protection de la garde royale et pouvait également continuer à travailler sur cette affaire.  Bien sûr, rien de la retenait à rester et elle aurait pu refuser, prétendant qu’elle pouvait revenir les voir le lendemain. Mais le risque était là et mieux valait finir cette affaire au clair.  Shad afficha un regard étonné en entendant Adamante certifié qu’elle avait remarqué qu’elle avait un potentiel magique.

Certes, l’Okami savait contrôler à un certain niveau le feu et était doué de polymorphie mais elle n’en avait pas fait part et elle ne l’avait pas utilisé pendant cette fameuse nuit. Alors comment pouvait-elle savoir ?  En d’autres circonstances, la Louve aurait pu être septique mais elle ne craignait pas à un mauvais augure de la part d’Adamante.  Bien qu’elle ait préféré garder ce point secret pour l’instant, ne trouvant pas en quoi sa magie pouvait être utile dans une affaire comme celle sur laquelle elles étaient confrontées.  La seule chose qu’elle lui permettait était de lui offrir un alibi de sa présence au sein du palais royal, un bon alibi même.

« Je dois dire que…Je suis impressionnée. Je n’ai pourtant pas parlé de ma magie mais oui, j’ai quelques notions et à bien y réfléchir, ta proposition n’est pas une si mauvaise idée.  Quant à la visite de l’abattoir, ou du moins du lieu du crime, je préfère il  aller en journée plutôt qu’en pleine nuit. Mesure de sécurité peut –être ? En espérant que nous y trouverons des indices plus concluant »

La nouvelle proposition de la Reine étonna la Terranide. Elle se demanda même s’il lui  arrivait souvent de proposer à une personne du peuple de partager sa table.  Car il était coutume de penser que la haute société restait dans son coin, à l’écart du peuple. Ainsi la lupine ne pouvait nier qu’elle avait beaucoup de chance et un sacré privilège.  Enfin, à bien y repenser, ce n’était pas la première fois qu’elle partageait un repas avec une personne royale et cette pensée la fit doucement sourire.

« Avec grand plaisir même ! »

Comment aurait-elle pu refuser pareille offre de toute manière ?  La lycane se leva donc, accompagnée de la Reine et d’Adamante jusqu’à une salle annexe, une salle à manger. Bien plus accueillante que celle du manoir de Mandus cela va s’en dire.  La luminosité qui régnait en ce lieu contrastait avec la noirceur régnant dans la demeure de cet homme. A bien y réfléchir, le Palais d’Ivoire était l’exacte opposé au niveau ambiance du manoir de Mandus. La Louve fut invitée à s’assoir et tout en attendant que le service d’entrée arrive, elle reprit la parole, s’adressant particulièrement à Adamante :

« Pour cette après-midi, tu as un projet précis ? je veux dire, tu souhaites d’abords aller sur les lieux ou d’abord passer près de l’abattoir de Mandus ? »

Si l’abattoir avait un lieu avec le meurtre de la nuit précédente, des indices devaient se trouvaient tout autours, ou du moins  à un endroit proche de ce dernier. Mais il était bien sûr plus évident de commencer là où se trouvait le cadavre et de remonter sa piste petit à petit.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 05 mars 2014, 22:48:56
La conversation allait reprendre, cette fois autour de la table à manger. C’était une petite pièce, et il y avait, sur la table, une superbe nappe. Les murs étaient également magnifiques, faits dans une belle tapisserie, et un grand miroir dominait une partie de la pièce. Plusieurs majordomes se chargèrent de mettre les couverts, agissant avec célérité et efficacité. La présence d’une Terranide détonait dans le décor, mais ils étaient suffisamment professionnels pour ne rien dire. La Reine était la Reine, et les personnes invitées à sa table étaient des invités de marque, qu’ils soient de basse extraction ou non. Généralement, Elena mangeait avec Adamante, mais il était fréquent qu’elle partage leur table avec d’autres personnes, notamment Jamiël, ou encore Langley, quand il ne mangeait pas avec ses hommes.

Tantôt, Shad avait posé une question sur la mort de la famille d’Oswald. Plongée dans ses pensées, Elena n’y avait pas répondu. En attendant, Shad avait posé une question supplémentaire, destinée à Adamante, qui y répondit assez rapidement :

« Ça, c’est à toi de me le dire. Quand tu as été au poste, et que tu as parlé de ce meurtre, la patrouille n’a rien relevé, et n’a rien signalé dans son rapport. Il faudrait déjà que tu fasses un effort de mémoire pour essayer de te rappeler où ce meurtre a eu lieu. Comme tu l’as remarqué, je suis une magicienne plutôt douée pour ce qui est d’obtenir des renseignements et des informations. »

Adamante disposait d’une forte intuition, affinée par sa magie, et c’était cette intuition qui lui avait permis de savoir que Shad était une magicienne. De fait, la plupart des magiciens expérimentés étaient capables de sentir la magie chez les autres. Théoriquement, toute personne était réceptive à la magie, mais cette sensibilité était plus affinée chez certaines personnes que sur d’autres. Adamante l’avait senti, mais, visiblement, Shad manquait encore d’apprentissage. Cependant, elle n’avait pas pour projet de la soumettre à un entraînement.

« Il me paraît donc nécessaire d’y aller de jour, reprit-elle. Nous nous y retrouverons bien plus facilement. »

Un domestique arriva alors.

« Les petits fours, Mesdames. »

Il posa un plat abritant des petits pains chauds, et Elena en prit un, le remerciant poliment, puis le fit tournoyer dans ses doigts, avant de se mettre à parler.

« Tout à l’heure, Shad, tu as demandé comment la famille d’Oswald est morte... Le fait est que les corps d’Enoch et Edwin Mandus, les fils d’Oswald, n’ont jamais été retrouvés. Partant de là, toutes les interprétations sont possibles, bien entendu, mais la version d’Oswald est fort simple. Comme tu l’as peut-être vu, sa propriété comprend un jardin, un grand et beau jardin. Enoch et Edwin étaient des aventuriers, comme leur père. Ils adoraient se cacher, et faire tourner les domestiques en bourrique. Surtout, ils avaient, au fond du jardin, une petite cabane en bois, sur un arbre, faite par leur père. C’était leur base spatiale, un endroit vers lequel ils s’envolaient dans d’autres mondes. Les plaisanteries habituelles des enfants, en quelque sorte... »

Elle lui expliqua qu’il y avait eu une forte tempête un soir. Un ouragan violent. Le port avait été fermé pendant une journée, et des rafales de vent particulièrement fortes s’abattaient dans la région. D’après Oswald, Enoch et Edwin se trouvaient dans leur cabane quand la tempête était arrivée. Des orages s’étaient abattus dans la ville, provoquant plusieurs incendies. La Reine s’en souvenait encore. Une tempête violente, un véritable cyclone, qui avait ravagé plusieurs entrepôts, et beaucoup d’ouvriers municipaux avaient du travailler sous la tempête pour éteindre les incendies. Un éclair était tombé en plein sur l’arbre où les jumeaux Mandus avaient fait leur cabane.

« L’incendie s’est propagé dans les arbres et les buissons. Les domestiques ont essayé de sortir, mais, comme tu l’as remarqué, le manoir est exposé. Les rafales étaient terribles, il pleuvait à torrent, on n’y voyait goutte, et, mis à part les flammes qui dansaient dans le ciel, il était impossible de voir autre chose. L’arbre a émis des craquements, il s’est fissuré, et la cabane... La cabane est tombée depuis l’arbre, et a glissé le long de la falaise, pour s’écraser dans l’eau, où elle a explosé en mille morceaux. Il y avait un tel courant que les corps ont du être emportés au large. Leur mère s’est suicidée de désespoir. »

Bien des personnes avaient perdu la vie en cette soirée, et personne n’aurait remis en cause la version d’Oswald.

Le repas arriva ensuite. De la délicieuse viande rouge en rôti, superbement assaisonnée, et fournie avec des fruits et des légumes.

« Et bien... Bon appétit ! »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le jeudi 06 mars 2014, 14:40:12
Comment ne pas remarquer le regard d’étonnement que lançaient certains des serviteurs à l’égard de la Louve ? Cette dernière sentait très bien que voir une Terranide en compagnie de la Reine à sa table n’était pas un fait courant. Peut-être penseraient-ils qu’elle se mettrait à manger d’une façon sauvage, sans propreté en mettant de la nourriture partout ? Après tout, n’était-elle pas en partie un animale ? Les réputations ont la dent dure et il était parfois difficilement de sortir des convictions de la population locale. Après tout, sa race était tout le temps rabaissée, la lycane ne fut donc pas étonnée du regard qu’on lui portait. Et elle les ignora.

Une des réponses posées précédemment par la Terranide écopa de sa réponse. Faire un travail de mémoire en étant témoin d’un fait de jour était bien plus facile que d’en faire un où l’incident s’était passé en pleine nuit. Pourtant ce n’était pas ce qui inquiétait le plus Shad. Si elles devaient trouver des indices, elles en trouveront. Du moins, s’était ce qu’elle pensait.

« Je ferais en sorte de nous rapprocher au mieux du lieu. Si il y’a encore du sang comme vous me l’avez dit, on devrait réussir à trouver la scène du crime. »

Une tache de sang en pleine rue, cela ne passait pas inaperçu. Shad hocha simplement la tête en signe d’affirmation face à la dernière déclaration d’Adamante. Il était en soi beaucoup plus aisé d’aller jours les inspecteurs et les enquêteurs de jour plutôt que de nuit, surtout au sein des  Bas-fonds, et la Louve doutait fortement de rencontrer l’un de ces cochons humanoïde en plein milieu de l’après-midi. C’était là encore, un gage de sécurité. 

L’entrée arriva, un petit plateau de plat au four. La lycane en discerna plusieurs assortiments. Ces petits œuvres-d ‘œuvres n’avaient que pour objectif de faire patienter les convives jusqu’à l’arrivée du repas. Il  était impossible de sortir repu en mangeant seulement ces petits fours. Mais la lycane comptait bien en goûter deux-trois. Si l’odeur était alléchante, le goût devait être de même facture. Par respect, elle laissa d’abord la Reine et Adamante se servir avant d’en attraper un, écoutant attentivement l’histoire de la mort des enfants de Mandus.

L’histoire tenait la route et Shad ne pouvait en contester sa véracité, d’autant plus qu’elle n’avait pas été présente dans la capitale le jour de ce fameux drame. Il ne lui était donc pas possible de contester certains points. En repensant au manoir de Mandus, tout semblait concordait avec l’histoire contait par Elena. Pourtant, Shad ne put s’empêcher de poser une question, une interrogation qui lui trottait en tête.

« Je sais qu’il n’est pas évident de trouver des corps emportés par une mer déchainée, mais, même avec la magie, cela n’était pas possible ? »

La magie permettait de nombreuses chose alors pourquoi pas celle d’aider à retrouver des cadavres ? La surface de recherche était bien sûre  immense mais la Terranide doutait qu’un puissant mage ne parvienne pas à quadriller la zone et à l’inspecter jusqu’à trouver les corps recherchés. Bien sûr, cela n’était qu’une hypothèse et au vue des années écoulées, il serait maintenant bien difficile de retrouver les cadavres des fils Mandus.

« Et bien..Bon appétit également »

Attendant d’être servi et attendant également que la Reine et Adamante aient pris leur première bouchée, la Louve entama le repas d’une manière normale. Ceux qui auraient pensé qu’elle se  serait jetée sur le rôti pour le manger avec les mains s’étaient fourvoyés.  La Louve se délecta du met, sentant la viande fondre sous la langue, distinguant un panel d’aromates qui avaient été utilisés pour sa confection. Il aurait été malheureux d’apprendre que la Reine ne possédait pas un chef cuisinier digne de ce nom. Le repas se fit surtout en silence, la Louve était particulièrement plongée dans ses pensées pour la suite à venir. Finissant son dernier morceau, elle déposa les couverts dans l’assiette.

« Mes compliments au chef. A propos pour cette après-midi, serait-il possible de récupérer mes affaires ? Je me vois mal aller en robe dans les bas-fonds, surtout si ma vie peut être mise en jeu. »

Depuis son départ du manoir, la Terranide ne s’était pas encore changé et portait donc encore sur elle la tenue de domestique. Pourtant, comme elle l’avait souligné, elle se voyait mal aller dans les quartiers malfamés ainsi vêtues.  Elle irait donc se changer avant de rejoindre Adamante et de partir en direction du lieu où le meurtre avait été perpétré.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 07 mars 2014, 02:23:34
La question de Shad sur la capacité de retrouver les corps à l’aide de la magie obtint naturellement une réponse de la part d’Adamante, qui préféra toutefois commencer par mettre un peu de sauce sur son repas. Les plats et les couverts étaient en argent, comme il était de coutume dans le palais royal : une argenterie de luxe, délicate, et luisante.

« La magie permet très difficilement d’identifier des personnes. En créant des cercles de perception, un mage peut sentir la vie autour de lui, mais, par définition, la vie est partout. Pour dissocier la vie humaine d’autres formes de vie, il faut améliore ses cercles de perception. Cependant, et, là encore, par définition, un mort n’est pas vivant. On peut sentir un mort-vivant grâce au sortilège qui le maintient en vie, mais un cadavre... Un cadavre n’émet rien, aucune onde. La magie est plus une sorte de force naturelle qui relie entre elles toutes les forces vivantes de l’univers. Même un art magique comme la nécromancie, dans sa conception classique, ne consiste qu’à apprécier la survie du vivant après la mort physique. »

Il était impoli de parler la bouche pleine, aussi Adamante ménageait-elle des pauses tout en mangeant. Elle mit un peu de crème sur ses pommes de terre, les avalant, avant de reprendre, tandis qu’Elena les écoutait.

« Pour preuve, nous n’avons toujours pas retrouvé tous les corps qui ont péri lors du cyclone qui a détruit le navire royal il y a une quinzaine d’années. Certains sont parfois attrapés par les filets des pêcheurs, ou amenés par les sirènes, voire le courant... La tempête était particulièrement forte cette nuit-là, et... »

Adamante continua à parler, mais Elena ne l’écoutait plus. C’est vrai... Le corps de son père, par exemple, n’avait jamais été retrouvé. Elle savait que beaucoup de gens croyaient qu’il n’était pas mort, que le Dieu unique n’avait pas pu permettre la mort du Lion de Nexus. Elena savait que l’Ordre Immaculé avait longuement débattu sur le fait de savoir s’il fallait le canoniser ou pas. Liam était un paladin, et, au-delà de ça, un roi talentueux et avisé, quelqu’un qui avait vu la lente dégradation du royaume, et avait tenté de l’empêcher. Ses exploits, aussi bien militaires que civils, avaient été loués par tous les Nexusiens, et même les Ashnardiens avaient fini par le respecter, en le considérant comme l’un des ennemis les plus redoutables qu’ils aient jamais eu à affronter... Un homme qui, par sa seule présence, suffisait à redonner confiance dans les plus défaitistes des hommes. Malheureusement, selon le droit canon, il fallait un cadavre à canoniser, et, faute d’un corps, il était impossible de le faire.

Par ailleurs, vu l’aggravation des relations sociales dans le royaume, une légende circulait, sur le retour du Lion. Bon nombre de Nexusiens y croyaient, mais il s’agissait souvent de s’illusionner. Le Lion était bel et bien mort. Les survivants à cette catastrophe étaient rares, et n’avaient survécu que par miracle. À partir de la reconstitution des évènements, et des nombreux entretiens, il était clair que la première partie du yacht qui s’était brisée était justement la cabine royale. Nöly et Liam étaient morts ensemble, et le corps de Nöly avait été retrouvé, en triste état. Celui de Liam avait été emporté par les eaux. La légende du retour du Lion était un vain espoir, une promesse d’un monde meilleur, qui serait unifié sous la houlette d’un des plus grands dirigeants de ce dernier siècle.

Elena était plongée dans ses pensées, et revint progressivement à la réalité, en observant les belles lèvres d’Adamante remuer, la jeune magicienne continuant à parler :

« ...Le domaine inconnu par excellence, même pour les magiciens. »

Elle avait visiblement terminé, en concluant sur ce qu’était, selon elle, la mort. La Reine s’humecta les lèvres, et reprit alors, sur un autre sujet :

« Concernant tes affaires, Shad, Adamante pourra faire un crochet là où tu habites, afin que tu puisses te changer. En revanche, j’ignore s’il faut faire préparer une escorte.
 -  Ce ne sera pas nécessaire. Les bas-fonds ne sont pas une zone dangereuse le jour... Et puis, la garde a été renforcée, après tout. Nous n’avons rien à craindre. De plus, si des gardes nous accompagnent, ils risqueraient de nous gêner, d’empiéter sur la scène de crime, ou de compliquer mes recherches. »

La Reine acquiesça lentement de la tête.

« Oui, tu as raison. Enfin, soyez prudente, malgré tout. Vous connaissez le vieux dicton... Un malfaiteur revient toujours sur les lieux de son crime. »

Dans toute cette histoire, Elena avait un mauvais pressentiment, même si elle n’arrivait pas précisément à se l’expliquer.

Comme quoi, il fallait croire qu’elle avait, elle aussi, été atteinte par la visite dans le manoir de Mandus.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 07 mars 2014, 14:25:37
La Terranide écouta attentivement les explications d’Adamante et dû en effet admettre que trouver un corps inanimé n’était pas l’action la plus aisée à effectuer. Pourtant, bien qu’elle admette le contraire, la Louve était sûre qu’une certaine source de magie en serait capable. Le seul bémol était que cette magie était plus liée à des pouvoirs occultes et demanderait donc un lourd tribut. Elle en avait déjà fait les frais lors de la bataille du Village des Toiles. Leur adversaire, un général nommé Brahmin avait usé d’une magie noire, chaotique pour les combattre.  Cet homme avait réussi à créer un puis de gravité et détenait la victoire entre ses mains après le lancement de son sort.

Du moins, il l’aurait eu si le prix à payer pour lancer un tel sortilège de destruction n’aurait pas goûté aussi cher et ne l’aurait pas autant affaibli. Un coup de chance en soi.  Donc si de telles magies étaient possibles, pourquoi pas celle de réellement détecter un mort ? Sauf que cette dernière devait également demander une certaine tribu. La lupine dû admettre qu’en termes de magie, elle avait encore beaucoup de théorie et de pratique à découvrir et apprendre. Les explications d’Adamante, bien que longue, furent donc écoutés avec  une attention non dissimulée, oreilles droites, dressées, à l’écoute.

La lycane se tourna par la suite pour répondre à la réponse de la reine, affichant un petit air amusé. Depuis la matinée, elles ne s’étaient pas quittées et  elle n’était pas venue directement vêtue en robe. Robe qu’elle avait enfilée dans la calèche royale lors de leur arrivée chez sir Mandus.  La Terranide but un peu de vin, avant de poser la coupe et de répondre aux deux femmes.

« Nul besoin de faire un crochet là où j’habite, mes affaires sont dans votre calèche. Pour ce qui est de l’escorte, Adamante a raison, mieux vaut y aller seul. De plus, on risque surtout d’attirer l’attention sur nous avec pareilles attroupent de gardes. Sur ce, si vous voulez bien m’excusez, je reviens sous peu. »

Shad se leva, saluant d’un hochement de tête la Reine et son amie avant de se diriger vers l’endroit où avaient été déposés ses effets. Sur le chemin, elle nota quelques regards interrogateurs mais les ignora simplement. L’Okami n’avait guère le temps de répondre à toutes les interrogations et le temps pour tous était compté.  L’un des cochers de la calèche royale la reconnu et lui rendit un coffre où se trouvait ses vêtements, lui indiquant par la même occasion une pièce dans laquelle elle pourrait se changer. Chose qu’elle fit bien naturellement.

La Terranide passa de la robe blanche d’innocente à une toge noire brodés de rouges semblable à un habit d’assassin. Lors de son excursion sur l’Archipel de Meisa ce fut ainsi qu’elle fut prise, désignée lors de sa première rencontre avec le souverain. Mais pour la Louve ce n’était qu’un simple habit lui permettant de se déplacer avec plus de tranquillité dans les rues de Nexus lors de ces différentes courses. Par ailleurs, elle pouvait aisément cacher ses attributs lupins, évitant ainsi plus d’ennuis du fait qu’on la prenait pour une humaine.   Remettant le coffre avec la robe précédemment empruntée au cochet, la Louve retourna dans la petite pièce où se trouvait les deux femmes, indiquant à Adamante qu’elle était prête à partir dès qu’elle le sera.

Elle laissa donc le temps à cette dernière de faire ses derniers préparatifs avant de se diriger vers les ruelles des bas-fonds en sa compagnie. La Terranide suivit un chemin bien précis jusqu’au fameux marché noir qui avait changé de déplacement. Un tel commerce était proscrit et les tenanciers déplaçaient leurs caches plusieurs fois par semaines pour éviter d’être repérés par les patrouilles. Surtout en cette période avec la visite de la Reine qui approchait à grand pas.

Pourtant, bien que le marché noir ne fût pas à sa place, l’Okami savait qu’elle était au bon endroit.  Elle observa les alentours, tentant de se rappeler des ruelles qu’elle avait empruntée après avoir entendu ce cochon grouiner d’une façon effroyable. Faisant signe à Adamante de la suivre, elle arriva au bout de cinq minutes devant l’endroit exacte où avait été le malheureux, du sang séché parsemé encore un mur et le sol de la ruelle.  Regardant la scène et ses alentours, la Terranide marqua subitement un arrêt, désignant à une vingtaine de mètres au loin un énorme bâtiment qui semblait en action.

« Ne serait-ce pas l’abattoir de Mandus ? »

Shad voyait très peu d’autres bâtiments qui pouvaient être en si grande action dans cette partie de la ville. Et comme  on lui avait expliqué, les disparitions récentes se passaient aux alentours de l’abattoir. La Terranide se dirigea vers ce dernier s’arrêtant après quelques pas, observant une tâche de sang sur le sol.

« Et bien, que faisons-nous ? »

Tant de possibilités. Il était possible de continuer à inspecter autours du lieu du crime ou bien de suivre les traces de sang jusqu’à l’abattoir.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le samedi 08 mars 2014, 02:03:03
« Tu lui fais confiance ? »

Le repas était terminé, et Shad venait de quitter la table, afin de se changer, laissant ainsi Elena et Adamante seules. La magicienne haussa les épaules.

« Elle a l’air honnête.
 -  La moitié de mes conseillers le sont aussi, et, pourtant, ce ne sont que des requins arrivistes et cupides, objecta la Reine.
 -  Je suis convaincue qu’elle a vu quelque chose ce soir. Elle n’a pas l’air d’être une mythomane. »

Elena ne dit rien. Savoir à qui faire confiance dans cette ville de fous était un problème préoccupant. Entre ceux qui voyaient uniquement leur intérêt personnel, et ceux qui pensaient que les Ashnardiens feraient de biens meilleurs dirigeants qu’une petite orpheline qui avait passé son enfance dans un monastère, la Reine ne pouvait compter que sur quelques éléments fidèles et fiables. Pouvait-elle faire confiance à une esclave dont le maître semblait être démissionnaire ? En temps normal, elle aurait ordonné une enquête sur ce Belmont, afin de savoir si elle pouvait vraiment se fier à Shad, mais le temps jouait contre la Reine. De plus, elle ne pouvait pas impliquer trop de monde. L’enquête sur Mandus était secrète, reposant uniquement sur des inquiétudes et des présomptions. Si la populace apprenait que la Reine menait des enquêtes sur des personnes qui étaient perçues comme des philanthropes, elle risquait d’affronter une nouvelle révolte paysanne.

Adamante était plutôt fataliste, lucide. Elle ne voyait pas pourquoi Shad les doublerait, et sa relative indépendance vis-à-vis de son maître constituait même, pour elle, un atout. Ainsi, elle ne risquait pas de faire double jeu. Comme Elena, Adamante s’inquiétait des répercussions publiques de leur petite affaire. La Reine veillait à la protection de ses sujets, mais le sujet Mandus était un sujet épineux. Elles marchaient sur des charbons ardents. Un seul faux pas, et elles le sentiraient passer.

« Ce qui m’étonne, c’est cette information comme quoi Mandus simulerait son infirmité...
 -  Je pense que je vais mener des recherches là-dessus. S’il y a eu une opération, il doit bien en rester des traces, des éléments objectifs. Mais, à supposer que ce soit vrai, je peine à comprendre pourquoi Oswald simulerait ça...
 -  Pour apaiser les soupçons ? Pour susciter la sympathie du peuple ?
 -  Ce n’est pas comme s’il en avait besoin. Le peuple l’apprécie déjà, et ceux qui ne l’aiment pas sont généralement jaloux, parce que sa bonne image accroît leur mauvaise réputation. »

Ce n’était pas faux. Adamante allait chercher des informations du côté de l’abattoir, et en profiterait aussi pour aller voir leur agent, qui se faisait appeler Jacques de Malenbraix. C’était de lui qu’émanait la missive parlant de cette Terranide, et c’était à partir de cet élément qu’Adamante avait été voir Shad. Elle avait obtenu le rapport du sergent, mentionnant l’identité de l’esclave, et son lieu de résidence. Depuis hier, Malenbraix avait peut-être réuni de nouvelles pistes, mais, étonnamment, il n’avait envoyé aucun rapport. En soi, ce n’était pas exceptionnel, mais Adamante, qui connaissait ses talents, devait bien admettre qu’elle était un peu surprise.

Shad finit par revenir, et le trio se sépara. Adamante et Shad empruntèrent des chevaux dans les écuries royales, et s’élancèrent hors du Palais. Les chevaux étaient admis dans la ville, car Nexus était une ville grande, très vaste. Adamante avançait avec sa robe, ouverte à hauteur des cuisses, et rejoignit les bas-fonds. Elles s’arrêtèrent près d’un important ensemble de bâtiments, et Shad posa une question :

« Ne serait-ce pas l’abattoir de Mandus ? »

Adamante hocha lentement la tête.

« Précisément. »

Elles étaient sur la grande rue principale, dallée, juste devant l’entrée de l’abattoir. C’était un important ensemble, comprenant plusieurs bâtiments reliés entre eux. Une carte sur un écriteau à l’entrée de l’usine permettait de voir à quoi l’usine ressemblait :

(http://img102.xooimage.com/files/d/4/e/abattoir-mandus-44587b9.png)

Les porcs arrivaient par l’arrière de l’abattoir, où elles étaient déchargées dans un entrepôt, avant d’être emmenées à l’échaudoir. Ensuite, le processus normal de l’usine suivait son cours, jusqu’au second entrepôt de stockage, où des chariots conduisaient les produits finis vers les marchands. Le duo laissa les chevaux à proximité, car Shad venait de retrouver l’endroit où, selon elle, l’homme avait été tué. Adamante s’approcha, et vit quelques traces de sang sur le sol.

« Et bien, que faisons-nous ? » demanda Shad.

Adamante répondit en tendant sa main vers la trace, et se concentra. Ses doigts se mirent à luire. Intrigués, quelques badauds qui passaient par là les observaient, louchant sur le cul de la magicienne, avant de reprendre leur route.

« La magie permet de faire bien des choses sur le vivant, comme je te l’ai dit tantôt. En inspectant ce sang, je devrais pouvoir obtenir quelques informations sur ce dernier. Le sang est un liquide qui contient bon nombre de composants, et ces composants ne sont pas les mêmes selon l’emplacement où se situe le sang dans le corps. Celui-ci était proche du cou et des poumons, donc vers la poitrine... Vu la quantité de sang qui reste, ça ne peut pas être qu’un simple coup de poing. Je pense qu’il y a bien eu un mort, ici, et que quelqu’un a déplacé le corps, et nettoyé le sang... Il y a peut-être d’autres traces dans le coin. »

Le corps s’était trouvé près d’une ruelle sinueuse. Les traces de sang perçues par Shad filaient dans cette direction, menant effectivement vers l’abattoir.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 08 mars 2014, 21:45:18
Jamais la Louve n’aurait pu s’imaginer que la magie pouvait servir à récolter des informations dans une simple petite flaque de sang.  Pourtant, c’était bien ce qui se passait en cet instant. L’analyse magique du sang permis d’avoir de plus ample information et confirmer l’hypothèse qu’un meurtre avait bel et bien eu lieu dans cette ruelle. La Terranide se pencha plus vers le sol, observant les marques cramoisies, s’avançant doucement pour en trouver d’autres, menant dans une ruelle sinueuse, droit vers l’abattoir. Elle se releva par la suite, observant Adamante :

« Je pense que nous n’avons que très peu de choix, il nous faut avancer et voir cela de plus près »

Pas le choix donc. Si les deux femmes voulaient tirer cette affaire au clair, elles devront passer par cette ruelle peu accueillante. La Terranide ouvrit la marche, très bien emballée bien sûr à l’idée de s’approcher de l’abattoir. Quelque chose la rebutait à s’y rendre, une sorte d’instinct peut être. La lycane ne craignait pas les balourds se trouvant dans les bas-fonds, ni même d’emprunter cette ruelle. Après tout, elle s’était bien rendue dans une faille remplit de créature nécrophage, alors une simple ruelle…Pourtant, elle ne se sentait guère à l’aise.

Elle s’arrêta après quelques mètres, trouvant une autre trace de sang sur le sol, la désignant à Adamante avant de continuer. Plus elles avançaient,  plus elles trouvaient du sang sur le sol, éparpillés ici et là. La ruelle était bien évidemment une impasse et les deux femmes se retrouvèrent face à une énorme grille en fer. La lupine observa cette dernière, posa ses mains dessus et poussa dessous pour tenter de l’ouvrir. Mais elle n’obtient qu’un simple grincement. Malgré son aspect rouillé la grille tenait bon. En se reculant d’un pas, elle nota à nouveau la présence de sang, comme si une personne s’était vautrée en escaladant la grille.

« On dirait que notre..ami a tenté de fuir quelque chose. Son corps a bien dû être dépla…cé ? »

La surprise marqua la fin de la phrase de la Terranide. Cette dernière  était sûre d’avoir entendu un bruit suspect et se tenait donc aux aguets, ses yeux filants dans tous les recoins, ses oreilles, bien que dissimulaient sur une large capuche, tournaient sur elles-mêmes, captant le moindre son. Même son odorat  était mis à l’œuvre. Pourtant, elle n’arrivait pas à définir d’où elle avait pu ouïr ce son étrange.  A moins que cela n’était que le fruit de son imagination.

« Désolé, il me semblait avoir entendu un bruit. Que penses-tu de tout cela ? Devons-nous…rentrer dans l’abattoir ? »

Tous les indices menaient à ce lieu précis et pour mettre un terme à cette histoire, l’Okami et la magicienne serait bien obligée de se rendre dans ce fameux abattoir. Pourtant, cela pourrait sembler fort suspect.

« Le mieux ne serait-il pas d’attendre la visite royale ou d’y envoyer une patrouille par mandat de perquisition ? »

Malgré tout, la Louve n’appréciait que très peu l’idée d’attendre la fameuse visite de la Reine pour pouvoir inspecter l’intérieur même de l’abattoir. Si ce dernier était le centre de disparition récente, y envoyer la  Reine pourrait lui valoir une mort certaine et sans preuve formelle, le mandat ne pourrait pas être délivré. En d’autres termes, très peu de solution s’offraient aux deux femmes. Voulant reprendre la parole, la lycane fut à nouveau stoppée par un léger sifflement.

D’un geste vif, elle claqua la paume de sa main contre son cou, ayant senti comme une piqure de moustique. Pourtant quelques secondes après, elle se mis à trembler et dû prendre appuie contre l’un des murs de la rue, tentant de tenir bon. Elle fit signe à Adamante de s’en aller, n’entendant pas un deuxième sifflement  similaire au premier.

« Tu devrais partir ! »

Le produit fit effet et avant qu’elle ne put voir la réaction de l’humaine, la lycane s’effondra sur le sol, plongée dans un profond sommeil. 
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 09 mars 2014, 13:56:47
Les différentes applications de la magie étaient étonnantes. L’usage que venait d’en faire Adamante n’était cependant pas ouvert à tous les magiciens, car il fallait avoir un esprit très calme, et être maître de soi-même, ce qui n’était pas facile. Cependant, par rapport aux méthodes d’investigation tekhanes, les Nexusiens faisaient pâle figure avec leur magie, ce qu’Adamante reconnaissait sans peine. Elle suivit Shad à travers une ruelle sombre, utilisant une sorte de sphère bleuâtre pour s’éclairer, tout en mettant en surbrillance les traces de sang. On pouvait ainsi voir quelques traînées, indiquant que quelqu’un avait du passer par là, étant lentement traîné. Le temps avait du jouer contre l’assassin, mais la ruelle débouchait sur une impasse, face à une solide grille, tandis que Shad soupçonnait l’abattoir d’y être directement lié. Elle alla jusqu’à suggérer une perquisition.

« L’idée est bonne, concéda Adamante, car elle nous permettra d’en savoir plus sur ce qui se passe là-dedans... Cependant, Nexus n’est pas Ashnard, et la Reine ne peut pas ordonner une perquisition sans avoir des motifs. Le pouvoir judiciaire est indépendant, et aucun juge n’acceptera la tenue d’une perquisition sur un abattoir sans preuve ou motifs graves. Ici, notre seule piste, ce sont des traînées de sang. Difficile de faire un lien avec l’abattoir, si ce n’est par sa proximité géographique. De plus... »

Adamante se tut dans ses explications, car Shad semblait être concentrée, aux aguets. La magicienne fronça lentement les sourcils. Ne pensant pas se faire attaquer, elle avait estimé inutile de tracer autour d’elle des cercles de perception, qui permettaient de repérer des individus, et ainsi pouvoir éviter de se faire surprendre. Dans une ville aussi peuplée, elle estimait ça un peu ridicule. Ses cercles seraient rapidement surchargés par la présence de tant d’individus. Néanmoins, Shad avait l’air méfiante, absente... Et finit par revenir à elle. La magicienne avait pu noter qu’elle était sur les nerfs, car, avant même d’évoquer une quelconque perquisition, elle avait déjà reniflé autour d’elle.

Pour Adamante, elle devait sentir l’odeur du porc. Elles étaient près de l’échaudoir, l’endroit où on abattait les bêtes. Il y avait un système d’aération, et l’odeur de viande filait dans les ruelles alentour. Une Terranide devait y être plus sensible qu’un simple humain. De plus, si cette Terranide était une simple esclave tranquille, qui dormait dans un grand manoir, et s’autorisait parfois quelques frissons en se promenant dans les bas-fonds, elles devait aussi être inquiète. Adamante en avait par contre perdu le fil de sa pensée. Elle était en train de parler de perquisition, pour rejeter l’idée.

« Ce qu’il nous faut, c’est un indice, une preuve... Si cette traînée remonte jusqu’à l’abattoir, par exemple, on aura quelque chose. »

Elles étaient dans une ruelle, et cette grille pouvait avoir quantité de raisons d’être. C’était une grille de sécurité publique, mise en place il y a des années, pour pouvoir verrouiller les quartiers sensibles, en cas d’émeute. Elle était solide, et, en théorie, seule la garde en avait les clefs. Cependant, les patrouilles abritaient souvent des éléments corrompus. Adamante inspecta la grille, cherchant un indice. Visiblement, cette grille avait été ouverte hier. Il y avait des traces de sang dessus, mais, si on essayait de passer par dessus, il fallait mieux savoir grimper, car il y avait des pointes tranchantes en haut. Quelqu’un avait du al pousser, et elle avait du s’ouvrir.

*Peut-être y-a-t-il une piste à explorer avec cette grille...*

Les clefs étaient au poste de gardes le plus proche, celui-là même où Shad avait été enfermée hier soir. Adamante y réfléchissait, quand Shad se mit soudain à paniquer à nouveau. Elle allait parler, quand elle se tut subitement, et Adamante sentit également du mouvement. La boule de lumière au-dessus d’elles explosa subitement, et elle se retourna, levant une main, formant un bouclier magique. Shad l’enjoignit de partir tout en tombant à ses pieds, atteinte par une sorte de fléchette tranquillisante, et Adamante créa un bouclier, qui repoussa la fléchette qu’on lui destinait. Le coup venait du toit, et elle envoya une onde d’Air qui frappa l’inopportun, un homme encapuchonné. Il poussa un cri de surprise, mais, au même moment, des portes adjacentes s’ouvrirent sur des hommes armés.

« Reculez, misérables !
 -  Z’avez rien à fiche ici, l M’mamzelles les poulettes !
 -  L’est ch’ti pas jolie, la poulette ?
 -  Elle est où, la poulette ? Elle est bien cachée ? »

Adamante fronça lentement les sourcils. Ces types n’avaient pas de sarbacane, et leur mystérieux agresseur s’était retiré. Adamante tendit sa main, et envoya une langue de feu devant elle, forçant les trublions à s’écarter.

« Au large, tas de guenons ! »

Le feu les effraya. Des soudards, rien de plus. L’un d’eux brandit sa fourche en hurlant, et Adamante balança sur lui quelques arcs électriques mineurs. Il poussa un hurlement de douleur en se mettant à fuir. Adamante se pencha alors vers Shad, mais la vit réagir convulsivement, de grosses gouttes de sueur coulant le long de son front. Elle posa ses doigts sur sa tempe, et tendit sa main vers l’autre fléchette, l’amenant près d’elle... Et vit rapidement que la pointe était imbibée, probablement d’un poison.

« Merde ! » jura Adamante.

Sans ces imbéciles, elle aurait pu poursuivre leur mystérieux agresseur. Au lieu de ça, elle empoigna Shad, et se dirigea vers le plus proche établissement de soin qui soit.

L’église du père Lamb.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 09 mars 2014, 21:16:15
Recevoir une fléchette empoisonnée était la pire chose qui puisse arriver. Surtout que cela pouvait entraîner une mort totalement indigne et sans valeur. Pourtant, c’était vers cette dernière que la Louve allait doucement mais sûrement. L’inconscience totale laissa place à des convulsions et des  sueurs froides. Le poison s’infiltrait dans le système sanguin de la Terranide et donner trop d’impulsion aux muscles, les faisant convulser. Par chance, le poison n’était pas foudroyant mais son effet se dirigeait vers les muscles vitaux. Il  s’agissait donc d’une simple question de temps avant que la Terranide ne passe l’arme à gauche.

La conscience de la Louve était encore à moitié éveillée pourtant elle ne pouvait aisément  comprendre tout ce qui se déroulait autour d’elle, cela lui était même impossible. Pourtant, elle senti la chaleur des flammes l’effleuraient et put discerner quelques bruits de pas précipités entres deux crises de convulsions.   Quand Adamante la souleva pour la conduire vers un autre lieu, l’Okami se laissa traîner, impuissante, ne pouvant que subir l’aide. En d’autres circonstances elle se serait baffée pour être ainsi un poids, mais pour le moment, elle ne pouvait penser à cela, subissant les effets du poison.

La porte de l’église s’ouvrit sur un  homme  avoisinant la trentaine  (http://www.deviantart.com/art/Claude-Frollo-212992467) portant une simple bure de couleur noire.  L’homme observa les deux femmes et réagit rapidement, les invitant à entrer au sein de son église, refermant prestement la  porte derrière eux. L’intérieur du bâtiment était sobre et pourtant reflétait une certaine beauté qui inspirait le calme, l’humilité.  Des bancs étaient disposés  sur cinq lignes, à vue de nez une centaine de places étaient disponibles. Tout le long de l’arc principale se trouvaient des colonnes et en leur milieu sur des petits socles quelques statuettes représentants des anges, des saints. L’église n’avait également pas à rougir de ses vitaux qui représentaient certains grands aspects de la religion.

« Par  tous les Saints ! Que vous est –il arrivée très chère ? Venez ne perdons pas  de temps ! »

L’homme guida Adamante et sa charge jusqu’à une pièce reculée, cachée à la vue de tous. Une sorte de pièce secrète en soit. Cette petite pièce comportait un lit  où Shad fut déposée.  Le saint homme observa la Terranide, prenant un missel en main avant de formuler une prière. Son geste était là plus pour le fond que la forme. Il se tourna par la suite vers Adamante.

« Votre amie est dans une bien mauvaise passe. Je vais chercher des cataplasmes et des onguents. »

Et il s’éclipsa laissant Adamante et la souffrante seule à seule. Les convulsions de Shad avaient cessés et cette dernière ne suait maintenant plus qu’à grosses gouttes avec certains tremblements. On aurait pu penser qu’elle était atteinte d’une vilaine grippe. Autours de son cou, le pendentif arachnéen se mis à luire doucement, les symboles étranges autours de l’araignée rayonnèrent.  La tisseuse en son centre sembla même claquer des mandibules à un bref instant.  Et au fur et à mesure que les secondes passaient, l’état de l’Okami semblait se stabiliser, allant pour le mieux. La crainte de la mort étant écartée.

Le prêtre Lamb revint, portant avec lui plusieurs fioles de soin.  Il en déboucha une et fit lampée la lycane en relevant sa tête.  Reposant cette dernière il  questionna par la suite la magicienne.

« Vous voir ici est une surprise, Madame Mélisi. Par quel fait êtes-vous  en ces lieux peu propices et accompagnée par une telle créature ? »

Rien de malsain dans ses paroles. Le père Lamb aurait bien pu user du terme «  créature » pour un humain des plus banals. Il connaissait la personne en face de lui et savait qu’elle était liée à la Reine de Nexus. Pourtant, il ne comprenait pas ce que faisait cette femme dans les bas-fonds, seule et sans escorte. Un toussotement attira son attention et le prêtre afficha un léger air surpris. L’onguent qui avait fait avalé à la Louve ne pouvait pas agir si rapidement et pourtant, cette dernière reprenait connaissance, une main contre son front.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 11 mars 2014, 02:08:49
Même les églises et les lieux saints n’étaient pas à l’abri de la grogne sociale, et des conflits raciaux. Les églises et les chapelles étaient vues par les opposants au régime, les révolutionnaires, les anarchistes, comme les instruments d’un pouvoir despotique et corrompu. L’Ordre Immaculé était alors perçu comme le soutien du pouvoir royal, lui conférant sa légitimité, violant ses saines Écritures. L’argument juridique soutenant cette thèse était de soulever l’illégitimité totale du droit canon, car les textes saints sur lesquels se fondaient le droit canon n’avaient jamais entendu instaurer des règles juridiques, le Christ de l’Ordre ayant toujours été du côté, non pas du droit, mais de la morale. Ces débats théologico-juridiques animaient les salons du Centaur Club, et se répertoriaient dans la vie de la cité par des profanations de sépultures, des jets de pierres brisant les vitraux, et des écriteaux insultants et des menaces péjoratives sur les frontons des églises. Adamante le savait, et l’Ordre était à chaque fois scandalisé d’apprendre qu’une église avait été violée. L’église du père Lamb faisait exception.

Elle rejoignit cette église à dos de cheval, Shad sur ses genoux, couchée de part et d’autre, les oreilles et la queue basses. Dans son dos, Adamante tirait le cheval de Shad, et traversa rapidement la grand-rue. Si elle laissait les chevaux sans surveillance, elle savait qu’elle ne les reverrait plus jamais. Elles passèrent devant l’abattoir de Mandus, où brûlaient les immenses cheminées industrielles, crachant du soufre dans le ciel, et contourna. L’église était à proximité, abritant un cimetière et un petit parc avec un potager, des pommiers, et quelques poules. Même en étant inquiète pour Shad, Adamante fut impressionnée de voir une église en bon état. Les vitraux étaient intacts, l’herbe était bien entretenue, et quelques femmes étaient d’ailleurs en train de les couper. Le père Lamb ne tarda pas à les accueillir dans la nef.

Il était jeune, énergique. Un esprit cynique aurait sans doute cherché à voir en lui un diable endormi, mais Adamante savait que l’excellente réputation des Hospitaliers n’était pas feinte. Ils étaient des médecins reconnus, mais également connus pour leur rayonnement culturel important. Le bon visage de la religion, en somme. Lamb accueillit rapidement les deux femmes, et déposa Shad sur une couchette dans un coin. Plusieurs personnes qui étaient en train de prier détournèrent la tête en entendant ce raffut. Lamb s’affaira, filant vers son infirmerie, tandis qu’Adamante observa la pièce. L’endroit était très solennel, très calme, inspirant à la méditation. Elle avait voulu en savoir plus sur Lamb, et sur la manière dont ce dernier administre sa paroisse. Comme quoi, le sort se précipitait. Cependant, elle était aussi inquiète. Cet homme qui les avait attaquées... Qui était-il ? Pourquoi les attaquer ? Tout tournait autour de Mandus, mais, là encore, Adamante n’avait aucune preuve qu’Oswald soit derrière ce coup de force. Néanmoins, elle avait avec elle la fléchette empoisonnée qu’on lui avait destinée. Cet objet pouvait s’avérer très utile par la suite. En l’analysant, en l’examinant par le biais de la magie et de l’alchimie, elle pourrait avoir des informations sur la composition du poison. Cependant, les connaissances alchimiques d’Adamante étaient rudimentaires. Elle allait donc devoir se tourner vers un alchimiste.

« Qui est-ce ?
 -  Elle est malade ?
 -  Je n’ai jamais vu ces dames... »

Dans la traversée de la ville, Adamante avait rabattu sa capuche, mais, maintenant, elle l’avait dégagé, permettant de voir sa longue chevelure, et ses intenses yeux jaunes. Un signe qui faisait clairement d’elle une magicienne, imposant le respect et la crainte. Adamante Mélisi n’était pas forcément une femme très connue auprès du peuple, car elle ne s’affichait jamais. Lamb, cependant, la connaissait, et, alors que ce dernier farfouillait dans ses affaires, Adamante se tourna vers les curieux, et leur posa une question :

« Rassurez-vous, il ne se passe rien qui ne vous inquiète... Par curiosité, que pensez-vous d’Oswald Mandus ? »

Les curieux se regardèrent entre eux.

« Grâce à son entreprise, mon fils a enfin trouvé un travail, commenta un homme. Ce corniaud de bougre cesse enfin de vendre cette saloperie de fisstech.
 -  Moi, mon mari y bosse, c’est un homme bon ! »

Certains étaient résolus, mais, assez curieusement, Adamante nota quelques regards furtifs, comme si certains avaient des choses à dire, des critiques à formuler. Auprès des gens du Centaur Club, Oswald avait une très bonne réputation, mais, dans le fond, il était facile d’influer sur l’avis du peuple. Faisait-il vraiment l’unanimité ? Adamante aurait bien aimé creuser davantage la question, mais elle sentit soudain, dans son dos, d’étonnantes vibrations magiques. Surprise, la magicienne se retourna, et écarquilla les yeux en voyant une source magique. Elle vit les bouts d’une cordelette dépasser du cou de Shad, et tira dessus, révélant... Un médaillon avec une forme d’araignée, qui était en train de briller d’une étrange lueur.

« Par la malepeste, comment diable t’es-tu procurée un tel artefact ?! »

Adamante n’eut pas le temps de poursuivre davantage ses interrogations, car Lamb revenait rapidement, avec un élixir. C’était du Loriot doré, en hommage à l’oriolus oriodus, un oiseau. Pour la préparer, il était nécessaire d’avoir affaire à un alchimiste plutôt talentueux. Outre les plumages de l’oiseau, il fallait aussi des éléments de vitriol et d’éther, ainsi qu’un bon liquide alchimique de base. Ses effets étaient d’annuler la toxicité du sang, de se soigner contre les venins et les toxines, en renforçant sensiblement le système immunitaire. Les sorceleurs et les membres des guildes en buvaient souvent avant d’affronter des créatures toxiques, comme les basilics. Que Lamb en ait dans sa besace signifiait, soit qu’il était alchimiste, soit que lui-même connaissait un alchimiste.

« Vous voir ici est une surprise, Madame Mélisi, annonça-t-il alors. Par quel fait êtes-vous  en ces lieux peu propices et accompagnée par une telle créature ? »

Adamante pencha la tête sur le côté, et répondit assez rapidement, choisissant de garder pour elle l’étrange pendentif magique qu’elle avait aperçu sur le corps de la Terranide :

« Comme vous le savez sûrement, la Reine désire voir cet abattoir sous peu. Cependant, cette Terranide aurait assisté à un meurtre qui aurait eu lieu hier soir. Comme les gardes n’ont pas retrouvé de cadavre, j’ai été voir, avec cette femme. Nous avons vu des traînées de sang, et quelqu’un nous a attaqué... Je n’ai pas pu le poursuivre, et j’ai préféré porter assistance à cette femme. »

Le père Lamb écoutait, et Adamante lui montra la fléchette.

« Je connais votre élixir. Seul un alchimiste peut la confectionner, et j’ai justement besoin d’un alchimiste pour analyser le poison qui imbibe cette pointe. Pourriez-vous m’être d’une quelconque assistance ? Je vous récompenserais à la hauteur de votre tâche, bien entendu. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 11 mars 2014, 19:26:24
« Oui, c’est malheureux que toutes ces  histoires se déroulent autours de l’abattoir de Monsieur Mandus. Cet homme offre tellement d’aide et cela pourrait lui causer des tords à outrances. Quelle dommage,  Nexus a besoin d’un homme comme lui ».

Impossible de savoir si le Père Lamb connaissant les véritables faits qui se déroulait dans l’abattoir. En cet instant, il n’était pas aisé de savoir s’il était un complice ou véritablement un Hospitalier aidant les malheureux au sein de son église.  Pourtant, ses paroles semblaient sincères et vierges de toutes ces histoires liées à l’abattoir d’Ostwald Mandus. Il hocha par la suite la tête face à la requête d’Adamante, levant sa main doucement vers elle en direction de la fléchette.

Le Père Lamb pris délicatement la fléchette empoisonnée entre son pouce et son index, prenant garde à ne pas se piquer par mégarde avec la pointe.  Le cataplasme avait été donné à la Terranide, il ne fallait maintenant plus qu’à attendre ses effets qui devraient venir d’ici une dizaine de minutes. Du moins, c’est ce qui aurait dû se passer en temps normal.  Lamb remarqua rapidement que l’Okami sortait de sa torpeur et la désigna d’un rapidement mouvement du menton.

« Votre amie se réveille, quant à moi, je vais aller voir les composants de cette flèche. Et ma chère enfant, vous n’avez aucunement besoin de mes payer. Vous êtes dans la maison du Seigneur, vous venir en aide et la moindre des choses que je puisse faire. »

Et il s’éclipsa à nouveau, laissant seules les deux femmes pendant qu’il partait analysait les composants toxiques du petit projectile. La Terrande quant à elle s’était à moitié relevée, une main contre ses tempes avec l’horrible impression de subir une migraine des plus douloureuses.  Elle releva doucement son regard vers Adamante, abaissant en même temps ses oreilles, se sentant gênée par ce qui venait de se passer. Cette attaque surprise leur avait fait perdre un temps précieux. La Louve regarda par la suite autours d’elle, se questionnant quant à l’endroit où elle se trouvait à présent.

Les murmures de prières qui lui parvenaient lui firent rapidement comprendre qu’elle se trouvait au sein d’une église.  La lycane déglutit difficilement, les églises n’étaient pas réellement un lieu propices pour les les Terranides mais si Adamante l’avait conduit jusqu’à cette dernière, sans doute n’y avait-il rien à craindre. Reportant son attention sur cette dernière, elle baissa la tête, à la façon d’un louveteau qui viendrait de faire une bêtise, demandant doucement.

« Que…Que s’est-il passé ? »

La seule chose dont elle se souvenait était d’avoir été piquée par une fléchette puis d’être tombée inconsciente. Pour le reste, tout restait flou et elle avait donc l’impression d’avoir été absente pendant une certaine période. La Louve fut néanmoins rassurée de remarquer qu’Adamante ne semblait nullement blessée.  Elle supposa donc très rapidement qu’elle avait dû faire fuir leurs agresseurs à l’aide sa magie. 

Mais avant qu’elle ne puisse poser une seconde question, le Père Lamb était de retour, une expression grave et d’incompréhension sur le visage.  Il donna avant tout une autre potion de soin à la Terrande afin que cette dernière finisse de se soigner avant de se tourner vers Adamante, presque perdu.

« C’est à ne rien y comprendre. L’un des composants de cette fléchette est une toxine extraite sur une race unique de basilic vivant dans la  jungle de Zerrikania et sa propriété première est de tuer dans les secondes qui suivent son injection. Ce ne sont pas mes soins qui ont soigné cette  Terrande, ma Dame. Elle devrait être morte à l’heure qu’il est. »

La concernée se raidit, son cœur manquant un battement, sa respiration se faisant plus lourde, plus courte, un léger tremblement parcourant tout son corps. Morte ? Elle ne devrait pas vivre en cet instant ? Elle avait juste failli mourir d’une manière déshonorante ?  Mais alors comment ? Comment pouvait-elle être encore en vie ? La lupine abaissa son regard vers l’emplacement du médaillon, se demandant si ce dernier venait de montrer l’une de ses facultés. Elle finit par reporter son attention sur le prêtre et la magicienne.

« ….Je vous prie de m’excuser, mais j’ai encore quelques âmes à aider, je reste à votre disposition »

Regardant le Père Lamb s’éloignait à nouveau, la Louve observa par la suite Adamante, ne sachant que dire sur le coup, soufflant cependant :

« Nous…repartons ? »

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 14 mars 2014, 01:30:59
Toute à sa réflexion, Adamante n’avait pas vu que la Terranide était en train d’émerger. Le père Lamb s’éclipsa avec la pointe, et la magicienne se retourna vers Shad. L’Okami était effectivement en train d’émerger, sortant de sa torpeur. Ce réveil rapide était étonnant, mais Adamante savait qu’il était lié à cette amulette qu’elle avait... Un objet qu’une esclave en apparence anodine ne pouvait pas avoir. C’était un artefact très puissant, Adamante l’avait senti, fait à partir de la magie arachnéenne... La magie arachnéenne n’était pas vraiment une discipline magique à part entière, mais c’était juste un moyen de désigner tous les éléments magiques, que ce soit les objets ou les sorts, faits à partir des araignées. Les araignées étaient des créatures redoutables, des bestioles solitaires, des prédatrices, et dont on se servait pour deux choses : la défense, et le poison. Le venin des araignées était efficace, et Adamante savait que les alchimistes qui voulaient confectionner des poisons efficaces utilisaient le venin que produisait les Loxosceles. Le venin de ces bestioles entraînait une nécrose, un venin qui détruisait les cellules. Par opposition, un talisman magique fait à partir du venin d’une araignée pouvait donc protéger le corps contre les empoisonnements. Adamante était sûre que ce talisman devait contenir quelques gouttes d’un poison très efficace.

*Ce n’est pas une esclave lambda, pour pouvoir maîtriser la magie, et disposer ce genre d’instruments... On vendrait dix esclaves pour pouvoir l’obtenir.*

Elle resta face à la femme, qui posa une question. Le temps que Lamb revienne, Adamante entreprit de lui résumer ce qui venait de se passer. Elles avaient été attaquées par un mystérieux agresseur, et Shad s’était reçue une fléchette empoisonnée. Adamante avait préféré la conduire au plus proche poste de soins qui soit : l’église de Lamb. Ce dernier lui avait fait boire un élixir de Loriot doré, qui servait à traiter les empoisonnements. Elle allait aborder l’étrange question de ce pendentif, lorsque Lamb revint, visiblement surpris.

« C’est à ne rien y comprendre. L’un des composants de cette fléchette est une toxine extraite sur une race unique de basilic vivant dans la  jungle de Zerrikania et sa propriété première est de tuer dans les secondes qui suivent son injection. Ce ne sont pas mes soins qui ont soigné cette Terranide, ma Dame. Elle devrait être morte à l’heure qu’il est. »

Un basilic de Zerrikania ?! Adamante fronça lentement les sourcils. Ce n’était pas le genre de toxines qu’un simple assassin lambda pouvait se procurer. Même les sociétés secrètes versées dans l’assassinat et les tueurs drows ne pouvaient que très difficilement en obtenir. Zerrikania était une épaisse jungle se trouvant à des milliers de kilomètres de Nexus, et qui était connue dans le monde entier pour être l’un des endroits les plus dangereux du monde. Jadis, les elfes eux-mêmes avaient tenté de dompter Zerrikania, avant de l’abandonner. C’était une profonde jungle, qui était peuplée par des tribus sauvages et austères, vivant en autarcie, et abritant de terribles guerriers. Parfois, des safaris esclavagistes étaient organisés pour en capturer, c’était de cette manière que les Ivory avaient eu sous leur aile Zephyr, une Zerrikanienne terriblement efficace.

Et, par ailleurs, Zerrikania était aussi un lieu où Oswald s’était rendu. Une nouvelle coïncidence... Mais, encore une fois, ce n’était qu’une présomption. Tout ce qu’on pouvait en déduire, c’était qu’une personne influente avait voulu les tuer. Lamb en semblait perturbé, et Adamante le remercia. Il s’écarta rapidement, laissant à nouveau les deux femmes seules, tandis que les fidèles étaient toujours surpris. Ils voyaient bien que quelque chose était en train de se dérouler sous leurs yeux, car il était rare que Père Lamb soit à ce point décontenancé.

« Nous…repartons ? » demanda alors Shad.

Adamante secoua lentement la tête.

« Je dois récupérer cette pointe, ainsi que les conclusions de Lamb. Elle constitue un élément de preuve, et, en la soumettant à une expertise plus longue, et à un alchimiste royal, nous apprendrons peut-être quel est l’alchimiste qui l’a fait. Du venin de basilic zerrikanien, Shad, ça ne se trouve pas n’importe où... Et je pourrais en dire de même de cette amulette que tu portes autour de toi. C’est un très puissant talisman, le genre de cadeaux qu’on offre volontiers lors de négociations diplomatiques houleuses. »

Autant dire que, si Shad espérait faire croire à Adamante qu’elle l’avait trouvé dans la rue, elle était plutôt mal partie.

« Je dois admettre, poursuivit-elle, que tu es une esclave atypique... Une esclave qui a des capacités magiques, et qui porte avec elle un talisman magique pour laquelle n’importe quelle académie magique serait prête à verser plusieurs lingots d’or pour l’obtenir... Où donc as-tu trouvé cet artefact ? »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 14 mars 2014, 17:45:04
Le silence s’installa entre les deux femmes. Un silence qui soulignait le fait que Shad cherche ses mots.  La lycane aurait préféré ne pas aborder le sujet de son amulette, la garder pour elle, en secret mais cette dernière semblait s’être activée pour la préserver d’un destin funeste. La Terranide fit glisser ses doigts sur son médaillon, effleurant du pouce et de l’index l’araignée qui y était représentée avant de sourire sur un ton rieur.

« C’est un cadeau. »

Oh bien sûr, cela ne servirait pas à combler les interrogations d’Adamante. Shad le savait parfaitement, surtout que cette dernière semblait vouloir savoir à tout prix où et comment l’Okami avait reçu cet artéfact arachnéen. De plus, il semblait que posséder un tel talisman n’était pas donné à tout le monde et la Terranide put sentir le doute poindre dans le ton de voix de la magicienne royale.  Inspirant et expirant doucement, elle entama de lui raconter comment elle l’avait eu.

« Comme je l’ai dit plus tôt, c’est un cadeau. Un présent offert par la Reine des Araignées Elise et sa prêtresse Médonée pour me remercier d’avoir participer à la défense de la Forêt des Toiles, du Village des Toiles de ses habitants et des Terranides qui s’y étaient réfugiés. L’ennemi était un dénommé Brahmin, un général provenant des contrées Ashnardienne. Et je dois avouer que nous avions gagné la bataille sur un grand coup de chance. »

La Terranide espérait que cela réponde aux questions d’Adamante. Elle remit par la suite l’artéfact sous son haut, le cachant à la vue de tous, avant de réfléchir quelques instants.  La mage avait réussi à deviner sans le moindre mal ses facultés magiques et venait de découvrir un autre point la concernant. Pesant le pour et le contre, l’Okami pris la décision de parler ou de montrer tout ce qu’elle possédait pour ne pas à nouveau subir un flot d’interrogation. Mais avant tout, elle posa son regard sur la salle, remarquant quelques croyants en –train de les regarder d’un air curieux ou d’essayer d’avoir des explications auprès du Père Lamb.

Ce dernier était justement assis et semblait griffonner quelques notes rapides sur un petit calepin. En observant un peu mieux, la Louve pu voir la fléchette posées sur une sorte de tissu blanc. Nul doute que le Père Lamb était en train d’écrire les notes la concernant. Finalement, Shad fit un rapidement mouvement de poignet, une simple torsion et deux lames surgirent. Deux lames faites dans un métal extrêmement résistant l’adamentium et forgées en collaboration par une elfe du soleil et une walkyrie. Les quelques symboles et runes propres à chacun de ces peuples gravés le long des lames en étant la preuve. Elle passa aussi rapidement sa main près de sa hanche et sortie sa paire de  dagues, de même factures.

« Ces armes sont aussi des cadeaux. Je préfère te les montrer maintenant avant qu’on ne pense  des inepties. »

Shad faisait bien-sûr allusion à un quelconque futur assassinat ou une attaque armée de sa part. Après tout, de telles idées pouvaient bien vite germer dans l’esprit des gens. Elle rangea ses armes rapidement par la suite, les dissimulant à la vue de tous. Après tout, elle était dans une église et le port d’arme n’était pas réellement le bienvenu en ce lieu sacré.  La Terranide émit un petit claquement, faisant apparaître une flammèche sur le bout de son index. Nul besoin de faire un grand sort.

« Oui je contrôle la magie et plus particulièrement celle du feu, depuis ma naissance même. Mais je continue encore à progresser. Je suis également polymorphe sur le point de vue animal et…une autre forme que je n’utiliserais pas. D’autres questions ? »

La Louve éteignit d’un geste de la main la petite flamme vacillante dardant son regard dans celui de Médonnée. Pour elle, il était également hors de question qu'elle use de sa faculté à devenir lycanthrope. Beaucoup trop dangereux. Elle venait donc de jouer cartes sur tables et lui avait montré certaine de ses facultés.  Le Père Lamb revint cependant, interrompant l’échange entre les deux femmes, passant à Médonée un petit coffret où se trouvait la fléchette ainsi que quelques notes à son sujet avant de les bannir par réflexe et de répartir à nouveau.

« Il serait de bon ton de se rendre à nouveau au Palais Royal non ? A moins que mes révélations ne te fassent changer d’avis en ce qui me concerne ? »

Au moins elle serait fixée. Par ailleurs, il semblait plus logique de se rendre à nouveau au Palais d’Ivoire plutôt que de retourner sur les lieux du crime. Mais peut-être qu’Adamante souhaitait faire l’inverse et  partir à la recherche de plus de preuves. Quoi qu’il en soit, la Terranide attendait sa réponse.


Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 16 mars 2014, 15:44:18
Shad lui expliqua qu’elle avait eu cette amulette en défendant la « Reine des Araignées » contre Brahmin. Si la première ne lui disait rien, Brahmin, en revanche, ne lui était pas inconnu. C’était un ancien Ashnardien, qui était connu pour diriger une troupe de mercenaires et de forbans en tout genre : violeurs, criminels de guerre, bandits de grand chemin... Il avait déjà ravagé plusieurs fermes nexusiennes lorsque les Ashnardiens envahissaient Nexus, profitant de ces grosses guerres pour s’enrichir en pillant des fermes, de petits bourgs isolés, et capturer des femmes. Brahmin et tous ses forbans étaient mis à prix par les autorités nexusiennes. S’il était mort, c’était une bonne nouvelle. Et, si cette femme, cette « Reine des Araignées », avait remis à Shad ce pendentif, alors c’est qu’elle ne devait pas usurper son titre. Shad lui expliqua également avoir d’autres tours dans sa manche, lui présentant deux lames le long de ses poignets, qui lui firent penser à ces lames que les assassins utilisaient pour tuer rapidement quelqu’un. Elle put voir que ces courtes lames avaient été forgées, et étaient probablement enchantées, mais n’eut pas le temps d’en dire plus. La Terranide lui présenta des dagues, puis lui expliqua maîtriser la magie élémentaire du Feu, en faisant pousser une flammèche dans le creux de sa main.

Le Feu... Depuis les Antiques, il faisait partie des quatre éléments physiques primaires, avec l’air, l’eau, et la terre. Ces quatre éléments physiques étaient aussi les quatre magies élémentaires de base, celui que tout magicien se devait de connaître. C’était à partir de là que tout découlait. La Glace, qu’on opposait traditionnellement au Feu, était en réalité un dérivé de l’Eau. L’Eau s’opposait au Feu, et la Terre à l’Air. Ainsi, l’équilibre magique était préservé. Adamante revoyait les cours primaires défiler dans sa tête. Quand on lui avait parlé de cet « équilibre magique », elle avait eu bien du mal à saisir cette notion. Maintenant, elle la comprenait. L’univers était régi par les forces binaires : chaque force devait avoir une force qui lui était opposée, sous peine de voir tout s’écrouler. En magie, c’était pareil. Il fallait bien doser ses sorts pour qu’ils fonctionnent. S’il était possible de maîtriser la magie sans instructeur, il était toujours plus efficace d’avoir eu un mentor. Adamante se demandait donc qui avait formé Shad, dans l’hypothèse où elle avait été formée.

Elle lui expliqua ensuite pouvoir changer de forme.

« D’autres questions ? »

Un léger sourire traversa les lèvres d’Adamante.

« Le jour où tu n’auras plus de maître, je pense que tu trouveras un poste chez nous. Tu es une Terranide pleine de surprises, Shad, ne put que reconnaître Adamante. Quant à ta maîtrise de la magie... La magie est innée. Elle est en chacun de nous, depuis notre naissance. Si tu peux la manipuler sans avoir eu besoin de formation, alors c’est que ton potentiel magique est grand. »

Peut-être pourrait-elle la former... Malheureusement, elle ne pouvait pas le faire comme ça. Elle était déjà en train d’enfreindre la loi et les usages en ayant emmené Shad avec elle. Il lui aurait fallu une autorisation expresse de son propriétaire pour le faire, à supposer que ce dernier ait bien accompli toutes les formalités nécessaires : enregistrer son esclave auprès de l’administration, et s’acquitter des différentes taxes fiscales liées à l’utilisation des esclaves. Il y avait tellement de fraude qu’il était toujours possible, pour les avocats, de parvenir à dénoncer un contrat d’esclavage, et d’en demander la résolution devant le juge. Le droit des obligations, c’était le socle commun du droit, et, partant de là, tous les avocats avaient des compétences, plus ou moins importantes, dans l’esclavage. Néanmoins, Adamante n’allait pas se lancer dans une telle procédure. Les gens grogneraient, y voyant une ingérence de l’État dans des affaires privées.

Le père Lamb revint ensuite, leur rendant le coffret, avec la fléchette empoisonnée, et quelques notes. Adamante prit soin de les consulter. L’homme était visiblement encore retourné par ce qu’il avait vu, et la magicienne prit le temps de lire les notes. Elles avaient l’air bonnes. Il lui faudrait maintenant s’assurer que Lamb était bien reconnu comme alchimiste, en consultant les archives de l’administration en charge de l’octroi et de la conservation des diplômes. Dans ce tas de fatras et de papiers, il devait bien y en avoir un attestant que Lamb était un alchimiste. L’alchimie était une profession règlementée, qui, pour éviter les arnaques et les escroqueries, disposait d’une législation particulière. Un alchimiste désirant ouvrir son négoce devait le déclarer auprès de l’administration, et devait attester de sa qualité d’alchimiste. Il était autrement dans l’illégalité, sous peine de voir son commerce être fermé dès la découverte de la supercherie, et de subir des poursuites pénales.

« Il serait de bon ton de se rendre à nouveau au Palais Royal non ? suggéra alors Shad. À moins que mes révélations ne te fassent changer d’avis en ce qui me concerne ? »

Adamante referma le coffret, et tourna sa tête vers elle.

« Il y a des choses à faire auprès du Palais d’Ivoire, en effet, mais il faut que j’aille dans un autre endroit. Une personne à aller voir, à proximité. De ton côté, Shad, tu peux rester ici si tu le veux. Une église est un sanctuaire pour tous. »

Lamb leur avait demandé de partir, mais c’était sûrement parce qu’il y voyait ses ouailles être perturbés, et voulait conserver la sérénité des lieux. Si Adamante avait été un peu plus paranoïaque, elle aurait trouvé ce comportement plus que curieux, mais elle avait aussi d’autres chats à fouetter. Il lui fallait notamment s’assurer que Jacques de Malenbraix soit toujours là.

Il vivait à proximité, dans une maison en apparence anodine, où il était locataire. La propriétaire était une vieille bigote qui passait son temps à hurler sur les femmes ayant des vêtements trop courts, et à balancer des seaux d’eau sur ceux qui faisaient du bruit sous ses fenêtres. Il avait fallu le charme d’un avocat pour la convaincre de louer sa chambre.

Et c’était cet ennemi redoutable qu’il allait bientôt falloir affronter.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 16 mars 2014, 23:32:12
« Je prends cela pour un compliment, merci. Pour ce qui est de ma magie, je sais la manipuler depuis ma naissance mais j’ai bien sûr dû suivre quelques enseignements ici et là pour progresser. Tout n’es pas inné après tout, n’est-ce pas ? »

Une bonne chose de faite. La Terranide avait dévoilé la plupart de ses secrets à Adamante afin d’éviter un nouveau florilège de questions futures. Mieux valait anticiper ce fait possible. De plus, elle n’avait plus réellement intérêt à lui cacher  ses quelques atouts. Si ce n’était pas le cas, elle venait tout simplement de faire une grossière erreur. Pourtant, elle n’en avait aucunement l’impression, la lycane savait qu’elle pouvait compter sur Adamante. Et puis, ne l’avait-elle pas menée jusqu’ici pour qu’on la soigne ? n’avait-elle pas été un poids pour la magus qui risquait de s’attirer des ennuis en la transportant jusqu’à l’église du père Lamb ? Non, la Louve ne regrettait en rien ce qu’elle avait dit à Adamante.

Sans un mot, Shad observait la boîte renfermant la petite fléchette qui avait bien failli lui coûter la vie. Elle tenta également de voir ce qui était marqué sur les notes mais n’eut pas la chance de pouvoir les lire. Grommelant légèrement, elle dû attendre qu’Adamante termine sa lecture. Pendant ce temps, la lupine observait simplement autours d’elle, sans un mot.  Une petite mélodie lui revint souvint, ou plutôt une chanson tirée d’une œuvre cinématographique de la Terre.  Quelque chose qu’Adamante ne pouvait pas connaître ni même les pauvres personnes en train de prier en ce lieu saint. Pour peu, la Louve l’aurait également chanté mais elle se doutait bien que ce n’était guère le moment. Il y’avait un temps pour le chant et un temps pour les affaires, or là, le temps était plus apte aux affaiires. Elle fredonna néanmoins quelques paroles à tue-tête  (http://www.youtube.com/watch?v=sIH4CMxnaU8), avant de se stopper, secouant doucement sa tête négativement.

« Non, je t’accompagne. Je ferais plus attention la prochaine fois en cas d’attaque surprise. Mais je préfère t’accompagner. »

Et elle ne lui laissa pas l’opportunité de refuser sa présence. La lupine s’était déjà levée, bien décidée à accompagner Adamante jusqu’à la personne qu’elle souhaitait voir.  Remerciant une dernière fois le Père Lamb sur le chemin menant à la sortie, les deux femmes s’engouffrèrent à nouveau dans les ruelles des bas-fonds. La Terranide suivit donc la mage jusqu’à arriver devant une espèce d’immeuble délabré. A première vue, elle aurait pu croire qu’il était abandonné jusqu’à ce qu’une fenêtre du deuxième étage s’ouvre avec fracas et qu’une femme à l’âge bien avancé ne commence à crier :

« Hors de ma vue, sales petites guenons ! Allez-vous avec vos jérémiades ! »

Ni une, ni deux, la vieille leur lança un saut remplit d’eau glacée. Par chance,  Shad l’évita de justesse, regardant tour à tour la vielle puis Adamante :

« Rassures moi..ce n’est pas ton contact ça ? »

Car si c’était le cas, elle le sentait très mal.  La  propriétaire de l’établissement se mis à s’époumoner, gueulant de sa voix gave :

« Et je ne veux pas de chienne ici ! Dégagez ! «

La lycane soupira de frustration,  passant une main sur l’une de ses oreilles pour les frotter doucement.  A force de crier ainsi, cette femme risquait bien de lui vriller les tympans.  La Terranide regardait en même temps Adamante, se demandant ce qu’elle allait faire désormais et si elle n’avait pas un sort dans sa besace pour faire taire cette furie dégénérée.

[Hrp : J'ai honte..c'est petit D :]
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 18 mars 2014, 01:11:49
C’était probablement le plus grand ennemi qui soit. Plus terrible que l’union malfaisante entre un Balrog et un mage noir issu des profondeurs infernales : une vieille femme acariâtre qui passait son temps à aboyer sur tout ce qui passe, que ce soit les adolescents faisant trop de bruit sous sa porte, les contractuels venant lui proposer des conventions juteuses, les agents municipaux venant lui demander de payer ses impôts, ou venant effectuer le recensement de la population. La vieille mégère accueillit comme il se devait Adamante et Shad, en leur balançant un seau d’eau sale. Adamante leva la main, et forma un bouclier, qui fit rebondir l’eau, n’ayant même pas à se déplacer.

« Rassure-moi... Ce n’est pas ton contact ça ? »

Adamante n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que la morue leur hurla à nouveau dessus, avant de sèchement refermer ses volets, d’un claquement sec. La magicienne hésita un peu.

« Non... C’est sa propriétaire. Mon contact, tu l’as vu : c’est cet avocat qui est venu te voir hier, en prison... Sauf qu’il n’est pas vraiment avocat. C’est à cause de lui que nous nous sommes rencontrées, il a envoyé une lettre parlant de toi, et c’est comme ça que je t’ai trouvé. Il a probablement des informations... »

Cependant, Adamante se doutait bien qu’il y avait un problème. Elle réfléchit rapidement sur un moyen de faire céder cette vieille mégère. Elle était à l’étage, or, c’était là qu’était l’appartement de Mallenbraix. Sans doute était-elle du genre inquisitrice, mais Adamante soupçonnait autre chose... Quelque chose de plus inquiétant. Qu’elle ne sache pas où était sa poule aux œufs d’ors. Mallenbraix payait à un prix assez élevé le loyer, un prix beaucoup plus élevé que le tarif en vigueur, mais c’était le prix exigé par la vieille chouette. Il suffisait de voir sa maison délabrée pour constater qu’il s’agissait d’un taudis. Elle était poursuivie par sa banque pour ne pas rembourser des prêts qu’elle avait contracté, et avait du mal à payer la taxe foncière annuelle. Elle touchait de l’argent grâce au système de retraites, mais ce n’était pas assez pour joindre les deux bouts. La Couronne le savait, car elle s’était un peu renseignée sur cette femme, et elle était menacée par sa banque de saisie. Le loyer que le locataire lui versait lui avait permis de trouver un arrangement amiable avec la banque, cette dernière lui ayant fait un échéancier, afin qu’elle ne soit pas saisie, et ne finisse pas dans une maison de santé.

Adamante décida de jouer là-dessus, et toqua à la porte.

« Fichez le camp, ou j’appelle !
 -  Madame, je suis Adamante de Mélisi, la collaboratrice de Maître de Mallenbraix ! Shad est notre assistante ! »

La vieille ne connaissait sûrement pas Adamante, et elle avait inventé le premier mensonge qui lui était venu à l’esprit, en oubliant de changer son prénom. La vieille ne les insultait pas, et Adamante tourna sa tête vers Shad, posant brièvement un doigt sur ses lèvres, comme pour lui faire signe de se taire. Elle tapa à nouveau contre la porte :

« Madame, je venais voir si Maître de Mallenbraix se portait bien, car je n’ai pas eu de nouvelles de lui ce matin. Comme vous le savez, nous luttons ardemment à défendre les honnêtes propriétaires de ce quartier, et j’ai besoin de le voir ! »

Elle se tut un peu, se pinçant les lèvres, résistant à l’envie de lancer un sort pour ouvrir la porte en la faisant sauter. La vieille s’avança alors, et ouvrit la porte en grommelant. Elle était bossue, le dos voûté, et les regarda lentement, soupçonneuse.

« Une jeune femme bien ne devrait pas porter des vêtements aussi indécents, grommela-t-elle.
 -  Maître Mallenbraix est-il ici ? répéta Adamante, en se forçant à rester calme.
 -  Non ! C’est un menteur, lui, un hypocrite, comme tous les autres ! Il prétend pouvoir me défendre, et il passe toutes ses nuits à faire je ne sais pas quoi... un dealer de drogues, sûrement...
 -  Je vous assure que Maître Mallenbraix s’occupe avec attention de votre cas...
 -  Et moi, j’dis que c’est un con, et que vous, m’avez tout l’air d’une pute ! »

Si cette mégère savait qu’Adamante pouvait la mettre à mort rien que pour avoir dit ça... Elle se força à puiser d’ultimes monts de sagesse, et reprit :

« Je pense que je devrais consulter les affaires de Maître Mallenbraix, j’y trouverais peut-être des informations utiles. »

La vieille femme renâcla du nez, les observant tous les deux, en plissant les yeux.

« De ‘façon, vous ne comptez pas me lâcher la grappe... Mais, si la boule de puces laisse un seul poil, j’vous vire ! C’était tout piant là-haut, j’ai du passer le ménage, tché ! Adolescence de cancres. Un avocat ! Bah, on croit rêver ! ‘T’en foutrais, moi, du Code civil. Qu’est-ce que ça prend pour un maître, ça, alors que ça sait même pas ranger ses chaussettes, hé ?! »

Elle pérorait toute seule en leur ayant tourné le dos, et Adamante lui fit signe de passer. Elle grimpa l’escalier en bois, qui mena directement au grenier, sous les combles. Il y avait le lit de Jacques, ainsi qu’un bureau.

« Il faut voir si on peut trouver quelque chose... Des notes, un carnet, n’importe quoi d’utile... »

Elle se doutait que la mégère avait déjà du faire son inspection. Si Adamante avait de la chance, elle n’avait pas vu quelque chose, ou alors, elle l’avait conservé pour elle.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 18 mars 2014, 18:47:25
L’oKami n’eut d’autres choix que de garder le silence pendant la conversation entre Adamante et la propriétaire des lieux.  Il ne fallait pas être une personne d’une grande intelligence pour comprendre la signification du geste de la mage. Sans un mot donc, la lupine croisa ses mains derrière son dos, sa queue effectuant de petits mouvements pendant qu’elle écoutait les deux femmes argumentées entre elles.  Et elle dû avouer qu’elle se demandait bien comment Adamante faisait pour ne pas s’énerver contre cette vielle mégère.

L’arrogance de la propriétaire était un fait à revoir. Cette femme avait-elle réellement la moindre idée à qui elle s’adressait ? La Terranide se demandait même si elle s’adressait ainsi à quiconque. Et parler ainsi à des personnes liées à la Couronne pouvait vous coûter très cher.  Enfin, la Louve était aussi dans le même cas, vu qu’elle ne s’adressait pas comme le protocole l’exigeait à la Reine ou sa conseillère.  Peut-être devrait-elle réfléchir à deux fois avant de parler ? Songeant à cela, elle haussa simplement les épaules. Ce n’était pas la peine de changer subitement sa manière de s’adresser à Adamante ainsi qu’à la souveraine.

Tiens ? Le silence était revenu. La lupine porta son attention sur la porte qui s’ouvrait, laissant voir la vieille propriétaire. Autant dire que la méfiance se lisait dans ses yeux, ainsi qu’une certaine pointe de dégoût  envers la Terranide. Cette dernière ne pipa mot quant à la remarque sur les puces. Ce n’était pas le moment pour hausser la voix et tout faire capoter. Pourtant,  elle avait bien envie de prendre une apparence plus animale et de vraiment éparpiller des poils ici et là dans la pièce qu’elles allaient visiter. Mais elle s’en abstiendrait.  Shad suivit donc Adamante à  l’étage, observant dans un premier temps la pièce dans l’ensemble.

« Au moins…Ce n’est pas grand »

Un certains avantage en quelque sorte. Mais si la vieille était passée avant eux et surtout si elle venait de ranger la pièce comme elle l’avait mentionné, il serait étonnant qu’elle n’est pas mis la main sur des écris importants ou tout autres objets pouvant être lié à l’histoire tournant autour de l’abattoir Mandus. La Terranide s’avança vers le bureau et l’examina. Elle fouilla dans les  tiroirs vides de tout contenu, observa  en-dessous du meuble en se penchant  légèrement. Rien.  On aurait pu prendre le bureau comme un meuble neuf, tout juste déposé dans la pièce.

Pourtant, si ce faux avocat prenait bien des notes de ses enquêtes, pourquoi n’y avait-il rien ? Pas le moindre dossier, pas la moindre petite  feuille, rien. La lycane commença à suspecter la mégère de les avoir pris avec elle pendant son nettoyage. Si tel était le cas, il leur faudrait donc la voir à nouveau et Shad n’était pas très enjouée à cette idée.  Prise de doute, elle continua à inspecter le bureau, tapotant  sur les planches servant de fond de tiroir.  La louve toqua doucement avec l’index replié  dans les différents  compartiments avant de remarquer qu’un sonnait différemment.
En examinant le meuble et plus particulièrement le tiroir à double fond, la Louve ne trouva aucun moyen de l’ouvrir. S’il était possible de l’ouvrir, ce n’était pas avec les mains en tout cas. Peut-être en usant d’un sort ?  Elle interpella donc Adamante pour lui en faire part :

« je pense que ce tiroir cache quelque chose mais impossible pour moi de l’ouvrir et je crains également qu’il va falloir retrouver notre chère amie en bas. »

L’Okami eut un léger frisson d’appréhension. Non, cette femme ne lui faisait pas peur, mais elle la craignait sur le fait qu’elle risquait fort de vite la faire sortir de ses gonds. Hors, elle devait garder son calme, surtout en ces jours d’inquisition.  La Terranide porta donc son regard dans la pièce,  la balayant du regard. Se mordant les lèvres légèrement elle osa demander :

« Si je serais venue de suite à la rencontre de ce Jacques….Tu penses qu’il serait toujours….Là ? »

Indirectement, la lycane se sentait coupable de la disparition du faux-avocat. Elle avait refusé de le rencontre quand elle était au poste et elle venait à se demander si cette rencontre n’aurait pas pu tout changer. Peut-être serait-il encore là et non disparu on ne sait où.


Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 20 mars 2014, 02:10:53
Les espions royaux n’étaient pas des idiots ou des incompétents. Jacques savait que l’espionnage ne se résumait pas à de séduisants individus en costume. Les plus redoutables espions étaient les gens insoupçonnables : les gardes impassibles, les secrétaires, les pages, les domestiques... Ceux qui avaient accès à tout, mais dont, par un excès de confiance et d’arrogance, on ne se méfiait pas assez. Des gens comme cette vieille harpie. Jacques avait du savoir que cette femme l’espionnerait, et fouillerait ses affaires pendant son absence. Il devait donc avoir trouvé un moyen de dissimuler ses informations, et, pour le retrouver, Adamante utilisait un sort magique de clairvoyance, lui permettant de voir à travers le décor, afin de repérer des planques, des caches. Elle commença par le plafond, en estimant que la vieille harpie n’aurait pas pu regarder sous les combles, mais ne vit rien à travers les poutres. Depuis l’une de ses paumes, une sorte de rayon magique filait, permettant de voir à travers la matière, et elle le déplaçait lentement, tandis que Shad, de son côté, inspectait le bureau.

Ne trouvant rien, Adamante fila vers la lourde armoire, et l’ouvrit. Elle abritait la garde-robe de Jacques, et cette dernière put voir une série de costumes, ainsi qu’une robe noire d’avocat. Cette robe était une reproduction d’une véritable robe, mais elle était fausse. Les robes judiciaires étaient exclusivement faites par un tailleur spécialisé de Nexus, ledit tailleur bénéficiant d’une exclusivité sur ce point. Par ordonnance, tout tisserand qui confectionnerait des robes judiciaires supplémentaires serait ainsi coupable d’une contrefaçon. Cette robe noire avait été faite par les services d’espionnage de Nexus, et avait été commandée auprès de ce tailleur. Si elle était fausse, c’est parce que le nom brodé à l’intérieur ne faisait pas référence à un véritable avocat. Il aurait cependant fallu faire plus qu’une simple observation de la robe pour le voir. Ces robes étaient faites dans un tissu très spécial, qui permettait de rouler la robe en boule, sans risque qu’elle ne se froisse. Ce genre de tissus ne se trouvaient pas facilement, et les contrefaçons de robes judiciaires étaient souvent repérées à cause de ça : un tissu différent. Adamante y songeait fugacement, et éclaira la robe, en sachant que ce genre d’instrument pouvait contenir des poches secrètes.

Malheureusement, il n’y avait rien. Adamante continua à observer l’armoire, espérant y voir une cache. Shad intervint alors, la tirant de ses pensées, en lui indiquant qu’il y avait un tiroir récalcitrant, abritant quelque chose en son sein. La magicienne hocha la tête.

*Bien sûr, un tiroir à double fond !*

Elle se rapprocha de ce dernier, et, en utilisant son sort, vit que le mur en bois au fond du tiroir était factice, et qu’il y avait derrière, un petit carnet. Les notes de l’espion ! Adamante eut un sourire ravi.

« Bien joué, Shad ! Il doit sûrement y avoir un mécanisme pour l’ouvrir, mais je suppose que Jacques l’a emmené avec lui… »

Revoir la vieille harpie en bas ne la tentait pas. Elle avait sans doute pu prendre quelques notes, mais Adamante tenait déjà à voir le contenu des informations figurant dans le carnet. Elle utilisa lentement sa magie, et parvint ainsi à enclencher le mécanisme de ce faux mur, l’abattant. Elle tracta ainsi à elle le carnet, alors que Shad lui faisait part de son inquiétude, et, probablement, d’un sentiment de culpabilité naissant :

« Si je serais venue de suite à la rencontre de ce Jacques….Tu penses qu’il serait toujours… Là ? »

Clignant lentement des yeux, Adamante la regarda, et haussa les épaules.

« Je n’en sais rien, Shad, et je me méfie toujours des ‘‘si’’. Ce dont je suis sûre, c’est que tu n’as rien à te reprocher. Jacques est un espion de la Couronne, un homme instruit et aguerri. C’est quelqu’un qui sait ce qu’il fait, et qui n’est pas un incompétent. De plus, nous n’avons aucune preuve qu’il ne lui soit arrivé malheur. »

Le carnet comprenait une série de brèves informations sur l’enquête de Jacques.

Citer
J’ai rapidement pu remarquer toute la fascination que ces gens vouaient à Mandus. Son abattoir tourne à plein régime. Les porcs arrivent le matin en grande quantité, et repartent dans la journée. L’emploi créé permet aux gens de vivre mieux, et d’améliorer la sécurité des rues. Serait-il possible que, en définitive, cet homme n’ait rien à cacher ? Le paranoïaque que je suis ne peut s’y résoudre.

Dans d’autres pages, il indiquait que le père Lamb, initialement, était assez hostile à cet homme, le voyant comme « un profiteur de plus », l’accusant de n’être rien de plus qu’un « opportuniste arriviste profitant de la souffrance des gens pour les exploiter ». Visiblement, Lamb avait fini par changer d’avis. L’espion n’avait visiblement pas réussi à réunir de preuves sur ce dernier, mais, plus il avançait dans son enquête, plus il commençait à avoir des soupçons.

Citer
Certaines choses ne collent pas. Plus ça va, et plus je m’en rends compte. J’ai réussi à m’entretenir avec l’un des experts-comptables de l’abattoir, et les chiffres ne mentent pas. Chaque matin, les contremaîtres comptent le nombre de porcs qui arrivent dans l’abattoir, et le consignent dans leurs registres. Or, d’après ces rapports, il apparaît qu’il y a une différence de kilos de viande entre celle qui arrive, et celle qui repart. Chaque jour, plusieurs porcs disparaissent dans cet énorme abattoir. Or, on n’a recensé aucun vol... Et voler une carcasse de porc, dans une manufacture aussi peuplée, voilà bien qui ne doit pas passer inaperçu. Où se retrouvent les porcs qui s’envolent ? Je dois aller voir cet expert-comptable pour qu’il me confie son rapport, ainsi que ses doutes sur Mandus. Je n’ai toujours aucune preuve, mais mon instinct me dit que cette âme dévouée et charitable doit bien avoir ses coins d’ombres. Loin de moi l’idée de vouloir influer un peu plus de cynisme dans les rues de Nexus, mais cette différence de tonnage, en vérité, me surprend.

On approchait de la fin du carnet, Adamante fila à la dernière page.

Citer
Non, ce ne sont pas que les porcs. Les disparitions... Est-ce qu’elles ont bien lieu à cause de l’abattoir ? Je ne saurais y croire, et pourtant... Mon esprit est en telle ébullition que je peine à coucher les mots sur ce carnet. Trop de doutes, trop de suppositions, trop d’hésitation. Tout cela ne peut être vrai. Je dois aller voir cet expert ce soir. Si cela est vrai... Mais je ne saurais me résoudre à y penser. Il y aurait eu un mort près de l’abattoir. Un témoin oculaire, une Terranide, l’aurait vu. J’ai essayé de la récupérer, mais ces damnés gardes ne m’ont pas laissé faire, et je ne pouvais insister davantage sans qu’on risque de surprendre mon identité. J’irais voir du côté de l’abattoir, mais je suis convaincu que ce meurtre est réel. C’est pour ça que j’ai pris la liberté d’avertir mes supérieurs. Si tout cela est vrai, j’irais les voir demain matin... Sans doute devrais-je déjà aller les voir, mais il me faut une preuve, quelque chose... Cet expert-comptable est terrorisé, et n’a accepté de me recevoir que ce soir, dans un entrepôt abandonné. C’est là-bas que je dois me rendre. Avec ce rapport en main, tout ira mieux. Si cette machinerie est vraie, il est impératif de la stopper.

L’écriture était rapide, précipitée, comprenant plusieurs ratures. Jacques terminait en indiquant l’emplacement de l’entrepôt. Adamante s’écarta ensuite, laissant ainsi le soin à Shad de relire le carnet, et se mit dans un coin. Qu’est-ce que Jacques avait donc constaté de si effrayant pour précipiter la rencontre avec ce comptable ? Tout ça ne lui disait rien qui vaille.

Que se tramait-il donc dans cet abattoir ?
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le jeudi 20 mars 2014, 19:17:44
La lupine observa simplement Adamante user de sa magie pour déloger le double fond du tiroir. Comme elle l’avait soupçonné, un recours aux arts des arcanes était nécessaire pour atteindre les notes de l’espion de la Cour.  Ce qui expliquait également pourquoi la vieille mégère n’avait pas réussi à mettre la main dessus. Ou si cette dernière avait tenté de déloger la planche à l’aide de sa main, cela avait dû se solder par un échec critique. Ce qui permet au faux avocat de cacher  ses notes, une bonne chose en soit.  La Terranide n’osait imaginer ce qui aurait pu se passer si la vieille avait posé ses mains dessus.

Shad laissa  la magicienne à la lecture du carnet,  attendant patiemment qu’elle finisse. Au fil de la progression du carnet, la Louve put noter le changement de faciès de la part d’Adamante. D’abord reposé, ce dernier semblait se renfrognait au fur et à mesure et il était possible d’y lire le doute, l’incompréhension et une certaine forme de questionnement. Après tout, qui ne le serait pas avec tous ce qui se passe actuellement ?  Shad empoigna doucement le carnet que lui tendait Adamante, le lisant à son tour pendant que cette dernière semblait  perdue dans ses pensées.

Plus la Terranide lisait, plus elle se disait que l’abattoir et Mandus devenaient de plus en plus suspect.  Il y’avait bien trop d’incohérences dans les écrits de Jacques  pour que ce soit une simple coïncidence, et puis, cette dernière page, ces craintes qui y transpiraient, cette écriture fait à la va vite, comme si le temps était compté.  La lupine eut un sentiment de malaise, n’osant imaginer l’état psychique de  l’espion. Elle referma le livret,  le repassant à Adamante, s’humectant les lèvres avant de prendre la parole.

« Tout porte à croire que Jacques a découvert un fait intéressant et puis tous ces soucis liés à l’entrée des porcs, aux disparitions…Si on suit ses écrits, le dernier endroit où il a été fut cette fameuse réserve. Je pense qu’il faudrait y aller et voir si nous trouverons des traces lui appartenant là-bas. »

C’était pour la lupine, le dernier endroit où avait pu se trouver Jacques, du moins, le dernier endroit dont elles avaient connaissances. Si elles voulaient retrouver ses traces, il était primordial de commencer par ce lieu isolé. Pourtant, beaucoup de fait les engager à la plus grande prudence.  Le lieu ne devait plus être aussi sûr, peut-être était-il même surveillé à l’heure qui l’est ? Tant de questions restées sans réponses mais si énervantes. Il n’y avait que dans les films et les séries sur Terre ou une enquête se faisait sans encombres ou sans grand défi avec un résultat toujours positif à la fin. Réalisant ce fait, elle reprit subitement la parole :

« Peut-être devrions nous prendre gare. Si cet homme a disparu dans cet entrepôt qui sait ce qui nous attend. La prudence serait donc de mise. Mieux vaudrait nous rendre au Palais avant tout. Mais si tu penses qu’on peut y jeter un œil et bien, je te suivrais ».

Libre à Adamante de faire de le choix. En retournant au Palais, il leur serait donc possible de faire examiner la fameuse fléchette, de faire part des découvertes à Elena et également de mieux se préparer pour l’inspection de cet entrepôt désolé.  Au contraire, en se rendant sur place, les deux femmes seraient en mesure de découvrir encore des indices bien frais et de sans doute savoir ce qui aurait pu arriver à Jacques ainsi qu’à son interlocuteur. Mais le risque était présent.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 21 mars 2014, 01:43:09
[HS.- Et un petit coup de théâtre, un !]



Tandis que Shad prenait connaissance des notes de Jacques, Adamante, elle, réfléchissait. Comme Shad, elle avait compris qu’il y avait maintenant deux options possibles :




Naturellement, le plus tentant était la première option. Mis à part les notes de Jacques, Adamante n’avait rien, et elle savait que, tôt ou tard, les services d’espionnage s’inquièteraient de la disparition d’un de leur agent, et risquaient d’envoyer des agents supplémentaires. Cependant, elle n’avait pas oublié l’attaque que les deux femmes avaient subi. Ce mystérieux assassin devait continuer à rôder dans les environs, et, s’il était lié à cette histoire, alors il était probablement au courant de l’entrepôt, et devait probablement y avoir tendu des pièges. Adamante, tout d’un coup, se mettait à craindre le pire pour son espion. Il était en réalité fort peu probable qu’il ait survécu. Shad continuait à lire, et Adamante se faisait petit à petit à l’idée de ne pas commettre la même erreur que lui. Visiblement, Jacques avait mis la main sur quelque chose de gros, de très important, mais, plutôt que d’en informer ses supérieurs, il avait choisi de sous-estimer l’adversaire, de faire cavalier seul. En soi, les espions royaux étaient relativement libres, tant qu’ils ne commettaient pas d’infractions pénales trop fortes, mais il était manifeste que le faux-avocat avait commis une erreur de jugement. Adamante était une magicienne compétente, certes, et elle effectivement accompagnée d’une talentueuse Terranide, mais elle savait aussi qu’elle n’était pas infaillible.

Shad termina sa lecture, puis reporta son attention vers Adamante, pour lui soumettre le même dilemme.

« Peut-être devrions nous prendre gare. Si cet homme a disparu dans cet entrepôt qui sait ce qui nous attend. La prudence serait donc de mise. Mieux vaudrait nous rendre au Palais avant tout. Mais si tu penses qu’on peut y jeter un œil et bien, je te suivrais. »

Adamante, qui avait silencieusement observé la rue, hocha lentement la tête en se retournant vers Shad, comme si elle acquiesçait à cette idée.

« Je dois t’admettre qu’il est très tentant d’aller voir cet entrepôt, mais nous ne devons pas oublier l’attaque que nous avons eu. Je préfère m’assurer que ce carnet soit remis au sein du Palais d’Ivoire. Par ailleurs, nous pourrons aussi en profiter pour nous renseigner sur le personnel administratif de l’abattoir. »

Pour ouvrir sa manufacture, Oswald Mandus avait du suivre la législation en la matière. Or, en droit nexusien, la liberté d’établir son établissement était subordonnée à une autorisation administrative, cette autorisation étant décernée à la suite d’un contrôle. L’objectif était de lutter contre la fraude et l’escroquerie. Pour ouvrir son entreprise, Oswald avait du faire parvenir une copie des statuts de sa société, et ces statuts étaient toujours consignés dans les archives du service commercial. Ces informations étaient compilées et synthétisées dans un registre destiné au public, le registre du commerce et des sociétés, mais l’administration disposait de plus amples informations. Si Adamante voulait consulter ces informations, ce n’était pas pour le plaisir de se perdre dans les profondeurs du jargon administratif, mais pour obtenir l’identité de l’expert-comptable. Il ne devait pas y en avoir cinquante, et elle ne voulait pas prendre de risque. Si cet homme était encore en vie, les soupçons de celui qui était derrière cette machination devaient être forts, et il devait se terrer.

Adamante récupéra donc le carnet, et descendit. La vieille mégère était en train de faire chauffer du thé, mais les entendit descendre, et se rapprocha.

« Attendez ! »

Surprise, Adamante s’arrêta sur le palier, et tourna la tête.

« Écoutez, nous vous remercions pour votre coopération, mais...
 -  Pffuaah ! grogna la vieille. Si vous êtes une avocate, alors moi je suis Nöly Ivory réincarnée ! »

Adamante cligna lentement des yeux, surprise.

« Je... Euh...
 -  Oh, votre ami pouvait bien balancer son jargon juridique à foison et faire son petit avocat, avec moi, ça ne prend pas. Vous croyez que je ne les connais pas, ces gens-là, hein ? Tous à péter plus haut que leurs culs ! J’ai été polie avec Monsieur Mallenbraix, car il payait rubis sur ongle, mais je savais bien que ce n’était pas un homme de loi. Ah, vous, les gens de la haute, vous nous prenez pour plus bêtes qu’on n’est, et vous vous prenez pour plus intelligent que vous z’êtes ! »

Non seulement cette vieille carne était insupportable, mais elle avait visiblement l’œil. Son discours ressemblait à celle d’une paranoïaque, mais, effectivement, elle avait raison. Les vieilles bourriques en savaient plus qu’elles ne voulaient bien l’admettre, et, visiblement, elle sentait qu’elle allait rester seule si Shad et Adamante partaient.

« Je sais très bien ce que Monsieur Mellenbraix voulait... Enquêter sur Môôôssieu Mandus, l’homme qui va sauver Nexus ! Ah, depuis le temps qu’on nous la sort, celle-là ! Mais moi, je sais ! J’entends les bruits, les murmures, les rumeurs ! C’est les autres qui vous envoient, hein ?
 -  Quels autres ? demanda Adamante, subitement intéressée.
 -  ’Pas de ça avec moi, jeune fille ! Je gueule, je gueule, mais c’est pour qu’on ne voit pas que la vieille carne, elle a l’œil, hey ! J’sais très bien que vous aût’, vous pouvez pas le sacquer, l’Mandus, et j’peux pas vous le rapprocher, dis voir ! Il en cache des choses, héhé, si vous saviez... Mais moi, je sais. Moi, j’ai vu !
 -  Vu quoi ?! »

La vieille secoua la tête.

« Ça fonctionne pas comme ça ! Si le blondinet est plus là, c’est qu’il a sucé un os trop gros pour ses petits chicots, hein, héhé ? »

Elle le balança avec un sourire hideux, révélant sa dentition pourrie.

« J’vous dirais ce que je sais, si vos amis de la haute me lâchent la grappe ! Ils veulent saisir mes biens, ma maison, l’armure de mon défunt mari ! ‘Trouvez ça normal, vous ?! Il est mort pour servir le pays, et j’ai juré d’entretenir son armure jusqu’à la fin de mes jours. Vous voulez Mandus ? Les autres pécores parleront pas ! Soit ils s’enterrent la tête dans le sable en pétant le cul à l’air libre comme des ânes, soit ils ont trop peur pour oser becqueter ! Moi, tout le monde me prend pour une vieille folle, mais, j’vous le dis, j’ai l’œil ! Assurez-vous qu’on me fiche la paix... J’veux un... Comment que z’appelez ça, vous autres de l’haute ? Hum... Oui... Je veux que mon banquier m’offre un reçu pour solde de tout compte, ou un truc comme ça... Bref, que mes dettes disparaissent ! »

C’était un coup de théâtre inattendu, et, surtout, une autre piste possible. Si cette vieille carne était là depuis des années, il se pouvait qu’elle sache bien plus de choses que ce qu’on pouvait penser. Cependant, elle ne dirait rien si elle n’avait pas ce qu’elle voulait.

« On se comprend bien, ma jolie ?
 -  Je... Je vais y réfléchir.
 -  C’est ça, c’est ça, réfléchissez, mais grouillez-vous le cul une fois, dites ! Maintenant, décarrez d’ici ! »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 21 mars 2014, 21:11:07
Les deux femmes étaient bien en raccord sur un point précis : Il était bien plus judicieux de rapporter les découvertes tout autant hétéroclites au palais d’Ivoire avant de s’engager dans une nouvelle inspection d’un lieu inconnu. Surtout que leur dernière enquête avait bien failli coûter la vie à la Terranide et elle ne devait que son salut au pendentif qu’elle porte autours de son cou. Se rendre dans cet entrepôt délabré était une piste intéressante mais faisait appel à la prudence. La lupine hocha donc la tête, approuvant la décision d’Adamante :

« Et puis, qui sait, peut-être il  y’va-t-il un message caché au sein de ses notes ? Ce n’est pas à exclure »

La lycane avait pour pressentiment qu’un code avait été noté entre les lignes du calepin et permettrait à celui qui arriverait à le déchiffrer de découvrir un nouveau fait des plus intéressants sur l’enquête établi par Jacques de Malembraix. Ou au pire, il n’y avait aucun message caché mais suffisamment de notes pouvant mettre en doute la bienfaisance de Mandus. Surtout que la lupine n’avait guère oublié cette écriture fait à la va-vite, brouillée, pleine de rature, comme si le temps était compté pour celui qui tenait précédemment la plume.  Non, pour Shad, ce carnet recelait encore bien d’informations qui faudrait lui faire cracher.

Shad marcha donc juste derrière Adamante lorsque les deux femmes sortirent du grenier, faisant office dernièrement de chambre pour le faux avocat.  Les planches de l’escalier de bois grincèrent sous leur pas et la lupine se questionna si ce n’était pas ces sons stridents qui assaillaient ses tympans qui avaient aussi tôt fait de rameuter la vielle à leur rencontre, cette dernière les apostrophant.  Shad laissa parler Adamante, pensant qu’elles sortiront enfin de ce taudis avant de comprendre bien vite qu’elle s’était fourvoyée.  La Terranide crû en premier lieu à une blague quand la propriétaire commença à retenir leurs attentions, aboyant qu’elle était au courant de rumeurs.

Pour une surprise, c’était une surprise,  spontanée et inattendue.  Joignant ses mains derrière son dos, Shad écouta sans mot dire la discussion quelque peu virulente se déroulant entre la femme issue de la noblesse et celle issue du bas peuple.  La mégère avait réussi à elle seule un coup de théâtre des plus grandioses. Elle qu’on pensait folle, voilà qu’elle mettait sur le tapis qu’elle avait divers renseignements pouvant intéresser la couronne. Mais le prix à payer était également conséquent : Une suppression totale de ses dettes. La Terranide ne put s’empêcher de se demander comment cette femme allait faire pour payer ses nouvelles dettes.  Elle allait sans doute retomber dans un cercle vicieux sans fin.

Cependant, c’était bien ce qu’elle voulait et accentua bien le fait qu’elle ne parlera pas avant d’avoir eu la confirmation que  sa requête  avait belle et bien été acceptée. La Terranide osa quand même prendre la parole, attirant immédiatement les foudres de la propriétaire. Si le regard de cette mégère aurait pu lancer des éclairs, sans doute les auraient-elles envoyées sur la Louve pour oser lui adresser ainsi la parole et mettre en doute ses dires.

« Et…Avons-nous la moindre preuve que vous savez des choses ? Qui nous dit que ce n’est pas pour qu’on vous retire vos dettes ? »
« Pouah ! Le sac à puce tente de faire son intelligente ? je sais des choses moi mâdame ! Des choses importantes pour vous ! Mais hé ! Je ne vous dirais rien avant que j’ai eu satisfaction voilà ! »
« Pas la moindre petite information ? »
« Quoi ? Les couards de la couronne ne savent pas rechercher des informations par eux-mêmes ? Je ne dirais rien ! Pas avant que toutes mes dettes  me soient réglées. Maintenant dehors ! »

Ponctuant ses dires, la vieille fit de grands gestes, chassant les deux femmes, leur claquant la porte au nez. La Louve ne put s’empêcher de grogner, ses poils s’étaient hérissés tandis que ses yeux étaient braqués sur la porte close. Elle s’en détourna maugréant à voix basse.

« Elle devrait faire attention, car Othello la hante… »

Pourtant, cette femme était une source d’informations à ne pas exclure. Même si cela pouvait être une supercherie pour ne plus avoir ses créanciers sur le dos.  Encore un fait dont il faudra faire part à Elena lors de leur retour au palais. La Terranide souffla un coup et se dirigea vers la jument qu’on lui avait attribuée pour se déplacer au sein de la ville, montant sur la selle, caressant doucement l’encolure de  l’animal. Il était maintenant  temps de rentrer et de mettre déjà tout ce qu’elles savaient au clair tout en informant la Reine.

« Direction le palais il me semble. Je te suis. »

Les deux destriers furent lancés au trot, les passants s’écartant sur leur passage. Les deux cavalières attirèrent bien également des regards d’étonnement et pour  éviter toute cohorte quant à sa race,  Shad rabattu sa capuche d’ébène, mettant ainsi son visage dans l’ombre, cachant à quiconque sa véritable nature. Curieuse, elle se tourna vers Adamante, l’interpellant :

« Et pour la vieille… La couronne va répondre à sa requête ? Est-on sûres qu’elle sache réellement quelque chose ? Quoi que…Nous n’avions pas parlé de Mandus et étrangement elle savait que nous enquêtions sur lui… »

Une coïncidence ? L’Okami n’y croyait pas et commençait réellement à se demander si cette femme ne disait pas la vérité en leur soumettant qu’elle était au courant d’informations des plus utiles. Au loin, la silhouette du palais se faisait plus nette et d’iic quelques minutes les deux femmes pénètrerons dans son enceinte avant de dévoiler leur découverte.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 24 mars 2014, 01:30:24
Les deux femmes furent jetées dehors, et Adamante sentit l’irritation de Shad devant le comportement de la vieille. En regardant autour d’elle, la magicienne vit que plusieurs voisins, derrière leurs rideaux, les observaient, ainsi que quelques passants. La vieille mégère claqua les portes en leur vociférant dessus, et les voisins cessèrent de regarder. Adamante fronça lentement les sourcils, tandis que Shad crachait son dépit contre la femme, le poil hérissé.

« Calme-toi, l’encouragea Adamante. Retournons au palais. »

Il n’y avait que là-bas qu’Adamante pourrait aussi s’occuper de l’histoire de cette vieille. Le duo retourna sur leurs chevaux, et remontèrent la rue. Il leur faudrait plus d’une demi-heure pour rejoindre le Palais d’Ivoire, ce qui laissa à Adamante le temps de réfléchir, et de faire le point. Quelqu’un les avait attaquées avec une sarbacane contenant des fléchettes empoisonnées par le venin du basilic de Zerrikania. Or, dans le manoir de Mandus, Adamante avait vu des photographies et des peintures retraçant le voyage exotique mené par Oswald à Zerrikania. C’était un indice laissant supposer que Mandus pouvait être lié à cette tentative d’assassinat. Par ailleurs, Jacques, son contact, avait également des soupçons sur Mandus, et avait visiblement vu qu’il y avait des irrégularités dans les registres de compte. Il aurait du s’adresser à l’expert-comptable de la société, mais Adamante ne savait pas si cet entretien avait eu lieu. Elle allait devoir envoyer quelqu’un dans cet entrepôt, probablement Zephyr. C’était une femme loyale, et, par ailleurs, Zephyr venait aussi de Zerrikania. S’il existait à Nexus une confrérie d’assassins utilisant du venin de basilic zerrikanien, Zephyr serait en mesure de lui dire. Il fallait juste la retrouver.

En chemin, Shad lui parla à nouveau de cette vieille femme. Adamante tourna sa tête vers elle, afin de lui donner son sentiment :

« Tout tourne autour de Mandus et de son abattoir dans cette histoire... Soit un rival cherche à nuire à sa réputation, soit cet homme a réellement quelque chose à cacher. Je pense que cette vieille femme doit savoir des choses. C’est une mégère, mais aussi une commère. »

Elle devait tout simplement s’ennuyer chez elle, et, visiblement, elle était là depuis longtemps, comme le témoignait sa volonté de conserver sa maison. Elle n’était pas, en soi, méchante : c’était juste une vieille femme seule et désolée, une femme fière, avec du caractère, qui refusait d’admettre qu’elle avait besoin des autres. Adamante était sûre que sa demande envers elle n’était pas tant liée à sa protection économique qu’à l’envie de voir des gens puissants se préoccuper d’elle. Comme Shad le pensait, si la Couronne pouvait l’aider à se débarrasser de ses vieilles dettes, tôt ou tard, elle retrouverait des problèmes économiques. La solde de son mari, s’il était soldat, avait sans doute suffi à payer cette maison, mais la petite retraite de cette femme n’y servait à rien. De plus, elle n’avait théoriquement pas le droit de faire un bail. La bicoque était insalubre, et n’importe quel locataire aurait pu obtenir la résolution judiciaire du bail. Le grenier ne respectait pas les arrêtés d’urbanisme sur la hauteur minimale du plafond, les murs avaient des lézardes, la moisissure commençait à recouvrir le bois. Pour autant, Adamante ressentait surtout de la pitié envers cette femme. Mais, si elle pouvait les aider...

Quant à savoir si la Couronne pouvait le faire, c’était une autre histoire.

« Il faudra en convaincre Elena, mais nous ne sommes pas à Ashnard. Ici, le pouvoir judiciaire est indépendant, et n’a pas à répondre aux injonctions de la Couronne. »

Il allait falloir trouver un moyen d’intervenir. Adamante y réfléchissait tout en rejoignant le Palais. Les deux femmes descendirent à terre, laissant les palefreniers ramener les chevaux dans les écuries royales, et Adamante remonta dans le château, s’avançant rapidement le long des couloirs. La Reine de Nexus était dans une pièce navale. C’était une sorte de petite pièce avec des maquettes de bateaux et de navires. Sous l’ère de sa mère, Nöly, il y avait parfois des visites organisées par la Couronne auprès des classes d’école. Les écoliers visitaient notamment cette pièce, et avaient alors la chance de voir la Reine leur parler des navires de guerre de Nexus.

« Nous avons du neuf, Elena ! »

Entre elles, Adamante et Elena s’appelaient par leurs prénoms. La Reine, qui était en train de lire un livre sur la marine, écouta Adamante lui faire le récit de leur séjour. La Reine pâlit quand elle apprit qu’on avait tenté de les tuer, et resta silencieuse, laissant Adamante parler, contant ensuite ses pérégrinations avec la vieille folle.

« Je pense qu’elle doit savoir des choses, mais, si l’affaire est devant le tribunal... »

Ce ne pouvait être que devant le tribunal civil.

« Je vois... Venez. »

Elena réfléchissait vite, et conduisit les deux femmes dans une autre pièce. La Couronne avait son propre service juridique, regroupant les avocats les plus compétents du pays, ainsi que ses propres huissiers. Ce service était dissocié de la Cour royale. D’un point de vue administratif, le service juridique de la Couronne disposait d’un secrétariat, et la Cour royale de son greffe, dans des locaux distincts. C’est dans ce cabinet qu’Elena se rendit, allant dans la pièce des archives. Il y avait là un recensement de tous les dossiers ayant impliqué la Couronne, des armoires entières, et elle passa cette pièce, rejoignant la documentation juridique : revues juridiques, essais, etc... Il y avait notamment la carte judiciaire de Nexus, que chaque cabinet avait. La Reine dut batailler un peu dans tout ce fatras de papier, mais réussit à la trouver, et la posa sur une table.

Comprenant où elle voulait en venir, Adamante lui indiqua où la vieille vivait, ce qui permit de voir à quel tribunal civil cet endroit était rattaché.

« C’est le cinquième tribunal » décréta Elena.

Jadis, la carte juridique de Nexus était découpée entre plusieurs tribunaux civils de différents degrés. Il y a quelques siècles, une ordonnance royale avait décidé de tous les unifier en une seule juridiction civile globale, compétent pour connaître de tout le contentieux civil commun, à l’exception des contentieux spécialisés, comme les litiges entre commerçants*. L’idée avait été d’essayer d’empêcher les erreurs de procédure, d’accélérer le traitement des dossiers, les différentes juridictions ayant en effet chacune des compétences propres, exclusives les unes des autres, ce qui était susceptible, en cas d’erreur de saisine de la juridiction compétente, de rallonger les délais.

« Il faudrait connaître l’étendue de sa dette.
 -  Le cinquième tribunal... Son président, ce n’est pas Jacquard, de mémoire ? »

Elena hocha lentement la tête. Maître Jacquard était un magistrat compétent, mais qui accepterait difficilement que la Couronne s’immisce dans ses affaires. Une tête de mule. On ne pouvait pas envoyer des agents royaux au tribunal pour demander à en savoir plus sur ses dossiers. Elena réfléchit silencieusement. Elle connaissait bien le droit, et se rappelait d’une ordonnance royale qui pourrait les aider.

« Il me semble que la Couronne peut intervenir dans les contentieux opposant une banque à son client, si cette banque est subventionnée par l’État. »

La récente crise économique avait conduit l’État à devoir investir financièrement dans les banques déficientes pour les sauver et les renflouer. Cependant, cet investissement public n’avait pas été sans conséquences. Nexus n’avait pas pour politique d’intervenir dans les affaires privées, ce que certains regrettaient. L’État avait toutefois demandé, en contrepartie des investissements publics, de pouvoir jeter un regard sur les comptabilités des banques, afin de s’assurer que les fonds publics ne soient pas utilisés à mauvais escient, par exemple pour financer les bénéfices des actionnaires, ou les retraites dorées des membres du conseil d’administration.

« Nous allons demander une information à la banque, conclut Elena. Je préfère ne pas me heurter à Jacquard.
 -  Il n’y a pas qu’une banque à Nexus... nota Adamante. Comment trouver la bonne ?
 -  S’il y a des poursuites judiciaires, on devrait pouvoir les trouver dans les archives du greffe du tribunal, résuma Elena. Je vais envoyer l’un de mes avocats sur place... À moins que tu ne souhaites y aller, Shad. Visiblement, tu disposes de ressources insoupçonnées. »

De fait, Elena n’était pas non plus totalement sûre que Shad ait bien tout compris à ce qui venait de se passer. Il s’agissait avant tout de détails juridiques et administratifs... Le genre de choses relativement barbantes, en somme.



[(*) Remarque : pour information, en France, il y a une séparation du contentieux civil entre trois juridictions : la juridiction de proximité, le tribunal d’instance, et le tribunal de grande instance. Dans la grande réforme judiciaire que Madame Taubira veut lancer, l’une des propositions issue des différents rapports commandés par la Chancellerie est notamment de simplifier la procédure en regroupant ces trois juridictions en une seule. Je m’inspire donc de ça pour décrire le système judiciaire nexusien ^^]
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 24 mars 2014, 18:20:24
Tout ce qui passait depuis leur arrivée au palais était un enchevêtrement  de déclarations et d’idées pour la Terranide. Depuis que sa jument avait posé un sabot dans la cour du palais et qu’elle avait été confiée à un palefrenier pour qu’il la prenne à sa charge, la Louve n’avait prononcé que très peu de mots. A vrai dire, Shad avait seulement donnait de temps à autres  des renseignements quand la Reine lui adressait sa parole ou de temps à autre, elle acquiesçait d’un mouvement de tête  affirmatif les dires d’Adamante. Mais mis à part cela, la lupine était relativement discrète et il aurait été simple d’oublier sa présence.

Shad suivit Adamante et Elena au travers des couloirs les écoutant, tentant de comprendre tout ce qu’elle disait. Quand elle était encore sur Terre, elle avait pu étudier un peu de droit et grâce à cela, la lycane n’était pas totalement perdue par les notions d’ordres juridiques que les deux femmes utilisaient. Même si une conversation purement juridique aurait tôt fait de lui donner une bonne migraine. Il n’était pas à douter que la Couronne cherchait en cet instant des renseignements liés à la vielle propriétaire du taudis précédemment visité.

Après quelques recherches et toujours des paroles échangées, la tâche semblait être toute trouvée. Se rendre dans le fameux cinquième tribunal et y cherchait des renseignements sur la vielle. Des renseignements d’autres civiles et financiers. Rien de bien difficile n’en soit et la Louve haussa un sourcil d’interrogation quand la Reine lui demanda si elle désirait se rendre sur place pour effectuer les recherches appropriées.  La lupine ne répondit pas de suite, sa queue fouettant un instant nerveusement l’air. Etait-ce sans risque après ce qui venait de se passer ? Non, si elle commençait à craindre de sortir, elle risquait de se mettre dans de sombres états.  Soufflant un peu d’air par les narines, elle acquiesça.

« Je veux bien m’y rendre et tenter de trouver toutes les informations sur cette femme. Mais, à certains endroits, les Terranides ne sont pas réellement « bien vu ».  Pour éviter tout conflit, si on m’éjecte, je ne forcerais pas et il faudra donc, envoyer un de vos avocats. »

Shad se remémora la fois où elle avait tenté de renter dans une bibliothèque au sein de la cité. Quand le propriétaire des lieux l’avait vu, il s’était empressé de la chasser, hurlant que ce n’était pas une place pour une bête ignare. Alors un tribunal….La Terranide espérait vraiment pouvoir y entrer sans encombre. Après, tout ce qui était à faire était de partir à la recherche des informations permettant de passer l’accord avec la propriétaire. Ou du moins, d’avoir assez de dossier pour  passer devant un tribunal et régler cette affaire de dettes.

La mégère avait sans douter une carte dans sa manche et avait attendu le bon moment pour l’abattre. Il ne restait maintenant plus qu’à espérer que ses informations soient fondées et véritables. Encore un fait qu’il faudra vérifier une fois que tout cela sera tiré au clair.  Enfin, pour le moment, il valait mieux déjà se mettre en route. Le dossier n’allait pas apparaître ainsi par magie.  La Terranide s’excusa un instant, observant la carte dépliée sur la table, notant de mémoire l’emplacement du tribunal.

« Bon, autant s’y rendre de suite.  Au faite Adamante, as-tu passé la fléchette empoisonnée et les notes du Père Lamb à un alchimiste royal comme convenu ? »

Pour tout avouer, l’Okami avait un doute à ce sujet, mais vieux valait demander plutôt que d’oublier un élément qui pouvait s’avérer important dans l’investigation autours de l’abattoir Mandus. Finalement, Shad jeta un dernier regard sur la carte avant de tapoter un bâtiment situé à deux rues. Un bâtiment qu’elles étaient censées visiter.

« Ne serait-ce pas l’entrepôt où Jacques était censée avoir son entrevu ? Peut-être pourrions-nous y faire un crochet et…Au tribunal ne risquent-ils pas de demander le nom et le prénom de la personne concernée ? Je veux bien chercher des informations mais sans indications civiles, ça risque d’être bien difficile. A moins que l’on puisse la retrouver par son adresse et ses dettes. »

Cette vieille femme devait bien être notée quelque part dans les dossiers de ce tribunal, d’une manière ou d’une autre. Pourtant, maintenant que la Terranide avait reconnu l’emplacement du fameux entrepôt elle venait à se demander s’il n’était pas aussi judicieux d’y faire un saut en se rendant au tribunal. Mais cela pouvait également s’avérer dangereux, surtout après l’expérience vécue près de l’abattoir.

« A moins que…Peut-être  pourrions-nous y rendre accompagnée et une fois arrivée sur place, nous séparer ? Un groupe restant pour inspecter l’entrepôt, un autre allant au tribunal ? Plus le temps passe et plus nous risquons de perdre des traces ou des informations précieuses dans ce fameux bâtiment abandonné. »

Ainsi, il leur serait possible de couvrir deux lieux à la fois et donc de récolter deux fois plus d’informations et de pièces pour l’enquête en cours.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 25 mars 2014, 02:02:05
« Je veux bien m’y rendre et tenter de trouver toutes les informations sur cette femme. Mais, à certains endroits, les Terranides ne sont pas réellement « bien vu ».  Pour éviter tout conflit, si on m’éjecte, je ne forcerais pas et il faudra donc, envoyer un de vos avocats. »

C’était une autre manie agaçante de la part de ses sujets. Une bibliothèque, comme un tribunal, constituait un établissement public, dont la caractéristique principale était d’être ouverte au public... À tout public ! Il était même interdit à un commerçant de refuser le pas de sa porte à un Terranide, car il s’agissait d’une forme de discrimination, alors, si même les administrations s’y mettaient... Elena fronça les sourcils, irritée par un tel comportement de la part de ses agents, et précisa rapidement à Shad :

« Ils n’ont pas le droit de te refuser l’entrée, Shad. La prochaine fois que ça arrive, rappelle-leur de consulter à nouveau les recueils jurisprudentiels. »

La Cour royale avait eu l’occasion de rendre des arrêtes particulièrement tonitruants en la matière, où elle avait confirmé des condamnations à l’encontre de commerçants et d’administrations publiques qui avaient refusé de laisser entrer des Terranides, en relevant le caractère discriminatoire de la mesure. Le plus récent arrêt en date datait d’il y a trente ans, et portait sur un acte administratif décidé par l’un des baillis de Nexus, qui, pour refuser la présence de Terranides autour d’une place publique avec une belle fontaine, avait rendu un arrêté limitant la liberté de circulation autour de la fontaine pour des impératifs de sécurité. La Cour royale avait cassé l’arrêté en retenant qu’il instituait une différence de traitement entre les administrés, et était donc contraire au principe de neutralité du service public. Il était navrant de voir que la mentalité des gens peinaient à évoluer.

Adamante répondit aux interrogations de Shad en lui disant qu’elle comptait justement aller voir leur alchimiste. La magicienne ne pouvait malheureusement pas encore se dédoubler. L’interrogation de Shad sur l’entrepôt reçut également une réponse appropriée : Adamante y enverrait probablement un agent, sans en dire plus. Il s’agirait de Zephyr, qui se ferait un plaisir d’y aller. Sa présence était de toute façon requise au Palais d’Ivoire, afin qu’elle puisse renseigner Adamante et Elena sur cette mystérieuse fléchette empoisonnée. Il allait donc falloir convoquer Zephyr.

« Pour l’identité de la dame, le contrat de bail fait par Jacques est consigné dans les archives du Palais. Il suffira d’en demander une transcription, ce qui ne devrait pas prendre très longtemps. Viens, je vais te présenter à l’avocat qui va aller au tribunal. »

Elena s’avança à travers les couloirs, et rejoignit le bureau de Declan (http://nathie.deviantart.com/art/Declan-Commission-288576314). L’homme était un bel avocat fringant, sur la trentaine, qui avait commencé dans un cabinet spécialisé dans le contentieux maritime... Quelque chose de très classique dans un port. Talentueux, il avait fini par être approché des services juridiques de la Couronne de Nexus, et ce n’é&tait pas vraiment le genre d’offres qu’on pouvait refuser. Comme bien des avocats, Declan était issu d’une certaine forme de bourgeoisie, mais, contrairement à ses frères, il avait toujours été irrité de voir la manière dont Nexus se dégradait, estimant que les riches gagnaient bien trop d’argent. Il avait décidé de devenir avocat pour pouvoir, à sa manière, contribuer à favoriser l’essor du droit et son effectivité auprès des plus démunis.

Quand la Reine vint le voir, Declan était en train de réfléchir à un problème qui impliquait la Couronne, et qui portait sur la recevabilité d’une action populaire intentée par un particulier pour protester contre l’insalubrité et l’insécurité de son quartier. L’action populaire était une action qui, pendant des années, avait été interdite à Nexus, avant qu’une ordonnance royale ne finisse pas l’autoriser. Cependant, les conditions de recevabilité de ce recours étaient plutôt stricts, et une action populaire avait été portée devant l’un des quelques tribunaux administratifs de Nexus, à l’encontre de la Couronne. Le propriétaire d’un quartier s’était plaint, au nom de tout le quartier, de l’état catastrophique des voiries, de la remontée des eaux usagées, de mauvaises odeurs, du manque d’entretien des rues et des canalisations, sans parler de l’absence de gardes, entraînant une hausse de l’insécurité, notamment parce que les chaînes fermant les égouts n’étaient pas assez solides, permettant ainsi à des noyeurs de s’échapper et d’attaquer les gens. Le requérant réclamait donc, devant le tribunal, que la Couronne agisse. Il s’agissait plus, en réalité, d’une demande gracieuse que réellement contentieuse, car, pour l’heure, la Couronne hésitait à contester. Il revenait justement à Declan de choisir ce qu’il fallait faire : contester, ou faire droit à la demande, et, si oui, choisir quelle était la mesure la plus adaptée pour répondre aux préoccupations du quartier.

La Reine lui annonça qu’il pouvait remiser son action populaire, car elle avait une demande particulière à lui formuler. Elle lui présenta brièvement Shad, en la présentant comme une servante qui aurait pour tâche de l’aider.

« J’ai besoin que vous alliez au 5ème C, afin de trouver des informations sur un dossier. »

Être un avocat, c’était savoir réagir face à l’imprévu : des assignations en urgence, des gardes-à-vues qui se déclenchaient subitement, une catastrophe qui venait tout droit de tomber... Un métier où on bougeait beaucoup.

« Très bien, Majesté. »

Elle lui indiqua qu’elle allait obtenir des informations sur le dossier d’ici quelques minutes. En attendant, Declan pouvait se préparer à partir. Elena avait aussi choisi Declan, parce qu’elle savait qu’il était un peu plus sociable que d’autres avocats. Elle abandonna donc Shad avec Declan. Son objectif, très simple, était d’aller voir le service d’espionnage du Palais, afin de leur demander une copie du contrat de bail. Elle aurait ainsi le nom de la vieille. Elle aurait aussi pu consulter le service de recensement ou le cadastre, mais ça aurait été encore plus long.

Entre-temps, Declan observait lentement Shad. Il portait des lunettes de vue pour consulter les actes administratifs, et les retira en l’observant.

« Hum...Autant te le dire tout de suite, je sais que tu n’es pas une servante de Sa Majesté. Et je sais aussi que l’abattoir Mandus est dans le ressort du 5ème C. »

Le « 5ème C. » n’était rien de plus qu’un acronyme pour désigner le cinquième tribunal civil. Declan sourit alors légèrement.

« Toutefois, je ne pense pas avoir envie d’en savoir plus. Quand on travaille pour une Reine, il faut savoir tenir sa langue, tu ne crois pas ? »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 25 mars 2014, 21:06:31
La Terranide hocha la tête quant à la réponse de la Reine face aux divergences qu’elle avait eues par le passé en voulant rentrer dans une bibliothèque. Bien sûr, la Louve savait qu’elle avait été victime de discrimination mais tenter de faire entendre raison n’aurait fait que conduire à des coups et blessures, ce qui aurait pu conduire à  son arrestation. Bien sûr, la lycane ne se gênait pas pour tuer dans la cité si cela était nécessaire, il s’agissait là d’auto-défense plutôt que de vrais meurtres. Même si ces derniers pouvaient  être pris comme tel.

Mais au moins, Shad avait de quoi répondre la prochaine fois qu’on lui interdirait un accès au sein d’un bâtiment quelconque de la cité.  Une bonne chose en soit, qu’elle réutilisera si besoin dans un futur proche ou lointain.  Sa question sur l’entrepôt  eu également droit à sa réponse et la lycane ne chercha pas plus à savoir quel agent y serait envoyé. Elle ne pouvait juste que lui souhaiter de rester sur ses gardes.  Ironiquement, si cet agent viendrait à disparaître alors qu’il était en mission à cet endroit précis, un lien étroit pourrait être créé entre la disparition de Jacques et l’abattoir. Mais cela était créer des conclusions bien trop hâtives. Surtout que Shad ne désirait pas que cet agent court le moindre danger.

Finalement, elle suivit la Reine au travers des couloirs, arrivant jusqu’à un bureau où elle fut présentée à l’avocat présent, du nom de  Declan. La Terranide fut de nouveau présentée comme une servante et elle comprit bien vite que cet homme l’accompagnerait dans ses recherches au 5ème tribunal. Bien évidemment, elle n’allait pas s’en plaindre, mieux valait être accompagné d’une personne compétente dans le domaine juridique quand on se rendait dans un tel lieu. De plus, la lycane supposait que Declan pourrait user du jargon propre à sa profession pour trouver plus rapidement les renseignements dont ils avaient besoin.

A peine Elena s’était-elle éclipsée pour chercher les documents liés au bail payée par Jacques à l’encontre de la vieille que l’avocat de la Couronne pointa son doigt sur deux points important. L’identité de la Terranide et l’emplacement du 5ème C. La Louve cligna des yeux un instant, avant de sourire d’un air amusé. Décidément, cet homme avait vu juste.

« Je ne peux rien te cacher. Non, je ne suis pas une servante ou une domestique de la Reine, mais une fois arrivée au 5ème C mieux vaut faire comme si c’était le cas. Et je suppose que tu as également des soupçons sur ce fameux abattoir ? »

A croire que les avis face à l’abattoir Mandus étaient divergents. La Terranide se demandaient bien de quel côté se rangeait  Declan, était-ce de celui de ceux qui y voit un bienfaiteur ou bien de ceux méfiant à son égards qui trouvaient que cet abattoir dissimulée une face sombre aux yeux de tous ?  La Louve quant à elle était plus du côté du deuxième  groupe, elle se méfiait de cet abattoir dorénavant comme de la peste. Mais temps qu’elle n’avait pas d’élément probant, elle ne pouvait réellement aller contre sa réputation.

La Reine revint bien vite avec les papiers nécessaires aux recherches, ce qui signifiait en soit le départ imminent des deux « enquêteurs ». Shad laissa le temps à l’avocat de se préparer avant de prendre la direction du 5ème tribunal. Les bâtiments  de type juridique avait toujours cette masse imposante qui pouvait impressionner plus d’un.  La lycane pénétra dans le bâtiment en compagnie de Declan, restant à ses côtés comme si elle eut été une domestique de la Reine.  Elle ne put s’empêcher d’observer l’intérieur du bâtiment et vint à se demander dans quelle section ils devraient se rendre.

Elle savait cependant que Declan devait savoir comment circuler sans heurt dans une pareille administration et c’est en silence qu’elle le suivait, répondant de temps à autres à des questions qui lui seraient posés. La première chose qu’ils avaient à faire était d’aller voir le service s’occupant des litiges financiers et de présenter le bail afin d’obtenir des renseignement sur la vieille dame, à savoir son identité et le montant de ses dettes.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 27 mars 2014, 02:49:16
« Je ne peux rien te cacher. Non, je ne suis pas une servante ou une domestique de la Reine, mais une fois arrivée au 5ème C mieux vaut faire comme si c’était le cas. Et je suppose que tu as également des soupçons sur ce fameux abattoir ?
 -  Je sais que Sa Majesté souhaite s’y rendre, répliqua rapidement Declan, et que, en conséquence, plusieurs de mes collègues se renseignent sur cet abattoir. »

C’était une réponse très neutre, car, très simplement, Declan n’entendait pas se fier aux rumeurs. Il savait que beaucoup de gens critiquaient cet abattoir, y voyant une manœuvre mercantile de Mandus pour exploiter des gens, une sorte d’action populaire, probablement à des fins politiques. Cependant, Declan savait aussi que ceux qui le critiquaient appartenaient généralement au même milieu : le consortium industriel, le « système », comme on l’appelait parfois. Un regroupement de nobles, de bourgeois, qui étaient tous corrompus, privilégiant leurs intérêts personnels au détriment de la société. Ils voyaient évidemment l’abattoir d’un mauvais œil. Declan ne comptait pas juger Mandus simplement sur la base de préjugés. Faute de preuves, toute atteinte envers l’intégrité de l’homme d’affaires était, soit du cynisme mal placé, soit de la jalousie. Declan n’était ni l’un ni l’autre. Il était un avocat, un homme de loi, et un homme de loi n’émettait un avis que sur la base de faits objectifs Tout ce qu’il savait, pour l’heure, c’était que la manière dont Oswald avait acquis la propriété des anciens immeubles ayant servi à la construction de l’abattoir était régulière, tout comme la provenance des fonds. Il en avait parlé avec un collègue du cabinet, qui avait obtenu une copie des actes notariés ayant permis à Oswald d’acheter des immeubles insalubres, de les raser, et de reconstruire ensuite son abattoir. La construction avait été assurée par l’une des plus grosses guildes de Nexus, et avait réuni de nombreux bâtisseurs et ouvriers.

La Reine ne tarda pas à revenir, en ayant en main une transcription de l’acte de bail. Le nom de la propriétaire y figurait. Elle avait du utiliser un formulaire de contrat-type. Les mairies et les palais de justice en fournissaient gratuitement, les accompagnant d’un formulaire détachable qui permettait d’en expliquer le contenu de manière claire, afin que les propriétaires sachent dans quoi ils s’engagent. Vu l’état de l’appartement, il était probable que la vieille s’était torchée le cul sur les différents articles, mais avait malgré tout signé là où il fallait signer.

« Bon, allons-y. »

Declan se mit en marche. Il ignorait que le locataire était un espion, et la convention n’indiquait pas pourquoi cet homme avait choisi de signer, mais Declan savait que ce n’était pas pour profiter des bas-fonds. La somme proposée était largement prohibitive, et si, en soi, les parties étaient libres de fixer la somme qu’ils voulaient, n’importe qui aurait compris que la propriétaire était en train de rouler le locataire. À ce prix-là, il fallait que tout soit parfait et irréprochable, ce qui, dans les bas-fonds, n’était jamais le cas. D’une démarche élancée, Declan quitta les bureaux. Se rendre au 5ème C. ne lui faisait pas énormément plaisir, car il allait perdre du temps, mais c’était un ordre de la Reine, et la Reine n’était pas une cliente comme les autres.

Tandis qu’Adamante se renseignait sur la comptabilité de l’entreprise de Mandus, afin de trouver l’expert-comptable de la société, Declan alla dans une calèche, en compagnie de Shad, et demanda à ce qu’on les conduise au 5ème tribunal civil. Il y en aurait pour une bonne demi-heure, et, tandis que la calèche s’avançait le long des rues pavées de Nexus, Declan était plongé dans ses pensées. Il savait que cette Terranide n’était pas là pour l’espionner, aussi se demandait-il ce qu’elle avait à voir dans cette histoire. Declan, effectivement, était loin d’être idiot, et il avait bien compris que tout tournait autour de l’abattoir Mandus. Qu’est-ce que la Reine soupçonnait ? Son action populaire lui semblait alors passer au second plan devant ce qui se tramait. La calèche, en rejoignant le tribunal, passa d’ailleurs devant l’abattoir, et Declan se permit de l’observer. Les grilles étaient ouvertes, et des ouvriers entraient et en ressortaient fréquemment. Des affiches placardées sur le mur annonçaient fièrement la venue prochaine de la Reine dans l’établissement.

La calèche s’arrêta ensuite devant le palais de justice, reconnaissable avec une série de colonnes en marbre. Remerciant le cocher, et lui demandant de les attendre, Declan sortit, et grimpa les marches du perron, entrant dans l’antichambre du hall d’accueil. Un escalier principal situé devant menait directement à la grande salle d’audience, dont les portes étaient ouvertes. Un huissier de justice surveillait l’entrée, et hocha lentement la tête, saluant Declan.

« Si vous avez des armes, déposez-les à l’entrée, il y a des détecteurs », expliqua Declan à la femme.

Des cristaux détectaient le métal, l’argent, et d’autres matériaux dont on se servait pour forger les armes. Declan rejoignit le bureau du greffe, qui faisait office d’accueil, et annonça vouloir consulter les archives du palais. La greffière, qui était en train de ranger des formulaires, ne s’y opposa pas. Declan était un avocat récurrent du 5ème C., où il plaidait souvent, et c’était un droit individuel que de pouvoir consulter les archives. N’importe quel individu avait le droit de savoir ce que la justice avait sur lui, les seules exceptions tenant à la matière pénale. La greffière conduisit Declan et Shad dans une grande pièce avec des bibliothèques et des armoires abritant tout un fatras de papiers, de formulaires. En théorie, un huissier devait les accompagner, afin de s’assurer qu’ils ne cherchent pas à détruire les papiers, mais la greffière faisait confiance à Declan. De toute manière, il y avait d’autres employés dans la pièce, qui triaient, archivaient, rangeaient, et mettaient à jour.

La remerciant, ce dernier s’aventura sur le registre. Les affaires étaient répertoriées par l’ordre alphabétique du demandeur, et Declan consulta donc les affaires instruites par les banques. Sous le nom du demandeur, on voyait ceux des défendeurs assignés par ce dernier, ainsi que les numéros de rôle. Après quelques minutes à fouiller, Declan finit par avoir ce qu’il cherchait : le nom de la femme, ainsi que le numéro d’inscription au rôle. Declan laissa la page ouverte, et alla chercher un autre registre, répertoriant toutes les affaires pendantes devant le tribunal, et qui étaient classées par leur numéro d’inscription. Il trouva le numéro qu’il cherchait, et put voir que l’affaire était toujours en phase d’instruction, et était jugée par Meynard, une juge intègre. Impossible d’en savoir plus sans se heurter au secret de l’instruction. Declan avait cependant le nom de la banque : la Banque Vivaldi. Elle était tenue par une famille de nains. Ils s’étaient installés à Nexus il y a des siècles, venant des royaumes nains à proximité, d’où ils faisaient du commerce avec les Nexusiens. Ils avaient fondé une banque à Nexus, et, avec le temps, n’étaient plus devenus que des banquiers. Visiblement, Vivaldi poursuivait un certain nombre de débiteurs.

« On a ce qu’on voulait, trancha Declan. Tu veux retourner au Palais, ou me suivre ? Tant qu’à faire, je vais profiter d’être ici pour aller me renseigner sur d’autres dossiers en cours. »

Il s’agissait surtout de son action populaire. Le quartier concerné était à proximité, et il pouvait être bon d’aller le voir, afin d’en savoir plus sur ce qui se passait là-bas.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le jeudi 27 mars 2014, 17:49:26
A la simple idée de déposer ses armes à l’entrée du bâtiment, la Louve eut un moment de réticence. Cette idée ne lui plaisait guère mais pourtant elle n’avait pas trop le choix et devait se plier au règlement. Elle retira donc  sa paire de lames sanglée à ses hanches dans un étui de cuir avant de retirer ses gants fait de la même manière, enveloppant les lames à  l’intérieur de ces derniers.  Elle déposa le tout dans la corbeille fait à cet effet et face au regard interrogatif de l’homme chargé de la sécurité et des ports des armes, la Terranide lui précisa qu’elle venait simplement de les déposer. Sans donner de plus amples informations.

Elle accompagna par la suite Declan dans sa recherche d’information, observant également les dossiers, aidant à  trouver celui qui était la cible.  Bien évidemment, la Louve aurait préférée avoir un nom pour faciliter l’investigation mais cela ne semblait pas gêner l’avocat qui parvint à trouver le dossier escompté. Ou du moins à savoir à quelle banque était ralliée l’histoire de la propriétaire de Jacques. Demandant accès au dossier, la Terranide y jeta également un œil,  lisant rapidement les informations inscrite sur le contrat de bail,  elle sut également quel était le nom de la mégère : Agatha Christie.

Mais rien sur le montant de sa dette, sans doute  faudrait-il se rendre au sein de la banque Vivaldi pour recevoir cette information. Comble de l’ironie, la vieille avait un homonyme terrien qui n’était autre qu’une romancière de série policière. Et l’Agatha de Terra était également mêlée d’une certaine façon à une enquête policière.  Une enquête qui ne se réalisait bien sûr pas d’un simple claquement de doigt, mais la lupine savait qu’à la fin, tous les aboutissements de cette étrange histoire seront dévoilés. Il suffisait juste pour cela d’être patient et de surtout fouiner un peu partout.

« Je pense que je vais rester un peu, qui sait si je découvre encore des éléments intéressants »

Bien sûr, elle ne ferait rien de probant et accompagnerait simplement l’avocat dans  ses démarches, mais la lycane refusait aussi d’admettre qu’elle ne voulait pas le laisser seul pour une bonne raison, le risque qu’il pouvait encourir.  Shad n’était pas dupe au point de ne pas savoir que ses précédents agresseurs ne devaient pas espionner chacun de ses faits et gestes ainsi que ceux de la Couronne. Et il était fort à parier que Declan pouvait être une cible provisoire.  Oh, la Louve ne se nommer pas garde du corps, loin de là, mais c’était pour elle un principe en cet instant. Avoir un deuxième disparu ne serait pas un fait qui pourrait être accueilli à bras ouvert.

« Où se trouve la Banque Vivaldi ? C’est la première fois que j’entends ce nom »

Pourquoi donc nier le contraire ? Si Declan lui avait demandé de se rendre à la banque  Vivaldi, la lycane se serait retrouvée perdue à chercher un bâtiment dont elle en connaissait aucune l’emplacement, cette dernière pouvait aussi bien se trouver dans le même secteur que celui du tribunal ou dans un secteur complétement à l’opposé.  Une dernière question trottait dans la  tête de la Terranide, mais elle n’avait pas besoin de la poser à l’avocat. La raison ? Il s’agissait ni plus ni moins des dossiers dont il avait fait mention et elle se demandait leur nature. Bien sûr ces dernières auront bien vite leur réponse.

[hrp : pas grand chose désolé :/ ]
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le samedi 29 mars 2014, 02:22:00
Le duo sortit du palais, n’ayant plus rien à y faire. On redonna à Shad ses armes, et, une fois dans la rue, cette dernière lui posa une question : l’emplacement de la Banque Vivaldi. Declan s’avança le long du trottoir, et ne tarda guère à lui répondre.

« La Banque Vivaldi a son siège dans un autre quartier que celui-ci, mais elle a des agences et des succursales un peu partout. »

Il lui expliqua que cette banque était surtout connue par les nains, car elle était tenue par les Vivaldi, une famille de nains. Il lui expliqua plus en détail l’histoire de cette banque : elle avait été formée par des mineurs qui avaient décidé de mettre en commun leurs fonds. Les Vivaldi avaient ainsi choisi de collecter l’argent que les mineurs obtenaient à Nexus en vendant leurs minerais pour pouvoir ensuite les distribuer aux différents nains. Le montage financier était un peu compliqué, mais, en gros, les activités minières des nains étaient gérées par des groupements collectifs, qu’on appelait généralement des corporations, chaque corporation ayant à sa tête de puissantes familles naines. En soi, c’était le même schéma que pour les guildes, à peu de choses près. Les nains s’affiliaient à une corporation, et c’était cette corporation qui se chargeait de vendre les minerais extraits par les nains dans les mines, redistribuant ensuite l’argent obtenu.

Declan marchait le long des rues, saluant parfois quelques personnes qui le reconnaissaient. Le quartier du 5ème Tribunal civil était un endroit où Declan se rendait souvent pour plaider. Il s’était notamment fait connaître en poursuivant le maître d’une guilde qui ne respectait pas la législation sociale, en ne donnant pas assez d’argent à ses ouvriers. Ce genre d’affaires, ça assurait votre popularité. On voyait parfois quelques nains passer, ainsi que des elfes, ou encore des Terranides.

« L’avarice des nains n’est pas qu’une légende, Shad, c’est aussi quelque chose de réel. Les nains qui vendaient leurs produits à Nexus craignaient, et à juste titre, de se faire attaquer en cours de route par des brigands. »

Ceci avait conduit les nains à former des convois militaires, mais les mineurs avaient rapidement décidé que ce système n’était pas optimal, car il fallait payer les gardiens, leurs armes, ce qui, naturellement, se ressentait sur les bénéfices. Des charges supplémentaires devaient être prises en compte dans la comptabilité de la trésorerie, et un autre système avait été trouvé : les lettres de change. L’idée était d’amener les nains à ne plus transporter leur or, mais à le laisser à Nexus, dans des coffres verrouillés. D’autres justifications avaient permis le recours à la lettre de change, notamment des problèmes monétaires. La monnaie utilisée à Nexus n’était pas la même que celle des royaumes nains, et, dans ce scénario, une lettre de change permettait de payer dans la monnaie du pays qu’on visait. De plus, en regroupant leur argent, les nains avaient remarqué qu’il était possible de s’enrichir davantage. Ils avaient découvert la notion de taux d’intérêts et de capitalisation boursière.

La Banque Vivaldi s’était ainsi développée, et était aujourd’hui une banque reconnue, favorable aux nains. Cependant, elle ne se résumait pas qu’à cette clientèle. Si Declan avait connu la France, il aurait pu comparer cette banque au Crédit agricole, qui était traditionnellement tournée vers les agriculteurs, mais sans se limiter exclusivement à eux. Par analogie, la Banque Vivaldi était donc favorable aux nains, et aux échanges miniers, où elle avait des spécialistes qui pouvaient conseiller les mineurs, et leur éviter ainsi de se faire avoir.

Tout en dévissant, Declan avait fini par rejoindre le quartier où une action populaire était en cours devant la justice. Il rejoignit le poste de garde, et se présenta devant l’officier le plus haut gradé du petit poste : un sergent moustachu avec un léger embonpoint.

« Oui, oui, je vois... Je vois que le Palais est toujours aussi rapide quand il s’agit de traiter mes demandes, même si, pour être honnête, je ne m’attendais pas à voir un avocat. »

Étonné, Declan fronça les sourcils. Ses demandes ? Quelles demandes ? Le sergent fut également étonné.

« Hum... Et bien, suivez-moi. »

Tout en marchant, le sergent lui expliqua que, ce matin, les récolteurs étaient tombés sur un truc très spécial, si spécial que le sergent avait envoyé un rapport pour transmettre l’information à ses supérieurs hiérarchiques. Declan, de son côté, expliqua à Shad que les récolteurs étaient un terme officieux désignant les manants et les clochards. Le matin, ils se réunissaient près d’une bouche d’égout pour essayer de trouver, dans la fange et la boue, des victuailles et des provisions parmi ce que Nexus recrachait. Ce n’était pas très honorable ni agréable à voir, mais ça leur permettait de vivre... Plus ou moins. Pendant un temps, il avait été question de l’interdire, mais les manants bravaient les arrêtés municipaux, et, plutôt que de l’interdire, la municipalité avait décidé de l’encadrer. L’idée était d’éviter la transmission de maladies contagieuses, principalement.

Le petit trio rejoignit un pont surplombant une espèce de rivière verdâtre.

« C’est ici qu’ils récoltent. »

L’odeur n’était pas très agréable, et le trio descendit un petit escalier menant le long de ce canal boueux. Le sergent était en tête. Declan, de son côté, se disait que l’odeur devait être encore plus difficile à soutenir pour Shad, car elle avait, en tant que Terranide, des narines plus sensibles. Ils arrivèrent à l’entrée du canal, une grille d’où de l’eau s’échappait.

« Les gardes qui surveillaient les récolteurs l’ont confirmé... Une grande quantité de sang est sortie du tunnel. Voyez, on peut encore en voir les traces sur les barreaux de la grille. »

Sur ces dernières, on pouvait effectivement voir des traces rougeoyantes.

« C’est curieux, vous ne trouvez pas, non ? »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 29 mars 2014, 18:46:38
Les nains étaient très portés sur l’or et il n’était pas difficile de deviner qu’une banque leur appartenant devait être particulièrement protégée. Ainsi, si une personne voulait être sûre d’avoir son argent en sécurité, une banque naine était l’un des choix les plus judicieux qu’il pouvait faire. Mais ce service avait également un prix, et la Louve ne serait pas étonnée d’entendre que poser son or dans un établissement nain revenait plus cher que dans un établissement humain. Cependant, le service y était fort différent ce qui pouvait confirmer cette différence de prix de service. Outre la forte réputation des banques naines, la Terranide se demandait si une autre race ouvrait également de tels bâtiments où étaient stockés en masse les revenus de chacun.

Pendant qu’elle marchait aux côtés de l’avocat, la Louve fit rapidement l’inventaire des races qu’elle connaissait.  Des elfes ? Leur banque pourrait être protégée par magie mais ils ne seraient sans doute pas aussi avares que les nains. Alors quelle créature pouvait supplanter ces humanoïdes dans le domaine financier ? La révélation vint quelques minutes plus tard, alors que le groupe prenait un tournant et que Declan saluait quelques-uns de ses anciens clients. Pire que le nain en termes d’avarice il y’avait le gobelin.  Ces petits êtres étaient connus pour leur cupidité et leur avarice légendaire. Un trésor pouvait être découvert contre de nombreuses vies ? Le gobelin y fonçait tête baissée faisait fit des pertes que cela pouvait engendrer. Ainsi, la lupine vint à se questionner si une banque gobeline existait à Nexus.

Si tel était le cas, elle s’imaginait bien que cette dernière devait posséder un système de sécurité fort élaborée et que chaque compte déposé était soigneusement surveillé.  Peut-être partirait-elle à la recherche d’une telle banque si le temps le lui permettait  plus tard, après cette étrange affaire. Outre le fait de chercher une banque gobeline au sein de Nexus, la Terranide aurait également tout le loisir d’inspecter et de découvrir des recoins où elle ne s’était jamais rendue pour l’instant n’y voyant aucun intérêt à le faire.  Plongée dans ses pensées, elle ne remarqua pas de suite qu’ils étaient enfin arrivés à destination.

Son regard se porta sur le sergent qui semblait quelque peu gêné par ce qu’il avait dû découvrir le matin même. Le temps n’était plus à la parole et il était mieux avisé de montrer de quoi il en retournait. Le petit groupe fut donc amené aux abords d’un canal boueux, malodorant et poisseux. La forte odeur de déchets et de crasses assaillit la Terranide qui mit une main rapidement devant ses narines, fronçant ses sourcils sous l’odeur.  Elle venait même à se demander comment des gens pouvaient vivre dans de telles conditions ou même chercher leurs nourritures au milieu de toutes ces immondices. Mêmes les porcs ne  vivaient pas avec leurs déchets organiques.

« Les gardes qui surveillaient les récolteurs l’ont confirmé... Une grande quantité de sang est sortie du tunnel. Voyez, on peut encore en voir les traces sur les barreaux de la grille. »

Immédiatement,  la ligne de mire de la Louve se porta sur la fameuse grille où il était possible d’y voir quelques traces de sang sur les barreaux. Plissant les yeux, elle observa quelques secondes attentivement avant de voir comme un léger mouvement  se passant derrière la grille où l’eau poisseuse s’écoulait sans cesse.  Le mouvement fut rapide mais elle était sûre d’une chose, quelque chose était coincée derrières ces barreaux de métal. Pourtant il était hors de question qu’elle y mette les pieds dedans et expliquait ce qu’elle avait peut-être vu risquait de prendre du temps. Elle n’avait donc que d’autres choix que d’agir en vitesse avant de voir cette masse disparaître.

Au-dessus de la grille se trouvait une autre qui servait en réalité de rambarde à une espèce de petit pont enjambant l’hideux canal. La Louve retira rapidement sa toge, la cape flottant derrière elle pouvait gêner ses futurs mouvements. Elle resta donc en simple armure de cuir.

« Je reviens, gardez-moi ça. »

La louve prit une inspiration redoutant déjà le moment où son nez  effleurera presque la surface de l’eau. Rien qu’à penser aux odeurs nauséabondes ne lui donnait déjà des hauts le cœur, mais elle ne pouvait se permettre de perdre plus de temps. La  Terranide monta rapidement sur le pont et s’y accrocha, se tenant d’une main  à un barreau, l’autre passant entre ceux servant à laisser l’eau s’écoulait. Elle le sentait, ses doigts frôlaient un tissu mais elle n’arrivait pas à l’atteindre, à chaque fois les petits vagues faisaient reculer sa cible. La lycane pesta et vit un garde portant une hallebarde passée non loin. Sans la moindre gêne, elle l’interpella.

« Hé ! Envoie ton arme ! Ne discute pas, je te la rends après ! »

Le garde resta incrédule un moment, clignant des yeux. La Terranide n’en démordu pas, réitérant sa demande, mettant cette fois l’accent sur le fait qu’il se devait se hâter. Finalement, la hallebarde lui fut passée et Shad la fit passer entre les barreaux, utilisant l’espèce de pointe recourbée pour agripper sa cible. Tirant un bon coup elle l’emmena contre la grille et le choc produit lui fit perdre l’équilibre. La Terranide chuta dans l’eau crasseuse et elle y sortie en toussotant, crachant  les reflux qui avaient pu rentrer dans sa bouche. Son regard se porta rapidement vers la grille et un frisson lui parcouru l’échine.

« Venez voir ! »

Tout contre la grille se trouvait un homme, yeux révulsés, air cadavérique. Un mort dont le corps semblait portée la marque de nombreuses coups de dents, comme si on cherchait à le grignoter. Finalement ne tenant plus face aux odeurs,  la Terranide bloqua l’arme de sorte à ce que l’arme et le cadavre reste contre la grille puis elle sortit du canal, frissonnant légèrement. Portant rapidement une main contre sa bouche, elle ravala un haut le cœur, manquant de rejeter sur la voie publique. Son regard se porta vers le cadavre et d’un air cynique, elle déclara :

« On sait maintenant d’où vient cette odeur de mort….Je pense que vous tenez quelque chose d’intéressant. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 31 mars 2014, 02:06:49
Shad avait visiblement vu quelque chose, et tendit à Declan sa cape. Intrigué, ce dernier l’attrapa et la plia autour de son bras, avant de voir la jeune femme aller sur le toit de la bouche d’égout, se rapprochant d’une autre grille, qui permettait d’entrer à l’intérieur.

« Faites attention ! »

Il aurait aussi été possible de passer par une porte permettant d’entrer dans les égouts, mais cette dernière était fermée, et le sergent avait laissé les clefs au poste de garde. Nerveux, ce dernier se demandait bien ce que cette Terranide était en train de faire, et, en quête d’informations, tourna sa tête vers l’avocat.

« C’est votre assistante ? »

Declan pencha légèrement la tête en réfléchissant à la meilleure réponse appropriée.

« C’est la Reine qui me l’a envoyé.
 -  La... La Reine ?! » s’étrangla le sergent, les yeux ébahis.

Declan hocha lentement la tête. Au-dessus de Shad, sur un pont, une patrouille venait de passer, comprenant quelques hallebardiers, qui regardèrent cette curieuse Terranide, probablement en la prenant pour un quelconque voyou. L’und ‘entre eux se pencha par-dessus le pont, afin de la chasser de là, mais, à sa surprise, il entendit Shad lui demander son hallebarde.L’homme hésita un peu, ayant bien envie de lui donner un coup de bâton pour ça, mais il remarqua alors, en contrebas, la présence du sergent, qui lui ordonna d’obéir.

« Cette Terranide est mandatée par la Reine, bougre d’âne ! »

Le hallebardier pâlit sur place. On avait beau critiquer la Reine et la tourner en dérision dans les rades et les bouis-bouis infects de la ville, la Reine Elena Ivory restait tout de même la Reine. Et, de plus, un ordre d’un sergent, ça ne se discutait pas. Le hallebardier, qui n’était qu’un simple caporal, tendit donc son arme. Il fut assez surpris de voir cette petite Terranide être capable de la manier, et elle l’utilisa pour entrer dans les égouts, plongeant dans l’eau la tête première. Néanmoins, elle remarqua la présence d’un cadavre, et aida ainsi Declan et le sergent à le voir.

Declan en fut surpris, et le sergent en resta bouche bée. Il ordonna ensuite à la patrouille d’aller chercher la clef de l’égout, et d’amener un médecin.

« Mais pas demain, remuez-vous le cul, bande d’incapables ! »

L’avocat demanda alors aux hommes d’essayer de leur apporter également une carte des égouts.

« Je suis sûr que ce n’est rien, expliqua le sergent à Declan. Un drogué, ou un récolteur qui aura essayé de s’infiltrer dans les égouts...Les gens racontent quantité de mythes sur des trésors dissimulés dans les égouts, et certains prennent parfois le risque de s’y rendre. Il aura été attaqué par un noyeur ou une goule... Ou alors, c’était un simple trafiquant. »

Rien, en somme, qui nécessiterait qu’un avocat s’y attarde.

« On en met plein dans les morgues » renchérit d’ailleurs le sergent.

Declan hocha lentement la tête, sans rien dire, intrigué malgré lui. Curieusement, il avait en tête l’abattoir de Mandus. Il attendit que Shad revienne. Elle était toute puante, couverte d’une eau crasseuse.

« Hum... Bravo pour votre intervention, Shad, mais je crois que vous avez besoin d’un bon bain... Il y a des thermes à proximité, vous n’avez qu’à y aller, et demander à ce qu’on nettoie aussi vos vêtements. Le temps que ces braves soldats amènent le cadavre et l’auscultent, il s’écoulera bien une petite heure. Nous n’aurons qu’à nous retrouver au poste de garde. Si ça ne vous fait rien, je vais conserver cette cape. »

Declan lui offrit ensuite plusieurs pièces pour qu’elle aille se nettoyer.

« Après tout, se justifia-t-il, c’est en partie de ma faute si vous avez fait un joli plongeon. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 31 mars 2014, 20:53:48
La remarque du sergent fit grimacer la Terranide qui était encore dans l’eau poisseuse à cet instant. Pour elle, ce cadavre ne pouvait pas être là par le fruit du hasard. Et puis, une goule ? Sincèrement ? Elle n’y croyait pas. La  Louve avait déjà eu affaire à ses nécrophages par le passé et les coups de morsures présents sur le corps du mort n’était pas l’œuvre d’une goule. De plus, on entendrait cette dernière poussait de longs hurlements lugubres sans arrêt.  Après, la piste du noyeur n’était pas à exclure mais la victime semblait être bien trop amochée pour seulement avoir été noyée.

Non décidemment, l’Okami n’aimait que trop peu sa découverte macabre. Elle relâcha enfin l’arme qu’elle maintenait encore légèrement quand d’autres hommes descendirent dans l’eau crasseuse afin de s’occuper du macchabé. Shad ne se fit pas prier pour sortir de ce canal infect, tentant de ne pas trop humer l’air autours d’elle.  Elle rejoignit ainsi Declan et ne fut guère étonnée d’entendre ses paroles. Le regard de la Terranide se porta sur elle-même et elle afficha un air de dégoût, prenant les pièces que l’avocat lui tendait :

« Je m’en serais passée croyez moi.  Vous pouvez la garder je la récupérerai au poste de garde. Faites attention quand même. Et merci pour l’argent. »

Elle se tourna vers le canal où le corps était soigneusement sortie de l’eau et mis sur une espèce de brancard, sans nul doute pour se faire ausculter. Quelques curieux s’étaient attroupés devant la fange et observait  le spectacle avant de retourner à leur occupation. Pour eux,  ce n’était qu’un autre cadavre de plus qu’on sortait de cette eau croupie.  La Terranide reporta son attention sur Declan, déclarant à voix basse :

« Je compte sur vous pour me faire part de tout ce que vous auriez pu apprendre et voir si il y’a des liens avec les précédents morts qu’ils auraient pu trouver. »

Certes, cela pouvait être pris comme un ordre mais il s’agissait là plutôt d’une requête. Après tout, la lycane devrait s’absenter quelques temps pour retirer toute la crasse qu’elle avait sur elle et pendant ce temps, elle ne pourrait savoir ce qui serait dit ou découvert. Elle s’inclina donc légèrement, saluant l’avocat avant de filer aux thermes. Quelques minutes de plus à  sentir cette odeur putride et elle aurait pu remettre son déjeuner.  La louve arriva rapidement à destination.

Les thermes étaient un lieu public divisé en deux parties : Les hommes et les femmes. Il n’existait pas de bain mixte bien que certains bravaient cet interdit. L’intérieur du bâtiment faisait fortement pensé à l’architecture gréco-romaine de la Terre. Des colonnes de marbres étaient disposées tout du long, soutenant le plafond, le sol était marbré de dalle blanche comme l’ivoire et diverses fontaines étaient présentes d’où s’écoulaient un filet d’eau continuel.  Plus que des thermes pour se laver, cet endroit avait avant tout l’air d’un lieu où la détente était de mise. Shad se rendit à l’accueil et comme elle aurait pu s’y attendre, on tenta de la chasser prétextant que son odeur pouvait faire fuir les honnêtes clients et qu’en prime vu qu’elle était Terrandie elle n’avait rien à faire ici. Mais cette fois, la Louve répondit au quart de tour, utilisant ce que lui avait dit la Reine dans de tel cas. Une telle réponse étonna la guichetière et la lycane ne lui laissa pas le temps de réfléchir, posant l’or devant elle :

« Comme je l’ai dit, c’est un lieu public, donc ouvert à tous. Même à moi. Et puis je vous paye, vous n’avez pas le droit de m’interdire de me laver. »

Les pièces d’or furent ramassées et rangé dans une sorte de mini-coffret. Puis, la Louve fut conduite dans une partie des thermes où se rendaient tous ceux qui avaient plus besoin de se laver que de profiter des sources chaudes. La Louve remercia la personne d’un hochement de tête et retira ses vêtements crasseux avant de glisser dans l’eau. Un petit soupir d’aise lui échappa quand elle sentit le contact de l’eau chaude contre sa peau. Ne perdant pas une seconde, l’Okami attrapa de quoi se frotter et retira toute la crasse qu’elle avait sur elle avant de se laver jusqu’à être sûre que toute mauvaise odeur était enfin partie.

Pendant ce temps, ses affaires furent prises et rapidement nettoyée. La Terranide garda néanmoins prêt d’elle ses armes et son médaillon arachnéen.  Trois quart d’heures plus tard, elle ressortait des thermes, propre et lavée tout comme ses effets personnels. La Louve se dirigea par la suite vers le poste de garde où elle était censé retrouvée Declan.  Sur le chemin, elle espérait ne pas avoir de mauvaises surprises et prises de doute, elle accéléra son pas de course.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 02 avril 2014, 02:31:02
Le poste de garde abritait une morgue, qu’on utilisait généralement pour regrouper les individus morts pendant la nuit. Toxicomanes ayant fait une overdose, prostituées de rues tombant sur le mauvais client, soudards, clochards attaqués par des monstres ou par des escrocs, les nuits à Nexus n’étaient jamais très calmes. La ville flanchait sous le poids d’une surpopulation galopante, une conséquence de la guerre entre Nexus et Ashnard, qui contraignait bon nombre de pays proches et de serfs à immigrer dans la ville. C’était l’une des principales raisons de la crise économique qui était en train de gangréner le pays, car il était difficile d’accueillir cet afflux de migrants, d’autant plus que le budget royal était en grande partie consacré à l’effort de guerre contre les Ashnardiens. Difficile de trouver des fonds pour rénover les logements dégradés par l’afflux de migrants, ou pour construire de nouveaux bâtiments. C’était presque un cercle vicieux, et, en ce qui concernait les morgues et les cimetières, ces derniers avaient tendance à être pleins... Ce qui, par ailleurs, conduisait à une hausse notable des invasions de goules et de créatures nécrophages dans les cimetières de la ville, si bien que certains étaient fermés la nuit.

Le cadavre fut déposé sur une table centrale, et on entreprit de le nettoyer, enlevant la crasse qui recouvrait le corps squelettique.

« Quelle odeur !
 - C’est insupportable ! »

Declan devait bien avouer qu’ils n’avaient pas tort. Ce n’était pas que l’odeur des égouts, il y avait aussi quelque chose d’autre... L’un des éléments de détail dont on parlait peu quand on faisait du droit, c’était qu’on tombait souvent sur des gens qui ignoraient toute forme d’hygiène. C’était vrai en prison ou lors des gardes-à-vues, où il arrivait que les prévenus portent leurs vêtements de la veille, au moment de leur arrestation, ce qui dégageait une odeur assez redoutable. Declan se souvenait également de clients incapables de se laver, qui fumaient d’énormes cigares atroces dans les toilettes, avant de balancer leur mégot dans le pot, et de se masturber dans la salle d’attente* en attendant qu’il puisse les recevoir. Les gardes devaient aussi avoir l’habitude, dans le coin, d’arrêter des types éméchés ou défoncés aux narcotiques, qui puaient comme si une congrégation de putois s’était réunie sous leurs aisselles.

Le sergent alla chercher un médecin, tandis que Declan restait dans la morgue. La victime était rachitique, et n’avait littéralement plus que la peau sur les os, et encore... Par endroit, on pouvait voir des morceaux d’os. Il devait être mort depuis plusieurs jours, et son corps avait été partiellement déchiqueté, probablement par des noyeurs, ou par d’autres monstres. Son torse était traversé d’épaisses griffes et de profondes morsures. Il était chauve, et l’une de ses joues avait été arrachée, révélant un morceau de son crâne. Le pire fut cependant l’état de son dos quand on entreprit de le retourner.

« Nom de Dieu ! s’exclama l’un des gardes.
 -  Par la malepeste, qu’est-ce que ça veut dire ?! »

Le dos du malheureux était... Et bien, c’est comme s’il y avait une multitude de trous plantés dedans. Des trous partout, de la tête jusqu’au bassin, qui étaient rectilignes, formant comme une sorte de grille qui s’était abattue sur l’homme. C’était probablement la trace de solides seringues. Tous les trous étaient réguliers, faisant la même taille. Les gardes ne comprenaient pas trop ce que ça voulait dire, mais furent également surpris en voyant, sur le bras de l’homme, un tatouage.

« C’est... C’est un numéro. »

Le numéro était difficile à lire, à cause de l’eau des égouts, mais on discernait une série de chiffres. Un frisson parcourut le corps de Declan. Qu’est-ce que tout ça voulait dire ? Quel était le rapport avec son action populaire ? Avec l’abattoir Mandus ? Un soldat arriva alors, et lui indiqua qu’ils avaient mis la main sur la carte des égouts, dans la salle des archives. En attendant que l’expert arrive, Declan suivit l’homme dans une autre pièce. Il était troublé, et arriva dans les archives du poste de garde, abritant une compilation de procès-verbaux, de jugements, de manuels de police, et de cartes publiques. L’homme s’assit sur une chaise en bois, et inspecta la carte. L’éclairage venait d’une fenêtre, et il n’y avait donc pas besoin d’une lampe à huile pour s’éclairer.

Declan repéra rapidement la bouche d’égout d’où ils avaient vu le cadavre, et inspecta le réseau ferroviaire. Les égouts de Nexus étaient un système très moderne, afin d’éviter le développement de l’insalubrité et des maladies. C’était un précédent Roi qui, il y a quelques générations, avait décidé de créer des égouts. Un travail pharaonique, car les souterrains de Nexus renfermaient quantité de cryptes, de catacombes, mais le seul moyen efficace d’éviter de nouvelles épidémies de peste. Les Nexusiens s’étaient aidés d’ingénieurs tekhans afin de développer un vaste système d’égouts, qui se chevauchait avec les cryptes, les catacombes, et d’autres endroits. Declan inspecta les égouts, essayant de trouver d’où ce cadavre pouvait venir. Il repéra surtout les sorties d’égout correspondant à l’abattoir Mandus. Une station de maintenance des égouts se trouvait à proximité. Peut-être que les ouvriers travaillant là-bas en sauraient plus sur ce qui se passait.

Les égouts disposaient d’écluses et de différentes voies d’eau différentes, qu’on enclenchait à l’aide de techniciens et d’ouvriers, en se déplaçant dans les égouts, et en tirant sur des valves, permettant ainsi de réguler le traitement des déchets et l’évacuation des eaux. En inspectant la carte, Declan n’eut aucune preuve certaine que le cadavre venait bien de l’abattoir, mais il trouvait la coïncidence... Troublante.

Il remercia le garde, et attendit ensuite que l’expert arrive. Le sergent revint un petit quart d’heure plus tard, amenant avec lui un médecin-légiste, Auster de Noerval (http://virginiecarquin.deviantart.com/art/Portrait-of-Auster-DeNoerval-318498033). Noerval avait une double casquette : il était à la fois chargé des expertises médicales que les juridictions ordonnaient, mais aussi des autopsies légales. En ce sens, il relevait de la médecine légale.

« Maître Declan, le salua Noerval. Le sergent m’a prévenu que vous assisteriez à l’autopsie.
 -  Oui, et nous serons probablement rejoints par une Terranide... J’espère que ça ne vous dérange pas ?
 -  Une Terranide ? glissa l’homme. Mais pour quelle raison ? »

Alors qu’il posait cette question, ladite Terranide venait justement d’entrer.



* : Authentique.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 02 avril 2014, 19:10:34
La Louve arriva quelques minutes plus tard au poste de garde. Les soldats postés à l’entrée n’étant pas les même que ceux qu’elle rencontré lors de la découverte macabre, la Terranide dû montrer patte blanche et se montrer véhémente pour recevoir le droit d’entrée. Encore une fois, elle faillit se faire chasser, l’homme prétextant qu’elle n’avait rien à faire ici et qu’elle devrait passer son chemin. Cependant, en nommant l’avocat présent au sein de leur mur, les gardes se regardèrent un instant incrédule, avant de la laisser passer, non sans la surveiller, prêt à interagir au moindre faux mouvement.

On lui indiqua la pièce où se trouvait le Maître Declan et tout en remerciant le « guide », la lupine partie rejoindre l’avocat. Elle se demanda si ce dernier avait pu découvrir des faits intéressant sur le pauvre homme. Certes, les meurtres étaient monnaies courantes à Nexus, même la lycane avait déjà du sang sur les mains dans cette capitale. Pourtant, inconsciemment,  Shad avait l’impression que ce macchabé avait un lieu direct avec l’abattoir Mandus. Oui, aucune preuve ne prouvait que ce fût le cas mais c’était comme une sorte d’instinct animalier qui lui criait que c’était le cas. Pourtant sans preuve tangible, la Terranide ne pouvait accuserà tord Mandus et son établissement.

«   Une Terranide ? Glissa l’homme. Mais pour quelle raison ? »
« Car j’ai étais missionnée par la Reine, voilà pourquoi. »

L’Okami venait tout juste de rentrer dans la pièce et même si le médecin légiste avait soufflé sa question, elle avait pu l’entendre distinctement. Un avantage d’avoir des sens plus aiguisée que la moyenne. Elle s’approcha donc du groupe, saluant poliment le médecin légiste avant de se tourner vers l’avocat, lui rendant la monnaie restante tout en lui demandant un rapide résumé des faits. La Louve resta silencieuse pendant ce dernier, sa queue fouettant l’air doucement derrière elle comme si elle était pensive. Et c’était le cas. La description du cadavre avait quelque chose de déconcertant, particulièrement ces marques dans le dos.

« A-t-on relevé d’autres marques identiques sur d’autres morts récents ?  Et ce numéro, la moindre idée  de ce que ça pourrait être ?  Un ancien numéro de détenu ? Ou alors..Non, ça parait fort improbable »

Pensant à l’abattoir, le numéro présent sur le bras du mort remémorait à la Louve les fameux numéros que portait le bétail.  Chaque bête avait son matricule et il était ainsi possible de l’identifier. Mais cette idée semblait bien trop farfelue et irréaliste. Pourtant qu’est ce qui ne l’était pas depuis le début de cette affaire ?   Autant donc tenter le coup et dire à quoi on pensait ! La Terranide souffla tout en observant les deux hommes présents :

« L’idée pourrait être folle, mais ce fameux numéro me fait penser au numéro qu’on met sur du bétail prêt à l’abattoir. Après je doute que ce soit le cas. »

Mais au moins, l’idée était dite.  La Lycane demanda également si on sera de quelle créature provenait les marques de crocs présents sur le corps mortifié. Elle savait que les gardes pensaient aux goules mais une partie des blessures qu’elle avait pu voir n’était pas l’œuvre de telle créature. Ce n’était pas leur façon d’arracher la chaire, elle le savait, mais alors quoi ? L’Okami repensa à la créature qu’elle avait vu la nuit précédente,  mais là encore, elle n’avait aucune preuve que ce soit le cas. Un  léger grognement s’extirpa de sa gorge. Bon sang, ils avaient les pièces en mains mais aucun moyen de prouvait qu’elles étaient sans faille.

Prise dans ses pensées, elle ne remarqua pas  un des soldats qui s’approchait. Ce dernier lui attrapa le menton et fit en sorte de dévoiler les crocs de la Terranide. Même sous sa forme humaine, Shad gardait une dentition bien plus tranchante qu’un humain et il lui était possible de déchirer la chaire sans souci.  Revenant à elle, la Terranide grogna, ses oreilles s’aplatirent sur son crâne, le garde jouait avec le feu.  L’homme la relâcha, les yeux plissés sous son casque.

« Pouah !  Comme par hasard cette bête trouve le cadavre alors que personne ne l’avait vu jusque-là ! Il n’a pas besoin de chercher plus loin ! » Vociférât-il
« Attends..Tu es en train de m’accuser à tort là ? » Répliqua-t-elle.
« Non, il n’y a pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir que tu es la coupable, après tout, les tueurs reviennent toujours sur le lieu du crime et. »

Il ne put finir sa phrase. En une fraction de seconde, la Terranide avait bondit en avant  tout en revêtant sa forme animale. Le garde fut donc renversé sur le dos, la patte de la grande Louve plaquée sur son torse pour le maintenir en place, sa gueule contre son cou protégé par le heaume du soldat. Un crissement de métal se fit entendre, l’animal serrait de sorte à imprimer la marque de ses crocs dans le métal mais prenait garde à ne toucher la chaire ni à briser les os de l’homme par accident.  Elle le relâcha après quelques secondes, reprenant une forme plus humaine. Puis,  tout en restant à califourchon sur lui, elle luii retira le casque avant de se relever.

« Vous n’avez qu’à comparer la marque de mes crocs avec ceux présents sur le cadavre s’il vous faut une preuve de mon innocence,  humain stupide. »

Plus de peur que de mal finalement, mais une fierté quelque peu ébranlée. La Terranide plissa les yeux vers le garde encore au sol avant de lui tendre sa main pour l’aider à se relever.

« La prochaine fois n’accuses pas à tort sans preuve, désolé pour la frayeur. »

Elle se tourna par la suite vers l’avocat et le légiste, tandis que le dit garde partait relever les empreintes de crocs sur son casque.

« Bien, après ce petit accident et si nous allions nous occuper de cette autopsie ? »

Plus vite l'autopsie serait faite, plus vite les causes de la mort de cet individu serait moins opaque. Elle rassura également les autres gardes présents qui avaient pu assister à la scène que cela ne se reproduirait plus. Enfin, d'un côté, se faire accuser si ouvertement d'un meurtre était une chose très peu appréciée.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 04 avril 2014, 02:44:48
Était-elle simplement une messagère de la Reine, ou aussi inspectrice de police ? Les questions qu’elle posait mettaient le doute, et Declan resta silencieux, n’ayant aucune réponse à apporter. Noerval, de son côté, se moquait bien de ces histoires. La politique ne l’intéressait pas plus que ça, et, si Sa Majesté estimait de bon ton d’utiliser une Terranide comme messagère... Ma foi, qui était-il pour discuter les volontés de Sa Princesse ? Lui-même avait comme assistants quelques Terranides. Ils étaient un peu idiots, mais soucieux de bien faire, et pas du genre à contester ses ordres, ce qui convenait tout à fait à l’expert. Du moment qu’il pouvait mener son autopsie, après tout...

Jadis, Noerval avait été un médecin généraliste, qui avait ouvert son cabinet dans les bas-fonds. Il savait que l’irrespect était de plus en plus fort dans ces quartiers, que les délits y étaient fréquents, comme le racket, la drogue, la prostitution illicite... Cependant, il proposait des prix assez bas aux clients, et était plutôt compétent. C’est dans le cadre de ces activités qu’il s’était retrouvé mêlé à des procédures judiciaires, ses ordonnances médicales pouvant se retrouver produites dans les cours de justice. C’est de cette manière que, progressivement, Noerval avait fini par recentrer ses activités. Il avait transféré sa clientèle auprès d’un autre confrère, et avait décidé de se consacrer entièrement à la médecine légale et aux expertises. D’autres confrères allaient même jusqu’à se spécialiser davantage, en ne recevant plus que les expertises judiciaires, ce qui, en soi, représentait un vaste domaine. Chaque fois qu’il fallait évaluer le préjudice subi par une personne, que ce soit à l’occasion d’un procès civil ou pénal, il fallait faire appel à un expert. Par an, on dénombrait, en moyenne, des milliers d’expertises ordonnées par la justice. Noerval hésitait entre deux branches : devenir définitivement un expert, ou rejoindre la médecine légale, en se rapprochant alors des forces de police. Deux voies qui le tentaient.

Il y songeait fugacement, lorsqu’une altercation éclata entre la Terranide et un garde, qui l’accusa d’avoir dévoré le corps. Cette dernière protesta, et se transforma alors en une redoutable et belle louve, qui renversa le garde, poussant des grognements. La tension se mit à monter d’un cran, car les autres gardes débarquèrent, se saisissant de leurs armes, pointant des arbalètes sur le corps de Shad. La Terranide mordit dans le heaume du soldat qui gémissait en essayant de la repousser.

« Elle va le bouffer ! s’exclama un soldat.
 -  Mais repoussez-là, bon Dieu ! »

Declan pâlit sur place. Il tenta de se rapprocher de la femme, mais un soldat le poussa sans ménagement, et il heurta un placard. Heureusement, Shad se releva alors, et les encouragea à comparer sa morsure avec celle qu’il y avait sur le corps. Médusé, le garde à terre la contemplait en clignant des yeux, hésitant à attraper sa main, la regardant comme si elle était possédée par un quelconque sortilège.

« Messieurs, intervint alors Declan, je vous suggère d’abaisser vos armes, et de vous détendre. Cette Terranide est mandatée par la Reine pour m’accompagner ! En la menaçant sans preuve, vous n’avez fait que la provoquer.
 -  Ce n’est pas une raison pour attaquer nos hommes ! Muselez votre bête, si vous ne voulez pas qu’on se charge nous-mêmes ! »

L’avocat savait que la Reine n’apprécierait guère que sa messagère se retrouve en prison. Les soldats réfléchirent, et leur supérieur finit par baisser son arme.

« OK, on va passer l’éponge là-dessus... Joachim n’avait pas à vilipender l’envoyée de Sa Majesté comme cela... Mais, et que ce soit bien clair, à la moindre altercation supplémentaire, envoyée de la Reine ou pas, elle calmera ses ardeurs en cellule. Est-ce bien clair pour vous ?
 -  C’est limpide. »

La tension décrut, et Declan se sentit un peu mieux. Il observa légèrement Shad, et se permit, à son intention, une brève remarque :

« Vous ne manquez pas de souffle, en tout cas.
 -  Peut-être pourrions-nous commencer, maintenant ? s’impatiente Noerval.
 -  Oui, bien sûr. »

Noerval s’avança le premier, retournant dans la morgue, suivi par Declan, Shad, ainsi que par le caporal qui était intervenu tantôt pour désamorcer la situation. L’expert observa le cadavre, et s’attarda surtout sur son dos.

« Diantre ! C’est la première fois que je vois ça. On... On dirait qu’il a été... Profondément piqué...
 -  Vous pensez que c’est là la cause de son décès ? »

L’expert ne répondit pas sur le coup. Il avait ouvert sa mallette, et enfilait des gants blancs en latex, avant de se retourner vers eux.

« Impossible à dire, pour l’heure. C’est vous qui l’avez retrouvé, n’est-ce pas ? demanda alors le médecin en regardant Shad. Pouvez-vous me dire dans quelles circonstances ? Et, par la même occasion, si vous avez vu quelque chose de suspect, d’étrange, d’anormal... Bref, n’importe quoi, n’hésitez pas à me le dire. »

Si Noerval était surpris par ce qu’il venait de voir, il arriver à conserver son sang-froid, afin de faire son métier. C’était un professionnel.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 04 avril 2014, 18:56:49
Shad savait pertinemment qu’en attaquant le garde comme elle venait de le faire qu’elle risquait gros. Mais, elle refusait également de se laisser accuser sans preuves tangible. Après les faits accomplis, la Louve aida le garde à se relever qui manifesta une certaine méfiance. Bien sûr, la Lycane avait senti les armes se pointaient sur elles, mais elle n’en avait que très peu tenu compte. La raison ? Elle savait qu’elles ne seraient pas utilisées et si tel était le cas, le bain de sang aurait été envisageable. Après tout, n’avait-elle pas tenu tête à un mercenaire renommé ? Tandis qu’elle serrait une dernière fois le heaume, la  Louve avait identifié la situation et réfléchis à plusieurs moyens de se défendre.

En premier lieu, désarmer les gardes. Les flammes pourraient être ici utile, bondir sur l’un d’eux, le mordre à la jugulaire, éviter un coup de revers ou d’estoc d’un autre garde, bondir en arrière, reprendre forme humaine et utiliser ses armes pour passer entre les interstices des côtes de mailles. Deux à trois gardes peut-être avant d’être mis à terre. Mais, de toute manière, elle n’avait pas besoin de vérifier cette hypothèse.  Observant le garde partir du coin de l’œil, la Terranide écouta d’une oreille attentive la discussion  entre le garde et l’avocat et ne put réprimer un léger grognement en entendant le mot « bête ».

Face à la réflexion de Declan, l’Okami haussa les épaules, passant son regard sur les gardes puis sur l’avocat avant de déclarer à voix basse :

« Peut-être que si vous étiez à ma place vous aurez réagis de la même façon. »

Le médecin légiste commençait à s’impatienter et tout comme l’avocat, la Louve approuva d’un hochement de tête, indiquant qu’il était temps d’aller voir le macchabé. Une fois à la morgue, la découverte du corps  fut tout sauf une expérience amusante. Le faciès du mort était figé dans une expression de peur et de terreur intense, le corps était rachitique. On pouvait discerner facilement les os sous la peau et à certains endroits, ces derniers la perçaient.  Quelques traces de morsures étaient présentes ici et là sur le corps mais ce qui marqua le plus l’intérêt était ces marques de piqûre présentes dans le dos du malheureux.

« Laissez-moi réfléchir… »

La Terranide se remémora où et comment elle avait découvert le cadavre et en fit part au médecin légiste. Elle lui  décrivit l’emplacement exact où le corps était à moitié immergé, la présence du sang autours de lui, ainsi que sur les barreaux formant la grille de l’égout.  Mais, elle dût avouer qu’elle n’avait rien vu de véritablement marquant pouvant expliquer la raison de la mort du concerné. Tant de possibilités étaient envisageables. Etait-il mort de ces piqûres ?  De ces morsures lui ayant arraché des lambeaux de peau ?   La lycane souffla, observant le cadavre.  Elle aurait préféré avoir plus d’informations à donner à celui qui allait l’ausculter. Il semblerait donc que la plupart de leurs interrogations obtiennent une réponse sous peu.
Shad cligna subitement des yeux, semblant avoir découvert un fait. Maintenant que le corps n’était plus immergé dans cette eau crasseuse, elle pouvait mieux sentir les effluves qui en émanaient.

La première odeur persistante que la Louve humait était celle de la mort, de la décomposition. Mais derrière celle-ci elle pouvait sentir d’autres flagrances. Fronçant un instant ses sourcils, elle tenta de les discerner et de mettre un nom dessus. Ce n’était jamais évident d’expliquer des ressentis olfactif à ceux qui ne possédaient pas un odorat développé.  Pourtant, c’était peut-être peu de chose, mais ces informations pouvaient tout aussi bien être utiles. Finalement, la Lycane reprit la parole.

« Hum c’est un peu dur à expliquer mais il semblerait que cet homme fut enfermé un long moment et qu’autour de lui il y’avait de…la viande ?  Enfin de la viande sanguinolente. » Elle soupira «  désolé mais décrire ce que je sens n’est pas chose aisée, je pense qu’on aura plus d’information avec votre autopsie. »

L’odeur de la peur était également fortement ancrée autours du cadavre mais elle ne prit pas la peine d’en faire part. Après tout, ne pas voir qu’il était effrayé était un fait impossible.



Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 07 avril 2014, 01:43:45
Noerval écouta silencieusement la Terranide parler. En tant que scientifique, il savait que l’odorat des Terranides était beaucoup plus développée que celui des humains. Ils pouvaient ainsi ressentir des choses que les humains ne ressentaient pas. Declan aussi le savait, et avait déjà utilisé cette faculté comme mode de preuve au tribunal. Il se souvenait ainsi d’une affaire ayant impliqué un meurtre avec préméditation commis près d’une auberge. Le seul témoin de la scène était un Terranide qui servait dans l’auberge, et qui avait reconnu la forte odeur d’un parfum. À partir de cet odorat, la police avait mis sur place un échantillon de flagrances et de parfums, afin que le Terranide indique de quel parfum il s’agissait. Il avait désigné un parfum sensuel venant de Tekhos, qui dégageait des aphrodisiaques et attisait l’excitation des hommes. La police avait alors découvert que le criminel était en réalité une femme, l’une des amantes de ce monsieur, qui aimait batifoler auprès des dames. Un crime passionnel. Declan, qui avait défendu le criminel, avait essayé de soulever l’irrégularité des preuves de l’accusation, en soutenant que l’odorat d’un Terranide ne constituait pas un mode de preuve recevable. Le tribunal ne l’avait pas suivi, et le prévenu avait été condamné à dix ans de réclusion criminelle. Declan avait hésité à faire appel, mais sa cliente avait refusé.

Le docteur connaissait ces histoires, car il avait justement écrit, dans une revue scientifique, un très bel article sur les modes de preuve originaux pouvant être produits en justice, un sujet qui le regardait, car les odeurs des Terranides avaient fait l’objet de débats entre experts : fallait-il en tenir compte, ou non ? Quand un Terranide indiquait sentir de la moisissure dans une maison, les experts en bâtiment avaient tendance à en tenir compte. Par analogie, Noerval avait également décidé de relever ce que les Terranides disaient, et nota donc, dans son calepin, la référence à des « odeurs de viande ».

« Il est temps d’y aller, alors... Surtout, ne me dérangez pas, et ne posez pas de questions. »

Il retourna le cadavre, et effectua une série de tests, utilisant des sondes, des scalpels, et différents instruments, prenant des mesures, des relevés, notamment sur la profondeur des trous dans son dos. Il fit même un petit schéma, en respectant les proportions. Nexus n’ayant pas d’appareils photos, les médecins apprenaient, au sein de leur formation, à dessiner, afin de retranscrire sur leurs notes les observations visuelles. Il dessina avec une précision redoutable l’emplacement des trous, indiquant, à côté, en marge, la profondeur des trous, qui était à chaque fois la même : plusieurs centimètres. Les seringues s’étaient profondément enfoncées, et, en faisant d’autres relevés et autres prélèvements, notamment sur le sang, il supposa que toutes les seringues s’étaient enfoncées ne même temps.

C’est à partir de l’absence notable de sang dans son corps que Noerval put, après une bonne heure, diagnostiquer, sans aucun doute possible, sa mort.

« Il est mort de déshydratation et d’insuffisance sanguine dans son corps... Comme si une espèce de vampire avait ponctionné tout son sang, mais je n’ai vu nulle trace de morsure sur son cou, ses poignets, ou ses chevilles. »

En revanche, il avait remarqué, en utilisant une bougie, que les trous menaient à des veines qui avaient été ouvertes, ainsi qu’à des organes. Des endroits parfaits pour ponctionner le sang. Il analysa également la marque, la réécrivant sur son calepin, essayant de traiter le corps pour mieux la discerner, mais sans réel succès.

« Il a été marqué au fer rouge », signala-t-il.

Il analysa également les griffures, en analysant la profondeur, la taille, la régularité, ainsi que les morsures sur son corps.

« Les griffures sont peu profondes, et correspondent aux traces laissées par les nuisibles habituels des égouts, comme les noyeurs. Du moins, à première vue... Je ferais une comparaison plus détaillée dans mes archives, en comparant mes observations avec d’autres, mais il est en tout cas sûr qu’elles ont été infligées post-mortem. Pour les morsures, en revanche... »

L’homme avait été partiellement dévoré, mais l’empreinte des gencives, leur profondeur, ne correspondaient pas aux noyeurs, ni même aux classiques créatures nécrophages vivant dans les profondeurs de la ville. Tout était cependant faussé du fait que la victime avait passé un certain temps dans l’eau.

« L’eau peut avoir déformé les marques, les avoir agrandies, par exemple... »

En conclusion, Noerval estima que la victime était bel et bien morte de ces trous, qui avaient servi drainer son sang, à une finalité qui lui était inconnue. Son corps rachitique et maigrichon s’expliquait par des mauvais traitements qui duraient depuis des semaines : une sous-alimentation criante, une déshydratation galopante, et un pompage régulier de son sang.

« Impossible de dire avec certitude si les morsures infligées sont ante ou post-mortem. Il faudra procéder à des analyses plus poussées, mais avec une véritable équipe, et dans un laboratoire. En conclusion, il est donc certain que cet individu a été tué par quelque chose qui n’est pas une créature... À moins qu’il n’existe à Nexus une créature capable de planter une dizaine de pointes dans le corps d’un homme pour lui pomper le sang, et ce de manière régulière. Je laisserais la police en tirer les conclusions juridiques qui leur sembleront les plus adaptées. »

Il avait terminé.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 07 avril 2014, 17:56:25
Pendant tout l’auscultation, la Terranide resta silencieuse comme demandé, se contentant donc observer sans mot dire.  Elle ne pouvait nier que l’état des blessures du cadavre avait quelque chose de dérangeant, notamment ces marques de seringues présentes sur tout la longueur et la largeur du dos.  La retransmission de ces informations par dessin et écris étonna fortement la lycane. Les méthodes des médecins légistes sur Terra étaient fortes différentes de celle de la Terre, mais la quelle était la plus élaborée ? Les Terriens possédaient des machines pouvant les aider dans leur analyse tandis que les habitants de Terra devaient effectuer de nombreux relever précis et être beaucoup plus attentif à leur travail. De plus, il était fort possible que les machines faussent les résultats, cela arrivait que très rarement, mais c’était un risque possible.

Dans tous les cas, la Louve ne s’imaginait pas faire ce que faisait actuellement l’homme penché sur le macchabé pour la simple et bonne raison qu’elle n’en aurait pas la patience. Et ne parlons pas de son talent artistique, les croquis ne seraient pas aussi bien détaillés. Non, à bien y réfléchir, elle ne pourrait pas faire ce métier.  Au bout de plusieurs minutes, le verdict fini par tomber. La mort avait été causée par ponction abusif du sang de la victime, mais cette perte sanguine n’était pas l’œuvre d’un quelconque vampire. Pour en avoir croisé et pour en côtoyer  une actuellement,  la Terranide écarta l’hypothèse de l’être au sang-froid.

« « Il a été marqué au fer rouge »

A  ces mots, la Terranide se raidit.  Un marquage au fer rouge était habituellement utilisé pour marquer les esclaves ou le bétail.  Par le passé, elle avait connu cette douloureuse expérience et ne souhaitait à personne de subir une telle épreuve. Bien que sa marque fût maintenant effacée de son épiderme, le souvenir de son apposition restait dans la mémoire de la femme. Soit donc, la personne avait été marquée au fer rouge depuis plusieurs années déjà, soit, sa marque était récente. Après la série de chiffre, cette marque apparaissait.  Pour une coïncidence, elle était grande.

Mais pour le moment,  Shad gardait le silence, comme demandé, gardant ses réflexions et ses questions pour elle-même. La suite de l’autopsie dévoila en partie l’origine de blessures présentes sur le corps du cadavre ainsi que l’hypothèse la plus probable pour sa mort.  Il ne restait maintenant plus qu’à trouver qui ou quoi utiliser un tel procédé pour ponctionner le sang jusqu’à la mort et surtout dans quel objectif.   La Terranide se tourna donc ensuite vers les deux hommes.

« Au moins, nous  savons comment cet homme est mort, bien que je me demande qui peut faire ça. Pour la marque au fer rouge, peut-être que cet homme était un ancien esclave par le passé ? N’y a-t-il pas moyen de le vérifier ? Sinon si cette marque est plus récente et bien, tant de possibilités sont possibles. »

Et pas qu’un peu.  Shad souffla, se questionnant presque sur la raison de sa présence ici, ou du moins dans cette affaire morbide.  Elle n’avait été qu’un simple témoin oculaire et voilà qu’elle observait un cadavre d’un mort qui n’avait peut-être rien à voir avec l’affaire de l’abattoir Mandus. Finalement, elle demanda également au médecin légiste s’il était possible d’avoir une copie des informations qu’il avait relevé afin d’en faire part à la Couronne.  Pour l’heure maintenant, les deux protagonistes ne pouvaient avoir plus d’informations.

Il était donc temps de rentrer au Palais d’Ivoire et de rapporter les diverses nouvelles à Adamante et Elena. Celles-ci comprenaient le nom de la propriétaire et la banque où elle était affiliée ainsi que de mentionner  le cadavre ci –présent. Pour ce dernier, elle laisserait la possibilité à Declan de choisir s’il jugeait juste d’en informer la Couronne ou non.  L’Okami sortit donc du poste de garde, avec les notes de Noerval sous le coude suivit par l’avocat.

La calèche était toujours là et les attendait patiemment, leur ouvrant la porte quand ils arrivèrent. Tout en s’assoyant, la Louve soupira et posa sa joue contre  la paume de sa main, observant la ville au travers des petites fenêtres du moyen de transport. Elle garda un instant le silence, se concentrant sur cette vue  et sur le martèlement des bruits des sabots des chevaux avant de déclarer.

« Vous pensez que ce meurtre est lié à l’affaire de l’abattoir Mandus ?  Ou ce serait une toute autre enquête à mener ?  Par ailleurs, j’y pense, avant de rentrer, ne vaudrait-il pas aller à la banque Vilvaldi ? »

C’était vrai qu’en y repensant, il serait plus judicieux de d’abord passer à la banque gobeline avant de rentrer au palais. Ceci éviterait de faire perdre du temps. Après tout, n'étaient-ils pas parti à la base pour avoir des informations sur la vieille mégère ?
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 09 avril 2014, 02:27:39
Declan expliqua à Shad que, normalement, à chaque vente d’esclaves, il y avait une inscription préfectorale à faire. Un esclave était certes un bien, mais c’était aussi un être vivant. Or, Nexus était gardienne de l’état des personnes, ce qui impliquait qu’elle s’intéresse à l’esclavage. Ce faisant, à chaque fois qu’une vente avait lieu, il fallait remplir un formulaire détachable à envoyer à la préfecture, afin que l’administration puisse avoir un aperçu de l’évolution de l’esclavage. De telles obligations s’étaient accrues depuis quelques années, avec la hausse de l’esclavage dans les rues de la ville. Chaque année, l’organe administratif chargé de l’esclavage publiait ainsi un rapport, qui retraçait la hausse progressive des esclaves, notamment à travers le développement des « contrats de servitude amiable », également surnommés servitudes temporaires. Ces conventions consistaient à devenir provisoirement un esclave, pendant quelques années, et on retrouvait ces contrats entre une personne et une guilde, afin de permettre à la famille de gagner de l’or. Il s’agissait généralement de rejetons issus d’une famille nombreuse, permettant au ménage d’avoir une bouche en moins à nourrir, tout en bénéficiant, de la part de l’esclavagiste, d’une indemnité pour utiliser le membre de la famille. Ces contrats connaissaient un véritable essor depuis quelques années, tout en déclenchant généralement la polémique.

Quoi qu’il en soit, l’administration attribuait à chaque esclave un numéro officiel, qui permettait de le retrouver dans les archives, et renvoyait ensuite à l’esclavagiste une fiche administrative indiquant les informations essentielles sur l’esclave, ainsi que son numéro officiel. Parfois, certains esclavagistes les marquaient au fer rouge, mais ce n’était pas une pratique répandue partout, d’autant plus qu’elle n’était pas obligée par la loi. Il pouvait aussi s’agir d’un prisonnier, car certains criminels étaient également marqués au fer rouge.

« Ce genre d’informations se trouve au Palais d’Ivoire, expliqua-t-il. Nous y trouverons peut-être des éléments de réponse. »

Le duo dut attendre encore un peu, le temps que Noerval fasse un double de ses notes. En théorie, il aurait du en faire un dans son bureau, et l’envoyer ensuite à la préfecture, mais la demande émanait de la Couronne... Alors, il prit le temps de faire un résumé de son rapport, en indiquant que, plus tard, il enverrait un exemplaire au Palais d’Ivoire. Declan le remercia chaleureusement, et lui et Shad quittèrent ensuite le poste de garde. Quelques soldats lancèrent des regards noirs à l’attention de la Terranide, n’ayant pas oublié qu’elle avait attaqué l’un des leurs, mais ils eurent la décence de se tenir à carreaux. La présence d’un avocat, généralement, suffisait à calmer les velléités des hommes.

De retour dans la calèche, cette dernière se mit lentement en marche, avant que Shad ne pose de nouvelles questions :

« Vous pensez que ce meurtre est lié à l’affaire de l’abattoir Mandus ?  Ou ce serait une toute autre enquête à mener ?  Par ailleurs, j’y pense, avant de rentrer, ne vaudrait-il pas aller à la banque Vilvaldi ? »

Declan esquissa un léger sourire amusé. Par où devait-il commencer à répondre ? Il laissa planer quelques secondes, et hocha lentement la tête.

« Nous pouvons aller à la Banque Vivaldi, oui. Par ailleurs, je ne sais pas s’il y a un lien avec l’abattoir, mais... Disons que ce sont des coïncidences troublantes. Depuis plusieurs semaines, les habitants de ce quartier se plaignent d’un mauvais entretien de la voirie publique, mais aussi des canalisations. Ils évoquent des odeurs qui remontent des égouts, ainsi qu’un mauvais entretien des portes menant aux égouts. Comme tu le sais sans doute, les égouts sont dangereux, et, normalement, leur accès est verrouillé, réservé uniquement aux gardes et aux agents de manutention dans certaines parties sécurisées des égouts. A priori, il n’y a donc aucun lien avec l’abattoir... Mais, si cet ouvrier travaillait pour l’abattoir, alors il me semble qu’un lien, aussi ténu soit-il, peut être fait. »

Concrètement, Declan ne pouvait rien présumer. Il fallait des preuves. Cependant, il pouvait soupçonner. Il savait que la Couronne se méfiait d’Oswald Mandus, qu’elle le soupçonnait d’agir de manière peu franche, et d’avoir obtenu ses titres de propriété de manière frauduleuse, notamment en mentant sur l’étendue de sa propriété. Quelqu’un qui avait acquis 1 000 mètres carrés indiquait à l’administration fiscale n’en avoir acheté que 700, afin de payer des impôts moins élevés. C’était un élément classique, mais assez difficile à vérifier, en pratique.

La calèche rejoignit rapidement le siège social de la Banque Vivaldi. Ils sortirent ainsi des bas-fonds, rejoignant des quartiers beaucoup plus beaux, où on ne risquait pas de tomber sur des tracts infamants envers la Reine. La banque était un agréable bâtiment avec des colonnes en marbre, et plusieurs individus entraient et ressortaient. Le hall d’accueil de la banque était une grande pièce avec un bureau circulaire au centre, où des humaines accueillaient les clients. Les conseillers et les banquiers étaient assis dans des petits bureaux, et étaient généralement tous des nains avec de longues barbes.

Declan présenta rapidement son identité aux hôtesses, et ces dernières le saluèrent. Elles savaient qu’il travaillait pour la Couronne, et que le cabinet d’avocat des Ivory avait notamment la gestion du patrimoine privé des Ivory. Il était donc dans l’intérêt des banques de les accueillir. Il lui parla d’Agatha Christie, et la standardiste vérifia dans son registre.

« Hum... C’est Monsieur Zebun qui était en charge de son dossier. Je vais voir s’il est disponible... »

Declan et Shad attendirent un peu, avant que la jeune femme ne revienne, pour leur annoncer que Monsieur Zebun ne tarderait pas à les recevoir.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 09 avril 2014, 15:27:10
En réalité, la Terranide ne  se souciait que très peu de l’état des égouts de la ville et c’est donc pourquoi, elle n’avait aucune connaissance du type de créature qu’on pouvait y rencontrer.  Pour elle ce n’était qu’un système de canalisation où étaient déversés les déchets organiques et ménagers afin d’être d’y être expulsés de la ville et traités. Bien sûr, elle se doutait que quelques créatures pouvaient y avoir élu domicile comme des rats mais de là des goules, c’était assez étonnant à l’apprendre.  Il n’était pas rare que des effluves nauséabonds provenant des égouts remontent à la surface, mais généralement, cela ne durait que quelques temps. Or, il semblerait que pour ce cas présent, ces émanations duraient depuis déjà plusieurs jours.  Soit les égouts avaient grandement besoin d’être « débouchés » soit, autre chose en était la cause.

« Donc, on ne sait toujours pas l’origine de ces odeurs et des autres plaintes que vous avez eu ?  Ni même pourquoi  les portes et les canalisations auraient subi quelques dommages ?  Après tant que nous n’avions pas plus d’élément sur cet homme, il est difficile de savoir s’il avait un lien ou non avec l’abattoir… »

Et pourtant, la Louve avait l’amère impression que c’était le cas. Mais sans preuve, comment le prouver ?  Pour cela il fallait attendre de rentrer au Palais d’Ivoire et d’aller consulter les archives appropriées.  Encore et toujours de la recherche. La Lycane soupira intérieurement, ceci pouvait être lassant à la fin. A chaque fois qui lui semblait qu’ils trouvaient un nouvel élément, une nouvelle vague de recherche était indispensable pour s’assurer de sa fiabilité. A cette allure, il lui semblait qu’ils devraient encore visiter divers endroits de la ville. Ce qui, soyons francs, elle redoutait. Evidemment, cela avait un peu aspect « ludique » si on pouvait employer un tel terme et la Terranide ne pouvait qu’en sortir avec de nouvelles connaissances.

Le reste du trajet se fit en silence. La Louve  en profitait pour observer les alentours, découvrant des parties de Nexus inconnues jusqu’à ce jour. La calèche arriva enfin devant un grand bâtiment, tout de marbre blanc. De nombreuses personnes rentraient et sortaient depuis  la double porte formant l’entrée principale. Des personnes de toutes catégories et de toutes races Tant que les nains pouvaient se faire de l’argent, la race du demandeur n’était pas prise en compte.   La Terranide rentra dans le bâtiment en compagnie de l’avocat, le laissant se présenter à l’accueil pour demander un rendez-vous de dernière minute avec le banquier qui avait la charge du dossier d’Agatha Christie.

Evidemment, arriver ainsi sans prévenir les obligeait à patienter un peu. Le nain  qu’il allait rencontrer devait sans doute finir avec un autre client avant de pouvoir accéder à leur requête. Pour patienter, quelques chaises étaient disponible le long d’un mur, mais les personnes pouvaient également choisir de rester debout et d’attendre, dans cette posture en observant les diverses affiches placardées.  Par chance, l’attente ne fit pas longue et ce fut une humaine qui vint à leur rencontre.

« Monsieur Zebun va vous recevoir, suivez-moi je vous prie. »

Le trio se dirigea donc vers une des nombreuses portes annexes de la salle circulaire. La femme toqua deux fois à la porte, et une voix grave leur intima l’ordre de rentrer. L’humaine ouvrit la dite-porte, laissant apparaitre un vaste bureau où trônait un nain (http://www.deviantart.com/art/Dwarf-153931423) à la longue basse rousse. Ce dernier avait également fait une petite tresse dans sa chevelure ainsi qu’une sorte de queue de cheval allant sur le côté, el tout cerclé par un anneau d’argent. Sur ses doigts on pouvait voir des bagues ornaient de pierres précieuses qui émettaient un léger tintement lorsque le nain mouvait sa dextre.  Le banquier congédia son assistante et se leva de sa chaise, tendant sa main pour saluer l’avocat et la Terranide.

« Bienvenue maître Declan et vous également jeune femme..Mon assistante Cathleen m’a parlé de votre requête, venez asseyez-vous ».

Joignant le geste à la parole, le nain leur présenta les deux sièges placés en face de son bureau avant de s’assoir sur le sien et de sortir un dossier. Un gros dossier où était inscrit le nom d’Agatha Christie. Le banquier ouvrit ce dernier, et la Louve nota que plusieurs fois les termes «  RAPPEL » étaient tamponnés sur diverses feuilles. Cette femme avait sans doute énormément de retard dans le payement de ces dettes. Le nain se racla un instant la gorge avant d’entamer.

« Sachez que  cette femme est en retard de payement depuis maintenant  huit mois et sa dette ne fait qu’empirer. Nous  lui avons déjà souscrit des crédits afin qu’elle puisse sortir de la cave et nous rembourser mais cela n’a fait qu’empirer sa situation. Vous les humains ne savaient pas gérer votre argent. Si cette femme vous envoie pour demander un nouveau délai de payement, je serais contraint d’y refuser. Elle doit nous payer ou nous saisirons ses biens. »

Le ton était dit.  La lupine ne pouvait blâmer le nain d’être aussi sec envers cette femme. Quiconque empruntait de l’argent à la banque devait être en mesure de rendre cet argent dans les délais impartie.

« Maître Nain ? Pouvons-nous savoir le montant des dettes de Madames Christie ? »

Le nain tapota ses doigts sur la table un bref instant avant de sortir une feuille du dossier et de la tourner de sorte à ce que les deux protagonistes puissent lire son contenu. Le prix total des dettes étaient inscrites en bas à droite de la page et entourée à l’encre rouge. Le reste de la feuille détaillait tous les frais qui amenaient à ce résultat.

« Voyez par vous-même. »

Quand les yeux de la lupine se posèrent sur le chiffre entouré, elle manqua de s’étrangler. Bien sûr elle s’attendait à un prix, mais là, cela dépassait ses craintes. Cette femme, devait une telle somme d’argent qu’elle se demandait si la Couronne viendrait à accepter sa requête pour avoir peut-être des informations sur l’abattoir Mandus.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 10 avril 2014, 01:14:31
Declan et Shad furent accueillis assez rapidement par Zebun. Le banquier devait sans doute se dire que la perspective de discuter avec un avocat de l’affaire Christie était risquée. Il devait sans doute croire que Declan était son avocat. Ce dernier ne fit rien pour l’infirmer, se contentant de se présenter, et s’assit sur un fauteuil, dans le grand bureau de Zebun. Il n’y avait aucun effet personnel accroché aux murs, rien d’autre qu’un encadré rappelant le règlement intérieur de la banque, et des bibliothèques remplies de dossiers et de papiers. Declan reçut rapidement, ainsi que Shad, un récapitulatif de la dette de Madame Christie. La somme était assez impressionnante. Zebun leur expliqua que Madame Christie avait consenti auprès de la banque un certain nombre de prêts auprès de sociétés immobilières pour réparer sa maison dans le passé, mais elle n’avait jamais eu les moyens de tout rembourser. Des prêts plutôt énormes avaient été consentis. Declan, s’il avait été l’avocat de cette femme, aurait avancé devant le juge le devoir de conseil et l’obligation d’information du banquier. En vertu de ce principe, le juge civil avait parfois réduit la dette de certains débiteurs, en considérant que la banque avait agi de manière frauduleuse, en les encourageant à contracter, alors qu’ils n’auraient jamais les moyens de rembourser. Cependant, ce genre de situations était exceptionnel, car le droit nexusien était tout de même régi sur l’idée du consensualisme, soit sur la reconnaissance de la volonté des parties. Néanmoins, Declan l’aurait tenté. Cependant, il n’était pas son avocat.

« Je tiens à vous dire, Maître, que nous irons jusqu’au bout pour obtenir le remboursement de notre créance. »

Les nains n’accepteraient aucune forme de conciliation. Sur ce point, ils étaient intransigeants. L’argent, pour eux, était tout simplement sacré, et il n’était pas question d’accorder des réductions de peine. Madame Christie avait une belle petite dette, et les nains de Vivaldi ne transigeraient pas facilement.

« Aussi, reprit Zebun, si vous êtes venu ici dans l’idée de nous dissuader de poursuivre notre procédure visant au recouvrement de notre créance, laissez-moi vous dire que vous vous trompez. Nous ne laisserons pas des humains nous voler ainsi ! »

Madame Christie était sous interdit bancaire. Ses uniques revenus devaient venir de sa retraite. Elle n’avait clairement pas les moyens de rembourser les nains, et sa maison était un vrai taudis.

« Je suis étonné du montant de ces prêts, avoua Declan. Vu l’état de sa maison, elle n’a pas subi de réparations depuis des années. »

Zebun fronça lentement les sourcils.

« M’accuseriez-vous de mentir ? Je me fiche de ce qu’elle fait avec son argent ! Si elle l’a gaspillé, c’est son problème, pas le nôtre ! »

L’argument se tenait. Les nains ne voudraient rien entendre. Tout ce qu’ils voyaient, c’était une somme à récupérer en saisissant la maison, mais, vu la ruine que c’était, elle ne suffirait jamais à recouvrir toute la dette. Zebun en avait certainement conscience, et il devait agir ainsi par principe, pour essayer de sauver les meubles. La célèbre avarice des nains...

« Si la Couronne se proposerait de rembourser les prêts de Madame Christie, intérêts compris, que ce soit ceux échus ou à échoir, accepteriez-vous cette transaction ? »

Zebun, qui ne s’attendait visiblement pas à cet argument, ne sut pas quoi dire, et balbutia des mots sous sa barbe :

« Pardon ? La Couronne ? Mais par quel... ?!
 - Je travaille au Service de Sa Majesté la Reine de Nexus Elena Ivory, répliqua poliment Declan en lui montrant sa carte officielle. La Couronne envisage d’acheter quelques immeubles dans les quartiers des bas-fonds, dans le vue de programmes de restructuration urbaines. »

Zebun cligna des yeux. Était-ce une blague ? Une plaisanterie ? Il ne savait plus quoi penser ! Zebun savait qu’Agatha Christie était une vielle folle, une mégère qui refusait obstinément de se séparer de son bien. La maison était bien trop grande pour elle, et elle avait accumulé une série de dettes pendant des années, souscrivant à chaque fois de nouveaux prêts à la banque, jusqu’à ce Zebun arrête l’hémorragie. Et la Couronne voudrait racheter l’intégralité de cette créance ? Pour un programme de restructuration urbaine ? Zebun n’en croyait pas un mot... Mais, d’un autre côté, cette carte était officielle... Il sentait surtout une entourloupe. Y avait-il quelque chose dans les caves de cette maison ? Un trésor, par exemple ? Ou est-ce que la Couronne pensait que cette maison allait prendre de la valeur d’ici quelques années ? Avec le développement de l’abattoir Mandus, par exemple, ce genre de maisons pouvaient facilement gagner de l’importance, si l’abattoir continuait à aussi bien marcher. Cependant, pouvait-il se refuser à la Couronne ? Ce n’était pas un client comme les autres !

Le nain, après quelques secondes d’un silence dubitatif, finit par intervenir :

« J’avoue que je ne comprends pas pourquoi la Couronne chercherait à aider cette dame...
 -  La Couronne envisage de relancer le dynamisme économique de ces quartiers défavorisés, précisa davantage Declan. À ce titre, nous voulons, parallèlement au développement de l’abattoir Mandus, ouvrir de nouveaux commerces, et inciter les investisseurs à revenir, tout en développant des logements sociaux rénovés, et mieux adaptés à la population appauvrie. Nous pourrions attendre la fin de la procédure pour racheter l’immeuble de Madame Christie, quand votre banque le mettra en vente, ce que nous ferons sans doute, mais la Couronne souhaite aussi voir s’il n’est pas possible, en amont, de commencer ce travail de reconstruction. »

Zebun n’était pas encore totalement convaincu, mais il savait que Declan lui disait la vérité. Il avait entendu parler de ces vastes programmes économiques. Comme quoi, quand on disait que le Trésor était pauvre, que les caisses royales étaient vides, on exagérait beaucoup. On trouvait toujours des fonds ici et là. Le banquier nain hésita encore un peu, se massant la barbe.

« Ma foi, après tout, si la banque récupère ce qu’elle a dépensé... Je ne vois pas de raisons légitimes de m’y opposer. »

Néanmoins, Zebun allait se renseigner. Il était toujours convaincu qu’on était en train de lui cacher quelque chose.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 11 avril 2014, 13:38:54
Pour décrire parfaitement les pensées de la lupine, disons qu’elle aurait préféré que l’entretien se passe plus rapidement.  Pendant la durée de ce dernier, elle garda le silence, laissant Declan le soin de « plaider » pour leur cause. Elle nota rapidement que le nain sembla d’un coup plus intéressé et curieux quand on l’informa qu’il avait devant lui un avocat de la Couronne. L’avarice des nains lui poussait à accepter l’offre offerte par le Maître mais son côté inquisiteur tentait de savoir s’il n’y avait pas anguille sous roche.

Et pour cela, Zebun harcelait Declan de diverses questions. Comment la Couronne comptait-elle payée ? Le tout en une fois ou avec des mensualités ? Pouvait-il avoir une connaissance plus poussée des travaux qui étaient en préparation ? Agatha Christie avait-elle fait une demande à la Couronne pour que cette dernière lui vienne en aide en échange de sa demeure ? Et une multitude de questions dans le même registre permettant au nain de se faire une idée.  A chaque nouvelle réponse de l’avocat, le conseiller banquier reposait une nouvelle interrogation, notant sur un cahier les diverses informations qu’il recevait. Ce petit manège dura une bonne heure, au déplaisir de la Louve.

Enfin, après une bonne heure et quelques,  l’avocat eu gain de cause. Zebun appela son assistante et lui tendit le dossier de Madame Agathie Christie.

« Faites une copie du dit dossier Cathleen, et ramenez la moi dans les plus bref délais. »

La jeune femme approuva et partit rapidement retranscrire le contenu du dossier. La demande de Declan était assez conséquente bien qu’intéressante pour la banque qui voyait là une opportunité de gagner à nouveau l’argent débité.  Terra ne connaissait nullement les photocopieuses et l’assistante devait donc retranscrire l’intégralité du dossier à la main, ce qui pouvait prendre encore quelques  minutes. Pendant ce laps de temps,  Zebun récolta quelques derniers renseignements avant que Cathleen ne revienne, deux dossiers en main. Un étant l’original que la banque garderait et l’autre étant une copie qui serait donné à la Couronne remis entre celle de l’avocat.

Zebun se leva de sa chaise, attendant que ses deux «  clients «  fasse de même, les saluant tout en les remerciant comme il était de coutume. Un sourire satisfait caché derrière sa longue barbe rousse pouvait se deviner sur les traits de son visage. Pour un nain une telle affaire était une affaire en or et même si quelques éléments étaient encore dissimulés, Zebun avait de quoi récupérer les dettes de sa cliente et regagner par la même occasion son honneur nanesque.

Le duo sorti donc de la banque avec les informations recherchées depuis le début de l’après-midi. Maintenant, ils savaient à quoi s’en tenir et la Lycane se demanda quelles têtes feront la Reine et Adamante en entendant la somme qu’elles devront verser. Cette réponse, elle l’aura dans quelques minutes, le temps d’arriver au Palais d’Ivoire.  Les deux protagonistes montèrent dans la calèche qui pris la direction du  palais.

« Eh bien, je m’attendais à une grosse somme d’argent, mais là…C’est impressionnant. »

Le regard de la Terranide nota un fait étrange.  Ils venaient de passer devant un bâtiment dont elle n’avait souvenance sur le chemin du retour. Jetant un discret coup d’œil par la fenêtre de la calèche, elle comprit bien vite qu’ils ne faisaient nullement route vers le Palais d’Ivoire. Au contraire même, la calèche prenait une direction tout à fait différente.  La Louve souffla et murmura à voix basse.

« J’espère que vous savez vous battre cher maître, il semblerait que nous avons été pris en otage….En tout cas, on s’éloigne du palais. »

Mais pour aller où ? Etrangement, la Louve aurait misé sur le fait qu’ils seraient emmenés dans les bas-fonds, mais là encore elle s’était fourvoyée. La calèche continua son chemin pendant une poignée de minute avant de subitement s’arrêtée. Les portes s’ouvrirent rapidement et une main gantée attrapa par le col l’avocat, le faisant descendre avec brutalité de la calèche.

« Chien d’avocat ! A cause de toi j’ai perdu cinq ans de ma vie ! j’ai tout perdu ! " Vociféra l’agresseur de Declan.

Shad descendit rapidement de la calèche, se mettant entre l’avocat et l’homme, ou plutôt des hommes Le groupe  était composé de cinq à six humains et tous semblaient avoir une dent contre l’avocat royal.  Au vue des premières paroles qui fut émise, il était fort à parier que Declan les avaient envoyé en prison, ce qui n’avait pas dû plaire à tout le monde. L’un des hommes repris la parole.

« A cause de cette merde, je n’ai plus de famille, plus de travail, j’étais innocent ! Innocent ! »
« Il y’a l’abattoir Mandus pour le travail, non ? »
« Pouah ! Ne parlez pas de cet endroit ! Il faudrait être fou pour s’y rendre ! » Cracha t’il.

La Terranide lança un regard vers Declan après que l’homme eut parlé. Le hasard fait des fois bien les choses et il était évident que les personnes qui les entouraient savaient des faits sur l’abattoir Mandus.  La Louve les regarda tour à tour, osant demander.

« Et pourquoi ? Mandus offre du travail à quiconque en a besoin ! Vous en avez besoin non ? »

Pourquoi donc refuser un travail quand ce dernier vous été grassement offert ? En attendant la réponse d’un de leur agresseur, la lupine tendit la main à Declan, l’aidant à se relever. Mieux valait qu’il soit sur ses deux jambes si la situation tendait à se dégénérer. Avec le gens du bas peuple tout était possible.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le samedi 12 avril 2014, 00:28:16
Zebun sentait le filon, il sentait l’entourloupe, et ne laissa pas Shad et Declan partir si rapidement. Au lieu de ça, il les assomma sous les questions. Ce n’était pas la première fois que Declan traitait avec des nains. Dès qu’il s’agissait d’argent, ces derniers devenaient hystériques, paranoïaques. Il savait donc qu’il fallait être patient, et ne surtout pas s’énerver. La conversation s’éternisa donc, l’avocat traitant avec Zebun, jusqu’à ce que, vaincu, ce dernier ne finisse par leur dire qu’il était donc d’accord. Zebun savait que la banque n’obtiendrait pas un recouvrement total de sa créance en vendant la maison de la vieille. Elle était dans un quartier défavorisé, où la valeur de l’immobilier avait progressivement baissé, et l’abattoir Mandus n’avait pas encore suffisamment redynamisé ce quartier pour qu’on puisse vraiment voir un impact sur l’évolution du prix des immeubles. Les investisseurs n’avaient pas confiance, car ils savaient que ces quartiers populaires étaient défavorisés, et qu’ils trouveraient peu de locataires intéressés. L’argument de l’avocat se tenait, Zebun devait bien l’admettre.

Il les abandonna donc, et le duo retourna donc dans la calèche, sans réaliser que le cocher qui était devant avait changé de personne. Declan n’y fit tout simplement pas attention, car il était fatigué. L’entrevue avec Zebun avait été longue, et il était pressé de rejoindre le Palais d’Ivoire, de retourner dans son bureau, et de passer à autre chose. En chemin, il observait silencieusement le dossier de Madame Christie. Elle avait passé différents prêts, avec de longs échéanciers. La banque Vivaldi, visiblement, avait clairement manqué à ses obligations d’information, en consentant à la dame de tels prêts. Shad avoua que la somme était impressionnante, et l’homme hocha lentement la tête.

« Très... Je serais bien curieux de savoir pourquoi elle a eu besoin d’une telle somme... »

Les prêts n’étaient clairement pas qu’à un usage immobilier, car, vu l’état de sa maison, elle n’avait pas du dépenser tout cet or là-dedans. Qu’est-ce qui avait bien pu la ruiner à ce point ? Des dettes de jeu ? Declan était perplexe, avec l’intime conviction que quelque chose de gros était en train de leur échapper... Comme une sorte d’intuition, d’instinct. Outre sa passion pour le droit, l’homme aimait aussi beaucoup lire, notamment des thrillers, des romans politiques. Nexus était plutôt bien fournie sur ce point, et il avait ainsi la tête embrumée de conspirations et de théories farfelues. Il était en train d’en échafauder une, alors qu’il remuait les pages du prêt. Tout ça était en train de lui échapper, lorsque Shad l’avertit que la calèche était en train de prendre un autre chemin que celui requis pour aller au Palais d’Ivoire.

« Hein ?! »

Surpris, l’homme referma son dossier, et regarda par la fenêtre. Le chariot s’engageait dans une allée pavée, et il vit quelques individus en train de marcher, de transporter des marchandises. Ils retournaient près des bas-fonds, et ne filaient en effet pas vers le Palais d’Ivoire, dont la haute stature était visible de loin.

« Bertrand ? Mais que faites-vous ?! »

Bertrand était le nom du cocher, et il eut sa réponse quand la calèche s’arrêta dans une petite cour, en filant dans une ruelle. Le cocher descendit au sol, ouvrit la porte, et empoigna l’avocat, qui protesta vainement, avant d’être balancé à même le sol. L’homme lui hurla dessus, et Declan, en se relevant, put voir d’autres types, costauds, la mine patibulaire. Sûrement des dockers. Il reporta son attention vers le visage de l’homme, et le reconnut assez rapidement.

« Clayton Shaw ?! »

Shad essaya de négocier avec lui, tandis que les souvenirs de Declan lui revenaient en tête.

Clayton Shaw avait été poursuivi par la Couronne parce qu’il battait sa femme, qui travaillait dans l’administration royale, en tant que secrétaire. Clayton était un homme jaloux et possessif, qui avait une forte tendance à boire, et à s’imaginer que sa femme le trompait avec un quelconque notable du Palais d’Ivoire. Il la suivait, la harcelait, ce qui s’était rendu sur ses performances au travail. L’administration avait envisagé de la muter pour insuffisance professionnelle, et, devant son employeur, elle avait fondu en larmes. C’était elle qui faisait vivre leur ménage, et elle avait pleuré dans son bureau, en lui expliquant qu’elle n’en pouvait plus, et que son mari la harcelait. Suite à ça, Declan avait eu le dossier de cette femme. Il était avocat de la Couronne, mais pouvait aussi prendre d’autres affaires, et avait estimé nécessaire de joindre les deux procédures : celle, d’une part, entre l’employeur et la secrétaire, et celle, d’autre part, entre elle et son mari.

L’affaire contre Clayton Shaw avait compris deux volets :




Declan avait réussi à regrouper un certain nombre de preuves : arrêts de travail établissant que la femme était battue, témoignages... Clayton Shaw était un individu nerveux, qui avait déjà eu des antécédents avec la police de Nexus : ivresse sur la voie publique, injures, actes de violence... Des faits mineurs, et son employeur l’avait déjà sanctionné avec plusieurs blâmes. Il avait rapidement demandé à ce que Madame Shaw, à l’époque, bénéficie d’une ordonnance pénale de protection. Pour protéger les femmes battues (mais aussi les hommes, même si c’était plus rare), il était possible d’obtenir du Ministère public, s’il y avait des présomptions suffisamment graves, une ordonnance pénale qui avait pour but de protéger la victime contre d’éventuelles représailles de son mari.

Clayton Shaw avait engagé son propre avocat, en hurlant au mensonge, à la calomnie, en arguant que sa femme le trompait avec l’avocat. Le divorce avait été prononcé à ses torts exclusifs, et il avait du verser à son ex-épouse une lourde indemnité, et avait été condamné à plusieurs mois de prison ferme par le juge pénal. Pour avoir passé cinq ans là-bas, c’est qu’il avait du aggraver son cas. Un psychologue avait essayé de réaliser une expertise psychiatrique du sujet, et avait conclu qu’il souffrait d’une solide psychose, et nécessitait des soins urgents. En prison, Clayton s’était beaucoup battu, et avait tenté de s’évader à plusieurs reprises.

« Et pourquoi ? Mandus offre du travail à quiconque en a besoin ! Vous en avez besoin non ? »

Clayton grogna, résistant à l’envie de la gifler.

« Mais ferme ta gueule, salope ! Qu’est-ce que t’y connais, hein ?! C’est ta nouvelle pute, Declan ? Tu l’encules après avoir baisé ma femme, hein, salopard ?!
 -  Monsieur Shaw, je n’ai jamais...
 -  Ta gueule, fils de pute, ferme-là, juste... FERME-LÀ ! Je suis un honnête marin, moi, connard ! Moi, je passe pas ma vie à emmerder celle des autres, fils de pute ! Si tu bouffes du putain de saumon le soir, c’est grâce à des types comme moi, OKAY ?! »

C’était un nerveux. Declan s’était lentement relevé, tout en voyant les biceps de l’homme.

« Ce n’est pas moi qui vous ait enlevé votre femme, vous la battiez...
 -  Cette salope me trompait ! Avec des salopards comme toi ! Toi, ou ce connard de Mandus, à qui tous ces bouffons sucent la pine ! Il est comme vous autres : un grand sourire devant, et hop ! V’là que je vous encule bien profond par l’derrière ! »

Il serait difficile d’obtenir autre chose que de la colère de la part de cet homme. C’était un paranoïaque.

Declan regarda autour de lui, mais il n’y avait aucune issue dans cette cour.

« Qu’avez-vous fait de mon cocher, Shaw ? Où est Bernard ?
 -  Bah, rien qu’une petite sieste. Tu sais, l’avocat, c’est vraiment un pur hasard si on se recroise, toi et moi... Ces putains de suceurs de queues de nains sont ma banque. J’ai bien cru m’arracher les cheveux quand je t’ai vu avec l’autre salope bonne à baiser, là... Et j’ai réuni quelques gars, mais y sont simplement là pour observer... J’ai besoin de personne d’autre pour niquer la gueule d’un connard qui a ruiné ma foutue vie. »

Shaw s’avança alors, avec l’envie certaine d’en découdre, et de faire passer à Declan un sale quart d’heure.

Et on osait encore prétendre que ce n’était pas un métier physique...
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 12 avril 2014, 16:00:20
L’OKami commença sérieusement à se demander s’il était possible de passer une journée à Nexus sans tomber sur un groupe d’homme qui veut soi vous violez, soit vous étripez. A croire qu’une journée sans cela, n’était pas une journée normale au sein de la Capitale. En tout cas, elle comprit bien vite que cet homme, Clayton Shaw, en avait contre le maître Declan.  Et aux vues de ses dires, monsieur n’avait que très peu apprécié le jugement final de son procès. Tout comme la Louve apprécia que très peu qu’il l’insulte, la rabaissant à un simple sac à foutre.

La Terranide grogna, serrant les poings tout en écoutant vociférer l’homme. Ce dernier ne semblait nullement ouvert à la discussion et pourtant, il lui semblait bien qu’il avait des informations sur l’abattoir Mandus ? Mais comment parler avec quelqu’un qui ne souhaite que vous voir à terre et en sang ?  Shawn s’approchait dangereusement de Declan, frappant son poing dans la paume de sa main, bien décidé à lui mettre une bonne raclée.

« J’vais te péter tes dents connards, tu chialeras ta mère quand j’en aurais fini. Et après j’me ferais ta pute. »

Un long soupir s’échappa des lèvres de la Louve.  Encore et toujours la même rengaine.  Elle observa rapidement les environs et dû admettre qu’il n’y avait aucun moyen d’éviter la confrontation. Il ne restait donc qu’à savoir si cette dernière finirait en bain de sang. Quoi que, la lycane eu subitement une idée et un sourire narquois s’afficha sur son visage. Ce Clayton Shaw allait parler, qu’il le veuille ou non.  Mais pour le moment, il fallait le mettre à terre et elle voyait très mal l’avocat se battre, surtout dans sa tenue qui devait restreindre ses mouvements.

« Je m’occupe de lui, après tout, il m’a insulté.. »

Et elle s’avança pour faire face au dégénéré. Ce dernier émit un rire gras, croyant à une grosse blague.  Un bruit d’aspiration se fit entendre, celui caractéristique d’une personne préparant un mollard à cracher.  Et c’est ce qui se passa, Shawn cracha au visage de la Terranide tout en lui disant de dégager, qu’il s’occuperait de son petit cul plus tard après s’être occupé de ce connard d’avocat.  La Louve chassa la glaire de son visage, tous ses poils étant hérissés et un long grondement sortant de sa gorge. Fâchée ? A peine !

« Wouf, j’ai peur connasse, allez dégage ! «
« Désolé Déclan, je ne voulais pas en arriver là, mais… »

Elle ne termina pas sa phrase, dégainant ses dagues au même moment que Shawn sortit un poignard de sa ceinture. La lycane fonça sur Shaw et les lames s’entrechoquèrent entres elles. Seul l’écho des pas des deux combattants et le bruit de métal résonnait dans la cour.  Plusieurs fois, l’humain tentait de passer aux travers de la Terranide afin d’atteindre l’avocat dans l’espoir de l’étriper sur place, mais l’Okami lui bloquait le passage, ne le laissant pas passer. A ce titre, on pouvait croire qu’elle était le garde du corps de Declan.

Shaw frappa en biais, formant une courbe avant de changer soudainement d’un coup d’estoc, frappant Shad au poignet gauche. Une blessure qui lui soutira un cri. Cependant, elle en profita pour attraper la lame et la poigne du poignard, tirant ainsi d’un coup sec vers elle Shawn auquel elle asséna un coup dans le tibia de sorte à le faire plier suivit d’un coup dans le sternum pour couper son souffle. Elle ne s’arrêta pas là,  la Louve le fit entièrement tombée, se mettant sur son torse pour l’immobiliser au mieux. Dans un gémissement de douleur, elle retira la lame de soin poignet, le sang en giclant.

Shad ne jeta pas la lame mais frappa Shaw avec cette dernière au niveau de son épaule. L’homme cria et la Terranide tourna un peu le poignard dans la chaire.

« Ça fait mal hein ? Connard ! Bon, dis-nous pourquoi tu hais tellement Mandus. »
« Jamais ! »
« Mauvaise réponse. »

La Terranide tourna encore le poignard dans la plaie de Shaw et ce dernier cria de nouveau se débattant.  Son front perlait de sueur et il éructa.

« Des cris ! Les cris ! »
« C’est un abattoir, c’est normal qu’il y’ai des cris…. »
« Non ! Non ! Pas y aller ! Ressort pas ! «

La Terranide tourna un instant son regard vers Declan. Voilà une révélation qui était des plus intéressante, mais avant qu’elle ne puisse continuer son interrogatoire, une autre voix surgit derrière le groupe.

« Par tous les Saints ! Qu’est ce qui se passe ici ? Gardes ! Saisissez-les ! »

La lupine se releva rapidement de Shaw, retirant le poignard de son épaule, le laissant à terre. Quant à elle, elle porta sa main contre son poignet meurtri, serrant de sorte à faire un garrot naturel et arrêter la perte de sang. Les cinq hommes autours furent maîtrisés, par chance, aucun de ces derniers n’avaient tentés d’intervenir quelques minutes avant. Le capitaine chargé de l’escouade reconnu Declan et balbutia :

« Bon sang, Maître Declan s’est bien vous ? Que faites-vous ici avec ces chiens et cette chienne ? »

On empoigna également la Terranide, après tout, elle venait de blesser un homme. Le capitaine se tourna à nouveau vers l’avocat :

« Vous nous expliquez Maître ?  Avant que je n’embarque tout ce beau monde ».

Shaw observait le capitaine et plus particulièrement l’avocat d’un regard noir. Sa respiration était lente, lourde, comme s’il s’apprêtait à se jeter à sa gorge. Il cracha au sol, gueulant.

« Ta pute ne te protégeras pas la prochaine fois connard ! Je t’étriperais ! Tu m’entends sale con ? Je te buterais connard ! »


Encore et toujours des menaces. Shad espérait simplement que ce ne soit pas un des faits quotidiens d'être avocat.


Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 13 avril 2014, 01:53:32
Quand on faisait des études de droit, on ne voyait que le caractère théorique du droit. On apprenait aux étudiants que le droit était un magnifique habillage technique, une science sociale ayant pour but de permettre la paix sociale, qu’il y avait des organes, chacun ayant des pouvoirs différents. Le Roi faisait la loi, par le biais d’ordonnances, et ces ordonnances étaient appliquées à basse échelle par des décrets, expliquées par des circulaires, et appliquées par le juge, qui disposait d’un pouvoir interprétateur. Initialement, le Conseil royal avait refusé de reconnaître au juge un pouvoir d’interpréter la loi, en considérant que le juge n’était rien de plus que la « bouche de la loi ». On invoquait la théorie de la hiérarchie des normes pour justifier ce point de vue, cette espèce de pyramide normative indiquant quelle norme était inférieure à quelle autre norme. On parlait de grandes théories pour expliquer le but du droit : le positivisme juridique, qu’on opposait au positivisme sociologique, ou encore le jusnaturalisme, qu’il soit religieux ou laïc. On apprenait qu’une ordonnance royale avait prévu un mécanisme de référé législatif, dans laquelle le juge, lorsqu’il avait un doute sur l’application d’une loi, devait surseoir à statuer, en envoyant une question au Conseil royal. Juridiquement, ce choix se justifiait par la hiérarchie des normes. Politiquement, c’était surtout un moyen pour le Conseil royal d’uniformiser la jurisprudence, et ainsi d’asseoir l’autorité du Roi. En bref, en droit, on ne voyait que le côté théorique, de manière abstraite.

Ce n’est que quand on était sur le terrain qu’on prenait réellement conscience que toutes ces théories abstraites, toutes ces lois, pouvaient avoir un impact retentissant sur des vies. En droit, on voyait presque le droit comme un jeu. Pendant quinze ans, la jurisprudence statuait dans ce sens, et, d’un seul coup, voilà qu’elle inversait totalement sa position en disant que, désormais, il fallait statuer dans ce sens. Les étudiants hochaient la tête, notaient, apprenaient ça, et passaient à autre chose. Sur le terrain, les notes étaient bien futiles quand on était face à un client brisé en deux, ou face à un autre, complètement hystérique, qui hurlait dans votre bureau contre sa mégère de femme, ou son escroc d’associé. Et, parfois, on tombait sur des gens comme Shaw. Declan avait déjà été menacé physiquement avec une arme, mais c’était le fait d’un dépressif. Là, Shaw était tout l’inverse : il allait le massacrer, et Declan ne savait pas se battre.

Shad agit alors, enfonçant ses lames dans l’épaule du colosse, qui poussa un hurlement de douleur. Ses collègues s’avancèrent alors rapidement pour déloger la furie, quand on entendit les gardes hurler derrière la calèche. Ils arrivèrent alors, portant des armures, et de longues armes d’hast. Les dockers se mirent à paniquer face à la patrouille, et le capitaine se tourna vers Declan, le reconnaissant.

« Vous nous expliquez Maître ?  Avant que je n’embarque tout ce beau monde... » demanda le capitaine.

Declan avait vu une brève lueur de déception dans son regard. Face à un avocat, on ne pouvait pas agir comme on le voulait, il fallait strictement suivre le manuel et la procédure. Reprenant lentement son souffle, Declan, qui pensait alors juste à s’en sortir, et se moquait alors bien de l’abattoir, entreprit de lui expliquer qu’il s’était rendu à la banque dans le cadre d’un dossier, et qu’il avait été attaqué par Monsieur Shaw et ses amis.

« Vous avez vu ce que cette folle m’a fait ?! C’est des mensonges, putain ! Enculé d’avocat, aaahh !! J’suis en train de crever, bordel ! »

Shaw se tenait l’épaule, mais le capitaine n’était pas dupe.

« Vous serez soignés au poste ! Maître, vous connaissez la procédure, j’aurais besoin de votre déposition.
 -  Je... Je porte plainte, putain ! »

Le capitaine grogna, et le groupe se retrouva à un nouveau poste de garde, dans un petit fortin. Declan, qui commençait à trouver la journée longue, fut heureux de pouvoir rapidement donner sa version des faits. On prit note de sa déposition, ainsi que de celle de Shad, et Declan porta plainte pour séquestration, harcèlement, menaces, et violences, notamment sur la personne de son cocher, que les gardes réussirent à retrouver. Il se débrouilla pour que la plainte de Shaw à l’encontre de Shad soit déférée, non pas à son maître usuel, mais à la Couronne, en arguant que Shad agissait alors en tant que préposée pour la Couronne de Nexus.

Une bonne heure s’écoula dans le fortin, avant que Declan ne puisse retourner dans le chariot. L’après-midi était en train de se terminer.

« Je vous avoue, Shad, qu’il y a des fois où j’aimerais que mon métier ne soit vraiment qu’un métier de bureau... Le traitement de mes dossiers irait plus vite. J’espère que vous n’êtes pas trop choquée par ce que vous avez vu. Ce Shaw est un dangereux maniaque, comme vous avez du le réaliser. »

Durant sa dépoisition, Declan avait en effet expliqué qui était Shaw, et pourquoi ce dernier lui en voulait tant.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 13 avril 2014, 16:16:10
Une chance que la procédure qui se déroula au Poste se passa relativement vite. Shad déposa tout comme Declan son témoignage des faits. Mais la plus grosse partie du travail revint à Declan, en tant qu’avocat, ce dernier était parfaitement dans son élément à cet instant précis. Et la Louve n’allait pas dire des choses insensées qui risquaient de plus les retenir. L’interrogatoire dura jusqu’à la fin de l’après-midi et le duo fut enfin relâché, Shaw étant le seul à retourner en cellule. La lycane présuma que ce dernier tenterait de se venger dès sa sortie, mais pour le moment, c’était le cadet de ses soucis.

Elle remonta donc dans la calèche, massant un instant son poignet blessé et bandé. Face à la remarque de Declan, elle eut un petit sourire amusé. Pour sa part, il devait plus s’inquiéter de sa propre personne plutôt que de la sienne, mais elle lui était néanmoins reconnaissante qu’il s’inquiète de son état actuel après ce qui venait de se passer.

« Ce serait plutôt à moi de vous demander si vous allez bien…je pense qu’après ça vous serez bien content de retrouver votre bureau au Palais d’Ivoire. »

A bien y réfléchir, travailler dans un bureau, représentait moins de risque que d’aller sur le terrain. Mais chacun avait ses spécialités dans son domaine et la lupine ne put qu’affirmer que Declan  avait beaucoup d’expertise dans le domaine juridique. Une chance pour elle ou il y’avait fort à parier qu’elle se serait retrouvé sous les barreaux à l’heure actuelle.  La Terrranide  laissa flotter quelques secondes de silence, observant un instant les ruelles pavées et les habitations de la Place Publique avant de reporter son attention sur l’avocat.

« Peut-être devriez-vous vous faire accompagner à chaque fois ? Ou bien, apprendre à se défendre ? Cet homme vous auriez tué s’il avait pu. »

Et la Louve aurait également pu tuer Shaw. Mais elle s’était retenue, elle était à Nexus. Quoi que cela ne l’empêche pas tout le temps de retirer la vie d’autrui si la situation l’exigeait. En tout cas, elle était bien heureuse de retourner au Palais d’Ivoire maintenant.  La demeure royale apparue enfin, toujours aussi majestueuse et les derniers rayons du soleil se reflétaient contre les tours d’Ivoire, haute et imposante du palais. Le tout donnait l’impression que le palais était illuminé de divers prisme étincelant.

La calèche s’arrêta dans la cour principale. L’Okami quitta ce moyen de transport des temps anciens suivit par Declan.  Il ne restait maintenant plus qu’à se rendre dans la salle du trône et de faire un rapport à la Reine et Adamante .  Shad  se demanda également si ces dernières se posèrent des questions quant au temps qu’ils avaient pris. Finalement, elle suivit l’avocat au travers du palais, se rendant avec ce dernier à l’endroit où se trouvaient les deux femmes. Enfin, elle se doutait également que d’autres affaires les préoccupaient en cet instant. La vie royale ne devait absolument pas être de tout repos.

Le duo arriva dans une pièce et la Louve salua Adamante et Elena avant de désigner le dossier que tenait le maître Declan.

« Nous avons les informations sur la propriétaire de  Jacques. Je vous laisse le soin d’en prendre connaissance ou bien peut être que  Declan vous fera un résumé ? «  

A ces mots, la Terranide tourna son regard vers l’avocat. Après tout, il était le plus apte ici à faire un résumé complet et détaillé à la Couronne. L’Okami risquait grandement d’oublier certains faits ce qui pouvait faire passer à côté d’informations capitales.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 14 avril 2014, 02:31:06
Declan redoutait le jour où il devrait sortir en étant accompagné de gardes. En tant qu’avocat auprès de la Couronne, il savait qu’il pouvait y avoir droit, mais, dans l’absolu, il préférait s’en passer. Si c’était le cas, ce serait définitivement le signe que Nexus avait changé, et que le clivage social avait à nouveau cru. De plus, si Declan était accompagné d’un garde royal, les gens avec qui il parlait seraient sans aucun doute moins loquaces, ce que l’avocat cherchait à éviter. Shaw était un cas exceptionnel, et, fort heureusement, ses sorties ne se résumaient pas toujours à des affrontements surprises. Il fallait savoir gérer ça, mais le jeune avocat devait bien admettre qu’il était plutôt nerveux.

Il fut donc rassuré de retrouver le Palais d’Ivoire, les drapeaux, les murs, et les gardes. Il n’avait plus qu’à faire son rapport à la Reine, et il irait chez lui. Aussi simple que ça. Un page les annonça, et ils attendirent dans une confortable pièce. Ils n’eurent cependant pas à attendre trop longtemps, car le page revint, et les conduisit dans une confortable pièce. Comme toutes les pièces du Palais d’Ivoire, elles respiraient le luxe, avec de superbes tapisseries, et des fauteuils très confortables, rembourrés. Elena était derrière un bureau, et Adamante près d’une fenêtre, bras croisés.

« Nous avons les informations sur la propriétaire de  Jacques. Je vous laisse le soin d’en prendre connaissance ou bien peut être que  Declan vous fera un résumé ? » entama Shad.

Elena hocha la tête, et attrapa le dossier, l’ouvrant.

« J’espère que vous n’avez pas eu de problème... »

Declan lui résuma brièvement sa journée, en évitant de mentionner le passage concernant Shaw. Il ne voulait pas que la Reine se sente responsable de mettre ses propres agents en danger, et l’avocat savait qu’Elena était une femme encore assez jeune, plus jeune que son physique ne le laissait penser. Il ne voulait pas la placer dans une situation inconfortable, et alla donc droit à l’essentiel. Elena écarquilla les yeux en voyant la somme rondelette, puis regarda Adamante.

« Tu es sure que cette vieille femme pourra nous aider? »

Adamante se pinça les lèvres, réfléchissant soigneusement.

« Il est possible qu’elle nous raconte des histoires, reconnut-elle. Mais, vu la taille de sa dette, et l’état de son logement, je pense que cet argent a du servir à autre chose que simplement rénover ce dernier, ou éponger d’éventuelles dettes...
 -  En tout cas, ces dettes ne figurent pas sur son compte en banque. Je dois admettre que c’est une somme étonnante... Et encore, c’est un euphémisme. »

Il y avait presque de quoi acheter un terrain avec une telle somme, en réalité ! La Reine était assez troublée.

« N’en sois pas si sûre, Elena... Les gens ont parfois le talent inné de s’engluer dans des dettes incroyables. Cette vieille femme a du se faire avoir par des banquiers peu scrupuleux. La Banque Vivaldi est mal gérée, et on dit qu’elle va être rachetée... Ce qui n’est pas pour plaire aux nains, vu que les futurs actionnaires seront très probablement des humains. »

Elena avait entendu parler des problèmes financiers de certaines banques. Elles accordaient des emprunts sans réfléchir, en se disant que ce qu’elles dépenseraient avec la main gauche leur reviendraient par la droite. Nexus était aussi, à sa manière, une société de consommation. En favorisant l’emprunt, on accroissait le pouvoir d’achat des gens, leur offrant ainsi l’occasion d’acheter des produits divers et variés, et ainsi de permettre, sur le long terme, d’enrichir le système. L’inconvénient était que les gens n’avaient parfois pas les moyens de rembourser leurs dettes. Elena connaissait ce principe, et savait que c’était pour ce principe que les banques accordaient des prêts. Elles récupéraient de l’argent grâce aux produits vendus par les guildes, en récupérant une petite commission. Un système globalement efficace, mais dont les imperfections étaient progressivement en train de s’accroître, menaçant de faire s’effondrer tout le système.

Entre-temps, Adamante expliqua à Shad avoir fait des recherches. Declan, lui, s’était poliment retiré.

« Pour commencer, j’ai confié la fléchette empoisonnée à un alchimiste de la Cour, qui m’a dit qu’il me fournira son compte-rendu dès demain. Ensuite, j’ai eu des informations supplémentaires sur l’entrepôt. C’est un entrepôt de stockage fermé à clef. Il n’y avait aucune trace de lutte à l’intérieur. Impossible de dire si l’expert-comptable a été tué ou pas. Néanmoins, je devrais avoir des informations là-dessus... »

Adamante avait en effet obtenu des informations en consultant les statuts de la société. Elle avait le nom de l’expert-comptable de la société, et comptait bien aller lui rendre une petite visite. Declan leur avait aussi parlé du cadavre retrouvé dans les égouts, mais, pour l’heure, Elena ne voyait pas relier ce cadavre à leur situation actuelle... Certes, ces traces de trous dans son corps étaient curieuses, étonnantes, mais il n’y avait aucune preuve que cet incident tragique était lié à Mandus.

« Je te remercie, Shad. Tu as rendu un fier service à la Couronne, annonça Elena. Je ne vais toutefois pas te retenir plus longtemps pour la soirée. Ton maître risquerait de s’inquiéter s’il ne te voit pas ce soir... À moins que tes largesses ne te permettent de dîner avec nous ? Tu es libre de faire comme tu l’entends. »

Une telle liberté de déplacement chez une esclave, c’était, en tout cas, plutôt rare... Mais, vu ce qu’on lui avait laissé entendre, la petite Terranide avait l’air de savoir se débrouiller.

*Un curieux phénomène..., songeait silencieusement Elena. Comme quoi, il faut se méfier des clichés.*
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 14 avril 2014, 14:23:36
L’un des faits où la Terranide était tout autant perplexe que les autres personnes présentes était ce fameux montant que devait Agatha Christie. Cette somme plus qu’importante devait en toute logique correspondre au frais de réaménagement et de reconstruction de son appartement. Or, à ce qu’avait pu constater la jeune Louve, la vieille n’avait nullement dû utiliser son argent dans cette optique. L’appartement qui devait en toute logique être réparé continuait à être un véritable taudis menaçant à tout instant de s’effondrer.  De plus, Agatha semblait être une femme qui restait la plupart de son temps cloitrer chez elle et  la Terranide se demanda bien comment elle pouvait s’endetter de cette façon.

Un élément important semblait leur échappait, à toutes les personnes présentes dans la pièce, mais lequel ? Il était facile de faire des suppositions mais sans éléments permettant d’attester ou de confirmer ces derniers, il était tout à fait possible de continuer à faire des suppositions en vain. La Louve se demanda cependant si la Couronne allait prendre le risque de payer les dettes de Madame Christie. Et si cette dernière tiendrait parole et leur fournirait des informations plus que capitales dans le cadre de leur recherche. Mais encore une fois, tout cela n’était que pure supposition.

Shad salua d’un bref mouvement de tête le maître Declan qui s’éclipsait. Elle se doutait bien que ce dernier devait être bien heureux de retrouver son bureau et de replonger dans divers dossier juridique. Après la journée qu’ils venaient de passer, il était tout à fait normal et logique qu’on recherche un peu de calme. La lycane écouta attentivement les dires d’Adamante, affichant une mine contrite face à l’annonce de l’entrepôt. En réalité, la lupine aurait espéré beaucoup plus de renseignement que  ceux qu’Adamante lui disait, à savoir, pas grand-chose.

« Pour être franche, j’aurais espéré d’autres informations. Enfin, si l’expert-comptable est encore en vie, cela pourrait être fortement intéressant. Quant à la fléchette et bien, nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre demain. »

A bien y réfléchir, il était beaucoup plus avantageux que l’expert-comptable puisse être encore en vie. Les vivants parlaient beaucoup plus que les morts après-tout. Sauf quand ces derniers étaient des morts vivants et là encore, la discussion n’était pas leur fort.  En résumé à ce que pouvait comprendre la Terranide, pour le moment, il était essentiel d’attendre  avant de continuer l’enquête autours de l’abattoir Mandus. Shad se retourna par la suite vers Elena, effectuant un léger signe de négation à la fin de la phrase de la reine.

« De rien. Et je n’ai pas besoin de rentrer. Ste…Mon maître n’est pas là actuellement. Disons qu’à part les domestiques, il n’y a personne, donc que je rentre ou non, cela ne fera pas de grandes différences. »

Décidément, utilisé le terme » maître » ne sied guère à la lycane. Il avait été possible d’entendre dans l’intonation de sa voix qu’elle n’avait pas réellement l’habitude d’user de ce titre. Titre qu’à la base, elle devait utiliser vu qu’elle était une esclave. Mais comme esclave, gageons que la lupine était assez atypique. Une esclave sur papier  seulement. La lupine se massa un peu le poignet gauche, avant de reprendre.

«Mais ce serait une joie d’être à nouveau invitée à votre table. Si cela ne te gênes pas bien sûr chère Reine. »

Deux repas dans la même journée avec la Reine de Nexus, voilà qui n’était pas banale. La Louve se demandait si elle pouvait réellement se considérer chanceuse d’un tel fait. Oui sans doute. Malgré les petits désagréments qu’elle traversait actuellement, pouvoir partager son repas avec la Couronne était un honneur. Surtout pour un Terranide. Bien que Shad supposait que très peu des siens serait enclin à faire ce qu’elle allait faire. Pour beaucoup de son espèce, la royauté était le signe de leur situation d’esclaves et certaines préféreraient se tuer plutôt que de manger en compagnie de la Reine.

Mais ce n’était pas l’avis de l’Okami. Pour elle, il serait absolument idiot de ne pas sauter sur une telle occasion et de faire lever les aprioris. Shad savait que sa race souffrait de beaucoup d’étiquettes et passer un moment avec des humains comportant une place importante dans la société nexusienne était un moyen efficace de lever ses calomnies. Bien que ce n’était en aucun cas l’idée première de la Terranide.  Disons plutôt qu’elle n’avait aucune raison d’accepter l’offre proposée par la Reine, rien de plus.

« En attendant, est-ce que j’aurais quelque chose à faire ou ? »

La Louve voulait ainsi s’assurer si Adamante et Elena souhaitait rester un instant seul et qu’elle serait congédier en attendant.  Si tel serait le cas, elle attendait patiemment, peut –être en restant sur place, juste en dehors de la pièce ou soit en visitant un peu quelques ailes du palais. En tant qu’invitée, la lycane pouvait se promener librement dans ce vaste réseau de couloirs sans risquer de se faire éconduire.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 15 avril 2014, 02:34:28
« Ste... » le maître n’était pas là. Elena hocha lentement la tête, sans rien dire. Il était assez fréquent que les nobles aient des maisons à Nexus, mais n’y soient pas en personne, préférant déléguer leur présence ici à des fils, ou des cousins, voire des neveux. Était-ce un noble sans filiation ? Voilà une chose bien curieuse. Vu le manoir où Shad résidait, et le coût du foncier à Nexus, ce devait être un duc de haut lignage... Or, ces gens-là avaient souvent une ribambelle de marmailles pour assurer la succession, et permettre une infinité de mariages politiques. Qu’il ne semble y avoir personne dans ce manoir était donc... Troublant. En d’autres circonstances, la Reine aurait peut-être pris la peine d’effectuer une enquête là-dessus, mais, avec l’abattoir Mandus, elle avait d’autres soucis en tête.

*Et puis, son propriétaire n’est peut-être qu’un simple bourgeois, après tout... Un marchand de tapis, ou un esclavagiste.*

Elle n’y pensa plus, laissant dans le recoin de son esprit la curieuse hésitation de Shad, qui leur posa alors une question :

« En attendant, est-ce que j’aurais quelque chose à faire ou... ? »

Elena haussa les épaules, répondant assez rapidement.

« Tu en as déjà fait bien assez, mais, puisque tu te désires tant te rendre utile... Tu n’as qu’à porter ce dossier dans mes appartements personnels. »

Elena porta sa main sur une sorte de clochette, et appuya dessus, faisant sonner cette dernière dans le couloir, par un système d’acoustique efficace. Un page ne tarda pas à rentrer. Il portait d’élégants gants blancs, avait la posture raide, et un élégant costume assorti de boutons en or, et d’une jaquette.

« Votre Majesté ? » demanda l’homme d’une voix calme et assurée.

La Reine lui sourit.

« Joël, j’aimerais que vous guidiez mon invitée dans mes quartiers, afin qu’elle dépose ce dossier sur mon bureau.
 -  Très bien, Majesté. Si Madame veut bien me suivre, je serais honoré de la guider vers la chambre de Sa Majesté, Votre Majesté. »

Joël était plutôt âgé, avec quelques rides. Il était majordome au palais d’Ivoire depuis plus d’une vingtaine d’années, maintenant, et avait notamment porté les biberons pour la jeune Elena. Il était discret et silencieux, efficace et rapide, dans la droite lignée des majordomes royaux. Ils étaient généralement formés par une école spécialisée sur la question, qui était financée par plusieurs guildes, les majordomes de cette dernière finissant, pour les meilleurs d’entre eux, au Palais d’Ivoire, pour les autres, dans de grandes seigneuries, généralement des duchés, voire des comtés. C’était généralement un poste à vie.

Shad serait éventuellement étonnée de s’entendre appeler « Madame ». C’est, en tout cas, ce qu’Elena estima... Mais Joël était un homme efficace, qui savait à merveille dissimuler ses opinions politiques ou raciales. Il ne donnait son avis que quand on lui demandait, et sans jamais le montrer physiquement. Le principe de base d’un majordome digne de ce nom était de faire en sorte que personne ne le remarque dans une pièce, tout en étant attentif à la moindre demande des personnes.

Le duo sortit donc, et Joël se décida à traverser l’un des plus beaux couloirs du Palais, qui menait près des quartiers royaux. Au regard surpris de la Terranide, il voyait bien qu’elle n’avait sans doute pas l’habitude d’un tel endroit.

« Voici l’Allée de Cristal, Madame. »

(http://nsa34.casimages.com/img/2014/04/14/mini_140414104517467290.jpg) (http://nsa34.casimages.com/img/2014/04/14/140414104517467290.jpg)

Le majordome ne tarda pas à reprendre :

« Elle mesure plus d’une centaine de mètres, et a été construite il y a plusieurs siècles, lors de la reconstruction et de l’agrandissement du Palais d’Ivoire. Les tapisseries qui ornent le plafond sont une frise chronologique de Nexus, jusqu’à la reconstruction du Palais. Ce couloir mène directement aux Grands Appartements du Palais, qui correspondent aux réunions diplomatiques officielles. L’objectif avoué du monarque de l’époque était d’impressionner les convives. »

C’était plutôt réussi. L’Allée de Cristal comprenait une cinquantaine de lustres, et plusieurs centaines de miroirs, ainsi que de grandes vitres orientées vers le soleil, donnant l’impression, avec le système de réflexion des lustres et des miroirs, que, au zénith, l’Allée de Cristal était en feu, comme auréolée d’une lueur divine.

« Je vous en prie, c’est par ici. »

Bien malgré lui, Joël se faisait la peau du guide touristique. Jadis, il avait appris toute l’histoire du Palais d’Ivoire, et avait lu quantité de livres sur le château, mais il ne l’avait jamais vraiment vu... Même aujourd’hui, il se rappelait encore de sa surprise en visitant le Palais pour la première fois.

C’était vraiment très impressionnant.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 15 avril 2014, 15:07:48
L’Okami n’avait réellement aucun devoir à proposer son assistante maintenant à la Reine. Après tout, si elle aidait la Couronne s’était simplement parce qu’elle le voulait bien, rien ne l’obligeait à le faire et elle pouvait donc à tout moment abandonner son poste sans qu’elle  provoque un courroux de la part d’Elena.  Mais la Terranide n’aimait que très peu restée statique à ne rien faire et avait donc demandé si elle pouvait encore être utile d’une quelconque manière. Le simple fait d’effectuer une tâche permettait également de garder l’esprit actif et ne pas devenir oisif. Elle fut ainsi rassurée en entendant Elena lui demander de rapporter le dossier d’Agatha Christie à ses appartements personnels.

Shad empoigna doucement le dossier tendu, pendant qu’au même moment, une cloche retentissait dans tout le palais.  Le son léger et cristallin se fit écho dans tous les couloirs du Palais d’Ivoire, un moyen efficace pour appeler du personnel en soi. Un page peu de temps après que le son de clochette se soit étouffé et la Louve ne put se demander par quelle manière l’homme savait exactement où se trouvait la Reine. Etait-il informé de la pièce où se trouvaient Elena et Adamante ou l’avait-il simplement deviné en suivant le son de clochette ? Quoique cette dernière hypothèse fût bien impossible, la lupine misait donc pour la première solution.

Le dossier sous le bras, elle salua donc le page nouvellement venu. La surprise  pouvait se lire dans son regard quand elle l’entendit lui adressait la parole avec un certains respect. Et cela ne déplaisait pas à la Terranide bien au contraire ! Se plaindre d’un tel fait serait être vraiment idiot.  Elle suivit par la suite le page dans les dédales du Palais d’Ivoire. En un mot comme en cent, la lycane était soufflée. L’extérieur du palais était déjà impressionnant mais l’intérieur l’était tout autant. Elle ne comptait plus le nombre de miroir, de tapisseries, de lustres de cristal qu’elle croisa sur son chemin. Mais le couloir le plus impressionnant fut l’allée de cristal.

Si l’Okami devait choisir un lieu retranscrivant la grandeur des lieux, elle choisirait cette allée sans l’ombre d’un doute. Marcher dans l’allée de cristal donnait l’amère impression d’être oppressé par une force venu d’ailleurs. Mais outre ce petit désagrément, la beauté des lieux n’avait nul autre pareil. Et ce fut également avec plaisir que Shad écoutait le page devenu en quelque sorte guide touristique lui narrait l’origine de cette allée, son histoire, son objectif. Le temps n’était pas compté actuellement et la lycane pouvait se permettre de s’arrêter devant une frise et de l’observer plus longueuement. Un cours d’histoire peint sur un mur.

« Vous pensez que la frise aura une continuité ? Après tout, beaucoup d’évènement se sont déroulés depuis la fin de cette dernière. »

Ou peut-être qu’une autre sera commencée dans une nouvelle aile qui sait ? Cela après tout n’était pas réellement une préoccupation pour la Terranide, elle ne vivait pas au Palais d’Ivoire.  Elle déplora cependant le fait que les visites au sein de ce dernier étaient maintenant un fait rare. Pouvoir visiter le Palais d’Ivoire serait peut-être un acte bénéfique pour le peuple. Mais inviter un roublard des bas-fonds à voir ce qui ne pourrait jamais avoir pouvait aussi faire monter en lui une envie de révolte. Ainsi, une visite du palais pouvait être à double tranchant, soit elle abasourdissait  les visiteurs, soit elle faisait naître en eux une profonde jalousie.

Finalement après une bonne dizaine de minutes à passer admirer l’allée de cristal et à suivre un cours historique donné par le page Joël, la Terrenaide arriva enfin dans les quartiers privées de la Reine. Par le passé, Shad avait déjà vu des appartements royaux mais elle ne pouvait nier qu’une telle vue était toujours aussi impressionnante. La pièce était immense et reflétait la stature et l’importance d’Elena. Encore une fois, le lieu était baigné de la lumière du soleil qui décroissait dans le ciel, baignant la pièce d’une dernière source de chaleur, la rendant imposante et chaleureuse.  L’emplacement du bureau fut indiqué à la Louve qui y déposa le dossier avant de ressortir de la pièce.

Elle fut reconduite vers Elena et Adamante mais par un autre chemin. Cela ne déplaisait aucunement à l’Okami qui put visiter une nouvelle allée du Palais d’Ivoire. Encore une fois, Joël lui présenta les lieux et lui en fit une description, ce qui ne manqua pas d’éveiller la curiosité de l’invitée. De temps à autre, elle s’arrêtait devant un des tableaux accrochés le long des murs et demandait de plus amples informations sur ce dernier. Informations qu’elle recevait de la part du page.  Le chemin du retour dura une bonne quinzaine de minutes avant que la Terranide ne revienne dans la pièce où se trouvaient les deux femmes. Elle se retourna donc vers Joël et queue battante doucement le remercia.

« Merci pour cette petite visite Joël. »

Que pouvait-elle dire de plus après tout ?  Elle se tourna par la suite vers la Reine et la Magicienne reprenant rapidement la parole :

« Le dossier est bien posé sur le bureau et…woh juste woh. Les allées du Palais d’Ivoire sont à couper le souffle, mais cela, vous devez vous en doutez. »

Bien sûr que les deux femmes devaient sans douter ! Elles demeuraient après tout ici.  Le regard de la Terranide se fit un instant fuyant, comme si cette dernière cherchait à bien formuler sa future phrase.  Après tout, autant se jeter à l’eau non ?

« Hmm, je demandais, après cette sacrée journée, peut-être pourrions-nous avoir quelque chose pour nous divertir l’esprit ? Je sais que je ne devrais pas demander une telle chose, mais cela pourrait permettre de se détendre pendant le dîner, non ? »

Qui ne tentait rien n’a rien après tout ! Et la lupine était sûre qu’un peu de distraction permettrait de faire baisser la tension accumulée au long de cette journée pleine de péripéties. Après, il était tout à fait plausible que sa Majesté souhaite rester dans le calme et continuer à se concentrer sur cette affaire tournant autour de l’abattoir Mandus, même pendant le repas. En parlant du dîner, un majordome arriva dans la pièce, s’inclina humblement et déclara d’une voix forte et assuré.

« Majesté, votre repas sera prêt d’ici une dizaine de minutes, le chef vous a préparé sa spécialité. »

Quand on parlait de spécialité du chef, il était toujours sujet au plat que le chef cuisinier maîtriser le mieux, celui qui faisait sa fierté, celui qui lui permettait de garder ses titres pour la plupart. Et autant dire que la curiosité de la convive en était que plus ravivé. Le premier repas qu’elle avait pu goûter ici était déjà esquif, alors  que devait être la fameuse spécialité du chef royale ?
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 16 avril 2014, 02:08:35
« Elle est incapable de tenir en place...
 -  C’est curieux d’entendre ça de ta part. »

Un sourire amusé éclairait les lèvres d’Elena, ce qui n’échappa nullement à Adamante, qui se contenta de hausser les épaules. Qu’est-ce que c’était censé vouloir dire ? Qu’elle était, elle aussi, une pile électrique ? Adamante ne pouvait le nier. Les Mélisains avaient toujours eu le sang chaud, toujours à s’agiter partout, et à s’engueuler. Ah, il fallait voir les réunions de familles pour constater toute l’organisation des clans et des Vieilles Familles. Ça hurlait dans tous les sens, une véritable cacophonie à devenir sourds. Pour autant, les Vieilles Familles étaient relativement calmes et soudées entre elles. Adamante ne dit rien de plus, tandis qu’Elena restait assise derrière le bureau, farfouillant un peu le dossier de Christie.

« Tu penses que cette femme a vraiment des informations importantes à nous communiquer ?
 -  Ce que je sais, c’est que, pour une vieille mégère, elle est plutôt observatrice. Elle a certainement vu des choses, mais, est-ce que ça vaut le coup de dépenser une telle somme ? Nous avons vu Mandus ce matin, Elena. Sa maison est sinistre, mais nous n’avons aucune preuve qu’il serait un mauvais bougre. Est-ce qu’on ne fait pas preuve de paranoïa en s’acharnant ainsi sur lui ?
 -  Tu dis ça, alors que des gens ont essayé de te tuer ? »

Adamante secoua lentement la tête.

« Toute la question est de savoir si cette attaque est imputable à Mandus, ou à l’un de ses rivaux. Je passe assez de temps au Centaur Club pour savoir que le succès de son entreprise attire bien des convoitises. Certaines rumeurs disent même que des individus du club ont envoyé l’un des leurs auprès de l’abattoir, afin de savoir ce que devient Oswald.
 -  Je pense qu’ils cherchent plutôt à connaître les raisons de son succès, et à trouver un moyen de s’y associer.
 -  C’est possible, reconnut Adamante, mais le fait est que cet home est nuancé. Et... Pour être honnête, je n’aime pas trop ça, Elena... Nos enquêtes sur lui, ce... Je ne sais pas...Je sais qu’il faut assurer ta protection et celle du peuple, mais... Est-ce qu’on ne dépasse pas nos prérogatives en agissant ainsi ? »

Il n’y avait qu’à huis-clos qu’Adamante et Elena pouvaient réciproquement se confier leurs doutes. En public, la Reine représentait l’État. La Reine devait donc être infaillible, et ne montrait aucun doute, aucune remise en question. C’est de la puissance de l’État dont il était question.

« Nous n’avons rien fait d’illégal, Adamante... Aucune perquisition, aucun interrogatoire d’employés... Rien d’autre que nous renseigner. Il y a quelque chose de curieux dans le manoir de Mandus... Je ne sais pas... Tout ça me semblait... Mort. C’était un endroit qui faisait froid dans le dos. »

Adamante comprenait ce qu’elle voulait dire, mais, après tout, cet homme avait perdu sa famille. Et, quoi qu’on en dise, ce qu’il faisait engendrait une activité économique importante en ville. Mandus était un symbole d’espoir, de renouveau politique et économique pour des quartiers défavorisés qui sombraient peu à peu dans le paupérisme et dans la contestation sociale. On ne pouvait tout de même pas négliger ces éléments. Elena ne les négligeait pas non plus.

Shad revint alors les voir, et leur réflexion se termina là. Inutile d’embrouiller la Terranide avec leurs doutes. Au lieu de ça, elle leur affirma que le Palais d’Ivoire était magnifique. Un léger sourire traversa le visage d’Elena :

« Oh oui, et son entretien coûte une petite fortune, d’ailleurs. »

Elena avait été aussi surprise que Shad quand elle était arrivée devant le Palais d’Ivoire, et même... Intimidée. Toute cette taille, ces couloirs immenses, ses quartiers colossaux... Elle avait passé les dix premières années de son enfance dans une cellule de moine. Passer d’un seul coup d’un petit monastère isolé au Palais d’Ivoire, c’était griller d’un coup toutes les étapes. Même maintenant, elle avait encore du mal à s’adapter. Les majordomes comme Joël connaissaient sans doute mieux qu’elle le Palais d’Ivoire et tous ses passages secrets. On disait qu’initialement, il s’agissait d’un fort elfique, que les elfes avaient bâti là pour sécuriser la côte des Vodyanoi, il y a fort longtemps. Le fort avait été reconstruit à la suite de différentes tempêtes et violents sièges, et n’avait ensuite cessé d’être reconstruit, amélioré, et rénové... Pour finir par aboutir à l’état dans lequel il était actuellement.

« Hmm, je demandais, après cette sacrée journée, peut-être pourrions-nous avoir quelque chose pour nous divertir l’esprit ? Je sais que je ne devrais pas demander une telle chose, mais cela pourrait permettre de se détendre pendant le dîner, non ? »

Elena et Adamante se regardèrent brièvement.

« On peut aller au théâtre après... Nous mangerons en petit comité, Shad, ça ne prendra pas trop de temps. »

Qu’il y ait de l’animation pendant le dîner ne pouvait avoir lieu que dans les grands banquets, et Elena avait envie de rester sobre ce soir.

Le trio finit ainsi par rejoindre une petite salle à manger :

(http://nsa33.casimages.com/img/2014/04/15/mini_140415074529844453.jpg) (http://nsa33.casimages.com/img/2014/04/15/140415074529844453.jpg)

Elena s’assit à un coin de table, laissant Adamante s’asseoir à côté d’elle, et laissa à Shad le soin de s’asseoir où elle voulait. Jamiël et Ronald Langley devaient probablement les rejoindre. Un autre homme devait les rejoindre : un élégant duc, Arnaud de Maizière (http://arventur.deviantart.com/art/The-Duke-87020995?q=favby%3ALogmaar%2F41733388&qo=15). Il était proche de la Couronne, et bien cultivé... Et avait quantité d’enfants. Autant dire qu’il était plutôt productif au lit. La rumeur disait notamment qu’il rêvait d’offrir à Elena un enfant. De Maizière était cependant déjà marié, mais sa maison représentait un assez bon parti.

Arnaud de Maizière ne tarda pas à arriver. Jamiël s’assit en face d’Elena et Adamante, tout en les saluant.

« Et bien, et bien, je n’avais jamais vu cette Okami, je crois..., glissa Arnaud. Qui êtes-vous donc, jeune femme ? »

Vu son ton amusé, Arnaud ne semblait pas si surpris que ça par le fait de partager le pain et l’eau avec une femme qui n’était pas de la même lignée sociale que lui. Les entrées arrivaient, et il s’agissait de belles crevettes fraîchement péchées dans les eaux territoriales, et soigneusement décortiqués par les majordomes, fournies avec de la fine sauce, et quelques tranches de saumon fumé, sur des plats luxueux, dans la plus élégante des argenteries.

Au moins, on mangeait bien, dans le Palais d’Ivoire.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 16 avril 2014, 14:22:29
Qu’on ne dise surtout pas à la Terranide qu’entretenir une telle surface ne faisait pas appel à des coûts onéreux. A cette pensée, la Louve se demanda combien de personnes étaient chargées de l’entretient du palais. Pourtant il ne semblait pas avoir croisés des femmes ou des hommes de ménages pendant sa courte visite. Travaillaient-ils à une horaire précise et après avaient-ils libre ou chaque horaire correspondait-elle à une allée différente du palais ? Encore une nouvelle question sans réponses. Mais dans le fond, la Louve ne pouvait qu’affirmer un fait : La propreté du palais était impeccable. Et heureusement au vue du coût que cela devait coûter à la Couronne !

« On peut aller au théâtre après... Nous mangerons en petit comité, Shad, ça ne prendra pas trop de temps. »

Le théâtre…Depuis combien de temps n’y était-elle pas allée ? Ou plutôt avait-elle déjà mis un pied dans cette institution ? La lycane en doutait fortement. Elle savait ce que c’était, son histoire, comment se dérouler la majeure partie du temps une pièce, mais la lupine n’avait jamais participé à l’une d’entre elle. Cela pouvait être une expérience intéressante en soit. Après tout, Nexus n’avait pas les mêmes moyens de loisir que la Terre et il fallait bien faire avec les moyens du bord. Or cela ne déplaisait pas à la Terranide qui s’interrogea quant à la pièce prochaine qu’elle verrait.

Le trio arriva dans une petite salle à manger et la lycane laissa  Elena et Adamante s’installaient avant de prendre place à son tour. Shad ne put réprimer un air surpris en voyant d’autres convives arrivées à leur tour. En réalité, la Terranide avait pensé que le terme petit comité s’adressait à la Reine, la magicienne et elle-même et non que d’autres personnes les rejoindraient. Des personnes dont elle n’avait aucune idée de leur rôle au sein du Palais d’Ivoire ni de leur titre. Néanmoins, de par leur tenue vestimentaire, elle comprit bien vite qu’il devait s’agir de nobliaux. Un fait logique au sein d’un palais après tout.

La surprise passée, la Louve se détendit à nouveau, gardant pour l’instant le silence, laissant les convives le temps de prendre place. Elle fut néanmoins interpellée par l’un d’eux qui la questionna quant à la raison de sa présence ici.  Et la Terranide ne pouvait décemment pas lui dire l’entière vérité.  Cependant elle ne comptait pas lui mentir également, elle lui cacherait la véritable raison de sa présence en ce lieu royal.

« Je ne suis qu’une invitée de sa Majesté » répondit-elle tout naturellement «  vous pouvez me nommez Shad et vous êtes ? »

La question ne s’adressait pas qu’à son interlocuteur mais était également posée aux deux autres personnes présentes dans la pièce. L’Okami voulait savoir à qui elle s’adressait et à sa connaissance, cela ne pouvait être un crime.   Après une rapide présentation, l’entrée fit son entrée.

Un petit plateau de fruits de mer pour mettre en appétit.  La lycane le dégusta avec plaisir, prenant soin de ne pas gêner les conversations qui naissaient autours de la table. Pour le moment, elle était plutôt passive, pas qu’elle était gênée mais simplement car elle n’avait rien à dire de spécial à cet instant. Et parler pour ne rien dire n’était qu’une perte de temps. Néanmoins, elle restait disponible si une question lui était posée. Les entrées furent vite finies et les majordomes emportèrent les assiettes vident de tout contenu. Ainsi, on pouvait dire que cette entrée avait déjà remporté un franc succès.

La suite devrait venir donc venir sous peu. La Terranide pris la parole, s’adressant à Elena et Adamante. Pour le moment, la Reine n’était pas en discussion et elle pouvait donc se permettre de lancer une rapide discussion, ou dans ce cas précis, lui faire part de son interrogation :

« La pièce que nous allons-voir, quelle est-elle ? Quel est son résumé ? »

Comédie, tragédie, autre registre divers, la pièce pouvait être tout et n’importe quoi. Tout comme son histoire d’ailleurs, les dramaturges avaient le don pour inventer toute sorte de récit qui gardait le spectateur en haleine pendant toute la représentation.  Les plats principaux arrivèrent à leur tour, une délicate viande parfumée, garnis d’herbes aromatiques et accompagnées de diverses légumes qui offraient une panoplie de couleur au plat.

Se souhaitant mutuellement un bon appétit, le repas fut entamé à son tour. La Terranide pouvait sentir la viande fondre sous la langue et les saveurs qui lui titillaient les papilles. Non décidément, on mangeait bien au Palais d’Ivoire.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 17 avril 2014, 01:35:30
Les trois arrivants ne tardèrent pas à se présenter :




Trois personnes de confiance, qui savaient qu’Elena faisait des recherches sur l’abattoir Mandus. Ronald rappela, à qui veut l’entendre, qu’il était contre le principe de cette visite, la jugeant trop dangereuse. En soi, ça n’avait rien d’étonnant : Ronald était contre toute forme d’activité susceptible de mettre en danger la vie de la Reine. Or, une excursion dans les bas-fonds était dangereuse, et expliquait pourquoi Ronald avait une carte du quartier, et prévoyait soigneusement l’intervention de la Reine, en prévoyant de placer un grand nombre d’agents royaux et de gardes pour la protéger, lui-même y participant. De Maizière, lui, voyait ce séjour à l’abattoir comme une heureuse opportunité, un moyen de réconcilier le peuple et le pouvoir, mais avait mis en garde la Reine contre tout risque de populisme. Concrètement, elle ne devait pas seulement venir pour saluer Mandus, puis le laisser se débrouiller, mais profiter de cet abattoir pour suggérer des réformes économiques, afin de rénover et d’améliorer le quartier.

C’est au cours de cette discussion que surgit l’hypothèse de faire du Palais d’Ivoire un orphelinat pour les enfants déshérités des bas-fonds.

« Les bas-fonds seulement ? demanda De Maizière. L’idée est bonne, mais vous devriez l’étendre à tout Nexus. Reste toutefois la question de la répartition... Ne vous en déplaise, Votre Grâce, le Palais d’Ivoire lui-même n’est pas suffisamment grand pour accueillir l’intégralité de Nexus. »

Jamiël s’exprima à son tour.

« Nöly avait aussi envisagé cette question, admit-elle. Historiquement, le Palais a déjà servi d’hôpital de fortune. Avant que le système d’égouts ne soit mis en place, quand il y avait des épidémies, l’Allée de Cristal servait d’infirmerie provisoire, recueillant des blessés et des malades. Le Palais d’Ivoire est avant tout un bien offert à Nexus. En ce sens, reconvertir une partie du Palais en orphelinat me semble être une idée judicieuse. »

Ronald avait un avis plus mitigé, ayant comme toujours en tête la sécurité de la Reine, mais, sur le principe, ne semblait pas hostile à cette proposition. Comme De Maizière l’avait souligné, il restait la question du critère à prendre. Qui choisir ? Elena y réfléchissait, et le mieux lui semblait de proposer à chaque orphelinat public de pouvoir envoyer un certain nombre d’enfants, en fonction des disponibilités du Palais. De Maizière lui fit remarquer que ceci ne répondait pas vraiment à la question, car on ne pouvait pas non plus laisser aux orphelinats le soin de décider eux-mêmes de qui envoyer. Ils risquaient d’en profiter pour envoyer les éléments les plus difficiles, et il fallait également se méfier des préjugés racistes.

« Alors, que suggérez-vous, De Maizière ? demanda alors Adamante, qui n’appréciait guère ce principe consistant à critiquer systématiquement n’importe quelle idée, sans apporter de solutions contraires.
 -  L’idée est bonne, sur le papier, mais elle mérite d’être approfondie pour ne pas se retourner contre nous. Vos adversaires à la Cour pourraient y voir une manière de flatter les masses, d’essayer de les endormir. Je pense que nous devrions ainsi choisir les potentiels candidats en fonction de leur réussite scolaire, et de leur abstinence... Bref, essayer de voir en cette idée une application de la méritocratie. »

L’idée continua à être débattue, jusqu’à ce qu’on apporte le plat de résistance, de la viande avec des fines herbes et de la sauce. Le Palais d’Ivoire avait effectivement d’excellents cuisiniers, et, au moins, la Terranide allait pouvoir se vanter d’avoir bien mangé ce soir.

« La pièce que nous allons-voir, quelle est-elle ? s’interrogea alors Shad. Quel est son résumé ? »

Elena réfléchit un peu, et ce fut Jamiël qui répondit :

« Je vous conseille d’aller au Palais Excelsior. Ils y servent une comédie sentimentale. »

Nexus avait plusieurs théâtres, et certains étaient de durée bien différente. Les spectacles populaires, offerts au peuple, pouvaient par exemple durer toute une journée, car ils s’accompagnaient de mouvements de danse populaire, de scènes de guerre, afin de divertir le bas-peuple. Elena n’avait cependant pas envie d’une comédie burlesque ce soir. La comédie sentimentale dont parlait Jamiël portait sur le sort d’une noble éprise d’un esclave.

« C’est une pièce qui fait scandale, aussi je pense qu’elle devrait vous ravir toutes les trois. »

La pièce faisait scandale, car elle semblait critiquer les ordres sociaux, notamment le fait qu’un esclave n’avait pas le droit d’épouser un noble. La pièce s’inspirait évidemment du fait divers survenu à Sylvandell, où la Princesse héritière avait épousé une esclave, un fait qui n’avait pas fait que jaser les Ashnardiens, mais aussi les Nexusiens, qui y avaient généralement vu une provocation grotesque. Elena, elle, s’était bien gardée de donner publiquement son avis, mais, en toute discrétion, elle avait envoyé une lettre à la Princesse héritière de ce petit royaume, afin de la féliciter de sa décision.

La pièce pouvait donc être intéressante.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le jeudi 17 avril 2014, 07:58:28
L’avis de l’Okami sur l’orphelinat était mitigé. Bien sûr, elle pensait qu’il s’agissait d’une bonne idée mais une idée qui serait bien plus difficile à mettre en pratique. Chacun des convives avait des arguments valides, pointant du doigt ce qui pouvait bloquer ou bien ce qui rendait cette idée forte intéressante.  Mais il restait à savoir comment choisir les enfants susceptibles d’être admis au sein du Palais d’ Ivoire.  Face à la proposition de la réussite scolaire, la Terranide se permit d’intervenir.

« Je ne pense pas que miser sur les résultats scolaires soient une bonne idée, l’école n’est pas obligatoire il me semble ici, ainsi ceux qui n’ont pas pu s’y rendre seront désavantagés. »

De plus, l’éducation avait un coût fort important que tous ne puissent se permettre de payer. La lycane insista également sur ce dernier point. Il fallait donc trouver autre chose pour départage les enfants.  Mais cela, ce n’était pas à la Louve d’en décider. Elle se tut donc à nouveau, s’occupant simplement à écouter le débat qui animer la table jusqu’à ce que le repas soit servi et qu’elle pose une question concernant la suite du programme.  Ce ne fut pas Elena qui répondit à la Louve mais Jamiël, précisant ainsi à  Shad l’endroit et le type de pièce.

Le seul supplément qu’elle apprit était le fait que la pièce faisait scandale. Pourquoi ? Elle n’en avait aucune idée, elle ne pouvait savoir de quoi elle parlait si on ne lui en faisait pas part. En tout cas, elle se laisserait entraîner par la surprise et verrait bien de quoi il en retourne. Amenant un nouveau morceau de viande à sa bouche, la Terranide stoppa son geste à mi-chemin, fixant un instant la fenêtre du palais menant à l’extérieur.  Puis une fraction de seconde plus tard, elle termina le trajet entamé par sa fourchette. Pourtant, elle aurait juré voir une ombre se profilait au dehors. Mais cela ne pouvait être que son imagination, le palais était étroitement gardé et il n’était pas si aisé d’y entrer sans invitation.

A force de rencontrer des péripéties tout au long de la journée, la lycane ne pouvait même plus manger correctement sans penser être sans cesse surveillée. Un léger soupir d’agacement suivit cette pensée et Shad décida d’ignorer ce qu’elle avait vu, ou cru voir. Après tout, il ne pouvait s’agir que d’un membre du personnel du palais ou bien un garde, il n’y avait vraiment pas de quoi s’inquiéter.   Autant donc changer ses idées. La Terranide se tourna vers les nobles, les interrogeant sur la pièce.

« Une pièce à scandale ? Et pourquoi donc ? Pointe-t-elle des défauts de la société ? Est-elle contre les mœurs ? »

Une pièce pouvait être considérée comme scandaleuse pour de nombreuse raison et la Terranide voulait savoir qu’elle était celle de la pièce évoquée. De plus, ainsi, elle espérait avoir une petite indication quant à l’histoire qui serait jouée sur scène. Deux questions en une en quelques sortes.  Cependant, l’Okami releva subitement ses oreilles, entendant la porte de la pièce grinçait légèrement. Son regard se tourna vers la source du bruit et un page arriva.  Ce dernier salua le comité et s’excusa de les déranger avant de tendre une missive scellée à la Reine, indiquant que cette dernière venait du chef de garnison en charge de la zone où résidait Madame Agatha Christie.

Cela ne présageait rien qui aille. La lycane observait donc sans un mot la Reine lire la missive et au vue de son expression faciale, elle put deviner qu’un évènement fâcheux s’était déroulé. Le contenu de la lettre expliquait que l’appartement d’Agatha Christie avait été forcé et qu’il y’avait eu donc violation de domicile. Il était également mention de traces de combats, mais qu’étrangement, la propriétaire semblait être  partie avec quelques-unes de ses affaires. La garde avait été envoyé à l’appartement sous demande d’un voisin qui trouvait que la vieille était bien trop calme.

Le page s’inclina, saluant à nouveau le petit groupe avant de s’éclipser, son travail ayant été fait. L’arrivée de la missive avait jeté un froid sur la pièce et la Louve osa demander s’il était possible de savoir de quoi il en retournait. Car pour elle, une telle nouvelle n’’était jamais  une bonne, surtout quand la personne qui la lisait affichait un air contrits.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 18 avril 2014, 02:21:30
La question de l’orphelinat fut remisée à plus tard, à une prochaine réunion du Conseil royal pour traiter sur la question. L’instruction n’était effectivement pas obligatoire. Un précédent Roi avait tenté d’imposer l’éducation obligatoire des mineurs, mais, pour des raisons économiques, ce projet avait avorté. Les agriculteurs, notamment, avaient besoin de leurs fils à plein temps pour entretenir leurs fermes, et il n’était pas pensable de les envoyer à l’école sans dérégler leur système, en les contraignant par exemple à acheter des esclaves, et donc à se ruiner davantage, les agriculteurs ayant déjà de nombreux prêts auprès des banques pour acheter un matériel agricole de qualité et entretenir leurs bâtiments. C’était surtout cette raison qui avait amené le projet d’ordonnance à échouer, et ce dans la mesure où Nexus tenait beaucoup à son agriculture.

Après ce sujet, la conversation dériva sur la pièce de théâtre, et, suite à la question de Shad, Jamiël lui expliqua que la pièce faisait scandale, en ce qu’elle entendait remettre en cause l’inébranlable distinction entre les ordres féodaux, et posait, en substance, la question de la confrontation entre l’amour et les conventions sociales. Un thème éternel, aussi bien sur Terre que sur Terra.

« Désirez-vous donc vous encombrer la tête avec ces fadaises pour adolescents, Majesté ? soupira Ronald.
 -  Et bien, dans la mesure où je suis moi-même une adolescente, Sire Langley... Et puis, je crois que c’était le genre de pièce que ma mère affectionnait tout particulièrement, non ?
 -  On peut dire ça, oui... »

Un léger blanc s’installa, avant que De Meizière n’intervienne.

« Votre mère aimait les provocations sociales, et avait toujours été contre le principe des mariages politiques. Elle-même avait été mariée de force à votre père, et, si l’amour a surgie entre eux, elle n’ignorait pas que cette situation engendrait des viols. Ce genre de pièces offre un message intéressant pour une souveraine, Votre Grâce, car il vous invite à vous demander si le bonheur personnel d’un noble doit passer devant son sens du devoir. »

Elena ne dit rien, connaissant très bien cette ambivalence. Une Reine n’existait pas que pour son propre intérêt, mais aussi pour celui de sa nation. Un duel permanent, et qui était la justification théorique du mariage politique : un noble vivait de manière bien plus confortable que le commun de son peuple, et bénéficiait de tels avantages, parce qu’il avait pour fonction de diriger ses terres. Si un noble ne vivait pas sainement, dans des endroits riches, on pourrait en effet se poser des questions, non seulement sur sa capacité à penser réellement à la gestion de son domaine, mais aussi sur son intégrité. Un mariage politique était ainsi une maigre concession, censée permettre d’éviter les guerres, et de faire fructifier une relation durable et paisible entre des domaines différents.

Un page vint alors les déranger. Il était visiblement troublé, gêné de déranger ainsi la Reine pendant son repas, mais avait une missive de la plus haute importance à lui transmettre. Surprise, Elena hocha lentement la tête.

« Et bien, je vous remercie... Ne vous en faites pas, si cette missive est effectivement urgente, alors vous avez bien fait de me prévenir. »

Elena la prit, et l’ouvrit. La missive émanait de Zephyr en personne, l’identité du chef de la garnison n’étant pas la bonne, mais un simple nom de code pour désigner la redoutable Zerrikanienne. La Reine parcourut cette dernière, lisant les mots figurant dessus. Zephyr l’informait qu’elle avait mené une enquête sur Christie, mais que cette dernière avait disparu. La porte de sa maison avait été fracturée. Les voisins n’avaient évidemment rien vu, et Zephyr avait mené des recherches dans la maison de la femme, mais sans trouver. Il n’y avait aucune trace de sang sur le sol, mais la maison était ravagée, comme si quelqu’un avait cherché à obtenir des informations. Comme il n’y avait aucune trace de sang, il était loisible de penser que Christie s’était tout simplement enfuie, le sol n’ayant pas été nettoyé pour essuyer d’éventuelles traces de sang.

La lecture silencieuse de cette lettre amena à un nouveau silence autour de la table, car Jamiël, Adamante, Ronald, et De Maizière, savaient très bien qu’on ne dérangeait pas la Reine sans une bonne raison. Cette dernière termina donc sa lecture, et leur résuma ensuit ebrièvement le contenu.

« La maison de Christie a été saccagée, et elle est introuvable... »

Consciente que Jamiël ne comprendrait pas, Elena lui expliqua de quoi il retournait. Ronald intervint alors.

« Vous auriez du m’en parler plus tôt, Majesté ! lâcha-t-il. C’est mon rôle d’assurer votre sécurité, et je...
 -  Je ne suis plus une petite gamine, Messire Langley, la coupa Elena. J’ai tout simplement décidé de prendre des initiatives en me renseignant un peu autour de l’abattoir Mandus.
 -  Cette disparition est toutefois troublante, intervint le duc. Et je ne crois pas à de telles coïncidences. »

Elena évita de leur parler de l’agent royal, mais Ronald le saurait tôt ou tard. Elle avait décidé de faire cavalier seul, mais les évènements continuaient à se précipiter, et la Reine allait maintenant devoir demander l’aide de ses soutiens habituels, afin d’éclaircir le mystère qui était en train de s’épaissir autour d’Oswald Mandus.

« Faites-moi confiance, j’ai des appuis dans les bas-fonds, des contacts. Vous n’êtes pas la seule à avoir enquêté sur Monsieur Mandus, Majesté... »

Venant de Ronald, le contraire aurait été étonnant, en réalité.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 18 avril 2014, 15:22:50
Pour la Louve, pour rien au monde elle ne souhaiterait être sujet à un mariage arrangé. Par chance, cela ne pouvait pas lui arriver de par sa catégorie sociale. Mais elle ne pouvait s’imaginer le sentiment qu’éprouvaient les personnes qui devaient subir de telles décisions de la part de leurs parents respectifs. Certes, une telle union permettait également de faire fructifier la richesse des deux maisons et de garantir une paix durable, cependant les mariés n’avaient pas leur mot à dire. Et bien souvent, l’amour ne venait que plus tard dans la relation. Des fois, il ne venait jamais et les époux ne faisaient que leurs devoirs conjugaux par obligations. Pouvait-on alors parler de viol ? C’était fort probable pour la lycane.

Mais un intervenant extérieur mis fin à cette pensée, un page, ramenant une missive. Le contenu de cette dernière déplut fortement à la Terranide et un léger grognement désapprobateur lui échappa. Il lui semblait maintenant que toutes les personnes qui avaient un lien avec l’abattoir Mandus disparaissaient mystérieusement sans laisser de traces. Pourtant, à force, la Louve ne pouvait songer à une simple coïncidence. Elle fut soudainement envahit par un doute. L’avocat qui l’avait aidé à faire ses recherches sur Agatha Christie risquait-il lui aussi de subir le même sort que cette dernière mentionnée ?

Cependant, pour le moment, elle ne pouvait pas avoir le droit à la parole, une discussion active faisait déjà débat entre les autres protagonistes présents.  Et il n’était pas difficile de comprendre que Ronald désapprouvait fortement les dernières décisions d’Elena. Garant de sa sécurité, apprendre que la Reine avait agi sans lui en avoir fait part le mettait presque hors de lui.  Pour peu, la Louve avait l’impression d’assister à une scène d’un père criant sur son enfant désobéissant. Mais l’enfant avait des atouts dans sa manche et ne se laissait pas faire.  Une autre interrogation naquit quand Ronald leur indiqua qu’il avait mené sa propre enquête.

Notant qu’un silence s’était installé face à cette révélation, la lupine attendit quelques secondes pour voir si une personne prendrait la parole. Le silence continua de régner, la fin de la phrase de Ronald toujours en suspension. Au moins, maintenant, Shad pouvait en profiter pour faire part de son inquiétude vis-à-vis de Declan. Et c’est ce qu’elle fit sans plus attendre une seconde de plus.

« En parlant d’enquêtes…Ne serait-il pas plus prudent d’envoyer des gardes protégés le maître Declan ? »

L’homme mentionné était peut-être la plupart du temps au sein du Palais d’Ivoire mais rien n’empêchait que de probables ravisseurs attendent une de ses futures excursions pour l’attendre à un tournant. Après tout, la Louve et l’avocat avaient été attaqués par un simple homme nommé Shaw sans remarquer au premier abord le piège, rien n’empêchait donc que cette mésaventure se reproduise.  La Terranide se racla un instant la gorge, tournant son attention vers le Lord Commandeur :

« Et si je puis me permettre…quelles informations avez-vous récoltés ? »

Face à l’interrogation que de telles prises de paroles pouvaient engendrer, la lycane expliqua rapidement à l’assemblée présente qu’elle avait également un lien dans l’affaire Mandus. Un lien de par sa nature d’unique témoin d’un meurtre  qui s’était déroulé proche de l’abattoir. Ce meurtre n’était pas un fait dissimulé et parler d’une telle chose ne pouvait être une erreur de la part de la lycane. Ainsi,  du fait que la vie de la Louve était quelque peu en jeu, cette dernière souhaitait fortement être également informée de toutes découvertes relatives à Ostwald Mandus.

Mais il lui semblait également que le temps pressait et que bien vite, il serait temps de se rendre directement vers le lieu source de tous ces mystères.  Elle se remémora la présence du cadavre dans le canal poisseux et ne put s’empêcher de se demander  à nouveau si ce mort n’avait vraiment aucun lien avec l’abattoir. Pour le moment, la majeure partie des disparitions ou meurtre qui avaient lieu dans la capitale étaient étroitement liés à l’abattoir. Pourtant aucune preuve tangible ne permettait réellement de prouver un tel fait, il ne s’agissait ici que de simples suppositions.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le samedi 19 avril 2014, 02:19:15
La protection de Declan allait effectivement se poser, vu la propension à laquelle les personnes liées à l’abattoir Mandus disparaissaient. Cependant, Declan n’était pas comme Agatha Christie. C’était un avocat, un avocat qui officiait au Palais d’Ivoire, qui était lié à d’autres personnes, avait des amis, des relations, une vie sociale importante. Il ne pouvait pas disparaître aussi facilement qu’Agatha Christie, et déployer des gardes chez lui, pour le protéger, présenterait aussi l’inconvénient de déclencher un sentiment artificiel de panique. Si les voisons voyaient des gardes auprès de Declan, la réputation de ce dernier pourrait en pâtir. Néanmoins, Shad avait raison de s’inquiéter là-dessus.

Elena hésitait, tout simplement. Ronald, quant à lui, avait laissé entendre qu’il avait des informations sur l’abattoir, et c’est tout naturellement que Shad lui posa une question là-dessus :

« Et si je puis me permettre… Quelles informations avez-vous récolté ? »

Ronald hésita un peu. Le plat principal touchait à sa fin, mais il restait encore le dessert. Il se tut, le temps que des majordomes viennent récupérer les couverts, et, une fois que ces derniers sortirent de la pièce, l’homme se permit alors de répondre à la question de la Terranide.

« Mes agents ont mené une enquête, mais elle n’a abouti à rien de concluant, pour l’heure. J’ai acquis la conviction qu’il y avait différentes disparitions dans les bas-fonds. Quelques ouvriers de l’abattoir, mais aussi des clochards, des réfugiés politiques sans hébergement, ou encore des criminels... La particularité commune de tous ces gens est que, dans la grande majorité des cas, ils ont fait l’objet de condamnations pénales, ou ont été mêlées de près à des informations judiciaires.
 -  Vous pensez à un justicier ?
 -  Je ne pense rien, Jamiël, je me contente d’analyser objectivement les faits, et de les interpréter, répliqua Ronald. Les différents policiers ayant enquêté sur ces disparitions n’ont fait que des analyses de routine. Il est assez difficile d’évaluer l’ensemble de ces disparitions, car il est fréquent que Nexus avale des gens... Des individus se faisant égorger en sortant d’une taverne, ou qui se font kidnapper par des esclavagistes, ou disparaissent dans des caves... Les exemples ne manquent pas, malheureusement.
 -  Alors, comment vos services ont-ils pu établir un lien ? » intervint le duc.

Ronald s’éclaircit lentement la gorge, et sortit de la poche intérieure de sa veste un petit papier plié, qu’il déplia lentement, avant de le poser sur la nappe de la table.

« À cause de ceci. »

C’était une image représentant un genre de casque... Un casque qui avait la forme d’un porc :

(http://img106.xooimage.com/files/7/6/9/amnesia-45250a6.png)

Un œil avait été dessiné sur le masque, avec une pupille jaune. Elena ne sut dire pourquoi, mais ce masque la fit étrangement frissonner. Ronald leur laissa le temps de le voir, et reprit :

« En fouillant dans les procès-verbaux et les signalements des différents postes de garde, mes agents ont remarqué que plusieurs tags et autres inscriptions murales illicites ont été faites, montrant des têtes de porcs. Enfin, une perquisition effectuée dans le cadre d’un squat a permis de révéler, dans les affaires d’un individu, ce masque. Un masque similaire aux graffitis qui ont été faits.
 -  Une piste bien mince..., nota le Duc.
 -  En effet, acquiesça Ronald, mais un bon début. D’après les habitants du squat, cet homme est un petit receleur notoire, répondant au nom d’Olliver Key. Mes agents ont essayé de le retrouver, mais les bas-fonds sont plutôt grands, et il est assez facile de s’y terrer, et de passer inaperçu. »

Ronald leur expliqua qu’il n’avait aucun lien précis avec l’abattoir, mais, qu’à partir d’Olliver Key, il avait fait des recherches. Ses agents lui avaient ainsi révélé que, sous l’anonymat, certains habitants avaient parlé de l’existence d’une mystérieuse secte, utilisant le cochon comme emblème.

« La disparition de cette femme me semble liée à ce groupuscule. Bien entendu, ce n’est qu’une supposition. Je n’ai aucune autre preuve de l’existence de cette soi-disante secte que ces masques de porcs. Cependant, si ces rumeurs sont fondées, il me semble bien que cette secte doive tourner autour de l’abattoir Mandus. »

Même Elena pouvait sentir à quel point ce dossier était bancal. Ronald, comme elle, n’avait rien de concret, mais avait envisagé la piste de l’abattoir Mandus sous un autre angle qu’elle. Qu’ils raccordent leurs violons était donc, en ce sens, une bonne chose.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 19 avril 2014, 21:06:39
La Louve écouta attentivement les renseignements recueillis par le Lord Commander. Toutes les disparitions dont il faisait mention semblaient avoir un lien étroit.  Un lien lié au fait que les personnes disparues  était liées à des affaires judiciaires ou pénales. Et qui donc s’inquiéterait de voir un ou deux malfrats disparaitre des Bas-Fonds ? Peu de monde et tout comme le souligner Ronald, la capitale était connue pour avaler des gens.  Nul ne pouvait prévoir s’il rentrait chez lui sans heurt à Nexus. Penser que la ville était sans danger était alors croire à une fausse utopie.

Mais ce qui attira particulièrement l’attention de Shad fut le papier que Ronald déplia sur la nappe de la table. Un frisson lui parcouru tout l’échine tandis que la vue du masque de porc dessiné s’offrait à sa vue. Ce n’était peut-être qu’une représentation artistique mais, cette image avait de quoi mettre mal à l’aise. La surprise et l’angoisse passées, la Louve tapota doucement de l’index près du papier dépliée, indiquant ainsi par sa gestuelle qu’elle marquait l’accent sur le masque de porc.

« Ce masque, je l’ai déjà vu deux fois » entama-t-elle.

Et non, elle ne pouvait pas le confondre avec un autre masque, sa vue était gravée dans sa mémoire visuelle. La lupne résuma donc rapidement où elle avait déjà pu voir pareil artéfact.

«La première fois, c’était lors du meurtre hier soir, un homme jugé sur un toit porté un masque ressemblant fortement à ce dernier. La seconde, c’était dans le manoir d’Ostwald Mandus dans son bureau plus précisément. »

Si ses souvenirs étaient justes, la lycane avait fait part de cette découverte à Elena lors de leur retour du Manoir de Mandus.  L’élément n’avait pas semblé fort important à cette période-ci mais il était évidemment qu’il devait être remis sur le devant de la scène. La Terranide désigna quelques motifs du masque à ses interlocuteurs présents :

« Mais ces motifs-là…ce n’était pas les mêmes que ceux présents sur le masque de Mandus. »

Shad se demanda à cet instant si la différence de motifs pouvait faire penser à une différence hiérarchique dans ce groupuscule. Et surtout, est-ce qu’une personne avait-elle vu le masque de Mandus pour s’en inspirer ? Ou était-ce un masque d’apparence fréquente en réalité ? Dans tous les cas, elle se souvint également que le Lord Commander leur avait indiqué qu’ils  possédaient  l’un de ces fameux masques porcins.

« Ce masque, serait-il possible de le e voir ? Je pense qu’il serait possible de traquer son porteur grâce à ce dernier ou sinon, j’aurais bien une autre proposition à faire, mais elle peut être risquée »

La lycane se tut un instant, le temps que les domestiques apportèrent le dessert. Sa première proposition était possible, il lui suffirait d’user de son odorat et de pister le porteur du masque. Il lui était déjà arrivé par le passé de traquer une proie sur plusieurs dizaines de lieux, mais rien ne disait également que la personne n’avait pas prévu cette éventualité et qu’il ne s’était pas préparé en conséquence.  Il était aisé de cacher son odeur si on savait comment faire. Il ne restait donc que la seconde proposition que la lupine réfutait à donner. Cependant, elle avait commencé à parler de son idée, autant y aller franchement.

« La deuxième solution serait qu’une personne serve d’appât. On pourrait la marquer par magie pour retrouver la trace de cette secte. Mais là, les risques sont grands et bien présents ».

Il était tout à fait possible d’être grièvement blessés en usant de cette technique. De plus, la Terranide sentait très bien que très peu de personnes oseraient endosser ce rôle important certes, mais dangereux en l’occurrence. Une troisième idée germa dans son esprit, une idée toute simple, toute basique.

« Ou sinon, n’est-il pas possible d’espionner l’activité des Bas-Fonds ?  Recouvrir ainsi grâce à des agents ou encore une fois grâce à la magie quelques zones suspectes ? »

Mais encore une fois, cette idée avait son lot de risques, notamment vis-à-vis des agents qui pourraient y être déployés.  Le dernier qui s’était intéressé d’un peu trop près à l’abattoir avait mystérieusement disparu. La lycane soupira intérieurement, elle avait la désagréable sensation d’être dans un étau où chaque proposition faisait resserrer ce dernier. Elle porta donc son attention sur le groupe autours de la table, attendant leurs remarques et propositions.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 21 avril 2014, 01:18:02
Le dessert fut servi. Depuis que la Reine était revenue à Nexus, les cuisiniers avaient eu le temps de connaître ses goûts culinaires, et savaient que la Reine était particulièrement friande de gâteaux : tartes aux pommes, tiramisus, gâteaux aux yaourts, fraisiers, flans... Et les inévitables gâteaux aux chocolats, qui fut ce qu’on offrit aux convives. Un gros gâteau avec du sucre blanc, et des bols contenant une crème anglaise encore chaude. Les pages récupéraient silencieusement les plats et les couverts, s’écartant, laissant ainsi le soin à Shad, tandis qu’Elena découpait avec un couteau un morceau de gâteau pour le mettre ensuite sur sa cuillère en argent, de donner ses théories. Ce masque, elle l’avait déjà vu chez Oswald Mandus, ce qui amena Ronald à froncer légèrement les sourcils. La Reine avait donc réellement mené cette étrangère chez Mandus... Il hésitait entre l’inconscience patentée du geste ou la confiance surestimée de cette dernière à l’encontre des personnes étrangères. Néanmoins, si Mandus avait un objet de ce genre chez lui... De Maizière, de son côté, observait silencieusement l’image, tandis que Shad proposait ses idées.

Elle proposa un appât, ce qui laissa Ronald sceptique. Un appât pour faire quoi ? Comment s’en servir pour attirer les membres de la secte ? L’idée était imprécise, et Shad suggéra ensuite de continuer à observer l’activité des bas-fonds. Le Lord Commandeur hocha lentement la tête, avant de répondre, assez rapidement :

« C’est une chose que nous faisons déjà, répliqua-t-il. Nous essayons de retrouver cet Olliver Key, mais les bas-fonds sont vastes, d’autant plus que les criminels ont pris l’habitude de se cacher dans les égouts et dans les cryptes souterraines. On raconte que des meutes de Skavens vivent là-dessous, ainsi que des pauvres qui se sont réunis en se nourrissant des déchets de la ville ou des cadavres de monstres... Comme ces récolteurs qui vivent à la surface. »

Parler d’une telle chose pendant le repas était un peu indécent, et la mine de la Reine s’assombrit un peu. Elle baissa lentement la tête. Elle mangeait à sa faim, elle, mais, pendant ce temps, son peuple était en train de mourir de faim... Il n’y avait rien de juste là-dedans. La Reine avait déjà suggéré de faire un approvisionnement de nourriture dans les quartiers populaires de la ville, une sorte de soupe populaire auprès des associations. Le projet était d’ailleurs en cours de discussion, et il avait fallu trouver un moyen d’indemniser les agriculteurs pour la nourriture qu’ils produiraient. La Couronne allait devoir encore dépenser des sommes, et certains nobles avaient été contre cette idée. Les caisses étaient déjà appauvries du fait de la guerre. Comment financer le bénévolat ? Et pour quel profit ? Ne serait-ce pas une forme d’assistanat ? Si les pauvres avaient de la nourriture en ne faisant rien d’autre que se plaindre et dormir tout le temps, ce serait comme une forme d’encouragement à la paresse et au laxisme. La Reine réfléchissait donc à une manière de convaincre toutes les parties. L’idée de voir des nouveau-nés mourir entre les bras de leurs mères parce que ces dernières n’avaient pas suffisamment de nutriments dans le corps pour les allaiter lui était insupportable, et ce même si c’était là une triste réalité.

« Et avez-vous obtenu des résultats sur cet Olliver Key ? » demanda alors Adamante.

Ronald tourna sa tête vers la Mélisaine, et ne tarda pas à lui répondre :

« Pas vraiment, non... Key est un receleur. Ses clients nous échappent, et ses fournisseurs se planquent. Cependant, nous avons des pistes, et j’espère bien que...
 -  Je connais ce masque », intervint alors Arnaud de Maizière.

Il était resté étonnamment silencieux pendant plusieurs minutes, et sa remarque instaura un silence de plomb dans la pièce.

« Comment ça, Messire de Maizière ? demanda la Reine, également surprise.
 -  Du moins, je reconnais ces signes, même si l’effigie est différente... Il y en a une reproduction dans le Palais d’Ivoire, Majesté. »

Cette constatation amena un nouveau silence circonspect autour de la table.

« Il se trouve dans les salles d’arts, et, si je ne m’abuse, fait partie des souvenirs ramenés par des safaris et des explorations menées dans différents endroits du monde sauvage il y a quelques années. »

La mémoire de De Maizière était d’autant plus bonne qu’il avait récemment organisé lui-même un inventaire de ces pièces, suite à une demande de la Reine, afin de savoir s’il ne serait pas possible d’organiser une vente aux enchères. L’inventaire avait été fait, mais l’idée avait, pour le moment, été abandonnée, afin de ne pas appauvrir le patrimoine royal.

« C’est un masque tribal qui vient tout droit des jungles profondes de Zerrikania. »

Les liens commençaient progressivement à se tisser, formant un maillage de plus en plus complexe, mais reliant entre eux les différents évènements qui étaient arrivés. Zerrikania, la terrible jungle... On disait d’elle que c’était l’un des endroits les plus dangereux du monde, une jungle remplie de monstres terrifiants, et de peuples tribaux tout autant terribles. Grâce à Zephyr, Elena savait que tous ces préjugés avaient une part de certaine d’authenticité.

Visiblement, Zerrikania avait encore d’autres secrets à communiquer.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 21 avril 2014, 14:29:53
Shad se pinça légèrement et discrètement la lèvre inférieure.  La Louve n’avait pas l’habitude d’exposer ses idées à bon nombres de personnes et elle venait de remarquer que son élocution comportait quelques déficiences.  Il fallait également avouer qu’elle se considérer plus comme une terranide de terrain plutôt qu’une à exposer divers plans et théories. Elle avait donc bien vite remarqué que ses propositions n’étaient pas assez bien illustrées mais  elle ne coupa cependant pas la parole pour rattraper ses dires.

Il était évident que la Couronne continuait à espionner l’activité des Bas-Fonds mais la lycane avait fait référence à un petit groupe qui se serait infiltrés plus en avant dans cette fameuse secte. Tout comme les appâts étaient en réalité une idée pour débusquer ce petit groupe semant la mort dans les Bas-Fonds. Mais l’Okami s’avoua que ses explications étaient fortement bancales.  Et elle comprenait également que ce fameux Key serait bien difficile à trouver. Shad fut également d’apprendre tout ce qui pouvait se trouver dans les bas-fonds comme créatures. Il y’a peu, elle avait eu connaissance des goules dans certaines parties de la capitale, mais maintenant apprendre que même des Skarven y  demeuraient, voilà un fait qui la laissait perplexe. La Louve vint même à se demander ce que pouvait bien faire la milice pour protéger les Nexusiens. Ou seulement, faisaient-ils réellement quelque chose ?

Perdue dans ses pensées, la  terranide pris par la suite un morceau du gâteau en chocolat, versant une petite touche de crème anglaise dessus avant de le porter à sa bouche. Pourtant, une bouchée qui devait être savoureuse, fut difficile à avaler quand le Duc de Maizière intervint dans la discussion. Ce dernier venait tout simplement de leur avouer qu’il connaissait le masque dessiné sur le papier déplié par le Lord Commander. La Terranide avala donc difficilement son morceau de gâteau, sentant ce dernier passer par accrocs dans son gosier. Elle gratifia pour ce fait le Duc d’un regard noir, massant en même temps sa gorge avec l’une de ses mains.


Le masque ou du moins une réplique aurait été aperçu dans la galerie des arts du Palais et fait encore plus intéressant, le Duc en connaissait son origine : La forêt de Zerrikania.  Ce lieu,  Shad  en avait déjà entendu parler lorsqu’elle fut dans l’église du Père Lamb. Et plus particulièrement quand on avait inspecté le poison qui avait imbibé sa flèche qui aurait dû la mettre hors service. Elle se tourna donc vers Adamante, observant si cette dernière faisait également un lien étroit entre les évènements passés et les déclarations récentes.

« Beaucoup d’éléments de cette jungle semble faire surface actuellement. Il me semble que Mandus a également fait un voyage dans ces contrées, pensez-vous qu’il pourrait y avoir un lien ? »

Elle questionna par la suite rapidement la magicienne et amie de la Reine :

« Les alchimistes n’auraient pas déjà un petit élément de réponse quant à la flèche que vous leur avait demandé d’inspecter ? Si je ne me trompe pas, le poison dessus provenait également de la forêt de Zerrikania »

Mais il était fort probable que les alchimistes aient déjà fini leurs relevés. Cette nouveauté laissait la Louve perplexe, tout simplement se relier et pourtant, elle avait l’impression qu’un fait important leur échappait. Mais quoi ?  Shad commençait même à se demander pourquoi par tous les dieux la Couronne n’envoyait-elle pas des soldats inspecter cet abattoir qui semblait tant d’interrogations. Mais elle savait que cela n’était pas possible sans une longue procédure. C’était une situation qu’elle n’apprécié que très peu.

L’Okami aurait aimé demander ce qu’ils pouvaient faire maintenant, mais cette question était déjà d’actualité. Elle se retourna donc vers le Duc de Maizière espérant que ce dernier aurait d’autres informations à leur donner.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 23 avril 2014, 02:01:54
Nexus était une cité millénaire, extrêmement ancienne, à l’Histoire particulièrement riche. Elle avait connu tous les grands fléaux de ce monde : les guerres, les épidémies, les famines, les incendies, les pogroms... C’était tout un royaume qui s’était petit à petit, sous l’essor du commerce et de la navigation maritime, étendu. Les morts avaient été enterrés dans des cryptes, puis dans des charniers quand il n’y avait plus assez de bois pour faire les tombes, et ils s’y étaient entassés, pourrissant peu à peu, engloutis dans une ville qui ne cessait de croître, devenant un véritable monstre qui, lentement, dominait l’intégralité du monde en devenant un nerf du commerce. Nexus était le poumon économique de Terra, et sa destruction était susceptible d’handicaper gravement le reste du monde. N’importe quelle personne censée le savait. Les banques nexusiennes finançaient la majorité des guildes et des compagnies commerciales du monde, et les Tekhanes bénéficiaient de relations commerciales importantes avec Nexus. On ne pouvait pas faire sans la cité-État, et, depuis que les hommes avaient pris le contrôle de Nexus, une seule dynastie avait toujours régné sur le royaume : les Ivory. Cependant, la dynastie n’avait jamais été aussi affaiblie que maintenant. Il n’y avait plus qu’une seule Ivory, et beaucoup, à Nexus, sentaient le vent changer. Certains s’en alarmaient, car les Ivory avaient toujours été très populaires, et d’autres se frottaient les mains. Quoiqu’il en soit, les Ivory avaient toujours défendu Nexus contre toutes les menaces, et, même maintenant, la milice continuait à agir. Malheureusement, Nexus affrontait d’importants problèmes : l’entretien des superforts coûtait une bonne partie du Trésor, et l’arrivée massive de réfugiés et de clandestins avait entraîné une importante surpopulation, qu’il était difficile de réguler. Ceci conduisait à une hausse de la criminalité, une hausse des monstres, un engorgement de la justice, et des prisons remplies à ras-bord, contraignant ainsi les juges ou le service pénitentiaire à devoir relâcher de petits délinquants. Un tel système encourageait la récidive, mais Nexus manquait d’or pour construire de nouvelles prisons, et la Reine n’avait pas spécialement envie que tous ses sujets finissent en prison. Un prisonnier n’était rien de plus qu’un boulet pour la société. Ils travaillaient, certes, mais leur rendement était faible, et ne permettait pas de compenser le coût dépensé à construire les cellules, les lits, la nourriture, et les soins quotidiens prodigués aux détenus. Nexus agissait, oui, mais il y avait tant à faire, et tant de corruption, que les efforts du royaume étaient ralentis.

Shad posa une question concernant Zerrikania. Les Nexusiens de la haute société connaissaient généralement ces lieux exotiques. La Couronne avait, il y a quelques décennies, organisé de grandes explorations dans des contrées sauvages et hostiles, afin d’espérer trouver des gisements miniers riches. Zerrikania avait fait partie des cibles possibles, mais les colonies envoyés là-bas avaient rapidement déchanté. C’était une époque où Nexus n’était pas encore en guerre contre Ashnard, et commençait également à s’étendre sur le continent. Des colonies militaires avaient été fondées afin de permettre la construction de mines et de carrières, et la jungle sauvage de Zerrikania avait fait figure de choix possible. Malheureusement, l’endroit était bien trop dangereux. L’un des colons de l’époque, un capitaine, avait rédigé des mémoires sur Zerrikania, et ces dernières étaient devenues un best seller à Nexus. Il y décrivait son aventure pour retrouver un groupe d’éclaireurs envoyés dans la forêt, un voyage qui l’avait amené à côtoyer de près les sauvages qui vivaient dans Zerrikania, des tribus généralement xénophobes et carnivores, en guerre l’une contre l’autre, et qu’il supposait être les descendants d’une civilisation plus ancienne, qui avait construit des temples dans les profondeurs de la jungle. Il els décrivait comme de véritables sauvages pratiquant des sacrifices rituels à des Dieux païens et cruels, prodiguant une justice cruelle et chamanique. Il avait décrit des scènes de torture assez insoutenables, et avait réussi à en réchapper. Parallèlement, les mémoires décrivaient également la faune et la flore de Zerrikania. Il y avait des plantes carnivores, des araignées si grandes que leurs dards dépassaient la taille d’une tête, et de redoutables mouches tsé-tsé zerrikaniennes, qui filaient dans vos conduits auditifs pour pondre des œufs dans votre cervelle. Le récit se terminait par une note plus philosophique, où le colon avait expliqué que, selon lui, l’hostilité des tribus zerrikaniennes se justifiaient par leur environnement, ce qui avait donné lieu à de multiples controverses philosophiques, encore latentes, sur le conditionnement de l’être humain par la nature qui l’entourait. Ce récit avait également suscité la passion des aventuriers et des esclavagistes, qui avaient voulu capturer les redoutables sauvages zerrikaniens. Ils se vendaient alors à prix d’or sur le marché, mais les capturer n’était pas facile. La plupart des chasseurs d’esclaves et des expéditions revenaient bredouilles, avec bon nombre de disparus et/ou de morts.

« Beaucoup d’éléments de cette jungle semblent faire surface actuellement, nota la Terranide. Il me semble que Mandus a également fait un voyage dans ces contrées, pensez-vous qu’il pourrait y avoir un lien ?
 -  Monsieur Mandus a effectivement organisé un safari là-bas, il y a quelques années, confirma Elena.
 -  Avec l’accroissement de la guerre, expliqua alors Jamiël en prenant la parole, les guildes sont un peu plus réticentes à financer ce genre d’expéditions. Les compagnies de voyage ne veulent pas que leurs groupes tombent sur des patrouilles ashnardiennes. Zerrikania a cependant toujours eu la côte auprès des explorateurs.
 -  Vous pensez que des Nexusiens pourraient embaucher des Zerrikaniens comme assassins ? demanda alors Elena, une idée derrière la tête.
 -  ...Ou que Mandus aurait pu ramener des indigènes de Zerrikania, compléta Adamante, explicitant les doutes de la Reine.
 -  En tout cas, intervint Ronald, je n’ai reçu aucune information dans ce genre, mais c’est une possibilité qu’il ne faut pas exclure. Les confréries d’assassins d’élite préfèrent généralement employer des Drow, mais il n’est pas impossible qu’ils aient pu se procurer le poison venant de Zerrikania... On dit que leurs basilics sont particulièrement dangereux, comme tout ce qui se trouve dans cette maudite jungle, d’ailleurs. »

Jamiël esquissa un léger sourire. Est-ce que Langley parlait par expérience ? Elle n’eut cependant pas l’occasion de le taquiner là-dessus, car Shad choisit ce moment pour poser une autre question, regardant Adamante et Elena :

« Les alchimistes n’auraient pas déjà un petit élément de réponse quant à la flèche que vous leur avez demandé d’inspecter ? Si je ne me trompe pas, le poison dessus provenait également de la forêt de Zerrikania. »

Ce fut Adamante qui répondit :

« J’ai confié la flèche à Kromfell. C’est un alchimiste réputé, précisa-t-elle, recevant une confirmation silencieuse par des acquiescements de la tête. Il a fait quelques recherches, et confirme la provenance de Zerrikania. Du venin de basilic mélangé à d’autres substances. En revanche, il n’a repéré, pour l’heure, aucun des éléments caractéristiques des confréries d’assassins traditionnelles. »

Chaque confrérie avait son propre poison, qu’elle confectionnait généralement par ses propres alchimistes. Il était ainsi possible, en procédant à un examen minutieux, à l’aide d’instruments pointilleux et précis, de repérer d’infimes différences entre les substances de poison, et ainsi de repérer une sorte de « signature ». Les confréries elles-mêmes laissaient souvent ce genre de signatures. Elles étaient discrètes, et constituaient un moyen de publicité efficace, pour assurer aux clients que leur tâche avait été effectuée. Ces confréries étaient naturellement illégales, et, si certaines étaient parfois démantelées, d’autres réussissaient à se dissimuler plutôt bien, et fonctionnaient au moins depuis des siècles.

« Alors, ce serait une nouvelle confrérie ? s’étonna Jamiël, sceptique.
 -  Une nouvelle confrérie, avec du venin de basilic ? Possible, mais peu probable, nuança Ronald. Mais un assassin isolé, un privé, voilà qui est tout à fait possible... Et qui nous rapproche de Mandus. Je pense qu’il faudrait se renseigner davantage sur son expédition, afin de savoir s’il avait ramené des indigènes. »

La loi obligeait les individus revenant d’expéditions de ce type à déclarer ce qu’ils avaient récupéré, surtout quand il s’agissait d’étrangers. C’était une prérogative d’ordre public, car il fallait s’assurer que l’étranger n’était pas infecté par une quelconque maladie, ou même que les colons eux-mêmes n’avaient pas contracté un virus susceptible de déclencher une épidémie. Cependant, il était toujours possible de ne pas déclarer certaines choses. On appelait ça de la contrebande, et, si Mandus était effectivement allé jusqu’à envoyer quelqu’un commettre des meurtres, un peu de contrebande ne devrait pas le déranger.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 23 avril 2014, 19:48:21
La flèche avait donc bien un lien avec la forêt de Zerrikania.  Mais elle ne comportait aucun autre élément permettant de tracer l’assassin.  La Terranide en fut dépité mais il était hors de question qu’elle baisse les bras.  Le tireur pouvait donc être un membre d’une nouvelle confrérie d’assassin ou un indigène provenant directement de cette forêt indomptable et hostile. Mais  comment savoir ?  Ronald répondit à cette interrogation en proposant  de faire des recherches sur l’expédition menée par Oswald Mandus.

Cependant, la Louve pressentait déjà que ce serait une tâche qui leur demanderait bon nombres d’éléments de recherches. Et elle craignait également de voir d’autres tierces personnes disparaître mystérieusement après leur visite. Quoi que, ces disparitions pourraient confirmer les doutes autours de Mandus, mais cela reviendrait à risquer des vies humaines. Quoi que ce n’était pas réellement les vies qui étaient en jeu qui dérangeaient la Terranide, mais c’était plus par pur principe.  Elle porta un autre morceau de gâteau à sa bouche, songeuse, repensant à tout ce qui avait dit depuis le début du repas.

Si des recherches devaient être menées, par où commençait ? Le Palais possédait il des traces écrites des  excursions faites par les riches Nexusiens ? Ou ces écrits étaient –ils consignés dans un  autre bâtiment de la cité ?  Par ailleurs,  était-il possible qu’un élément rapporté d’une excursion passe entre les mailles des filets de la « douane »  nexusienne ?  Il était évident que cette dernière devait être très à cheval sur les contrôles mais il était également possible de passer outre si on savait comment s’y prendre.  Il y’avait également une autre solution, mais Oswald Mandus risquerait de se montrer méfiant.

« Nous pouvons faire des recherches sur l’expédition effectué par Oswald Mandus ou bien tout simplement aller de nouveau à sa rencontre en prétextant un quelconque alibi ? »


Encore fallait-il trouver cette idée d’alibi qui ne mettrait pas Mandus sur la défensive et la perplexité. La Louve tapota légèrement de l’index sur la table, cherchant toute solution qui pourrait les aider dans ce nouvel élément.  Recherche du côté de la guide qui aurait participé à l’expédition avec Oswald ? Recherche d’un proche qui pourrait les renseigner ? Recherche de documents liés à ce fameux voyage dans la forêt de Zerrikania par le propriétaire de l’abattoir ?  La lupine proposa chacun des éléments.  Elle se doutait bien que certain fait était irréalisable mais mieux valait se questionner sur  plusieurs plans plutôt que de rester focaliser sur un  plan unique.

Ainsi, un élément qui pouvait échapper apparaissait soudainement aux yeux de tous. Mais encore fallait-il mettre le doigt dessus et la plupart du temps, cet élément primordial n’était découvert qu’après un bon laps de temps. Et malheureusement, le temps leur était quelque peu compté. La visite à l’abattoir devait se faire dans peu de temps, il fallait donc choisir au mieux où enquêter sur cette question d’expédition.  Mais la nuit était tombée actuellement sur la ville et beaucoup de lieux qui devaient faire office d’une enquête ne seraient pas accessible avant l’aube.  Les seules informations qu’ils pourraient trouver devraient être dans le Palais. Pensant à cela et à ceux qui avaient été dit, la Louve se tourna vers le Duc de Maizière.

« Les  objets dans la galerie des arts proviennent bien pour certains d’expéditions lancées dans la forêt de Zerrikania non ? Serait-il possible d’avoir une trace de leur provenance ? Ce ne serait pas grand-chose, mais peut-être pourrions-nous avoir des renseignements sur l’expédition de Monsieur Mandus. Du moins, si ce dernier à participer à enrichir la galerie des arts. »

En réalité, la lupine devait bien avouer qu’elle ne savait pas par quel côté commencer.  Elle savait juste qu’elle irait là où on lui demanderait de se rendre. Mais l’idée de passer encore des heures dans des paperasses et des archives ne l’enchantaient guère. Pourtant, l’assassin n’allait pas de présenter à la porte du palais de son pleins grès. A cette pensée, la lycane se demanda si ce dernier retenterait prochainement sa chance ou s’il la croyait morte. Prise subitement d’un doute, elle interrogea Adamante :

« Avons-nous des nouvelles du Père Lamb ? Sait-on si ce dernier est sain et sauf ? »

Il semblerait que toutes les personnes étant rentrées en contact avec Shad et Adamante aient disparus mystérieusement. Le Père Lamb avait répondu à quelques-unes de leurs interrogations et la lycane ne put réprimer un frisson rien qu’en pensant que le curé était peut-être en arrêt de mort.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 25 avril 2014, 01:45:57
Se renseigner sur une expédition qui avait lieu il y a une vingtaine d’années au moins, et qui portait sur un autre endroit du globe, voilà un singulier défi ! La Terranide proposa certaines idées qui rejoignaient ce que De Maizière pensait. Le voyage vers Zerrikania avait du être consigné dans les archives royales. Il suffirait de se renseigner pour trouver les informations administratives concernant l’expédition, à savoir le nom de la guilde ayant réalisé l’expédition, la durée prévisible du voyage, ses motifs, et la liste des participants. Ce genre de renseignements officiels étaient nécessaires pour permettre de clarifier les expéditions, et ainsi pouvoir mieux organiser d’éventuelles équipes de secours, si le voyage devait connaître des intempéries. L’idée était aussi d’éviter des fraudes, soit des voyages de contrebande qui s’effectueraient par le biais de safaris et de voyages dans des pays exotiques. On pouvait donc les trouver dans les archives du Palais d’Ivoire, mais même De Maizière sentait son courage défaillir à l’idée d’affronter, ce soir, les empilements de dossiers et de manuscrits dans les rangées d’étagères se perdant sur des dizaines de mètres. Il enverrait certainement un page s’en charger.

Le dessert se terminait, même si la Reine reprenait une nouvelle part de gâteau au chocolat, ainsi que de la crème anglaise supplémentaire, recouvrant le gâteau, avant de le découper proprement avec une cuillère. Quand elle était petite, elle prenait des bouchées énormes, ouvrant ses lèvres si démesurément qu’on avait l’impression qu’elle voulait avaler tout le gâteau d’un coup. Jamiël avait du lui apprendre à maîtriser ce genre de petits détails. Elena était une Reine tout le temps, même quand elle était aux toilettes, et elle devait donc s’assurer de toujours conserver une image digne et respectable. Elle représentait et était appelée à diriger Nexus, après tout, pas un poulailler. Elle mangeait donc proprement, lentement, tout en écoutant ses convives parler entre eux.

Shad posa une question concernant les objets figurant dans les galeries du Palais. Ronald ne tarda pas à répondre à la question de la jeune femme :

« Je contacterais l’académie demain. Un spécialiste devrait sûrement pouvoir nous en dire plus sur ces curieux masques. »

Elena pouvait aussi demander à Zephyr, mais il n’était pas simple de la convoquer. La Zerrikanienne ne devait pas faire sauter sa couverture. Si on apprenait qu’elle travaillait en réalité pour Elena, elle risquait d’avoir des problèmes, et devrait fuir. Grâce à elle, plusieurs attentats terroristes avaient réussi à être empêchés, et Elena ne pouvait donc pas risquer de perdre ce précieux élément de renseignements en étant trop empressée à résoudre ce mystère. En effet, elle était sûre que Zephyr pourrait leur fournir des réponses sur ce mystérieux masque, sur sa signification. Quoi qu’il se passe, Mandus était concerné. Peut-être était-il possible que des Zerrikaniens cherchent à la tuer ? Elena n’avait jamais envisagé cela sous cet angle, mais il était fort possible, en réalité, qu’Oswald ne soit pas un ennemi, mais une autre victime supplémentaire. Auquel cas, les adversaires cherchaient à détruire l’abattoir... Elena envisagea brièvement cette théorie. Les suspects possibles étaient relativement nombreux, puisqu’il s’agissait potentiellement de toutes les guildes commerciales de Nexus.

*Néanmoins, si c’est le cas, pourquoi utiliser les Zerrikaniens ?*

Était-ce une fausse piste ? Elena trouvait ça trop important pour que ce soit vraiment le cas. D’une manière ou d’une autre, Oswald était lié à cette histoire.

« Avons-nous des nouvelles du Père Lamb ? Sait-on si ce dernier est sain et sauf ? » demanda soudain Shad.

Adamante ne tarda pas à répondre :

« Je préfère être optimiste en me disant qu’il vit toujours. C’est un homme très populaire dans le quartier de l’abattoir. S’il se fait tuer, il y aura un mouvement de panique. »

C’était une manière de dire qu’il était protégé... Ou, au contraire, d’en faire une cible privilégiée. Une petite moue traversa les lèvres de la Reine, qui choisit alors d’intervenir :

« Je propose d’aller directement en parler à l’intéressé. Il n’y a qu’à l’inviter ce soir au théâtre, et lui en demander davantage sur cette expédition à Zerrikania.
 -  Et ainsi prendre le risque de lui montrer que nous le soupçonnons... compléta De Maizière. Néanmoins, nous ne le considérons pas comme un suspect... Officiellement, du moins. »

Elena réfléchit un peu, se pinçant les lèvres, et enchaîna :

« Il est aussi possible que des gens cherchent à le tuer, ou à détruire son entreprise. On ne peut pas négliger cette piste. Il suffira juste de lui demander des renseignements sur ses explorations, afin d’en découvrir plus. »

Arnaud de Maizière hocha lentement la tête. On ne pouvait effectivement pas négliger cette piste.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 25 avril 2014, 18:27:09
Le théâtre  n’allait donc pas être seulement une sortie «  détente » mais également une sortie  servant d’interrogatoire. Mais encore fallait-il que le présumé accepte l’invitation sans poser de questions. Cependant, être invité par la Reine n’était-il pas un grand honneur à ne pas refuser ?  Cela pouvait permettre à des nobles  de créer de nouveaux contrats, agrandir leurs positions ou encore monter dans la sphère de la noblesse. Pour la Louve, une telle invitation ne pouvait pas être refusée.  Cependant le plus délicat sera bien d’interroger Oswald Mandus sans que ce dernier ne se braque. En pensant à cela, la Terranide remarqua :

« Oswald Mandus m’a rencontré en tant que domestique, je devrais donc revêtir à nouveau ce rôle au théâtre. Pour les interrogations, je ne pourrais pas apporter ma contribution. Sauf si la situation le permet. »

Autant prévoir à l’avance. Si la Terranide venait à se mettre à interroger à tout va  le propriétaire de l’abattoir sur ses expéditions passées, ce dernier pourrait  bien se douter qu’on lui avait menti dès leur première rencontre.  Ainsi, la Louve  rejouerait le rôle de simple domestique, restant pour la plupart du temps silencieuse. Cela ne l’enchantait guère mais mieux valait cela que de mener cette investiture à sa perte.  Enfin, avant tout cela, il fallait déjà inviter l’intéressé et le temps était compté.

Un coursier fut donc convoqué et une lettre rapidement écrite. L’homme avait pour tâche de chevaucher jusqu’au manoir de Mandus et de lui remettre l’invitation puis de revenir avec la réponse positive ou négative de l’homme.  Il fallait surtout espérer que la réponse soit positive malgré  l’invitation fait sous le coude.  Le coursier partit prestement une fois la missive écrite. En entendant, il était donc possible de discuter sur les différents aspects à aborder avec Oswald Mandus :

« S’il accepte, comment allons-nous diriger la discussion sur ses expéditions sans qu’il se doute qu’on  le soupçonne pour les meurtres récents ? »

A leur façon, le petit groupe était en train de préparer une pièce de théâtre. Une pièce remplit de mensonges et d’interrogatoire pour obtenir les éléments désirés. C’était fourbe mais cela était essentiel pour éviter d’autres futurs désastres Et  le coursier ne devait pas revenir avant plusieurs minutes. De quoi se préparer en quelques sortes. Plusieurs idées furent donc lancées, qui dirait quoi, à quel moment, quand aborder tel sujet avec Mandus, comment l’y amener. Une préparation méticuleuse.

Le temps passa et le coursier fut de retour. Tous attendaient la réponse de Mandus et par chance, cette dernière était affirmative.  Il attendrait également la Reine et ses convives devant le théâtre à l’heure de la première représentation qui devait se dérouler dans  deux heures. Pensant subitement à un fait, la lycane demanda :

« Devrais-je remettre la robe de domestique ou porter un autre vêtement pour le théâtre ? »

Car elle ne pouvait pas y aller vêtue comme elle était actuellement. L’optique de se retrouver de nouveau en robe ne l’enchantait que très peu, surtout dans les conditions récentes, mais il fallait bien faire des concessions. Dans tous les cas, elle irait comme on le lui demanderait, d’un côté elle n’avait que très peu le choix.  La lupine se demandait  si elle serait seule avec la Reine et Adamante ou si d’autres convives, Mandus compris, les accompagnerait. Et pour cela, elle demanda simplement aux concernés.

Plus tard,  le chemin du théâtre fut pris, tout le monde étant apprêté comme il le fallait. Mandus les attendait comme convenu devant l’entrée, la mine neutre, s’appuyant sur sa canne.  Quand la Reine fut dans son champ de vision, il se dirigea vers cette dernière, la salua respectueusement tout en la remerciant pour son invitation.  Les prochaines heures risquaient d’être fortement intéressantes.



Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 27 avril 2014, 02:02:47
Le Palais Excelsior était un élégant palais, plutôt cossu, dans les hauteurs de la ville. Il n’était pas dans le richissime quartier des Colombiers, qu’on désignait sous le terme « ghetto de riches », mais se trouvait tout de même dans un endroit plutôt chic. Il n’y avait pas de risques de voir ici des tags orner les murs, ou des miséreux faisant l’aumône dans les rues. Excelsior avait un petit jardin à l’arrière, qui servait pour certaines représentations devant se dérouler à l’extérieur. Le palais était la propriété d’un riche noble, propriétaire terrien qui en avait fait l’acquisition il y a quelques années. Il avait envisagé de l’utiliser comme maison de repos à Nexus, mais avait finalement fini par en faire un théâtre, afin de plaire à Madame son épouse, une femme qui avait toujours eu un certain attrait pour les artistes. Le théâtre accueillait donc généralement des compagnies, mais ne versait pas dans le spectacle populaire, comme d’autres théâtres nexusiens. Certes, le commun pouvait y accéder, mais, généralement, c’était tout de même une clientèle assez relevée qui venait.

Pour faire un spectacle, il fallait d’abord l’autorisation du châtelain, le propriétaire du palais. L’homme était un baron, Rochester, et Rochester était plutôt âgé. Sa baronnie était actuellement entre les mains d’un de ses fils, qui en avait été désigné baron suite à un tournoi organisé par le père. Il était donc à la retraite, et en profitait pour se rendre à Nexus... Et pour faire de la provocation. Rochester avait une petite baronnie, mais il était connu pour y avoir affranchi tous ses esclaves, en faisant des serfs, rémunérés à ce titre pour leur contribution. Ce vieil homme avait une moustache élancée et une fière allure de dandy, avec sa redingote, qu’il préférait énormément à son armure rafistolée et encombrante. Il savait que ce spectacle ferait fureur, et c’était pour ça qu’il l’avait autorisé. Rochester n’étant que baron, il ne pouvait pas siéger au Conseil royal, mais il était néanmoins connu de ces derniers. Il en agaçait certains, et en amusait d’autres, comme Elena.

« On y est... » glissa cette dernière à l’attention des occupants de sa calèche.

Il y avait Adamante, et également Shad, qui devait à nouveau endosser le rôle de domestique. Il y avait une petite cour à l’entrée du Palais. Un mur entourait ce dernier, avec un portail, qui était ouvert, des domestiques indiquant aux gens d’entrer. Ces derniers marchaient tout simplement, ou venaient en calèches, voire même simplement avec leurs chevaux. Le palais était à l’intérieur, après une petite cour d’accueil où une fontaine trônait en plein milieu. Un perron assez imposant (http://img102.xooimage.com/files/6/2/5/104_001-45477e2.jpg) se trouvait à l’entrée. Le cocher ouvrit la porte de la calèche, et la Reine en descendit. Elle était vêtue d’une robe assez simple, découvrant sa nuque, tandis qu’Adamante avait sa traditionnelle robe violette.

Oswald Mandus était là, appuyé sur sa canne, et s’avança lentement vers les jeunes femmes.

« Je vous souhaite le bonjour, Majesté, ainsi qu’à vos charmantes amies. »

Il avait un sourire sincère, et Elena ne tarda pas à lui répondre :

« Je suis enchantée que vous ayez accepté mon invitation, Monsieur Mandus.
 -  Oh, allons, il serait impoli de refuser l’offre d’une Reine, n’est-ce pas ? répliqua ce dernier, taquin. La gestion de mon abattoir me prend énormément de temps, comme vous devez vous en douter, et j’avoue que je n’ai guère eu le temps d’aller au théâtre, récemment. »

Elena hocha lentement la tête, tandis que le groupe s’avançait vers l’entrée. Bien des convives reconnaissaient la Reine, donnant lieu à quelques œillades et glissements furtifs de la tête. Il n’y avait aucun garde à côté de la Reine, ce qui signifiait que la jeune femme n’était pas inquiète. De toute façon, en cas de problème, Adamante était là pour veiller sur elle, et elle avait une confiance absolue envers la magicienne.

« De plus, il paraît que c’est une pièce fameuse, poursuivit Mandus. Une critique de l’esclavage, n’est-ce pas ?
 -  C’est ce qu’on m’en a rapporté », acquiesça la Reine.

Au Palais, elle avait discuté de son plan avec Shad, et en était arrivée à la conclusion qu’il faudrait parler de Zerrikania progressivement, au détour de la conversation. Malgré sa canne, Mandus avançait assez rapidement. Elena s’annonça au page, et ce dernier réussit à masquer plutôt bien sa surprise d’être en compagnie de la Reine. Il offrit à la Reine une loge en hauteur, « la meilleure du théâtre ». Elena espérait surtout qu’elle serait discrète. Dans les couloirs, il y avait des gens qui discutaient ensemble, en attendant que le spectacle ne commence. Certains saluèrent poliment la Reine, qui leur rendit leurs salutations. Elle savait que la voir en compagnie de Mandus ne manquerait pas de faire jaser, mais chacun savait que la Reine devait, dans les prochains jours, effectuer une visite à l’abattoir. Il paraissait donc normal qu’elle daigne un peu se renseigner auparavant avec le propriétaire de l’abattoir. Le plus surprenant était de voir Mandus ailleurs que dans son abattoir ou dans son immense manoir-fantôme.

Ils grimpèrent les escaliers jusqu’à arriver dans les derniers étages, et Elena se dirigea vers une élégante porte.

« Permettez ! intervint alors Mandus en attrapant la poignée de la porte, et en tirant cette dernière. Acceptez que je fasse preuve de galanterie, en une si charmante compagnie. »

Les joues d’Elena rosirent poliment, et elle entra dans une loge confortable, droit face à la scène. Il y avait de confortables fauteuils rembourrés avec des accoudoirs. En évitant qu’un pli de sa robe ne puisse la gêner, Elena s’assit poliment, et laissa Adamante s’asseoir également, à sa droite, tandis qu’Oswald laissa Shad se mettre à la gauche de la Reine, lui-même s’asseyant dans un coin, à gauche de Shad.

« Une critique de l’esclavage, donc... C’est un sujet à la mode, après tout. Qu’en pense donc votre servante, Majesté ? Si elle va jusqu’à vous accompagner à une représentation théâtrale, c’est que ses talents ne doivent se résumer qu’à plier et à ranger le linge de maison, non ? »

Un sourire poli éclairait ses lèvres. Il avait posé sa canne dans un coin, et regardait les trois femmes, en attente d’une réponse.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 27 avril 2014, 15:14:12
La Louve suivait en silence Elena et Adamante. Pour le bien de la mission et pour ne pas éveiller les soupçons, elle avait de nouveau revêtu le rôle d’une domestique de la Reine.  Elle descendit ainsi de la calèche, habillée d’une longue robe blanche aux reflets satinés.  Quand Mandus vint à leur rencontre et les salua, elle en fit de même dès qu’il lui adressait la parole. Mais il était évident que la majeure partie de la rencontre et des discussions se passeraient entre la Reine et Oswald.

Pour l’heure, il était temps de se rendre dans la salle où se déroulerait la fameuse pièce de théâtre. Bien que la lupine fût  quelque peu surprise du lieu où elle se trouvait en cet instant, elle ne devait pas laisser transparaître ses émotions. Elle tentait donc de garder un regard le plus neutre possible, avec malgré tout, une pointe d’émerveillement au fond de ses prunelles azurées. La présence de Mandus donna lieu à de nombreux murmures mais ce fut surtout celle de la Reine qui attira tous les regards.  Le plus étonnant était le fait qu’elle n’était pas accompagnée de garde. Mais  la plupart supposait qu’elle n’en avait pas besoin, qu’elle avait donc un moyen de se défendre en cas d’incident. Et ce moyen n’était autre qu’Adamante. Pour sa part, Shad ne souhaiterait pas avoir affaire à cette magicienne. SI un combat devait avoir lieu entre les deux femmes, elle savait d’ores et déjà qui gagnerait la partie. Et ce ne serait surtout pas elle.

Un petit sourire amusé orna le visage de la fausse domestique quand elle surprit la réaction du page. Mais elle devait aussi bien avouer qu’il resta maître de lui-même malgré cette situation quelque peu surprenante. Le groupe fut conduit vers les «  meilleurs places » du théâtre. La Terranide attendit donc patiemment qu’Elena et son amie s’installe, s’attendant à voir Mandus s’assoir à la gauche de la Reine. Cependant, ce dernier lui laissa la place, elle le gratifia d’un léger mouvement de tête et pris place, prenant garde à ne pas plier sa robe.  Son regard se porta directement sur la scène située en face de la loge.

Malheureusement, le rideau rouge abaissé ne permettait pas de se donner une idée du décor de la scène et laisser le public s’interrogeait sur quel décor, ce fameux rideau allé s’ouvrir. L’attente ne devrait cependant plus durer bien longtemps. L’Okami tourna son attention vers Oswald Mandus quand elle nota qu’il lui adressait la parole, la questionnant sur son opinion quant au sujet de la scène.  Qu’elle prenne la parole en cet instant ne risquait nullement de mettre en déroute le plan pour obtenir quelques menues informations. Souriant amicalement, la Terranide inventa une réponse faite d’une part de vérités et de mensonges :

« Je dois dire, que je suis ravie d’être ici Monsieur Mandus. Il est toujours bon de savoir ce que pense le monde artistique de l’esclavage vous ne trouvez pas ?  Pour ma part, il ne s’agit ni plus, ni moins qu’un conditionnement d’une espèce. Prenez l’exemple des fermes, des Terranides y sont groupés et élevés comme du bétail. Les parents ont peut-être encore une part de leur ancienne vie, de leur passé mais les enfants ? Ceux qui naissent dans ces lieux ? Ils ne deviennent rien de plus que des corps bon à être vendus pour le plaisir d’autrui.  Je  pense que l’esclavage ici à aussi pour but de…détruire ce qui n’est pas humain. »


Et pourtant, elle en était une. Mais une esclave qui avait encore gardé son honneur et un sens de la liberté.  Subitement, la Louve vit dans cette discussion un moyen de commencer à parler de Zerrikania. Peut-être que cela marcherait, peut-être que non. Le meilleur moyen de  savoir cela était bien de lancée la discussion. Calmement ainsi, la Terranide repris :

« J’ai donc, beaucoup de chance d’être devenue domestique au sein du Palais Royale, c’est une opportunité qui ne se présente que très rarement. Bien que beaucoup pense que ce ne serait pas ma place. Et vous, que pensez-vous de tout cela ? Pensez-vous qu’un peuple qui ne suit pas les normes des plus grands doit voir sa population réduit à l’état d’esclaves ?  Ou même son habitat exploré et exploité ? »

Ainsi, la Terranide cherchait à voir si Mandus ferait une allusion ou non à Zerrikania. De son côté, sa question pouvait être interprétée comme une allusion aux villages Terranides ainsi qu’à leurs domaines. Bien que son espèce était pour la majeure partie nomade, certains groupes posséder quelques lopins de terres qu’ils cultivaient quand  un lieu semblant sécuritaire état trouvé.

Trois coups sourds se firent soudain entendre. La Terranide jeta un œil vers la pièce et vit le rideau qui se levait dévoilant un paysage de montagnes.  Une femme à l’air fragile était prostrée, un châle sur ses épaules, semblant grelottait de froid. On pouvait deviner qu’il s’agissait de la femme qui deviendrait esclave. Grâce à un subterfuge, il t était possible d’entendre l’écho du martèlement des sabots de chevaux arrivant  à l’endroit même où se trouvait la femme. La pièce avait donc commencé.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 30 avril 2014, 02:16:51
« Quelle est donc cette souillonne qui gêne sur la route ? Parle, femme, parle, et parle vite !
 -  Monseigneur, je... Je ne pensais point à mal, je vous assure ! Je venais... Je marchais simplement pour...
 -  Il suffit, salope ! »

Le coup partit, giflant la femme au visage. Elle poussa un hurlement, tandis que, devant elle, le chevalier l’accusait d’avoir retardé le convoi en se tenant sur la route. La pièce de théâtre commençait, et la question de Shad sembla provisoirement se noyer dans le début du théâtre. Oswald semblait réfléchir, observant la pièce d’une lueur amusée, et Elena, de son côté, en profitait distraitement pour observer sa jambe. Shad leur avait dit que, selon elle, il ne boitait pas, et elle essayait de voir une sorte de trace physique qui confirmerait cet état des choses. Malheureusement, ce n’est pas comme s’il était inscrit en marbre sur sa jambe la vérité. De plus, elle ne pouvait pas regarder trop longtemps sans paraître suspect.

N’ayant pas de télévision, une scène de théâtre se devait souvent d’être très vivante, afin de capter l’attention du public. Les dramaturges n’hésitaient donc pas à utiliser un langage plutôt simple et commun. Il existait bien quelques pièces extrêmement sophistiquées, notamment à l’opéra, mais il s’agissait, ici, juste d’un théâtre. Le chevalier avait décidé d’emmener la souillonne, qui se mit à protester, et Oswald finit par répondre à Shad.

« J’ai beaucoup voyagé, comme vous avez du le voir... Et je pense que c’est un devoir de l’homme civilisé que d’instruire les sauvages, et de mettre fin aux pratiques barbares et païennes que ces derniers entretiennent parfois. J’ai vu des cultures pratiquer des sacrifices humains particulièrement cruels, j’en ai vu d’autres pratiquer le cannibalisme sur leurs propres enfants pour se nourrir en période d’hiver. L’Ordre Immaculé nous enseigne que l’Homme, au sens large, est sacré, ce qui est une autre manière de dire qu’il est de notre devoir de civiliser ceux qui ne le sont pas. Toute la question est de savoir quel est le meilleur moyen de le faire. »

L’homme laissa planer quelques secondes. On tournait autour de Zerrikania, mais il fallait encore réussir à mettre précisément le doigt dessus. Sur la scène, la souillonne se débattait, et se mettait à fuir, donnant lieu à des scènes baroques qui amusèrent une partie de l’auditoire. Le baroque était un élément fondamental du théâtre, et les soldats recherchaient la souillonne, qui se cachait dans des éléments du décor.

« Sociologiquement, on justifie l’esclavage par le tribut du vaincu à payer lors d’une guerre. Le vaincu doit offrir au vainqueur un certain nombre de serviteurs qui aideront ce dernier à reconstruire ce qu’il a perdu. Philosophiquement, l’esclavage a également pu se justifier par le fait que certains individus naissaient pour commander, et d’autres pour être commandés. Si on s’en tient à ces logiques, alors on ne peut qu’admettre qu’il y a un fondement rationnel à l’esclavage. Pourtant, je n’y suis pas favorable, car je pense, comme le dit la morale religieuse, que l’âme de chaque individu est sacrée. J’ai vu des choses horribles durant mes safaris, nobles dames, des choses d’une cruauté sans nom, et j’en ai acquis l’intime conviction que l’esclavage n’était pas la bonne réponse à apporter. L’Ordre nous enseigne que chaque homme est fondamentalement attiré par un goût pour la justice et l’harmonie... Alors, si c’est le cas, il me semble plus productif de promouvoir l’éducation et la compréhension, plutôt que de conquérir par la force. »

Ces « choses horribles » faisaient sûrement référence à Zerrikania, et Elena intervint alors :

« C’est ce que vous avez tenté de faire à Zerrikania ? »

La question, inattendue, sembla troubler Oswald, qui cligna brièvement des yeux. Il laissa planer quelques secondes, avant de finir par répondre :

« Zerrikania est un cas particulier, Majesté. Une jungle sauvage particulièrement dangereuse, où vit un peuple extrêmement dur, et qui, paradoxalement, est très attaché à ses terres. L’Ordre Immaculé a déjà tenté d’envoyer des missions là-bas, mais elles ont échoué... Non pas à cause des Zerrikaniens, mais à cause de cette jungle elle-même. Elle est extrêmement dangereuse, et les Zerrikaniens ne sont pas des esclaves rentables. Ils sont fiers, colériques, et refusent de se soumettre. C’est un peuple millénaire, qui habite dans cette jungle depuis des temps immémoriaux, et je ne peux que me montrer admiratif devant leur capacité à survivre à un tel environnement... Ceci m’a d’ailleurs amené à me poser un certain nombre de questions sur l’adaptabilité de l’être humain au contexte environnemental dans lequel il réside. »

Il tourna alors sa tête vers les trois femmes, un léger sourire sur les lèvres, pour lâcher :

« Ne venez pas me dire que vous envisagez d’aller vous promener à Zerrikania... »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 30 avril 2014, 19:10:47
Au départ, l’Okami crû que ses questions étaient passées dans l’oreille d’un sourd. Quelques minutes passèrent, le temps que la pièce débute avant qu’Oswald ne daigne reprendre la parole. Et quand ce fut chose faite, la Terranide l’écoutait avec attention, cherchant des sens cachés à ses paroles.  De nombreuses possibilités de débats étaient possibles avec le sujet qui venait d’être lancé, mais ce n’était pas le thème de la soirée. Le théâtre n’était avant tout qu’un prétexte pour obtenir des renseignements sur Zerrikania de la part de Mandus, rien de plus. Et accessoirement  également pour partager un peu de bon temps.

Malgré l’importance de la mission, la Louve se plaisait à virer son attention de temps à autre sur la scène pour observer le jeu des acteurs. Une de ses oreilles était pointée également vers cette dernière, pendant que l’autre était attentive aux dires d’Oswald Mandus. Ainsi, la lycane pouvait suivre aisément ces deux sources différentes d’informations. Mieux valait ne pas perdre une miette de ce que pouvait dire cet homme.  Elle nota qu’il faisait de nombreuses fois mention de l’Ordre Immaculé. Etait-il un croyant cherchant à convertis tous et tout à cette religion ? Avait-il essayé de  faire cette reconversion auprès du peuple de Zerrikania ? Il était fort probable que cet homme ait essuyé un cuisant échec.

Les dires de l’homme étaient intéressants, une part d’histoire et d’expérience personnelle y étaient gravées. Pourtant, rien qui permettait  de rentrer plus en détails sur le sujet qui préoccupait les trois femmes.  Ou du moins jusqu’à ce fameux moment où enfin le sujet de la forêt de Zerrikania à proprement parler fut entamé. Et selon les dires de Mandus, il n’était pas aisé de sortir l’un de ces indigènes de sa jungle.  La lycane avait l’impression qu’il faisait tout pour faire croire qu’un Zerikanien ne pourrait jamais s’adapter à la vie en société, hors de son lieu de naissance si hostile.  Pourtant, l’homme est capable d’adaptation et une ville ne serait pour un Zerrikanien qu’un vaste terrain de jeux. DU moins, c’était ce que pensée la Terranide en entendant Oswald décrire ce peuple.

« « Ne venez pas me dire que vous envisagez d’aller vous promener à Zerrikania... »

Un  sourire orna le visage de la Louve quand elle entendit ces mots. Là !  Elle était là ! La solution pour rentrer plus en profondeur  sur  l’expédition menée sur cette fameuse jungle hostile ! La Terranide avait l’impression que Mandus venait de leur livrer la solution sur un plateau d’argent. Mais mieux valait également ne pas crier victoire trop vite.  Pendant son temps, sur la scène, la souillonne était amenée devant l’homme qui serait son maître et qui l’examinait  sous toutes ses coutures. La Terranide observa un bref instant la scène avant de se retourner vers Oswald :

« Avec tout ce que vous nous avez raconté, il serait fou d’y mettre les pieds dedans, mais…pourriez-vous nous conter tout ce que vous avez vu ? Après tout vous avez un don pour captiver votre auditoire. Mais peut-être faudrait-il attendre la fin de la pièce ?  A moins que sa Majesté soit également curieuse quant à votre expédition et qu’elle se languisse d’entendre votre récit. »

C’était un moyen de flatter l’égo d’Oswald rien de plus.  Bien sûr, il serait également malpoli d’aller voir une pièce pour discuter après dans son coin. Une chance encore que le quatuor n’était pas mêlé au reste de la population ou il serait fort à parier qu’une ou deux personnes leur auraient déjà demandé de se taire. Reine ou pas. Un rapide coup d’œil vers la pièce permis à la Terranide de voir que la souillonne abordait maintenant des habits d’esclaves et semblait être en prise à des tâches ménagères, surveillés par son nouveau maître.


Mais par sa proposition, Shad espérait obtenir des informations plus concrètes sur le voyage du propriétaire de l'abattoir. Qu'avait-il réellement vu ? Rencontré ? Quel lieu avait-il visité ? Tant de futures réponses qui pouvaient éclaircir quant au mystère tournant autours de ce masque de porc.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 02 mai 2014, 02:50:38
La demande de Shad, bien amenée, arma sur les lèvres d’Oswald Mandus un léger sourire amusé et circonspect. Sur scène, la pauvre femme pleurait devant un maître impassible, entouré par une assemblée de gardes, de clercs, et de notables, et battait la femme quand elle refusait d’ouvrir les dents afin d’inspecteur leur état.

« Zerrikania passionne les foules, admit Oswald. Si c’est là le souhait de Sa Majesté, je vous en dirais plus… »

Elena hocha lentement la tête, acquiesçant à cette requête.

« Attendons l’entracte du premier Acte pour ça. »

Oswald était d’accord, et le quatuor resta ainsi silencieux. Les cartes étaient dans la manche d’Oswald. Il était curieux que ce soit seulement Elena qui ait des doutes au sujet de sa culpabilité. Shad était convaincue qu’il mentait, tandis qu’Adamante avait également des réserves, trouvant que cet homme avait l’air trop honnête. Vu l’état de son manoir, il devait sûrement cacher des choses. Pourquoi ne s’était-il jamais remarié ? On ne lui prêtait aucun véritable ami, aucune compagne, aucune autre relation que l’abattoir et ses ouvriers... S’il était vraiment si déprimé, au point d’en faire une dépression, comment pouvait-il gérer aussi bien son abattoir ? Adamante pouvait apporter des réponses à ses propres questions. En fait, elle avait du mal à s’expliquer pourquoi cet homme déclenchait tant de réserves chez elle... C’était instinctif. Son intuition lui soufflait que cet homme cachait des choses, et Adamante, en tant que magicienne, avait appris à se fier à son intuition. Sur ce point, Elena était simplement plus pragmatique. Elle ne pouvait pas juger un homme simplement sur la base de soupçons. Il fallait des faits, des preuves tangibles et crédibles.

La scène se poursuivit ensuite dans une salle, entre le maître supposé et son père. On apprit ainsi que le père était un riche duc nexusien, et le fils l’un de ses héritiers prévisibles. On apprit ainsi que l’esclavage rapportait énormément d’argent au duché, que ce dernier était appauvri, et que le fils était promis à un mariage politique avec une baronnie alliée. En transparence, Elena comprit que ce mariage n’enchantait guère l’homme, et le père espérait que son fils profiterait de l’esclave pour s’endurcir un peu au niveau des cuisses.

Une autre scène eut ensuite lieu dans la chambre, et le jeune homme changea alors de comportement. L’esclave était terrorisée, prostrée dans un coin, pleurant silencieusement. On la vit ainsi, pendant plusieurs minutes, avant que l’homme n’arrive, et ne lui explique qu’il ne lui voulait pas mal, et qu’il était affreusement désolé pour ce qu’il avait fait, mais qu’il n’avait pas eu le choix. Il avait du agir ainsi pour que les gens ne le prennent pas pour un faible. C’était une scène touchante, qui dura jusqu’à ce que le rideau s’abaisse. La troupe annonça alors une pause d’une trentaine de minutes, et il y eut quelques applaudissements.

La Reine, Adamante, Shad, et Oswald, se retrouvèrent ensuite en contrebas. Les spectateurs parlaient surtout de la scène, et Elena échangea plusieurs mots avec Oswald à ce sujet.

« Je comprends qu’on puisse la vendre comme une pièce intelligente et provocante, avoua Oswald. Il est rare de voir des esclavagistes se remettre en cause, et, même au-delà de ça... Hum... J’espère que la scène tiendra sa promesse. »

Elena n’oubliait pas qu’elle devait lancer Oswald sur le sujet de Zerrikania, mais ce dernier finit par y venir. Le palais offrait des rafraîchissements et quelques apéritifs, et c’est avec un verre à la main qu’il évoqua à nouveau la jungle de Zerrikania.

« Comme je vous l’ai dit ce matin, je suis un grand explorateur. J’ai exploré des déserts, j’ai fait partie d’expéditions ayant été jusqu’à la banquise, j’ai grimpé des montagnes terrifiantes... Mais Zerrikania... Zerrikania est d’un autre acabit. On vous a parlé des animaux redoutables qui la peuplaient, des plantes carnivores, et de tout ce genre de choses... Cette jungle est éloignée de tous. La ville la plus proche est à plusieurs centaines de lieues, et les gens qui y vivent la décrivant comme la jungle maudite. Je me suis renseigné sur l’histoire de cette jungle, vous savez... On dit qu’elle avait été jadis le lieu de culte d’anciens peuples qui forniquaient avec des animaux, donnant naissance à des êtres hybrides abominables dotés de pouvoirs magiques, et d’une cruauté sans pareille... Je pense que les sauvages vivant dans cette jungle sont un héritage de cette vieille époque, et que c’est la seule raison leur permettant de survivre dans un environnement aussi hostile... Malheureusement, les archives de cette ville étaient assez peu fournies sur cette jungle, et il m’a fallu monnayer de telles informations auprès des locaux »

Oswald observait le fond de son verre, pensif.

« Ils croyaient à une légende, une vieille légende évoquant un mystérieux pouvoir ancestral enfermé dans cette jungle... Une force déposée là par les anciens peuples, avant qu’ils ne finissent par sombrer dans la démence... Je me suis même demandé si ce n’était pas là une relique datant de l’époque des Dieux Morts. »

Elena en eut un léger frisson. Elle avait entendu parler des anciens temps, à une époque où le monde était recouvert par la mer. L’ancien peuple des dragons avait combattu l’influence des anciens Dieux, et avait réussi à les bannir, soit en les enfouissant sous les profondeurs de Terra, soit en les exilant dans le cosmos.

Oswald soupira en regardant ensuite la Terranide.

« En tout cas, ce n’est pas un endroit pour de jeunes femmes comme vous... »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 03 mai 2014, 14:32:21
La scène avait ce petit côté critique de la société qui amusait la Terranide. La discussion avec Oswald était pour le moment en suspension  et reprendrait à l’entracte de la première scène sous ordre de la Reine.  Ce petit temps, permettait également à la Louve de préparer mentalement ses futures questions afin de ne pas être prise au dépourvue. Elle devait également  faire attention à sa façon de parler, d’agir et ne pas oublier qu’elle n’était qu’une domestique au service de la Couronne. Ainsi, elle ne pouvait   pas aisément poser des questions qu’elle poserait en temps normal.  Il fallait également que Shad pense à jouer la carte de l’admiration, jouer une personne impressionnée par les récits que contait Mandus afin de le pousser à en dévoiler toujours plus.  Le théâtre comportait ainsi en son sein, deux scènes. L’une principale, la seconde jouée par Elena, Adamante et Shad.

Pendant l’entracte, la lapine resta les premières minutes silencieuses, écoutant l’homme, cherchant dans son récit l’élément permettant de rebondir. Encore une fois, la jungle de Zerrikania fut décrite comme l’un des plus dangereux lieux de Terra. La vraie Okami était piquée de curiosité et désirait en savoir plus, même sur des éléments à l’apparence anodine mais la domestique elle, devait se concentrer sur ce qu’aurait pu ramener Mandus de son voyage. Humain comme artéfact.  Elle s’absenta un court instant, cherchant trois coupes remplis d’un léger alcool qu’elle passa aux trois autres personnes.  Posée à plat sur sa main droite se tenait également un petit plateau d’argent garnie de petits fours et d’amuse-gueule que les trois protagonistes pouvaient picorer à leur guise. Elle n’était là que pour jouer la domestique et se voyait mal faire de même. Même si  ce n’était pas l’envie qui lui manquait.

« Cette jungle a vraiment l’air hostile, mais, est-ce-vrai ? Est-elle dirigée par des forces occultes ? Vous…vous l’avez peut-être vu Monsieur Mandus ?   Ou est-ce une légende pour éloigner les touristes ? »

Avait-il vu un temple ? Avait-il parlé à un indigène pratiquant la magie noire ? Tant de possibilité possible ! Mais pourtant, cette question n’avait pas encore sa réponse, bien qu’elle commence à poindre le bout de son net.  Se rappelant ce qu’il avait également raconté, la Terranide  le questionna sur un autre fait.

« Ce serait donc ces anciens dieux qui auraient forniqués avec des espèces animales ? Auraient-ils pu créer des dieux mineurs ?  Elle afficha un petit sourire gênée. En tout cas, je prie pour qu’ils ne soient pas à l’origine de ma race, ce qui signifierait que ..Non, mieux vaut ne pas y penser. »

Tout ce que la Terranide cherchait à savoir était si ces anciens dieux avaient un lien quelconque avec le masque de porc. Le masque pouvait être une relique pour l’un d’entre eux, toute sorte d’hypothèses était envisageable. Finalement après quelques minutes, un page vint annoncer à l’auditoire que la scène reprenait. Les spectateurs reprirent donc leurs places. La Louve déposa le plateau sur une place et suivi la Reine jusqu’à la loge qui leur était réservée.  Les quatre reprirent leur place respective et après un petit laps de temps, l’Acte deux fut lancée.

Pendant ce temps, la Louve repensait aux réponses que Mandus avait pu leur donner. Afin de ne pas éveiller trop les soupçons, elle espérait que ce soit Adamante ou la Reine qui le questionne par la suite. Une domestique n’était pas censée être aussi curieuse après tout. Du moins, c’était ce qu’elle pensait , cela pouvait être le contraire. Mais mieux valait jouer la carte de la sûreté.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 05 mai 2014, 01:34:28
Shad remplit son rôle de domestique, apportant un plat au trio. Oswald, Elena et Adamante la remercièrent, et Shad posa ensuite des questions, en orientant ça sur sa situation personnelle.

« En tout cas, je prie pour qu’ils ne soient pas à l’origine de ma race, ce qui signifierait que ..Non, mieux vaut ne pas y penser. »

Oswald esquissa un léger sourire, et hocha la tête, avant d’entreprendre de la rassurer sur ce point :

« Si les Dieux Morts ont donné naissance à des hybrides, alors il ne peut s’agir que de monstres et de races mortes, à l’image de ces Dieux terrifiants.
 -  En supposant qu’ils soient morts... Ce qui dort à jamais n’est pas mort, Monsieur Mandus, intervint alors Adamante.
 -  Je sens bien en vous la magicienne, Dame Adamante... Mais je vous accorde ce point. Les dernières manifestations concrètes et importantes des Dieux Morts remontent aux Vodyanoi, une ancienne espèce aquatique d’hommes-poissons, qui cherchèrent à envahir les terres, et se heurtèrent aux elfes. De cette première guerre, antique, à une époque où même Nexus n’existait pas, il ne reste plus que quelques traces, ici et là... Un sanctuaire elfique à Sylvandell, des cités englouties, et quelques Vodyanoi vivant de manière isolée dans des contrées reculées du monde... »

Elena avait entendu parler de cette histoire. Mis à part la guerre entre les Anges et les Démons, la guerre entre les peuples aquatiques et les peuples continentaux avait marqué un tournant dans l’Histoire du monde, annonçant le déclin du monde de l’eau pour le monde de la terre. Elle avait principalement opposé elfes et Vodyanoi, mais d’autres peuples s’y étaient aussi mêlées, comme les humains, alors des primates peu doués, les nains, les Sahuagin, les dragons, ou les sirènes, dont l’ambivalence avait été décisive dans ce conflit. Les Vodyanoi avaient perdu, et leur principale ville, un lieu de culte dédié à Dagon, avait été détruit, et le Dieu Mort scellé dans les profondeurs de l’océan, pour ne plus jamais en sortir. La terre avait triomphé sur la mer, et l’essor des civilisations terrestres avait pu commencer. On avait enseigné à Elena cette histoire au monastère.

Oswald reprit alors.

« Dagon n’est pas le seul Dieu Mort, et, à Zerrikania, il y avait des lieux de culte tribaux, oui... Dédiés à d’autres Dieux Morts, qui... »

Il ne put achever, car on annonça la reprise du spectacle. Le groupe remonta donc dans la loge, et, cinq minutes plus tard, le spectacle finit par reprendre, tandis qu’Elena réfléchissait. De quel Dieu Mort Oswald parlait-il ? La réponse ne tarda pas à venir d’elle-même.

« Shub-Niggurath ? Les Zerrikaniens vénéraient Shub-Niggurath ? » demanda Elena.

Shub-Niggurath était un Dieu Mort qui, à ce qu’on disait, avait été scellé dans l’espace. On disait qu’il était lié à la Nature verte, comme la forêt, les arbres... Ou les jungles. On le représentait sous la forme d’une énorme masse nuageuse indescriptible, hérissée de multiples gueules acérés et d’une infinité d’yeux. Oswald hocha lentement la tête.

« Les anciens prêtres avaient bâti un temple en son honneur... Voyez-vous, la légende disait qu’il subsistait, de ces prêtres, un orbe magique... Un orbe qui contiendrait le pouvoir des Grands Anciens... »

Les Grands Anciens étaient les Dieux Morts, un surnom qu’on leur appliquait parfois, afin de désigner leur âge très ancien.

« Mais cet orbe est une légende, fit Oswald en secouant négativement la tête. Nul ne l’a jamais retrouvé... Et le culte est mort. Le temple est abandonné, et les Zerrikaniens ne s’en souviennent plus. Shub-Niggurath n’évoque rien pour eux, mais ce temple, curieusement, les effraie bien plus que ce qu’il y a dans le reste de la jungle... Ilsprétendaient qu’il était hanté par... Hum... Des espèces de créatures noirâtres tentaculaires ayant trois pattes... »

Il secoua lentement la tête, comme s’il trouvait l’idée absurde, puis termina :

« Ils les appelaient des chevreaux, et la légende dit que Shub-Niggurath en avait mille à son service. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 05 mai 2014, 20:40:13

Les anciens dieux, la Louve en avait entendu parler, mais il ne s’agissait là que de mythe et de légendes. Pourtant, à en croire la discussion qui se passait actuellement, ces êtres infâmes avaient réellement vécus en des temps très reculé. Un temps où le monde était plongé dans le chaos et où les forces élémentaires se livraient sans cesse une bataille ancestrale. Mais avec le temps vint d’autres races qui s’opposèrent aux dieux et à leurs sbires, les vainquant tour à tour. Pourtant, la Louve s’imagina que quelques peuplades devaient encore adorer ces êtres divins.

Mandus avait donné la confirmation de temple érigés à leurs effigies dans la jungle de Zerrikania mais précisa également que les Zerrikaniens ne les vénéraient pas, au contraire même ils évitaient même d’entrer dans les temples.  L’appellation de l’orbe piqua la curiosité de la Terranide qui s’empressa de se demander si cette dernière était réellement une légende tout comme elel se demandait ce que pouvait être ces fameux chevreaux. Elle tenta de se faire une image, mais n’arrivait pas à trouver quoique ce soit de représentatif.

« Pourtant, les légendes sont tirés de faits réels non ? Cette orbe et ces monstres nommés cheveaux, peut-être ont-ils réellement existé, ou qu’ils existent encore ? »

Sa question était sortie, le plus naturellement du monde, tandis que son regard fixait la scène.  Un léger frisson parcouru son échine. Plus elle mentionnait ces dieux très anciens ou qu’elle parlait de Zerrikania, plus l’Okami avait une désagréable sensation qui la traversait. Comme si tout cela prenait en partie « vie » à leur mention. Mais elle misa tout cela sur le coup de son imagination, ce n’était que des mots échangés, des phrases dictées, rien de plus.

Puis, la Terranide s’interrogea sur le fait si Mandus avait pénétré dans l’un de ses temples. Si malgré les avertissements des autochtones, il avait pénétré dans la demeure d’un dieu malfaisant. Et si même il n’était pas réellement tombé sur cet orbe. Mais poser des interrogations directement sur ces faits risquaient de braquer l’humain. La Louve décida donc de ne plus poser de questions, espérant qu’elles avaient récoltés assez d’informations. Mais plus insister risquait de compromettre leurs plans.

La Louve  assista donc à la scène de théâtre en silence. Cette dernière dévoilait peu à peu  l’attachement réciproque qui naissait entre le maître et l’esclave. Le père, furieux, tenta  d’assassiner la pauvre femme, mais son fils, contre toute attente, la protégea du courroux paternel. S’en vint ensuite, l’annonce des fiançailles. On cria on blasphème, on menaça l’homme d’être renié s’il osé pareilles calomnies. Mais cela ne semblait pas l’amadouer et le mariage eut bel et bien lieu.  On apprit que plusieurs partenaires fermèrent leurs voies commerciales à ce duché, tandis que d’autres s’ouvraient, trouver l’audace du jeune Duc fort surprenante. La fin de la  pièce mettait l’accent ainsi sur ces deux visions différentes. L’une trouvant qu’épouser une esclave était une aberration et l’autre encourageant cette voie.

Quand les acteurs saluèrent sur scène, certains spectateurs  acclamèrent, tandis que d’autres rester stoïque, affichant un air grave sur leur visage. Les goûts et les couleurs étaient fort différents d’une personne à l’autre de toute manière. Il était également temps de se séparer d’Oswald Mandus. La Terranide se leva et partie tenir la porte au trio, les laissant passer avant de les suivre, mains dans son dos.  Elle ne put s’empêcher de se demander si Mandus avait eu le moindre soupçon quant à cette sortie et sur les questions qui venaient de lui être posées. Elle espérait que non.

Le quatuor traversa ainsi le manoir, se retrouvant dans la Cour Interne qui fut également franchis. Quelques bribes de paroles furent échangées et la lupine ne préférait pas s’insinuer dans la discussion pour l’instant, sauf si bien sûr une question lui était posée ouvertement.  Shad nota qu’elle apercevait la calèche royale mais nulle trace du moyen de transport de leur invité. Etait-il venu à pied ?  Dans ce cas, il serait également possible de le ramener à bon port.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 07 mai 2014, 01:06:26
Lentement, Oswald leur expliqua qu’il ignorait si cet orbe existait. Lui et ses camarades avaient tenté, infructueusement, d’atteindre le temple zerrikanien. Ils n’avaient pas réussi à affronter la jungle, et avaient été capturés parles sauvages de Zerrikania en cherchant à s’enfoncer dans la forêt. C’était suite à cette épreuve que Mandus n’avait plus cherché à continuer à voyager, Zerrikania l’ayant épuisé. Elena n’insista pas trop. L’expédition avait été un désastre, et Oswald avait du voir des choses terribles et éprouvantes. Insister dans ce sens ne ferait qu’éveiller la méfiance de l’homme. Si Shad était troublée par cette histoire d’orbe, c’était aussi le cas d’Elena, qui pensait qu’il y avait là une piste à exploiter, une trace. Les Grands Anciens exerçaient toujours une certaine influence dans ce monde, et Elena savait que leur désir était de revenir, que quelqu’un parvienne à les ressusciter pour qu’ils puissent à nouveau contrôler, non seulement le monde, mais probablement l’univers tout entier. Ils étaient une menace au moins aussi dangereuse que les Dieux Noirs, si ce n’est plus. Elena allait devoir se renseigner là-dessus, même s’i elle peinait, pour l’heure, à faire le lien entre l’abattoir, et Shub-Niggurath... Ou, tout du moins, elle allait laisser Adamante s’en charger, la magicienne ayant des entrées auprès des mages de Nexus.

La pièce de théâtre se poursuivit tranquillement, et se termina sous les applaudissements de la foule. Il était maintenant temps de rentrer. Dehors, l’obscurité s’était abattue sur la ville, un manteau d’obscurité et d’étoiles scintillant dans le firmament. Les gens discutaient entre eux de la pièce, saluant parfois la Reine quand ils la voyaient, mais cette dernière était plongée dans ses pensées. Cette soirée avec Mandus n’avait pas été inutile, bien loin de là, mais elle ressortait avec beaucoup de questions.

« Comment êtes-vous venu, Monsieur Mandus ?
 -  J’ai appelé une calèche, tout simplement. Mais peut-être vais-je rentrer en marchant, le théâtre n’est pas très loin de là où je vis, et...
 -  ATTENTION !! »



Tandis que la scène se déroulait, il grimpait la paroi menant au théâtre. Ce dernier était juché en hauteur, et il grimpait, lentement, sans cordes, sans baudrier. Son agilité naturelle était suffisante. Il repérait les points d’appui, et grimpait. C’est ainsi qu’il rejoignit le mur d’enceinte entourant la propriété, et passa par-dessus, atterrissant au milieu de l’herbe et des buissons. L’homme était rapide, efficace, et surtout discret. Il aurait pu remonter par la route principale, mais ceci aurait accru les chances que les gardes le repèrent. Plusieurs avançaient le long des jardins, bâillant, ne s’attendant visiblement pas à une attaque.

Sa sarbacane siffla, et des fléchettes anesthésiantes atteignirent les ennemis à la tempe. Il ne tuait pas inutilement, et s’extirpa de l’ombre, traînant les corps endormis pour les dissimuler dans l’obscurité. Il avait besoin de visibilité, et que personne ne le dérange. L’homme observa un peu les murs du palais, et grimpa ensuite à un arbre. S’aidant d’une branche, il rejoignit l’une des fenêtres, et l’entrouvrit très légèrement, entendant des sons et des rires. Il se pencha très légèrement, et put voir que les gens sortaient. Il se déplaça un peu, et repéra alors sa cible. Le temps qu’il arme sa sarbacane, la cible serait déjà dehors. L’homme se laissa donc tomber, revenant dans les fourrés.

Marchant accroupi, le dos courbé, il se rendit vers la cour, à l’entrée du bâtiment, et porta la sarbacane à ses lèvres. Il y avait beaucoup de monde, et il était assez difficile d’avoir un bon angle de vue. La cible parlait avec les autres. Il les reconnaissait. C’était elles qui étaient là cet après-midi. Elles travaillaient donc avec lui, ce qui n’était guère surprenant. Il savait s’entourer. C’était un hérétique, et il allait mourir pour ça.

L’homme porta ses lèvres, et souffla, balançant une fléchette empoisonnée.




« ATTENTION !! » avait hurlé Adamante.

Sa main droite envoya une onde d’Air qui renversa Mandus, et la gauche une autre onde d’Air, vers l’individu dans les fourrés, dont elle avait perçu la présence, par le biais de la magie. La fléchette effleura la joue d’un Mandus étonné qui s’affala sur le sol, tandis que les personnes alentour hurlèrent. La seconde onde d’Air était destinée à renverser l’attaquant. Il était d’un tel calme qu’Adamante avait eu du mal à le sentir, et n’avait en réalité perçu sa présence que quelques infimes secondes avant qu’il ne souffle dans sa sarbacane. Elle n’avait pas eu le temps de faire un bouclier, sort magique demandant un peu plus de temps que d’intensifier l’air ambiant pour créer un sort d’Air. La sarbacane frôla donc simplement le corps de Mandus, mais l’assassin fut rapide, et évita la contre-attaque d’Adamante.

Les cris attirèrent des gardes, mais le Zerrikanien était déjà en train de fuir.

*Il a cherché à tuer Mandus ? Là, je ne comprends pas...*

Les gardes seraient trop lents pour le récupérer, tout comme Adamante...

« Shad, il faut le rattraper ! »

La Terranide serait assurément plus rapide qu’eux.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 07 mai 2014, 21:47:11
La Louve s’était attendue à de nombreux évènements mais surtout pas à ce qui allait se passer.  Pour elle, soit Mandus serait rentré de son côté, soit la Reine l’aurait raccompagné. Dans ce cas précis, quelques questions auraient encore pu être subtilement posées, puis le trio n’aurait qu’à débattre de la soirée et ainsi observer si elles avaient découvert un fait intéressant au sujet de l’abattoir et de son propriétaire. Ce dernier avait également mentionné qu’il n’avait pu approcher l’orbe, sans preuve, il était impossible de savoir si cela était véridique ou non. Mais, il n’aurait pas était judicieux d’insister sur ce fait.

Ainsi, la lupine pensait rentrer au palais d’Ivoire et discuter de la soirée avec Elena et Adamante, mais un évènement inattendu chamboula le programme. La magicienne hurla une mise en garde, utilisant ses pouvoirs pour protéger Mandus d’un sort bien funeste. La Louve posa rapidement son regard sur la fléchette au sol, elle était identique à celle qui avait utilisé sur elle l’après-midi. S’agissait-il donc de la même personne ? Du même assassin ? La réponse à cette réponse ne devrait plus tarder. Avant même que la magus ait demandé à Shad de partir à la poursuite de  l’agresseur, cette dernière s’était lancé à sa course. Sa nature de Terranide lui octroyait déjà une vitesse de pointe plus rapide qu’un humain normal, mais cela n’était pas suffisant.

L’assassin avait une bonne marge d’avance et les obstacles humains que rencontrait la Terranide sur son passage ne l’aidaient pas à réduire la distance. Elle devait aller donc plus vite. Sans se soucier du regard qu’on pouvait lui porter, elle  se laissa subitement tombée en avant. Mais nulle chute n’en fut la fatalité. Ses mains se muèrent en pattes puissantes, son corps entier se transforma prenant une apparence plus animale pendant  cette petite chute. La prédatrice pris un fort appuie sur ses pattes et s’élança, courant désormais plus rapidement, réduisant l’écart entre l’humain et elle.  Ce dernier bougeait rapidement, zigzaguant, cherchant à la perturber. Mais, l’Okami était habitué aux chasses. Elle observait donc le comportement de sa « proie », cherchant la moindre petite ouverture.

Sauf que lors d’une partie de chasse, l’objectif était la mise à mort. Là, elle devait juste le rattraper et donc le garder en vie pour l’interroger. Un coup de crocs dans la gorge aurait tellement était plus simple. La Louve talonnait l’humain, cherchant rapidement une faille avant d’en trouver une. Une qui avait fait la renommée d’un demi-dieu grecque Achille, son talon. Et le talon d’Achille était un point fiable sur le corps humain. Frapper ici et la cible tombera en avant, perdant l’équilibre, n’arrivant plus à marcher.

La bête élança sa patte, frappant de ses griffes ce fameux talon. Armure ou non, les griffes touchèrent leurs cibles. L’homme bascula en avant, trébuchant, perdant l’équilibre. La Louve en profita pour lui sauter dessus, faisant en sorte que son poids et l’impulsion l’entraîne irrémédiablement  vers le sol. La gravité faisant son office, les deux corps heurtèrent le sol rocailleux. Cependant, Shad ne s’était pas attendue à sentir une vive douleur aux niveaux de ses flancs. L’homme avait réussi à se contorsionner et se retourner assez de sorte à la frapper. La bête pouvait sentir son sang chaud coulait le long de son pelage.

Pourtant, il n’avait pas frappé à un point vital, alors qu’il l’aurait pu. Maintenant la cible au sol comme elle pouvait, la Terranide compris bien vite à son regard légèrement surpris  que quelque chose ne se passait pas comme il l’escomptait. Elle mordit dans son poignet jusqu’au sang, brisant ses os sous sa mâchoire afin de lui faire lâcher son arme. Quand cette dernière tomba au sol, la Louve nota la présence d’un liquide vert sur le fil aiguisé de l’arme. Du poison.  Ce dernier aurait déjà dû faire effet. La Lupine adressa un remerciement muet à Elise.

Le tumulte de la course-poursuite avait vite fait d’attirer l’attention des gardes. Ces derniers arrivèrent rapidement, entourant l’homme et l’animal. La pointe des lances et des hallebardes étaient pointées sur ces deux êtres. Shad ne se fit pas menaçante envers la garde, elle savait que la Reine et Adamante les feraient reculer. Et elle devait garder ce meurtrier à l’œil. Pourtant,, elle ne put réprimer un grognement de douleur. Respirer lui faisait mal et son sang continuer à goûter. En temps normal, elle se serait déjà soignée, mais elle refusait de lâcher sa cible. Elle le gardait ainsi à terre et de toute manière, les gardes autours assuraient dans un certain cas, une deuxième barrière l’empêchant de fuir ou de tenter de fuir.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 09 mai 2014, 01:58:41
La garde du palais se mit rapidement en place, s’élançant à la suite de Shad, tandis que d’autres se rapprochaient d’Oswald. L’homme était sur le sol, le genou ouvert, et Elena, paniquée, restait sur place, tandis qu’Adamante ne la quittait pas, ses deux mains brillant d’une lueur bleuâtre intense, magiques. Elle était prête à défendre Elena, et avait étendu ses cercles de perception magique autour d’elle, afin d’éviter un second assaut. La Reine ne semblait pas être la cible de cet attentat, mais ce n’était pas une raison pour ne pas être vigilante. Cependant, Adamante ne sentait plus rien, plus aucune menace à proximité.

« Mais qu’est-ce que ça veut dire ?! s’exclamait Mandus.
 -  Vous vous portez bien ?
 -  J’ai mal à la jambe, mais... Mis à part ça, tout va bien... »

Il avait bien failli mourir. En usant de télékinésie, Adamante attira à elle la fléchette, et constata qu’il s’agissait d’une sœur de celle qu’on avait utilisé sur elle et Shad dans les bas-fonds, tantôt, quand elles furetaient du côté de l’abattoir. Deux gardes aidèrent Mandus à se relever. Son genou saignait, car il s’était ouvert en heurtant le sol. Derrière le palais, il y avait un jardin, dans lequel on entendit alors quelques hurlements. Elena en eut le sang glacé, mais les cris se turent rapidement. Fermant les yeux, Adamante se concentra, et utilisa ses pouvoirs d’extralucidité pour en savoir un peu plus sur ce qui se passait.

Elle ne tarda pas à voir les gardes, autour de l’homme. Shad l’avait arrêté, et elle avait été blessée. Cependant, le talisman magique dont elle disposait l’aidait à combattre la toxine, et elle avait encore dans les veines les traces du sérum utilisé par le père Lamb. Les gardes s’agglutinaient autour de l’homme, et les hurlements des badauds ne tardèrent pas à attirer une patrouille de la Milice urbaine. Autant dire que c’était une fin de soirée explosive, un rebondissement totalement inattendu, et qui avait bien failli virer au drame. Ce rebondissement remettait même au goût du jour les appréhensions d’Elena sur l’innocence supposée d’Oswald. L’homme qui avait tenté de tuer Shad et Adamante ne travaillait visiblement pas pour Oswald.

« Shad l’a appréhendé... Mais l’homme est blessé. Pas mortellement, mais on ne pourra pas l’interroger ce soir. »

Elena hocha la tête. Le chef de la patrouille était un chevalier, et Elena lui résuma brièvement la situation, tandis que l’homme s’inclinait respectueusement devant Sa Majesté. Elena lui recommanda de conduire l’empoisonneur dans les geôles du Palais d’Ivoire, et de le maintenir sous bonne garde.

« Il en sera fait selon votre volonté, Majesté. »

La blessure de Mandus était superficielle, et Adamante utilisa sa magie pour la soigner. L’homme semblait sincèrement troublé.

« Mais que me voulait donc cet individu ? Pourquoi tenter de me tuer ?
 -  À vous de nous le dire, Monsieur Mandus..., commenta Adamante sur un ton soupçonneux.
 -  Qu’in... Qu’insinuez-vous par là ?! »

Adamante l’observa silencieusement, et lui mit sous le nez la fléchette. Entre-temps, Shad était revenue, tandis que les gardes traînaient le Zerrikanien. Il avait la peau basanée, avec des tatouages claniques sur le corps et à hauteur du visage. Elena se pencha vers Shad, la prenant dans ses bras, en lui demandant si elle allait bien, tandis qu’Adamante montrait sous le nez de Mandus la fléchette.

« Cet individu, ou un complice, ont déjà tenté de m’attaquer aujourd’hui avec une fléchette similaire, imbibée de poison...
 -  Mon Dieu...
 -  Une fléchette imbibe d’un poison très particulier, Monsieur Mandus, puisqu’il s’agit du venin émanant des crochets d’un basilic de Zerrikania. »

Les yeux de l’homme s’écarquillèrent de surprise.

« Ze... Zerrikania ! M-Mais…
 -  Je pense que votre passé refait surface, Monsieur Mandus, et que votre histoire autour de ce temple et de Shub-Niggurath n’est pas si ancienne que ça... n’avez-vous donc toujours rien à dire au sujet de cet orbe ? »

Oswald Mandus semblait soudain être en sueur. Des gouttes tombaient le long de ses joues, alors qu’il se mit à secouer la tête, blêmissant sur place.

« Non, je... Je n’y suis pour rien, je... Tout cela n’est qu’une méprise, voyons... Vous dites qu’il vous a attaqué, alors c’est bien le signe que c’est vous qui êtes la cible, et que je...
 -  J’ai été attaquée alors que je me renseignais sur vous et votre abattoir, Monsieur Mandus ! »

Oswald déglutit à nouveau, tandis qu’Elena, sentant le ton s’envenimer, essaya de calmer Adamante. Le sang chaud de la Mélisaine était en train de faire surface, car elle sentait que l’homme était sur le point de craquer, de parler. Oswald jetait en effet des regards frénétiques autour de lui.

« Pourquoi des Zerrikaniens cherchent-ils à vous supprimer, Monsieur Mandus ? Que s’est-il vraiment passé à Zerrikania ? Quel est le rapport avec votre abattoir ? Que vient faire le masque de porc dans cette histoire ?! »

Oswald secoua alors la tête, et, pendant une infime seconde, Adamante sentit quelque chose changer en lui. Ses mâchoires se contractèrent, et son regard changea, passant de l’homme surpris à une franche expression de haine profonde et viscérale. Ce ne fut qu’une brève impression, furtive, qui disparut d’un battement de cils, avant que l’homme ne commence à se replier.

« Écoutez, je... Je ne comprends rien à votre histoire, Madame. Je pense que cet homme en avait sûrement plus auprès de Sa Majesté qu’auprès d’un simple homme d’affaires qui essaie de faire de son mieux pour son pays. »

Oswald se recula. Adamante allait le rattraper, mais Elena posa doucement sa main sur la sienne, en secouant négativement la tête.

« Quoi que cache Mandus, on ne peut pas le faire parler sans preuve, Adamante. »

Troublé, l’homme était en train de partir, et grimpa dans une calèche. Néanmoins, Elena avait maintenant la conviction que tout ça les dépassait.

Rien n’était aussi simple que ce qu’elle pensait, et Oswald Mandus cachait bel et bien quelque chose... Quelque chose en rapport avec Zerrikania, en rapport avec ce temple, en rapport avec les Grands Anciens. Les Dieux Morts... À cette idée, Elena en frémissait. Le pire lui semblait être encore à venir.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 10 mai 2014, 21:31:15
Le zerrikanien fut finalement appréhendé et ligoté par la garde royale. La Louve s’était écartée  pour laisser les soldats faire leur office. Ne jugeant plus nécessaire de garder sa forme animale, elle reprit une apparence plus humaine, sa main posée contre son flanc meurtrie.  La blessure était légèrement profonde et le sang continuait de s’écouler. Elle compressa donc la plaie, réfléchissant en vitesse à la manière de régler ce petit souci. Sa vie n’était pas en danger, mais mieux valait stopper cette hémorragie.  L’Okami fut interpellé par un homme dans la troupe des soldats, un homme spécialiste des soins.  Ce dernier s’approcha de la jeune femme et la soigna, désinfectant, lavant et pansant la plaie.

Shad ne chercha pas à le repousser, le laissant faire, gardant cependant un œil sur ce qu’il faisait. Pendant qu’elle se faisait bander, elle se mit à regarder autour d’elle. La Reine et Adamante n’étaient pas présentes, sans doute étaient-elles restaient restées à l’endroit où elle se trouvait précédemment ? Une seule manière de le savoir, s’y rendre. Et justement, elle pourrait le faire immédiatement, le soigneur ayant fini son office. La Lupine le remercia, se relevant rapidement, avant d’afficher une grimace de douleur. Sa plaie la tirailla et elle comprit bien vite qu’il ne serait pas avisé de faire des mouvements brusques.

L’assassin fut trainé jusqu’à la Couronne et l’Okami suivit la troupe, observant le prisonnier. Ce dernier restait de marbre, ne disant rien. Mais elle aurait juré le voir ruminer. Une chose dont elle était certaine, c’était bien que cet homme aurait d’importantes révélations à leur fournir. Quand elle retrouva Elena et Adamante, elle fut surprise de voir cette dernière montrait la fléchette à Mandus. Mais elle n’eut le temps de se concentrer sur ce fait qu’elle sentit subitement deux bras se refermer sur elle, comme une étreinte chaleureuse.   Cette réaction fut une surprise pour la Terranide et elle donna une réponse affirmative à la Reine.

« Je vais bien, juste une petite blessure, mais rien de grave. »

Nul besoin de se plaindre, c’était les risques d’une course-poursuite. LaTerranide tourna son regard vers Mandus aux prises avec la magicienne. Il était évident que la mage cherchait à faire cracher le morceau à Oswald. Pourtant, celui-ci jouait toujours la carte de l’innocence, du moins, jusqu’à cet étrange et rapide changement de faciès. En cet instant précis, la Louve aurait juré voir une toute autre personne. Mais peut-être avait-elle simplement rêvé.  Néanmoins, Mandus ne supportait plus ces accusations sans preuve et décampa rapidement, montant dans une calèche.  La direction ? Son abattoir certainement.

Shad l’observa partir, soufflant bras croisé. Cet homme cachait réellement quelque chose, mais quoi ? Elle s’approcha d’Adamante et la questionna :

« Je n’ai pas pu suivre toute la discussion mais qu’avez-vous dit pour que Mandus se sente aussi outré ? Et puis, vous l’avez également remarqué non ? Ce regard, cet air…On aurait dit quelqu’un de différent. De très différent. »

Cela ne lui disait rien qui aille.  La Terranide leva un instant les yeux au ciel, observant la voûte céleste garnis d’étoiles scintillantes. Peut-être que finalement cette Agatha Christie aurait pu être d’une aide importante quant à leur recherche sur Mandus et son abattoir. Mais la vieille n’était plus là, sans doute enlevée. Au moins, la lycane se réjouissait en se disant que cette soirée n’avait pas était complétement veine et sans bénéfice. Le trio avait pu récolter certaines informations de la part de Mandus lui-même. Bien sûr, pas des informations complètes mais des informations importante néanmoins.

« Il se fait tard, quelle est la suite du programme ? Devons-nous discuter sur ce que nous avons appris ou bien simplement rentrer et se reposer ? »

Participer à une enquête était un fait fatiguant en soit. Et pour mieux la réussir, il valait mieux être à tête reposée. Pourtant, il était aussi judicieux de parler directement des faits découverts avant qu’on en oublie une partie. La Louve attendait simplement de savoir si la nuit continuerait autours d’une table ou à la place dans les bras de Morphée. Car quand bien même elle ne le montrait pas, la fatigue commençait à doucement la prendre et elle ne serait absolument pas contre une petite nuit réparatrice. Mais chaque chose en son temps.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 12 mai 2014, 02:02:23
Adamante avait effectivement noté ce regard, et elle expliqua à Shad, tandis que la calèche emportant Oswald s’éloignait, qu’elle avait juste cherché à savoir pourquoi ce Zerrikanien avait voulu le tuer. Oswald Mandus avait nié en disant que c’était plutôt la Reine qui était la cible, mais la manière dont il avait mis fin à la conversation, de manière abrupte, laissait entendre qu’il avait des choses à se reprocher. Malheureusement, Elena avait raison : on ne pouvait pas le forcer à se dévoiler. Il n’y avait rien contre lui, et sa présence n’était pas nécessaire pour témoigner. Tout le monde avait vu l’agression, et Nexus restait encore un pays libre, où les libertés individuelles de chacun étaient reconnues. Elena ne pouvait que le regarder partir, tout en ayant l’intime conviction que l’homme leur cachait des choses, et n’était pas totalement honnête... Mais que cachait-il ? Quel était le secret que Mandus ne voulait pas dévoiler ? Zerrikania était la piste, et ce prisonnier était la réponse. Elena et Adamante n’avaient même pas besoin de se regarder pour savoir ce qu’elles allaient faire : Zephyr interrogerait cet homme, et découvrirait pourquoi il tenait tant à tuer Mandus.

Pour l’heure, il n’y avait plus rien d’autre à faire, et la soirée était déjà bien avancée. Impliquer davantage Shad ne serait pas raisonnable. Elle n’était qu’une servante, même si ses capacités semblaient indiquer le contraire. Une Terranide bien curieuse... Si Elena avait un peu plus de temps, et n’avait pas en tête cet abattoir, elle aurait sans doute mené son enquête sur elle, afin de découvrir comment une créature capable d’utiliser la magie, de changer de forme, pouvait être une simple servante. Tout ça lui semblait assez incongrue.

« Il se fait tard, quelle est la suite du programme ? Devons-nous discuter sur ce que nous avons appris ou bien simplement rentrer et se reposer ? »

Elena la regarda, et lui sourit tendrement.

« Il est l’heure de rentrer, Shad. Je ne tiens pas à t’impliquer davantage. Ton aide a été fort précieuse, mais...
 -  Nous ne pouvons pas t’en demander davantage sans avoir l’approbation de ton maître, compléta Adamante. Sois assurée que nous te tiendrons personnellement au courant de l’avancée de cette histoire, et que, si le besoin s’en fait sentir, nous n’hésiterons pas à te convoquer. »

Une journée assez mouvementée se terminait, et Elena avait maintenant un prisonnier sous la main, et des interrogations supplémentaires. Shub-Niggurath, des assassins zerrikaniens, de vieilles prophéties, les Grands Anciens... C’était le cocktail pour un parfait cauchemar, tout ça !

« Je vais affréter une calèche pour qu’elle te ramène chez toi, Shad... Je te remercie encore de ton aide. Nous aussi, nous allons nous coucher. J’ai besoin de faire le point sur cette histoire... Et puis, de toute manière, je ne peux pas non plus te garder avec moi toute la nuit. »

Elena ne tenait pas à recevoir le lendemain matin une plainte en bonne et due forme d’un propriétaire hargneux se demandant pourquoi la Couronne avait réquisitionné pour toute une journée l’une de ses esclaves.

La soirée se termina ainsi, et la nuit fut sans incident. Le Zerrikanien fut transporté au Palais d’Ivoire, et soigné sous bonne garde, avant d’être enfermé dans un cachot. Elena, elle, s’endormit dans sa chambre, en compagnie d’Adamante, et les gardes ramenèrent Shad chez elle, avant de la laisser. La nuit tomba sur Nexus sans problème.

Dans le manoir de Mandus, on pouvait voir une seule lumière s’allumer, à hauteur de la chambre d’Oswald, pendant une bonne partie de la nuit. La lampe s’éteignit ensuite, et, le lendemain matin, le manoir semblait aussi silencieux et sinistre qu’à l’accoutumée.

Devant le manoir où logeait Shad, il n’y avait rien de particulier à noter, si ce n’est la présence d’une missive, déposée devant la porte. Le nom de Shad était inscrit dans l’enveloppe, et, si quelqu’un avait la curiosité de vouloir la lire, il y trouverait le contenu suivant :

Citer
Si vous voulez connaître la vérité sur l’Abattoir Mandus,

Rendez-vous ce soir à l’auberge des Deux-Loups. Venez SEULE, et nous vous expliquerons tout !

Le message était sibyllin, et n’était pas signé.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 12 mai 2014, 20:45:52
La  Louve écouta l’explication d’Adamante. Il était vrai que la réaction de Mandus était des plus suspectes mais il restait néanmoins un homme libre. Et sans preuve concrète, il était impossible de le garder sous surveillance voire même de lui poser une farandole de questions sur son passé. L’homme en question avait paru étrangement outré de tout cela, mais surtout gêner, comme s’il craignait que sa couverture ne soit dévoilée. Pourtant, cela n’était que de simples suppositions et l’interrogation du Zerrikanien serait fort utile pour lever le voile sur certains mystères entourant Mandus.

Pourtant, il était désormais l’heure de se quitter.  La Terranide avait interrogé la Reine pour savoir la suite des évènements et elle comprit rapidement que leur chemin se séparait pour l’instant. Cette fois, elle ne répliqua pas en disant qu’elle pouvait se permettre de rester encore quelques heures avec elles, mieux valait ne pas trop exagérer sur la liberté qu’elle possédait. Bien qu’elle ait pu se le permettre, le manoir où elle demeurait était pour l’instant vide de toute vie. Du moins en partie, seuls les domestiques y étaient présents et encore, dans un court laps de temps. Pourtant,  Shad ne voulait pas imposer sa présence à la Couronne et elle accepta donc la décision d’Elena sans broncher.

« Bien, vous savez où me trouver je pense si besoin. Faites néanmoins attention. »

L’avertissement n’était en soit pas nécessaire mais il comprenait de nombreux sous-entendus. Avec les évènements passés, il était fort probable qu’un piège soit lancé à l’encontre de la Couronne. Bien qu’en tant qu’unique témoin oculaire, la Louve pouvait également être la cible de personnes portant un masque de porcs.  Pensant à cela, elle jeta de rapides regards discrets et furtifs autour d’elle, s’assurant ainsi que personne ne les espionnaient. Rien, le calme plat à l’horizon. Et ce n’allait pas être Shad qui allait s’en plaindre, loin de là. Elle salua une dernière fois la Reine et son amie magicienne avant de monter dans la dite calèche, retournant chez elle, des pensées pleins l’esprit.

Arrivée devant le manoir, l’Okami remercia son chauffeur et descendit du moyen de transport, rentrant chez elle, l’air serein mais restant néanmoins sur ses gardes. Etrangement, elle ne se voyait pas relâcher sa vigilance, pas tout de suite, pas maintenant. Un objet posé sur le palier attira son attention, curieuse, la Terranide s’abaissa et ramassa l’enveloppe où son prénom était marqué dessus. Elle la retourna d’abord, regardant si on pouvait connaître le destinataire, mais aucune indication à ce sujet n’était visible. Soufflant, Shad poussa la porte d’entrée, déposant l’enveloppe sur une table.

La curiosité la taraudait certes, mais elle avait également envie de boire. Et à cet instant, ce n’était pas deux minutes qui allaient  faire  pencher la balance.  L’Okami se dirigea donc vers les cuisines où elle se servit un grand verre d’eau fraîche et où elle attrapa également une pêche sur le passage. Une petite collation. Le verre fut vidé d’un trait, l’eau restant sur les lèvres de la Terranide fut essayé à l’aide du revers de sa main. Quand on fruit à l’aspect duveteux, elle le mordit à pleine dent, se rendant en même temps dans la pièce où était restée l’enveloppe, cette dernière semblant attendre que sa destinatrice l’ouvre.

Et c’est ce qu’elle fit. La Terranide passa  une griffe entre les plis de l’enveloppe, l’ouvrant comme si elle eut usé d’une dague, retirant la missive avec le message qu’elle comportait. Sans un mot, elle posa cette dernière sur la table, mordant une dernière fois dans le fruit pour le finir, profitant de sa saveur sucrée sur sa langue.  Un piège, tout cela n’était qu’un vulgaire piège, elle le sentait. Ses doigts émirent des tapotements sur le bois de la table. Devait-elle y aller sans en parler ou ne pas aller à ce lieu de rendez-vous et faire part de la lettre à la Couronne ? Pourtant, elel sentait au fond d’elle-même que la première solution était la meilleure. La plus dangereuse certes, mais celle qui permettrait de connaître une part de vérité.

Shad attrapa une seconde fois la missive, l’observant sous toutes les coutures, cherchant un indice quant à son expéditeur. Encore une fois, rien d’apparent.  Elle soupira fortement, la laissant choir sur la table avant de se lever. Un sourire amuse traversa son visage : la Louve allait se jeter dans la gueule du loup.  Mais il était hors de question pour elle de partir maintenant, de toute manière elle avait encore du temps devant elle. Et ce temps, elle allait l'utiliser pour se reposer et recharger ses batteries. Le lendemain se passa sans encombre, bien que trop lentement pour l'Okami. Tout en s'occupant de diverses tâches pour tuer le temps, elle se demanda si la Reine et Adamante avaient réussi à glaner quelques informations de la part du Zerrikanien. Enfin, le soir arriva et  la Terranide quitta le manoir se dirigeant vers la fameuse auberge où avait lieu le rendez-vous. Il était maintenant trop tard pour faire marcher arrière.

Une fois sur place, la lycane s’installa de sorte à avoir le mur dans son dos et  une vue sur toute la salle. Ainsi elle se protéger des attaques sournoises venant de derrière et de ses angles morts. Il ne lui restait plus qu’à attendre celui qui lui avait adressé cette lettre et prié intérieurement pour qu’elle finisse sa nuit. Afin de faire passer le temps, elle commanda néanmoins  un petit cocktail sans alcool. Il était toujours mieux vu de commander de quoi boire dans une auberge plutôt que de rester assis à ne rien faire. Tout en buvant quelque gorgée, la lycane observait la salle et ses occupants, tentant de deviner qui allait bien pouvoir l’aborder sous peu. Et elle regretta également de n’avoir pu prévenir Elena et Adamante de ce fameux rendez-vous mais la télépathie n’était pas une de ses facultés malheureusement.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 14 mai 2014, 01:59:53
L’auberge des Deux-Loups était une auberge qui portait ce nom à cause des deux têtes de loups empaillés au centre de l’auberge. La cuisine était au centre d’une auberge, et elle était généralement bondée. Elle ne se trouvait pas dans les bas-fonds, mais plutôt à la lisière, et disposait d’un service d’ordre, d’étages, et d’un sous-sol où on trouvait un petit bordel local et un tripot. Les gardes étaient de gros colosses qui étaient généralement d’anciens détenus, ayant trouvé ici une voie de réinsertion. Les deux têtes de loups empaillés étaient, d’après les dires du tenancier, deux puissants loups-garous sauvages qui avaient été tués par son père, à l’époque où il était fermier. Un combat terrible avait eu lieu le soir contre les deux Lycans, qui chassaient son troupeau, et menaçaient de s’en prendre à sa famille. La bataille avait été rude, et son père avait été aidé par d’autres fermiers. Il avait reçu une blessure mortelle en tuant le second loup, Omlu, un monstre terrifiant. Suite à sa mort, sa mère avait revendu la ferme, et avait utilisé ce pécule pour revenir à Nexus, vivre chez sa famille, avec ses deux enfants. Les deux avaient fondé leur propre auberge, ce qui faisait que le nom s’appliquait aussi bien aux deux loups empaillés qu’aux deux fondateurs de l’auberge, des frères, de jeunes loups qui avaient réussi à se tailler un coin, par des prix attractifs, et des activités diverses. Dans un coin de l’auberge, il y avait quelques couchettes et banquettes, afin d’accueillir les voyageurs n’ayant pas les moyens de s’offrir des chambres.

Les pugilistes s’affrontaient en contrebas, dans le tripot, faisant des paris. Les Deux-Loups organisaient aussi parfois des combats d’animaux, mais l’activité était plus restreinte, les Nexusiens étant assez regardants là-dessus. Lorsque la Lycane entra, elle fut immédiatement remarquée. Une Terranide n’entrait pas toute seule dans un tel lieu, surtout quand elle ne portait pas de vulgaires haillons défripés. Les gens ne dirent rien, continuant à boire, à parler, à manger, et à rigoler en enchaînant les plaisanteries grivoises, tandis que Shad s’asseyait dans un coin. Elle commanda à boire, et, pendant une dizaine de minutes, personne ne vint la voir. Tout le monde semblait totalement ignorer sa présence.

« Et là, mon gars, je te l’ai culbuté, mais merde, quoi ! Elle en chialait, j’te jure, bordel !
 -  Ah ouais ? s’esclaffa l’un de ses amis en versant du vin dans son verre. Commel’autre, déjà ? L’Ashnardienne, ou la Tekhane, j’sais pas quoi, là ?
 -  Mais non, mais non, y s’est tapé une Vaporéenne en levrette et une Celkhane par le cul !! »

Les amis s’esclaffèrent entre eux, riant à s’en faire péter le bide. Les plaisanteries grivoises se mélangeaient aux discussions d’ouvriers se plaignant de leurs conditions de travail, et, alors que le temps passait, et que l’Okami pouvait éventuellement croire à un canular, un serveur s’approcha d’elle, un peu gêné. Il était plutôt jeune, un adolescent avec des tâches de rousseur sur la figure, et il déposa devant elle un billet.

« Il vous a été transmis par un homme qui vous attend dans le tripot, Madame. Il a dit que vous le reconnaîtriez entre mille... Il traîne du côté des pugilistes. »

Le jeu de pistes était en train de s’épaissir, de se complexifier. Le billet comprenait un message relativement court, même s’il était un peu plus long que celui que Shad avait reçu tantôt au manoir :

Citer
Je suis ravi de voir que vous avez accepté mon invitation, et que vous avez choisi de venir seule.

Oswald Mandus n’est pas l’homme qu’il prétend être, et son abattoir est un mouroir monstrueux dans lequel bien des ouvriers disparaissent mystérieusement. Ne vous fiez pas aux affiches publiques vantant ses mérites. Nous savons ce qu’il est : un monstre cruel et sadique qui dispose avec lui d’horribles monstres. Ceux qui travaillent dans l’abattoir entendent leurs cris... Des cris inhumains qui suintent des murs, et ceux qui travaillent trop tard ne reviennent jamais.

Nous prévoyons de nous infiltrer dans l’abattoir pour découvrir les secrets de ce négrier, et le réduire au silence. Définitivement. Si vous voulez en savoir plus, je vous attends en bas.

Vous me reconnaîtrez.

Ainsi se terminait le billet. Pour aller au tripot, il suffisait de descendre des marches dans un coin. On arrivait alors dans un petit couloir, la porte de gauche donnant sur le bordel, et celle de droite sur le tripot. Il y avait de stables de jeux, des rires gras, de la fumée, de la bière. Les pugilistes se défiaient en se battant, pariant sur celui qui remporterait le combat.

Parmi eux, il y avait un homme que Shad ne pourrait que reconnaître, car elle l’avait vu hier.

Clayton Shaw.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 16 mai 2014, 22:42:36
Le temps s’écoulait inlassablement et la Terranide commençait à trouver ce dernier long. Elle pouvait le tuer en écoutant les discussions fortement intéressantes des habitués de l’auberge, mais elle s’en lassa bien vite. Un soupir d’ennui s’extirpa d’entre ses lèvres et elle porta son attention sur les têtes de loup empaillées. Un léger frisson traversa son échine, indirectement, elle sentait ces trophées comme une sorte de mise en garde. Mais cela ne pouvait être également qu’une coïncidence. Et pour le moment, elle voyait plus ce lieu comme un gros canular plutôt qu’une réelle piste  pour démasquer Mandus. Après tout, la personne qui l’a convié n’aurait-elle déjà pas dû l’aborder ? Et là, rien. Pour peu, il lui semblait qu’elle passait complétement inaperçu dans l’établissement. Oh cela ne la gênait nullement. Ainsi, la Louve évitait de s’attirer quelques menus ennuis.

Son verre fut vidé et elle pensa fortement à sortir de ce lieu. Après plus d’une heure à attendre pour rien, il était temps de partir. Au même moment où elle se levait, un serveur vint à sa rencontre  et lui tendit un petit billet qu’elle attrapa entre ses doigts. Curieuse, elle déplia le petit morceau de papier et lu le contenu. Ainsi donc celui qui l’avait « invité » était bel et bien présent et plus que tout il la connaissait et d’après le contenu du message, l’inverse était également vrai. Pourtant, la lupine n’avait pas la moindre idée de qui cela pouvait s’agir. Il n’y avait donc pas trente-six solutions, il lui fallait descendre et rencontrer cet inconnu.   La Terranide remercia le jeune serveur d’un hochement de tête avant de froisser le message et de le glisser dans sa poche. Elle hésita à le réduire en cendre mais mieux valait encore le garder quelques instants.

Direction l’étage inférieur. Avant de quitter la pièce principale, l’Okami  laissa de quoi payer sa boisson et un léger pourboire. Des regards qui pouvaient se tourner vers elle, elle en faisait fit. Tant qu’on ne tentait pas de violence sur sa personne, elle s’en accommoderait. Après tout c’était monnaie courante à Nexus, surtout pour une Terranide. En arrivant aux abords des escaliers elle put ouïr divers bruits, notamment ceux de femmes et d’hommes prenant du plaisir et d’autres qui étaient plus des rires gras.  Rien ne la motiver à descendre mais reculer maintenant serait un fait stupide. Elle souffla donc et descendit les escaliers, regardant à gauche et à droite se demandant quelle direction prendre.

Dans tous les cas, elle souhaitait éviter le bordel et prit la direction du tripot. Bien entendu, son entrée ne passa pas inaperçu et plusieurs personnes se retournèrent quand la Terranide pénétra dans la pièce. Certains s’en désintéressèrent rapidement, retournant à leur combat tandis que d’autres continuaient à la fixer.

« Hé ma pute, tu t’es trompé, le bordel c’est à côté ! » lança finalement un homme ponctuant sa phrase d’un rire gras."

Une goutte glissa le long de la tempe de l’Okami. Toujours et encore la même rengaine. Elle ne répondit pas à la provocation, enchaînant de suite sur un autre sujet, sur la raison de sa présence ici.

« Non, non, je suis à la recherche de …. »

La lycane stoppa sa phrase. Là, à quelques pas, se tenait un homme qu’elle avait déjà rencontré. Et il  n’était pas possible qu’elle puisse l’oublier vu qu’elle l’avait vu le jour passé et de surcroît, elle l’avait également blessée. La porte se referma derrière la Louve et elle resta un instant à regarder Shaw, avant de lancer :

« C’était un piège en fait c’est cela ?  Je m’en doutais presque ? Tu comptes te venger ou le message sur les billets sont réellement véridique ? » Questionna t’elle, sa queue bougeant doucement derrière son dos.

La messe venait d’être dite. Plus que tout, la Louve savait que cette invitation pouvait être un piège et pour elle à cet instant précis, ses pensées allaient dans ce sens.  Elle s’en mordait les doigts mais ce n’était pas comme si la lycane n’avait pas l’habitude de ces tours empreint de fourberie. Il ne lui restait plus qu’à attendre la suite des évènements. L’air devenait légèrement palpable. Après tout, ce n’était pas comme si la dernière fois qu’ils s’étaient vu, ils s’étaient embrassés avec allégresse.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 18 mai 2014, 02:31:51
« C’était un piège en fait c’est cela ?  Je m’en doutais presque ? Tu comptes te venger ou les messages sur les billets sont réellement véridiques ? »

Clayton Shaw (http://alicexz.deviantart.com/art/John-Watson-253750464) ne répondit rien pendant quelques secondes, se contentant de fixer cette Terranide insolente, proche du pouvoir. Plusieurs personnes la regardèrent, car l’Okami avait haussé le ton, pour invectiver Shaw. Clayton ne l’aimait pas, et se rapprocha lentement d’elle, décroisant les bras. Malgré les rides sur son visage, Shaw restait encore dangereux, une véritable masse. La réponse émana pourtant de derrière Shad, depuis une table où un homme, assis, la regarda avec un léger sourire :

« Ne vous donnez donc pas autant en spectacle, Madame... Je ne me serais pas donné toute cette peine si c’était un canular. »

Un mystérieux individu venait de lui adresser la parole, et il ne ressemblait pas vraiment à un Nexusien vivant dans les bas-fonds. C’était un homme (http://alicexz.deviantart.com/art/A-Study-in-Pink-261533946) qui évoquait plutôt une ascendance noble, ou bourgeoise... Il portait une belle écharpe, et des vêtements élégants, trahissant le fait qu’il ne vivait pas dans ce quartier.

« J’ai eu vent de votre altercation avec Monsieur Shaw, et je tiens à vous dire que je suis profondément navré du comportement de cet homme. Il est... Il est vindicatif, mais il n’est pas aussi brutal qu’on le dit. N’est-ce pas, Clayton ? »

Les deux hommes se regardèrent brièvement, puis Clayton tourna sa tête vers Shad, et grommela :

« C’est pas après vous que j’en avais... C’est après ce connard d’avocat qui...
 -  Monsieur Shaw ! Je vous en prie... »

Clayton hocha lentement la tête, ne disant rien de plus, et l’homme s’adressa à nouveau à Shad :

« Je m’appelle Nolan Tromeyn... Appelez-moi simplement Nolan. Je suis un simple homme d’affaires, mais également quelqu’un de bien renseigné, et qui a, parmi son cercle d’amis, des fréquentations qui feraient jaser mes compagnons du Centaur Club... Comme ce brave Clayton Shaw. Et, pour répondre à votre question, j’ai offert à Monsieur Shaw un emploi, ce qui lui a permis de quitter plus facilement la prison. Malheureusement, il n’a pas pu oublier sa femme, et est un homme partagé entre l’amertume et le remords. Je ne vous demande pas de le prendre en pitié, mais simplement de bien vouloir nous croire quand nous vous disons que nous ne cherchons pas à vous piéger... De fait, si j’avais envie de le faire, je pense que je commencerais par signaler à Sa Majesté que votre propriétaire n’est pas vraiment l’homme qu’il prétend être, n’est-ce pas ? »

Nolan Tromeyn semblait savoir bien des choses, et avait un nouveau sourire aimable. Bluffait-il ? Que savait-il réellement ? Mais, surtout, quel était le lien entre cet homme et l’abattoir Mandus ? Clayton, lui, s’était assis, et semblait être beaucoup plus calme qu’hier, quand il avait attaqué l’avocat.

« J’ai travaillé à l’abattoir Mandus, annonça-t-il alors, et je serais probablement mort si je n’avais pas réussi à en réchapper, et si Tromeyn ne m’avait pas...
 -  Je vous en prie, je vous en prie, ne me faites pas passer pour ce que je ne suis pas. Voyez-vous, Mlle Hoshisora, j’ai lancé mon enquête sur Mandus, en tant que concurrent commercial. Les bas-fonds de Nexus sont un excellent marché. Les investisseurs le fuient, ce qui fait que les loyers sont au plus faible, et qu’on peut racheter les immeubles pour une bouchée de pain. De plus, la Couronne est heureuse de soutenir et d’aider n’importe quel entrepreneur désirant construire quelque chose dans les bas-fonds. Mandus a été plus rapide que moi, et a surtout su déployer plus rapidement des fonds que moi... Tout l’héritage qu’il a obtenu avec la mort de sa femme, en réalité. Tout cet argent a été déployé dans cet abattoir, ainsi que toutes ses économies... Une histoire plutôt touchante, vous ne trouvez pas ?
 -  Ce type est un monstre, merde... »

Clayton se massa le front, repensant vraisemblablement à des souvenirs douloureux. Tromeyn était légèrement avachi sur sa chaise, et tourna sa tête vers Shad.

« J’ai cru comprendre que cet abattoir vous intéressait... Clayton a travaillé à l’intérieur pendant des semaines... Mais vous pouvez aussi retourner chez vous. Nous vous avons envoyé cette invitation, car il est probable que l’abattoir soit détruit cette nuit. »

Il laissa planer quelques secondes, comme pour montrer qu’il ne plaisantait pas, et reprit, en désignant la chaise devant lui.

« Asseyez-vous, je vous prie, c’est une longue histoire. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 18 mai 2014, 14:12:42
Il était vrai que la Terranide avait été assez insolente à l’encontre de Shaw et surtout sans la moindre raison. Mais il fallait également avouer qu’elle était sous tension ces derniers temps et qu’un piège à son encontre pouvait être lancé à n’importe quel moment. Après tout, on avait bien essayé de la tuer Adamante, Mandus ou elle-même pendant la journée de hier.  La Louve refusait ainsi de relâcher entièrement sa garde et son comportement eu tôt fait d’agacé son interlocuteur et d’attirer des regards.  La lycane ne bougea pas d’un poil, hormis ceux de son appendice caudal quand Clayton avançait vers elle, l’air menaçant. Elle le fixait sans ciller et continuait à croire qu’elle venait d’être prise au piège jusqu’à ce qu’une voix survienne.

La Louve se retourna aussitôt et observa l’homme, se demandant bien comment une personne de sa condition sociale pouvait se retrouver dans un tel lieu. Cependant elle n’allait pas s’attarder sur ce fait et par chance, elle relâcha sa tension, tournant son regard vers Shaw.

« Désolé, ces derniers jours je suis assez tendue. »

Une manière à elle de lui demander pardon pour son comportement en quelques sortes. Elle tourna par la suite à nouveau son regard sur son interlocuteur mystérieux apprenant diverses informations  à son sujet. Elle n’avait par contre la moindre idée de ce que pouvait bien être le Centaur Club mais si cet homme en faisait allusion, il devait s’agir d’un lieu assez important.  Face à la menace muette, elle afficha un petit rictus.

« Et bien dans ce cas, enchanté Monsieur Nolan.  Pour votre «menace » je ne sais pas ce que vous savez réellement mais je ne souffrirais pas d’accepter qu’on ruine ma vie. En tant qu’humain vous ne pouviez sans doute pas comprendre. Enfin, je vous écoute. »

La lycane ne savait pas réellement tout ce que pouvait savoir cet homme mais une chose était sûre : Elle lui en voudrait si ce dernier viendrait à détruire sa vie actuelle.  Shad le laissa donc parler, écoutant l’histoire de la création de l’abattoir, observant la réaction de Clayton Shaw qui semblait refléter les horreurs qui avait pu voir au sein de cet établissement. Et cela titillait encore plus la curiosité de la Louve, que pouvait-il donc se passer au sein de cet abattoir à la fin ?  A en croire les réactions de ce cher Shaw, il ne s’agissait sans doute pas de petites choses jolies avec pleins de fleurs autours. Cet abattoir semblait être le théâtre de nombreuses horreurs.

« Je n’ai jamais réellement fait confiance à ce Mandus, il ment. Très bien même. Et puis, cette idée de dépenser tout son argent dans son lieu de travail, c’es une chose que je ne comprendrais pas. Je n’ai aucune idée des horreurs qui peut se tramer dans cet endroit mais je suis sûre d’une chose : Cet abattoir est  bien pire que ce qu’il laisse paraître. Je veux dire, j’y ai croisé une sorte de monstre, du sang a été retrouvé dans ses alentours, un cadavre également….Vous m’auriez dit que ce lieu était sans danger, je ne vous aurais pas cru. »

Shad tira la chaise comme demandé et s’y installa puis elle  croisa ses mains, posant son menton dessus, invitant par la même occasion Clayton Shaw à s’assoir avec eux. Il n’était pas logique qu’il reste debout alors qu’il avait également son mot à dire sur toute cette histoire.

« Je suis bien curieuse d’entendre toute l’histoire de Monsieur Shaw et encore plus de savoir comment vous comptez détruire l’abattoir. J’imagine que vous avez un plan n’est-ce-pas ? Qu’allez-vous faire des patrouilles circulant autours de l’abattoir ou pire, des horreurs qui s’y trouvent ? Comme ces espèces d’homme-porc. »

La Louve frissonna un bref instant en repensant à ces horreurs avant de s’adresser à l’ancien employé de l’abattoir.

« Je n’ai pas rêvé n’est-ce pas ? Ces choses existent réellement ? »

La soirée risquait d’être longue. Il était fort probable que la Terranide ressorte de la pièce avec de nombreuses informations sur l’abattoir de Mandus et toutes n’allaient sans doute pas être des plus plaisantes à entendre. Pourtant il semblait urgent de mettre fin à cette mascarade au plus vite avant qu’il ne soit réellement trop tard.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 20 mai 2014, 02:05:33
« Je n’ai pas rêvé n’est-ce pas ? Ces choses existent réellement ? »

Les hommes-porcs... Tromeyn ne dit rien, tandis que Shaw déglutit silencieusement, cherchant à réunir le fil de ses pensées. On pouvait le sentir traumatisé, le visage traversé de rides. Autour du trio, le tripot se vidait et se remplissait. Certains regardaient Shaw, le reconnaissant. L’homme était plutôt costaud, avec des épaules carrées, et il était préoccupé.

« J’ai fait mon stage de réinsertion dans cet endroit... C’est une condition nécessaire pour sortir de taule plus vite... Et, quand j’ai été foutu entre quatre murs, j’avais qu’une foutue envie : qu’on me retire mes chaînes autour des chevilles. »

Il expliqua à Shad qu’il avait été affecté à la triperie. On y préparait les intestins d’animaux, qu’on vendait ensuite aux boucheries. Il y avait plusieurs sous-sols, où on entreposait les carcasses, et, le soir, il se reposait à l’église du père Lamb. Les premiers jours, tout s’était bien passé, mais, plus il était resté dans l’abattoir, plus il avait entendu... Les bruits, les cris. Des cliquètements de chaînes, et ces regards... Les anciens de l’abattoir savaient des choses, mais personne n’osait en parler, et, malgré les grands sourires réconfortants de Mandus, personne n’osait aller le voir dans son bureau pour discuter des problèmes que l’abattoir rencontrait parfois. Shaw s’était lié avec un homme, un certain Thomas Tripps, plutôt âgé, qui travaillait à l’abattoir depuis des mois, après avoir travaillé dans une mine de suif pendant des années. Tripps en avait également vu des vertes et des pas mûres, mais Clayton avait remarqué que Tripps savait des choses à propos de cet abattoir.

Nolan commanda un autre verre d’alcool à Clayton, tandis que ce dernier replongeait lentement dans ses souvenirs.

« L’abattoir fonctionne jour et nuit, et, quand on a un rendement de viandes en plus, il y a un système de quart... Moi et Tripps, on bossait la nuit, essentiellement à ranger l’abattoir, et à préparer les ateliers pour la viandaille du matin... Et on a entendu les bruits à nouveau... Comme des roulements mécaniques... Ils venaient du sol. Et, quand on descendait les tonneaux dans le sous-sol, on entendait les grognements. Le sous-sol est un endroit sombre, faiblement éclairé, avec tout un tas de caisses... J’suis pas du genre à paniquer, minette, mais je peux t’assurer qu’il y avait autre chose dans le sous-sol. »

Plus le temps passait, et plus Clayton avait le sentiment que quelque chose de dangereux rôdait sous l’abattoir. Contrairement à l’expert-comptable, il n’avait pas relevé de différences entre la viande abattue et la viande livrée, car il y en avait, de façon générale, beaucoup qui arrivaient. Lui, il se contentait de la découper, de la préparer, et la viande suivait ensuite les rails, le long du circuit, jusqu’à atteindre l’entrepôt de stockage. Ce soir-là, donc, il pleuvait pas mal dehors. Clayton était avec Tripps, à nettoyer le sol, quand ils avaient à nouveau entendu les roulements...



« T’occupes pas de ça, Clayton...
 -  Ça me fiche la putain de frousse…
 -  On fait juste notre job, et c’est tout. »

Clayton avait lentement hoché la tête, tout en continuant de laver le sol.

« Je vais aller ranger le matériel en bas, Clayton... »

L’homme hocha lentement la tête, tandis que Tripps s’aventurait vers l’escalier menant au souterrain. Tripps avait été esquinté par la vie, comme lui. Clayton avait tendance à penser que la vie était une pute qui passait son temps à vous enculer. Sa gonzesse, ce putain d’avocat, la prison... Ouais, la vie n’avait jamais été tendre avec Clayton, et il aimait bien Tripps, parce que Tripps était un peu comme lui. Un esquinté. Écorché par la vie, écorché par le travail dans les mines. Clayton n’avait pas à se plaindre. Pour les anciens taulards, le travail dans les mines ou les plantations, c’était souvent tout ce qu’ils pouvaient avoir. Lui espérait retourner dans les docks. Il avait une bonne réputation là-bas. Clayton travaillait bien, c’était un bon ouvrier, c’est comme ça qu’il se voyait.

Il observait la triperie silencieusement, tous les crochets vides, les étals où on découpait la viande. À force, il finissait par y faire. Retirer les organes, les préparer, puis les envoyer vers la zone de traitement de la nourriture. C’était un travail mécanique, simple, peu fatigant. Il n’en demandait pas plus. En revanche, il commençait à trouver le temps long. Qu’est-ce que foutait Tripps ?




« J’avais envie de rentrer chez moi, mais les consignes sont strictes... Il est hors-de-question de sortir de l’abattoir de nuit sans pointer. J’avais besoin de Tripps, mais ce type voulait pas sortir, et je me disais que déposer un foutu seau et un balai ne devait quand même pas prendre une éternité, non ? C’est à ce moment-là que je l’ai entendu crier. »

Il prit une nouvelle gorgée d’alcool, et observa ensuite Shad, en grommelant :

« Et c’est là que j’ai vu vos foutus hommes-porcs. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le jeudi 22 mai 2014, 19:55:52
Déposer ce foutu balais et ce seau et partir enfin de cet endroit. L’objectif était simple en soit, rien de bien compliqué, une routine habituelle. Tripps marchait d’un pas décidé et rapide vers les étages inférieurs, le balai sur son épaule, la brosse de ce dernier tourné vers le haut pendant que dans son autre main pendait le seau à l’aspect métallique.  Fichu travail de nuit, tout le temps la même rengaine, tout le temps à entendre des sons des plus étranges. Tripps avait voulu rassurer Clayton mais lui aussi se demandait bien quelle était la source de ces foutus grognements. Pris dans ses pensées, il ne remarque pas la caisse posée au milieu du chemin et se cogna le pied contre l’épais amas de bois, lâchant tout ce qu’il portait dans un vacarme retentissant le long du couloir.

« Putes, chié, si j’attrape l’enculé qui a laissé cette putain de caisse ici ! »

Soudain, un grognement. Tripps  se tut immédiatement, plissant ses yeux pour tenter de voir plus loin devant lui. Ce fichu couloir était mal éclairé, une chance encore qu’il le connaissait et qu’il savait qu’une armoire était disposé à une vingtaine de mètres devant lui. Il ne bougea pas quelques secondes, tendant l’oreille mais seul le silence répondit à son attente. L’homme soupira, se baissa et ramassa ses affaires, s’appuyant contre le mur pour se relever. Lorsque sa main toucha la surface du mur, il la retira aussitôt. L’humidité avait envahie les lieux et les murs suintaient. A certains endroits ils étaient même couverts de mousses et en tendant parfaitement l’oreille on pouvait entendre des gouttes tombaient du plafond, formant ainsi des petites flaques au sol. Mais cela, Tripps y était habité, après tout il était dans un abattoir pas dans un foutu hôtel de luxe qui ne connaîtrait jamais.

Ou plutôt qui ne connaitrait jamais plus.  Fut un temps où il travaillait dans ces prestigieux bâtiment, accueillant la clientèle bourgeoise de Nexus, portant leur bagage, rangeant leur chambre après que ces gros sacs pleins de frics se soient vidés leurs couilles.  Un travail qui lui rapportait un max de frics, la seule chose qu’il avait à faire était de sourire et de nettoyer. Rien de bien compliquer. Puis vint le jour où cette pute de noble l’a piégé. En y repensant, Tripps sera le manche de son balai, reprenant sa marche d’un pas lourd. Cette salope l’avait piégé en le faisant venir dans sa chambre.  C’était une beauté il ne pouvait le nier, mais une putain de beauté fatale.  Tous deux avaient dévorés l’entrée et le plat de résistance allait débuter quand elle se mit à hurler, criant au viol.

Aussitôt la sécurité de l’hôtel avait accouru et avait pris Tripps penché au-dessus de cette femme, complétement nu, prêt à la pénétré. En-dessous, la noble frappait son torse, se tortillait, pleurait à fausses larmes. On ne laissa pas le temps au malheureux de réalisé ce qu’il se passait que déjà il était mis à terre et menotter, nu comme un ver. Il plaida son innocence, la cria même mais la garde refusa de le croire. Pour eux ils en avaient vu assez. La Noble fut dédommagée par l’hôtel de cet incident tandis que Tripps fut conduit devant la Cour où il perdit son procès.  De l’hôtel il était passé en prison et de la prison dans cet abattoir. Mise à part les porcs, la seule personne qui souhaiterait voir en ces lieux était cette truie.

Le balais et le seau fut rangé dans le placard et quand la porte de cette dernière fut refermé, de nouveaux sons étranges et angoissant reprirent de plus belles. Tripss observait les alentours, reculant tout en fixant un point invisible devant lui, tentant de voir une silhouette bouger. Pourtant rien ne se mouvait, mais ce son, ces grognements ne cessaient de s’amplifiaient.  Soudain, l’horreur apparu à ses yeux suivit d’un long cri de porcs. L’homme n’était pas du genre à être une lopette mais là, la seule chose que son esprit pensa était « fuis ! Cours connard cours ! ».  Tripss pris ses jambes à son cou et commença à courir le plus vite possible. Mais ce fichu couloir était bloqué par de nombreuses caisses et maintes fois, il se cogna à l’une d’entre elle, trébuchant en avant, manquant de tomber. Derrière lui, il pouvait entendre un souffle court, des bruits de pas rapides et ce son. Ce grognement de porcs.

« La sortie ! Putain j’y suis presque ! Là…là pu ! »

Son bras s’était tendu en même temps que sa main et tandis que ses doigts effleurèrent la poignée il sentit une violente douleur dans l’abdomen. Parcouru de spasmes, sa bouche se remplissant dans liquide rouge comme  le vin, Tripss baissa ses yeux et vit son ventre perforé. Il n’eut le temps de réalisé réellement ce qui  lui arrivait qu’il tombait au sol, le regard vide, mort.   La créature, fracassa la porte, tombant nez à nez avec Shaw.  Cette dernière hurla en sa direction et le chargea comptant bien lui faire subir le même sort qu’à son vieil ami.

…..

La Terranide déglutit doucement. Tout cela dépensait son imagination et elle aurait pu se croire à une de ces sorties où des jeunes sur Terre se racontent des histoires pour se faire peur. Mais là, ce n’était pas des inventions, tout cela était bien réelle.  Elle laissa le temps à  Shaw de se remettre de ces émotions, l’invitant par la suite à continuer son récit.

« Et..comment avez-vous fait pour lui échapper ? »

Ces foutus bestioles couraient vite et ne semblaient pas accepter que leur cible leur échappe. La Louve était ainsi curieuse de savoir comment Clyaton avait pu survivre à un face à un face avec cet homme-porc. Son regard se posa sur Nolan et elle se demanda si ce dernier n’avait pas également joué un rôle dans la survie de Shaw.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 23 mai 2014, 21:52:00
Ça s’était passé comme ça. Clayton n’avait pas entendu Tripps hurler, car le sous-sol était insonorisé par de gros murs. Il était mort au milieu des caisses. Tout ce à quoi Shaw avait pensé, ça avait été de rentrer rapidement chez lui, de se laver, et d’aller tirer un coup chez la grosse Suzie. Il avait donc descendu les marches, tenant une chandelle dans la main, tout en appelant vainement Tripps... Jusqu’à voir les traces de sang.

« Et..comment avez-vous fait pour lui échapper ? » demanda alors la Terranide, visiblement sous le choc.

Shaw s’humecta les lèvres. Comment il avait fait, hey... La réponse était très simple : il avait eu du bol ! Tandis qu’il racontait cette histoire, Nolan Tromeyn buvait tranquillement, écoutant silencieusement une histoire qu’il avait déjà entendu bien des fois, et qui confirmait ce qu’il savait au sujet de l’abattoir Mandus. Shaw avait suivi les traînées de sang, alors même qu’il savait que le mieux qu’il avait à faire était de décarrer fissa. Il s’était avancé dans la réserve, nerveux, et avait vu le balai de son ami, avec des traces de sang. C’est à cet instant qu’il avait entendu un bruit sourd, et venait de comprendre qu’on l’avait enfermé à l’intérieur. Piégé, fait comme un rat, Clayton avait alors senti une présence autour de lui. Une respiration sourde. Jurant en silence, il avait essayé de faire le moins de bruit possible, et avait éteint sa bougie, tout en continuant à suivre les traînées de sang.

Il avait laissé à ses yeux le temps de s’habituer à l’obscurité, et s’était enfoncé dans la réserve, au milieu d’énormes caisses de matériel, jusqu’à entendre les grognements du monstre. Il s’était dissimulé dans un coin, son cœur sur le point d’exploser dans sa poitrine. Sa tête lui faisait un mal de chien, et il l’avait vu...

« J’avais jamais vu un monstre comme ça... Il avançait lentement sur le sol, avec un dos énorme, comme un putain de bossu... Il portait une espèce de manteau recouvrant son corps, et grognait... Comme une espèce de porc. J’vous jure sur la Sainte-Vierge que j’ai failli balancer mes tripes en voyant cette merde ! Mais j’ai continué à suivre les traînées de sang, et c’est comme ça que j’ai vu une trappe... Dans un coin. »

La trappe comprenait une échelle en fer, et il l’avait descendu, paniqué, pour atterrir dans ce qui ressemblait à des catacombes futuristes, avec des énormes câbles filant le long des murs, et du béton solide.

« Merde, c’est comme si j’avais débarqué dans la foutue Tekhos, ou je sais pas quel autre coin pourri ! J’ai erré là-dedans... J’ai vu des câbles énormes, des espèces de pompes qui crachaient une vapeur asphyxiante, des valves, des leviers, des panneaux incompréhensibles parlant de mise sous tension, de risque de surchauffe... Je cherchais un plan, une sortie, et j’avais depuis longtemps perdu la traînée de sang de Tripps. J’ai pas retrouvé son putain de corps... »

Au lieu de ça, Clayton avait continué à avancer, et avait vu d’autres créatures... D’autres monstres que les hommes-porcs.

« J’ai vomi, cette fois... Des espèces d’échalas, avec une gueule massacrée, une bouche difforme, des yeux cousus et difformes. Quatre doigts sur une main, et les doigts de l’autre main complètement énormes... Ils avaient une peau grise, sombre, et des bandages, comme s’ils ressortaient d’une espèce d’opération chirurgicale. »

Tout ça paraissait dingue, et on comprenait pourquoi personne, mis à part Tromeyn, n’avait cru au discours de cet homme. Clayton avait vu ces espèces de monstres. Ils étaient plus grands que les hommes-porcs, mais il y en avait également d’autres, similaires, et encore plus horribles, avec une lame à la place d’un bras, et une tête édentée et explosée, tandis qu’on avait ouvert leur corps en plusieurs endroits, permettant de voir leurs veines et leurs muscles. Des visions de cauchemar.

Shaw n’avait jamais vraiment cru en Dieu, mais, cette fois, il avait prié, car il était en Enfer. Alors qu’il marchait, il était arrivé devant des cellules, des portes capitonnées.

« Des ouvriers, des clochards... J’ai regardé à travers les œillères des portes... J’y ai vu... Oh mon Dieu, il n’y a rien qui peut décrire ce que j’ai vu, rien, rien, rien... »

Shaw avala un verre, reprenant peu à peu son souffle.Il avait vu des machines avec des seringues et des pompes, des tuyaux et des câbles. Il avait vu des hommes et des femmes, nus, attachés par des chaînes, en forme de croix, et les machines s’enfonçaient dans leur dos. Ils hurlaient à la mort... Du moins, pour ceux qui pouvaient encore le faire.

« Ces seringues... Elles pompaient leur sang. Elles pompaient leur sang, vous comprenez ? Comme des saloperies de vampires ! Vous croyez que j’ai inventé tout ça, hein ? Que c’est le fruit malade de mon imagination ? Cet endroit, c’était une machine ! J’ignore ce que Mandus compte faire, mais il faut y mettre un terme !
 -  Je vous en prie, Clayton, continuez... »

Shaw regarda silencieusement Nolan, et hésita quelques secondes, puis commanda un nouveau verre. Il avait avancé dans les cellules, jusqu’à ce que quelqu’un le supplie. Clayton disait qu’il cherchait Tripps, mais le plus probable était surtout qu’il s’était perdu, et qu’il errait là-dedans. Quelqu’un l’avait donc supplié, et Clayton l’avait libéré. Il avait trouvé un trousseau de clefs à l’entrée de la prison. L’endroit n’était pas très bien surveillé, mais, après tout, ce n’était pas comme si des curieux entraient fréquemment là-dedans. Clayton était entré dans la cellule, et avait libéré le malheureux qui traînait là. L’homme était faible, et Clayton en avait ensuite libéré un autre, son voisin... Mais la partie s’était compliquée.

« L’un de ces monstres était là... Et, malgré leur silhouette, je peux vous assurer qu’ils sont rapides. Fort heureusement, il est parti à la suite du second prisonnier. »

Clayton avait couru avec le premier, extrêmement faible, sans savoir où ils allaient, et ils avaient atterri dans une espèce de canal... Un canal rempli de sang.

« Comme une putain de rivière sanguine, ouais ! J’en avais partout sur la gueule, et le courant m’emmenait Dieu sait où ! J’ignore comment j’ai fait pour attraper cette échelle, mais je l’ai fait. Je tenais toujours le gars avec moi. Je me suis dit qu’il pourrait témoigner quand je sortirais d’ici. J’ai grimpé cette échelle, et on a avancé à travers des couloirs plus... Plus nexusiens, on va dire. On était dans une espèce de crypte, et on atteint les égouts. La suite, vous la connaissez, je suppose... Des noyeurs nous ont poursuivi, et j’ai perdu le type que je voulais sauver...Vous avez retrouvé son cadavre hier. Quant à l’autre... »

Il était facile de comprendre ce qui était arrivé au second prisonnier. C’était celui que Shad avait aperçu il y a deux jours, en traînant près de l’abattoir.

« Je suppose que vous comprenez un peu mieux l’agressivité de Monsieur Shaw, maintenant... Avant que la Cour ne décide de s’intéresser à Monsieur Mandus, j’ai moi-même mené ma petite enquête. Savez-vous ce qu’il y a sous l’abattoir Mandus, Mademoiselle Hoshisora ? Une crypte. Plutôt grande. Mandus l’a également acheté. Depuis des mois, je suis convaincu que l’abattoir n’est que la surface émergée d’un complexe beaucoup plus profond. Je soupçonnais que l’abattoir servait de plateforme pour divers trafics de drogue ou d’armes, mais il semblerait que j’étais loin du compte... Je ne suis pas quelqu’un de particulièrement croyant, Mademoiselle Hoshisora, mais je suis convaincu d’une chose... »

Nolan but un peu de sa coupe, avant de regarder silencieusement la femme, pour en arriver à sa conclusion :

« C’est l’œuvre du Diable qui se trouve là-dessous. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 25 mai 2014, 18:45:05
Toute cette histoire semblait être si incongrue, si irréaliste qu’elle semblait sortir tout droit d’un roman pour effrayer ses lecteurs. Pourtant, tout cela ne pouvait être que vrai. Il était bien sûr évident que la plupart des personnes auxquelles s’était adressé Clayton lui avaient ris au nez. Qui croirait une telle histoire ? Personne, sauf ceux qui auraient vu de leurs propres yeux une petite facette des horreurs de l’abattoir Mandus. La Terranide avait fait face à l’un de ces hommes porcs de même qu’elle avait assisté à une autopsie d’un homme dont le dos était couvert de piqûres. Oui, ces mêmes marques de seringues que faisaient référence l’homme dans son récit. Au moins un mystère qui était éclaircit, tout comme l’identité du malheureux croisé il y’a maintenant deux soirs.

Pendant que Clayton contait les horreurs incommensurables qu’il avait pu voir, la Louve avait appelé discrètement un  serveur et commanda une boisson. Elle paya directement et continua à écouter avec attention. Toute cette histoire lui donnait des frissons et la lupine ne put s’empêcher de se demander pourquoi, oui pourquoi elle s’était fourrée dans un tel merdier. Les Bas-Fonds de Nexus n’étaient décidemment pas un lieu très fréquentable. Cette mésaventure ne faisait que lui confirmer cette idée.  Il n’était pas bien difficile également de remarquer la peur dans le ton de la voix de Shaw, ainsi que d’y voir des prémices d’horreur dans le fond de ses prunelles. Rien qu’à imaginer ce qu’il avait pu voir grâce à ses descriptions glaçait le sang de la jeune Louve.

« Toute cette histoire semble si …Mais ne pas croire Monsieur Shaw alors que j’ai vu ces choses, vu ces morts, serait fuir la réalité. Je ne sais pas ce que cherche réellement à faire ce Mandus mais comme vous l’avez dit, c’est l’œuvre du malin qui se trouve sous nos pieds. Pour le moment, il reste relativement calme mais que fera t-il dans quelques temps ? Une fois qu’il aura presque une armée de tous ces monstres ? »

Une attaque sur la ville de Nexus sans l’ombre d’un doute. Et qui pourrait réellement arrêter le massacre quand ces abominations seront lâchées en masse au cœur de la capitale ? Pas le bas peuple en tout cas. Ces derniers risquaient fort bien de se faire massacrer ou pire connaitre le même sort que les prisonniers se trouvant à l’étage inférieur de l’abattoir dans cette espèce de machine. La Terranide but quelque gorgée, observant les deux hommes avant de reprendre.

« Je suis peut-être téméraire mais je ne suis pas suicidaire. SI nous allons dans cet abattoir, ce sera sans filet. Autant dire que le risque est grand, mais j’imagine que vous avez déjà tout planifié n’est-ce pas ? Que vous avez un plan d’attaque ainsi qu’un plan des lieux. Cependant avoir cela ne nous empêchera pas de faire face à ces monstres.  A propos Clayton ? »

La Louve darda son regard sur celui qui l’avait attaqué lui et l’avocat il y’a de cela quelques heures. Il était improbable à cet instant qu’elle vienne à faire équipe avec lui, et pourtant c’était bien ce qui risquait de se passer en ce moment même. Cependant, ce n’était pas cela qui attisait sa curiosité mais un autre point.

« Je me demandais..Comment  as-tu fais pour  rester encore en vie ? Tous ceux qui se sont approchés d’un peu trop près de l’abattoir ont mystérieusement disparus ou bien ont étaient victimes d’assassinat. »

Adamante et elle-même avaient été la cible d’un poison mortel, l’espion de la Couronne avait mystérieusement disparu tout comme cette femme, Agatha Christie. Et la Louve ne pouvait croire à une simple coïncidence. Le fait que Shaw soit encore en vie, tout comme Nolan relevait dans ce cas du miracle et d’une question de temps. Pour quelqu’un qui était à l’œuvre d’une machination dans les entrailles de la capitale, laisser des témoins en vie était un jeu risqué qui ne prendrait pas la peine de risquer. Ainsi, comment avait pu faire cet homme pour rester encore en vie ?


Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 28 mai 2014, 02:02:44
Il était temps de passer à la suite, d’envisager les conséquences à apporter. Nolan Tromeyn restait silencieux, laissant le soin à la Terranide de prendre ses propres conclusions. On pouvait tout dire de ce qu’on voulait de Tromeyn, mais il n’était pas idiot. Si elle était une simple Terranide, la Reine n’aurait pas été demander son aide. Nolan ne se serait jamais dit comme étant un allié solide et inflexible du trône, mais, parfois, des ennemis devaient s’allier entre eux contre une menace commune. Mandus ne servait pas ses intérêts, et cet abattoir représentait une menace... Si ce que Shaw disait était vrai, alors ce n’était pas simplement en tant qu’hommes d’affaires que Nolan interviendrait, mais même en tant que citoyen zélé. Qui sait, on pourrait même lui offrir une médaille pour cet exploit ! Nolan Tromeyn, décoré au champ d’honneur ! Ah, l’image lui donnerait presque envie de rire, mais il restait impassible, tandis que Shad leur demandait s’ils avaient un plan d’attaque, ou même un plan tout court de l’abattoir. Il ne répondit pas sur le coup, et la laissa poser à Clayton une autre question.

Ce dernier haussa les épaules, répondant assez rapidement :

« Pourquoi vous croyez que je flippe, hein ? Je suis juste plus mobile et moins con que les autres, mais je sais que ces saloperies veulent me buter. J’en ai trop vu ! »

Clayton Shaw n’avait pas su vers qui se tourner, et avait été voir Nolan Tromeyn. C’est ce que ce dernier expliqua à Shad. Shaw avait entendu parler de lui à la prison, et également à l’abattoir, et s’était rendu dans son entreprise, parce qu’il ne savait pas où aller d’autre. Il avait commencé par se réfugier à l’église du père Lamb, mais il l’avait estimé trop proche de l’abattoir.

« Vous avez vu les récolteurs, n’est-ce pas ? Je dirige une entreprise qui poursuit un but relativement similaire... Ce n’est pas la seule activité de ma guilde, bien sûr, mais nous envoyons des équipes dans certaines portions des égouts, afin de débusquer des cryptes, retrouver des personnes perdues, réparer les canalisations, ce genre de choses. J’ai donc un plan des égouts, mais il ne nous sera pas utile très longtemps, je le crains. La description de Monsieur Shaw me laisse entendre que les égouts sous l’abattoir ont du bien changer, et ça, aucune carte ne le retranscrit. »

Il avait néanmoins une idée assez précise de la superficie concernée. Le sol sous l’abattoir était un véritable gruyère. Il y avait une grosse crypte, un mausolée qui avait été bâtie il y a des siècles, à une époque où la mortalité à Nexus avait été très élevée à cause d’épidémies de pestes. Les cimetières étaient remplis, et on avait enfoui les cadavres dans le sol, dans des galeries et dans des grottes souterraines. Il y avait tout un vaste complexe sous cet abattoir. Nolan s’était renseigné en allant voir les cadastres, ainsi que d’autres documents publics. Les grottes s’enfonçaient sur plus d’une centaine de mètres sous terre, et Mandus avait du creuser et aménager toute cette partie des souterrains. En consultant les comptes publics, Nolan avait vu qu’Oswald avait effectivement réalisé des travaux souterrains, en vue d’aménager le sol, afin qu’il soit propre à la construction, et qu’un expert avait, par la suite, certifié que les installations souterraines étaient solides, et permettraient de soutenir l’abattoir en consolidant le sol. Ce mystérieux bunker avait du être construit après le passage de l’expert. Nolan avait conscience qu’il y avait là une énigme : comment construire une telle installation sans que personne ne le remarque ? Il avait, de plus, usé de technologie tekhane, ce qui laissait entendre une machinerie diabolique.

Clayton était partisan de détruire cette saloperie. Il s’était rendu dans les bas-fonds pour discuter avec des gens, et il savait que ces derniers étaient prêts à brûler cet abattoir. Contrairement à ce que la haute société pouvait penser, bien des gens se méfiaient d’Oswald Mandus, à cause de tous leurs proches et amis qui avaient disparu.

« Un incendie ne permettra pas de supprimer l’abattoir, Monsieur Shaw. Surtout pas ce qu’il y a en-dessous. De fait, je pense que se rendre à l’abattoir, c’est foncer tout droit dans la gueule du loup. Voyons les choses ainsi. Nous ignorons ce qu’il y a là-dedans, nous ignorons ce à quoi nous avons affaire, si ce n’est à des êtres dangereux, qui n’hésiteront pas à nous tuer. Bien sûr, nous pouvons attendre que la Couronne mène son enquête, mais j’ai le sentiment que vos actions, Monsieur Shaw, ainsi que vos investigations, Mlle Hoshisora, risquent de pousser Mandus à agir. Quel que soit son plan, il compte agir sous peu, et je n’ai pas spécialement envie de savoir ce qu’il a en tête. »

Il s’humecta brièvement les lèvres. Nolan ménageait une courte pause, mais, en réalité, il avait déjà une idée en tête.

« Mandus vit seul chez lui... Et il est vieux. Il me semble que le mieux est de neutraliser la tête de cette entreprise sinistre pour en venir à bout. »

Voilà son plan : se rendre chez Mandus. Tout simplement. Et en terminer sur place.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le jeudi 29 mai 2014, 13:52:42
Car il avait était plus rapide et plus prévoyant. C’était simple mais c’était logique. Voilà comment Clayton avait fait pour rester en vie. Et à bien y réfléchir, la Louve faisait également la même chose, elle était plus ou moins sur le qui-vive. Après tout, quand on savait qu’une personne cherche à vous descendre, on ne marche pas d’un air serein et détendu dans Nexus. Quoique ce dernier point est valable pour chaque jour dans cette capitale.  Vivre à Nexus n’était pas un fait de tout repos, mais côtoyer les Bas-Fonds de près ou de loin l’était encore  moins.  La Terranide ne fit aucun commentaire quant à la réponse de Shaw, se contentant d’hocher la tête.

Les récolteurs ? Pour sûr qu’elle les avaient vus ! Ces gens qui passent leurs journées à fouiller dans les détritus  de la cité pour escompter en ressortir de quoi se nourrir. Ces personnes étaient pour la Louve en bien mauvaise posture et aucune signe extérieur ne permettait de savoir s’ils pourraient un jour remonter la pente ou non.  Et elle ne pouvait également nier un fait qu’avait mentionné Monsieur Nolan en cet instant.   Posséder une carte des égouts ne le sera pas d’un très grand  secours. Si la description  qu’avait faite Clayton Shaw de l’endroit se révélait exacte, ces cartes étaient à présents obsolètes.  Décidemment, chaque élément  qui pouvait être utilisé contre Mandus et son odieux abattoir ne semblaient d’être aucune utilité.

La Terranide marqua un temps d’arrêt quand enfin, le plan d’action fut dévoilé. Hagarde, elle cligna des yeux, se disant qu’elle avait sans doute dû mal entendre. Pourtant, l’Okami n’avait guère rêvé. Cet homme prévoyait tout simplement d’exterminer le problème à la source.  Ce n’était pas si stupide en soit, cela évitait de risquer sa vie pour rien, pourtant la lycane ne semblait pas emballée par l’idée.  Elle se remémora sa visite au sein du Manoir Mandus et ne put réprimer un léger frisson lui parcourant l’échine, sa queue se mettant à battre dans son dos nerveusement.

« Aller chez Mandus et l’abattre. Tout cela parait si simple, trop simple même. J’étais dans son manoir, j’ai visité sa demeure et je peux vous assurez une chose. On ne s’y sent pas en sécurité. L’odeur de la mort plane dans ses murs et je ne parle pas des morts de sa femme et de ses enfants. Non c’est comme si cette sensation était toujours présentes autours de vous quand vous vous trouvez dans ce fichu manoir. Et puis, il y’avait aussi ce…gamin, enfin cette chose sortie de nulle part. »

Le manoir était –il réellement un endroit sain et  sauf ? La Lycane en doutait fortement. Pour sa part, ce bâtiment n’avait révélé qu’une infime partie de ses secrets, à savoir ceux qu’il voulait bien révéler à ses visiteurs. La Terranide pris une légère inspiration avant de reprendre.

« De plus, si nous faisons cela, nous aurons la Couronne sur le dos. Enfin, j’aurais la Couronne sur le dos. Ils savent que je suis impliquée dans cette affaire et je risque d’être la première personne à être interrogé si Mandus se fait descendre. Il faudrait le tuer oui, mais également avoir une preuve irréfutable contre lui. Prouvez  ce qu’il manigance et pour cela… »

Elle se tourna vers Shaw. La Terranide se doutait bien qu’il n’apprécierait que très peu ce qu’elle allait dire, mais il était le seul  être à a pouvoir témoigner des atrocités se tramant dans les étages inférieurs de l’abattoir, dans ce complexe souterrain.

« Vous devriez témoigner Shaw, dire ce que vous avez vu. Assistés par votre «  ami » ici présent.  Je sais que vous avez une dent contre ces derniers, mais si nous leur apportons des faits ainsi que d’autres témoignages, peut-être se hâteront-ils à examiner cette machination. »

Mais tout cela n’était que supposition. Pourtant, Clayton Shaw pouvait faire accélérer cette enquête s’il le désirait et trouver des personnes n’appréciant que très peu Oswald Mandus dans les Bas-Fonds ne devait pas un épreuve insurmontable. Très peu d’habitants l’appréciaient en réalité et bon nombres avaient perdus un être cher à cause de cet entrepreneur.

« Malgré tout si vous pensez qu’on a plus le choix et qu’il faut agir de cette nuit et bien…Je doute réellement que vous aviez besoin  de mon aide pour abattre un homme vieux et seul »

La Terranide ne tentait nullement de se cacher mais pour sa part, son aide à cet instant n’était pas réellement indispensable. Il aurait été fort facile pour Clayton Shaw d’abattre Oswald Mandus sans grande difficulté, alors à quoi pourrait-elle leur être utile ?  Après tout, ils n’allaient pas se rendre sous l’abattoir.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 29 mai 2014, 19:47:31
Shad n’était pas très emballée à l’idée de s’infiltrer dans le manoir Mandus. En toute honnêteté, Nolan pouvait la comprendre. Ce qu’il proposait était de commettre une infraction, comme elle le souligna, en insistant sur le fait qu’ils devraient réunir des preuves, afin de confondre Mandus, de prouver sa culpabilité. Tromeyn était d’accord sur ce point, et Shad suggéra ensuite que Clayton puisse témoigner. L’idée arqua sur les lèvres de Nolan un sourire.

« Je n’aimerais pas tuer Mandus, non... Disons que c’est une solution de dernier recours. Ma priorité est effectivement de trouver des preuves, de l’interroger. Porter l’action en justice... Pourquoi pas, oui, mais, si notre dossier se résume simplement aux allégations de Monsieur Shaw, n’importe quel avocat les fera sauter en un revers de manche. »

Personne ne pourrait y croire, tant cela semblait ridicule. Les autres preuves de Nolan, pour l’heure, se résumaient à des factures et des bilans-comptables. Bien insuffisant. Avec ça, il pourrait tout au plus prouver une fraude fiscale, mais Oswald avait de l’argent, et une amende du Trésor ne l’effraierait pas. Il fallait trouver autre chose, il fallait trouver des arguments plus percutants que cela. C’était bien pour ça, entre autres, que Nolan voulait aller dans ce manoir.

« Vous avez été dans ce manoir, Mlle Hoshisora, vous en avez vu plus que nous. Si Oswald ne souhaite pas qu’il y ait du monde dedans, c’est probablement parce qu’il a des choses à cacher, non ? Si ce que dit Monsieur Shaw est vrai, et je ne doute pas un seul instant qu’il le soit, alors il y a forcément des travaux, des preuves... Mandus ne prendrait pas le risque de les entreposer dans l’abattoir, où un ouvrir pourrait tomber dessus... »

Il était alors facile de comprendre que ce genre d’éléments pourraient se trouver au manoir. Dans l’absolu, Nolan préférait faire confiance à la justice, mais il était bien placé pour savoir que la justice était faillible, lui-même ayant à plusieurs reprises bénéficié de ses imperfections pour s’en sortir. Si Oswald était attaqué en justice, il aurait les moyens de s’offrir les avocats les plus talentueux de Nexus. Nolan jouait effectivement risqué. Il fallait vraiment qu’il trouve de bonnes preuves dans ce manoir. La mort de Mandus ne serait qu’une maigre consolation, car il ne savait pas si elle permettrait de stopper cette machinerie infernale qui se trouvait sous l’abattoir. Clayton, quant à lui, voulait juste pouvoir s’assurer qu’il survivrait, mais il n’était pas dupe non plus. La justice l’avait foutu en taule parce qu’il aimait sa femme et n’aimait pas qu’elle le trompe. Il ne leur faisait pas confiance.

Il intervint alors, en voyant que Nolan semblait adhérer aux idées de Shad.

« Je veux pas aller voir les flics, okay ?! Ni ces enculés au tribunal ! On a pas besoin d’elle, je vous l’avais dit, Nolan ! J’ai des amis, on peut aller chez Mandus, et personne vous suspectera !
 -  Mais est-ce que cela stoppera cet abattoir ? Il nous faut découvrir ce que Mandus manigance... De plus, si nous le tuons ainsi, nous risquons de le voir devenir un martyr.
 -  Tant qu’il crève, peu m’importe...
 -  Ça m’importe, à moi ! »

Clayton le regarda, en soupirant, grognant légèrement.

« Vous me prenez pour le con de service, c’est ça, hein ?! s’exclama-t-il alors. Vous croyez que je vois pas clair dans votre jeu, hein, Tromeyn ?
 -  Monsieur Shaw, voyons...
 -  Ta gueule, fils de pute ! j’ai été te demander de l’aide, et, tout ce qu’on me dit, c’est d’aller voir les poulets ?! De faire confiance à la Couronne ? À la justice royale ? Ces enfoirés ne pensent qu’à leur fric ! rugit Clayton, en tapant du poing sur la table. Ils se foutent de ce que Mandus fabrique, du moment qu’il paie leurs impôts ! »

La paranoïa de Clayton refaisait surface à toute allure, rendant ce dernier bien moins sociable, et difficile à raisonner. Nolan réalisa alors que les gens présents dans le tripot, comme les pugilistes, étaient des proches de Clayton, des dockers qui,c omme lui, ne croyaient pas en le système. Pour Clayton, tout devenait subitement limpide : Nolan voulait remplacer Mandus, s’emparer de son abattoir, et ainsi s’asseoir sur une rente d’argent facile.

« Enculé de marchand, j’aurais jamais du vous faire confiance.
 -  Monsieur Shaw, sans ma protection, vous...
 -  Ta protection, marmot, tu peux te la foutre au cul ! Je vais m’occuper moi-même de cet abattoir de merde ! »

Et, sans attendre plus longtemps, Clayton se releva, furieux, et sortit. Nolan le vit partir avec plusieurs de ses hommes. Ils remontèrent bruyamment l’escalier, et Nolan offrit à Shad un léger sourire contrit.

« Je ne vous mentirais pas : ma position sur cette situation n’est pas totalement désintéressée. Cependant, croyez bien que je veux résoudre ce problème, et neutraliser Mandus. J’ai pris des risques en aidant Monsieur Shaw, mais il faut croire qu’il n’était pas si innocent que ça... »

Nolan soupira lentement, et bascula sa tête en arrière.

« Je ne peux pas vous forcer à me suivre. Votre aide me serait utile, vu que vous connaissez déjà ce manoir, mais je comprends que vous n’ayez pas spécialement envie d’y retourner. Ça ne fait rien, je vous assure, je comprends que vous ayez d’autres préoccupations, et que la perspective de vous froisser avec Sa Majesté ne vous tente guère. Je pense juste que, parfois, le meilleur moyen de faire respecter la loi, c’est d’en contourner certaines. »

Un point de vue relativement cynique, mais, de la part d’un marchand nexusien, il ne fallait pas vraiment s’attendre à autre chose.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 01 juin 2014, 17:54:06
Tout ne semblait pas se passer comme prévu. Les réponses de la Terranides ainsi que la réaction de Shaw à son égard ainsi qu’à celui de Nolan confirmaient bien ce fait. La louve avait très bien compris que l’ancien tôlard aurait espéré détruire de sang –froid cet abattoir et de tuer par la même occasion son propriétaire. Mais la Lycane se refusait à agir ainsi, avec tant de précipitation. Bien évidemment, il y’ avait également une once de cupidité là-dedans. Pourquoi viendrait-elle à s’attirer des ennuis avec des inconnus ? Bon, pas si inconnu que cela vu qu’elle  avait déjà blessé Shaw il y’a moins de vingt-quatre heures.  Tout en les écoutant se quereller entre eux, la Terranide soupira longuement. Rien ne l’obligeait après tout à les suivre dans cette quête insensée.  Et pourtant, au fond d’elle, elle souhaitait ardemment y participer. Etait-elle suicidaire ? Sans l’ombre d’un doute.

Clayton sortie du tripot tout en braillant. La Lycane soupira une deuxième fois. Si ce qu’il avait compté était vrai, ses jours étaient comptés. Ou plutôt ses heures. En se dirigeant ainsi vers l’abattoir de Mandus, il signait son arrêt de mort. Ainsi que celui de ses compagnons. Mais comment résonner un homme décidé ?  Un homme qui ne pensait qu’à mettre un terme à la vie d’autrui sans réfléchir ? La Louve attrape sa coupe et y but quelques gorgées. Elle avait pour le moment besoin de se vider un peu l’esprit mais la voix de Nolan la ramena bien vite à la réalité.  Par respect, elle le laissa parler, haussant un sourcil interrogateur. Ainsi il n’était pas totalement désintéressé ? Pour sûr ! Si Mandus tombait et que son entreprise faisait faillite, il récolterait le monopole des Bas-Fonds et pourrait engendrer plus de profit qu’il ne pourrait jamais s’imaginer. Il s’agissait là d’une course aux premiers qui arriveraient à imposer sa société, sa guilde ou tout autre dans les ruelles noires de Nexus.

Tiens ? Il avait raison sur un point. La Lycane ne souhaitait nullement se froisser avec la Reine. Il était déjà si rare qu’une personne aussi Haute puisse montrer le moindre intérêt à une représentante de la plus basse classe sociale en ce monde. La Louve savait néanmoins que leur rencontre et leur entretien était lié à l’abattoir Mandus et au fait qu’elle était la témoin oculaire d’un meurtre perpétré non loin de l’abattoir il y’a de cela deux jours maintenant.  Shad abaissa son regard vers sa coupe, la faisant légèrement tournoyé entre ses mains. Elle pouvait entendre le son du liquide frappait contre les parois de verre et émettre quelques petites vaguelettes. 

« Il est pourtant essentiel d’agir rapidement. Si ce que Shaw a dit est la vérité, nous ne pouvons pas rester les bras croisés à attendre que ce fléau ne s’abatte sur la capitale. »

L’Okami porta la coupe à ses lèvres et but le reste de son contenu d’une traite, reposant après le verre d’un geste brusque et décidé sur la table, se levant par la même occasion.

« Soit. Je vous aiderais à vous infiltrez chez Mandus et si besoin, je vous protégerez. Mais je refuse de le tuer si cela n’est pas nécessaire. Nous partons juste pour obtenir des preuves sur sa machinerie pour le moment. De plus, rien ne m’oblige à vous porter assitance. Vous vous avez un intérêt à tout cela, quelque chose à y gagner mais moi ? Qu’ai-je donc ? –Elle marqua un temps d’arrêt- Nous pourrons en discuter après tout cela. Si nous voulons agir c’est maintenant pendant que l’attaque de Clayton servira de diversion. Je sais où se trouve le bureau de Mandus dans son manoir,  la seule difficulté sera de l’infiltrer. »

Clayton allait leur permettre de profiter d’une diversion. D’un côté, ce n’était pas plus mal qu’i soit sorti de ses gonds et partit en quête de détruire l’abattoir. Avec  cela, l’humain et la Terranide pourraient en profiter pour s’engouffrer dans la grande bâtisse d’Ostwald Mandus et y rechercher des informations convoitées.  Rien de plus simple à bien y réfléchir et avec un peu de chance, le bain de sang pourra être évité.  La lycane jeta un coup d’œil en direction de l’escalier. Il n’y avait plus de temps à perdre mais encore fallait-il être parfaitement préparé.

« Des propositions dans ce cas ? J’imagine que vous avez déjà un plan non ? Ou bien on y a et on  regarde sur place comment faire ? »

Il souhaitait pénétré dans le manoir de Mandus s’était donc qu’il avait déjà réfléchi à la façon  d’y procédé. Du moins, c’est ce que pensait la lycane, après elle pouvait très bien se tromper. Et si c’était la deuxième réponse qui serait émise par l’homme, et bien, ils improviseraient dans ce cas. A moins de faire du bruit comme un troupeau d’éléphants, le duo ne risquait pas de se faire remarquer. Surtout en pleine nuit, surtout dans un manoir vide.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 04 juin 2014, 01:23:50
« Kalyk’Kree’Kree’Taal’Taall ! »

Les propos de l’homme étaient incohérents, incompréhensibles. Le Zeerikanien s’exprimait dans son dialecte, une langue tribale et sauvage, et rares, très rares, étaient les traducteurs zerrikaniens capables de comprendre cette diatribe. En réalité, même le Palais d’Ivoire n’en avait techniquement aucun... Techniquement, car Elena avait un contact. Une Zerrikanienne. Cependant, le temps qu’elle trouve un moyen de rejoindre discrètement le Palais sans se faire remarquer, une bonne journée s’écoula. Zephyr officiait au sein des bas-fonds, où elle se faisait passer pour une révolutionnaire active, et ce dans l’optique d’aider Elena, et de fournir à la Reine des éléments d’information sur les évènements sociaux qui agitaient les bas-fonds.

Le prisonnier zaerrikanien était dans une cellule, mais personne n’avait réussi à communiquer avec lui. Le battre n’était même pas utile, car il était manifeste qu’il ne parlait pas la langue commune. Des enquêteurs royaux étaient allés à l’académie ce matin pour chercher, à défaut d’un traducteur, un dictionnaire, mais Zerrikania était une région sauvage, hostile, et aucune des expéditions envoyées n’avait vraiment réussi à ramener autre chose que quelques vagues approches et éclaircissements de leur dialecte austère et sec. Une seule journée s’écoulait, mais Elena avait le sentiment que le temps pressait, et, dès le petit matin, alors que Shad recevait une missive l’invitant à se rendre à l’auberge des Deux-Loups, Elena envoyait discrètement un message à Zephyr pour l’informer que sa présence était requise au Palais d’Ivoire. Zephyr connaissait les passages secrets et les souterrains permettant de contourner la grande de Langley, et Adamante l’aiderait de l’intérieur.

Elena se tenait ainsi dans l’église du Palais d’Ivoire, priant depuis une heure dans l’une des chapelles, couvrant en réalité Adamante, qui avait emprunté un passage secret situé derrière l’autel. Elle avait descendu un escalier étroit et poussiéreux qui l’avait conduit devant un couloir tout aussi sombre, où elle avait enclenché une boule lumineuse, éclairant ses pas. Elle avait marché jusqu’à ce qui semblait être un cul-de-sac, mais avait alors posé son doigt au milieu du mur, illuminant ainsi des runes violettes, ce qui avait, comme par enchantement, permis de faire volatiliser le mur. Adamante n’avait ensuite plus qu’à attendre leur invitée surprise.

Dès que Zephyr arriverait, il serait le temps des conversations avec cet assassin zerrikanien.



Nolan était heureux que Shad ait finalement choisi de le suivre. Après quelques hésitations, elle avait opté pour ce qui, selon lui, semblait être la bonne solution, tout en soulignant que tuer Mandus n’était pas dans ses intentions, et qu’elle ne le ferait qu’en cas d’ultime recours. Notre homme n’avait rien eu à objecter à cela, car c’était aussi ce qu’il pensait. La mort de Mandus pourrait être aussi bénéfique que catastrophique. Elle pouvait déclencher un élan de sympathie pour quelqu’un qui, en-dehors d’une circonférence particulière, était vu comme un généreux mécène, un homme d’affaires simplement désireux d’aider son pays. Moins que la mort, il semblait à Nolan plus judicieux de le briser, de trouver des preuves irréfutables, des preuves qui, si elles ne permettaient pas foncièrement d’obtenir une condamnation judiciaire, ébranlerait au moins Mandus en ruinant ce qui était le plus cher à un homme d’affaires : sa réputation. Sans cette dernière, Mandus ne serait plus rien, son abattoir fermerait. Ce simple élément suffirait amplement à Nolan.

Contrairement à ce que Shad pensait, Nolan n’avait aucun réel plan prédéfini. Il comptait s’infiltrer, et voir ce qu’il trouverait. Il réagirait en fonction, tout simplement. Mandus état seul, il n’était pas nécessaire de prendre des précautions. Le duo sortit assez rapidement du tripot, et Nolan se rendit vers son carrosse, avec un cocher personnel. On pouvait voir qu’il avait également un garde du corps, un homme assez grand avec une cicatrice découpant sa joue du haut vers le bas.

« Nous ne sommes jamais assez prudents, n’est-ce pas ? Il s’appelle Karl, et il est fiable. »

Karl était muet ; son père lui avait brûlé la langue jadis avec du fer rouge, car il trouvait que son gosse parlait trop. En contrepartie, Karl avait tué son père en le poussant dans les flammes de la forge entretenue par son père, et était ensuite devenu un forban, avant de rejoindre le droit chemin... Plus ou moins. Nolan évita de trop parler du passé de Karl à Shad, mentionnant juste qu’il l’avait obtenu en sortant de prison. Pour les gens comme Nolan, les prisons étaient un vivier de nouveaux employés.

Le chariot s’avança, et remonta la ville, jusqu’à atteindre les falaises et les hauteurs de la ville. Il faisait alors bien nuit, et le manoir de Mandus était plongé dans l’obscurité la plus totale.

« Vu sous cet angle, on dirait presque un manoir hanté, vous ne trouvez pas ? » ne put-il s’empêcher de demander à Shad.

L’image était frappante, en tout cas, et elle lui donnait des frissons dans le dos.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le jeudi 05 juin 2014, 18:11:32
Ainsi, il était temps d’aller rendre une visite surprise au sein du manoir de Mandus. La Terranide avait posé quelques conditions à son « partenaire » du soir, et cela semblait sied à l’humain. Sans un mot de plus, elle le suivit jusqu’à son carrosse, rencontrant de ce fait Karl.  Son regard se porta un court instant sur l’homme. De grandes tailles, il possédait également une carrure impressionnante forgée sans nuls doutes par des années d’entraînements pour garder une telle carrure. La main du garde du corps pouvait facilement englober le visage de la Terranide. En d’autres termes, il pourrait lui briser le crâne sans la moindre difficulté.

« Je suis bien d’accord, un peu de sécurité ne fais pas de mal, après tout c’est votre mission n’est-ce pas ? »

Que pouvait-elle dire sur les choix des gens qui les accompagneraient au sein du sinistre manoir ? Rien, absolument rien. Le seul droit qu’elle possédait était de partir quand bon lui semblait, sans demander la moindre autorisation.  Mais, la Louve n’était pas du genre à proposer son aide à une personne pour juste au moment fatidique, la laisser dans le pétrin.  Pendant le trajet, la lycane avait fermé un instant ses yeux, posant son visage contre ses mains jointes. Elle ne se reposait pas, mais se remémorer l’intérieur du manoir et plus particulièrement l’emplacement du bureau.  Des images mémorielles refirent leurs apparitions dans l’esprit de l’Okami. Elle se remémora de ce fait les odieux tableaux qu’elle avait pu admirer avec le garde royal ainsi que les sombres couloirs où l’écho des pas était étouffé par un tapis de couleur carmin.

« Vu sous cet angle, on dirait presque un manoir hanté, vous ne trouvez pas ? »

La Louve  cessa de garder ses paupières closes, posant son regard azuré sur Nolan sans dire un seul mot. Elle tourna par la suite sa ligne de mire vers le dit manoir et esquissa un sourire sarcastique. Pour Shad, ce manoir devait être hanté à sa façon. Comment pouvait-elle oublier cette si désagréable sensation qu’elle y avait ressenti quand elle était là-bas ? Cette sensation de peur et de mort ?  Cette sensation était encore ancrée dans son esprit et l’apparence que présentait actuellement le manoir ne faisait qu’accroître cette dernière.

« Un manoir hanté….Je suis presque sûre qu’il l’est…Je n’ai qu’une envie, y rentrer, trouver tes foutues papiers et partir d’ici. J’ai comme un mauvais pressentiment, comme si mon instinct animal me criait de ne pas m’y rendre mais..J’imagine que cela ne va pas t’arrêter n’est-ce pas ? Et de toute façon nous sommes quasiment arrivées. Faire marche arrière ne servirait à rien maintenant. »

Enfin, rien ne les empêcher de réellement le faire. Mais Shad savait qu’ils n’allaient pas le faire. Le carrosse termina sa course à une centaine de mètre du manoir. Il ne restait plus qu’à couvrir la distance à pied.  Le martèlement des sabots des destriers sur le chemin risquait fort bien d’attirer l’attention, tandis que des pas feutrés permettraient de garder le manoir endormi.  Un choix judicieux en somme. La Louve espéra seulement que Karl sache se faire discret. Vu son allure, il ne semblait pas être habité à l’art du rodage. Enfin, les spéculations n’étaient plus au goût du jour et le trio traversa rapidement l’espace les séparant du manoir. Plus ils approchaient de ce dernier, plus la Louve ne pouvait s’empêcher de sentir un frisson lui remontant le long de l’échine. Elle détestait ressentir cela, alors qu’en apparence, il n’y avait aucune raison.

Au pied d’un mur, la Terranide leva le visage et nota une fenêtre légèrement entre-ouverte. Coup de chance ou grosse coïncidence, elle ne chercha pas à savoir comment Mandus avait pu l’oublier et la désigna de l’index à Nolan. Le message était clair. La porte d’entrée était verrouillée, il fallait donc passer par cette entrée de service. Et pour cela, un peu d’escalade serait nécessaire. Une chance que la façade n’était  pas entretenue et que du lierre avait pu pousser durant toutes ces années, offrant aux « cambrioleurs «  une échelle de fortune.  Karl monta en premier, afin de vérifier la solidité de la plante mais également de s’assurer que la voie était libre.  Une fois dans la pièce, il inspecta rapidement les alentours, jetant même un œil dans le couloir discrètement. S’apercevant que la voie était sans danger, il fit un signe de main aux deux protagonistes restant, leur confirmant qu’ils pouvaient commencer l’ascension.

Une fois arrivée à son tour dans la pièce, la lycane, se dirigea immédiatement dans le couloir, observant les tableaux, cherchant celui représentant une femme entrain de cuisiner un nouveau-né. A sa souvenance, le bureau de Mandus était proche de cette œuvre d’art. Si autant on pouvait la considérer comme telle.  Après quelques minutes de recherches, la Terranide ouvrit une porte, cette dernière grinçant légèrement.  Le trio put ainsi pénétrer au sein du  fameux bureau et commencer ses recherches.

« On dirait que le manoir est vide…Mais hâtons –nous quand même. Je n’aimerais pas être là à son retour. »

Oswald Mandus devait se trouver dans son abattoir. Encore et toujours. La lycane se demanda si l’attaque de Clayton Shaw s’était déjà produite, et si cette dernière avait fonctionné. Au moins, grâce à lui, ils gagnaient un peu de temps.


Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 06 juin 2014, 01:04:28
Nolan arrêta le chariot à une centaine de mètres, environ, et le trio s’avança le long des rues pavées et agréables des hauteurs. Contrairement aux bas-fonds où les rues étaient étriquées, dans les hauteurs de Nexus, les rues étaient beaucoup plus dégagées, ce qui les rendait nettement plus agréable. De plus, elles étaient bien plus propres, et il y avait moins de monde... Moins de regards indiscrets. Les trois individus s’avançaient dans l’obscurité, longeant des rangées d’arbres, jusqu’à rejoindre le mur entourant le manoir Mandus. Il était plongé dans la pénombre, et, plutôt que d’entrer par la grille d’entrée, ils longèrent la propriété jusqu’à voir une fenêtre entrouverte. Nolan l’observa silencieusement. On pouvait l’atteindre en grimpant depuis un arbre. Karl aurait pu crocheter la serrure, car il s’y connaissait, mais il y avait toujours des risques qu’il laisse des traces, surtout si la serrure était complexe.

Le noble grimpa également à l’arbre, ayant un peu plus de mal que Karl ou Shad, mais ils parvinrent à s’infiltrer dans le manoir. Il était plongé dans la pénombre, et il n’y avait pas âme qui vive. Nolan comprenait bien mieux le mauvais pressentiment de Shad. Ils étaient dans une pièce confortable avec un chandelier sur un meuble. Nolan alla allumer le chandelier.

« Rendons-nous vers son bureau. »

Shad était pressée d’en finir, et Nolan le comprenait. Karl restait silencieux, et ils s’avancèrent dans un couloir, avançant sur une longue moquette qui recouvrait le parquet.

« Je ne sais pas si je vous l’ai dit, mais le Centaur Club a essayé d’envoyer quelqu’un approcher Mandus... Sa solitude nous inquiétait, et nous craignions qu’il en soit en souffrance... C’est un professeur en psychologie qui l’a suivi. »

Avec ce qu’il venait de dire, Nolan laissait entendre qu’il était, lui aussi, membre du Centaur Club. Le trio s’avançait le long des couloirs. Certaines portes entrouvertes montraient des pièces abritant des fauteuils en velours, des salons de détente, ou de simples remises.

« Le Professeur a tenté de contacter Mandus, poursuivit Nolan, et il commençait à discuter avec lui... C’est quand je n’ai plus eu de nouvelles de lui que j’ai décidé de m’occuper plus sérieusement de Mandus. La suite, vous la connaissez. J’ai rencontré Monsieur Shaw, et j’ai continué à mener mes investigations. Sa Majesté n’est pas la seule à se renseigner sur cet abattoir. La comptabilité de l’abattoir présente un grand nombre d’irrégularités et de fausses factures. J’ai pu me la procurer... Mais j’étais bien loin de me douter de l’histoire troublante de Monsieur Shaw. À vrai dire, je pensais plutôt à une fabrique d’esclaves, dans le pire des scénarios, ou tout simplement à quelqu’un ayant essayé de tricher avec l’administration fiscale. »

Il préférait parler afin de meubler le silence oppressant qui régnait dans ce manoir. Le trio rejoignit une salle à manger. Le couvert était dressé, avec plusieurs assiettes, des fourchettes et des couteaux propres. Les rideaux étaient entrouverts, donnant une vue sur le jardin. Un jardin sinistre dans cette circonstance. Il y avait un piano dans un coin, et, sur un guéridon, un masque de porc. Nolan s’en approcha, et le souleva, l’inspectant en fronçant lentement les sourcils.

« Les couverts ont été mis récemment... »

Nolan les inspectait, quand il entendit alors du bruit venant d’en haut... Des craquements, comme des bruits de pas. Karl glissa immédiatement sa main sous sa ceinture, et sortit une dague argentée.

« Restez ici ! »

La salle à manger menait directement au salon principal, et Nolan s’avança prudemment. Il y avait quelqu’un en hauteur, mais les bruits de pas étaient trop lourds pour appartenir à Mandus. Karl grimpa les marches, tenant fermement sa dague, et disparut dans le couloir.

« Je n’aime pas ça... »

Par mesure de précaution, il se rapprocha de la porte d’entrée, et, sans surprise, constata qu’elle était fermée. Nolan entendit alors du bruit à l’étage, des chocs sourds, suivi d’un hurlement... Et d’un rugissement. Le rugissement d’une créature cauchemardesque, un cri qui rebondit contre les parois du couloir, se déversant dans le hall d’entrée.

« Karl ? Karl ?! Karl !! »

Il n’y avait aucune réponse. Nolan déglutit silencieusement, et patienta quelques secondes. Aucun bruit. Rien. Déglutissant légèrement, l’homme s’avança lentement, posant sa main sur la rambarde, répétant le nom de Karl. Il arriva sur le palier, et, grâce à l’éclairage du chandelier, vit des traces de sang qui s’enfonçaient dans le couloir.

« Karl... »

Nolan s’avança rapidement, et éclaira le couloir, mais sans voir un seul cadavre. Karl était-il mort ? Blessé ? Ou en fuite ?

Et, surtout, qui avait bien pu l’attaquer ?
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 07 juin 2014, 14:47:37
Trop calme, la maison était bien trop calme au goût de la Terranide. Certes, elle était censée n’avoir aucun habitant en son sein à l’heure qui l’est, mais la lupine trouvait néanmoins que c’était beaucoup trop calme. Un silence bien trop oppressant brisé par le léger écho des bruits de pas sur la moquette du couloir.  Quelques fois, la Louve regardait par des portes entrouvertes avant de reprendre sa route. Elle n’était guère là pour une petite visite et elle ne pouvait se permettre de prendre son temps et de lézarder en effectuant une petite visite du manoir. Après tout, le trio y avait pénétré par infraction et cela pouvait leur coûter cher à tous les trois.  C’était également pour cela que la Louve avait été réticente à l’idée de s’infiltrer chez Mandus,  s’attirer d’autres sources d’ennuis n’est pas un fait bien attrayant.

Par chance, Nolan se mis à parler, comblant le silence oppressant du manoir. Karl  lui ne pouvait se joindre à la conversation. Mais la Terranide observation de temps à autres ses réactions pour voir si le mode de pensée du garde du corps était en symbiose avec celui de son maître.  Encore une fois, le Centaur Club fut mis en avant. Ces derniers temps, elle en entendait récemment parler alors que jusqu’à maintenant, ce lieu lui était inconnu.  Mais elle était sûre d’une chose : Le Centaur Club ne devait comporter que les Hautes personnes de la société Nexusienne. A savoir, la Couronne, les Ducs et Comtes vivant dans la région.

« Quel est donc vraiment ce Centaur Club ? Mise à part que c’est un regroupement de Nobles ?  Je veux dire, a-t ’il une fonction précise ? Est-ce que n’importe qui d’un peu important peut y rentrer ? Les membres ont-ils un objectif commun ? »

En d’autres termes, la  Louve cherchait à glaner quelques renseignements. Pourquoi ? Et bien, pour mieux comprendre le fonctionnement de la cité pardi !  Cependant, elle nota un fait étrange tandis qu’ils continuaient leur exploration : Elle était sûre d’être rentrée dans le bureau de Mandus, alors comment s’étaient-ils retrouvés à errer dans les couloirs ?  Ou avait-elle simplement imaginé ce fait ? Quoi qu’il en soit, ils se retrouvèrent bien vite dans une salle à manger qui semblait attendre des convives. Et aux dires de Nolan,  la table avait été mise que très récemment.

« Récemment mis ? Pourtant Mandus vit seul non ? Il  me semblait qu’il était rare qu’il est de la visite chez lui. »

Etrange, n’est-il pas ? La Louve se mis à marcher dans la pièce, observant cette dernière plus en détail.  Comme le long des couloirs, quelques tableaux étaient accrochés le long des murs. Des œuvres d’art mettant en scène qui donnait lieu à réfléchir. Sur un,  Shad put observer une femme  assise sur ce qui semblait une vielle chaise de bois, un nourrisson dans les bras, tenu amoureusement pendant qu’en arrière fond était suspendu d’autres nouveau nés. Leurs pieds étaient attachés à une chaîne au plafond et leur tête effleurait des flammes qui semblaient prêtes à les brûler vifs. A mieux y regarder, le visage de la « mère » n’avait pas l’air si aimante que ça, au contraire, elle arborait un air dément, une lueur de folie pointait dans son regard.  Décidemment  la Terranide ne comprendrait jamais les goûts de Mandus.

Elle se tourna par la suite et s’avança vers Nolan qui venait de se saisir d’un masque de porc. Et alors que l’Okami était sur le point d’entamer une discussion à ce sujet, un bruit sourd survint subitement. Un bruit lourd de pas, provenant de l’étage. Le trio n’était plus seul.  Le garde du corps leur intima l’ordre de rester et d’attendre avant de disparaître. Les sons qui s’en suivirent ne furent rien de rassurant.  La lycane couru à la suite de Nolan avant de s’arrêter net devant les traces de sang.  Ce qui avait attaqué Karl devait être sacrément rapide, fort et surtout dangereux.  La Louve observa les alentours, oreilles dressées et pivotante à la recherche du moindre son de pas, au moindre souffle expirer. Elle était sûre d’une chose, la chose qui avait attaqué Karl devait avoir un lien avec Mandus et elle se demanda s’il ne pouvait s’agir d’un de ces hommes porcs.

« Hé ! »

Sur le qui-vive, la Louve n’avait pas noté que Nolan commençait à partir dans le couloir, suivant les traces de pas. Elle l’avait donc interpellé, le rattrapant en quelques enjambées rapides avant de se saisir de son poignet pour attirer son attention. En temps normal, ce geste aurait valu un affront mais là, il était surtout utilisé pour ramener le noble à la réalité.

« Il n’est pas bon de se séparer. On va chercher Karl. Ensemble. Mais ne partez plus ainsi à la va-vite, vous avez bien vu ce qui peut vous arriver. »

Une simple précaution. Dorénavant, mieux valait rester ensemble pour maximiser les chances de survies. La Louve relâcha son étreinte avant de désigner une direction d’un mouvement de tête. Pour le moment, la seule chose qu’ils pouvaient faire était de suivre les traces sanglantes, rien de plus.  Ces dernières ne finirent pas disparaître, en pleins milieu du sombre couloir. Shad s’abaissa et observa, l’endroit, se demandant comment cela était-il possible. Comment  un corps pouvait ainsi disparaître ?  Un raclement sourd la fit se relever subitement.  Et alors qu’au même instant un hurlement terrible retentit dans le couloir et que la créature ignoble fonçait sur eux, la Louve et l’’Humain s’effondrèrent, attaquer en traître par derrière. La deuxième bête renâcla et se saisit des deux opportuns, les traînant à travers un passage qui s’était ouvert sans son. Le mur se referma après le passage des créatures, ne laissant que sur leur passage un manoir vide de toute vie.

La Louve avait l’amère sensation que sa tête était dans un étau et qu’on était entrain de la compresser. Elle mit quelques secondes à revenir à la réalité. En tentant de bouger, elle entendu un bruit lourd de chaîne et tâtonnant à l’aveugle dans le noir total, elle sentit une chaine lui entraver la cheville.  L’air ambiant était humide, moite et surtout puant.  La lycane observa plus en détail l’endroit où elle se trouvait : Une cellule. La chose qu’elle n’arrivait pas encore à comprendre était bien comment elle était arrivée ici ? Comment ils avaient pu se faire surprendre d’une telle manière ? Il était évident que le cri de la créature avait couvert celui du passage secret. Ingénieux. Shad se mis ensuite à chercher du regard Nolan. Était-il encore également en vie ? En posant une main sur son carcan, elle se questionna également sur la manière dont elle allait ouvrir ce lien de métal.

Et dire qu’elle sentait que c’était une mauvaise idée de se rendre chez Oswald Mandus…
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 08 juin 2014, 02:17:36
Qu’avait-il bien pu se passer ici ? Nolan était en train d’être face au récit de Clayton Shaw, et il y avait toute une différence entre entendre Shaw en parler, et l’expérimenter par lui-même. Clayton aurait donc finalement bien dit la vérité ? Cette affirmation s’imposa dans l’esprit de Nolan. Karl, son redoutable garde du corps, un gorille invulnérable, était blessé, voire mort. Une créature s’avançait devant eux, et poussa un hurlement inhumain. La peur de Nolan explosa dans son cœur. Il se retourna, comme pour essayer de s’enfuir, mais vit alors, sous son nez, une effroyable créature, avec un museau de porc, et une gueule ensanglantée. Nolan s’étrangla sur place, et la bête le chargea ensuite, l’envoyant sombrer dans l’inconscience.

Nolan se réveilla lentement, en clignant des yeux, entendant, dans ses oreilles, le cliquètement de chaînes métalliques. Où était-il ? Que lui arrivait-il ? Il avait mal au front, et, en secouant la tête, constata qu’il y avait des traces de sangs éché, et des gouttes sur le sol. C’était son sang. Quelque chose l’avait frappé à la tempête, et il regarda nerveusement autour de lui. Il était attaché au mur, les poings liés dans son dos, dans ce qui semblait être une espèce de petite pièce sombre. Il repensa subitement aux explications de Shaw sur cette cellule avec les seringues, et se mit à craindre en se demandant s’il n’y était pas entré. La Machine... Il regarda autour de lui, retrouvant ses sens. Ses pieds étaient également immobilisés par des chaînes, et il secoua la tête, regardant autour de lui. La pièce sentait le bois et l’odeur de renfermé. Il avait chaud.

*Aïe... Mais où est-ce que je suis ?! Comment sortir d’ici ?*

Il essayait de se libérer, de tirer sur les liens, mais il n’y avait rien à faire. Dans sa tête, lui revenaient en mémoire les souvenirs récents... Ainsi que cette infernale créature. Est-ce qu’il avait rêvé ? Est-ce qu’il avait imaginé ce hurlement ? Un tel monstre ne pouvait pas exister... C’était démentiel ! Nolan essaya à nouveau de se libérer, mais sans succès. Les liens étaient trop forts, et il était tout seul. Ses yeux s’habituaient progressivement à l’obscurité, lui permettant de voir qu’il était tout seul. Nolan soupira, basculant sa tête en arrière. C’était un vrai cauchemar. Il était fait comme un rat, enfermé dans un manoir de fous. Karl et Shad étaient peut-être déjà morts... Qu’est-ce que Mandus allait faire de lui ? Qu’est-ce que ce type avait bien pu faire ? Qu’est-ce que c’était que ces horreurs ? Des démons échappés de l’Enfer ? Était-ce ça que Mandus avait fait ? Un pacte avec le Diable ? Avait-il échangé son âme contre la fortune ?

Les questions se mélangeaient dans la tête de Nolan, qui commençait à sentir son pouls s’emballer, et à respirer de plus en plus fort, ventilant de l’air.

*Merde, merde, calme-toi, Nolan, calme-toi...*

Nolan Tromeyn était asthmatique. Son asthme n’était pas très fort. Aller dans ce manoir était une erreur dès le début, mais il ne s’était pas attendu à ça. Karl était une force de la nature, il ne pouvait pas être mort comme ça ! Il ne pouvait pas avoir simplement disparu, c’était impossible ! Quand est-ce que son plan avait commencé à déconner totalement ? C’était un échec total ! Plus il paniquait, et plus ses poumons s’emballaient, l’amenant à ventiler de plus en plus, avec cette espèce d’étau qui se formait autour de sa gorge.

Son inhalateur était avec lui, dans sa poche, mais inaccessible. Nolan essaya de se concentrer, de se calmer, mais, dans sa tête, il revoyait Clayton en train de décrire la Machine, en train de parler de ces monstres qui hantaient les couloirs, de ces croque-mitaines semblant issus de l’imagination cauchemardesque d’un détraqué. Nolan reprenait son souffle, quand il entendit des bruits de pas. Ils se rapprochaient rapidement, faisant craquer le plancher, et la porte s’ouvrit soudain, une main ferme venant l’ouvrir. Nolan sentit sa respiration s’arrêter... Et poussa un soupir en voyant la silhouette massive de Karl.

« Karl ! s’exclama-t-il. Où étais-tu passé ?!
 -  J’essayais de survivre, patron, grogna l’autre. Nous ne sommes pas seuls dans ce manoir...
 -  Ah, vraiment ? Je te félicite pour ta perspicacité ! Tu crois que je ne l’avais pas déjà remarqué ?! »

Après toute cette tension, s’énerver faisait du bien. Karl avait été blessé au bras droit, et s’avança dans la pièce.

« Détache-moi de là ! »

Karl hocha lentement la tête, en s’avançant vers les chaînes.

« Laissez-moi trouver comment l’ouvrir... »

Nolan remarqua qu’il avait un trousseau de clefs.

« Comment as-tu fait pour t’en sortir ?
 -  Il y a des passages secrets dans toute cette maison... Quand l’un de ces monstres m’a attaqué, j’ai atterri contre un tableau, et j’ai enclenché un mécanisme... C’est comme ça que je leur ai échappé... J’ai trouvé ces clefs dans cette partie-ci du manoir. »

L’explication semblait convaincante. Il réussit à libérer Nolan, qui s’empressa de saisir son inhalateur, et de prendre une bouffée.

« Nous nous sommes trompés, Karl ! Il faut sortir d’ici. J’ai sous-estimé la démence de Mandus !
 -  Et pour la Terranide ? »

Nolan réfléchit rapidement. Elle était proche de la Reine, elle pourrait être un témoin efficace. Il hocha lentement la tête.

« Retrouve-là, elle doit être à proximité, je vais tâcher de trouver un moyen de sortir d’ici. »

Karl acquiesça silencieusement. Il devait avouer ne pas être mécontent de partir d’ici. Nolan sortit dans le couloir. C’était un couloir en bois, aux murs nus, petit et étroit.

« Inspecte les pièces, Karl, retrouve-là, je remonte le couloir.
 -  N’allez pas trop loin, patron, il vaut mieux éviter de se séparer à nouveau, ces saloperies rôdent dans le coin. »

Nolan acquiesça, mais ses poumons étaient en feu. Les bouffées de l’inhalateur l’avaient soulagé, mais il ressentait encore cet étau autour de son cœur. Il n’avait plus qu’une envie : filer d’ici, et aller voir la Couronne pour que cette foutue Reine envoie toute une armée raser cette saloperie de manoir ! On avait failli le tuer ! Pour Nolan, c’était une chose impensable, encore plus terrifiante que ce que Clayton Shaw avait traversé.

Il était bien loin de se douter que, s’il était facile d’entrer dans le manoir, en ressortir était clairement une autre paire de manches.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 09 juin 2014, 18:32:43
Trouver un moyen de se libérer, de sortir et trouver cet humain. Oui, tout cela avait l’air si simple en apparence mais pourtant, la Louve devinait que cela risquerait d’être tout le contraire. Ses mains étaient toujours posées sur son carcan de métal attaché à sa cheville. Par chance, elle n’avait pas d’autres liens et pouvait donc encore aisément se mouvoir.  Son regard se porta subitement sur ses mains encore recouvertes de leurs gants de cuirs. Pour peu, elle aurait ris aux éclats.  Ceux qui l’avaient enfermé avaient laissés sur elle tous ces effets. Intelligente certes mais pas assez pour empêcher une évasion. La Louve fit un léger mouvement de torsion de son poignet et sortie l’une de ses lames de sa cachette. Le fil de l’arme fut posé contre l’un des maillons de la chaîne et cette dernière commença à être coupée comme si cela aurait été du beurre.

Elle ne pouvait cependant pas briser le lien au plus proche de sa cheville mais cela ferait l’affaire.  Si la Terranide se trouverait sur Terre, nul doute qu’elle irait sans attendre jouer au loto, une fois sortie de ce merdier. Il fallait avouer qu’une telle chance n’était pas commune et elle n’allait surtout pas la refuser en lui crachant dessus. Les liens furent tranchés et l’Okami pu se relever dans sa cellule. Les quelques maillons de chaînes qui restaient accrochés à ses pieds tintaient sur le sol aux rythmes de ses pas. Cela risquait d’attirer l’attention des monstres, mais mieux valait cela que rester à croupir dans cette cellule à attendre qu’une mort lente et douloureuse vienne vous cherchez. Au moins, maintenant, elle était sûre d’une chose : Clayton n’avait pas menti !  D’un côté,  Shad l’avait cru lors de son récit, mais là, maintenant qu’elle était au centre de son invraisemblable histoire, elle ne pouvait nier les faits.

Un bruit de grille attira subitement son attention. Tournant sa tête vers la grille de sa cellule, la Louve s’était attendue à voir apparaître dans sa ligne de mire une créature hideuse comme les avaient décrite Shaw. Mais la Louve fut étonnée de voir que ce n’était pas un homme porc ou une toute autre abomination mais bel et bien Karl qui se trouvait face à elle. Pour une surprise, cela en était bien une !  Comment avait-il fait pour s’en sortir ?  Cependant, elle n’eut le temps de le questionner que déjà le tintement caractéristique des clefs parvient à ses oreilles animales.   L’imposant garde du corps, se mis à chercher la clef pouvant s’insérer dans la serrure de la cellule de la Terranide.  Une première fut mise, impossible à tourner, une seconde, même résultat. Ce ne fut qu’au cinquième essai qu’enfin la serrure céda et permis à la Terranide de sortir de sa geôle. Et pour sûr, elle n’allait pas y rester une seconde de plus.

« On retrouve Monsieur Nolan…Il n’est  pas loin »

L’Okami acquiesça  mais ne put cacher son étonnement à entendre Karl parler. Il lui semblait pourtant qu’il était muet ! Enfin, elle n’allait pas s’arrêter sur ce genre de détail maintenant. Et c’est en toute confiance que la lycane suivit le garde du corps. Elle espérait néanmoins que celui qui l’avait convié à s’infiltrer chez Mandus soit encore en vie à l’heure qui l’était. Ici, tout était possible. Finalement et encore une fois par chance, le trio fut regroupé. La Terranide observa la salle où ils se trouvaient actuellement : Cette dernière était petite et étroite mais permettait au groupe de rassembler ses idées et de se préparer pour la suite :

« Heureuse de voir que vous allez bien…. »

Qu’aurait-elle pu dire d’autres de toutes manières ?  Voulant reprendre la parole, la Terranide  fut subitement stoppées par des cris de douleurs ricochant sur les murs de ce dédale infernal. Mais ce ne fut pas cela qui lui glaça entièrement le sang, ce fut d’autres cris, des hurlements abominables  (http://www.youtube.com/watch?v=GV700E2NLNA) sortis tout droit de l’imagination d’un être dégénéré tel que Oswald Mandus.

« Je…hais…cet endroit. Que faisons-nous ? Tentons-nous de libérer ces malheureux ou bien on tente tout de suite de sortir de ce putain de merdier ? »

Libérer les malheureux torturés et vidés de leur sang pouvait s’avérer être un jeu risqué. En faisant cela, le trio s’exposerait plus aux ignobles monstres peuplant ce couloir mais en agrandissant leur groupe, ils pourraient également plus facilement leur échapper. Et surtout, avoir des témoins pour la Couronne qui n’aurait d’autres choix que de lancer une escadrille dans ce fichu abattoir. Il ne leur restait plus qu’à prendre une décision, et rapidement.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 11 juin 2014, 01:25:05
Karl était un survivant, un résistant. C’était un homme qui avait souffert durant toute son existence. Sa langue brûlée avait été cicatrisée sous le service de Tromeyn. Depuis cette époque, il parlait relativement peu, car remuer son appendice lingual le faisait souffrir, mais, parfois, les circonstances l’exigeaient. Karl libéra donc Shad, constatant, avec surprise, qu’elle avait déjà réussi à se libérer toute seule. Il était maintenant temps de partir, mais, alors que le duo s’enfonçait dans le couloir, une longue complainte jaillit des profondeurs du couloir... Un ricochet lointain, le gémissement d’individus en train de souffrir. Karl retrouva son mutisme, tandis que Nolan, de son côté, continuait à paniquer, essayant de calmer les poumons de son corps. Son corps s’emballait dangereusement, alors que, comme Shad, il était soumis à un dilemme : y aller, ou partir.

Le dilemme trouva néanmoins assez rapidement une réponse pour lui.

« Nous avons déjà pris trop de risques en venant ici, Shad. Si vous voulez y aller, faites-le. Pour ma part, je vais sortir, et prévenir la Milice. Nous ne sommes pas de taille contre les créatures qui rôdent ici, contre ce que Mandus trame. »

Quel que soit le plan d’Oswald Mandus, il était terrible, et particulièrement glauque. Nolan se dirigea vers la sortie de ce couloir secret, et ouvrit une porte. Cette dernière grinça, les amenant dans un couloir, à l’intérieur du manoir. Il s’avança le long de ce dernier, voyant, par une série de fenêtres sur la gauche, le jardin du manoir, avec des palmiers et des buissons. Il semblait tellement sinistre, dans l’obscurité, avec ces parterres de fleurs défraîchies et abandonnées. Notre homme ne s’y intéresse pas plus, et poursuivit sa route, rejoignant le hall central, toujours nerveux. Où étaient ces monstres ? Le manoir semblait désespérément vide, et se dépêcha de rejoindre la fenêtre par laquelle ils étaient venus.

En chemin, personne ne vint les déranger, ce qui était tout aussi troublant. Nolan avait l’impression que de multiples paires d’yeux ne cessaient de les observer, de les traquer, de les pister. Oui, il avait peur, mais, honnêtement, c’était compréhensible. Qui, à sa place, n’aurait pas eu peur ? Il était seul... Ou presque. Mais que pourrait bien faire Karl ou Shad contre de tels ennemis ? Contre des créatures aussi monstrueuses ? Dès qu’elles réaliseraient qu’ils s’étaient échappés... Nolan ne voulait pas y penser, et choisit de se dépêcher, traversant tout le couloir, jusqu’à rejoindre la porte. Il se voyait déjà sortir d’ici, respirer de joie. Il aurait une longue discussion à faire avec la Milice, mais il était prêt à l’endurer. C’était largement préférable à s’enfoncer plus en profondeur dans ce manoir. Il suffisait juste de tourner la poignée de la porte, et de passer par la fenêtre. Nolan l’ouvrit...

...Et constata que la fenêtre était fermée.

« Mais que... ?! »

Il essaya de l’ouvrir, de la forcer, mais il n’y avait rien à faire.

« C’est... Karl, ouvre-là, bon sang ! »

Karl, à la force herculéenne, essaya aussi de forcer la fenêtre, mais cette dernière était obstinément close. Il regarda autour de lui, trouva une chaise, et l’attrapa. Nolan s’écarta prudemment, et Karl fracassa la chaise contre la vitre. La chaise explosa, et le choc repoussa Karl, l’envoyant se vautrer en grognant sur le sol. Il n’y avait rien à faire, la vitre n’avait même pas la moindre fêlure. En déglutissant, Nolan comprit qu’ils étaient coincés ici, que cette maison les avait laissé rentrer ici... Ils étaient tombés dans un piège.

Ses poumons se mirent à paniquer ensuite, son asthme se réveillant. Nolan dut s’appuyer contre le mur, reprenant son souffle, en posant une main sur sa tempe.

« Du calme, du calme... Il... Il y a forcément un moyen de sortir d’ici... Je ne sais pas, moi, par le jardin... Ou le toit, peut-être... Oui, oui, le toit... »

Nolan Tromeyn secoua lentement la tête. Le pauvre homme était perturbé, très secoué.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 15 juin 2014, 14:40:17
Partir, sortir de ce lieu maudit et revenir plus tard après avoir prévenu la Milice. Voilà ce qu’ils devaient faire, ce que proposa Tromeyn. La lycane ne rechigna pas, hochant tout simplement la tête pour indiquer qu’elle le suivrait. Il était vrai que d’essayer de sauver des prisonniers auraient pu s’avérer fatal pour le trio.  L’homme avait donc tranché sur leur choix et c’était avec une hâte non dissimulée qu’ils se dirigent vers la chambre comprenant la fenêtre d’où ils étaient arrivés. Bien que personne ne vienne à leur rencontre, la Terranide n’était nullement rassurée. Sa vision balayait chaque recoin de couloir, ses oreilles étaient à l’affut du moindre bruit suspect. Mais mise à part les respirations saccadées du trio et l’écho de leur pas, aucun bruit extérieur ne semblait surgir. Le manoir de Mandus était plongé dans un silence oppressant, inquiétant.

De plus, afin de ne pas être pris au dépourvu, la Louve se déplaçait en marche arrière. En d’autres termes, elle surveillait si aucune de ces créatures monstrueuses allaient surgir de leur dos pour les prendre à revers. Bien entendu, elle se voyait mal combattre telle engeance et espérait au fond d’elle-même ne pas voir la silhouette d’un de ces monstres surgirent d’un angle. Le bout de sa queue restait toujours en contact avec les deux hommes, ainsi la Terranide arrivait à suivre leur déplacement sans les regarder. Une petite sphère de feu avait également été invoquée, cette dernière savait à la lupine et également aux deux humains d’y voir un peu plus clair dans ce sombre couloir mais servirait également à se défendre si une attaque frontal devait avoir lieu. En effet, la sphère aurait pour principe de foncer sur l’assaillant afin de donner quelques secondes de répit au trio.

Le son distinct d’une poigné de porte qui s’abaisse et d’une porte qui grince parvint aux oreilles de la Louve. Enfin ! Ils  étaient arrivés à la  pièce tant convoitée et par chance sans heurt.  Il ne restait plus qu’à sortir par la fenêtre et déguerpir rapidement jusqu’à la Milice à Nexus. Mais sa joie de partir de ce lieu maudit s’estompa rapidement.  Faisant volte-face, après avoir ouïe l’incompréhension de Nolan, la Terranide réalisa également avec stupeur qu’ils avaient été piégés. Et la force brute de Karl ne semblait pouvoir leur venir en aide. A croire que ce Mandus avait tout prévu.  Tout comme l’asthmatique, la Louve laissa son dos se coller contre l’un des murs de la pièce, sentant son cœur s’emballer. Elle avait déjà connu pire comme situation, alors pourquoi était-elle dans un tel état ? Sa main droite vint se saisir du médaillon d’Elise. Elle était rentrée dans une grotte remplie de créature nécrophage et tout aussi dangereuses que ces abominations et elle y était ressortie vivante ! Alors pourquoi pas ici.

« Un peu d’aide ne serait pas de refus… » Murmura t’elle sans trop  y faire attention à l’attention du pendentif.

L’Okami le fixa encore quelques secondes avant de le relâcher, le laissant pendre à son cou. Son regard se reporta sur Tromeyn qui semblait donné leur prochaine destination. Par réflexe, la Louve leva son regard vers le plafond. Oui, le toit pouvait être une bonne idée et pour le moment, c’était la seule possibilité qu’ils avaient trouvés pour tenter de sortir d’ici. La lycane se sépara donc de son support.

« Perdons pas de temps alors, je n’ai pas envie de croiser l’un de ces monstres. »

Et le trio repartit dans les couloirs, montant au sein du manoir jusqu’à atteindre le grener qui leur permettait de sortir d’ici. Pourtant, tout en marchant, Shad avait une mauvaise impression, une sensation amère,  des bribes d’un souvenir qui semblaient la mettre en garde.  Quand elle avait visité le manoir la première fois et vit cet étrange enfant, avait-elle réellement rêvée ou était-ce la réalité ? Est-ce que ce grenier pouvant leur offrir une sortir vers la liberté ne risquait-il pas également de les mener à leur perte ?  La Louve se stoppa au pied des marches menant à ce dernier, ses oreilles s’aplatirent sur son crâne et un grondement s’extirpa de sa gorge.

« Je ne suis pas sûre…Que ce soit réellement une bonne idée. C’est beaucoup trop…simple…Et je suis sûre que ce grenier cache également son lot de « surprise » ».

Afin de confirmer ses dires, elle résuma en vitesse ce qui lui était arrivée quelques jours plus tôt pendant sa première visite.  L’histoire pouvait paraître folle mais avec tout ce qu’ils avaient vu, la lycane ne pouvait pas leur mentir.  Mais mise à part le toit, avaient-ils une autre issu ? Shad se mis à réfléchir rapidement, déglutissant  par la suite, quand la réponse lui vint à l’esprit.

« Dites…Clayton n’a-t-il pas réussi à s’enfuir par les égouts ? »

Passer par les égouts signifiaient retourner au cœur de cet enfer, faire face à ces monstres  abjectes et également combattre les créatures nécrophages peuplant les conduits d’eaux usées.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 16 juin 2014, 01:07:11
Nolan réfléchissait désormais à un moyen de s’enfuir, et, puisque les portes et les fenêtres étaient closes, le toit lui semblait être une bonne option. Depuis ce dernier, il suffirait de s’accrocher aux branches d’arbres pour se laisser descendre rapidement. Il fallait encore réussir à y aller. Nolan sortit de la pièce. Il ne se sentait rassuré nulle part. Où étaient donc passés les monstres qui les avaient agressés ? Sa crise d’asthme refusait à se calmer, et, alors qu’il se mettait à marcher, on pouvait entendre sa respiration, lourde et précipitée. Sa main gauche serrait son cœur inutilement. Il paniquait, et sa crise venait tout simplement de là. Qu’est-ce qui lui avait pris d’entrer ici ? Est-ce qu’il avait essayé de se convaincre que tout ça n’était rien de plus que de la superstition ? Le trio rejoignit le hall central, et recommença à grimper. Cette maison semblait toujours aussi déserte et à la fois habitée... Nolan n’arrivait pas à s’expliquer ce sentiment. Karl restait silencieux. Bien que blessé, il conservait la tête froide. S’il avait peur, il le masquait plutôt bien. Le trio continuait à grimper, se rapprochant du grenier, approchant du bureau de Mandus. Il n’y avait rien à voir là-dedans... Ou, plutôt, peut-être qu’il y avait effectivement des informations dedans, mais Nolan n’avait pas envie de rester ici plus longtemps.

Alors qu’ils continuaient à grimper, Shad suggéra alors de passer par les égouts, par là où Clayton s’était enfui.

« Je... Je ne sais pas. Vous avez un plan des égouts ? De plus, si on en croit le discours de Clayton, sa fuite n’a tenu qu’à un fil... »

Il fallait essayer de rester rationnel, ce qui n’était pas facile. Le plus logique semblait de passer par le toit, puis, ensuite, d’aviser. C’est à cette conclusion que notre homme arriva, avant d’atteindre le dernier étage... Depuis le hall central, en tout cas. Il s’avança sur la gauche, et le plancher craquait sous ses pieds. Il y avait le même couloir, avec des portes menant à divers pièces désertes et silencieuses. Ils arrivèrent ainsi dans la chambre d’Oswald Mandus. Le lit était défait, la bougie était allumée dans la lampe... Mais Mandus n’était pas là. Tromeyn hésita un peu, et avança. Il s’approcha du bureau, et vit ce qui ressemblait à un journal, avec un encrier à côté.

« La plume est récente... »

Nolan se pencha vers le document, et le consulta. Il n’y avait qu’une seule page avec quelques notes, qu’il lut silencieusement :

Citer
Je ne comprends pas trop ce qui se passe. Qui suis-je ? Tout... Tout semble confus dans ma tête, mais... J’entends les cris, je les entends... J’ai fait un étrange cauchemar cette nuit, et il y avait cette bouteille d’alcool sur la table. J’en ai pris un peu, je crois, mais j’ai du mal à me rappeler de tout. En revanche, j’entends les cris. Je les reconnais. Ce sont mes enfants. Ils sont cachés quelque part dans ce manoir, et je dois les retrouver. C’est curieux, je ne sais pas comment je m’appelle, mais je suis capable de me rappeler de leurs noms. Edwin et Enoch. Et le simple fait de penser à eux me remplit d’angoisse.

Ils jouent à cache-cache, mais il est un peu tard pour ça. Je vais aller les chercher, c’est ce que j’ai de mieux à faire...

Nolan Tromeyn releva sa tête de sa lecture, troublé. Il y avait effectivement, sur la table de chevet, une bouteille en verre ressemblant à de l’alcool... Mais il n’y avait aucune étiquette, rien du tout. Il prit pensivement la bataille, et c’est en l’approchant de Shad que le médaillon que la Terranide portait autour du cou se mit à vibrer dangereusement, s’illuminant.

« Qu’est-ce que ça veut dire ?! »

Ce qu’il y avait dans cette bouteille n’était pas de l’alcool, et, en reniflant le goulot, Nolan ne reconnut aucun arôme caractéristique. En revanche, grâce au médaillon de Shad, un mot magique se forma sur la bouteille, des lettres runiques se dessinant en fluorescence, pour former un mot simple, et quelque peu inquiétant :

AMNESIA
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 18 juin 2014, 14:29:47
La Terranide avait suggéré de passer par les égouts malgré tous les risques que cela comportait car c’était par cette voie que Clayton Shaw avait réussi à s’enfuir de ce merdier. Mais elle devait bien avouer que sans plan, cela pouvait également les mener encore plus rapidement à une mort certaine. Surtout qu’une fois que ces monstres seront lâchés à leur poursuite, leur chance de survie sera encore plus amoindrie. Elle ne contesta donc pas la réponse de Nolan, se contentant de le suivre avec Karl. Son ouïe fine lui permettait d’entendre la respiration lourde et difficile de l’humain, mais elle ne pouvait rien y faire. L’Okami ne connaissait aucun sort de soins et la seule chose qui pouvait l’aider en cet instant devait être son inhalateur. Enfin, la vraie chose qui l’aiderait à se sentir mieux serait bien sûr de sortir de ce manoir de dégénérés.  Même si l’Okami n’avait pas ce problème de santé, on ne pouvait dire qu’elle était également confiante. A chaque recoins,  Shad avait  la désagréable sensation qu’un de ces hommes-porcs allaient se jeter sur eux.

Le bureau d’Oswald Mandus fut dépassé avec à peine un regard vers l’intérieur et ce qu’il renfermait. Et dire qu’à la base, ils étaient censés y récoltés des informations. Mais la Louve ne serait restée une minute de plus. Après tout,   avec leur capture, le trio avait finalement d’élément pour monter un dossier contre l’abattoir de Nexus.  De plus, la Terranide possédait encore au niveau de sa cheville droite des maillons de la chaîne ainsi que l’anneau lui-même qui avait permis de l’attacher.  Ces derniers émettaient un léger cliquètement  métallique dont l’écho rebondissait sur les murs de ces couloirs noirs et angoissant.   Enfin ! Il ne restait plus qu’un étage à monter et le grenier serait à eux. La lycane nota cependant qu’elle les avait  prévenus sur un fait atypique mais cela ne semblait pas avoir marqués Nolan et son garde du corps.  Peu importe !

Surprise, Shad nota qu’ils s’arrêtèrent  devant une porte menant  à  une pièce bien précise : La chambre de Mandus.  Cette dernière comportait encore son odeur, toute fraîche. Si Mandus avait quitté sa chambre, cela ne devait pas faire si longtemps. Et ses doutes se confirmèrent quand Nolan indiqua que ce qu’avait écrit Oswald sur son journal était récent. A bien y regarder, même la flamme de la bougie ne semblait avoir été allumée que récemment. Petite source de lumière vacillante dans ce manoir lugubre.  Pendant que Nolan lisait les notes de Mandus, la lycane s’était mise à observer la pièce à la recherche d’un quelconque indice. Ses yeux se posèrent sur un masque de porc tribal accroché à l’un des murs avant que son attention soit captivée par la diction de l’humain.

« Des cris d’enfants ? » s’étonna t’elle se rappelant la rencontre avec cet étrange gamin.

Comme s’il eut répondu à sa requête, le médaillon aida le trio d’une manière inattendu.  La Louve avait déjà appris par expérience que ce dernier la protégeait de tout type de poison mais elle ne s’attendait pas à ce qu’il montre la « vraie » nature de certains liquides. Ce que tenait Nolan en main n’était clairement pas une bouteille d’alcool et au vue de la réaction de son pendentif, la lycane présumait que cela devait être plutôt une substance empoisonnée ou du moins un liquide  bien trop dangereux pour être mis dans n’importe quelle main. Doucement,  la Terranide empoigna la dite bouteille, l’observant doucement :

« Amnesia…qu’est-ce que cela signifie ? Vous pensez que l’esprit de Mandus est comment dire…effacée ? Ces notes…il semble ne plus savoir ce qu’il se passe lui-même, ni même qui ll  est. Et cette bouteille…Mieux vaut l’emmener avec nous et espérer que les alchimistes de la Couronne pourront analyser son contenu. »

Encore une autre preuve qui sait ? Et si ce breuvage était al source de la folie de Mandus, l’en séparer ne pouvait lui faire que le plus grand bien. Pour la Louve, ils avaient passés assez de temps dans la chambre de Mandus et le risque que ce dernier revienne n’était pas à exclure. Il était donc temps de partir et vite. Après tout, le grenier était maintenant à portée de main, encore quelques pas et à eux la liberté. En toute logique.

« Partons et sortons, je n’ai pas envie de tomber nez à nez avec Mandus. »

Et tandis que le trio s’approchait de la porte pour sortir de la chambre des rires d’enfants se mirent  à résonner dans tous le manoir. Des rires  couplés à des paroles qui criaient «  trouves-nous Papa ! On joue à cache-cache ! » Ces cris semblaient venir de partout à la fois et localiser leur source n’était pas une chose aisée.  La main sur la poignée, la Terranide hésita un instant avant de finalement l’abaisser. Ils ne pouvaient rester immobiles, tant pis s’ils devraient affronter des spectres ou toute autres engeances.  Mais ils devaient partir d’ici. Elle se retourna cependant vers  Nolan, se rappelant d’un détail :

« Karl n’a-t-il pas trouvé des clefs ? L’une d’entre elle ne pourrait –elle pas nous aider à ouvrir la porte d’entrée ? »

Elle en doutait fortement mais mieux valait tenter cette possibilité que d’y passer à côté sans le savoir.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 20 juin 2014, 01:55:27
Nolan n’avait que quelques connaissances rudimentaires en magie. La base commune à un homme cultivé, pourrait-on dire. Une potion d’Amnésie n’était pas quelque chose de commun. D’aucuns auraient même pu dire qu’il s’agissait là d’un fantasme de magiciens, au même titre que la pierre philosophale des alchimistes capable de changer le plomb en or. Nolan, cependant, ne pouvait pas être étroit d’esprit en étant dans le manoir de Mandus. Qu’est-ce que ce type avait fait ? Quel était donc cette Amnesia qui trônait devant eux ? Shad avait raison : il fallait que la Couronne inspecte cette potion, que des alchimistes compétents la décortiquent, mais, pour ça, il fallait réussir à sortir d’ici. Si on en croyait cette lettre, Mandus était monté au grenier. Par conséquent, la perspective de redescendre était tentante, et ce même si c’était pour tenter vainement d’ouvrir une porte obstinément close. Il y avait plus que de simples serrures qui verrouillaient ce manoir. Cette fenêtre lourdement fermée en était le signe, elle en était l’expression la plus claire.

Il entendait les rires d’enfants, lui aussi, et, sans pouvoir se l’expliquer, ces échos lointains l’effrayaient. En définitive, c’est ce qui le convainquit d’aller tenter leur chance.

« Très bien. Redescendons. »

Ils retournèrent dans le vaste hall d’entrée, descendant les marches. Le manoir restait silencieux, mais, parfois, on entendait des planches craquer, comme si, dans les profondeurs de cette maison sombre, de sinistres individus marchaient. Des bougies et des chandelles brûlaient dans les coins, mais cet éclairage était bien insuffisant, et ne faisait que renforcer l’atmosphère oppressante et glauque de la pièce. Elles éclairaient bien trop faiblement, et, plus Nolan les voyait, et plus il avait le sentiment que leur objectif n’était que d’éclairer les zones d’ombre, de les amplifier. Les grands lustres étaient, eux, éteints, de même que les grands candélabres, et Nolan n’osait pas y toucher, de peur que ceci amène un quelconque mauvais sort. Oui, notre homme commençait à devenir superstitieux.

Le trio retourna devant la porte d’entrée, et Karl s’approcha de cette dernière. Malheureusement, et ce de manière très prévisible, les clefs qu’il avait récupéré n’étaient pas les bonnes. Il y avait une épaisse serrure dorée. La clef se trouvait peut-être dans le bureau de Mandus, ou dans sa chambre… Ou ailleurs. C’était à Nolan de trancher, car, même si Shad était débrouillarde, ce plan d’infiltration était à son initiative. Un plan qui lui avait semblé être parfait sur le coup, mais qui, maintenant qu’il était en cours d’exécution, montrait ses impressionnantes lacunes. Nolan hésitait franchement. Fallait-il filer vers le grenier ? Ou s’enfoncer plus en profondeur dans ce manoir ? Il semblait désespérément vide… Et désespérément rempli. Les craquements n’étaient pas permanents, plutôt ponctuels, et pouvaient aussi bien être le fait de ces hommes-porcs que de rats. Karl restait silencieux. L’homme était toujours blessé, et Nolan ne pouvait qu’admirer et louer sa bravoure. Il n’abandonnait pas, restant stoïque et solide. Un véritable roc.

Nolan finit par hocher la tête.

« S’enfoncer dans le manoir pour trouver la clef me semble dangereux… Nous devrions grimper vers le grenier. »

De plus, si ces hommes-porcs venaient bien des égouts, il semblait plus logique de croire qu’ils devaient traîner au rez-de-chaussée. C’est en suivant cet ultime argument que, résolu, Nolan s’avança d’un pas décidé. Il grimpa les marches, rejoignant rapidement l’étage, et s’arrêta alors en entendant, en contrebas, des grognements et des bruits de pas.

*Qu’est-ce que… ?!*

Il s’avança vers la rambarde, et se pencha en contrebas. Un homme-porc ‘avançait lentement, grognant, reniflant, et renifla la porte d’entrée. Nolan sentit son sang se glacer sur place. Il les reniflait ! L’homme-porc humait l’air, et se retourna alors, en poussant un grondement plus intense, plus caverneux, et il s’avança lentement vers l’escalier.

*Oh non, non, il monte vers nous !*

Le pas de la créature était rapide. L’odorat semblait être, chez ce monstre, le sens dominant. Nolan se retourna alors, paniqué, et s’avança rapidement. Le couloir s’enfonçait jusqu’à un escalier relié à une trappe.

« Vite, par ici, vite ! »

Il se mit à courir vers l’escalier, tandis que l’homme-porc rugit plus fort, avant de courir à son tour, sentant ses proies Ses bruits de pas précipités faisaient trembler le sol, et il se rapprochait à toute allure.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 22 juin 2014, 14:02:40
Fermée. La porte d’entrée était belle et bien verrouillée par un imposant cadenas doré et aucune clef ne semblait sied à la serrure.  Sur le coup, la Louve ne put s’empêcher de penser que ce manoir allait effectivement refuser de les laisser sortir de son antre, qu’ils avaient été trop bêtes pour pénétrer ainsi dans un piège aussi évident.  Elle avait espéré que le trousseau de clefs trouvées par Karl contiendrait celle de la porte d’entrée et avait donc proposé à Nolan de s’y rendre pour vérifier son hypothèse. Mais outre des bruits inquiétants, une atmosphère lourde et glauque et une porte décisivement close,  rien de bien intéressant qui pourrait leur en venir en aide.

Que faire maintenant ?  Descendre par les égouts ou remonter vers le grenier ?  Se diriger droit vers ces monstres d’hommes-porcs ou risquer de croiser Mandus ? A bien y réfléchir la deuxième solution semblait encore la plus intéressante et la moins dangereuse.  Tromeyn trancha de toute manière, et la lycane ne pouvait qu’approuver ses dires. Tenter de retrouver cette fameuse clef dorée pourrait prendre un temps fou mais également les mener à trépas. Rien n’indiquait son emplacement et de plus, Mandus pouvait également la garder sur lui. Dans ces conditions, penser la lui trousser reviendrait à du miracle.   Direction donc le grenier.

Le premier escalier fut à nouveau gravit quand un grognement se fit entendre en contrebas. Tout comme Nolan, la lycane  se pencha par-dessus la rembarde, pour observer, entendre et sentir.  Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que ce qui se trouvait en bas n’avait plus rien d’humain. Et Nolan avait sans doute également fait cette observation. Le monstre au rez-de-chaussée les reniflait, les traquait ! Ce qui signifiait que leur évasion avait été remarquée et que leurs têtes  étaient à  présentes mise à prix.  Que faire, que faire ?  Rester et tenter de se défendre ou fuir ? Ce fut encore Nolan qui trancha et tout comme son ombre, la lycane le suivit dans sa fuite. Les bruits de pas précipités de l’abomination porcine étaient facilement identifiable ainsi que ses grognements hideux. Le monstre malgré sa forte corpulence était particulièrement rapide et réduisait peu à peu la distance entre ses proies et lui-même.

Au fond du couloir, la Louve nota la présence d’un escalier, ce dernier menant à une trappe vérouillée. Le grenier ! Comble de l’ironie ils avaient trouvé le chemin direct pour s’y rendre. Mais leur poursuivant était presque sur eux, ils se rapprochaient de plus en plus. Auraient-ils simplement le temps d’ouvrir cette trappe et de s’infiltrer dans ce grenier ?  Pour cela, ils devaient gagner du temps. Oui mais comment ? La lycane regarda rapidement autours d’eux, tentant de trouver une solution, mais aucuns artifices présents sur les murs ne semblaient pouvoir servir d’armes de jets. Les oreilles de la Terranides s’agitèrent en quelques à-coups en tendant le trousseau de clef tintaient contre les cuisses de Karl.

« Trouvez cette foutue clef pour ouvrir cette foutue trappe close ! Je vais tenter de retenir ce monstre. »

Tenter était le mot le plus adapté. La Louve ne se faisait pas d’illusion. Peut-être arriverait-elle à le vaincre, peut-être que non. Dans tous les cas, elle ne vendait pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Alors qu’elle pouvait ouïr le tintement des clefs derrière elle et quelques grondements et injures bien placées, la lycane réfléchissait à toute vitesse. Retenir le monstre, au moins le retenir !   Shad finit par avoir une idée, mais elle ne pouvait savoir si cela allait réellement marcher. Pour le moment de toute manière, elle devait gagner du temps jusqu’à ce que la trappe soit ouverte ! Elle plaça donc ses mains devant elle, inspira un grand coup et puisa dans son énergie pour créer un mur enflammé. Petit bémol : Elle devait rester sur place pour le former.

Le sort eut cependant l’effet escompté et le monstre se brûlant la couenne, recula en grognant. Il observait ses proies à travers ce rideau enflammé, si proche et pourtant inaccessible. Jusqu’à ce que la Louve lâche le maintien de son sort. Après il n’aurait qu’à bondir et les tuer. La  créature n’était cependant pas patiente et fonçait à nouveau sur le mur de flammes, tentant de passer outre. Son invocatrice grogna  et jeta un œil en arrière tandis qu’elle sentait qu’elle allait bientôt mettre fin à son sort.

« Alors ce grenier il s’ouvre ou non ? »

Son inquiétude était fondée mais après qui pouvait la blâmer ?  Le monstre renfonça une troisième fois, ébranlant presque la Terranide. Cette dernière finit par lâcher son sort faisant cependant en force que les flammes restantes foncent sur le porc, tournoient autours de lui,,  l’aveugle et le brûle. Ce fut à ce même moment que le bruit distinctif d’un déclic se fit entendre et sans plus réfléchir, la Louve et les deux hommes se ruèrent vers le grenier, refermant la trappe une fois dedans.   Respirer. Shad devait reprendre son souffle. Assise sur le sol froid du grenier, elle inspirait et expirait avec lacune.  Ce qu’elle avait fait quelques secondes plus tôt l’avait pas mal épuisé sur le coup et elle fut même étonnée d’avoir réussi pareil sortilège.

En contre-bas, on pouvait aisément entendre les cris porcins de douleurs et de fureur. Au moins un poursuivant qui ne les poursuivrait plus. Tout ce qu’avait envie l’Okami en cet instant était de rester sur place et de reprendre un peu de force. Mais, là où ils se trouvaient, les pauses n’étaient pas relativement permises.   Elle se releva donc,  sa main posée contre l’épaule de Karl en guise de soutient. Son regard se posa par la suite sur le grenier et elle nota rapidement une flagrante différence entre sa première visite et maintenant :

« Le grenier il…il est bien plus grand que dans mes souvenirs et …. »

Elle se stoppa, oreilles dressaient. Des bruits métalliques ! Elle était sûre d’entendre des bruits métalliques ! Mais comment cela pouvait être possible ? Elle se détacha du  garde du corps, s’approchant près d’un mur, posant ses oreilles contres pour tenter d’entendre au-delà de cet obstacle.  Puis, elle toqua deux-trois fois contre la paroi avant de se reculer, désignant le mur :

« Ce…c’est un faux mur, il y’a…quelque chose derrière. »

Quel était donc à la fin cet endroit ?  Ce bâtiment semblait remplit de pièces secrètes et cachées. Comme si sa véritable grandeur n’était pas dévoilée aux yeux de tous.  Soudain, des rires d’enfants se mirent de nouveau à résonner, cette fois, ces derniers semblaient bien plus proches et surtout plus menaçant. La Lupine balaya la pièce du regard, mais aucune trace d’un spectre enfantin ou autre. Ni même de Mandus. Levant la tête vers le plafond, elle souffla :

« Sortons d’ici…Avant que ces choses en nous tue. »

Après tout, même si des passages secrets étaient bels et bien présents dans ce grenier, leur premier objectif n’était-il pas de passer par le toit ? Alors pourquoi continuer à discuter ? Ils suffisaient de monter et de respirer l’air frais qui semblait maintenant à porter.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 24 juin 2014, 01:25:35
C’était un petit escalier, étroit et délicat, mais fermé par une trappe. Tromeyn laissa Karl y aller, le massif garde du corps cherchant un moyen de l’ouvrir. Il devait y avoir un loquet quelque part qui bloquait la trappe, mais l’ouvrir était difficile. Pendant ce temps, l’homme-porc les traquait, faisant trembler le sol, et, pour le retenir, Shad créa un mur de flammes, contre lequel le monstre-porc buta, se heurtant à ce dernier. Tromeyn l’entendait hurler de rage, grogner de dépit, essayant de passer, de forcer le passage, de passer ce mur de flammes incandescentes pour les broyer. Shad leur hurlait de se dépêcher, et Nolan, silencieux, fixait Karl. Ce dernier donnait de grands coups contre la trappe. La serrure était coincée, envahie par la rouille, et il devait donc user de sa force pour réussir à passer. Au bout d’un moment, la trappe finit par s’ouvrir, les libérant, et Karl bondit dans la pièce.

« Shad, venez vite ! » hurla-t-il.

Nolan grimpa à son tour, et Karl referma la porte derrière le passage de Shad, tandis que l’escalier se relevait avec la fermeture de la trappe, le monstre-porc grognant de rage en contrebas. Le trio reprit son souffle, se retrouvant dans une pièce sombre et poussiéreuse, abritant de nombreux meubles, et des toiles d’araignées dans les coins. En sueur, Nolan usa à nouveau de son inhalateur, reprenant une gorgée d’air frais. Il était assis dans un coin, brisé en deux, la terreur compliquant son système respiratoire, le forçant à respirer lourdement. Leur pause fut relativement courte, car, comme Shad, Nolan entendit des grincements métalliques s’échappant d’un mur, et la Terranide leur expliqua que c’était un faux mur. Et puis, cerise sur le gâteau, les rires des enfants fusèrent à nouveau, proches.

Shad voulait partir d’ici, et Nolan la comprenait. La situation ne cessait d’empirer, de plus en plus flippante et angoissante. Il n’allait pas bien, peinant à respirer. Or, il fallait qu’il conserver la tête froide. Silencieusement, Karl, de son côté, explorait une autre partie de la pièce, et finit par trouver un loquet contre un mur. Il tira dessus, ce qui ouvrit une trappe de petite taille… Faite pour un enfant. Nolan se releva lentement, s’approchant de cette ouverture, et hocha lentement la tête.

« Je n’ai pas confiance… »

Cependant, leurs options étaient plutôt limitées. Il n’y avait aucune fenêtre dans cette pièce sombre, et, après quelques hésitations, Nolan s’avança, et passa sous la trappe. Elle menait à une sorte de couloir entre plusieurs planches en bois faisant office de maigres murs. Le plancher craquait sous ses pieds, et il s’avança le long de ce passage secret. Des ouvertures dans les lattes à gauche et à droite permettaient de voir de singulières pièces… Il y avait de la moquette sur le sol, des lits pour bébés, des livres pour enfants… Et, parfois, il croyait voir des silhouettes jaillir dans l’embrasure de la porte. Le passage secret menait à un angle, partant à gauche et à droite, et il fila à droite, ouvrant une porte en bois.

« Seigneur… »

C’était bien ce qu’il croyait. Mandus avait réaménagé une partie du grenier, et y avait regroupé les affaires de ses deux enfants, Edwin et Enoch Mandus. Toute une partie du grenier ressemblait en fait à un étage normal de la maison, avec de la moquette, et des chambres.

« Il a sûrement fait ces chambres après la mort de ses enfants… » commenta Nolan pour lui-même.

Le chagrin avait du être terrible pour lui. Perdre ses fils… Quel était donc l’horrible secret que ce manoir dissimulait ? Les questions affluaient dans l’esprit de Nolan, qui sortit de la pièce, pour se retrouver dans un agréable couloir.

« Ce damné manoir ne comporte-t-il donc aucune sortie ? Aucun moyen d’accéder à ce foutu toit ?! »

S’ils avaient semé les hommes-porcs, ces derniers hantaient toujours le manoir, risquant de leur tomber dessus s’ils traînaient trop.

Sans parler de ces grincements métalliques qui laissaient augurer que le trio n’était définitivement pas tout seul dans ce grenier… Dieu seul savait alors quelles horreurs supplémentaires le manoir pouvait leur offrir.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 25 juin 2014, 14:35:13
Penser à sortir de ce grenier était une chose, encore aurait-il fallu que ce dernier ait des fenêtres pour sortir. La pièce était plongée dans la pénombre, une chance encore que l’acuité visuelle de la Louve lui permettait de voir suffisamment pour se déplacer sans heurt.  La pièce semblait être faite de faux mur qui ne dissimulaient en rien cet inquiétant bruit de machinerie. Quel était donc ce son métallique semblant prévenir à la fois du grenier mais également de tout le manoir ?  Tromyen reprenait son souffle usant à nouveau de son inhalateur tandis que Karl tâtonnait les murs de la  pièce. Sa recherche en fut point veine car il réussit à trouver une trappe secrète.  La Terranide s’y dirigea tout comme Nolan, l’observant.

« Je n’ai pas confiance non plus mais au moins, ces hommes porcs ne pourront pas passer par là… »

C’était là la seule bonne nouvelle. Ces monstres étaient bien trop gros pour se faufiler dans de si étroits tunnel. Mais rien n’empêchait que d’autres abominations soient présentes et les attendent à un tournant afin de les accueillir toutes griffes dehors. Pourtant, ce n’était pas comme s’ils avaient réellement le choix de passer par ce passage ou non.  Aucune sortie n’était visible dans le grenier et redescendre par la trappe reviendrait à se faire broyer par l’homme-porc en contrebas.  Monstre qu’on pouvait encore aisément entendre, ces cris morbides de fureurs étaient parfaitement audibles. La trappe sursauta violemment, le monstre tentait à son tour de forcer le passage. Le choix maintenant ne faisait plus aucun doute, il fallait passer par ce passage secret !

Nolan fut le premier à passer suivit de Karl puis de la lycane.  Cette dernière referma la trappe derrière elle, espérant que l’homme-porc n’en connaisse son existence. Le trio rampait dans cet étroit couloir, le plancher craquant sous leur pied.  Plus qu’un passage pour des enfants, cette partie du manoir semblait avoir été construite pour en accueillir réellement. Lits adaptés à leurs tailles, jeux enfantins, livres ludiques, tout représentait des chambres d’enfants. Et pour combler le tout, ces rires enfantins qui apparaissaient de temps à autre de nulle part.  La visite aurait pu être intéressante dans un autre contexte, mais la Louve n’avait aucune envie de s’attarder à contempler ces pièces soigneusement dissimulées.

Certes, la perte d’un être cher était une épreuve difficile encore plus quand il s’agissait de ses propres enfants mais là ce n’était ni plus ni moins que de la démesure, de la démence. Dès sa première visite, la Terranide avait déjà trouvé Mandus fou, sentant qu’il cachait sa véritable identité, ses vrais desseins aux yeux de tous, là elle en avait la confirmation.  Et elle savait parfaitement tout comme Nolan et Karl où elle se rendrait une fois qu’ils arriveraient à sortir de cet immobilier macabre.

« Ce damné manoir ne comporte-t-il donc aucune sortie ? Aucun moyen d’accéder à ce foutu toit ?! »

Shad sortie à cet instant de ses pensées. Il était vrai qu’à la base, ils étaient montés pour tenter de passer par le toit mais même ce dernier semblait hors de leur portée. En guise de réponse sur le coup, elle haussa simplement les épaules. Pour le moment, à part chercher une issue de secours, une sortie quelconque, ils ne pouvaient pas faire grand-chose. Mise à part  être forcé de visiter. Tandis qu’ils marchaient, la Louve observait  attentivement à la recherche de la moindre petite once de lumière externe leur indiquant qu’une sortie était là, présente juste sous leur nez. Mais à chaque fois, ces recherches ne donnèrent aucun résultat probant. 

Au contraire de la lumière, le bruit de la machine s’intensifiait, devenant plus présent, plus menaçant. Si ce qu’avait dit Shaw était vrai, cette machinerie devrait se trouver plusieurs pieds plus bas, alors pourquoi semblait-elle si proche ?  En jetant un rapide coup d’œil par-dessus son épaule, l’Okami nota qu’ils avaient malgré tout parcouru un bon bout de chemin.  Un chemin bien plus grand que semblait pouvoir contenir l’entièreté du manoir. Cela aurait déjà dû faire un temps qu’ils auraient dû tomber sur un mur, une impasse. En repensant au chemin qu’ils avaient emprunté, la lycane se questionna également sur ce qu’il pouvait bien se trouver sur la partie gauche de la première intersection. Peut-être auraient-ils trouvé une sortie en prenant cette voie ? Les stipulations étaient possibles mais rien n’affirmait un pareil fait.

Ainsi, le groupe n’avait d’autre choix que de continuer leur route. Un craquement sourd retentit soudainement et avant que l’un des protagonistes ne puisse réagir, le plancher se déroba sous leur pied. Ce ne fut pas le sol qui céda mais une trappe qui s’ouvrit laissant tomber les visiteurs incongrus. Comment cette dernière avait été activée, là était tout le mystère ce qui était sûr c’est qu’elle prouva au trio qu’ils n’étaient définitivement plus  dans le manoir de Mandus. Et alors qu’ils pensaient se trouver en hauteur, dans un grenier, la lycane réalisa bien vite qu’ils se trouvaient en réalité à quelques mètres sous terre.

« De gros tuyaux, un bruit de machine….et merde… »

Pas besoin de plus de paroles pour savoir où ils se trouvaient en cet instant. Par le hasard et une infortunée coïncidence, le groupe s’était retrouvé en pleins cœur de la machine qu’avait décrite Shaw. Combiné aux grincement métallique, des cris de procs se mirent à retentir bien vite, laissant présager une nouvelle rencontre avec ces monstres.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le samedi 28 juin 2014, 02:13:29
ELENA IVORY

« Tal’Shik’Kree… Ne’Taah’Kreee… »

Le Zerrikanien semblait s’énerver… À moins que ce ne soit son timbre naturel de voix. Difficile à dire, Elena n’avait pas l’habitude d’entendre le patois zerrikanien, et la seule Zerrikanienne qu’elle connaissait, Zephyr, était à Nexus depuis tellement longtemps qu’elle avait incorporé  l’accent nexusien. Pour autant, elle comprenait toujours sa langue natale, et elle serait indiscutablement la meilleure aide de la Reine dans l’interrogatoire à venir. Imperturbable, le Zerrikanien qui avait tenté de tuer Oswald Mandus restait assis, fixant silencieusement les enquêteurs qui se succédaient. Ces derniers avaient beau tenter de le menacer, le Zerrikanien, au corps strié de tatouages et de peintures rupestres, répétait les mêmes mots, dans cette langue hachée et tranchante. Depuis une vitre sans tain, Elena l’observait en serrant les lèvres, bras croisés. Que savait-il donc sur ce Mandus qu’eux-mêmes ignorent au point de vouloir le tuer ? La jeune Reine était convaincue que tout était lié à cette expédition archéologique menée à Zerrikania, et à cet ancien culte qui y avait été mené en l’hommage d’un Grand Ancien. Shub-Niggurath.

Leur seul nom suffisait à la faire frémir. Elena avait profité de sa journée pour se renseigner sur eux, et rien de ce qu’elle avait vu ne donnait envie. Des tyrans ancestraux. Colossaux. Ils étaient l’incarnation d’une profonde peur collective, profondément enracinée dans l’inconscient collectif de Terra et de ses habitants. Quel pouvait donc bien être le rapport entre Mandus et eux ?

« Il est énervé », intervint Zephyr, à côté d’Elena.

Bras croisés, la Zerrikanienne écoutait l’individu parler. Elle était la seule à pouvoir comprendre son dialecte, et comprit rapidement que, malgré une irritation très largement perceptible, le Zerrikanien voulait surtout reprendre sa tâche, sa mission.

« Quelle mission ? s’enquit Elena.
 -  Ça, je ne le saurais dire, rétorqua Zephyr. Tuer Mandus, sans doute… »

Mais pourquoi ? Voilà la seule véritable question qui mériterait d’être posée ! Pourquoi vouloir à ce point la mort de cet homme ? Que dissimulait-il ? Les réponses était peut-être ici, de l’autre côté de cette glace.

« Il faut aller l’interroger, décida Elena.
 -  C’est effectivement ce que nous avons de mieux à faire », acquiesça Zephyr.

Zephyr était venue aussi vite que possible, et, avec l’aide de la Zerrikanienne, Elena espérait bien que le mauvais pressentiment qui était en train de lui nouer l’estomac disparaîtrait. Comment dire ? Elle avait le sentiment que quelque chose de grave était en train de se dérouler dans sa ville. Il n’y avait aucun fondement logique à cette hantise. Elle était juste là, cette angoisse, la tiraillant.

Et elle refusait de partir.



NOLAN TROMEYN

« Où sommes-nous donc ?! »

Pour Nolan Tromeyn, les choses allaient de mal en pis… Ou de Charybde en Scylla. Il se trouvait maintenant, en compagnie de Karl et de Shad, dans une pièce sombre. Comme Shad, il entendait néanmoins des vibrations, et vit aussi, lorsque ses yeux s’habituèrent à l’obscurité, d’énormes tuyaux filant le long du plafond, s’enfonçant dans un couloir sombre. Tromeyn entendit à nouveau les hurlements des hommes-porcs, et se releva rapidement. Il n’était pas vraiment blessé, surtout sonné. Karl, de son côté, se manifesta alors en allumant une lampe-tempête à huile (http://2.bp.blogspot.com/-bTQanFYXalI/UffAqY-NEeI/AAAAAAAADjE/ejFxoMYjh7w/s1600/lampe-tempete-huile.jpg) qui trônait dans un coin.

« Bien joué, Karl, bien joué. »

Karl ne dit rien, et leva sa lampe, éclairant la pièce. C’était une sorte de cave, et Nolan comprit qu’ils avaient descendu du grenier à la cave, dans une espèce de long toboggan. Il y avait des tuyaux qui semblaient filer sous le manoir. Servaient-ils à alimenter la maison en eau ? Il n’y avait rien d’autre dans cette pièce, à part une table en bois et un meuble abritant une série de livres techniques poussiéreux. Nolan ouvrit le meuble, en inspectant certains. Ils étaient très vieux, recouverts de toiles d’araignées, jaunis, certains se brisant sous ses doigts, tombant en poussières sous ses yeux.

« Rien à en tirer… »

Rien, en effet. Karl se pinça les lèvres, et regarda autour de lui. Il ne voyait rien, et observa le couloir devant lui, avec l’impression diffuse que cet endroit s’enfonçait dans les profondeurs de l’Enfer. Karl tenait la lampe, les éclairant, et Nolan, prudemment, s’avança vers l’origine du bourdonnement. C’était un son fort, de plus en plus intense, et le couloir les conduisit progressivement dans ce qui s’apparentait à une ancienne crypte perdue dans une vaste grotte.

C’était une zone très large, avec des murs tracés ici et à, des alcôves dans les coins, et quelques chauve-souris piaillant en l’air. Nolan descendit prudemment des marches, surpris par ce spectacle. La cave semblait mener directement dans des grottes souterraines filant dans les profondeurs de la falaise.

*Je n’aurais jamais pu sous-estimer une telle installation…*

C’était une ancienne crypte religieuse, et l’escalier taillé dans le sol les conduisit le long d’un couloir, avec, à gauche et à droite, des gravures représentant des croix sacrées. Une crypte faite jadis par l’Ordre Immaculé, ce qui laissait entendre que, peut-être, ce manoir, autrefois, avait été un immeuble appartenant à l’Ordre.

« C’est par ici… »

Nolan suivait un fil sur le sol, qui le conduisit devant une grande pièce centrale… Avec un générateur en plein milieu, qui vibrait dangereusement en bourdonnant.

Et les grognements des hommes-porcs se rapprochaient, enflant de plus en plus, comme une sourde tempête.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 28 juin 2014, 21:49:51
   
         Agatha Christie

La propriétaire de l’appartement où vivait précédemment l’un des avocats de la Couronne repris soudainement connaissance.  Maugréant, elle secoua sa tête à gauche puis à droite, tout en tentant de reprendre ses esprits.  Mais alors qu’elle tenta de bouger les autres parties de son corps, la vieille sentit soudain des liens l’entravant et surtout une impression glaciale lui parcourant le dos. Elle était plongée dans les ténèbres et n’arrivait qu’à distinguer des silhouettes diffuses, des ombres passant rapidement au travers de sombres couloirs. Où était-elle donc ? 

Une autre forme se mis en mouvement au même instant. Un homme portant un masque de porc et qui s’approcha de la vielle mégère. Il portait une tunique noire, empêchant de voir le moindre de ses traits, de ses mains gantés de noir, il effleura le visage de la femme, un sourire mesquin apparaissant derrière le masque porcin.  Sa proie secoua vivement son visage, comme pour chasser cette main qui la caressait et elle lui cracha dessus, l’insultant. Mais le crachat ne tomba que sur le masque et d’un geste vif de l’index, son porteur s’en débarrassa.  Il  recula par la suite, se dirigeant vers un levier ancré dans le mur. Sans le moindre état d’âme, il l’abaissa, activant un curieux mécanisme.

La table où était cinglée Agahta Christie grinça, la partie se situant dans son dos s’écartant pour le mettre à nu. La pauvre femme n’était que maintenu à la table que par les poignets et les chevilles et pouvait distinctement sentir l’air froid et morbide lui cinglait son échine.  Sa peur s’intensifia et elle osa jeter un  regard oblique par-dessus son épaule pour y voir l’horreur.  Derrière elle, trônait une multitude de seringues tous reliées à un tuyau filant dans les tréfonds de cet horrible endroit. La vieille ravala sa fierté et implora son bourreau qui se dirigeait, à pas lent vers un second levier.

« Pitié ! Pitié Monseigneur ! Je ne dirais rien ! Je ne dirais rien ! Ayez pitié ! »

La main droite de l’homme masqué s’apposa sur le second levier mais il ne l’abaissa pas immédiatement. Son visage se tourna vers sa victime qui continuait à supplier et surtout à geindre. Dieu qu’il avait hâte que ses cris se terrissent. Mais il voulait voir également la stupeur, l’incompréhension et la frayeur se lire sur son visage avant que le coup final ne soit donné. Il pouvait bien faire cela, lui dévoilé son identité, pour la faire taire. Après tout, personne n’entendrait ses cris, personne ne lui viendra en aide. Sa main gauche se porta donc vers son masque et il le retira, l’espace d’une à deux secondes, savourant les émotions traversant la mine déconfite de la propriétaire de l’immeuble délabré.

« N..non c’est impossible, vous ne pouvez … »

Sa phrase se termina dans un cri de douleur. Le levier fut abaissé en même temps que le masque de porc fut remis sur le visage.  Joignant ses mains derrière son dos, l’homme observa la scène avec attention. Les seringues se plantèrent dans la peau du dos de la vieille dame et son sang fut pompé.  L’homme observa ce liquide de vie sortir du corps, filant dans de minces tuyaux, vers un lieu inconnu. Il n’avait plus rien à faire maintenant, elle allait mourir sous peau, vidée de tout son sang.  L’inconnu se dirigea vers la grille, fit tourner une clé et la referma en adressant une dernière parole à Agatha :

« Que Dieu vous soit miséricordieux »

…..

Shad

La Terranide observa ce générateur imposant qui trônait devant eux.  Chaque tuyau filait vers ce dernier et un bruit sourd de métal semblait s’en extirper. D e la vapeur s’échappa même un instant de ce mécanisme, sifflant bruyamment. Elle entendait parfaitement les cris des hommes-porcs qui se rapprochaient indubitablement.  Mais par où partir ? Par où aller ? Tout porter à croire qu’ils étaient pris dans un labyrinthe morbide. Ce qui la fit cependant réagir fut  un cri d’un type différent, un cri humain cette fois. 

« On ne peut pas rester ici ! »

C’était évident mais par ces quelques mots, la Louve voulait reprendre leur marche, mettre de la distance entre les monstres rôdant ici et eux. Et puis, ce cri d’humain. Elle aurait juré que c’était celui d’une femme. Son regard se porta rapidement vers la lampe que tenait Karl.  La laissait allumer ou l’éteindre ? Ces créatures semblaient se fier à leur odorat mais rien n’empêchait qu’une source inconnue de lumière  ne les attire.

« Il faudrait mieux éteindre cette lampe à huile, nous ne verrons plus très bien mais nous ne serons pas un phare au milieu de ces ténèbres…. »

Ce n’était là qu’une demande, si Karl et Nolan décideraient de garder leur source de lumière active, elle ne leur en tiendrait pas rigueur. L’Okami observa rapidement les alentours, apercevant un énième couloir qui s’enfonçait dans les profondeurs. Le seul couloir visible même. Avaient-ils vraiment le choix ? Non. Soit ils le prenaient et découvraient ce qui les attendaient au bout, soit ils restaient là et les hommes-porcs leur tomberont dessus tel des couperets. Le choix était déjà tout indiqué.

Au même moment, alors que le trio disparaissait au sein de ce couloir, une autre personne fit son apparition, semblant sortir de nulle part. Les hommes porcs arrivèrent à sa hauteur mais ne l’attaquèrent pas. Les bêtes se stoppèrent un bref instant, grognant, émettant des sons atroces :

« Tuez-les. »

L’ordre était donné, les abominations s’élancèrent encore plus rapidement, l’écume aux lèvres, leurs bruits de pas sourds résonnant dans cet étroit corridor. L’homme quant à lui glissa sa main dans sa tunique et y attrapa un objet qui pendouillait à son cou, une simple et petite croix….

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 30 juin 2014, 01:07:37
ELENA IVORY

Adamante, Elena, et Zephyr faisaient face au Zerrikanien. Il avait des réponses à donner, et la Reine voulait les entendre. Zephyr et lui avaient commencé par parler dans leur langue, et le Zerrikanien avait répondu, ne manifestant aucune émotion en voyant qu’il était tombé sur une femme capable de parler sa langue. S’il était heureux ou triste, Elena n’en savait rien, et son ton resta sensiblement le même. En un sens, c’était presque effrayant. Le Zerrikanien se mit à parler, et Zephyr traduisait aux deux femmes. Elles apprirent que cet homme avait été désigné par un conseil regroupant toutes les tribus zerrikaniennes.

Zerrikania comprenait plusieurs clans dispersés dans la jungle, et, s’ils se faisaient la guerre entre eux, dans certains domaines, ils se réunissaient ensemble dans un ancien sanctuaire dans les profondeurs de la jungle. Mandus avait été une raison pour eux de se réunir. Le Zerrikanien parlait sans hésitation, et sans demander quoi que ce soit.

« Il est originaire d’un clan qui a vu les hommes de Mandus, il y a des années. Ils ont vu les hommes blancs venant de loin, avec leurs armures et leurs destriers. Ils les ont vus s’enfoncer dans la jungle, dressant un camp à la périphérie de la jungle. »

Pour l’heure, le discours du Zerrikanien était conforme à ce que Mandus leur avait dit : une expédition organisée par Nexus, soutenue par une guilde. Ils s’étaient rapprochés des tribus, l’expédition comprenant des anthropologues et des entomologistes. Ils s’étaient rapprochés du clan du Zerrikanien, et ils avaient été globalement bien accueillis. Les Zerrikaniens étaient des sauvages, menant une vie âpre et rude, mais certains étaient un peu moins xénophobes que d’autres. Le Zerrikanien continuait à parler, remuant légèrement sur le banc en pierre sur lequel on l’avait posé.

Peu à peu, les étrangers s’étaient rapprochés de leur culture, de leurs dieux, et avaient désiré en savoir plus... Impossible de savoir comment ils avaient eu vent du temple maudit, mais ils avaient désiré s’y rendre. Aucun Zerrikanien n’avait accepté de les guider. Elena nota que le ton du Zerrikanien s’élevait quand il mentionnait ce temple, comme s’il en avait peur.

« Des choses horribles ont eu lieu dans ce temple. Des sacrifices humains... Pour réveiller des démons. »

Oswald leur avait dit que ce temple avait été le point de relais entre les ancêtres des Zerrikaniens et un Grand Ancien. Le Zerrikanien dialogua assez longuement avec Zephyr, qui lui répondait dans sa langue, enchaînant les phrases. Elle lui expliqua que Mandus avait fini par trouver un Zerrikanien pour l’accompagner, après avoir utilisé leurs médicaments pour les soigner d’une fièvre. Les Zerrikaniens, en fonction de leur code de l’honneur, leur avaient été redevables, et ils avaient remonté une rivière jusqu’au temple maudit.

« Comment sait-il tout ça ? » demanda alors Elena.

Zephyr transmit la question... On put clairement voir le Zerrikanien hésiter pendant quelques secondes, regardant autour de lui, avant qu’il ne leur réponde.

« Son père tenait la pirogue qui les menait vers le temple... Il a été victime de la fièvre, et c’est en le sauvant que Mandus a pu atteindre le temple. Il les accompagnait... Et il se sent responsable de la mort de son père. C’est pour ça qu’il a voyagé jusqu’à Nexus, afin de rattraper ses erreurs... En tuant Mandus. »



NOLAN TROMEYN

La situation continuait à empirer, et le dépassait totalement. Tromeyn entendait les grognements des hommes-porcs, ainsi que de lointains hurlements. Les hommes-porcs se rapprochaient clairement, et, conformément à ce que Shad demandait, il demanda à Karl d’éteindre sa lampe, ce que ce dernier fit en soufflant dessus. Ils se dissimulèrent dans un couloir. Les hommes-porcs se retrouvèrent autour de ce générateur bourdonnant, une machine infernale semblant être tout droit sortie de Tekhos. Un homme se demandait là, et une voix forte résonna, ordonnant aux monstres de les tuer.

*Mandus ?!*

Le masque brouillait la voix, la rendant beaucoup plus caverneuse. Tromeyn aurait pu risquer un coup d’œil depuis sa planque pour essayer de discerner cet homme, mais, pour rien au monde, il ne sortirait de cet abri. Les hommes-porcs se mirent à gronder, et disparurent dans tous les sens.

« Ne bougez pas ! » siffla Tromeyn entre ses dents.

Nolan resta collé contre ce mur pendant une bonne seconde. On entendait encore, au loin, quelques hurlements, et, quand il osa enfin tourner la tête, la salle était vide. Du revers de la manche, Nolan retira la sueur qui coulait le long de son front, et s’avança lentement. Il y avait le générateur, et un gros câble en partait, filant vers un couloir. Il regarda au-dessus de lui. Le plafond était composé d’énormes stalactites qui donnait l’impression d’être des griffes sanglantes prêtes à leur tomber dessus. Un décor charmant.

« On... On ferait mieux de suivre ce câble... J’ignore ce que ce truc alimente, mais ça doit probablement être cette machine dont Clayton nous avait parlé. »

L’entrevue dans cette auberge avec Shaw semblait remonter à une éternité, maintenant. Karl, de son côté, avait récupéré de l’amadou, et s’en servait pour refaire marcher la lampe à huile. Ils avaient échappé aux hommes-porcs, et ces derniers devaient patrouiller dans les grottes.

Nolan espérait surtout rejoindre les égouts en suivant ce câble, car, s’il ne se trompait pas, le trio devait se trouver dans les grottes de la falaise. Il s’avança, jusqu’à s’enfoncer dans un couloir en pierre qui les conduisit désormais dans une crypte aux couloirs étroits remplis de pierres rectangulaires le long des murs.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 01 juillet 2014, 07:40:49
Pour rien au monde la Louve aurait bougé d’un poil en cet instant. C’était là un jeu bien trop dangereux pour risquer d’entrevoir une silhouette dont l’identité resterait marquée. Elle tenta d’identifier l’individu à l’odeur mais ce dernier semblait s’être aspergé de parfums plus odorants les uns que les autres, brouillant de ce fait l’odorat de Shad.  Elle grogna intérieurement pour elle-même, ce n’était après tout que partie remise. Le principal pour l’heure était de rester discret jusqu’à ce que toute menace soit écartée. Les hommes-porcs obéirent à leur maître, filant dans diverse direction. Certains passèrent tout à côté du trio, l’effleurant presque. Il s’en était fallu d’un cheveu pour tomber entre leurs griffes.

Mais nul besoin de se défendre et quelques secondes plus tard, les cris des monstres disparurent dans les tréfonds de cette grotte souterraine. Tout comme l’étrange individu d’ailleurs.  La lycane ne put s’empêcher de se demander par quel endroit il était arrivée et partit. Ce lieu détenait il des caches secrètes tout comme le manoir de Mandus ? Cette hypothèse était fort probable mais le temps jouait comme les trois enquêteurs. Jamais ils n’auraient le temps de fouiller chaque recoin de paroi à la recherche d’un mécanisme servant à actionner une  porte ou autre.

« On... On ferait mieux de suivre ce câble... J’ignore ce que ce truc alimente, mais ça doit probablement être cette machine dont Clayton nous avait parlé. »

La Terranide leva le regard, observant l’imposant câble.  Il était tel un fil d’Ariane, semblant être là pour les guider vers leur salut. Ou leur mort. Pourtant, très peu d’options étaient réellement disponibles et la jeune Louve approuva d’un mouvement de tête. Si Clayton avait dit vrai, ce qui était maintenant fondé, ils devraient arriver dans une salle imposante et circulaire en suivant ce câble. Mais ils allaient aussi se rapprocher des hommes-porcs et les éviter seraient de plus en plus difficile. Karl alluma à nouveau sa lampe à huile alors qu’au même moment, le trio s’aventurait dans un couloir les menant à une nouvelle crypte.

Des os de défunts craquèrent sous les pas de la lycane qui tentait néanmoins de rester la plus silencieuse possible. Par chance, les craquements sourds ne semblaient pas se répercuter en temps qu’écho sur les parois de ces étroits couloirs.  Lors de sa première visite au manoir de Mandus, la  Terranide avait eu l’impression de sentir la mort elle-même. Elle en comprenait maintenant  la raison. De plus, rien n’indiquait l’âge de ces squelettes. Certains semblaient plus vieux que d’autres mais dans toute cette hécatombe, il était possible de dissimuler des cadavres récents. Mais il n’était guère l’heure de jouer aux archéologues et le principal objectif était pour l’heure de suivre ce câble, voir jusqu’à où il allait les mener et sans doute, à présent, passer par les égouts.

Karl craqua un amadou, rallumant sa lampe à huile qui venait tout juste de s’éteindre. Depuis combien de temps ils avaient marchés ?  Shad ne pourrait le dire.  Il lui semblait que cela faisait des heures qu’ils erraient dans ce dédale de morts. Pourtant on ne pouvait parler proprement d’errance. L’imposant câble au-dessus de leur tête les guides, ce même câble qui d’un coup, se mis à luire d’une lueur carmin. Un liquide passait en son sein, et au vue de sa couleur, il ne pouvait s’agir que d’une chose : du sang. La Louve doutait bien que cela puisse s’agir de vin par exemple. Elle s’arrêta subitement, tendant l’oreille.

« Attendez…vous avez entendu ? »

Au début, rien, que le silence coupé par quelques grognements lointain de monstres dont il était pour l’heure impossible de prévoir l’emplacement exacte. Puis, un cri, bien plus effroyable que ceux éructés par les hommes-porcs. Les poils de la Terranides se dressèrent sur ses oreilles et sa queue et un profond frisson lui parcouru l’échine. Ravalant sa salive, elle s’adressa à Tromyen :

« Rappelez-moi la liste des horreurs qu’aurait vu Clayton Shaw…. »

Juste histoire de rire voulu t’elle rajouter mais elle se ravisa. Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, l’ancien tôlard leur avait fait le résumé d’une liste de monstres et d’abominations les uns plus horribles et dangereux que les autres. Un râle sourd, grave, caverneux se fit entendre au loin couplé au son d’une chaîne qu’on traîne mollement sur le sol.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 02 juillet 2014, 00:31:48
ELENA IVORY

À travers les mots du Zerrikanien, l’incroyable récit prenait vie. Cette progression dans les profondeurs d’une jungle hostile. La pirogue comprenait uniquement Mandus, le guide, son enfant, et quelques colons nexusiens. Le reste de l’expédition se trouvait dans le camp, à l’abri. Le Zerrikanien savait que, si cette piste était concluante, les autres Nexusiens viendraient, et repartiraient. Pour autant, il était inquiet. Ce temple était un lieu maudit, où on disait que de puissants esprits maléfiques rôdaient. Y aller était dangereux, mais son père lui avait inculqué ce qu’était l’honneur. Une dette de vie était une dette de vie, et les Zerrikaniens y étaient attachés. De toute manière, les étrangers ne partiraient pas sans avoir vu ça, et son père espérait que voir les horreurs à l’intérieur suffirait à les calmer. Ils remontaient donc le long de la rivière, évitant de plonger dans l’eau. Des créatures pires que des crocodiles rôdaient là-dessous, mais, plus il se rapprochaient du temple, et plus la faune était de moins en moins présente... Comme si, instinctivement, la nature fuyait cet endroit. C’était tout à fait ça.

Ils avaient rejoint un ancien quai en bois, et l’homme y avait affrété la pirogue, avant de s’aventurer dans des ruines. Le jeune homme n’avait jamais oublié es scènes. Il y avait d’anciennes sculptures recouvertes par la végétation. Les étrangers étaient ravis, son père pressé. Il y avait des lierres partout, recouvrant les anciennes cours où, jadis, des sacrifices rituels avaient lieu pour le Grand Dieu. Le temple, une structure pyramidale avec un long escalier externe, se dressait devant eux. Ils s’y rapprochaient lentement, et le Zerrikanien avait de plus en plus peur. Il leur avait dit que la porte était scellée, mais il avait refusé de les suivre. Les étrangers étaient montés sans se poser de questions.

Lui était resté dans la pelouse avec son père, son père qui les voyait lentement monter, et qui n’osait pas parler. Son visage était fermé, mais le Zerrikanien savait ce qu’il ressentait. La mort dans l’âme, il avait le sentiment d’avoir trahi sa nation en invitant ces Zerrikaniens. C’était une grave faute, et il allait en payer le prix.

Plus tôt qu’il ne le pensait.

Les étrangers ne redescendirent pas, mais on put les entendre hurler tard dans la nuit.



NOLAN TROMEYN

Nolan connaissait bien la Nexus souterraine. Elle abritait quantité de cryptes et de catacombes, datant des grandes épidémies de maladie infectieuse qui avaient ravagé le royaume. Ces épidémies avaient progressivement contraint les pouvoirs publics à réagir, et c’était à partir de ça qu’un système d’égouts avait progressivement vu le jour, permettant d’évacuer les déchets, et ainsi de lutter contre l’insalubrité publique, et d’éviter de nouvelles épidémies. Ils avançaient dans une grande crypte similaire, ne tardant pas à marcher sur les os des défunts, guidés par la lampe à huile de Karl. On entendait parfois des bruits de pas, des soupirs, des gémissements diffus. Les hommes-porcs étaient là, quelque part, ou bien d’autres individus pire encore. D’étroits couloirs avec des barreaux rouillés se dressaient à gauche et à droite, et, par endroit, Nolan avait pu jurer voir des traces d’ongles dans les parois. Est-ce que cette crypte avait été une prison intermédiaire avant l’ouverture de la Machine ? Une sorte d’antichambre de l’Enfer ?

Tromeyn était nerveux, et le câble était leur seul chemin à travers les couloirs, jusqu’à ce que Shad s’arrête, et ne leur signale... La présence d’un liquide qui filait parfois à travers des vitres du câble. Karl leva sa lampe à huile, mais, avec le reflet de la lumière, il était difficile de déterminer ce qu’il y avait là-dedans. C’était un liquide cuivre, qui ressemblait à du sang... Mais il pouvait se méprendre.

« On... On doit continuer » décida Nolan.

Ils ne pouvaient pas s’arrêter maintenant. Karl reprit sa marche, et ils grimpèrent un escalier en pierre. Nolan entendit alors l’écoulement de l’eau, et constata que le chemin était bloqué par un mur. Le câble filait dans un trou, et il heurta le mur.

« Non... Non, non, non ! Il... Il doit forcément y avoir un passage secret, ce... Ce n’est pas possible ! »

Il avait beau tâter les briques, aucune ne refusait de pivoter, et ça ne sonnait pas creux derrière. Il entendit alors un long mugissement venant de derrière eux, comme un râle sinistre, et comprit que, s’il rebroussait chemin, il tomberait sur ces monstres... Les hommes-porcs, ou pire encore. Il suffisait de repenser aux horreurs relatées par Clayton Shaw pour s’en convaincre. Karl leur désigna alors un petit chemin sur la droite, un étroit couloir de briques. Nolan soupira, puis y alla. De toute manière, ce n’est pas comme s’ils avaient le choix.

Le chemin était étroit, et ils entendirent un roulement... Ainsi qu’une odeur pestilentielle.

Ce chemin étroit menait tout droit aux égouts.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 04 juillet 2014, 21:54:36
Tout retour en arrière était bel et bien impossible. Les divers grognements et cris qu’il était possible d’entendre confirmait bel et bien ce fait. En réalité, la Terranide avait crû qu’ils étaient tombés sur une impasse et qu’une confrontation prochaine ne pourrait donc pas être  évitée. A moins qu’un miracle se produise, là maintenant tout de suite. Qu’un évènement incongru survienne sans prévenir ou que, comme d’habitude Karl trouve un nouveau chemin à suivre et…

Miracle ! Voilà que le garde du corps découvre aisément un petit chemin étroit. Ce dernier n’annonçait rien de bon, mais le choix était vite fait. Rester et se faire tuer ou avancer et espérer sortir de ce merdier.  La Louve s’engouffra à la suite de Tromeyn Nolan, ne pouvant s’empêcher d’afficher une mine renfrognée. Si l’odeur pestilentielle était dur à supporter pour les deux humains, pour la Terranide à l’odorat plus fin c’était une vraie torture et elle dû s’arrêter au bout d’un moment pour tousser, une main contre son nez et l’autre contre son ventre avec l’impression de rejeter.

« Putain, ça pue la mort ! »

Oh si seulement Shad savait comme tout cela sonnait vrai ! Pour l’heure, elle ne pouvait rester sur place et faire patienter inutilement Nolan et Karl. Ce dernier fouilla rapidement dans sa poche et y sortit un simple mouchoir en tissu qu’il tendit à la Louve. L’objectif de ce geste n’était bien sûr pas qu’elle se bouche mais qu’elle se serve du tissu comme un masque de fortune. Remerciant  Karl, l’Okami noua le mouchoir derrière sa tête, de sorte à avoir un pan triangulaire devant le visage. Sa respiration faisait voleter le morceau de tissu. Ce dernier n’empêchait pas toute l’odeur nauséabonde d’êtres humés par la Terranide, mais au moins, elle pouvait mieux le supporter ainsi.

Quelques  minutes plus tôt, le trio avait pu ouïr le bruit distinct d’un écoulement d’eau. Maintenant, ce son distinctif apparaissait de plus en plus fort et présent au fur et à mesure qu’ils avançaient dans cet étroit conduit.  Eux qui avaient soient le choix entre le grenier et les égouts pour sortir de chez Mandus, le deuxième choix semblait s’offrir à eux.  Le chemin emprunté finissait directement dans une eau sale, pestilentielle et surtout plongé dans un noir quasi-total. Rien que le premier pas fut difficile. La Terrandie avait l’impression que tout son corps était alourdit. Chaque pas faisait s’élever des gerbes d’ossements et autres joyeuseté en tout genre dont la nature n’était qu’identifiable au toucher.

Pourtant, le groupe avançait. Doucement mais sûrement. Mais la Lycane n’était pas rassurée. Elle avait toujours cette impression d’être surveillée, qu’un monstre n’allait pas tarder à surgir. Et parlant de monstres, elle nota que cela faisait un petit moment que les hommes-porcs et la Chose n’avaient pas redonné de la voix. Et cela était des plus étranges. Pas que la Louve allaient s’en plaindre !  Un claquement d’eau lui fit regretter sa pensée.  Un autre être avait pénétré dans l’eau  et il était fort difficile pour la Louve de déterminer où il se trouvait en cet instant. La seule chose dont elle pouvait se fier était son ouïe. Mais les égouts réagissaient comme amplificateurs de sons et  par conséquence, chaque mouvement dans l’eau semblait venir de partout à la fois. Elle grogna sous son masque de fortune.

« Pas la peine de vous dire de faire ga !! »

Elle l’a senti ! Elle l’a bien senti ! Cette main griffue se refermer sur sa cheville et la tirer subitement en arrière. Par réflexe, elle avança une main pour ne pas avoir le visage dans l’eau crasseuse et sans doute remplie de toutes sortes de maladie. Karl réagit également prestement et aida la Louve à se relever avant de sortir un coup au ventre. Un coup puissant lui coupant la respiration et le faisant se plier en deux. Mais il était également vif et endurant et ne manqua pas de taper, à l’aveuglette, son poing impactant contre une masse qui émit un cri strident et qui sembla reculer de quelques pas. Pour mieux sauter.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 06 juillet 2014, 02:15:36
ELENA IVORY

« Il ne fallait pas y conduire les étrangers ! Ta fierté nous a damnés ! »

Le Zerrikanien se rappelait encore de la colère des hommes du village quand lui et son père étaient revenus. Son père s’était dit qu’il retournerait au temple ce soir, afin de récupérer les étrangers, mais les hommes du clan étaient au courant de leur escapade... Et, comme on pouvait s’y attendre, ils ne la cautionnaient pas vraiment. C’était un endroit interdit, maudit, et le Zerrikanien leur avait dit qu’il avait été obligé de le faire.

« Tu aurais du nous en parler. Ta décision va plonger le village dans un grand chaos, je le sens... »

Tout avait dégénéré le soir. Les autres étrangers étaient venus au village en fin de soirée. Le Zerrikanien n’avait pas spécialement compris et son discours était décousu sur ce point, mais Elena comprit que l’expédition comprenait un officier, et qu’il y avait visiblement eu une certaine forme de rivalité entre Oswald Mandus et cet officier. Il voulait se rendre vers la pyramide pour y retrouver Mandus, et s’y rendit avec ses hommes. Le père du Zerrikanien avait tenu sa promesse, mais n’avait pas voulu que son fils le suive jusqu’à la pyramide. Ce dernier avait cependant choisi de le suivre quand même, longeant le cour d’eau. Tout le monde dans le village avait entendu les hurlements résonner dans le temple, et il était curieux.

Le Zerrikanien avait suivi son père le long de la rivière, et avait vu... Il avait vu le temple en feu. Des flammes jaillissaient de l’entrée de ce dernier, en hauteur, et, dans la cour, des cadavres gisaient par terre. Ils étaient massacrés, comme si une bête sauvage les avait dévorés. Le Zerrikanien avait vu son père s’emparer de sa lance, et gravir rapidement les marches.

Assis sur sa chaise, le Zerrikanien parlait sans difficulté, fixant Zephyr, tandis que cette dernière traduisait. Elena, elle, serrait le poing contre ses lèvres, sentant que quelque chose approchait. Le dénouement de ce récit, et des explications supplémentaires.

« Il avait peur pour son père, et il a décidé de le suivre. Il a grimpé les marches, sans tenir compte des cadavres, en voyant les braises jaillir de l’entrée du temple. »

Et le Zerrikanien continuait à parler.



NOLAN TROMEYN

L’odeur était insupportable, agressant les narines de Nolan. Comment diable des gens pouvaient-ils, chaque matin, fouiller les bouches d’égout pour y trouver de qui se nourrir ? Pour Nolan, c’était de la folie ! Le marchand n’était pas habitué à une telle odeur, et il avait, de plus, le sentiment de plus en plus fort de s’enfoncer dans le ventre de la bête, et de rejoindre la Machine. N’y avait-il donc aucune sortie ici ? Chacun des couloirs latéraux qu’il voyait étaient fermés par d’épaisses grilles en fer. Nolan continuait à s’avancer, entendant des gouttes d’eau en train de s’égoutter.

C’est dans cette situation qu’ils se firent attaquer. Karl se heurta face à une sorte de créature invisible, et la repoussa, l’envoyant s’écraser dans l’eau.

« Fuyez, vite !! »

Nolan se mit à courir rapidement, cherchant une fuite. Il avançait rapidement, et son asthme se réveilla à nouveau, ses poumons se mettant à hurler. Il entendait des bruits d’éclaboussure dans son dos. Un monstre invisible... Et puis quoi encore ?! Nolan s’élançait rapidement, et Karl, qui fermait la marche, les suivait... Quand le monstre le submergea. Nolan entendit Karl hurler avant de s’effondrer dans l’eau. Il gesticula rapidement, essayant de sortir ses bras de l’eau, et poussa un énième hurlement.

« Karl, Karl ! Oh mon Dieu, Karl !! »

Karl gesticulait, quand Nolan vit le sang jaillir de son corps. Il buvait de l’eau, essayant de se débattre, à moitié étouffé. Nolan tremblait sur place, effrayé, en voyant le corps de Karl s’enfoncer progressivement dans l’eau, laissant son sang jaillir de toute part.

*Tu peux pas rester là, Nolan, TIRE-TOI !!*

La voix hurla dans sa tête, et Nolan la suivit, se mettant à courir. Il finit par trouver une plate-forme, et y grimpa, tandis que le monstre les poursuivait. Il arriva sur cette dernière, se retourna, et vit des flaques d’eau qui se rapprochaient, témoignant de l’arrivée du monstre. Il se rapprochait rapidement de la plate-forme, et, curieusement, s’arrêta devant cette dernière. Assis sur le sol, Nolan respirait de manière saccadée.

« Il... Il... Il ne peut pas sortir de l’eau... »

L’homme soupirait longuement, et, de ses mains tremblantes, il sortit son inhalateur, et tira quelques salvatrices bouffées, avant de s’asperger le front.

« Karl... »

Une masse sombre se rapprochait, flottant sur l’eau, et heurta la plateforme. C’était le cadavre de Karl, ou ce qu’il en restait, déchiqueté à moitié, traînant derrière lui son sang, un liquide écarlate qui se répandait tout autour. Nolan soupira. Il y avait, derrière la plateforme, une porte en fer qui menait ailleurs. Il porta son attention vers Shad, et hocha lentement la tête, lui parlant, essayant de la rassurer, mais, surtout, de se rassurer :

« On... On va s’en sortir, Shad... On va trouver un moyen de sortir de ce cauchemar. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 08 juillet 2014, 19:19:23
Un enfer. La Louve nageait en plein enfer. Tout ce qui se passait autour d’elle  se déroulait tellement vite qu’elle avait la sensation de perdre le fil.  Des hommes-porcs et maintenant une créature invisible ! Le pauvre Karl se battait en vain contre un monstre dont il ne pouvait imaginer la taille véritable, la force ou même sa position dans cette eau crasseuse. Comment diable avait pu faire Shaw pour s’en sortir. Il était bien passé par les égouts, alors pourquoi n’avait –il pas mentionné cette créature sortie tout droit de la bouche de l’Enfer ?  La Terranide avait tenté de s’approcher du garde du corps de Troymen pour l’aider mais fut facilement repoussée par la masse invisible.


La lycane chuta dans l’eau mais se releva prestement de sorte à se préserver d’un coup de revers. Pourtant, pour son bonheur, la créature semblait se focaliser principalement sur Karl au grand malheur de ce dernier.  L’ordre de Tromeyn lui parvint par la suite aux oreilles et comme si ces quelques mots lu avaient servis de déclencheurs, Shad réagit au quart de tours, lançant un dernier regard à Karl qui se débattait avec le monstre.  Elle ne pouvait l’aider avec sa magie du feu, l’air était puant certes, mais semblait être également saturé de gaz.  Ou plutôt que les égouts avaient commencés à se saturer de gaz. Sentant cela, la Terranide se rassura un peu sur le fait que la lampe à huile était à présent immergée. Mais pour ce qui était d’aider Karl avec sa magie, cela risquait d’être fort impossible. La fuite était ainsi la seule solution à son grand désarroi.


Pourtant, l’eau elle-même ne semblait vouloir faciliter une telle opération et chaque mouvement pour sortir de ce bourbier semblait être plus difficile que le précédent. C’était comme si toute la crasse s’agglutinaient  autours des articulations des jambes en formant une masse compacte qui rendait ardue chaque mouvement supplémentaire. Pourtant, le temps était compté et il fallait tout faire pour sortir d’ici.  L’humain ouvrait la marche et la Terranide le suivait grâce à ses  sifflements dû à sa respiration plus que difficile. Pour peu, elle se demandait s’il n’allait pas s’effondrer. Tout comme elle d’ailleurs.  La panique faisait battre son cœur à tout rompre et sa respiration était également lourde et difficile. Qui pourrait rester calme dans un moment pareil ?

Un dernier râle et des derniers éclaboussements d’eaux se firent entendre derrière les fuyards. Le monstre avait terminé d’achevé sa première victime. Et il n’était pas difficile de deviner quelles seraient ses prochaines cibles.  L’eau croupit commença à émettre de nombreuses ondulations et par réponses à cette menace qui s’approchait dangereusement, le duo accéléra le pas, finissant par monter sur une plate-forme. La seule qui ne présentait pas de grilles forgées mais une porte en fer. Assise sur le bloc de pierre, la Terranide s’était attendu à voir sortir des profondeurs l’ignoble créature. Mais ce ne fut pas le cas. Par chance inouïe.

« hé…hé bien…tant  mieux s’il ne peut pas sortir de l’eau…bon sang… »


Et comme si le monstre avait su comprendre leur parole, il s’éloigna et fit s’approcher le corps mutilé et sanguilonnant  de Karl.  Une sinistre attaque pernicieuse.  La Louve observa un instant le corps du défunt, baissant ses oreilles, reculant par réflexe pour s’éloigner de l’eau. Il était vrai qu’elle n’avait aucun attachement envers Karl mais voir mourir une personne ainsi était rarement un fait dont on pouvait faire facilement abstraction.


« Je..suis désolé pour Karl…. »


La Terranide aussi voulait se rassurer et remercia gracieusement Nolan du regard pour ses paroles qui se voulurent réconfortantes dans un tel moment de détresse. Mais, il ne pouvait rester indéfiniment. Elle fit donc un signe à l’humain,  avant de se diriger vers la porte en fer, s’apprêtant à avoir une énième porte fermée. Si telle était le cas, ils seraient pris entre le marteau et l’enclume. La main de la Lycane se posa sur la pognée puis s’abattit légèrement. Un déclic caractéristique se fit entendre suivit d’un grincement strident. La porte était relativement lourde mais néanmoins possible à pousser.  Cette dernière menait dans un couloir aux murs de pierres recouverts de sang ici et là et de mousses.


Niveau direction, le duo n’avait pas besoin de réfléchir longtemps. Le couloir était une ligne droite, sans possibilité d’aller ni à gauche, ni à droite. Et s’autres sorties il y’en avaient, la Terranide n’avait su les voir aux premiers regards.  Donc, il ne restait qu’à espérer que rien ne vienne à leur rencontre face à eux.  Et même si derrière eux ce truc l’Invisible, Shad préférait jeter de temps à autres de rapides regards, s’assurant qu’aucuns hommes-porcs ou autres venaient à leurs rencontres par l’intervalle d’un passage secret. Pourtant, rien ne vient à leurs rencontres mise à part une seconde porte.


« Si seulement c’était la sortie…prêt ? «

La Louve attendit l’approbation de Nolan avant d’abaisser la poignée poussant la porte.   Ce qui apparut aux yeux de l’Okami ne fut nullement à quoi elle s’attendait. Des dizaines, des centaines de porcs étaient accrochés, suspendus du plafond. Certains encore entier, certains ouverts à divers endroits. Le sol avait pris une couleur de rouille dû aux nombreux litres de sang qui avaient dû couler en ce lieu qui ressemblait fortement à un abattoir. Au loin on pouvait entendre le cri caractéristique d’un porcin tandis qu’au même moment le coup sec d’un hachoir retentissant dans la pièce.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 10 juillet 2014, 01:32:57
ELENA IVORY

Des morts partout. Une vision de cauchemar. Des corps déchiquetés et pulvérisés, gisant sur le sol, formant un spectacle sinistre et insoutenable. Incrédule, le Zerrikanien voyait le corps qui gisait dans la grande pièce sombre, et entendait les cris de son père, brandissant sa lance contre un individu qui leur tournait le dos. Malgré toutes les années, le Zerrikanien n’avait jamais oublié cette scène. Il avait vu son père brandir sa lance, tandis que l’homme leur tournait le dos, ses mains plongées dans le corps d’un étranger. Il finit par le relâcher, se retournant, et, pendant ce temps, le sang des cadavres massacrés se déplaçait, comme aimanté pour se concentrer sur un objet brillant se tenant dans le creux des mains de l’homme. Le Zerrikanien reconnut ce visage, déformé par un sourire hideux. C’était celui de l’homme qui les avait payés pour venir ici tantôt.

Oswald Mandus. Il tenait dans ses bras l’orbe magique, semblable à un œuf démoniaque, répandant une lueur écarlate dans la pièce. Son père avait hurlé en courant vers son adversaire, qui parlait alors une langue étrangère, inconnue, mais une langue qui avait terrorisé le jeune homme, lui faisant mal aux oreilles. C’était une langue que plus personne n’enseignait : la langue infernale des Grands Anciens. Son père avait hurlé, et avait couru avec sa lance... Pour être soudain bloqué en route. Son fils avait hurlé, tandis que son père était soulevé en hauteur, et que du sang se mettait à jaillir comme par magie de son corps, fusant contre les murs. Son fils avait hurlé en tentant de se rapprocher, mais le corps de son père avait alors progressivement commencé à exploser. Son bras gauche avait explosé en une bouillie indescriptible de sang et de morceaux d’os, heurtant le visage de son fils, puis ses jambes, son autre bras, et il hurlait, hurlait, hurlait si fort... Elena tremblait en entendant ce récit, que le Zerrikanien semblait toujours prononcer sur le même ton.

Son père avait été massacré devant ses yeux, et son corps s’était alors soulevé, guidé par la magie de Mandus, dont les yeux brûlaient d’une démence folle. Il s’était envolé vers le plafond, avant de heurter violemment le sol, ses os se broyant à chaque impact, remontant puis redescendant, se fracassant à chaque fois sur le sol, tandis qu’une force surhumaine semblait avoir écrasé les jambes du Zerrikanien sur le sol. Le sang ruisselait de son corps, et son fils avait vu l’un de ses yeux se crever ensuite, ses dents sautant pour se répandre sur le sol, ses cheveux restant également collés par terre. Mandus avait ensuite balancé le cadavre du Zerrikanien sur son fils, le renversant. Dans un hurlement, ce dernier était ressorti du temple, rebondissant le long des marches du temple. Il avait dégringolé pour atterrir dans les buissons, en sang, que ce soit le sien, ou celui de son père, tandis que les flammes sortaient du temple, et que Mandus se mettait à descendre.

Le temps que le Zerrikanien se relève, et retourne chez lui, la nuit était déjà bien avancée, et, depuis sa position, il voyait les flammes danser au loin. Il était retourné vers sa tribu, en clopinant, les poumons en feu... Pour voir qu’il n’y avait plus de tribu.



NOLAN TROMEYN

Karl mort... Pour Nolan, c’était surréaliste. Il avait l’impression de vivre un rêve éveillé... Ou un terrible cauchemar. Karl... Un homme loyal, efficace, qu’il avait cru être invincible. Il était mort, et bien mort. Bon sang, mais qu’est-ce qui se passait donc ici ?! Nolan suivit Shad en restant étonnamment silencieux. Shaw avait réussi à sortir d’ici par miracle, c’était maintenant évident. Quoi qui se passe ici, c’était grave, et ça ne faisait qu’empirer. Ils étaient poursuivis par des hommes-porcs, mais, dans le musée aux horreurs que constituait l’abattoir de Mandus, ces derniers n’étaient que du menu fretin. Quelles autres horreurs les attendaient encore ? Comment Shaw avait-il bien pu fait pour sortir d’ici ? Nolan ne pouvait que comprendre ses réactions et la peur primaire qu’il semblait ressentir désormais.

Lui et Shad se retrouvèrent dans une nouvelle pièce, sortant des égouts et de leur odeur pestilentielle... Pour en retrouver une autre. Nolan n’avait plus de mouchoir pour se protéger, et la moitié de ses vêtements étaient infectés par l’eau sale venant des égouts. Devant eux, il y avait une multitude de porcs disséqués, et ils avançaient sur un sol couvert de sangs éché, qui s’évacuait lentement dans des trous.

« Il semblerait que nous ayons retrouvé les porcs manquants... » commenta Nolan.

Ils étaient maintenus par des crochets en hauteur qui permettaient de les déplacer. C’était un spectacle insolite, et dérangeant. Nolan entendit alors, comme Shad, le couinement d’un porcin ainsi que le bruit d’un hachoir tranchant la chair, et se roidit sur place. Encore une nouvelle menace ? Le hachoir s’abattit encore à plusieurs reprises, et il entendit un soupir.

« Non... C’est... C’est un écho... »

Nolan s’avança rapidement, et vit, dans un coin de la pièce, une sorte d’atelier, et entendit des bruits caractéristiques d’un encrier et d’une plume glissant sur du parchemin.

« Je crains qu’il n’y ait pas assez de porcs... Les productions sont insuffisantes.
 -  Impossible d’en prendre plus ?
 -  Impossible de le faire sans éveiller davantage les soupçons, et notre projet n’est pas encore prêt. »


Deux voix bien distinctes, l’une grave, l’une calme, mais qui semblaient surgir de nulle part.

« Un écho du passé... »

La magie agissait. Il entendit des bruits de pas, et comprit que la scène devait se dérouler devant lui. Un homme en train de marcher, l’autre assis devant le plan de travail.

« Vous avez lu les nouvelles ? Au sujet de ce condamné à mort ? Luis Felipe ? »

Luis Felipe était un cannibale, un Nexusien qui avait été arrêté par la Milice après une enquête qui avait duré des mois, et qui avait défrayé la chronique. Le « Cannibale des caveaux », comme on l’avait surnommé, s’attaquait à des clochards, à des prostituées, et il avait fallu attendre qu’il s’attaque au fils d’un riche noble pour que l’affaire prenne un fort impact médiatique, et ne mobilise les beaux quartiers. Les cadavres étaient retrouvés en pleine rue, et, après un certain temps, le Cannibale avait été arrêté. Luis Felipe avait été condamné à mort lors d’un procès très retentissant.

« Oui, mais quel est le rapport ?
 -  Nous manquons de porcs, n’est-ce pas ?
 -  Nous pouvons toujours passer de nouvelles commandes, mais...
 -  Ou alors... Il faut trouver une nouvelle source d’approvisionnement.
 -  Que voulez-vous dire ? »


Il y eut un flottement pendant quelques secondes, et des bruits de pas supplémentaires, avant que la voix ne lâche :

« Et bien, je suppose que tout dépend de la définition qu’on donne au mot ‘‘porc’’... »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 11 juillet 2014, 16:05:39
AGATHA CHRISTIE

La douleur était intolérable. Ses cris se perdaient en écho dans ces couloirs sombres et humides. Mais plus le temps passé, plus ses cris perdaient d’intensités. Ses forces la quittait peu à peu, aspirer par ces seringues. Sa peau auparavant rosée était à présent proche de celle d’un mort. Sa respiration était faible et hésitante et son esprit auparavant encore actif n’était plus que confusion et peur. Comment était-elle arrivée ici ? Elle une simple propriétaire ? Certes son immobilier n’était pas très bien entretenu et elle demandait beaucoup trop en guise de payement. Mais, elle n’arrivait pas encore à croire qu’elle vivait un parfait cauchemar et surtout ces derniers instants.

Affaibli au plus au moins, la vieille n’avait qu’une envie en cet instant. Que tout casse. Que quelqu’un vienne l’aider, la sauver et si c’était le cas, elle changerait sa vie. Oui, elle profiterait de cette dernière comme s’il s’agirait de son dernier jour et arrêterait d’espionner tout le monde. Ou bien, il fallait qu’il vienne l’achever. Lui. Cet homme qui avait actionné cette infernale machine qui la vidait doucement mais sûrement de son sang pour un quelconque ignoble dessein. Lui que tous pensait saint et bienveillant. Mais qui n’était qu’en fait qu’un enfant du Diable.

Mais, même si elle viendrait à s’en sortir par un quelconque miracle, qui la croirait ? On la traitait déjà de folle, personne n’irait la croire. Et surtout pas ces gens pompeux de la Couronne. Non, personne ne la croira. Bon sang qu’elle avait mal. Elle se sentait si faible. La dame tenta de s’humecter les lèvres mais ce ne fut qu’une impression pâteuse et sèche qui lui vint en bouche. Pour une fois qu’elle savait un fait très important, elle l’emporterait dans sa tombe. Et dire qu’il avait l’air si gentil, lui qui aidait les pauvres des Bas-Fond, qui les hébergeait. Lui qui était censé être au service du bien. Lui un homme d’église.  Quand le masque était tombé, elle avait reconnu son visage. Tout le monde le connaissait à Nexus dans les Bas-Fond.
Le Père Lamb.

PERE LAMB

Le saint homme retira sa tunique noire ainsi que son masque porcin. Le tout fut soigneusement rangé avec la plus grande délicatesse dans une maille noire aux bordures dorées. Et ce même coffret renfermant un terrible secret fut placé dans une cache secrète. Personne ne devait savoir. Et ceux qui savait était réduit au silence. Le curé s’approcha de sa tenue de prêtre et l’enfila sans se presser. Aujourd’hui encore viendrait des hommes et des femmes du Bas-Fond. Aujourd’hui encore quelques un d’entre eux disparaîtront mystérieusement pour alimenter la Machine. Lui, n’avait qu’à jouer le rôle du gentil prêtre qui aider la veuve et l’orphelin. Et pour l’instant, tout ceci marchait à merveille. Personne ne le soupçonnait,  personne ne pensait qu’il avait un quelconque lien avec les meurtres de l’abattoir et ces mystérieuses disparitions. Même la Couronne ne l’avait pas encore soupçonné.

Mais pour l’instant, il était temps de jouer l’homme d’église bienveillant et de lire quelques prières à ses adeptes. Le Père Lamb attrapa son missel et sortir du presbytère  se dirigeant vers l’enceinte de son église. Lieu tant accueillant mais qui cachait un terrible secret en son sein. Comme d’habitude, il vit bon nombres d’hommes et de femmes présents. Principalement ceux dont l’un des membres de la famille ou des amis travaillaient chez Mandus. Comme à son habitude il alla à leur rencontre, les rassura, leur énonça des phrases saintes pour les apaiser. Et comme d’habitude, il réfléchissait qui prendraient part à la nouvelle livraison de « porcs » pour alimenter la Machine.

SHAD
La magie. Cette dernière pouvait servir à temps de chose. La plupart du temps, la Terranide la connaissait en tant que magie de combat mais à cette heure, à cet instant, elle apparaissait sous une nouvelle facette. La magie venait de s’activer dans cet enfer et avait conduit le duo à voir, ou du moins surtout entendre des échos du passé.  Et cet écho donnait lieu à un fait important, une discussion dont chaque parcelle devrait être soigneusement retenue.

Cette conversation du passé semblait invraisemblable mais pourtant vrai. Et plus que tout, elle permettait de comprendre comment et par quel fait des personnes étaient venues à disparaître autours de l’abattoir. La raison était des plus simples pour la Terranide. Les humains étaient considéras comme de vulgaire porcs, rien de plus.  La dernière phrase était tombée tel un couperet et elle ne put s’empêcher de tourner son regard vers Nolan, se demandant s’il avait lui-même compris le sens de cette dernière.

Voilà aussi pourquoi les employés disparaissaient mystérieusement. Cet abattoir porcin dévoilait encore plus en plus sa véritable nature. Les coups de hachoir remplacèrent celui d’une plume glissant sur la papier. Le présent refaisait surface et le passé s’estompait à présent. Immobiles depuis quelques instants, il était maintenant temps de se mouvoir à nouveau. La Louve observa rapidement els environs, tentant de se faire la plus discrète possible.  Il leur fallait sortir d’ici c’était un fait indéniable. Au loin, un grincement se fit entendre et une petite lueur apparu dans la pièce.

Une porte ! A la fois si proche et en même temps si loin. La Louve indiqua d’un mouvement de menton cette dernière avant de se figer sur place. Outre les simples animaux,  de nouveaux cris retentirent dans cette salle. Des cris que maintenant, le duo reconnaissait entre milles. Celui des hommes-porcs.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 15 juillet 2014, 01:13:32
ELENA IVORY

Tout le village était en feu... Les corps gisaient partout, en pièces, en morceaux, déchiquetés, et les flammes... Les flammes brûlaient haut dans le firmament. Plus rien n’était reconnaissable, tout n’était que mort, souffrance, et chaos. L’Enfer s’était déchaîné dans son village, ravageant sa tribu. Ils gisaient sur le sol. Hommes, femmes, guerriers, vieillards, enfants... Certains étaient morts chez eux, ils avaient la poitrine arrachée, leurs cœurs pulvérisés gisant près d’eux, leurs têtes décapitées en bouillie sur le sol. C’était comme si un être d’une particulière sauvagerie venait de s’abattre dans ce village, déchaînant une pure violence, frappant, mordant, déchirant, découpant, tuant. Tout avait du être rapide, et meurtrier. Ils n’avaient eu aucune chance. Les guerriers avaient eu le temps de sortir leurs lances, leurs épées, et leurs arcs, mais tout n’avait servi à rien. Et tout ça était de sa faute... Tous ces morts... Sa faute, car c’était à cause de lui que son père avait décidé de conduire l’étranger, de rompre le serment, de pénétrer dans le lieu interdit, et de Le réveiller. Il était sorti de son sommeil éternel, et Il avait pris possession du corps de l’étranger.

Les autres tribus étaient venues à l’aube, et avaient tout de suite compris. Leurs shamans le leur avaient dit : un grand malheur venait de sortir du Sanctuaire, et il fallait rapidement le contrecarrer, avant qu’Il ne s’évade. Les meilleurs guerriers avaient traversé la jungle, et il les avait suivi. Le petit Zerrikanien était le seul à avoir vu le Blanc, et à pouvoir le reconnaître.  Il avait donc suivi les redoutables guerriers aux jambes solides, certains chevauchant des tigres à dents de sabres, s’enfonçant dans la jungle sauvage, évitant les Basilics, les araignées géantes, et quantité d’autres monstres redoutables. Ils avaient rejoint le camp des Blancs, à l’extrémité de la jungle.

Malheureusement, ces derniers étaient déjà partis. Ils étaient partis précipitamment, laissant plusieurs de leurs affaires en plan.

« Il l’a traqué... Il n’avait plus que ça à faire, le traquer... Plus de famille, et personne ne voudrait de lui, car c’était son clan qui avait libéré le Démon.
 -  Le Démon ?
 -  L’orbe, Majesté... Il ne cherche pas à tuer Mandus, il cherche l’orbe que ce dernier a volé dans ce temple, ce... Ce Sanctuaire... Afin de la ramener. »

Elena hocha lentement la tête. Le Zerrikanien continuait à parler, mais il fallait bien admettre que la Reine n’y voyait pas plus clair sur les pouvoirs de l’orbe.

« D’après lui, les pouvoirs de l’orbe ont déjà commencé à se manifester... Il a mis des années à rejoindre Nexus afin de retrouver Mandus, et, pendant ce temps, ce dernier a eu tout le temps de la construire...
 -  Mais de construire quoi ? Qu’est-ce qu’il y a dans cet orbe ? »

Le Zerrikanien continuait à parler, et Elena put voir que Zephyr tremblait sur place. Dans le couloir, des gardes couraient rapidement, le bruit de leurs bottes en fer se répercutant contre les murs.

« Oh non... »

Zephyr manqua chanceler sur place, et dut s’appuyer contre la table, tandis que le Zerrikanien, pour sa part, venait enfin à se taire. Elena sentait sa patience arriver à son terme.

« Qu’a-t-il dit ? Qu’est-ce que cet orbe ?!
 -  C’est... C’est un plan. Ou... Plutôt un schéma...
 -  Un schéma ?! De... »

Elena ne put achever ce qu’elle était en train de dire, car on tapa furieusement à la porte. Un soldat l’ouvrit, et entra, en sueur. Elena se retourna vers lui, le fusillant du regard.

« Majesté !
 -  Quoi ? s’exclama la Reine.
 -  Une révolte vient d’éclater dans les bas-fonds. »



NOLAN TROMEYN

Nolan avait parfaitement compris... Peu importe ce que Mandus ait cherché à fabriquer ici, il avait eu besoin de carburant. Sûrement une diablerie de machine tekhane. Bien sûr ! Nolan pensait avoir compris ce qui se passait ici. Oswald venait de Tekhos, et il était sûrement un agent infiltré par les Tekhanes, quelqu’un qui avait construit une sorte de machine infernale souterraine pour pouvoir envahir Nexus en temps voulu ! Cette base souterraine était probablement un complexe de mutation génétique, afin de transformer des gens normaux en ces espèces d’abominations qui les avaient attaqués tantôt. Tout se tenait ! Tout était logique !

« Shad... Je crois que tout ça est... »

Nolan se tut quand les hurlements furieux des hommes-porcs rugirent. Il se redressa soudain, paniqué, mais n’entendit aucun bruit de pas vers eux.

« C’est un prélude... Un prélude à une invasion ! Je pense que Mandus est... »

La structure se mit alors à trembler furieusement, et Nolan entendit les soubresauts d’une violente explosion. Le sol trembla, le plafond également, comme si un séisme venait d’éclater. Nolan battit des bras, et s’effondra sur le sol, tandis que des jets de pression se mirent à jaillir de tuyaux en hauteur, crachant de la fumée blanche dans des sifflements suraigus, de l’eau jaillissant des tuyaux pour tomber sur le sol.

« Par l’Enfer, mais qu’est-ce qui peut encore bien se passer ici ?! »

De l’eau lui tombait sur le visage, et il se mit à courir rapidement, tandis que d’autres explosions retentissaient, au loin. Il courut dans un couloir, rapidement, sentant les canalisations craquer autour de lui, répandant des jets de vapeur. Il s’en prit un dans les yeux. La vapeur était brûlante, et Nolan poussa un hurlement. Il se reçut ce jet devant un escalier, et perdit l’équilibre, dévalant l’escalier en hurlant, pour s’étaler sur le sol, heurtant alors quelqu’un. Il y eut un choc métallique, comme un rebond, et une vivie lueur s’éteignit soudain.

« Haaa !! »

Nolan s’étala sur le ventre, et la lumière revint alors, un homme saisissant une lampe à huile. Sa silhouette était indiscernable à l’obscurité.

« Qui êtes-vous ?! Que faites-vous ici ?! »

Cette voix... Non, ça ne pouvait pas être possible. Oubliant son asthme, Nolan releva sa tête, et son regard croisa celui de son interlocuteur.

« Nolan ? s’étonna ce dernier.
 -  Mandus !! »

Oswald Mandus (http://fc05.deviantart.net/fs70/i/2014/028/6/6/hantise_by_czarnystefan-d742hc1.jpg) se tenait face à eux, portant dans la main une chandelle qu’il pouvait éteindre ou allumer à l’aide d’un commutateur. Mandus n’était clairement pas dans ses meilleurs jours. Son pantalon était déchiré par endroits, il avait des croûtes de sang et des ecchymoses sur le visage, et ses traits étaient tirés. Nolan n’y comprenait plus rien.

« Je... J’ai l’impression de vous connaître... Votre nom, en tout cas. Savez-vous où sont Enoch et Edwin ? Je crains que mes enfants ne se soient égarés, et soient prisonniers dans cette structure. »

Enoch et Edwin ? Nolan cligna des yeux sous l’effet de la surprise.

« Oswald... »

Nolan peinait à parler, en raison de son asthme.

« J’ai fait exploser quelques pompes en les retirant de l’eau des égouts. Elle sert à les refroidir, vous comprenez ? J’espérais que ceci suffirait à stopper cette diablerie, mais cette mécanique est plus complexe que ce que je croyais. »

Hein ?! Mandus, sabotant les pompes ? Nolan n’y comprenait décidément plus rien, mais les hommes-porcs hurlèrent à nouveau.

« Il faut fuir, vite !! Ils me pourchassent ! Ils vous tueront aussi ! »

Mandus se mit alors à marcher, essayant de courir... Mais, comme il boitait, la tâche n’était pas aisée. Nolan, lui, pouvait entendre les échos des bruits de pas précipités des hommes-porcs. C’est ce qui, en définitive, l’incita à se relever, et à suivre Mandus.

Il n’allait pas rester sagement là à attendre la venue de ces cannibales monstrueux.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 16 juillet 2014, 08:10:41
Etait-ce réellement le temps de faire des suppositions quant à la finalité de cet endroit ? Pour la Lycane, le mieux à faire pour l’instant était bien de sortir de cet enfer avant qu’une troupe de monstres ne leur arrive dessus.  De plus, elle ne pouvait s’empêcher de se demander qui viendrait à créer une telle machinerie en guise de prélude à une invasion. Ces créatures bien qu’imposantes, dangereuses et meurtrières pouvaient dans ce cas, tout aussi bien se retourner contre leurs maîtres. Et si tel était le cas, qui alors ? Qui viendrait envahir nexus par de tels procédés ? Ashnard ? Ou bien Tekhos ? Il lui semblait pourtant que pour cette dernière, la cité surdéveloppé avait bien marqué le fait qu’elle était neutre, laissant l’empire Ashnardien et la capitale Nexusienne se quereller entres eux.

« Je ne sais pas, ça parait assez…. »

Mais fin soudaine de toute réflexion. Sentant la structure tremblait dangereusement, la Louve n’eut que le temps de croiser ses bras devant son visage pour protéger ce dernier. Un jet de vapeur blanche et brûlante la frappa de pleins fouets, brûlant sa peau, l’obligeant à reculer de quelques pas.  Un autre jet sorti tout proche du visage de la Terranide et siffla près de ses oreille. La proximité du bruit suraiguë et son audition plus fine eut pour effet de faire chanceler la lycane. Cette dernière perdit un instant son équilibre et dû se rattraper à l’un des murs, tandis qu’au même instant le monde semblait tourner rapidement autour d’elle.  Ce fut un troisième jet la brûlant une seconde fois aux bras qui lui permirent de reprendre plus rapidement conscience de l’endroit où elle se situait actuellement.

Méfiante plus que jamais envers les tuyaux, la Terranide se mis à regarder rapidement où pouvait bien se trouver Nolan actuellement. Sa première pensée fut de l’appelée mais la pensée qu’une autre personne était sans doute rentrée dans le complexe lui fit changer d’idées.  En cirant le nom de l’humain, elle risquait fort bien d’attirer l’attention sur eux. Certes, les hommes-porcs étaient déjà sur leur trace, mais rien n’obligeait à les attirer encore plus à soi. Ce fut cependant un autre type de cri qui attira son attention et sans réellement réfléchir, la lycane s’élança en direction de la source d’où provenaient deux voix parfaitement distinctes. Et l’une d’entre elle n’était autre que celle de Mandus lui-même.

« C’est quoi ce bordel ? »

L’étonnement était à son comble. Située en haut des marches des escaliers, la Terranide observa un instant Mandus incrédule, l’entendant même dire qu’il venait de saboter les pompes. Ces mêmes pompes qui avaient craché leurs mécontentements par le biais de jets de vapeurs brûlantes. A cette pensée, la Louve grimaça en bougeant légèrement son bras, sentant la brûlure lui tiraillait la peau et les muscles. Mais elle ne pouvait pas s’en plaindre bien longtemps et rester stoïque.  Elle descendit les escaliers quatre à quatre tandis que les deux hommes commençaient déjà à partir, fuyant des hommes-porcs qui semblaient venir dans leur direction. Et comble du bonheur, ou singularité des faits, étaient aussi à la poursuite de Mandus. Mandus que tout indiquait comme le créateur de ces aberrations. La Louve rejoignit rapidement les deux hommes, s’arrêtant l’espace d’un instant, son attention étant concentrée sur le bruit de la canne du propriétaire de l’abattoir.  Chaque mouvement, chaque pas était ponctué par le son caractéristique de cette canne frappant contre le sol et résonnant au sein du complexe. Trop de bruit, beaucoup trop. Emettant un grognement, la lycane accéléra  le pas et se mis devant Mandus, le forçant à s’arrêter.

« Je ne sais pas si c’est une déplaisante plaisanterie mais si on doit fuir, vous serez bien trop lent et bruyant. «  - elle tourna son regard vers Nolan – Désolé je ne pourrais porter que l’un d’entre vous. Je compte sur toi pour me prévenir s’il tente quelque chose dans mon dos… »

A ces mots, la Terranide revêtit son apparence animale, s’abaissant légèrement sur ses pattes pour permettre à Mandus de monter sur son dos et la chevaucher.  Une chance encore qu’elle était en mesure de le porter.  S’assurant que Mandus était bien accroché, la bête reprit sa marche, ayant laissé cependant le temps à Nolan de prendre une bouffée d’air pur grâce à son inhalateur.  Tout en marchant d’un pas rapide, la Louve était aux aguets. Mais les cris de porcs semblaient pour le moment se perdre dans les méandres de cette infernale machine :

« Il serait bon que vous nous expliquez tout Mandus….A  croire que vous êtes sujet à de la schizophrénie. »

Les pas de la bête cessèrent  subitement. L’animal tourna son museau vers Nolan  semblant réalisé quelque chose. D’un bref mouvement de tête elle lui indiqua l’habit qu’il portait, continuant :

« Tu as bien cette fameuse bouteille non ? Amnesia ? Ce pourrait-il qu’elle est un lien avec l’état de Mandus ? »

Tout était possible après tout. Et toute hypothèse était bonne à prendre.  Mais plus que tout, plus que de savoir ce qui se tramait réellement autours de Mandus, la Louve voulait en priorité sortir d’ici et au plus vite.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 17 juillet 2014, 01:37:14
CLAYTON SHAW

«  À mort ! À mort ! » hurlèrent-ils en s’avançant.

Leurs torches brûlaient dans la rue, alors que la meute devenait de plus en plus nombreuse, poussant des hurlements sauvages en brandissant leurs épées, leurs fourches, leurs bâtons, et leurs haches. Il y avait surtout des dockers et des ouvriers, s’avançant le long d’une grande rue pavée. Ils hurlaient, réveillant les riverains, qui s’approchaient à leurs fenêtres, observant ce qui se passe. Clayton était en tête, parmi d’autres dockers et des ouvriers, comme des personnes travaillant à l’abattoir. Ils renversaient les poubelles en s’avançant, arrachant les affiches publicitaires vantant les mérites de l’abattoir Mandus.

L’abattoir Mandus se rapprochait de plus en plus, et Clayton était résolu. Il ne faisait plus confiance à ce Nolan Tromeyn, ce noble venu des hauteurs, qui se dandinait dans ses beaux vêtements, avec son air suffisant, sans rien comprendre aux horreurs véritables qui se déroulaient ici bas. Il allait régler ça à l’ancienne : par le feu. Il était toujours ami avec les dockers, et ces derniers avaient ramené d’un entrepôt toute une cargaison de brai. C’était du brai de houille, qui venait de profonds marécages, et était acheminé par des chariots à Nexus, pour être vendu. Les principaux clients étaient des seigneurs et des châtelains, ainsi que la Couronne. Le brai était utilisé pour les fosses empoissées, car c’était un élément hautement inflammable, solide à température ordinaire. Les stocks avaient été enfermés dans de solides pots, afin de ne pas en respirer les redoutables inhalations, et ils étaient contenus dans un chariot qu’on avançait.

Shaw n’était pas le genre d’hommes à se laisser faire. Il allait détruire cet abattoir. Peu importe quelles étaient les saloperies vivant là-dessous, il ne comptait pas attendre sagement qu’ils viennent l’enlever, comme ils avaient déjà pu le faire avec bien d’autres habitants. Se terrer dans son coin n’était pas la manière avec laquelle il appréhendait des menaces. Il était un battant, pas un comploteur vicieux à la Tromeyn. Mandus était un cinglé, et il allait régler ça à l’ancienne.

En purifiant tout par le feu.

La procession se rapprochait rapidement de l’abattoir, en longeant les murs. Shaw voulait agir rapidement, avant que la Milice urbaine ne vienne leur mettre des bâtons dans les roues. Shaw en terminerait ce soir. Il se l’était juré.



OSWALD MANDUS

« Tu me déçois beaucoup, Oswald, lui avait-il dit. Tu es en train de détruire ce à quoi nous avons tant contribué, le fruit de millénaires et de millénaires de croyances et de sacrifices. Si seulement tu prenais le temps d’y réfléchir, tu comprendrais quelle erreur tu es en train de commettre. »

Il ne l’écoutait pas. Le Professeur essayait de le dissuader de ne pas le faire, mais Oswald savait ce qu’il fallait faire. Il l’avait su dès qu’il s’était réveillé, hagard, dans son lit. Plus aucun souvenir, plus rien, si ce n’est son nom, visible sur la manchette d’un journal, et le souvenir persistant que ses fils allaient mal. Oui, ses enfants... Il les avait entendus jouer en haut, dans le grenier, et il les avait suivis...  Mais, plus il les suivait, et plus il avait conscience qu’ils allaient mal, comme s’ils avaient été enlevés. À force de jouer à cache-cache, ils s’étaient perdus dans des souterrains que Mandus avait suivi, jusqu’à rejoindre un abattoir. Son abattoir. Il avait erré dans les entrepôts et les locaux déserts, sortant de l’abattoir pour errer dans quelques rues, avant de se retrouver dans l’église. Il avait eu un souvenir en traversant le cloître menant à cette dernière.

C’est là qu’il les avait baptisés. L’église était vide. Aucune trace de paroissiens, mais les cierges étaient allumés. Il était tombé à genoux devant l’autel, en voyant une hérésie : un cadavre de porc crucifié sur la Croix du Christ.

(http://nsa34.casimages.com/img/2014/07/17/mini_14071712474463337.jpg) (http://nsa34.casimages.com/img/2014/07/17/14071712474463337.jpg)

C’est depuis l’église qu’il avait rejoint la Machine. Il y avait un passage secret, une entrée dans la crypte, et c’est là qu’il avait peu à peu compris ce qui se tramait. Il avait été dupé par un associé, par le Professeur, afin de protéger une monstruosité, une aberration sans nom. Comment avait-il pu prendre part à ça ?! Les souvenirs revenaient... L’abattoir, la misère dans la ville... Il était revenu de ses safaris pour constater que la misère sociale, cette souffrance qu’il voyait dans des régions sauvages et autochtones, avait déferlé chez lui, à deux pas de sa porte, dans l’indifférence totale des puissants, qui se prélassaient dans des fêtes somptueuses et des banquets fastes. Il avait vu les épidémies de choléra ravager certains quartiers des bas-fonds, et avait mis sa fortune à l’œuvre d’un édifice qui permettrait de soigner ces malheureux, en leur offrant du travail, en leur permettant de s’insérer dans ce modèle sociétal qu’il avait appris à admirer à force d’en voir les balbutiements à l’étranger.

Oswald s’était inspiré de travaux tekhans pour améliorer les porcs. Des implants génétiques, mais il n’aurait jamais pu soupçonner que le Professeur se déciderait à les employer sur des êtres vivants ! Mon Dieu, c’était... Il n’y avait pas de mots pour décrire les abominations qui avaient été faites ici ! Il revoyait en images diffuses les prisonniers en train d’agoniser, et ses hurlements. Quand il avait su tout ça, il avait voulu tout arrêter... Mais comment arrêter cette construction ? Elle s’enfonçait très profondément dans le sol, et les pensées de Mandus étaient encore très confuses sur ce qu’il avait fait. Il y avait encore des blancs qu’il ne s’expliquait pas, et il suivait son instinct, qui lui disait où aller.

Pour fonctionner, la Machine utilisait l’eau des égouts pour se rafraîchir. Elle consommait énormément de chaleur, et il y avait énormément de pression. L’eau des égouts avait permis de concevoir la Machine, à l’aide d’un système qui avait permis de dériver l’eau des égouts à un endroit précis, dans les pompes. Il venait de saboter ces dernières, en fermant les trappes permettant à l’eau de rentrer. La pression explosait partout, mais ce n’était pas suffisant pour arrêter la Machine. Elle avait été trop bien construite, avec trop de sécurité.

Sa canne le ralentissait, et il avait déjà failli mourir à plusieurs reprises à cause de ça, notamment dans l’abattoir. L’un de ces monstres errait là-dedans, et il l’avait prudemment esquivé, le cœur sur le point d’exploser. Maintenant, il courait aussi vite qu’il le pouvait, quand les deux mystérieuses personnes l’interpellèrent... Surtout la Terranide. Était-ce l’esclave de Tromeyn ? Elle se dressa devant lui, et se mit à prononcer quelque chose d’incompréhensible.

« Une plaisanterie ? Mais... »

Avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, il vit la femme prendre la forme d’une énorme louve, et écarquilla les yeux de stupeur. Oswald n’eut cependant pas le temps d’en savoir plus. Les hommes-porcs se rapprochaient, et il grimpa sur cette dernière, s’élançant le long des couloirs. La pression continuait à exploser, mais ils avait que ce ne serait pas assez. Il avait affaibli la Machine, mais il ne pourrait pas stopper le Professeur. Grâce à l’aide de la Terranide-louve, il parvint en tout cas à semer les hommes-porcs... À moins que ces derniers n’aient lâché la traque.

Ils se retrouvèrent dans un couloir sombre, et Nolan, épuisé, s’appuya contre un mur, en sueur, tandis que la louve se mit à lui parler. Sous sa forme animale, ses mots ressemblaient à des grognements, mais il en comprenait le sens.

« Schizophrène ?! s’exclama-t-il. Je ne comprends strictement rien...
 -  Pas de ça, Mandus... Ces hommes-porcs erraient chez vous, ceci est votre... Votre création !
 -  Non ! s’exclama-t-il. Pour l’amour de Dieu, pourquoi aurais-je conçu une telle chose ?!
 -  Parce que... Parce que nous sommes sous votre... Sous votre putain d’abattoir ?!
 -  Ça n’a rien à voir ! J’ignorais ce qui se passait là-dessous ! »

Tromeyn le regardait d’un air soupçonneux, et, conformément à ce que la femme avait demandé, il brandit sous son nez un flacon... Une bouteille avec une mention dessus. « AMNESIA ».

« C’est... C’est quoi ?! s’étonna Oswald.
 -  À vous de nous le dire, nous l’avons trouvé dans votre chambre. »

Oswald ne dit rien, fixant la bouteille. Il tremblait nerveusement, et tourna à droite et à gauche, avant de poser la main sur son front, réfléchissant intensivement.

« Je... Tout est confus dans ma tête... Écoutez, ce que j’ai fait est illégal, mais... C’était pour l’intérêt commun.
 -  Faire des expériences génétiques sur des cobayes humains ? Les transformer... En monstres ? le railla Nolan.
 -  Non, non...
 -  C’est ça, votre définition de l’intérêt général, Mandus ?
 -  J’ai chargé un associé de réaliser des expériences, oui, mais sûrement pas sur des humains ! Grands Dieux, pour qui me prenez-vous ?! Il... Il devait faire des expériences sur des porcs, afin... Afin de les améliorer, en suivant des formules tekhans. Je ne pouvais pas l’avouer publiquement, car... Et bien, vous le savez... Tekhos désapprouve fortement toute utilisation non approuvée de sa technologie hors de ses frontières. Je ne voulais pas d’un scandale politique qui aurait été un prétexte parfait pour fermer mon abattoir. J’avais... J’avais investi bien trop d’argent et d’espoir, mais... Il y avait tellement de demandes, tellement de gens affamés. J’en fournissais dans les cantines, dans les dispensaires, les hôpitaux, mais la demande augmentait toujours. Vous êtes un marchand, Tromeyn, vous devez bien comprendre ça ! J’ai fait appel à quelqu’un... Je lui ai dit de tester les formules pour améliorer la reproduction des porcs, pour qu’ils soient plus gros, pour qu’il y ait... Plus de viande... Je... Je n’aurais jamais pu me douter que... Qu’il irait jusqu’à... Jusqu’à... »

Sa voix se brisa, comme si Mandus était sous le choc.

« Qui... Qui est votre associé, Mandus ? Qui ?!
 -  Je... Je ne me rappelle pas de son nom. C’est... Le Professeur. On le surnomme ainsi.
 -  Le Professeur ?! Mais... C’est impossible ! »

Mandus releva la tête, en clignant des yeux.

« Vous le connaissez ?!
 -  C’est un universitaire ! Il faisait partie du Centaur Club ! Nous l’avions chargé de se rapprocher de vous, afin de savoir si vous aviez besoin de notre aide...
 -  ...Ou trouver un moyen de profiter de ma dépression pour me voler. »

Mandus secoua la tête, et observa alors un peu mieux la Terranide.

« Vous... Je me souviens de vous avoir vu... Shad ? Vous êtes l’envoyée de la Reine, non ? Est-ce que la Couronne compte venir ? Il faut raser cette place afin que...
 -  Assez, Mandus ! J’en ai assez de vos salades ! »

Nolan le fusillait du regard.

« Vous préparez une invasion ! Cette structure n’est qu’un avant-poste militaire en vue d’envahir Nexus ! »

Oswald ne dit rien... Non pas parce qu’il trouvait l’idée absurde, mais parce que cette accusation lui rappelait des souvenirs... Le mur se mit alors à trembler derrière Nolan. Ce dernier continuait à parler, de plus en plus fort, et, dans l’obscurité, des mains se rapprochèrent. Le temps qu’Oswald puisse agir, il était trop tard. Une énorme main attrapa Nolan au visage, et le renversa sur le sol, tandis qu’une gueule difforme s’enfonça dans le cou de Nolan.

« HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !! NNOOOOOOOOOOOOOOOOOONNN !! »

Le sang fusa, et le monstre se redressa alors, de toute sa hauteur. Mesurant bien deux mètres de haut (http://img108.xooimage.com/files/6/3/5/grunt_final-46b66f0.jpg), une créature grisâtre, semblant sortie d’un cauchemar, se dressa face à eux, tendant ses interminables doigts vers eux.

Ses intentions ne faisaient pas l’ombre d’un doute.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le vendredi 18 juillet 2014, 18:00:41

Il était toujours quelque peu ennuyeux d’être pris au  cœur d’une conversation où on ne possédait pas tous les aboutissements pour comprendre parfaitement cette dernière. Outre les accusations lancées par la Louve, cette dernière devait à présent écouter attentivement le discours émit par les deux hommes et surtout tenter de le comprendre.  Comparé aux deux humains, elle n’avait aucune connaissance de ce fameux professeur et ne connaissait le Centaur Club que par l’intermédiaire de descriptions qu’on lui avait cédé ces derniers jours.  Soufflant par les naseaux, l’animal continuait sa marche, gardant pour le moment le silence, laissant les deux hommes se quereller.

Tout ce qu’elle put également noter était bel et bien le fait que Mandus semblait être aussi perdu qu’eux. Que lui-même propriétaire de cet endroit ne semblait aucunement savoir ce qui se déroulait ici. Néanmoins, il n’était pas exempt de  toutes fautes. C’est lui qui avait commencé à faire des recherches sur les porcs, c’était donc à partir de cette pensée pour le bien du peuple, pour procurer plus de nourritures, que ces montres avaient vu le jour. Mais à présent, ce n’était plus les porcs qui étaient la principale source mais des êtres humains. A cette pensée, la Louve ne put s’empêcher de se demander si les hommes porcs étaient à la  base des porcins, des humains ou un mélange des deux. Une horrible fusion créant ces monstres.

Puis, elle s’arrêta l’espace de quelques secondes, observant Oswald Mandus s’apprêtant à répondre à son interrogation avant d’être soudainement coupée par Nolan. Il criait, hurlait, maudissait presque Mandus. Mais pouvait-elle le blâmer ? Même elle n’avait encore guère confiance en lui. Pourtant, quelque chose lui disait que cet humain devait sortir sain et sauf de ce cauchemar.  Soudainement, elle eut un mouvement de recul, ses poils s’hérissant et ses crocs se faisant plus apparents. Une menace était proche ! Elle en était sûre mais n’arrivait pas à en définir la source. Maudit endroit !

Tout se passa relativement vite. Le monstre gris et difforme fut à peine aperçu que déjà Nolan Tromeyn était à terre, des dents plantées dans son cou, le sang giclant. La Louve en reçu une bonne quantité sur son pelage et son attention se posa sur la créature. Ce monstre n’avait absolument rien à voir avec les hommes-porcs. Etait-ce le monstre des égouts ou encore une autre engeance ? Dans tous les cas, elle n’allait nullement perdre son temps à le lui demander.  Pour l’heure, l’Okami devait prendre une rapide décision Combattre ou fuir ? La deuxième solution semblait la meilleure. Portant Mandus sur son dos, ce dernier aurait tôt fait de se faire attraper et broyer au simple faux mouvement. De plus, ses pattes antérieures, anciennement ses bras lui faisaient souffrir le martyr. Une douleur avec laquelle elle devrait s’accoutumer.
La bête chargea et au même instant, la lycane fit apparaître une boule de feu par magie, l’envoyant sur le monstre pour le blesser au mieux et l’aveugler.  Cependant, la Louve ne perdit pas de temps à attendre pour savoir si son coup avait porté ses fruits. Elle se campa sur ses pattes et fonça, droit vers le monstre, passant proche de lui pour se faufiler par le couloir où ce dernier était passé.

« Accroches-toi ! » Avait-elle crié à l’attention de Mandus.

Sa course résonnait le long de ce nouveau corridor et l’animal n’avait pas la moindre idée où elle se rendait. Se dirigeait-elle vers une quelconque sortie ou vers une mort certaine ? Derrière elle, en tout cas, c’était la mort qui était à ses trousses. Le monstre difforme s’était élancé et  à chaque seconde qui passait, l’Okami avait l’amère impression de sentir ses longs doigts se refermaient sur elle.

« Pu…putain de l’aide quoi…une sortie…quelque chose ! » supplia t’elle, grondant entre ses crocs tandis qu’elle forçait son pas de course. Mandus allait certainement avoir mal au bassin et à la jambe mais c’était toujours mieux que d’être enterré six pieds sous terre.

Soudainement, une lueur rougeâtre apparue au niveau du collier de la Louve. A l’emplacement même où se trouve le médaillon d’Elise sous sa forme bipède. Comme une réponse à sa supplique, l’artéfact avait réagi et au même instant, les fils de soie d’innombrables araignées, auparavant invisible semblaient briller d’une vive couleur cramoisie.  Ces derniers filaient à travers le dédale vers un chemin bien précis. Shad ne chercha pas à comprendre plus longtemps ou à chercher une raison à ce phénomène, se préoccupant de suivre ce nouveau fil d’Ariane.

La Louve fut menée tout droit vers un mur. Croyant d’abord à une blague, sa première pensée fut de faire marche arrière avant de se raviser. Le monstre n’était pas loin et leur bloquerait sans doute le passage. Frénétiquement, elle se mi t à inspecter le mur, trouvant une dalle légèrement plus rouge. Sans réfléchir, elle appuya dessus à l’aide de son museau à défaut de main, ouvrant un passage secret. L’animal glissa dans cette nouvelle cache qui se referma rapidement derrière eux. Une fois à l’intérieur, l’Okami haletait, reprenant son souffle, sentant  sur elle plusieurs pattes l’effleuraient. Mieux valait ne pas être aracnophobe pour l’heure.

« Je…je n’ai pas été envoyé par la Couronne Mandus, c’était Nolan qui m’avait convoquée mais…ce n’est pas le plus important. Co…comment on sort de cet enfer bon-sang ? «
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le samedi 19 juillet 2014, 21:27:20
Ce monstre semblait être issu d’un sinistre cauchemar, un cauchemar terrifiant, pensé par un esprit malade. Était-ce un humain ? Un monstre ? Il n’y avait aucun mot suffisamment fort pour décrire cette créature. La lampe à huile l’éclaira vivement, et le monstre se rapprocha.

« Grrrruuuuuuuuuuuuuuuu !! » s’exclamait ce dernier.

Une voix profonde et caverneuse, s’échappant de sa bouche difforme et gargantuesque. Sa main se tendit vers Mandus, et effleura sa manche. Dans un hurlement de douleur, l’homme en lâcha sa lampe, qui se brisa sur le sol, et recula. Le Grunt (Mandus ne voyait pas comment l’appeler autrement) s’avança alors, le dominant de toute sa hauteur. Oswald ne pouvait pas le savoir, car il n’y avait pas assisté, mais il s’agissait là de l’un des monstres décrits par Clayton Shaw. Dominant Mandus de toute sa hauteur, le Grunt leva ses lourdes pattes vers lui... Quand une boule de feu jaillit à côté d’Oswald, manquant lui brûler les cheveux. La boule de feu heurta le torse du Grunt, le repoussant. Sa peau aurait du brûler, mais les flammes se contentèrent de rebondir contre sa peau, laissant quelques vaines traces noircies sur les bandages épais qui recouvraient la peau grisâtre et pâle de ce monstre.

*Mon Dieu, mon Dieu, c’est un vrai cauchemar !*

Le Grunt allait l’attaquer, quand Shad jaillit, et l’empoigna. Il se retrouva à nouveau sur elle, et pensa juste à glisser sa canne sous son bras, avant de se tenir à elle. Il avait perdu sa lampe à huile, et suivit la femme, se cramponnant à ses poils. La Louve filait à toute allure le long des couloirs. Ce monstre avait massacré si facilement Nolan... Malgré sa panique, Oswald se rappela de son attaque subite. Ses crocs avaient arraché la moitié du cou de Nolan, et son sang avait taché sa veste. C’était un cauchemar, et il se sentait proche de la rupture nerveuse. Dire que ses enfants étaient piégés là-dedans... Depuis combien de temps erraient-ils dans cette sinistre Machine ? Depuis combien de temps tremblaient-ils en espérant que leur père vienne les sauver ? Ce dernier ne pouvait pas mourir maintenant... Pas avant de les avoir retrouvés. Shad filait le long des couloirs, et, malgré sa vitesse, le Grunt parvenait à les suivre.

Malgré ses jambes craquelées et fissurées, le monstre s’avançait rapidement, poussant ses grognements profonds et terrifiants. Oswald voyait la masse s’avancer quand il tournait la tête. Sa longue gueule béante, éclatée en deux, pendouillait de manière misérable, ses dents ensanglantés saillant devant lui. Oswald ne vit pas les toiles d’araignée. Seule Shad, avec son artefact, pouvait les voir, et les sentir. Il se contentait de se cramponner à elle, indécis, jusqu’à atteindre une impasse. Un mur en béton se tenait devant eux, et le Grunt se rapprochait. Impossible de faire demi-tour. Oswald chercha autour de lui. Il savait que cette Machine recélait de trappes et de passages secrets, qui lui avaient déjà sauvé la vie plus tôt dans son exploration des lieux.

Ce fut Shad qui trouva le passage en question, appuyant avec son museau sur un discret interrupteur. Une partie du mur s’écarta alors, et le duo fila. Le Grunt heurta le mur refermé, et tapa rageusement contre la paroi, mais sans pouvoir la briser. Oswald, soulagé, délaissa le dos de la Terranide, et s’appuya contre le mur. Son cœur bondissait dans sa poitrine, mais, lorsqu’il sentit de petites pattes remuer le long de ses épaules, il s’écarta du mur. Il y avait une multitude d’araignées, et il n’avait plus sa lampe à huile pour s’éclairer. Shad demanda alors comment sortir d’ici. Oswald, en sueur, s’épongea le front d’un revers de sa manche, avant de lui répondre.

« Il faut détruire la Machine... C’est le seul moyen. Nolan n’avait pas tort. J’ignore ce qui se passe là-dedans, mais je sens que de graves évènements se préparent. La Machine est prête... Prête à faire quelque chose. »

Une invasion ? Nolan n’avait peut-être pas tort... Nexus avait bon nombre d’ennemis, et il était tout à fait possible que le Professeur soit un agent secret, envoyé par une quelconque puissance ennemie, pour construire la Machine, et assiéger Nexus de l’intérieur. Ce serait typique des Ashnardiens, voire d’Herzeleid. Est-ce que tout ça était politique ? Oswald ne savait plus quoi en penser... Il n’y avait pas que ça, il y avait aussi les visions qu’il avait... Comme pour les pompes, tantôt. Il avait instinctivement su leur point faible, il avait instinctivement su qu’il fallait fermer des trappes pour les détruire. Il avait des visions... Est-ce qu’elles étaient liées à cette bouteille que Nolan lui avait montré ?

Oswald chercha dans ses poches, et finit par sortir un briquet. Il dut s’y reprendre à plusieurs fois, jusqu’à l’allumer. Un faible éclairage, presque inexistant, lui permit de voir, sur un mur, une grosse araignée noire, qui s’écarta rapidement.

« La Couronne ne viendra pas, hein ? Ou trop tard... J’ai saboté les pompes, mais ce n’est pas suffisant pour détruire la Machine. Il faut aller jusqu’au cœur, là où se trouve son réacteur. Ce n’est qu’en le sabotant que la Machine sera détruite. Je croyais que désactiver les pompes permettrait de surchauffer le réacteur... Mais il doit probablement y avoir d’autres pompes. »

Malheureusement, Oswald ne savait pas où les trouver. Il faudrait retourner dans les égouts, et il n’avait pas spécialement envie de le faire. Il s’avança tout droit, dans un conduit étroit, exigüe. Il ne fallait pas être claustrophobe, et la flamme vacillante du briquet ne permettait pas de voir grand-chose, si ce n’est les araignées qui s’écartaient.

« Iil y a probablement une sortie... »

Il quitta le petit corridor, arrivant dans un tunnel plus espacé, avec des pompes et des tuyaux filant devant eux. Oswald suivit le tunnel, espérant qu’ils s’enfonçaient vers le Cœur de la Machine.

En réalité, leur chemin menait vers la zone des cellules.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 23 juillet 2014, 00:33:10
Et un nouveau tunnel un ! La lycane avait l’impression de ne marcher que dans ce type de corridor depuis des heures. Le précédent avait été fort étroit mais par chance relativement petit. Et maintenant, Oswald et elle-même suivait un nouveau fil d’ariane composé de tuyaux partant tous vers un point de ralliement. La Terranide n’avait pas réellement parlé pendant que Mandus répondait à ses précédentes questions, elle était restée songeuse, laissant même une des araignées noire se poser sur son épaule pour descendre jusqu’au sol en passant par son dos et ses jambes. Fut une époque où elle aurait crié mais plus maintenant. Surtout que c’était grâce à ces bestioles à huit pattes qu’elle avait pu trouver cette cache et les sauver du grunt, Mandus et elle-même

« Détruire la machine hein ? J’ai tendance à dire que si on arriverait à sortir d’ici vivant pour prévenir la  Couronne de toutes les horreurs qui s’y trame, ce serait déjà un exploit ».

Saboter cet engin du malin ou d’abord penser à sa propre survie ? Pour la Louve, le choix était vite fait. D’abord penser à sortir de cet enfer et après penser à détruire le cœur de la Machine. Bien évidemment si les deux solutions se trouvaient être possibles au même moment, autant faire une pierre de coups. Mais sur ce point de vue-là, la Louve était peu confiante. De plus, cette machinerie regorgeait de monstres prêt à vous étriper. Karl et Nolan en avait déjà fait les frais, d’une manière sanglante qui plus est. En repensant à ces tueries, Shad se mis à avoir un frisson, levant un instant son regard pour observer les épais tuyaux fuyant vers l’inconnu :

« Je me demande même si…s’approcher du cœur de la Machine ne reviendrait pas à s’approcher encore plus de ces….Monstres. »

C’était presque pour la lycane évident. Plus ils s’approcheraient du réacteur principal, plus ce dernier risquait d’être sauvagement gardés par une horde d’abominations.  Si seulement Shaw leur avait mieux expliquer comment il s’était enfuit !  Shad se remémora qu’il était passé par les égouts, dans ce cas, comment avait-il fait pour échapper à ce monstre invisible et impitoyable ? Elle regrettait de plus en plus d’avoir rencontré ce bourgeois, Nolan Tromeyn. Et maintenant, elle se demandait si elle arriverait à sortir de ce lieu maudit avec Mandus.

« Hé…c’était quoi ça ? »

Un râle, une clameur. Elle était sûre de l’avoir parfaitement entendue et cela semblait provenir du fond du corridor. Y aller ou ne pas y aller ? A vrai dire, peu de possibilité s’offrait au duo et plus leurs pas les guidaient vers la fin de ce couloir, plus les râles d’agonies se faisaient entendre. Quand enfin, ils furent  mis face à l’horreur, la Terranide ne sut que dire, restant médusée par ce qu’elle pouvait voir en cet instant. Des dizaines, peut-être même des centaines de cellules étaient là, alignées devant eux ! Et dans ces cellules, des humains en grande partie, attachés à des espèces de tables desquelles on leur enfonçait des seringues dans le dos. En voyant ces scènes immondes, la Louve repensa au cadavre retrouvait dans les égouts. Un autre mystère éclaircit.

Et dire que le trousseau de clefs était détenu par Karl ! La lycane osa s’approcher d’une des cellules, s’en reculant par la suite, faisant un simple signe de négation de la tête.

« Celui-ci est mort…On peut essayer d’en trouver quelques-uns et les aider mais… »

Un autre cri cette fois. Plus rauque, plus animal. Maudit homme-porc.  La Lycane jura pour elle-même,  faisant signe à Mandus de la suivre. Ses oreilles ne cessaient de pivoter dans tous les sens pour réussir à capter le moindre son provenant de ces monstres et surtout, de savoir par quel côté ils pourraient bien débarquer.  Elle courba l’échine, tentant de se faire plus petite pour passer inaperçue, gardant toujours un œil sur Mandus. Cet homme, qu’il soit responsable de ce désastre ou non devait sortir vivant d’ici. Par chance pour la Louve, les râles d’agonies de certains cobayes masquaient les bruits de sa progression. Mais sa chance était leur malchance.

Ses pas se stoppèrent soudaient face à une cellule. La Terranide cligna des yeux croyant que son esprit lui jouer des tours. Pourtant, malgré toutes les horreurs qu’elle avait vu, il était encore parfaitement lucide. La captive à l’intérieur releva difficilement la tête, semblant la reconnaître également à ses yeux qui s’écarquillaient de surprise. Mouvement rapidement de poignée et une lame fut sortie. Cette dernière trancha la serrure de la cellule et la Louve s’y engouffra malgré les protestations de Mandus. Sans attendre une autre seconde, elle délivra la captive de son supplice. Elle était pâle comme un mort, les lèvres bleutées, le corps frêle. Il ne lui restait plus très longtemps à vivre. Son sang recueilli partait à travers de longs tuyaux au plafond.

« Je…c’est….il…il ….c’est lui qui a…. »

Sa voix était hachée, rauque. Parler semblait être un exploit pour la vieille.  La lycane sentait qu’un élément important aller être dévoilé et insista pour qu’Agatha Christie finisse sa phrase, qu’elle dévoile ce qu’elle avait vu.

« Qui ? Qui est derrière tout ça ? »

Elle toussa, cracha du sang, ses yeux se révulsèrent. Non non ! La Louve voulait savoir ! Elle devait savoir ! Peut-être même que cette révélation aiderait Mandus à retrouver sa mémoire ! Elle secoua la dame de façon à la faire revenir à elle-même, insistant à nouveau.

« Qui a fait ça ?! »

Le regard de la vieille croisa celui de la Terranide, un moment de silence s’imposa. Au loin, la Louve pouvait entendre les grognements des hommes-porcs mais elle ne voulait pas quitter cette cellule maintenant, pas si proche d’avoir une information capitale. Un dernier soupir fut expiré avec en son sein un nom.

« Père Lamb »

Agatha Christie n’était maintenant plus qu’un corps sans âme dans les bras de l’Okami. Cette dernière la déposa sur le sol, avant de se tourner vers Mandus, attendant la moindre réaction de sa part. Etait*-il au courant que cet homme d’Eglise faisait partie du projet de la Machine ?

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 27 juillet 2014, 02:33:56
Sortir sans détruire la Machine… C’était impossible, pour Mandus, mais il comprenait la peur de cette Terranide. En son sein, un monstre impitoyable et inhumain avait été construit, une bête artificielle aux poumons de sang, et qui avait un cœur de braise. N’importe quelle personne de censée aurait voulu partir d’ici, mais Oswald n’était pas comme eux. Il avait une grosse responsabilité dans la création de cette abomination, et les propos de Nolan ne cessaient de lui revenir en tête. Une invasion… Peut-être qu’involontairement, Nolan avait vu juste, car cette idée d’invasion trottait dans l’esprit d’Oswald. Elle renvoyait à de curieux et lointains échos. L’homme ne disait rien, et suivait la Terranide dans les couloirs de la zone pénitentiaire.

Il y avait des portes lourdes, à gauche comme à droite, donnant dans des cellules hermétiques. Mandus les observait sans rien dire, l’esprit hagard, légèrement perdu. Sa tête tourbillonnait, ses idées étaient confuses, le passé refaisant surface de manière disparate et éclatée. Shad finit par se rapprocher d’une vieille dame, rentrant dans une cellule. La porte n’était pas fermée, et Oswald la suivit, sans rien dire. Il fut médusé devant le spectacle qui s’offrait à ses yeux. Une femme était retenue par des liens, une vieille femme au corps rabougrie, avec des seringues qui se plantaient dans son dos. Elles étaient retirées, mais la femme était en train de mourir. Oswald ne la reconnut pas, mais la Terranide, elle, semblait l’avoir déjà vu. La femme puisa dans ses ultimes ressources pour parvenir, dans un soupir douloureux, à donner le nom de quelqu’un.

Le Père Lamb. Ce nom évoqua dans l’esprit de Mandus plusieurs souvenirs, ceux d’une église, d’un baptême... Et le sentiment âcre et très douloureux de la mort. Oswald soupira lentement, en sentant des spasmes nerveux traverser sa main. Il serra cette dernière.

« Lamb... Ce nom... Il me dit quelque chose. Il m’a aidé à obtenir des ouvriers, à les héberger et à les nourrir. Et... C’est lui qui a baptisé mes enfants. »

Était-il possible que le père Lamb soit de connivence dans ce projet sinistre ? Un homme de Dieu... Ceci semblait à peine croyable ! Il était impensable que Lamb soit derrière tout ça, qu’il soit le Professeur. Non, il s’agissait probablement d’un autre complice... Et encore, c’était à supposer que cette femme disait la vérité. Vu son état de profonde souffrance, elle pouvait tout à fait délirer, et avoir appelé un prêtre pour soulager son tourment. L’odeur de son corps était horrible, insoutenable, une odeur de pourriture et de putréfaction. Les seringues retournèrent s’enfoncer, imperturbables, mais la femme ne réagissait plus. Elle était morte.

Oswald rebroussa chemin, marchant lentement à reculons, jusqu’à sortir de la cellule, retournant dans le couloir. Son cœur s’affolait dans sa poitrine, et il s’épongea le front.

« Mon Dieu... Il est temps de détruire cette aberration... Je comprends que tu souhaites partir, Shad, mais je ne peux plus attendre plus longtemps... »

Oswald s’interrompit alors en entendant un profond râle. Il tourna rapidement la tête en se redressant, et fronça les sourcils. Il dut patienter quelques secondes, avant que le râle ne se répète à nouveau, portant des sons lointains, éteints :

« Au... ‘Cours... »

Un autre prisonnier ! Oswald se dépêcha, et tenta d’ouvrir toutes les portes, jusqu’à ce que l’une d’entre elles cède, donnant sur une pièce similaire à celle où se trouvait la malheureuse personne âgée. Un homme était attaché, plus jeune que la femme, torse nu, et porta un regard affaibli vers Oswald. Il était en sueur, le corps sale... Oswald ne le reconnaîtrait sans doute pas, mais, pour Shad, ce serait différent. Cet homme, en effet, était le lointain avocat qui était venu l’aider, la première fois qu’elle avait vu les hommes-porcs. C’était Jacques de Mallenbraix (http://lorandesore.deviantart.com/art/Werewolf-362035515), mais il n’avait plus rien d’élégant.

Ses cheveux étaient en sueur, collés à son visage.

« Mon Dieu... »

Les seringues étaient repliées en arrière, mais, tôt ou tard, elles reviendraient dans son corps. Oswald regarda autour de lui, cherchant un moyen de stopper cette machine infernale.

« On va vous sortir de là, Monsieur... »

Il se rapprocha de la machine. Les seringues étaient activées par un système de pompes et de pression, avec des câbles permettant de les pousser. Oswald entendit soudain de la pression s’échapper des pompes, et comprit que les seringues allaient revenir. Le dos de ce pauvre homme était un cratère de pointes enfoncées dans son corps. Oswald se dépêcha d’attraper les tuyaux d’alimentation de la machine, et tira sur eux. De la fumée jaillit. Elle était brûlante, et Oswald poussa un cri en se recevant le jet de vapeur en pleine figure. Il en tomba sur le sol, toussant à plusieurs reprises.

Pour le libérer, il fallait trancher les liens qui le retenaient, ce qu’une Okami pourrait sans aucun doute faire sans problème.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 27 juillet 2014, 21:53:36
Le père Lamb était-il réellement complice de tout ceci ? Pourtant, Adamante et elle s’était réfugiées sans son église. S’il était réellement de mèche avec ce Professeur ou s’il était cette même personne, pourquoi les aurait-il aidées dans ce cas ? La réponse était claire comme de l’eau de roche. Pour retirer toute suspicion. Très peu de personnes irait jusqu’à pointer du doigt un homme d’église, à l’accusé de meurtres. Encore plus quand ce dernier ouvrait la maison du Seigneur aux habitants des bas-fonds pour les recueillir. Et pourtant, il arrivait des fois que les apparences étaient trompeuses.  Dans tous les cas, Mandus le connaissait également et pour divers motifs. Pour l’heure, la Louve ne saurait également dire s’il savait réellement tout ce que cet homme manigancé, toutes les horreurs qu’il avait perpétré.

« Nous tirerons cette affaire au clair Mandus… »

Elle le vit reculer, doucement.  A son tour, elle délaissa le corps de la vieille femme, ne pouvant s’empêcher d’afficher une mine de dégoût en voyant les seringues revenir lui pomper jusqu’à la dernière goutte de sang.  A cette vision, elle comprenait encore plus l’importance de réduire en miette la Machine, de l’arrêter à tout prix. Ils pouvaient le faire, mais en étaient-ils simplement capables ? Dans tous les cas, la Terranide comprenait le fait qu’Oswald souhaite détruire le cœur avant de sortir de ce lieu. Et pouvait-elle le blâmer pour cela ? Non, bien sûr que non.  Cependant, quand elle voulut lui répondre, lui dire qu’elle le suivrait pour mettre fin à cette horreur, un nouvel évènement lui empêcha de commençait sa phrase.

Un nouveau râle. Un appel au secours même. Faible mais bien présent. La Louve tendit les oreilles, cherchant la source, suivant Mandus dans ses recherches hâtives. Ces dernières portèrent leur fruit puisqu’ils tombèrent pile sur la cellule de celui qui appeler à l’aide. Au premier regard, la lycane ne reconnut de suite le prisonnier avant de s’en rappeler la seconde suivante.  L’homme faisant office d’espion de la Couronne et jouant le rôle d’un avocat n’était plus que l’ombre de lui-même en cet instant.  Tout comme Agatha Christie, Jacques de Mallenbraix était fort mal en point. Et pour cause ! Ces satanées seringues qui ne cessaient de s’enfoncer dans sa chair, ponctionnant ses fluides vitaux.

Mais pour l’heure, les seringues étaient à l’arrêt, laissant un court répit au malheureux.  Ce but bien avant qu’elle ne soit remise en action. Le propriétaire de l’abattoir essaya en vain de stopper l’infernale progression des seringues, se prenant en pleine figure un jet de vapeur chaude, l’envoyant à terre. De son côté, la Louve ne pouvait rester stoïque à ne rien faire. Elle ne pouvait laisser ces seringues s’enfoncer une nouvelle fois dans le corps de cet homme. Mais pour cela, elle devait les empêcher de progresser. Mandus avait tenté  de tirer sur les tuyaux de la machine pour l’arrêter et avait échoppé d’un jet de vapeur. Comment faire donc pour  arracher ces tuyaux sans être brûlée ?

Pourtant, la Louve ne pouvait passer son temps à réfléchir, les seringues n’étaient plus qu’à quelques centimètres de l’épiderme de Jacques.  Il fallait agir et vite. Tenter le tout pour le tout.  Et pour cela, il fallait couper net tout cet attirail infernal. Sortant l’une de ses dagues, la Terranide courut en direction des tuyaux et abattit rapidement d’un coup rapide et sec son arme. Cette dernière trancha sec les tuyaux, faisant tomber les seringues maintenant inertes au sol. Mais de l’autre côté, plusieurs jets de vapeurs frappèrent la Teranide. Elle cira, croisant ses bras déjà brûlé devant son visage, se mettant à terre presque en boule pour se protéger le plus possible des coups. Une chance encore que l’avocat soit hors de portée de ces fumées brulantes.

Enfin, la vapeur finit par s’estomper, permettant à la Louve de se relever.  Cette dernière laissa ses bras pendre le long de son corps, lâchant un juron avant de s’avancer vers Jacques de Mallenbraix en clopinant légèrement.  Elle tâta la plaque où il était posé, coupant par la suite les liens qui l’entravaient. Pour l’heure, elle espérait également qu’il ne rende pas son dernier soupir. Quelque peu épuisé et ayant besoin de reprendre son souffle, la Terranide se laissa choir sur le sol.

« Mandus…Vous voulez toujours détruire ce cœur n’est-ce pas ? Je vous aiderais…On ne peut aps les laisser continuer…ça. Mais on risque de croiser pas mal de nos «  amis ».

Puis son attention se posa sur le faux avocat. IL était mal en point et avait bien besoin d’aide, et dans un premier temps d’eau pour s’hydrater. A cette pensée, la Louve fut peinée. Elle n’avait ni bouteille, ni gourde, ni sort d’invocation permettant de l’aider dans ce cas présent.  A vrai dire, elle ne pouvait pas réellement lui apporter son soutien et en fut quelques peu gênée.  Sans quitter Jacques du regard, elle l’inspecta de ce dernier, interrogeant par la suite Mandus :

« Par tout hasard, vous n’avez pas d’onguent ou de cataplasme sur vous ? Ou même de l’eau ? »

Bien sûr, l’Okami était également impatiente d’interroger cet homme, d’avoir des nouvelles informations. Mais pour l’heure, lui demander de parole serait une tâche bien trop difficile et fatigante. Elle releva promptement ses oreilles, sautant sur ses deux pieds, entendant au loin un long râle. Un grognement suivit de reniflement.  Ils arrivaient. Parlant à voix basse, la Terranide avertit les deux hommes.

« Il faut partir…  Je prendrais Jacques sur mon dos comme je l’ai fait avec vous avant Mandus. Je suis désolée, mais je ne peux porter tout le monde. Enfin, pour l’heure, il faut se hâter. »


A ces mots, Shad vint se positionner devant l’avocat, faisant en sorte de l’avoir contre son dos avant de se transformer, le laissant reposer contre ce dernier.  Un léger grognement s’extirpa de sa gorge. Il fallait partir et vite ! Mais les sons et les odeurs semblaient venir de toute part. Alors par où passer ?

« Mandus, c’est là peut-être votre œuvre ! Essayer de fouiller votre mémoire et de nous trouver une sortie de secours ! A moins que vous ne souhaitez que ces hommes-porcs ne nous trouvent ! »

Oui, les cartes étaient dans les mains de cet homme quelque peu amnésqiue. La lycane s’assura rapidement entre temps que Jacques tienne bien sur son dos. Il serait fâcheux que ce dernier ne glisse si une course devait avoir lieu. Plusieurs pensées traversaient l’esprit de la jeune Louve mais elles se répétaient sans fin, un simple plan «  sortir d’ici et détruire le cœur de cette putain de Machine ».
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 30 juillet 2014, 19:40:04
L’homme qu’ils venaient de sauver était épuisé. Il avait besoin de soins médicaux urgents, mais Oswald ignorait s’il y avait des élixirs à proximité. C’est en pensant à ça qu’il se sermonna lui-même. Il porta la main sous sa veste, et sortit de sa poche intérieure un flacon bleuâtre.

« C’est... C’est de l’Hirondelle. Je... Je l’ai prise sur mon bureau avant de partir à la recherche de mes enfants. »

Jacques, en entendant ce nom, sembla se réveiller, et tendit sa main. Il était trop fébrile pour boire de lui-même, et Oswald, en boitant, décapsula le flacon, et l’aida à boire. L’Hirondelle était un élixir très efficace, qui accélérait la régénération du corps. Vu les graves blessures de Jacques, ce serait insuffisant pour le soigner définitivement, mais Oswald espérait que sa douleur en serait allégée. Le mystérieux homme avala l’intégralité de la potion. Oswald la récupéra, puis sortit de la cellule, avant d eplonger dans ses souvenirs.

Était-il possible qu’il soit lié à la construction de cette Machine ? Il n’osait y croire, mais il n’était pas le genre d’hommes qui mentaient à lui-même. Il avait participé à la construction de cette abomination. Mandus ne voyait aucune autre explication. On accédait à la Machine depuis son manoir, depuis son abattoir. Il savait comment désactiver les pompes, et il avait des visions en se promenant dans cet endroit cauchemardesque... Du déjà-vu. Oswald réfléchissait... Mais rien ne venait. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il fallait aller au Cœur de la Machine. C’était probablement l’endroit le plus dangereux de toute l’installation, mais il savait, sans pouvoir se l’expliquer, qu’il n’y avait que là-bas qu’il était possible de détruire la Machine.

« J’ignore où nous sommes, avoua-t-il. Je forme un bien piètre guide, et je n’ai même plus ma lampe à huile pour nous éclairer. »

Il ne s’écoulait pas une minute sans qu’Oswald n’entende des soupirs et des cris venant de loin. Des grognements et des murmures. Des raclements de chaines se frottant contre les murs, des bruits sinistres, évoquant des tortures indescriptibles. Ils ne pouvaient effectivement pas rester là. Oswald se mit à marcher, se soutenant sur sa canne. Jacques, de son côté, tremblait sur place, semblait toujours comateux. Tant de portes, tant de murs, tant de seringues... Cette création était l’œuvre d’un dément, tout simplement. Oswald ne voyait aucune autre explication possible. Un malade mental qu’il fallait arrêter avant que...

*Avant que quoi ?!*

Oui, avant que quoi ?! Impossible de s’en rappeler, mais il avait le sentiment que le temps pressait. Quelle que soit le plan de la Machine, son exécution était imminente. Le trio s’avançait à travers la prison, filant le long des couloirs en pierre grise. Oswald finit par atteindre un escalier. Il portait toujours son briquet, et, fort heureusement, aucun des gardes de la prison ne leur tomba dessus. L’escalier descendait jusqu’à une porte, que l’homme ouvrit.

Un autre couloir, avec des tuyaux filant le long du plafond. Il continuait sa marche, jusqu’à entendre des grognements qui se rapprochaient. Il s’arrêta sur place, devant une nouvelle porte, et posa un doigt sur ses lèvres. L’homme s’avança ensuite, lentement, vers cette dernière, et l’entrouvrit délicatement, son cœur se mettant à battre bien plus rapidement dans sa poitrine.

Derrière, il y avait de la lumière. La porte menait sur une sorte de plateforme d’observation avec une vitre, et il s’y avança, voyant des fauteuils rouges moelleux et confortables. C’était un nouveau changement de décor, car il y avait désormais, devant eux, un énorme chandelier éclairant une énorme pièce, une salle qui évoquait une sorte de hall de réception. Une énorme table à manger se trouvait au centre... Et les hommes-porcs étaient là, en train de manger.

Ils dévoraient des noyeurs.

« Mon Dieu... Qu’est-ce qui a bien pu leur arriver pour qu’ils soient ainsi ? »

Les hommes-porcs ne savaient pas qu’ils étaient là. Il y en avait bien une vingtaine, arrachant des bras, mangeant des cerveaux, des intestins, des estomacs, sans aucune difficulté. Un porc mangeait tout, après tout, os y compris.

C’était effrayant, tout simplement. Oswald ne pouvait pas se résoudre à se dire qu’il faisait partie de cette sinistre entreprise.

« Un cauchemar... C’est un cauchemar... »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 02 août 2014, 00:06:12
Le spectacle qui se déroulait devant ses yeux avait de quoi en déconcertés plus d’un. Une vingtaine d’hommes-porcs étaient là,  tous autour d’une table en-train de dévorer les fameux noyeurs rôdant dans les égouts de la cité nexusienne. La  Louve pouvait voir des intestins se faire tirer et engloutir en quelques coups de crocs, des viscères se répandre sur l’imposante table à manger et du sang.  Leur groin en était recouvert ainsi que le reste de leur corps. Un charnier, voilà ce que c’était.  Par chance, la forte odeur de sang et de putréfaction qui les entouraient protégeaient le trio nouvellement formé. Le groupe était relativement proche de ces monstres mais aucun pour le moment ne semblait les avoir remarqués, se préoccupant plutôt de dévorer ce qui lui était proposé.

Pourtant, bien que leur odeur fût masquée par celle du sang, l’Okami se doutait qu’ils pouvaient encore les voir ou les entendre. Et plus ils allaient rester sur place à observer ce spectacle digne d’un festin sanguinaire, plus les probabilités qu’un de ces monstres lèvent son groin immonde et les remarques ne feront qu’empirer. Pour l’heure, même avec  l’espion de la Couronne sur le dos, la lycane tenta de se faire la plus petite possible par instinct de survie. Il ne fallait pas être savant pour savoir que pour sortir d’ici vivant, la discrétion était mère de sûreté.   Face aux paroles de Mandus, elle ne dit rien, se contentant de l’observer. Nul besoin de parler et mieux ne valait ne pas le faire de toute manière. Mais son regard trahissait ses pensées. Oui c’était un cauchemar et elle n’avait qu’une seule et unique envie : Y sortir au plus vite.

C’est ainsi que la Louve se mis à regarder rapidement autours d’eux, cherchant une porte, un couloir, ou tout autre passage pouvant les éloigner de ce danger imminent. La seule issue possible mise à part retourner en arrière fut une porte située sur leur droite. Emettant un léger grognement, la Louve indiqua par la suite cette dernière à Mandus en pointant le museau en sa direction. Bien évidemment, elle n’avait pas la moindre idée de ce qui pouvait se trouvait derrière, mais c’était toujours mieux que de rester ici, à attendre bêtement que les hommes-porcs ne se jettent sur eux après leur festin macabre. Ce fut donc à pas d’humains et à pas de loups qu’ils s’y dirigèrent. La porte n’était pas verrouillée à clef ce qui leur permis de pénétrer dans une nouvelle pièce.

Nouveau changement de décor. Refermant la porte, en silence, derrière eux, le trio put constater qu’ils se trouvaient dans un bureau. Une pièce spacieuse composée d’un imposant bureau en son centre fait de bois massif où trônait un siège en cuir noir ainsi que deux petits fauteuils dans le même ton juste en face. Sur les côtés de la pièce se trouvait  des étagères remplies de dossiers en tout genre.  De la simple petite pochette à l’imposant classeur pour classer des archives.  Sur le mur se trouvaient ici et là des schémas et des croquis. La lycnane fit en sorte de faire glisser Jacques de son dos avant de prendre une forme plus approprié à la recherche de documents. Avant cela, elle permit au faux avocat de s’adosser contre un mur. Par chance le breuvage qui lui avait été administré semblait faire effet. Même si ce dernier n’enrayait en rien la totalité de sa souffrance.

« Désolé… »

La Terranide savait pertinemment que ce qu’elle venait de dire n’était pas réellement nécessaire mais ce simple mot lui était sortie spontanément de la bouche. Elle soupira par la suite,  passant de la position accroupie à debout avant d’observer à nouveau cette pièce de bureau. Quelque chose lui disait qu’une information capitale devait s’y trouvait. Son attention se porta en premier lieu sur les différents schémas et croquis. Ces deniers présentaient à la fois des chiffres liés à l’activité de l’abattoir mais aussi des croquis sur différentes machines qui le composait. Bien qu’intéressant, la lycane s’en détourna, attrapant un classeur, l’ouvrant le feuilletant rapidement. Rapport d’activité, autres chiffres, courbes, camembers….Elle referma  le classeur, soupirant. C’était à ne rien y comprendre. C’était comme si l’homme ou la femme exerçant ici, au milieu de tout cet enfer  se préoccupait principalement de l’abattoir.

Pourtant, cela ne devait pas être le cas. Et pour découvrir le pot aux roses, il fallait continuer à fouiller. Plusieurs classeurs, fiches, dossiers passèrent dans ses mains et pourtant, rien ne semblaient capter son attention.  Nulle trace de la création de ces monstres, nulle traces des cellules, rien, nada.  Fouettant l’air de frustration avec sa queue, Shad s’adossa contre le bureau, sa main posée contre divers feuilles.  Il était fort impossible qu’il ne trouve que des éléments sur l’abattoir en lui-même ! Baissant le regard, la Louve laissa ses yeux virer de gauche à droite rapidement.

« Mandus ! »

La Louve se décolla rapidement du bureau, le papier en main. Ce qu’elle cherchait depuis tout ce temps avait été en réalité là, sous ses yeux depuis le début.   Son contenu n’était autre que la description de la Machine en elle-même. Comment elle était construite, son fonctionnement, absolument tout. Mais le plus intéressant et le plus déroutant dans tout cela était la signature qui marquait le bas de la page. Il s’agissait de celle d’Oswald Mandus. Prise d’un doute, la lycane retourna au bureau, observant les différents feuillets qui y étaient  dispersés. Et les réponses qu’elle cherchait y étaient tous pour la plupart. Elle reconnut même le croquis de la machine à seringues. Tous signés par le même auteur.

« Est-ce que cela…vous permet de retrouver la mémoire ? »

Il en était l’auteur, ou du moins c’est que ces documents voulaient faire croire. Dans tous les cas, ils avaient maintenant en leur possession un plan et peut-être le moyen de trouver comment stopper la Machine. Au dehors de la pièce, les hommes-porcs continuaient leur festin mais ce dernier n’allait sans doute pas tarder à toucher à sa fin.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 03 août 2014, 01:15:38
CLAYTON SHAW

« Allez, allez ! Ouvrez le passage, forcez l’entrée ! »

Le portail en fer couina quand les chaînes réussirent à l’arracher. On fouettait les chevaux pour qu’ils avancent plus vite. Les bêtes tiraient sur leurs muscles en s’avançant, faisant peu à peu grincer le portail. Clayton poussa un hurlement de joie quand le portail se brisa. Les Nexusiens portaient des faux, des torches, un ensemble d’armes artisanales. La Garde civile n’était pas encore arrivée, et ils voulaient profiter de leur avantage.

« Brûlez cette place ! Rasez tous ces bâtiments ! »

Les émeutiers hurlèrent de rage, et balancèrent des pavés à travers les vitres des bâtiments vides, avant d’avancer des tonneaux remplis de brai et d’houille. Ils se ruaient vers les portes d’entrées des bâtiments, faisant sauter les cadenas avec des pied-de-biche ou avec leurs battes improvisées. C’était une démonstration de rage frénétique, et il n’y avait aucun garde pour les repousser. C’était à croire que leur présence avait chassé les mauvais esprits de cet abattoir. Que Mandus se le tienne pour dit : quand on faisait chier Shaw, il ne se terrait pas comme un rat dans son terrier en attendant qu’on vienne le chercher ! Ce maudit abattoir allait brûler, de même que ce qui se trouvait dessous. Putain, on devrait même le récompenser pour ce qu’il s’apprêtait à faire ! Il allait purifier cette ville d’un mal terrifiant qui se dissimulait en son sein. Ce n’était pas ces connards d’avocats endimanchés qui mouilleraient leurs chemises comme lui !

Clayton n’avait pas eu grand-chose à faire pour motiver les habitants du quartier. Il en avait juste parlé au foyer social, et tous avaient convenu qu’il était temps que les disparitions et la propagande cessent... Ainsi que les hurlements nocturnes, et les relents de sang et de pourriture qui émanaient des égouts. La Couronne était incapable de les aider, et ce n’était pas grave : ils se débrouilleraient à sa place. Le pouvoir appartenait au peuple. Shaw était motivé, mais il savait qu’il n’y avait pas que l’abattoir à détruire. Tandis que les émeutiers se déversaient dans l’abattoir, il alla voir un petit groupe d’amis, de camarades. Ensemble, ils avaient déchargé plus de quais et de bateaux que mémoire d’homme pouvait se rappeler.

« On file à l’église ! leur intima Shaw. Il est temps que le bon prêtre paie pour ses sermons ! »

Shaw n’avait jamais fait confiance au Père Lamb, qui avait passé tous ses sermons et ses prêches à vanter les actions d’Oswald Mandus. Lamb était au moins aussi responsable qu’Oswald. Il aurait pu parler des disparitions à ses supérieurs, mais il s’était toujours moqué de ceux venant lui dire que l’abattoir était maléfique, se contentant de leur dire qu’il fallait avoir foi en Dieu, et qu’il ne fallait pas être si hâtif à juger son prochain. Un lâche et un monstre qui se réfugiaient derrière ses Écritures. Clayton lui réservait un coup de pied en pleine figure.

Il sortit précipitamment de l’abattoir, suivi par ses amis, et marcha vers l’église. Il fallait juste remonter la rue pour l’atteindre, mais cette dernière se remplissait de plus en plus. Les riverains regardaient aux fenêtres, les encourageant pour la plupart. Dans la cour commune, les émeutiers venaient de forcer l’entrée de l’échaudoir, et s’y avançaient en hurlant, renversant ce qui était à leur portée, déversant ensuite le contenu des tonneaux.

Shaw, quant à lui, rejoignit l’entrée de l’église. La grille menant au jardin cerclant l’établissement était ouvert. Il grimpa rapidement le petit perron, et ouvrit la porte d’entrée d’un grand coup de pied.

« PÈRE LAMB !! PÈRE LAMB !! Ramenez-vous, fils de pute !! »

Il savait qu’il ne fallait pas jurer dans un lieu saint, mais il s’en foutait. Pour abriter un pervers comme Lamb, cette église ne devait plus être sainte depuis longtemps. Clayton traversa la salle d’entrée, et pénétra dans la nef, le cœur de l’église.

Lui-même n’en crut pas ses yeux en voyant ce qui se dressait devant lui, et s’arrêta devant ce macabre spectacle, interdit. Derrière lui, l’un de ses amis vomit dans le bénitier en sentant son estomac le lâcher.



OSWALD MANDUS

Jacques allait de mieux en mieux. C’était un espion royal, quelqu’un qui savait endurer, et l’Hirondelle devait l’aider à aller mieux. Il restait toujours silencieux, prostré contre le mur. Les pensées d’Oswald pour lui s’effacèrent quand il fouilla dans les papiers du bureau. Était-ce son bureau ? Il n’arrivait pas à y croire, mais il ressentait une étrange impression de familiarité en voyant ces papiers, en voyant ces fauteuils rembourrés, cette bibliothèque... Il consulta les livres. Il s’agissait essentiellement de traités sur l’anatomie. Il en ouvrit un, et vit que, à plusieurs endroits, des notes manuscrites avaient été faites... Et c’était indubitablement son écriture.

*Mon Dieu... C’est...*

Oswald en perdait son latin, n’arrivant plus à penser de manière cohérente. Il reposa maladroitement le livre, tandis que Shad, derrière lui, lui amena des preuves supplémentaires. Ébranlé, en sueur, Oswald s’empara d’un feuillet, tournant les pages, voyant plusieurs schémas :

(http://img110.xooimage.com/files/d/4/2/engine-room-46f363c.jpg)

Oswald les observait sans rien dire, et reposa brutalement les feuillets sur le bureau.

« Je... Je ne peux pas y croire. Ce... Ce sont forcément des faux, c’est...
 -  Non, Mandus..., croassa alors la voix de Jacques. Ces... Ces documents sont... Ils sont authentiques, Mandus. »

Jacques soupirait faiblement, et se décolla tout aussi lentement du mur. Il s’appuya contre le dossier d’une chaise, soupirant lentement. Il semblait aussi solide qu’une biscotte, et Oswald pouvait presque voir ses côtes à travers sa chair inexistante.

« Non... Non !!
 -  Ze... Zerrikania, Mandus... Tout a commencé là-bas, mais... Pas uniquement...
 -  Que... Que voulez-vous dire ?!
 -  Brennenburg, Mandus... Brennenburg ! »

Ce nom sembla terroriser Mandus, qui manqua s’affaler sur le sol en s’appuyant maladroitement sur un fauteuil. Brennenburg... Les images affluèrent immédiatement. La fontaine de sang, les corridors sinistres, le souffle du vent, les hurlements des déments...

« Non ! Non ! Non ! hurla-t-il.
 -  Vous ne pouvez pas... Que s’est-il passé à Brennenburg, Mandus ? Qui... »

Une alarme assourdissante se mit alors à résonner. Oswald profita de cet instant pour repousser Jacques. Ce dernier heurta Shad, et Mandus se mit à s’avancer, en claudiquant rapidement.

« Non, non, nooon !! » hurlait-il.

Il sortit sèchement, et les hommes-porcs se mirent tous à hurler. Jacques s’élança à sa poursuite. Ils retournèrent dans la salle d’observation, et purent voir les hommes-porcs hurler et danser furieusement sur la longue table à manger.

« C’est trop tard... Ils partent à la guerre... » soupira Mandus, les yeux écarquillés.

Les hommes-porcs filèrent dans différents couloirs, avançant rapidement, continuant à hurler furieusement.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 03 août 2014, 21:55:16
PERE LAMB

Il les entendait.  Ces maudits manifestants criant leur rage et leur haine. Son église n’était pas exactement à côté de l’abattoir de Mandus, mais il pouvait les entendre. Sans le moindre souci. Aurait-il dû avoir  peur ? Sans l’ombre d’un doute. Mais il ne les craignait pas. Ces déchets allaient connaître la mort sous peu. Lui, ne craignait rien. L’Ancien le protégeait, il servait son œuvre, il lui avait offert de quoi se nourrir, grandir même ! Ces fous arrivaient trop tard. Les saintes créatures que la Machine avait créées allaient bientôt se déverser dans cette ville et y instaurer un climat de terreur. Oh oui, le Père Lamb se délectait déjà des cris d’agonies et de souffrances qui allaient s’élever dans tous les recoins de la capitale. Et la Couronne, trop aveugle pour voir le danger sous leur pied, se fera  écraser comme un vulgaire insecte.

L’homme d’église portait à nouveau le fameux masque de porc. Nul fidèle à ses côtés pour l’heure. Ou plutôt nul fidèle vivant. Tous ceux qui avaient tentés de fuir s’était vu rattrapé par des monstres sortis tout droit de l’imagination d’un dégénéré. Les bras étaient arrachés, les ventres éviscérés, les têtes mises en morceaux. Et tout cela dans une danse macabre d’où s’élevait des grognements inhumains. Et lui, sous son masque porcin, restait là à observer d’un air malsain.  Quand la porte de son église claqua et qu’une voix l’interpella, l’injuriant même, il ne bougea pas.  On l’avait insulté, on avait juré dans son église. Le blasphème serait puni. Un homme-porc se mis à ses côtés, grognant, humant l’air, sentant ses futures victimes.

« Patience….L’Ancien les puniras, laissons-les…approcher »

Le son du vomissement le fit sourire derrière son masque. Ils étaient arrivés dans le nef et le spectacle qui s’y trouvait avait de quoi rendre blafard le plus aguerri des guerriers. Des corps étaient suspendus au plafond, un crochet traversant le dos pour ressortir dans l’abdomen. Des corps mutilés  à moitié dévoré tout autant humain que porc. Des corps où tournoyaient des drosophiles à la recherche de la moindre plaie pour y pondre leurs œufs d’où s’extirperont des larves qui iront dévorés ces chaires en putréfactions.  Au sol, le sang et les entrailles étaient présents. Et dans ce silence infâme, des bruits de craquements et de mastications se faisaient entendre.

La créature (http://www.deviantart.com/art/Pig-437228220) dévorait une énième proie. Humain ou autre, elle s’en foutait royalement.  Mais ce qu’elle préférait le plus était l’odeur du sang frais, battant encore dans le corps de sa victime. Relevant son groin immonde, la bête toisa la troupe d’hommes menaient pas Shawn. Elle se releva de toute sa hauteur. Ses petits yeux jaune luisant de malveillance et alors qu’on aurait pu le croire seul, d’autres se mirent à émerger des ténèbres de l’Eglise encerclant le groupe d’humains. Dans un hurlement cauchemardesque, ils chargèrent. Le Père Lamb quant à lui, observait, index tendu en direction de Clayton Shawn. Il le désignait, ordonnant à ces monstres de l’attaquer.  Et ces derniers filaient vers lui, vers sa troupe avec un seul objectif : Les tuer.

Shad

La découverte des plans fit pâlir de terreur Mandus. Et comme la fois après le théâtre, son comportement semblait différé progressivement, comme si la vérité mise sous son nez était dur à entendre. La Louve ne s’interposa pas entre les deux hommes, se doutant qu’un fait important allait être dévoilé sous peu. Surtout qu’avec ses recherches, l’espion de la Couronne avait sans doute plus de cartes à abattre pour interroger le propriétaire de cet abattoir monstrueux. Ce dernier, semblait pris au dépourvu et se mis à crier des négations, à refuser ce qu’il entendait, sortant de la pièce après avoir bousculé la Terranide.

Jacques le suivait et elle fit de même, s’arrêtant pour voir le spectacle macabre et entendre la confirmation de Mandus. Non ! C’était bien trop tôt ! Pas maintenant ! Pouvait-elle entendre dans son esprit. Ses yeux se mirent à balayer rapidement chaque recoin de la pièce à la recherche de la moindre idée. Une autre porte s’était ouverte là où les hommes-porcs festoyaient, leurs permettant de sortir. Le sang allait couler sous peu et ils ne pouvaient rien faire pour l’en empêcher.   Et cette solution devait se trouver dans ce bureau. Son regard se posa sur les schéma que tenaient encore Mandus.

« Mandus ! Les schémas c’est votre œuvre ! Vous connaissez la Machine ! Vous savez comment l’arrêter ! Comment stopper tout cela ! Dites-nous ce qu’il y’a à faire avant que tout Nexus ne soit mise à feu et à sang par votre faute ! »

Détruire la Machine ne permettait pas de tuer immédiatement toutes les abominations qui allaient se déverser sur la cité capitale mais au moins, ces dernières ne verront pas leurs rangs renfloués par la venue de nouveaux soldats.   Mais il fallait également prévenir la Couronne du mal qui allait bientôt se déverser sur la ville.

« Comment faire…Nous sommes ici, bloqué » sous terre, sans aucun moyen de prévenir la Reine…Vous n’avez pas la moindre idée par hasard ? Même la plus saugrenue ? »

Cette question était  posée à Jacques de Mallembraix. En tant qu’espion de la Couronne, la Louve  osait croire qu’il avait un moyen de contacter cette dernière quelques que soit sa situation. Pourtant, si tel était le cas, il l’aurait déjà fait. Les grognements que poussèrent les hommes-porcs partit à la guerre se firent de plus en plus lointain, jusqu’à disparaître complétement. La Terranide avala sa salive, bientôt, d’autres cris animeront Nexus.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le lundi 04 août 2014, 01:12:37
CLAYTON SHAW

La Croix avait été violée. Un immonde porc (http://4.bp.blogspot.com/-NBXLbDT8LXs/T0dA3IhJOUI/AAAAAAAACPs/VcDwHAAAcgc/s1600/Amnesia:+A+Machine+for+Pigs.jpg) était attaché à cette dernière, et Lamb se tenait devant, portant un sinistre masque de porc sur son visage. Clayton nota ça, en même temps qu’il notait la puanteur omniprésente qui régnait dans ces lieux, une puanteur qui l’écœurait, remontant dans ses entrailles. Il nota également les cadavres déchiquetés, et le monstre, sous son nez, près des arcades, qui se rapprocha lentement d’eux, en grognant. Une créature qui faisait plus de deux mètres de haut, avec un long museau couvert de sang, des veines et des morceaux d’os jaillissant des poils entourant sa gueule sinistre. D’autres se rapprochaient, sortant de l’obscurité de l’église.

« Clay...Clayton... Que... Que sont ces immondices ?!
 -  Des démons... Des démons ! Lamb, vous avez vendu votre âme au Diable !! »

Pour toute réponse, le père Lamb éclata de rire, et secoua la tête.

« Je n’attends pas de vulgaires païens qu’ils comprennent la volonté du Seigneur ! »

L’un des amis de Clayton poussa des hurlements, et se mit à fuir, se retournant. Il courut, heurtant le bénitier, et se rapprocha de la porte... Quand la main épaisse d’un homme-porc s’empara de son visage, près de la porte, et le fracassa violemment sur le sol. L’homme poussa de brefs hurlements d’agonie, et le museau de l’homme-porc s’abattit sur son visage. Clayton entendit un terrifiant bruit d’éclatement, la chair de son ami se disloquant, le sang se mettant à jaillir, éclatant sur la fourrure du monstre. Les cris de Thomas, son ami, cédèrent place à des gargouillements et à des borborygmes. Clayton serra sa main sur son arme improvisée, et poussa un hurlement de rage. Il abattit son bout de bois sur le lourd bras d’un monstre. Ce dernier se brisa en deux, et, d’un coup d’épaule, l’homme-porc balança Clayton sur la gauche. Le solide docker s’envola comme un fétu de paille, et heurta un pilier, s’écrasant ensuite lamentablement sur le sol, sonné, du sang s’échappant de ses lèvres.

Clayton avait mal partout, et se releva lentement. Alfred, son autre ami, brandissait sa lance. Il la planta en tremblant dans la chair de l’homme-porc, qui attrapa ensuite le malheureux par le col de sa chemise, et le frappa du revers de son autre main. Clayton entendit un affreux bruit d’éclatement, et comprit que les os de l’homme s’étaient rompus. Sa tête était désarticulée, et sa langue pendait sur le rebout de ses lèvres. L’homme réalisa que ses dents claquaient... Et qu’il y avait des hurlements dehors. Des hurlements de douleur et de rage.

*Mon Dieu, mon Dieu, que se passe-t-il ?!*

Lamb ouvrit ses bras.

« Le Royaume de Dieu ! Le Royaume de Dieu ! Longtemps, nous avons été aveugles, avant que, enfin, Sa Lumière ne daigne nous toucher ! Et, dans Sa mansuétude, Dieu nous a dit que notre apparence n’était qu’un mirage dont les succubes se gaussent pour nous piéger. La beauté est le ciment de la Tentation, et la Tentation est notre égarement, l’ombre qui planer continuellement sur le monde. La Foi est notre Guide. »

L’un des hommes-porcs se rapprochait de Clayton. Ce dernier s’était relevé, cherchant une arme quelconque. Il s’abrita derrière le pilier, et l’homme-porc bondit sur sa gauche. Il l’attrapa à la gorge. Une poigne infernale, comme un étau en fer. Clayton soupira en se débattant faiblement, et se retrouva plaqué sèchement contre le mur.

« Pu... Putain, pi... Pitié !! »

Il ne voulait pas finir comme ça ! Il ne voulait pas finir bouffé par cette saloperie ! L’homme-porc le regardait furieusement, et le balança à nouveau. Clayton s’écrasa sur le sol, et l’homme-porc bondit à son tour, fonçant droit sur lui. Le hurlement de Clayton mourut dans sa gorge, et, dans un geste de protection inconscient, il mit ses bras devant son visage... Mais l’homme-porc ne le toucha pas.

En réalité, le monstre sembla rebondir contre quelque chose, et s’écrasa au milieu des bancs. Quand Clayton rouvrit les yeux, il vit, devant lui, comme jaillissant de nulle part, une femme avec une longue chevelure rousse et une robe violette relativement courte, ouverte un peu partout. Ses mains étaient en feu.

« Père Lamb, au nom de Sa Majesté la Reine Elena Ivory, Reine et Souveraine de Nexus, vous êtes en état d’arrestation... Vous, et tous vos monstres. »

Lamb se contenta de rire, visiblement peu impressionné par cette femme.



OSWALD MANDUS

Une invasion... C’était tout à fait ça ! Une monstrueuse invasion ! La Machine était une usine produisant des abominations pour envahir Nexus ! Mais pourquoi ?! Dans quel but ? Tant de questions se mélangeaient dans l’esprit de Mandus. L’alarme continuait à hurler, vidant le repaire des hommes-porcs. Brennenburg... Le château... Les plans, les sujets... La vis s’enfonçant dans le cerveau des cobayes, et leurs hurlements... Tout ça serait donc réel ?! Ces charniers, ces tas de cadavres et d’ossements entassés dans les salles froides ? Oswald n’arrivait pas à y croire ! Shad continuait à lui parler, lui demandant comment détruire la Machine, comment la réduire à néant.

Se tenant la tête entre ses mains, Oswald secoua lentement la tête.

« Il faut atteindre le Cœur de la Machine. D’après les plans... Nous y sommes presque. Le quartier de ces monstres est juste à côté du Cœur. Et, après...
 -  Il faut détruire le système central... Les pompes du Cœur. La chaudière. La Machine... C’est une immense machine à vapeur, vous comprenez ? Elle s’alimente...Elle s’alimente à partir de la roche se trouvant sous Nexus, ainsi que du sang, mais... Il y a une part industrielle dans sa conception. On peut la détruire comme ça !
 - En détruisant la chaudière ?
 - En détruisant son système de refroidissement ! Si on fait ça, la chaudière va exploser, et... Le Cœur de la Machine explosera, et alors, toute la structure va imploser, et s’effondrer sur elle-même. »

Il ne restait plus qu’à s’avancer dans le quartier des hommes-porcs... En espérant qu’ils étaient bien tous partis.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 04 août 2014, 20:26:03
PERE LAMB

Cet infidèle venait d’être sauvé. Mais cela ne durera pas longtemps. Il devait être purifié ainsi que celle qui avait osée l’aider.  Le prêtre la reconnu immédiatement mais ne parut gère impressionné par son éloquence, continuant à  s’esclaffer d’un rire dément.  Nul ne pouvait les arrêter ! Pas maintenant ! Cette femme serait bientôt submergée par le nombre impressionnant de ces divines créatures.  L’église était en sang et le Père Lamb désigna d’un doigt accusateur Adamante. La folie pouvait s’entendre dans ses paroles :

« Vous ne pouvez m’atteindre hérétique ! Je suis sous la loi de Dieu ! Nul ne peut me donner d’ordres à part lui ! Et vous, pour avoir blesser l’un de ses enfants, connaîtrait un tourment éternel ! »

L’homme porc précédemment touché se releva et se mis à charger Adamante. D’autres le rejoignirent, encerclant la mage. Pour eux, ce n’était qu’une énième victime à réduire en morceau,  à dévorer vivant.  Ils n’avaient aucune réelles conscience de la magie et s’en approchait s’en savoir le sort qui pouvait les attendre. C’était là des bêtes qui continueront à attaquer jusqu’à atteindre leur cible. Et face à cet avancé macabre, le Père Lamb riait, pensant que rien ne pouvait l’atteindre. Il se sentait invinsible et pour lui, rien ne pouvait le faire descendre de son piédestal. Il avait attendu ce moment depuis si longtemps ! La gloire de Dieu allait bientôt illuminer cette ville d’Impie !

Un homme-porc surgit derrière les bancs où les croyants priaient, un morceau de bras dans la gueule. Son groin se tourna vers Adamante vers laquelle il hurla.  Le membre disloqué tenant en équilibre sur le coin de sa gueule chuta au sol au même moment où le monstre s’élança. Ceux autours commençaient aussi leur charge et le Père Lamb continuait à émettre son rire de dément. Mais son rire s’arrêta subitement, se transformant en un gargouillement incompréhensible. Les griffes de l’homme-porc sortit de derrière les bancs venaient de se planter dans la gorge du prêtre.  Le masque de porc tomba et un visage d’effroi fit son apparition.

« Co…. »

Comment cela pouvait-être possible ? Les hommes-porcs étaient censés lui obéir ! Mais nul ne pouvait contrôler ces bêtes de l’enfer. La gueule de l’abomination se referma sur le cou du Père Lamb auquel un énorme morceau de chair fut enlevé. Le sang gicla, salissant encore plus sa peau en lambeau. Le monstre observa par la suite Adamante et reprit la charge, laissant le Père Lamb  couché dans une mare de sang.

Shad

La Lycane observait les plans. Détruire la Machine. C’était finalement possible ! Mais malheureusement risqué. Elle sortit en compagnie des deux humains pour se rendre dans la salle désignée plus tôt. Pourtant, une question la taraudait.  Si détruire le système de refroidissement, toute la structure implosera et s’effondrera sur elle-même ? Comment allaient-ils s’en sortir vivant ? Mais pour l’heure, il fallait déjà qu’ils y arrivent, vivants, à cette fameuse salle. Mandus pouvait se soutenir à l’aide de sa canne et la Louve aidait Jacques à avancer plus vite, lui servant de point d’appui improvisé.

Pour l’heure, aucun monstre à l’horizon. Pas le moindre grognement sinistre mais était-il tous bien partie ?  A vrai dire,  Shad y doutait fortement et ne pouvait s’empêcher de regarder dans chaque recoin, s’attendant à voir l’une de ces immondices sortirent de nulle part et les tuer sans préavis. Et pourtant, rien. Une aubaine en soit ! Ils arrivèrent ainsi sans heurt, devant la salle de leur création. Une main fut posée sur la poignée de l’imposante porte. Ouvrir ou ne pas ouvrir ? Impossible à savoir si d’autres hommes-porcs étaient présents dans cette pièce. Là où ils étaient créés.

« N’y a-t-il vraiment aucun autre passage pour accéder au système de refroidissement ? »
« Non aucun »

Cela aurait été bien sûr trop beau.  L’Okami observait cette porte, n’étant vraisemblablement pas pressée de l’ouvrir. Pourtant, c’était là leur seul solution pour espérer s’en sortir vivant et arrêter cette folie. La poignée fut abaissée et l’obscurité accueillit le trio. Tous s’engouffrèrent rapidement dans le quartier des hommes-porcs. Les sens de la Louve étaient aux aguets, à l’affut du moindre bruit suspect. Pour l’heure, cependant, seul le silence lui faisait echo. Doucement et avec prudence, ils commencèrent à traverser cette ample salle. C’était calme, beaucoup trop calme. Un bruit de verre cassé se fit soudain entendre. Mais dans cette ambiance, impossible d’en trouver la réelle source.

De longs grognements sinistres  surgirent soudain de toutes parts. La lycane avala difficilement sa salive,  avant de s’adresser à Mandus et Jacques :

« Et maintenant ? On tente de courir jusqu’à la porte au fond ou vous avez une autre idée ? »

Nulle question d’attendre pour les hommes-porcs. L’un d’entre eux chargea le groupe. Par instinct, la lycane créa une sphère de feu qui fut envoyé vers le monstre afin de le faire reculer.  Le choix était maintenant fait et décidé. Combattre ces choses dans leur état était peine perdue.  Relançant une sphère pour leur faire gagner du temps, Shad hurla :

« Courez ! »

Aussi vite que vous le pouvez.  Elle savait qu’Oswald et Jacques ne pouvaient effectuer un sprint mais l’adrénaline qui était produite face à un danger imminent devrait leur permettre d’user plus rapidement de leur jambe. Il fallait après tout juste attendre la porte, l’ouvrir, rentrer dans la pièce et détruire après ce qui se trouvait. Mais pour cela, il fallait y arriver vivants. Les autres hommes porcs se mirent à hurler et à foncer à leur tour, encerclant le petit groupe comme dans un étau qui se refermait dangereusement.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 08 août 2014, 02:16:54
ADAMANTE

Quand les nouvelles de l’émeute avaient fusé au palais d’Ivoire, la Garde civile s’était déplacée rapidement. Depuis les balcons du château, Elena et Adamante avaient vu des flammes au loin, et de la fumée en train de s’envoler. Les deux femmes avaient immédiatement compris qu’il s’agissait de l’abattoir, et Adamante avait fermement ordonné à Elena, malgré les contestations de cette dernière, de ne pas y aller. La Reine devait rester en sécurité. Elena avait protesté, et Adamante s’était ensuite téléportée, arrivant sur une place, près de l’abattoir, où elle avait entendu des hurlements. Les émeutiers fuyaient, et la garde affrontait d’horribles monstres, de terrifiants hommes-porcs qui s’infiltraient dans les maisons, et tuaient leurs occupants. Ces derniers, de simples citoyens effrayés, couraient dans la ville, cherchant à fuir. Il y avait des cadavres qui gisaient sur le sol, des blessés, des chariots renversés, des portes fracturées, des hurlements, des pleurs, des larmes...

C’était un cauchemar. Un homme-porc lui avait sauté dessus depuis un toit, et elle l’avait senti approcher. Elle avait envoyé une onde de choc, une puissante onde qui avait repoussé le colosse, l’envoyant à travers le mur d’une piteuse maison. Le monstre s’était écrasé sur une table en bois, avant de rouler sur le sol, terminant sa course dans un meuble. Adamante avait ordonné aux citoyens de la place de se réfugier vers le plus proche fort. La garde locale était complètement désemparée, mais la magicienne savait que Langley arrivait, avec ses puissants chevaliers. La magicienne avait hésité entre rester sur la place, ou se rapprocher de l’abattoir, qui était l’épicentre de ce cauchemar. Des réfugiés lui avaient dit qu’ils avaient tenté de détruire l’abattoir, et que des démons en étaient sortis, jaillissant de l’abattoir, mais aussi de rues proches, depuis des bouches d’égouts et les caves de maisons abandonnées, en provoquant de longs sifflements sonores, puis des projections de fumée. Adamante avait alors décidé de se rapprocher de l’abattoir, remontant le long de la rue, soignant les blessés, envoyant ses puissants sorts sur les hommes-porcs, jusqu’à atteindre l’abattoir.

Un bâtiment brûlait fort, formant une longue torchère enflammée qui s’envolait dans le ciel. Il y avait de nombreux émeutiers morts, et plusieurs hommes-porcs qui dévoraient leurs cadavres. Elle avait trouvé un blessé, qui lui avait expliqué qu’il avait vu plusieurs monstres faire des prisonniers, s’enfonçant dans les profondeurs de l’abattoir. Un autre lui avait dit que d’autres étaient dans l’église, et Adamante s’y était rendue, en pensant y trouver des réfugiés... Pour se retrouver face à de multiples hommes-porcs, et face à un prêtre devenu fou. Avec horreur, elle avait compris que le récit du Zerrikanien était intégralement vrai. Mandus était devenu fou après avoir été dans la jungle de Zerrikania, et Lamb l’aidait, devenu également fou. Ses sorts magiques avaient repoussé les hommes-porcs, et la puissante magie de la Mélisaine perturba celle de Lamb, provoquant sa mort. Un homme-porc le tua, puis bondit à nouveau vers Adamante, qui utilisa une nouvelle onde de choc. L’homme-porc s’envola par cette puissante magie, et traversa un vitrail, s’écrasant au milieu des tombes du cimetière de l’église. Aux pieds d’Adamante, Clayton tremblait sur place, médusé.

« Sortez d’ici, Monsieur Shaw ! Réfugiez-vous au plus proche fort, et attendez la venue des renforts ! »

D’autres hommes-porcs se rapprochèrent, et la magie élémentaire jaillit à travers les doigts d’Adamante, des arcs électriques fusant le long de ses ongles proprement manucurés pour rôtir la fourrure des monstres, qui poussèrent des couinements de douleur, les éclairs provoquant des lueurs éblouissantes.

« ALLEZ ! Dépêchez-vous !! » intima Adamante après avoir lancé ses éclairs.

Hochant lentement la tête, Clayton se retourna, et se mit à courir à bride abattue. Adamante ne voulait pas d’un civil à côté d’elle. Pour vaincre ces monstres, elle allait devoir utiliser toute sa magie. Celui qu’elle avait balancé dans le cimetière revenait déjà à l’assaut. Ils avançaient rapidement, et ils étaient très costauds. Serrant les dents, Adamante les voyait courir vers elle, avançant à quatre pattes. Ses yeux devinrent alors lumineux, et elle s’absorba pleinement dans le courant de la magie, se mettant à léviter. Une boule électrique jaillit hors de son corps, Adamante fermant les yeux pour se concentrer, se recroquevillant en position fœtale.

Quand elle les rouvrit, une véritable tempête se mit à déferler dans l’église, soufflant les hommes-porcs, explosant les vitraux, et renversant les bancs, comme si une tornade furieuse était en train de se déchaîner à l’intérieur, balançant des cristaux de glace et des arcs électriques à foison.

Elle n’était pas la magicienne personnelle de la Reine pour rien.



OSWALD MANDUS

Il y avait forcément une puissance qui les dirigeait. Il y avait forcément un maître d’œuvre. Les hommes-porcs étaient des décérébrés. Les souvenirs affluaient progressivement, après la lecture de ces documents. Les hommes-porcs étaient tous conçus pour être des soldates serviles et obéissants. Quelqu’un avait lancé l’attaque, quelqu’un était en train de leur donner des ordres pour envahir Nexus... Et Oswald savait pertinemment de qui il s’agissait.

Le Professeur. Il était ici, dans le Cœur, contrôlant ces monstres depuis son trône. Qui était-il ? Oswald avait beau essayer de se rappeler, l’identité de ce sinistre personnage n’arrivait toujours pas à percer. Il continuait à être une ombre, indiscernable, immobile, invisible, meurtrière et dangereuse. Le véritable ennemi était tapi ici, et il ne voulait pas qu’on l’arrête maintenant. Suivant Shad, Oswald se retrouvait rapidement dans la salle à manger. Il n’y avait pas d’autres options pour rejoindre le Cœur. Ils étaient déjà techniquement au centre de la Machine. Les plats dégageaient une odeur écœurante et pestilentielle. Oswald cligna plusieurs fois des yeux, en marchant vers une porte, au fond de la salle à manger. Cette dernière comprenait une mezzanine avec deux escaliers en bois, à droite et à gauche, permettant d’y aller. Cependant, il savait qu’il fallait emprunter cette porte-là. Il s’avançait tranquillement, et entendit soudain des grognements. Un homme-porc jaillit alors de la mezzanine, bondissant depuis la balustrade... Où il fut accueilli par une boule de feu lancée par Shad. L’impact repoussa le monstre, qui s’étala lourdement sur le sol, mais se releva rapidement, furieux, rapidement rejoint par d’autres monstres, qui dévalèrent la mezzanine. Si ce n’est leur long museau de porc, et leurs oreilles triangulaires, ils auraient presque ressemblé à des Lycans. Marchant à quatre pattes, ils grognaient furieusement, encerclant les trois fugitifs.

« Il reste encore une arrière-garde..., grinça Jacques.
 -  Vous vous attendiez à rentrer comme dans un moulin ? »

Oswald se surprit à sortir cette phrase. Il était encore capable de faire de l’humour... Alors que leur situation était totalement désespérée. Oswald réfléchit rapidement, et trouva alors une idée. Sa main s’abattit sur l’épaule de Shad, afin de capter son attention.

« Leur nourriture ! Brûlez la table, vite !! »

Ce n’étaient que des porcs, après tout, des êtres perpétuellement affamés. Lorsque la table prit feu, emportant leurs plats, les hommes-porcs poussèrent des hurlements, et Oswald en profita. Il s’avança rapidement vers la porte close, mais continuait à boiter. Jacques, lui, allait bien mieux, rétabli par l’Hirondelle, et fut le premier à atteindre la lourde porte en fer. Il abaissa la poignée, et poussa la porte, qui s’ouvrit dans un grincement. Oswald se rapprochait rapidement... Quand un homme-porc resté en retrait atterrit juste devant lui, le séparant de Shad. Son cœur manqua défaillir. Il brandit sa canne, et l’homme-porc l’attrapa entre ses doigts, la brisant, puis le gifla avec son autre main. Le coup, d’une puissance phénoménale, souleva Mandus comme un fétu de paille, et l’envoya lourdement s’écraser sur le sol.

Sonné, couché sur le sol, son regard se porta vers Shad et Jacques. Les autres hommes-porcs se rapprochaient également.

« Fuyez ! leur hurla-t-il. Fuyez, pauvres fous ! »

Un homme-porc courait droit vers eux, et la dernière chose qu’Oswald vit fut Jacques refermant rapidement la lourde porte, contre laquelle le museau de l’homme-porc s’écrasa. Oswald rampait maladroitement en arrière, ses mains cherchant quelque chose, n’importe quoi.

« Mandus..., rigola alors une voix sardonique venant de la mezzanine. Enfin nous nous retrouvons. »

Effrayé, Oswald le vit s’approcher. Il marchait le long de la mezzanine, portant un élégant costume de soiré,e et un masque d’homme-porc.

Le Professeur.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 10 août 2014, 20:14:04
Séparés. Ils venaient de se faire séparer de la pire des manières qui soit. La Louve avait juste eu le temps de voir l’ignoble groin sanglant de l’homme-porc se percuter contre la lourde porte que Jacques de Mallenbraix avait spontanément refermé sur lui après qu’Oswald leur eut crié de s’enfuir. Oui, mais lui ? Comment allait-il faire pour survivre à ce merdier ?  Un déclic mécanique se fit entendre et d’un simple regard sur la porte, la lycane comprit qu’ils ne pourraient pas retourner sur leur pas.  Mandus était donc livré à lui-même. Quelles étaient ses chances de survies ? Médiocre en toute l’occurrence. Les hommes-porcs avaient été également plus que courroucés en voyant leurs nourritures partirent en cendres. Et ce n’était que des monstres, dénudés de tous sentiments humains. Pour  Shad, le gérant de l’abattoir venait de signer son arrêt de mort et ils ne pouvaient rien faire pour empêcher ce tragique destin.

Pourtant, il leur fallait continuer. Ils savaient plus ou moins comment arrêter cette infernale Machine. Trouver le cœur dans un premier temps, puis le faire surchauffer en sabotant le système de refroidissement. Bien sûr, la lycane aurait préféré que Mandus soit encore avec eux, tout comme Nolan et Karl mais cela semblait fort impossible. Elle détourna son regard de la lourde porte, observant un long couloir plongé dans la pénombre. Le seul chemin possible. Où cela allait-il encore les mener ? Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir : Avancer. Et surtout prier pour que des horreurs inhumaines ne leur tombent pas dessus.

« Con…continuons et espérons qu’il s’en sorte…. »

Après tout, ouvrir la porte était impossible. Un dernier regard fut lancé vers cette dernière en même temps que la Louve s’avançait vers le couloir. Allait-il s’en sortir ? Le pouvait-il seulement ? Quelle mésaventure…Elle soupira marchant dans ce sinistre corridor, calme. Bien trop calme à son goût. Tendant l’oreille, elle ne percevait que le sifflement de leur respiration et l’écho de leur pas. Cependant, pas la moindre trace d’un homme-porc ou autres. Coup de chance. Avec réflexion, la plupart de ces monstres étaient montés à la surface, entamant un lourd carnage dans les rues de la cité. Pour l’heure, seuls les bas-fonds devaient être prises dans  un tumulte sanglant mais si rien n’arrêterait ces engeances, la Place Publique ainsi que les quartiers plus aisés pourraient connaître le même destin funeste.

Une nouvelle porte. Et la seule possibilité de continuer leur route.  Shad abaissa la poignée, doucement, observant ce qui pouvait se cacher derrière. Rien encore.  Le duo s’aventura donc dans un nouveau couloir où des portes avec une petite fenêtre étaient disposées sur deux rangées  le long de ce nouveau chemin.  Cela aurait- pu ressembler à des cellules, mais ce n’en étaient pas. Piquée par la curiosité, la Louve s’approcha doucement de l’une des portes et observa avant de se reculer vivement. Ce n’était pas n’importe quels pensionnaires qui se trouvaient là-dedans ! Ce n’était pas des prisonniers auxquelles on ponctionnait  chaque goutte de leur sang, non c’était..

« Des hommes-porcs….Ce sont des hommes-porcs…Et ils..sont …en train de jouer… »

Mais avait-elle réellement bien vu ? Ou n’était-ce qu’une illusion ? La Terranide se rapprocha à nouveau, sans bruit vers la petite fenêtre permettant d’observer l’intérieur de ces chambres cellules. Et à nouveau, elle les vit : Deux hommes porcs. L’un marchait ici et là, reniflant de temps à autre l’air. Pour ce dernier, mieux valait se faire discret, mais l’autre c’était une autre histoire. Le second monstre empilait des cubes alphabétiques les uns sur les autres, comme un enfant s’amuserait avec un jeu de construction. De temps à autre, sa petite tour fragile se brisait et au lieu de la délaisser, il ramassait les cubes, les empilant les uns sur les autres avec une dextérité déconcertante. A nouveau, la Terranide se recula, parlant à voix basse :

« Ce n’est pas possible C’est comme si ces monstres étaient doués de consciences. Comme si c’était des enfants… »

Mais des enfants plus que dangereux.  Est-ce que cela pouvait signifier que leur créateur cherchait à les rendes plus intelligent de ce qu’ils étaient déjà ? Qu’ils ne soient pas des bêtes irréfléchies mais qu’ils agissent en tant que tacticien ? A cette pensée, Shad sentit un frisson lui parcourir l’échine. Les possibilités étaient nombreuses et il fallait avouer que cette scène avait quelque chose de déconcertant. Finalement, jugeant qu’il valait mieux continuer leur route, elle reprit la marche. Mais son pied heurta un nouvel obstacle. Un élément doux et pelucheux. S’abaissant, l’Okami  ramassa un ourson en peluche. Etrange, vraiment étrange. Pourquoi un tel élément était-il présent ici ?  Bien évidemment, elle s’imaginait mal les hommes-porcs câliner un ourson, alors pourquoi ?

« Vous pensez qu’il appartenait aux fils de Mandus ? »

Un souvenir de ces enfants défunts. Oui, cela pouvait être possible. Elle le relâcha, le laissant retomber mollement et sans bruit sur le sol. Après tout, ce n’allait pas être une peluche qui risquait de les protéger en cas d’attaque. Encore une fois, ils arrivèrent à une porte.  Posant une nouvelle fois sa main sur la poignée, la Louve attendait l’aval de Jacques pour l’abaisser et découvrir ce qu’ils les attendaient de l’autre côté En espérant que ce ne soit pas aussi étrange qu’ici et surtout qu’ils arriveraient enfin au lieu indiqué par Mandus. A propos, était-il mort maintenant ?
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 12 août 2014, 01:42:19
CLAYTON SHAW

L’Apocalypse. Tout autour de lui. Clayton avait cessé de courir quand son pied avait heurté un nid-de-poule sur le sol. Il s’était étalé sur le sol, et avait vu une impasse... Où l’un de ces abominables monstres mangeait au milieu de plusieurs cadavres qu’il avait regroupé ici. Sa tête disparaissait dans l’estomac d’un malheureux, arrachant ses organes, ses muscles, ses os, sans aucune once d’hésitation. Clayton déglutit lentement, et se releva, marchant plus lentement. Il entendait les hurlements, encore et encore, et, en s’approchant de certaines rues, vit des soldats en train de se battre. Un homme-porc avait une multitude de flèches et de carreaux d’arbalètes dans le dos, et sa lourde main attrapa la hallebarde d’un soldat, l’arrachant avant de la briser en deux. Le soldat regarda la bête, horrifié, avant de se recevoir un coup de griffe qui lui brisa la tête, entaillant ses joues sur plusieurs centimètres de profondeur.

Clayton continua à marcher, hébété, et sa route le ramena vers l’abattoir. Il s’arrêta derrière le mur, voyant une multitude de corps sur le sol. Des chariots étaient renversés. Les hommes-porcs avaient du affluer massivement depuis l’abattoir. Clayton savait qu’il y avait une entrée secondaire à l’arrière de l’abattoir, et, prudemment, entreprit de faire le tour. L’arrière de la déchetterie était plus calme, et il enjamba le mur, grimpant dessus, pénétrant dans une petite cour.

*D’une manière ou d’une autre, je trouverai un moyen d’en finir avec ces monstres !*

Shaw se le promettait, et pénétra à nouveau dans l’abattoir, s’y enfonçant rapidement.



JACQUES DE MALLENBRAIX

Jacques vivait un véritable cauchemar depuis qu’il avait été capturé. Il savait depuis des semaines que des choses sinistres tournaient autour de cet abattoir. Il enquêtait initialement sur les disparitions qui avaient lieu dans les bas-fonds, et il avait compris que ces dernières étaient très souvent liées à l’abattoir Mandus. Il s’était arrangé avec le comptable de l’entreprise pour effectuer une visite dans les profondeurs de l’abattoir, pour obtenir des informations. Ce dernier avait des choses à dire, et Jacques devait le rencontrer dans un entrepôt isolé du port. Il s’y était rendu, mais trop tard... Le comptable était mort, et le malheureux Jacques était tombé sur un homme-porc. La lutte fut aussi brève que vaine, et ils ‘était retrouvé en Enfer, dans cette maudite cellule.

Il n’y avait pas de mots assez forts pour décrire la souffrance qu’il avait ressenti quand les seringues s’étaient enfouies en lui, ponctionnant son sang sans relâche. Il avait failli mourir à bien des reprises, et, même maintenant, l’Hirondelle ne savait pas à le maintenir totalement en vie. Jacques avait terriblement faim, une faim qui dévorait ses entrailles, et manquait de peu de lui provoquer des absences. L’adrénaline le réveillait, ainsi que la peur, mais son organisme souffrait toujours autant. Ce qui se passait ici dépassait, et de loin, ses pires cauchemars. Il s’était juste attendu à ce que l’abattoir dissimule un trafic d’esclavage illégal... Comment aurait-il pu savoir que des expériences génétiques illégales avaient lieu là-dessous ? Qu’on créait des espèces de monstres en croisant les hommes avec les porcs ? Quel était la part de responsabilité de Mandus là-dedans ? Et quel était le lien avec le Château Brennenburg ? Il avait cru que les esclaves étaient envoyés là-bas, afin d’être revendus, mais il en était maintenant moins sûr. Malheureusement, Oswald ne pouvait pas leur fournir de réponses. Il était probablement mort, maintenant.

Le duo se trouvait dans un couloir sinistre, face à des portes blindées donnant sur de curieuses chambres. Des hommes-porcs s’amusaient à empiler des cubes. L’image avait quelque chose de dérangeante et de particulièrement sinistre à la fois. Qu’avait-il bien pu leur arriver pour les mettre dans cet état ?

« Ils ont été lobotomisés... Mais il y a toujours une part d’humanité en eux. Une part qui aspire très certainement à mourir... »

Jacques soupira lentement, reprenant son souffle. Son estomac gargouilla désespérément, et il porta la main à son ventre. Il eut alors une absence. Le couloir se mit à tourner, ses jambes devinrent aussi lourdes que des tiges de coton, et il tomba sur el sol, s’affalant sur le ventre. La douleur le réveilla, et il grogna, en entreprenant de se relever.

« Il... Il faut se dépêcher... Oswald nous a dit qu’il... Qu’il fallait attendre le Cœur pour détruire la Machine. Et c’est précisément ce que j’ai l’intention de faire. »

Jacques se releva maladroitement, et s’avança, longeant les couloirs.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 12 août 2014, 21:42:21
Ces montres avaient peut être une part d’humanité restante en eux, mais pour la lycane, le porc prenait l’avantage sur la raison humaine. Ces monstres devaient être anéantis jusqu’au dernier et pour cela, il fallait déjà arrêter cette Machine.  Proche de la porte de sortie, la Louve s’apprêtait à abaisser la poignée avant qu’un puissant gargouillement ne brise le silence de la pièce. L’estomac criant famine de l’avocat ne passa pas dans l’oreille d’un sourd et plusieurs hommes-porcs se mirent à foncer contre leurs portes, hurlant, sentant maintenant qu’ils n’étaient plus seuls. Une cacophonie infernale naquit.  Afin de se protéger au mieux du bruit, la Lycane abaissa ses oreilles et porta ses mains contre, grognant. Mais ce léger malaise n’était en rien comparable à l’état déplorable dont souffrait Jacques de Mallenbraix.  Shad s’approcha donc de lui, l’aidant à se relever avant de se diriger tous deux vers la porte, l’ouvrant, laissant les hommes-porcs hurlaient leur frustration.

« Reste encore à trouver ce cœur….Et avec de la chance, à manger… »

Quoique, sauf coup de chance, la collation qu’ils pourraient trouver risque fort d’être infecte, bonne à jeter aux porcs. Et à bien y réfléchir, l’Okami n’avait également pas mangé depuis un temps. Pour l’heure, son corps tenait bon mais était fort à parier que la faim la tiraillerait tôt ou tard si tout cela ne prenait pas rapidement fin. Bien sûr, l’espion de la Couronne avait également un malus non négligent : Il venait de passer des heures dans une cellule humide et froide à se faire ponctionner son sang, ses fluides vitaux. Comparé à l’appétit de la Louve, celui de Jacques devait être gargantuesque. Raison de plus pour en finir rapidement avant qu’il ne s’évanouisse par manque d’énergie.

Le duo traversa à nouveau un long couloir, ce dernier terminant par une intersection. Trois choix s’offrait donc à eux, quatre si on comptait le retour en arrière.  La Louve observa chacune des directions ne pouvant s’empêcher de  pousser un soupir de lassitude. Chaque chemin pouvait emmener n’importe où dans ce dédale et leur temps était plus que compté maintenant. Pourtant, un choix devait être fait, gauche, droite ou en face ?  Elle regarda encore autours d’eux, espérant voir un plan de l’installation, mais rien. C’était à eux de décider quelle direction prendre et surtout espérer que cette dernière les rapprocherait du cœur.

« Une préférence ? Autant commencer par la gauche, aller par la suite à droite et terminer en face si… »

Sa phrase ne connut pas de fin, bien qu’elle fût  facilement aisée à deviner. Les oreilles lupins de la Terrande se mirent à s’agiter, pivotant dans diverses directions  Un bruit de pas précipité. Elle était sûre d’avoir entendu quelque chose courir rapidement.  L’impact des pas sur le sol métallisés n’était pas aussi lourd que celui des hommes-porcs, se pourrait-il que ce soit Mandus ?  Cherchant toujours l’origine de ces précipitions que Jacques devaient aussi entendre à présent, la Terranide s’avança vers le couloir de droite, apercevant une silhouette qui se dessinait dans l’ombre de ces lieux. Cette dernière se rapprocha de plus en plus, avant d’être parfaitement visible aux yeux du duo récemment formé :

« Clayton Shaw ?! »

Que faisait-il ici ? Comment était-il arrivé ici ? Et pourquoi était-il dans un tel état ? Ses blessures ne pouvaient ne pas être vues.  A en juger par ce qu’ils avaient vu dans auparavant avec Mandus et le plan initial de Clayton, tout ne s’était pas déroulé comme il l’avait prévu. Les hommes-porcs devaient pour l’heure effectuer un véritable carnage à la surface. Immédiatement également par réflexe, la Louve se mis entre Jacques et Shaw. Elle se rappela soudainement que ce dernier n’avait pas réellement une bonne relation avec l’avocat et mieux valait éviter pour l’heure des effusions de sang inutiles. Et au moins, le fait que Shaw soit venu par la droite, leur permettait de réduire leur choix à deux possibilités. Pourtant, la Louve porta un regard sur l’avocat, désignant le couloir du droite :

« Si Clayton est venu par ici,  c’est qu’il y’a une sortie. Vu votre état vous devriez peut-être sortir non ? »

Même elle sur le coup, hésité à le faire. Pourquoi ne pas profiter de cette sortie pour demander de l’aide et détruire la Machine avec plus de facilité ? Un terrible vrombissement se fit soudain entendre et la structure entière se mis à trembler. D’énormes plaques de métal se décrochèrent du plafond et s’abattirent sur le chemin précédemment emprunté par Clayton Shaw, coupant net à toute possibilité de retraite. Derrière eux, une porte grinça et des hurlements éclatèrent Les hommes-porcs précédemment enfermés venaient d’être lâchés et se dirigeaient à présent vers le nouveau trio.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 14 août 2014, 01:59:05
OSWALD MANDUS

« Je dois admettre que… C’est décevant, Oswald. »

Ils avançaient à travers un couloir, deux hommes-porcs maintenant Mandus, le traînant, tandis que le Professeur marchait devant lui, dans un costume de soirée puant d’élégance, et un affreux masque de porc tribal sur son visage. Sonné, Oswald s’avançait le long d’un couloir sombre, jusqu’à atteindre un large escalier métallique descendant en spirale. Les monstres le relâchèrent, et l’homme s’appuya à la rampe. Dans le dos, un homme-porc le poussa, le faisant avancer, et il suivit le Professeur, sonné, troublé, le cœur sur le point de lâcher.

« Pourquoi maintenant ? Pourquoi finis-tu par renier ta propre création ? Je t’avouerai que je ne comprends pas... Nous sommes les architectes d’un nouveau monde, Oswald. Les cendres de ce monde pourri seront soufflées sur les fondations d’un monde nouveau, d’une nouvelle civilisation, une civilisation plus juste, une nouvelle humanité qui ne sera pas sclérosée par les affres de la religion, par ces petites guerres religieuses stériles sans intérêt, ou par tous ces conflits seigneuriaux, toutes ces guerres ridicules... »

Le Professeur parlait beaucoup, et Oswald n’arrivait plus à parler. Avait-il échoué ? Pourquoi n’arrivait-il pas à mettre un nom sur l’identité de cette personne ? L’escalier semblait interminable, et le Professeur continuait à parler, arguant que la fin de l’humanité allait arriver, et qu’ils en étaient les sauveurs, venant protéger l’humanité de ses démons, purifiant l’humanité par un sacrifice... Un sacrifice requis par les anciens Dieux, les anciens garants de la galaxie, ceux qui protégeaient l’humanité, qui la protégeaient contre elle-même, mais aussi contre les autres menaces. Rien de tout cela n’avait de sens, et pourtant... Oswald sentait dans sa tête de curieux échos. Les Dieux anciens... Le temple de Zerrikania. L’orbe. Il secoua lentement la tête.

« Je... Je ne comprends pas... À quoi est-ce que tout ceci rime ?
 -  Venez à moi, vous, les déshérités, vous, les malheureux, vous, ceux qui peinez... Vous, les criminels, vous, les violeurs, vous les voleurs, vous, la lie de l’humanité... Vous, qui n’avez pas droit de vie dans ce monde ! Nous avons construit un monde meilleur, Mandus, en nous débarrassant de la plaie purulente de cette Sodome, en la purifiant de sa souillure, en permettant à tous ces individus sans avenir de contribuer à une meilleure cause... De s’arracher à leurs chaînes, de vivre enfin pour une raison précise ! »

Un fou... Ce type était dément, un illuminé. Et ces hommes-porcs. Oswald crut défaillir, et revit les hurlements, les pompes qui s’enfonçaient dans la chair des prisonniers... Ils étaient nus, intégralement rasés, et baignaient dans le sang, poussant des hurlements en filant le long des tapis mécaniques les conduisant... Les conduisant là-bas.

Ils étaient arrivés dans un couloir, avec, au bout, une double porte lourde. Elle était solidement verrouillée, et le Professeur s’approcha d’une manivelle en forme de volant, et la tourna. La porte se mit à gémir, à grincer, les barres la retenant se détendant peu à peu, ouvrant la porte.

« Vous l’avez vu, Mandus... Vous l’avez vu, et vous m’avez montré votre vision. Nous sommes des visionnaires. Nous ne détruisons pas le monde, nous le sauvons ! »

Il s’était retourné vers lui, parlant rapidement. Oswald secoua lentement la tête, entendant les hurlements, les villes en feu... Le ciel chargé d’énormes nuages verdâtres, crevé par des espèces d’astéroïdes difformes qui s’abattaient sur Nexus...

« Oui, Mandus, oui... La fin des temps. Crois-tu donc que les Nexusiens pourront les stopper ? Leur reine est une vierge qui n’est même pas majeure, et qui est entourée par les traîtres ! Les Ashnardiens ne cessent de se taper entre les pattes, Tekhos se désagrège ! Non, Mandus, NON ! Nous sommes les sauveteurs du monde. Mais crois-tu qu’on puisse sauver le monde sans un minimum de dégâts ? Que signifie la mort de quelques déshérités dont tout le monde se contrefout, si cela permet de sauver l’espèce toute entière, HEIN ?! »

Il était de plus en plus agressif, et la porte, lentement, s’ouvrit. Oswald vit d’énormes tuyaux électriques.

« Nous y sommes... Le Cœur de la Machine. Là où nous effectuons le salut de l’humanité. Ce ne sont pas des meurtres, Mandus... Ça n’a rien à voir avec un homicide. Ce que nous faisons, ce que nous accomplissons... C’est un rituel. »



CLAYTON SHAW

Il avait trouvé une échelle interminable dans le bureau de Mandus, à l’administration. Il avait forcé la porte du bureau, et vu une multitude de documents comptables, avant de voir un passage secret dans le bureau, derrière une bibliothèque. C’est là qu’il avait vu des tableaux, avec des plans, des cartes, des livres, des manuels... Et une trappe. Il avait vu des croquis d’hommes-porcs, et une carte de Terra, mentionnant Nexus, mais également d’autres lieux... Zerrikania, et des endroits qu’il ne connaissait absolument pas. Des lignes avaient été tracées le long de la carte, reliant différents points. Shaw avait entendu des bruits de pas, et avait regardé parla fenêtre. Des individus erraient dans l’abattoir, portant des armes artisanales avec des torches. Il avait ensuite vu la trappe, et l’avait ouvert.

*T’es dingue, Clayton... Putain, t’es dingue !*

Cette échelle avait été interminable. Il avait bien du descendre sur des centaines de mètres, avant d’arriver dans un étroit couloir. Il avait reconnu ce maudit bunker dans lequel il avait été il y a quelques jours, et avait regretté d’avoir pour seule arme le pied d’une chaise qu’il avait récupéré dans le bureau de Mandus. Clayton s’était avancé le long du couloir, descendant quelques marches, et était arrivé à une intersection... Où il avait revu Shad... Accompagné d’une espèce de cadavre, d’échalas qu’il n’avait jamais vu auparavant.

« Putain de bordel ! s’était-il exclamé. Mais qu’est-ce que vous branlez là ?! »

Une visite inattendue, à tout point de vue ! La Terranide s’était mise à lui parler, disant que son pote devait repartir.

« Navré, petite, mais ce type pourra jamais grimper tout seul cette saloperie d’échelle... Et, vu le bordel que c’est là-haut, j’crois qu’on est bien mieux ici.
 -  Le... Le bordel ?!
 -  Ces saloperies de monstres attaquent la ville ! C’est un putain de chaos là-dessus !
 -  Alors... Il faut se dépêcher d’en terminer. »

Clayton acquiesça lentement.

« Si vous avez un moyen de bousiller cette saloperie, je vous suis ! Foi de Clayton Shaw, je ne laisserai pas cette saloperie me buter sans lui péter bien la gueule un bon coup ! »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 17 août 2014, 18:08:08
Tout s’enchaînait à une vitesse fulgurante. Et ces révélations qui venaient tour à tour compléter la connaissance de l’horreur qui se déroulait au-dessus de leur tête….Un carnage, Clayton Shaw venait de leur confirmer qu’à la surface, ce n’était plus que mort et désolation. Et bien évidemment, il était impossible pour Jack de Mallenbraix de passer par le chemin emprunté par Shaw. Premièrement au vue de son état physique et deuxièmement car la passerelle qu’avait emprunté Clayton était à présent détruite.   A présent, les directives étaient toutes tracées. La Louve se tourna ainsi vers Shaw :

« Il nous faut trouver le cœur de la Machine. Détruire son système de refroidissement pour créer une surchauffe et la faire imploser… »

A l’écoute, cela semblait tellement simple, tellement aisée. Et pourtant ! Une autre secousse ébranla la structure. L’Okami s’accrocha à  une bordure de métal,  ne pouvant pas réellement faire un pas sans risquer de perdre l’équilibre. Encore une fois, comme précédemment, des éléments de la structure se détachèrent et causèrent d’irrémédiables dégâts. Seul point positif à cela, le groupe n’était plus obligé de faire un choix quant à leur direction à prendre vu qu’une seule passerelle était encore intacte. Rester à savoir cependant pour combien de temps. La secousse passée, le trio s’engagea dans le seul chemin exploitable. Leurs pas précipités résonnaient en écho tout autour d’eux. D’énormes jets de vapeurs s’échappaient parfois des tuyaux, les forçant à s’arrêter pour quelques secondes au risque de se faire grièvement blessés.  L’ordre de marche était également toute tracé. Clayton se trouvait en première ligne, vérifiant si aucun  monstre n’allait apparaître au détour d’un couloir tandis que Jacques et Shad le suivaient de près.

De temps à autre, la Terranide jetait un rapide coup d’œil par-dessus son épaule, vérifiant qu’ils n’étaient pas pourchassés. Enfin, ils l’étaient sans doute mais pour l’heure, aucun monstre ne semblait les courser. Une chance. Une trop grande chance même.  Et pendant ce temps, ils continuaient à traverser des dédales, leurs chemins parfois bloqués par des parties de la structure détruire ou des jets de vapeurs continuels les obligeant à trouver une autre voie. Et pendant ce temps, cette même structure se mettait à gronder, à trembler plus fréquemment, comme si cette dernière crachait ses gerbes de monstres à la face du monde. De nombreuses fois, surprise par de tels ébranlements, la lycane manqua de perdre l’équilibre et de chuter sur le sol, perdant un temps précieux et risquant par la même occasion de se blesser.

« Putain ! »

Oui, elle jura mais après ? Qui ne le ferait pas dans une telle situation ?  De plus, elle avait l’amère impression de tourner en rond. Tout ce qu’elle voyait était  des structures de métal, de longs tuyaux cuivraient filant vers un point commun et des monstres. Certes, ils avaient leur fil d’Ariane avec ces tuyaux, mais leur course semblait sans fin. Du moins, jusqu’à maintenant. Au loin, nappée d’obscurité, une structure plus imposante semblait se découvrir.  Mais cette dernière semblant si proche était encore loin d’être à portée de main. Mais au moins, maintenant, le trio avait un point d’amarre, une vue sur leur objectif. Restée cependant à espérer qu’il s’agisse réellement du cœur de la Machine. Cet enfer allait enfin bientôt prendre fin ! Mais tirer des conclusions hâtives est un fait particulièrement déconseillé dans ce type de cas et la Louve le compris à ses dépens.  Une nouvelle fois, la structure s’ébranla et la passerelle où se trouvait le trio s’effondra sur elle-même, les faisant chuter dans une eau stanneuse remplie de fluides en tout genre.

L’aspect comme l’odeur était immonde, infecte et inqualifiable. Réalisant soudainement où ils se trouvaient et le danger qui les guettaient, l’Okami blêmit d’un coup, devenant presque livide, cherchant rapidement du regard une passerelle  pour s’extirper de ce fluide plus que mortel tandis qu’au loin, des mouvements dans l’eau, comme des pas précipités se faisaient entendre

« Merde ! Merde, merde ! «

Il leur fallait s’extirper de cet endroit, et rapidement. Bien que le monstre pouvait se faire entendre, il était impossible de savoir où il frapperait en premier. Autant ne pas rester statique dans ce cas et se mettre en marche. L’eau poisseuse et infectée arrivait facilement au niveau de leur bassin et restreignait leur liberté de mouvement.  Shad invoqua rapidement  une petite sphère de flammes, afin de leur permettre de voir plus loin, rasant les zones, cherchant à trouver une passerelle les aidant à sortir de cet enfer. Si le monstre qui venait vers eux étaient le même que celui qui avait rué Karl, il suffirait de sortir de cette étendue d’eau sale pour lui échapper. Mais encore fallait-il y parvenir sans heurt.

« Shaw ! Tu es bien passé par les égouts non ? Comment lui as-tu échappé ? »

Il devait y’avoir croisé lors de sa première rencontre dans l’abattoir. Il était passé par les égouts où se trouvait ce monstre et en était ressortie vivant. Il devait bien y’avoir une raison à tout cela !  Pendant ce temps, les bruits de pas précipités se faisaient de plus en plus proche.  La Terranide arriverait presque à sentir la respiration chaude et fétide ce cet être invisible qui s’apprêtait à les pourfendre.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 19 août 2014, 02:08:01
CLAYTON SHAW

« Lui échapper ?! Bordel, j’ignore totalement ce qu’est cette saloperie ! »

Est-ce que cette dinde n’avait pas écouté ce qu’il avait dit dans l’auberge ? Clayton était sorti de la Machine par chance, et il avait bien failli y laisser sa peau. C’était un miracle qu’il ait échappé à ces horreurs sorties d’on ne sait quel Enfer, et encore plus qu’il ait réussi à quitter les égouts sans se faire bouffer par les noyeurs. Pourtant, il entendait clairement une bête se rapprocher, provoquant d’énormes bruits en avançant dans l’eau, formant de multiples flaques d’eau. Il essayait d’avancer rapidement, mais, avec l’eau à hauteur de son bassin, ses mouvements étaient solidement entravés. Qu’est-ce qui avait bien pu lui prendre de revenir ici ? D’affronter cette monstruosité ? Il était fait comme un rat !

*Je ne crèverai pas ici, pas dans cette fange, pas dans cette merde !*

La boule de feu de la Terranide lui permit devoir, sur sa gauche, une sorte de levier. Ils n’auraient jamais le temps d’atteindre la plateforme, et il se rua vers le levier, et l’abaissa. Peu importe ce qu’il allait déclencher, ce serait toujours mieux que...

Le sol se déroba sous les pieds de Clayton, et, dans un hurlement de terreur, celui-ci fut aspiré, en même temps que Shad et Jacques, par une pompe. Ils dévalèrent un conduit aquatique filant sous ce tunnel. Clayton grogna, balançant des bulles en heurtant à plusieurs reprises les murs. Ils finirent par être largués du conduit, et atterrirent dans un autre tunnel rempli de flotte. Shaw grogna, et sortit son corps de l’eau... Pour constater que ce n’était pas de l’eau.

« Oh bon sang ! Bon sang, merde, merde, merde !! »

Ils étaient arrivés dans une rivière de sang, une rivière écarlate qui filait droit devant eux. Du sang ! Toute une rivière de sang qui filait droit vers ce putain de Cœur ! Clayton sentit son sang s’affoler, et il dut s’appuyer contre le mur.

« C’est... C’est un putain de cauchemar... »

Combien de litres ? Combien de morts avaient été tués pour qu’il y ait autant de sang ? Étaient-ils tombés si bas qu’ils venaient d’arriver tout droit en Enfer ? Tous les tuyaux qu’ils avaient vus convoyaient tous du sang, le concentrant dans ces espèces de grands canaux. Clayton voyait de multiples trappes, ici et là, balançant continuellement du sang... Du sang qui venait depuis les prisons, depuis ces cellules où il avait vu les seringues les ponctionner, et qui voyageait ensuite dans les profondeurs de la Machine pour arriver jusqu’ici... Jusqu’au Cœur. Il était à portée de main, et l’horreur, tout à fait naturelle, que Clayton ressentait, était contrebalancée par son envie d’en finir.

Tout ça ne pouvait pas être vrai. C’était... C’était trop invraisemblable pour l’être. Il recommença à marcher, épongeant son visage couvert de sang, afin de pouvoir mieux voir.



OSWALD MANDUS

« Le sang a toujours été le meilleur véhicule de la magie. Tu ne te rappelles donc vraiment de rien ? »

Médusé, Oswald contemplait, depuis le bureau, le sinistre spectacle se dessinant derrière la baie vitrée. Ils n’étaient plus que deux. Les hommes-porcs s’étaient retirés. Devant eux, il y avait une sorte d’immense structure cylindrique, un hall immense, si vaste et si grand qu’Oswald n’arrivait pas à en voir les extrémités. En revanche, il voyait très bien les ouvertures, depuis lesquels des cascades de sang étaient en train de sortir en continu, descendant tous dans les profondeurs de ce hall.

« C’est monstrueux..., réussit-il à dire. Pour... Pourquoi ?! »

Oswald se retourna vers le Professeur... Qui le frappa sèchement au visage, envoyant l’homme s’affaler sur le sol.

« C’est toi qui as conçu tout ça, Mandus ! Le baron t’avait dit qu’il fallait du sang ! Du sang pour l’invoquer ! Du sang pour réunir suffisamment de puissance afin de percer les murs de l’espace-temps !
 -  De QUOI est-ce que tu parles ?! Je... Je n’ai jamais pu cautionner ça !
 -  Parce qu’il le FALLAIT, Mandus ! Il le fallait ! L’orbe t’a montré notre futur ! Elle t’a montré ce qui nous attend, et comment empêcher l’inévitable ! Nous devons tous faire des sacrifices ! Tu as payé le prix, Mandus ! Alors, pour l’amour de Dieu, ressaisis-toi, et contemple ton œuvre ! Contemple l’aboutissement de toutes ces années de travail forcé ! Ensemble, Mandus ! Ensemble, nous l’avons fait ! L’œuvre est achevée ! la Machine est terminée, et elle a enfin son carburant ! Il coule à profusion !
 -  Son... Son carburant... Le... Le sang.
 -  Oui, Mandus. Les expériences du Baron lui ont permis de comprendre que, parmi les nombreux vaisseaux et autres cellules que le sang transporte, il y a d’infimes particules… De la mana. La magie circule en nous, et sa puissance est phénoménale. Là réside le secret de la Machine, là réside la puissance de TON invention ! Le sang ponctionné sur les sujets...
 -  Il circule dans des stations d’épuration et des centres de traitement, poursuivit Mandus, il passe dans des pompes, des centrifugeuses, il est mélangé à l’eau des égouts afin de le purifier... Afin que les éléments impurs restent... Avec les éléments impurs, et que...
 -  La Machine se nourrit de magie. C’est son rôle : un immense générateur de magie. Une alternative à la Tour Sombre, un moyen de pouvoir venir à bout de l’hégémonie de Maerlyn. »

Maerlyn ? La Tour Sombre ?! Des mots qui ne voulaient rien dire, mais qui, pourtant, résonnaient dans l’esprit de Mandus. Fragmentaire, la mémoire revenait.

« La magie est un cadeau des Grands Anciens, une force qu’Ils ont insufflé à leurs fidèles pour qu’ils se battent en Leur nom. Mais les Grands Anciens ont été scellés, bannis hors de notre espace-temps, enfermés dans d’éternelles prisons, d’où, inexorablement, Ils cherchent à revenir. Tu as vu cela dans l’Orbe, Mandus, et tu m’as montré ce savoir. Toi et moi, nous avons œuvré à construire une Tour magique qui, comme celle de Maerlyn, permettrait de cataliser la magie. Maerlyn pensait que la magie était une force naturelle qu’il fallait contrôler et réguler. Sa Tour a permis de rationaliser la magie, elle a permis de mettre fin aux vastes cyclones magiques qui ravageaient Terra en des temps immémoriaux. Grâce à la Tour, la magie a été diluée dans chaque individu... Et, ce faisant, elle est l’une des barrières empêchant les Grands Anciens de revenir.
 -  Shub-Niggurath... »

Les images revenaient. Le temple de Zerrikania, l’obscurité qui l’enveloppait, étouffante, et l’Orbe... Elle se dressait sur son piédestal, appelant Oswald de sa voix immatérielle et intemporelle. À l’intérieur, Shub-Niggurath lui avait parlé, et lui avait montré... Le futur. Oswald soupira lentement. Il s’était depuis longtemps relevé, et posa une main contre la vitre. Nexus en feu, la ruine et le chaos, le ciel orange, des tentacules immenses le découpant et s’enfonçant profondément dans le sol... D’immenses astéroïdes s’écrasant à la surface du monde, libérant des hordes et des hordes d’abominables démons pour la coloniser et la ravager.

« Oui, Mandus... Tu as vu la fin des temps. La fin du monde. Une guerre sans merci. Tu as vu le sort réservé à tes enfants. »

Cruelles, les images affluaient, montrant des monstres abominables s’emparer des derniers survivants de l’humanité pour les enfermer et les ensemencer. Il voyait ses propres enfants se faire transpercer par des tentacules, puis vaporiser. Il voyait toutes les armées du monde en poussière.

« Les Formiens... Ils... Ils vont nous envahir ?
 -  C’est déjà en cours, Mandus. La Fourmilière n’est qu’un ridicule avant-poste. En ce moment, leur Nuée traverse l’espace pour fondre sur nous ! Les Grands Anciens t’ont montré le sort qui nous attendait, un sort similaire à des centaines de milliers d’autres planètes.
 -  Non... Ce... Ce n’est pas possible... »

Le Professeur saisit Oswald par les épaules, le secouant nerveusement.

« Ressaisis-toi, Mandus ! C’est en cours ! Voilà pourquoi nous avons construit tout ça ! Tu le comprends, maintenant ? Eux seuls peuvent nous protéger !
 -  Réveiller les Grands Anciens ? Alors, c’est ça... La Machine... Oui... Je me souviens, maintenant... Le Cœur... C’est un portail. Un portail qui a besoin d’une grande quantité de magie pour fonctionner. »

Une magie qui était fournie par le sang. Le sacrifice nécessaire pour que la Machine fonctionne, et ouvre un Portail vers la dimension de Shub-Niggurath.

« L’orbe contenait une partie du savoir de Shub-Niggurath. C’est grâce à ce savoir que tu as pu concevoir la Machine, et c’est grâce à l’aide du Baron que nous avons obtenu nos serviteurs. Nous partageons tous la même vision, Mandus. J’ignore pourquoi tu as choisi de boire cette potion d’Amnésie, mais ce n’est rien. Le processus est enclenché, et ne pouvait plus être réversible depuis le premier sang versé.
 -  Le... Le premier sang ? De quoi est-ce que tu... ?
 -  Oh, tu le sais très bien, Oswald... Et je pense que c’est pour ça que tu as bu cette saloperie de potion. Les Grands Anciens sont des êtres exigeants, et ils souhaitent de leurs fidèles que nous sacrifions ce à quoi nous tenons le plus. Tu l’as fait par amour, Oswald. C’est la seule chose qui importe. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 24 août 2014, 17:24:06
« Lui échapper ?! Bordel, j’ignore totalement ce qu’est cette saloperie ! »

Cette simple exclamation expliquait énormément de fait. Lors de son récit dans l’auberge, Clayton Shaw ne l’avait aucune fois mentionné. Rien de bien étonnant s’il ne l’avait jamais croisé. Un coup de chance lors de son premier passage dans cet enfer. Car pour l’Okami, si lors de sa première visite dans l’abattoir Mandus, Shaw avait croisé pareil monstre, ses chances de survies auraient été fortement amoindries. Dotant plus qu’il s’était enfouie par les égouts et que cette créature des enfers, résidait dans ces lieux. Le seul moyen de lui échapper était de sortir de la surface liquide. La boule de feu qu’avait invoqué la Terranide leur permis de voir une plateforme, une sortie à ce pétrin sur leur gauche. Mais elle était bien trop loin et le niveau d’eau leur empêchait de se mouvoir correctement avec aisance. Au contraire de la créature qui se rapprochait dangereusement.

Shad entendit soudainement un déclic. Tournant rapidement son regard vers Shaw, elle vit qu’il venait  juste d’abaisser un levier. Et avant même qu’elle n’est pu battre les cils, le sol se déroba. Une exclamation de surprise et de terreur lui échappa et elle fut happée, tout comme Clayton et Jacques dans une série de tuyaux où leurs corps furent barbotés. De nombreuses fois, elle se heurta contre les parois, lâchant une série de bulle d’air sous l’impact.  Tout était pour la Louve sans-dessus-dessous.  Son corps retourné dans tous les sens, elle n’aurait pu dire où était le haut et le bas lors de cette descente aux enfers. Mais qu’avait-donc enclenché Clayton ?! Ses poumons commençaient à lui brûler, réclamant l’air qu’ils n’obtenaient pas. La Terranide ne s’était pas attendue à un tel changement de situation, ni à devoir retenir son souffle et le peu d’air qu’elle avait dans ses alvéoles pulmonaires au moment où le sol s’était dérobé n’était pas assez suffisant. 

Sa tête commençait à tourner, ses pensées devinrent confuses et soudain, elle sentait qu’elle atterrissait dans un liquide flasque et épais, la tête hors de ce dernier. Grande inspiration d’air, main contre la gorge et cœur battant la chamade. C’était moins une.  Elle put ouïr Clayton juré et au même moment que ses yeux s’abaissèrent, elle constata la raison de ses jurons.

« Putain !  C’est quoi cette merde encore ? »

Comment aurait-elle pu réagir autrement ? Des litres, des centaines de litres de sang coulaient ici, fuyant vers un lieu commun. Combien d’innocents avaient été massacrés pour créer une telle quantité de sang ? Pour créer une rivière entière ? Regardant autours d’eux, l’Okami put noter que le sang continuait à affluer, sans arrêt. Bon sang, ils auraient dû libérer les prisonniers.  Tout cela devait se terminer le plus rapidement possible. Elle se mit également en marche, suivant Clayton et l’espion de la Couronne, son corps entier recouvert de ce fluide vital.  Du sang sur les mains. Cette expression prenait tout son sens pour l’auteur de ces massacres.  Réalisant soudain qu’ils avaient omis un fait important, la lycane se retourna, s’attendant à entendre des clapotis précipités dans l’eau.   Mais sa surface ne donna pas écho à ses craintes.  Le monstre ne les avait donc pas suivies. Une  chance pour eux.  Dotant plus qu’ils étaient arrivés au Cœur. Cette maudite destination était ainsi à portée. Et mise à part l’écho de leur pas et leurs propres souffles, la Louve n’entendait rien. Pas le moindre monstre invisible ou d’homme-porc voulant leur mort. Un peu de répit. Mais lorsqu’ils furent arrivés à une certaine distance du cœur, des paroles furent audibles pour tous. Une voix forte et masculine, non deux voix pouvaient se faire entendre. Et l’une d’entre elle était celle de Mandus. Ainsi, il avait réussi à survivre ? Mais comment ?

« Mais qu’est-ce que ? »

Ils étaient arrivés au pied d’une structure et  plus haut, devant une baie vitrée, la silhouette de Mandus se dessinait. Le petit groupe pouvait facilement l’entendre parler. Répondant  à ce qui semblait une tierce personne. Pourtant, Oswald Mandus semblait seul. Définitivement seul. Le gérant de l’abattoir se parlait à lui-même !  Et les révélations qu’il fit glacèrent le sang de la Terranide. Il  était bien la cause de tout cela. Mandus était fou, complétement fou !
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 26 août 2014, 01:26:38
OSWALD MANDUS

« Il s’agit d’assurer la survie de l’humanité, Mandus. Tu es mieux placé que personne pour le savoir : que signifie le sacrifice de quelques-uns si cela permet de sauvegarder la pérennité de notre planète ? »

Oswald secoua lentement la tête. Les paroles du Professeur sonnaient tellement juste. Il posa ses deux mains sur le bureau, se pinçant les lèvres. Il ne voulait pas entendre plus, non, il ne voulait pas y croire, et pourtant... Il revoyait la tempête, il revoyait cette soirée infernale où ses enfants avaient perdu la vie. Un accident, disait-on, mais la réalité... La réalité était encore plus sinistre que ça. Elle dépassait l’entendement, et il n’arrivait pas à l’admettre. Sa femme...

L’homme se mettait à sangloter.

« Elle n’a pas pu le supporter. Elle comptait tout dire. Il a fallu s’en débarrasser. Nous ne pouvions pas nous permettre que quelqu’un vienne retarder nos plans, ou menacer de détruire la Machine avant qu’elle ne soit prête.
 -  Tu... Tu l’as tué. Mi... Misérable ! Monstre ! Comment as-tu pu... ?!
 -  Il suffit, Mandus ! Laisse les jérémiades pour les jeunes enfants ! Je suis ta création ! Tu ne le comprends donc pas ? Tu m’as créé pour te supplanter là où tu échouerais ! Tu savais qu’il fallait se méfier de ta composante humaine, que tes sentiments risquaient de faire échouer toute notre entreprise. Je suis la Machine !
 -  Tu es fou ! Je vais détruire cette monstruosité ! »

La claque fusa, douloureuse. La tête d’Oswald heurta à nouveau la vitre crasseuse, et, en contrebas, il les revit. Shad, l’homme qu’ils avaient sauvé... Et un autre individu, qui le regardait.

« Comme c’est décevant... Tu avais raison, Mandus. Une œuvre parfaite ne peut pas avoir une composante humaine, car l’être humain est naturellement appelé à ne pas faire ce qu’il faut faire, et à prendre les bonnes décisions.
 -  Nous parlons de meurtres !
 -  Non ! Ces gens-là… Des meurtres ? Ha, ne me fais pas rire ! Ils ne servent à rien, ils ne sont que des poids morts pour la société. C’est la sélection naturellequi veut leur suppression. La Nature élimine tout ce qui lui est inutile, il en va de même pour nous. En les récoltant, en utilisant leur énergie vitale, nous donnons à leur mort une raison d’être. Ce sont des porcs, Mandus, rien de plus, des porcs qui s’engraissent sur la civilisation, des porcs lourds et gras qui en retardent l’évolution naturelle. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire des sentiments, pas quand c’est la survie de l’espèce qui est en jeu. »

La vision d’Oswald devenait floue, et il se passa une main sur ses cheveux moites, n’arrivant pas à en croire ses yeux. Il se revoyait tenir les mains de ses deux enfants, les entendait paniquer, lui demandant où ils allaient, ce qui se passait. Ils avançaient dans des couloirs obscurs. Non, ce n’était pas possible... Une hallucination, c’était forcément une hallucination ! Oswald ne pouvait pas croire à autre chose !

Le Cœur se mit alors à vrombir dangereusement, provoquant des vibrations dans toute la structure.

« C’est en cours. Plus rien ne peut l’arrêter, maintenant. Il est temps d’appeler Shub-Niggurath. »

Oswald vit la main du Professeur s’approcher d’un bouton... Et il s’en saisit alors, le repoussant. Le Professeur s’énerva, et tenta de le pousser. Oswald le frappa alors, et s’interposa.



CLAYTON SHAW

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! »

Clayton, médusé, voyait Oswald en train de se battre avec... Lui-même. Sa main gauche essayait d’appuyer sur un bouton, et la droite tentait de le stopper. Il se décocha ensuite des poings en pleine figure, et se mit à hurler. Sa voix malade jaillissait des haut-parleurs.

« Tu... Tu ne comprends donc pas ?! Arrête !... Je... Je te stopperai, monstre ! Plus rien ne peut l’arrêter !! »

Pour Clayton, tout ça était incompréhensible, et il en arriva à la première théorie : Oswald était totalement cinglé, et était en train de trafiquer quelque chose dans ce bureau. Il regarda lentement autour de lui. Le Cœur de la Machine était en train de bourdonner dangereusement, et un immense portail était en train de s’ouvrir devant.

« Oh oui, mes enfants !! Laissez la Félicité s’ouvrir à vous !! Accueillons ensemble le Rédempteur !! Accueillons celui qui nous sauvera de la perdition !! Accueillons-le, et chérissons sa bénédiction, louons-là !! Louons-là, et vénérons-là !! »

Par-delà les vrombissements, Clayton entendit les hurlements des hommes-porcs.

« Merde, ils affluent en masse ! »

Les évènements se précipitaient, et Clayton s’avança droit devant lui, vers une trappe menant à un escalier de maintenance en fer rouillé.

« Je ne sais pas pour vous, mais je ne compte pas rester là pendant qu’ils arriveront pour nous bouffer ! Il faut trouver les pompes qui alimentent ce machin, et les couper ! »

Autrement dit, il fallait en finir.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 26 août 2014, 20:05:46
Le spectacle dont était témoin la Terranide avait de quoi perturber plus d’un. A quelques mètres au-dessus d’eux, se trouvait Mandus. Outre le fait qu’il se parlait déjà à lui-même, semblant révéler son penchant pour la schizophrénie voilà qu’il se mettait à se battre contre lui-même. Un fou, cela ne pouvait être qu’un fou en cet instant. Mais un fou qui essayait tant bien que mal à maîtriser certaine de ses pulsions. Est-ce que la bouteille d’Amnesia avait un rapport quant à son état ?  Peut-être….Mais  la Louve se doutait que la véritable source de ce dédoublement de personnalité remontait à une date bien antérieur à la prise de cette fameuse bouteille trouvée dans son bureau.  Mais les évènements s’enchaînaient à présent et la Machine toute entière se remit à vibrer sous les déclarations insensées de Mandus. Le vrombissement de cette dernière ne permit pas cependant de cacher les cris des hommes-porcs.  Ces monstres allaient arriver sous peu, attiré ici.

Mais, le danger le plus important n’était-il pas ce portail qui commençait à s’ouvrir ? A s’ouvrir grâce au prix du sang ? Coûte que coûte, il fallait faire cesser tout cela et la lycane rejoignit rapidement Clayton, hochant simplement la tête dans l’affirmative. Oui, il fallait en finir et ne plus perdre de temps en parole. De toute manière, l’homme avait déjà tout résumé.  Il leur fallait trouver ces pompes, stopper le système d’alimentation, arrêter cette folie avant que tout ne soit perdue.  L’escalier de maintenance était plongé  en majeure partie dans la pénombre. Mais la rampe, bien que rouillée, permettait d’avoir un point d’appui et d’éviter des chutes malencontreuse. Du moins, si le groupe aurait eu du temps devant lui. La Louve quant à elle dévala l’escalier quatre par quatre, la pénombre ne la gênant que moyennant. Tant qu’elle avait une source de lumière, cela lui convenait.

Sur le palier des escaliers, l’Okami observa rapidement les alentours, entendant derrière elle, des derniers pas précipités.  Coup de chance pour le groupe car le choix de direction ne serait guère difficile à prendre. Le couloir ne comportait qu’une seule et unique direction un gain de temps considérable donc. Dans un accord tacite, ils s’élancèrent rapidement, filant à travers ce dernier pour retomber sur une lourde trappe.  Son ouverture permis de voir une échelle. C’était à se demander jusqu’à où descendait ce complexe ! Mais trêve de divergence !  L’échelle était là, attendant d’être descendue et c’est ce qui fut fait.  Pourtant, bien que la Louve s’était attendue à une descente d’une vingtaine de mettre au maximum, elle dû constater que l’échelle descendait bien plus loin. Au  vue de son état, elle se demanda si Jacques allait tenter de les suivre ou simplement attendre ici.

La descente parut interminable et rien que repenser à la montée arracha un frisson à la Terranide. S’ils devraient partir d’ici rapidement, cette ascension leur coûterait la vie.  Et malgré la distance qu’ils avaient déjà traversée, elle pouvait encore sentir la structure vibrer. Les barreaux de métal vrombissaient doucement, leur rappelant sournoisement qu’ils devaient se hâter. Pour peu,  c’était à se demander si à la surface,  les tremblements de la Machine se faisaient également ressentir. Mais pour l’heure, l’Okami ne pouvait vérifier cela. Non, tout ce qu’elle espérait maintenant était que cette descente cesse et qu’ils trouvent ces pompes.

Sa requête muette ne fut pas de suite entendue. Avant de pouvoir poser le pied sur le dernier barreau,  il lui avait fallu compter encore cinq bonnes minutes.  Elle n’avait pas réellement compté le temps de la descente en totalité mais cette dernière était conséquente. Il ne restait plus à espérer qu’aucune autre échelle ne les attendait à présent. A nouveau, un couloir fut emprunté, ce dernier mena à une lourde porte en métal. Cette dernière fut poussée, offrant la vue à un complexe comportant bon nombres de machines et de boutons clignotants ici et là. Le centre de commandement. Le regard de la Terranide balaya la pièce. Tant de possibilité tant de choix. Que choisir ? Que faire ? Quelles commandes actionnaient les pompes ?

Un manuel devait bien se trouver ici ! La Terranide commença rapidement à fouiller, cherchant la moindre petite feuille, avant de s’arrêter subitement, ressentant une nouvelle fois la structure vibrer. Et cette fois, bien plus fort que les fois précédente. L’échéance arrivée à grand pas.

« Et merde ! On n’a pas le temps pour la paperasse ! A vous l’honneur ! »

A Clayton de choisir les commandes qu’il allait arrêter. Après tout, le choix n’était pas bien difficile, si on voulait arrêter la Machine, il suffirait de tout éteindre, stopper toutes les alimentations, arrêter le système de refroidissement et observer les conséquences. Une implosion, voilà ce qui les attendait, ce que leur avait dit Mandus.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 28 août 2014, 01:39:25
Le trio arriva dans la salle des machines. Il y avait des terminaux un peu partout, ainsi que d’énormes pompes qui s’enfonçaient dans le sol et en ressortaient, balançant d’impressionnants jets de vapeur dans ce qui semblait être un grand hall. Ils étaient sous le Cœur, sous cette espèce de grande structure blanchâtre qui brillait au-dessus de leurs têtes, au centre de cette grande pièce. Il y avait tout un système de tuyaux et de canalisations filant au-dessus d’eux, rejoignant ces énormes pompes. En voyant une pompe se relever, Clayton vit qu’il y avait, sous elle, un énorme tuyau, qui filait probablement dans le Cœur.

« Tout le sang se concentre ici... Dans ces pompes... Ou ces catalyseurs.
 -  Des... Des générateurs..., compléta Jacques. Ils... Ils alimentent le Cœur.
 -  Alors, il faut trouver un moyen de les couper. »

La Machine vibrait de plus en plus, et Clayton s’approcha de l’une des pompes. Comment la retirer, au juste ? Les plaques en cuivre recouvrant les générateurs avaient l’air bouillants, et il ne voyait aucun mécanisme apparent permettant de les retirer. Peut-être en coupant les tuyaux ? Clayton tendit sa main vers l’un d’entre eux, mais, quand illa toucha, il sentit une vive douleur sur ses doigts. L’homme poussa un hurlement en s’étant ébouillanté, et secoua sa main.

« Saloperie de putain de saleté ! Comment on coupe cette merde ?! »

Il n’arrivait pas à trouver la faille de l’engin, sa faiblesse structurelle. Est-ce qu’il fallait couper tous les générateurs ? Il y en avait bien une quarantaine, qui s’agglutinaient autour du Cœur. L’homme s’humecta les lèvres, sa main lui faisant un mal de chien... Et, pour ne rien arranger, un homme-porc apparut alors, poussant un hurlement terrifiant.

« Bordel ! »

Clayton se mit à courir, et l’homme-porc, de son côté, s’élança à sa poursuite, évitant les générateurs, avançant sur ses quatre pattes massives. Il était rapide, furieux, et Clayton filait entre les rangées de générateurs, sentant le parquet en bois craquer sous ses pieds. Ils étaient probablement dans les profondeurs de la Machine, juste au-dessus des catacombes et des grottes souterraines de Nexus. Un homme-porc apparut alors juste devant lui, et Clayton s’arrêta sur place. Dans son dos, le premier homme-porc lui sauta dessus... Mais une silhouette apparut alors comme par enchantement à côté de lui, l’étonnant tellement qu’il en perdit l’équilibre. Il vit un bâton magique, et une aura magique jaillit, formant comme un bouclier contre lequel les deux hommes-porcs ricochèrent.

La magicienne, une magnifique rouquine avec des cheveux jaunes, tourna sa tête vers lui, portant une robe violette assez légère.

« Je m’appelle Adamante, et je suis venue vous aider à détruire cette installation... Et ons ‘est déjà vus, je crois. »

Clayton, médusé, n’y comprenait plus rien. Qui était cette femme ? Il n’eut fort heureusement rien à dire. La magicienne semblait avoir remarqué quelque chose, et tourna la tête, observant le Cœur.

« Mon Dieu... Alors, c’est donc ça… La perturbation que j’ai ressenti depuis l’église de Lamb. »

Mais oui, bien sûr ! La putain d’église !  C’est là qu’il était tombé sur cette nana ! Par les saintes couilles de McGregor, qu’est-ce qu’elle foutait ici ? Retrouvant l’usage de sa langue, Clayton désigna l’un des générateurs.

« Ça ! Ce sont ces trucs qui l’alimentent! Il faut les couper !! »

Adamante tendit sa main vers l’un des générateurs, et se concentra un peu. Elle arracha la plaque, et, en déglutissant, Clayton vit un épais liquide rouge à l’intérieur... Puis une main qui jaillit, tapant contre une sorte de vitre.

« Des ESPers... La magie est plus forte chez eux que des humains normaux. »

Quel était leur rôle ? Comme si elle lisait dans ses pensées, Adamante y répondit :

« Ce sont eux, les catalyseurs. Ils sont le cœur du sacrifice rituel de cette structure. Ce gros dôme concentre toute la magie pour ouvrir un Portail. Le processus sera bientôt à son paroxysme. »

La Machine trembla à nouveau, le bois se mettant à craquer, et les hommes-porcs, de plus en plus nombreux, hurlèrent à nouveau. Adamante se concentra alors, et envoya une décharge d’énergie vers la vitre, l’explosant. Tout le sang en jaillit, et un homme ne tarda pas à apparaître, son corps raccordé au générateur par des fils, dont un lui permettant de respirer. Il était chauve, nu, malade, et s’écroula mollement sur le sol, inerte, plongé dans un état catatonique. Il fallait ouvrir les autres, mais les hommes-procs se multipliaient.

« Trouvez-vous une arme, quelque chose. Un pied-de-biche pour ouvrir ces trappes, par exemple. »

Clayton hocha lentement la tête, et commença à chercher autour de lui.

La Machine ne se laisserait pas faire sans réagir, et, pendant ce temps, le Cœur se mit à briller... Et un épais rayon magique jaillit de ce dernier, filant sous la Machine, frappant le sol d’une immense grotte. Le Portail était en train de se constituer, déchiquetant l’espace-temps, provoquant une véritable tempête magique.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le dimanche 31 août 2014, 20:48:30
La magie frappait la salle. Le cœur vrombissait.  La Louve entendit Jacques interpeller Clayton avant de lui envoyer un pied de biche. Lorsque l’ex taulard attrapa l’arme de fortune, il s’empressa de courir vers l’une des trappes, l’utilisant pour tenter de l’ouvrir. Au moins, il ne se brûlerait plus, mais on pouvait deviner à son faciès que l’effort était loin d’être facile. Son visage arborait la douleur et la colère, il n’était pas difficile de comprendre qu’au vue de ses mains brûlées, un tel effort devait lui faire un mal de chien. La Louve était certes heureuse de revoir Adamante, elle savait qu’elle était une magicienne hors pair et se sentait à présent en sécurité, mais le temps des réjouissances n’était pas pour maintenant.

A son tour, elle se mit à chercher une arme, quelque chose pour l’aider à ouvrir ses trappes. Les Espers alimentaient le cœur, ils en étaient la source, il fallait les libérer, se hâter de les déconnectés de la Machine. Un rayon de magie la frappa, l’envoyant à terre. La Terranide grogna, ayant un soubresaut, crachant une gerbe de sang au sol. La magie traversa son corps, créant des spammes incontrôlables. Une magie utilisée pour une raison impie.  Deuxième crachat de sang. Au même instant, la lycane put ouïr Clayton poussait un hurlement d’effort et une masse s’effondrait sur le sol. Un deuxième Esper venait d’être libéré de sa prison. Au même instant, la magie s’intensifia,  frappant chaque recoin de la pièce. C’était encore un miracle que Clayton ne se fasse pas toucher.

Des grognements se firent entendre. Relevant ses oreilles, la Terranide se tourna vers la source du bruit avant de voir un homme-porc fonçait vers elle. Au vue de sa position, elle était dans l’incapacité de se lever promptement et de se mettre à courir pour éviter de se faire éviscérer sur place. Le monstre, malgré sa masse avançait rapidement et un autre courait au même instant vers Adamante, prêt à se venger du sort qu’elle avait utilisé sur eux quelques instants plus tôt. Par réflexe, la  Louve leva la main, sentant la magie crépitait au bout de ses doigts. Une boule de flamme s’en échappa, une sphère d’un diamètre imposant. L’homme-porc fut frappé de plein fouet et carbonisé au même instant Incrédule, la lycane cligna des yeux, se demandant comment cela pouvait-être possible.

Une seule solution pouvait être possible : La magie dont elle venait d’être frappée. Plus que de la blessée au point de la faire cracher du sang, le coup sembla augmenter ses capacités magiques. Une bonne chose en soit. Mais il lui fallait maintenant se relever, alors qu’au même moment, une troisième trappe était attaquée par Clayton.   Elle l’entendit jurée et avant qu’elle ne puisse réagir, une deuxième foudre magique la frappa à nouveau, l’obligeant à poser ses mains au sol. La Louve entrevit la bouche et une fumée noirâtre sembla s’en extirper tandis que son corps était à nouveau parcouru de spasmes incontrôlables.

Un coulissement lourd s’ajouta au bruit environnant. L’ouverture se mis à vomir une horde d’hommes porcs qui hurlèrent, grognèrent et se mirent à charger les personnes présentes au sein de la pièce. Au même instant, des trépignements s’ajoutèrent, le prix de centaines de petites pattes. Derrières les hideuses créatures, crées par l’esprit fou de Mandus, grouillaient une centaine d’araignées, les mêmes qu’avaient croisé Shad quelques temps plus tôt.  Le médaillon d’Elise s’était mis à luire plus intensément d’un coup, au moment même où la magie avait percuté une seconde fois la Louve.  Mais les arachnides n’étaient pas des ennemis, au contraire ! Elles se mirent à foncer vers plusieurs hommes porcs, plantant leurs crocs dans leur peau, injectant leur venin.

Entre temps, Shad, se releva, observant un instant la scène qui se tenait face à elle incrédule avant de porter son regard sur Adamante. Elle ne pipa mot, entendant un troisième corps tombé au sol. Ouvrant ses mains, paumes vers le haut, elle invoqua deux sphères de flammes. Les rôles dans la pièce avait était simple à deviner. Jacques et Clayton s’occuperaient d’ouvrir les trappes pendant qu’elle s’occuperait de combattre les hommes-porcs. Pour sa part, elle était sûre qu’Adamante ferait de même. La magie frappa à nouveau et cette fois, elle l’évita avant de courir vers l’un des hommes-porcs, dans l’objectif de le mettre à terre et surtout de protéger les deux hommes chargés d’ouvrir les trappes.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mardi 02 septembre 2014, 01:56:14
La scène virait au cauchemar. Adamante sentait, à chaque trappe libérée, la mana exploser, s’insinuant dans ses veines et dans son organisme. Elle poussa un hurlement la première fois, n’étant pas préparée à une telle chose, ce qui résulta en une violente tempête magique. Clayton en fut soufflé, et roula sur le sol. Elle tendit sa main vers un homme-porc, et plusieurs cristaux de glace en jaillirent, transperçant le monstre de part en part, qui s’écroula sur le sol, gisant dans son sang. Adamante vit Clayton se relever, récupérer son pied-de-biche, puis s’attaquer à une autre trappe.

Depuis l’église du père Lamb, Adamante savait senti une puissance maléfique en émaner. Elle était descendue dans la crypte de l’église, et y avait vu une espèce d’atelier morbide, de salle silencieuse, dans laquelle Lamb s’était scarifié. Son journal indiquait qu’il avait cautionné les atrocités de Mandus, et qu’il était en conflit avec lui-même. De brefs moments de lucidité venaient parfois le traverser, et, dans ces moments, il y indiquait que l’église était reliée, comme l’abattoir, à la Machine de Mandus, une œuvre diabolique. Le reste du carnet était constitué d’élucubrations délirantes sur les Grands Anciens, le Necronomicon, et le fait que l’humanité, depuis qu’elle s’était détournée de ses vrais créateurs, était désœuvrée et perdue. Adamante avait utilisé sa magie pour trouver l’entrée. Elle éprouvait quelques remords à délaisser ainsi les bas-fonds en feu, mais avait préféré suivre son inspiration. En ouvrant le passage secret, elle avait senti un pic magique exceptionnel, chargé de malfaisance, et s’en était rapprochée, descendant le long d’un long couloir avec des escaliers. Elle s’était finalement retrouvée ici, dans le Cœur de la Machine, et savait à quoi ceci servait. Cette machine concentrait la magie, et était en train d’ouvrir un Portail dimensionnel, en brisant les lois de l’espace-temps et les frontières dimensionnelles du Multivers pour atteindre la prison dimensionnelle de Shub-Niggurath.

Elle sentait toute la magie se concentrer sous le Cœur, dans la grotte, créant un vortex temporel. Les hommes-porcs affluaient en masse, et Adamante déployait avec fureur toute sa magie, déclenchant des sortilèges élémentaires surpuissants. Elle vit plusieurs hommes-porcs se rapprocher, et déclencha un terrifiant Meteor Strike (https://www.youtube.com/watch?v=mE85y-fMRR0&feature=youtu.be&t=30s). Elle concentra la Terre etle Feu, et provoqua une boule de feu semblable à une petite météorite, puis la balança droit devant elle, créant une éblouissante explosion enflammée qui carbonisa plusieurs hommes-porcs. Ses yeux irradiaient de magie, et Clayton, acharné, usant de ses muscles, réussit à libérer un quatrième ESPer, explosant la baie vitrée le retenant. Cette intense magie se fit sentir sur l’amulette que portait Shad, appelant à elle toutes les araignées géantes de la région, qui vinrent également se heurter aux hommes-porcs, dans une indescriptible mêlée de membres déchiquetés et de jets de sang, les araignées bondissant sur les ennemis pour les mordre, balançant leur terrible venin, les hommes-porcs arrachant leurs jambes pour les repousser, faisant hurler de douleur les bêtes.

« Allez, bordel !! Il... Il y en a tellement…, grognait Clayton. Je.. J’y arriverais !! »

Adamante tendit sa main vers un autre homme-porc, des flammèches jaillissant de ses doigts... Quand elle sentit une onde magique jaillir.

« Cela suffit ! »

Mandus venait d’arriver, et, quand Adamante envoya ses flammes, il n’eut qu’à lever la main pour les aspirer. Les flammes disparurent dans la main droite, et jaillirent dans la main gauche, nimbées d’éclairs meurtriers qui frappèrent Adamante, la repoussant. Clayton, n’écoutant que son courage, hurla en se ruant vers l’ennemi, serrant son pied-de-biche. Mandus leva la main, et usa de sa télékinésie pour soulever Clayton.

« Aaaah !! Lâchez-moi, salopard !! »

Adamante, sonnée, se releva, et se concentra. Des arcs électriques jaillirent de ses deux mains, se rejoignant devant elle, formant peu à peu une boule électrique lumineuse, qui projeta de multiples éclairs vers Mandus. Il eut juste à tendre sa main libre, et les éclairs rebondirent, frappant le plafond, défonçant ce dernier, faisant tomber des stalactites qui s’écrasèrent sur la place.

« L’Orbe m’a donné un pouvoir dépassant votre compréhension. Plus rien ne peut arrêter la Mahcine, et sûrement pas une Terranide et une magicienne. »

Adamante serra les dents, et Mandus, qui portait son masque tribal de porc, vacilla alors sur lui-même, relâchant Clayton, qui tomba sur le sol, hors de portée de la magicienne mélisaine.

« Noon... Arrête, cesse de t’aveugler… Je t’arrêterai ! Tu ne tueras plus personne ! Un sacrifice n’est jamais un meurtre, Mandus, je pensais que tu l’aurais compris ! »

Adamante cligna des yeux, surprise.

« Il lui arrive la même chose que tout à l’heure..., expliqua Jacques. Il est partagé entre deux personnalités bien distinctes. Mandus a bu une potion d’Amnésie, je pense que cette potion a du aider son ancienne personnalité à refaire surface... »

Adamante acquiesça silencieusement.

« Oh non... Il arrive ! »

Le sol se mit soudain à changer de texture, s’assombrissant, des excroissances organiques se mettant à se former ici et là, et d’énormes tentacules jaillirent alors du sol, défonçant le plancher, se plantant dans le plafond. Par les trous, on pouvait voir, en contrebas, le portail magique, en train de s’agrandir, donnant lieu sur une sorte de spectacle noir. D’énormes tentacules en étaient sortis, et des yeux et des mâchoires difformes glissaient sur ces derniers.

« Shub-Niggurath... Il arrive. Il faut à tout prix fermer ce portail ! »

Mandus continuait à trembler sur place.

« Je... Je vous en empêcherai !! »

Il envoya une nouvelle onde magique, qui frappa Adamante. Malgré son bouclier, ce dernier explosa, et elle fut renversée sur le sol. Le masque tribal de porc de Mandus avait volé, révélant un visage haineux et furieux. Il était plus fort qu’Adamante... Sa seule chance était de l’affaiblir suffisamment pour que la véritable personnalité d’Oswald Mandus rejaillisse, et ne leur explique comment fermer ce portail avant que l’irrémédiable ne se produise. Shub-Niggurath était déjà en train de transformer cette réalité, l’excroissance organique, corrosive, se mettant peu à peu à regrouper le plafond et les murs.

« Je vais avoir besoin de ton aide, Shad... À deux, nous pourrons l’affaiblir. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 09 septembre 2014, 00:22:11
Un combat titanesque se déroulait en ces lieux impies. La magie ne faisait pas que blesser sur le coup l’être qu’elle touchait, elle le renforçait également dans l’art des arcanes. La Terranide pouvait le sentir, et à présent, elle savait qu’elle devait prendre gare à ses arcs magiques frappant le sol à tout au hasard.  C’est sur un homme-porc qui s’approchait trop près de Clayton qu’elle venait de s’élancer.  La détermination dans le regard,  ses doigts crépitants d’une magie qu’elle n’avait pour l’heure jamais ressentie. Cette immondice n’allait être bientôt qu’un tas de cendre avant que d’autres de ses pairs ne viennent le rejoindre, emportés par ses coups et ceux d’Adamante. Pourtant, quand elle fit jaillir son attaque, cette dernière, filant droit vers l’homme-porc stoppa sa course et se dirigea vers un nouvel arrivant. Oswald Mandus. Ses flammes tout comme celles d’Adamantes furent littéralement aspirées.

Adamante fut frappé par une magie liée à la foudre et alors que la Louve allait réagir, ce fut Clayton Shaw qui s’élança sur un homme qui semblait être la proie d’une folie incommensurable. Mais cette folie lui octroyait de bien puissants pouvoirs. Des capacités lui permettant d’annuler toute magie qui le viserait, de créer n’importe quel sort et de pouvoir jouer avec la gravité en usant de la télékinésie comme bon lui semblaient. Un ennemi à ne pas prendre à la légère. L’Okami n’eut cependant pas le temps d’aider Clayton,  trois hommes porcs fonçant sur elle, l’obligeant à riposter. L’une des araignées géante, sentant le danger imminent,  délaissa sa prise actuelle afin de lancer un filet de rets gluants sur l’un des hommes-porc. Sa soie collante aurait tôt fait d’immobiliser la cible. Le médaillon arachnéen ne tarda pas à réagir, appelant d’autres de ses sujets en ces bas-fonds.

Les araignées géantes arrivèrent de toute part, courant sur le plafond, sur les murs, attaquant en priorités les hommes-porcs et les autres immondices qu’avaient pu créer Oswald Mandus. La Louve fut ainsi vite débarrassée de ses assaillants et elle s’empressa de se diriger rapidement vers Clayton, afin de s’assurer qu’il n’avait rien de bien grave.  Ce dernier mise à part quelques nouveaux hématomes n’était pas en danger de mort et il pouvait aisément reprendre sa tâche. A savoir, ouvrir ses fichus trappes contenant des Espers qui alimentaient la Machine. Mais, il était trop tard.  Mandus l’affirmer et quand le sol se mit à trembler et qu’une nouvelle réalité semblait venir en ce monde, la lycane ne put réprimer une déglutition. Tout cela allait bien trop loin. Cet homme allait faire entrer sur Terra un Dieu Ancien ! Il fallait être fou pour espérer que cet acte soit un élan de générosité pour le reste des êtres vivants sur ce plan.

Le Dieu Ancien alterna la dimension, joignant les murs avec le plafond de la salle, disposant ses tentacules faire de yeux et de dents partout où elles pouvaient se faufiler. Quelques-unes parfois apparaissaient au hasard sur le sol, attrapant l’une des araignées fermement, la faisant tournoyer en l’air avant de l’aplatir violemment sur le sol, la réduisant à l’état d’une bouillie difforme. Une autre, fut à peine effleurer que sa chitine se mis à brûler directement.  Quelques tentacules qui s’étaient accrochées au plafond se mirent à « baver » un liquide verdâtre. Quand les bêtes qui se trouvèrent en-dessous furent touchées par une simple goutte, leurs membres semblèrent se disloquer et leurs chairs fondre à une vitesse fulgurante. Shub-Niggurath n’était pas encore là, pas totalement, mais sa puissance dévastatrice ne laissait pas l’ombre d’un doute. Comment espérer vaincre une telle entité ?

La Louve se retourna immédiatement vers la magicienne quand elle entendit cette dernière l’appeler. L’affaiblir à deux. Oui, mais comment ? Aucune des attaques magiques ne semblaient fonctionner, Mandus aurait tôt fait de les annuler pour les protéger tous les deux. Et à présent, se mouvoir dans la salle pouvait également être synonyme de mort. Malgré tout, les hommes-porcs et les araignées continuaient à se battre entre eux, jusqu’à la mort de leur adversaire. Levant rapidement son regard, la Terranide se mis à espérer que Clayton et Jacques eurent la possibilité de trouver un endroit où éviter cette mort venue du ciel.  Mais le plus important pour l’heure était de trouver un moyen d’affaiblir leur adversaire.

« La magie ne marchera pas contre lui, nous l’avons vu. Mandus peut annuler chacun de nos sorts qu’il soit de nature de flammes et de foudre.  Et je ne pense pas qu’une autre source de magie puisse faire quelque chose ! A moins que… »

C’était fou, c’était peut-être insensé  et peut-être qu’elle disait n’importe quoi. Cependant, c’était une hypothèse qu’elle se devait de poser à Adamante. Mieux valait essayer chacune des possibilités possibles. Faisant rapidement différents pas pour éviter les gouttes corrosives et pour rejoindre la puissante magicienne, la Lycane proposa son idée.

« Et si…On le frappait avec de la magie pure ? »

De la magie dans sa forme initial, non alternées par un élément ou autre. La lycane ne savait même pas si cela existait.

« Sinon, dis-moi ce que je dois faire et je le ferais du mieux que je peux. »

Même si cela doit être ma dernière attaque sembla penser la Louve. Elle était prête à lancer le sort que lui ordonnerait de faire Adamante, qu’il soit combiné ou non avec l’incantation qu’elle ferait de son côté. Et entre temps, le Dieu Ancien arrivait, accueillit à bras ouvert par Mandus qui était toujours pris par ses crises de personnalités.

[HRP : Un peu nul désolé, j'espère que ça t'ira ^^"]
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 10 septembre 2014, 01:45:40
[Remarque – Comme le RP est inspiré d’« Amnesia », l’altération de la réalité faitepar le Grand Ancien ressemble à ce que fait l’Ombre poursuivant Daniel dans le premier opus de la série, « The Dark Descent ». Pour détailler un peu plus, dans cet opus, Daniel, le personnage principal, est traqué par une créature surnaturelle, l’Ombre, et, quand elle s’approche de lui, elle altère la réalité en créant une espèce d’excroissance (http://img3.wikia.nocookie.net/__cb20101217222136/amnesia/images/b/b1/ShadowResidue.jpg) recouvrant le décor. Ce que Shub-Niggurath fait est donc un peu similaire, visuellement, à ça..]



L’alternative ne se posait pas : si Shub-Niggurath était réveillé, Nexus ne serait plus qu’un souvenir, et le monde entier serait en danger. Adamante devait se sentir honorée : c’était la première fois qu’elle sauvait l’humanité. Plus de jeux politiques complexes ici, plus de complots, de stratagèmes économiques complexes visant à déstabiliser des guildes rivales et à agir de manière agressive envers ses concurrents. L’ennemi était clairement identifié, les choses étaient simples... Terriblement simples. Et, pourtant, elles étaient complexes, car l’homme qui invoquait Shub-Niggurath, outre sa puissance magique colossale, était aussi torturée, partagée entre des pensées contradictoires, divisée entre la pensée de Shub-Niggurath, et entre un homme dévoré par ses tourments. Maintenant qu’elle le voyait, Adamante le comprenait pleinement : le pouvoir infernal du Necroconomicon brûlait dans les veines d’Oswald Mandus. Une magie terrifiante, la force des Grands Anciens, la puissance d’un Dieu Mort qui se réveillait. Shub-Niggurath en avait fait son esclave, lui offrant son pouvoir en échange de sa soumission, la liberté du Grand Ancien en échange d’un sacrifice immonde ayant impliqué des milliers de porcs et d’êtres humains, le tout dans un temple, un autel mécanique, froid et impersonnel dédié à ce monstre abominable... Un temple inhumain et moderne, parfait pour un Grand Ancien.

Oswald était plus fort qu’elle... Même si ce n’était plus vraiment Oswald. Il était possédé, et Adamante n’avait pas les compétences nécessaires, ni le temps requis pour accomplir un exorcisme.

« Et si…On le frappait avec de la magie pure ? » suggéra Shad.

La Terranide était en train de s’emballer, et Adamante secoua la tête.

« Seule la magie sacrée pourrait nous assurer de l’affaiblir... Mais je ne la maîtrise pas suffisamment pour l’accomplir. »

Le Cœur se mit alors à trembler dangereusement, une secousse sismique venant le traverser. Le plafond se fracturait, et de gros éboulis s’écroulèrent violemment sur le sol, continuant à le lézarder et à le craqueler. Adamante sentait la panique gagner, mais elle devait rester calme. Si elle se mettait à paniquer, elle perdrait sa concentration magique.

« Il est possédé, Shad... Possédé par ce Grand Ancien. Il a réussi à le battre. Il peut encore le faire. Il faut le perturber pour en venir à bout.
 -  Je vais vous détruire. Vous n’empêcherez pas SON retour ! Le JUGEMENT DERNIER est arrivé !! »

Oswald balança de nouveaux arcs électriques, et Adamante forma un bouclier. Le bouclier explosa au contact des arcs, la repoussant.

« Adamante ! Nous n’avons plus le temps ! » hurla alors Shaw.

Adamante se retourna vers lui. Les ESPers... C’était leur seule solution.

« Shad... Je vais te surcharger en magie avec l’énergie des ESPers... Sers-t-en pour envoyer les sorts les plus puissants possibles, et essaie de le raisonner. Il te connaît mieux que moi, tente de le convaincre de continuer à se battre ! »

Adamante se tourna vers l’une des pompes, et l’ouvrit, libérant un ESPer. Cependant, elle n’avala pas la magie, cette fois, mais dirigea ce flux droit vers Shad. Les araignées continuaient à retenir les hommes-porcs, mais elles étaient en train de se faire joliment charcuter entre les jets d’acide que les tentacules crachaient et les monstres. Les jets d’acide venaient de gueules édentées se formant le long des tentacules, les multiples yeux à la surface de ces textures abominables observant les cibles potentielles. Adamante vit ainsi un jet d’acide fondre vers elle, et se protégea, puis envoya un cristal de glace qui transperça l’œil la visant, faisant couler un sang violet. Shaw se dirigea vers une autre plaque. Il était épuisé, avait mal partout, mais sentait bien que la fin était en cours. Jacques, de son côté, agissait aussi de son côté. L’énergie des ESPers l’avait visiblement revigoré.

La priorité était effectivement de fermer ce Portail avant qu’il ne soit trop tard. Shub-Niggurath n’avait largué que quelques petites tentacules, minuscules par rapport à sa corpulence globale. Parles trous dans le sol, Adamante pouvait voir une immense masse qui se rapprochait, dont la taille dépassait l’entendement. Le Grand Ancien se rapprochait, et elle ne pouvait pas le laisser rentrer dans leur dimension.

Surtout pas.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 10 septembre 2014, 23:18:02
Sur le coup, la Terranide ne put que se maudire sur le fait qu’elle était encore bien une novice sur le plan magique. Elle qui avait voulu proposer une solution à Adamante, elle avait eu l’impression d’être une gamine parlant de sujet réservés à l’élite sur ce coup.  Et l’une de ses pensées fut de remédier à cela une fois que cette aventure serait finie. Si du moins, elle s’en sortirait vivante.  Lorsque que la mage mentionna la magie sacrée, la Louve ne put réprimer un léger rictus.  Le feu était son domaine de prédiction, elle utilisait la magie pour attaquer et non pour soigner ! Elle n’était pas une prêtresse et utiliser une telle magie ne serait pour le moment pas dans ses cordes.  Mais même Adamante ne semblait en mesure de la maîtriser. Voilà une solution qui venait d’être réduit à néant. Alors comment faire ?

Le Dieu Ancien contrôlait l’esprit de Mandus, cela était un fait évident. Ce contrôle avait fait naître deux personnalités distinctes du propriétaire de l’abattoir et Shad avait fréquenté sa part la plus « humble ». Mais à présent, elle était face à sa partie démente, celle qui reflétait l’esprit de Shub-Niggurath. Un être de démence à part entière, où seule la folie avait  le monopole sur la raison. Mais le contrôle qu’imposait la créature venue d’ailleurs n’était pas  complet. Oswald Mandus, grâce à de grands efforts pouvaient  redevenir lucide l’espace d’un moment et combattre son côté obscure. C’était ce qui s’était passé lorsque Shaw fut menacé d’une mort certaine quelques minutes auparavant.

« « Shad... Je vais te surcharger en magie avec l’énergie des ESPers... Sers-t-en pour envoyer les sorts les plus puissants possibles, et essaie de le raisonner. Il te connaît mieux que moi, tente de le convaincre de continuer à se battre ! »

« Que quoi ? »

La surprise était de rigueur sur le coup. Raisonne rune personne tout en l’attaquant ? Cela semblait être une  solution quelque peu paradoxale. Mais si Adamante lui demandait de faire cela, c’était bien qu’elle avait une raison non ?  Elle ne put s’empêcher de se demander pourquoi ce n’était pas elle qui l’attaquait pendant qu’elle tenterait de raisonner Mandus. La logique étant tout simplement qu’elle connaîtrait mieux Mandus que l’amie de la Reine.  Mais le connaissait-elle vraiment mieux ?  Après tout, la Louve ne connaissait qu’Oswald que depuis deux jours tout au plus et elle ne pouvait pas réellement dire qu’elle avait une grande connaissance quant à sa personnalité.

Pourtant, elle n’avait guère le choix. Quelques secondes après l’annonce d’Adamante, l’Okami sentit la magie envahir son corps, la vitalisant, lui redonnant un regain d’énergie et accroissant encore plus ses capacités magiques.  La seconde suivante, elle créerait une boule de feu, qu’elle envoya sur Mandus, faisant donc ce que la mage lui avait demandé de faire. Taper et parler en même temps.

«  MANDUS ! Réveillez-vous ! »

La sphère fut arrêtée, comme les attaques précédentes qui lui avait été porté. Pourtant, la Terranide ne s’arrêta pas l’à, elle en créa d’autres, les envoyant sans cesse, certaines  brûlant même une partie des tentacules que déployait Shub-Niggurath ainsi que quelques hommes-porcs sur leur trajectoire.

« Vos enfants ! Pensez à Enoch et Edwin ! Pensez à eux ! »

Et elle continua ainsi, jouant sur les sentiments, sur ce qu’elle savait de lui. Pour la Terranide, énoncée ses enfants perdus étaient un coup qui pouvait être à double tranchant, pourtant elle se devait d’essayer. Ses attaques également ne faiblissaient pas, cherchant  à l’épuiser, à l’empêcher de la contrer pour pouvoir le toucher. Il fallait à tout prix que Mandus retrouve la maîtrise de son esprit avant qu’il ne soit trop tard.  La Terranide  envoya une salve de sphères incandescentes, frappant sous de multiples angles un Mandus possédé tandis que ses paroles continuaient à être débiter. Des phrases répétitives dans leur ensemble mais qui se centrait sur ce que Oswald Mandus lui avait appris lors de leurs rares discussions.

La Louve  évita un tentacule de Shub-Niggurath, se concentrant un instant sur un sort plus puissant. Entre ses paumes se créèrent trois petits météores, un sort qu’elle n’avait jamais lancé avant ce jour.  D’abord d’une taille ridiculement petite, les trois pierres de flammes se mirent à grossir pour attendre un diamètre considérable. Utilisant la magie qui lui été donné pour accroître ses pouvoirs, la Louve, lança son sort tout en hurlant à l’attention de Mandus :

« MANDUS REVEILLEZ VOUS ! »

Les trois météores étaient lancés à toute vitesse. Advienne que pourra.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 11 septembre 2014, 21:57:35
OSWALD MANDUS

Des monstres... Des monstres partout ! Oswald ne voyait plus, ne comprenait plus... Il était à sol, comme vaincu, écrasé par la puissance du Professeur. Le pire des cauchemars était en train de se réaliser, et, dans sa tête, les images défilaient. Passé et présent se mélangeaient, vérités et mensonges aussi... Les visions de l’Orbe lui agressaient le visage à chaque fois qu’il fermait les yeux...

Il voyait l’immense Nexus, éventrée de l’intérieur, un amas de tentacules grands comme les gratte-ciels tekhans jaillissant dans les airs, ravageant en quelques secondes des centaines de kilomètres carrés de structures et de bâtisses... Le Palais d’Ivoire, cette structure arrogante qui dominait cette cité infâme et d’une laideur absolue, se faisant broyer par les tentacules. Il voyait la terre changer, il voyait les humains se transformer, évoluer, enfermés dans des cocons, devenant ses séides, partant à la conquête de ce monde impie. Il voyait des machines de fer faire pleuvoir des flammes, pensant naïvement déchaîner le feu de l’Enfer... Mais il avait lui-même soufflé sur les cendres du Brasier Éternel, et sa réponse était terrifiante. Il poussait, grandissait, jusqu’à recouvrir le monde de ses tentacules... Et tous l’adulaient, et tous le craignaient, et tous scandaient son nom tandis que, de ses bras Infinis, Il les guidait en Son sein...

Oswald secoua la tête, gisant sur le sol, prostré. Il fallait qu’il s’arrache à cette vision, qu’il reprenne le contrôle... Ce n’était pas lui, ça... Et ce qu’il voyait, cette texture qui était en train de recouvrir le mur, les multiples yeux qui le scrutaient dans tous les angles possibles... Ils n’étaient pas l’évolution, non, ils étaient une aberration !

« Ils sont faibles, Mandus, si faibles... Que crois-tu donc qu’ils peuvent faire pour nous protéger ? Méritent-ils seulement d’être protégés ? Ils sont si lâches, si pathétiquement égoïstes, si ridiculement désespérants... Non, ils ne méritent pas d’être sauvés, si c’est pour continuer les mêmes erreurs...
 -  Tais-toi, tais-toi, tais-toi... Tu es le Diable en personne ! »

Sa voix était à peine plus forte qu’un murmure. Sa tête lui donnait l’impression d’avoir été passée entre les cuisses d’un troll. Comme dans un écho lointain, Oswald entendit alors le nom de ses enfants, Enoch et Edwin, et ferma à nouveau les yeux, en sentant les souvenirs, terribles, affluer...

« Papa, qu’est-ce qui se passe ?
 -  Maman ?! Maman, ça me serre !
 -  Soyez forts, mes petits, soyez forts... »

Elle pleurait. Il le savait, et lui aussi pleurait... Mais l’Orbe était à ce prix. On ne pouvait pas prétendre toucher au Divin sans montrer la preuve totale de son engagement. Elle caressait les cheveux d’Enoch, qui se débattait lentement. Edwin aussi. Les sangles étaient serrées, trop serrées pour le pauvre petit. Les lèvres d’Oswald tremblèrent légèrement...


« Non, non, mes petits, mes petits... »

Il se rapprocha d’elle, et la tint par la main.

« Lily, il faut le faire...
 -  Je... Non, je ne peux pas... Oswald, on...
 -  LILY ! Tu crois que ça me fait plaisir, HEIN ?! s’exclama-t-il en la tenant par les épaules, la secouant fermement, la voyant pleurer de toutes les larmes de son corps, massacrant son mascara. Comme moi, tu as vu le futur ! Tu sais ce qui les attend si nous ne les protégeons pas du Mal ! »

Elle hocha lentement la tête, joignant ses mains en signe de prière, tandis que lui s’approchait des leviers. Ce fut le plus dur... Voir les yeux de son fils. Il pleurait. Oswald avait essayé de leur expliquer en chemin, mais il sentit, lui aussi, toute sa détermination l’abandonner en voyant Edwin le regarder, ses lèvres tremblant sur place.

« Notre Père, qui êtes aux Cieux, que votre nom soit sanctifié, que votre règne vienne... », récitait Lyli.

Il donna un coup de manivelle, serrant les écrous et les clous.

« Pa... Papa...
 -  …Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés...
 -  Papa, ça... Ça me serre, Papa !!
 -  Je suis désolé, Edwin... Sois fort, mon fils, sois fort, il le faut... »

Il avait les yeux embués de larmes, mais il fallait le faire. L’Orbe était formel. Ce serait le premier sang versé, et ce sang devait obligatoirement venir des êtres les plus proches. Jamais le Portail ne serait suffisamment fort pour libérer leur Sauveur, s’il ne versait pas en premier ce sang-là. Oswald savait qu’il ne dormirait plus jamais... Mais cela faisait maintenant des années qu’il ne dormait plus... Plus depuis Zerrikania, plus depuis qu’il avait vu le sinistre destin qui attendait l’humanité...

« Paaa... »

Ses mains tremblaient. Plus qu’un dernier coup, un dernier petit tour sur le volant... Mais il devrait aussi le faire avec Enoch. En aurait-il seulement le courage ? Il se sermonnait pour sa faiblesse, pour son manque de clairvoyance. Oswald se répéta que ce n’était pas un meurtre, mais un sacrifice. Un rituel ancestral... Un rituel qui devait forcément impliquer de fortes émotions, car c’était à ce prix que la magie fonctionnait.

« ...Et ne nous laissez pas succomber à la tentation... »


Les météorites envoyées par Shad explosèrent soudain, et Oswald se releva, en attrapant un morceau de bois clouté, arraché du sol. Il le fracassa sur la tête du Professeur.

« MAIS DÉLIVRE-NOUS DU MAALL !! » hurla-t-il, de la bave sortant de ses lèvres.

Le Professeur heurta un sarcophage, et le bâton le heurta à nouveau, l’envoyant s’étaler sur le sol, où Oswald le frappa un nombre incalculable de fois, brisant ce dernier, faisant voler en éclats les morceaux de porcelaine, hurlant, pleurant et riant en même temps, ressemblant à une espèce de fou furieux hystérique, frappant, frappant encore et encore, frappant pour Enoch, frappant pour Edwin, frappant pour la dépression de sa femme et pour son suicide, frappant pour sa démence... Du sang pour le Dieu du Sang, de la mort en barque ! Crève, saloperie, crève !!



ADAMANTE

Un curieux spectacle avait lieu devant leurs yeux... Oswald était en train de hurler en frappant sa tête contre le sol, brisant son masque de porc... Et le Cœur s’éteignit brusquement. Beaucoup d’ESPers avaient été retirés, mais toute la structure continuait à trembler. Se concentrant, Adamante déploya sa magie blanche afin de les soigner un peu... Pas de quoi leur permettre de retrouver une santé, mais au moins de pouvoir courir pour fuir. Les hommes-porcs se mirent à pousser de longs hululements, complètement désorientés, et les tentacules de Shub-Niggurath se mirent à tomber, tandis que le plafond continuait à trembler, et que les traces d’excroissance du monstre se fanaient...

Oswald se mit à gémir en se relevant. Du sang coulait abondamment de son cuir chevelu, et Adamante s’approcha prudemment.

« Mandus... C’est fini... La Machine a été désactivée… »

L’homme se mit à cracher sur le sol, crachant son propre sang.

« Oh que non, Adamante... Il est trop tard pour la stopper. Ces ESPers... Ils ne sont pas le véritable moteur de la Machine, ils ne sont pas sa source. Ils ne servaient qu’à ouvrir le vortex, et il est ouvert. »

Adamante déglutit, et ferma les yeux. Oui... Sous l’euphorie, elle n’y avait pas fait attention. Le Cœur s’enclencha alors à nouveau.

« Bordel, ça n’a pas marché !! » hurla Clayton.

Oswald s’agrippa à Shad, afin de réussir à se relever.

« Vous... Vous devez fuir. Tout ça, c’est... C’est mon œuvre, la mienne, mon fardeau... Moi seul sait comment y mettre un terme. Mais la Machine va être détruite. Si vous ne partez pas maintenant, vous ne survivrez pas. »
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 24 septembre 2014, 14:56:36
La dernière attaque lancée par Shad fit mouche. Elle percuta Mandus de pleins fouet et permis à ce dernier de se «réveiller ». Bien que la Terranide n’était nullement attendu à ce qu’il gueule, la bave aux lèvres et commence à se fracasser le crâne avec une planche cloutée. Devant elle, Oswald Mandus combattait un ennemi intérieur, le professeur et il leur était impossible de lui venir plus en aide, pas maintenant en tout cas.  Outre la reprise de conscience de Mandus, la lycane put noter que les hommes-porcs semblaient désorientés et que les infâmes excroissances du Dieu Ancien se flétrissaient et ne devaient plus que l’ombre d’elles-mêmes. Les quelques araignées restantes du précédent massacre sautèrent sur l’occasion pour combattre leur ennemi et leur infliger des coups de grâces. Désorientés et perdus, les hommes-porcs n’étaient plus une aussi grande menace pour ses grandes prédatrices et  à présent, la donne avait changé. Sur le sol, gisait à présent, le reste des abominations crées par le Professeur.

Tout semblait à présent fini,  les quelques Espers survivants furent soignés mais la réalité revint rapidement à la charge. La Louve aida Mandus à se relever, ce dernier s’agrippant à elle, lui sommant de partir, de tous partir.  Le cœur qui  avait réussi à être éteint s’était rallumé et nul doute que Shub-Niggurath reviendrait également sous peu si rien n’était fait pour l’en empêcher. Le votex avait été ouvert et seul Mandus semblait être en mesure de le fermer, de mettre fin à cette folie.  Pourtant, l’Okami ne pouvait se résigner à le laisser là, sans garantie que ce qu’il prévoyait de faire allait effectivement fonctionner.  Remarquant  son indécision, l’ancien gérant de l’abattoir réitéra sa demande, leur demandant à tous de partir, avant qu’il ne soit trop tard.  Et comme pour souligner ce fait, la structure entière se mis  à nouveau à trembler, laissant d’énormes pans de plafonds s’abattre ici et là dans la salle du Cœur, écrasant au passage un Esper qui n’avait malheureusement pas eu le temps d’éviter cet objet massif. L’Okami lança un regard à Adamante, avant de regarder Mandus, quelque peu résignée.

« Soit. Adieu Mandus. »

Que pouvait-elle dire d’autre ?  L’urgence ne laissait aucunement le temps à des adieux en bonnes formes.  Mandus allait se sacrifier et stopper en toute logique cette machine infernale.  Pourtant, subsistait un problème de taille. Pour fuir ce lieu il ne suffisait pas juste de courir dans une direction, il fallait également remonter les échelles prises auparavant. Et au vue de leur hauteur, des tremblements dont étaient victimes la structure et de l’état de la majorité des personnes présentes, peu parviendront à s’enfuir de ce charnier dans les temps.  Cependant, le médaillon arachnéen se mis subitement à pulser d’une couleur rougeâtre et les araignées restantes se dirigèrent chacune vers un  Espers, l’enveloppant d’un cocon de soie avant de les prendre dans leurs pattes et de se diriger vers la sortie plus haut. Ces bêtes n’avaient nullement besoin d’échelles pour se mouvoir et monter rapidement les étages les séparant de la sortie. De plus, leurs réflexes leurs permettront d’éviter un quelconque obstacle sur leur trajet.

Ainsi, les Espers fut rapidement évacués et quand l’une des « gardiennes » des Terranides s’approcha de  Clayton, elle put entendre ce dernier crier, prêt à se battre, refusant  de se voir  transporter comme un vulgaire insecte. Il était sûr qu’il y’avait mieux comme moyen de locomotion mais se focaliser sur de telles broutilles risquant de leur faire perdre un temps précieux.

« Laissez-vous faire Clayton ! Elle ne vous tuera pas ! Nous n’avons plus le temps ! »

Pourtant,  malgré le dénigrement de Shaw, l’arachnide fit ce que ses consœurs avaient fait aux autres personnes présentes dans la salle pour évacuer l’ancien tolard.  L’espion de la  Couronne connue le même sort, ne restait à  présent plus qu’Adamante et l’Okami. Deux dernières araignées géantes se dirigèrent vers elle mais aucun fil de soie ne fut  lancé. Les impressionnants arachnides se positionnèrent dans une posture laissant penser que les deux femmes devaient monter sur chacune d’entre elle.

« Pourquoi est-ce que…. » Commença à se s’interrogeait Shad, ne comprenant pas pourquoi elles ne subissant pas le même sort que tous les autres, avant de subitement comprendre – Les cocons ! Si nous sommes tous enfermés dans un cocon de soie, ne nous pourrons pas nous en délivrer…. »

Les araignées ne risquaient pas de rester à la vue de tous et s’enfuirons aussitôt arriver à la surface, laissant leur paquet au sol. Derrière eux, Mandus se remit à crier, leur demandant de se dépêcher et sans plus attendre, la Louve grimpa sur cette monture quelques peu singulière.  Elle ne put voir si Adamante avait fait de même que déjà l’araignée s’élançait, montant les étages rapidement, évitant la chute de certaines parties de la structure. Et pendant tout ce temps, son médaillon n’avait cessé de pulser intensément. Quand elle arriva à la surface, l’Okami sauta au sol, laissant l’arachnide partir et se dirigea rapidement vers les cocons de soie, délivrant leurs hôtes.  Une secousse plus forte retentit subitement et regardant derrière elle, la Louve souffla :

« Mandus…. »

Shad ne put s’empêcher de se demander  ce qu’il venait de faire quelques lieux en contrebas et surtout si toutes cette folie était à présent terminé. Elle fut cependant  toucher par le contrecoup de la magie, en ayant consommé beaucoup trop pour ses capacités actuelles et alors que le dernier cocon fut ouvert, elle s’effondra au sol, par manque de mana.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le vendredi 26 septembre 2014, 01:23:02
La magie s’enflammait. Adamante en avait mal au crâne. Toute cette mana en elle risquait d’exploser. Elle en avait une surcharge qui filait dans ses veines, et, pour ne rien arranger, elle ressentait la présence du Grand Ancien, ainsi que les légendes circulant sur eux... Le simple fait de les voir suffisait à vous faire perdre la raison. Shub-Niggurath était en train de sortir de sa prison éternelle et immatérielle. Elle voulait aider Mandus, mais ce dernier était résolu... Car il allait mourir. Adamante le comprit. Pour fermer la Machine, pour la détruire, il devait se sacrifier. Un rituel ancestral, malgré la présence de tuyaux, de vapeurs, et de mécanismes. Les araignées géantes venues à l’aide de Shad enfermaient les prisonniers dans des cocons de soie, et Adamante utilisait sa magie pour écarter les gravats qui leur tombaient dessus. Le sol devenait instable, comme si un séisme était en train d’avoir lieu. La Machine n’avait été conçue que dans ce but : permettre à Shub-Niggurath de sortir, permettre le retour des Grands Anciens. Un mélange horrible et cruel entre la magie et la technologie, les deux au service de la folie d’une créature ancestrale. Il était temps de partir, et son regard croisa une dernière fois celui de Mandus.

« Je sais ce que vous pensez, Adamante... Et vous avez tort. Le Professeur existe réellement.
 -  Alors, qui ? Qui est-il ?!
 -  Ce que je vous ai dit ! Un membre du Centaur Club... Mais il est autre chose que ça, bien plus que ça. Je n’aurais jamais pu développer une telle construction au cœur de Nexus sans une aide extérieure !
 -  Son nom, Mandus ! Donnez-moi son nom ! »

Mandus ferma les yeux, réfléchissant. Son visage était méconnaissable, ses cheveux formant une bouillie de sang, des lignes pourpres glissant le long de son visage. Cependant, il savait encore des choses, comme si la mémoire lui était enfin revenue. Le plafond continuait à se désagréger, tout était en train de s’effondrer, mais il fallait impérativement qu’Adamante en sache plus.

« Vous devez partir, Adamante...
 -  Son nom, Mandus ! Son nom !
 -  C’est le Marcheur, Adamante. L’Étranger-sans-Âge... Il n’a pas de nom. Vous le rencontrerez, Adamante. Rappelez-vous de ce que je vous ai dit, et... »

Il y eut un terrible craquement, et un tentacule supplémentaire jaillit, traversant le plafond, traversant la Machine pour atterrir à la surface, défonçant le toit de la triperie.

« Brennenburg, Adamante... Brennenburg ! »

Oswald se recula alors, et Adamante lui hurla dessus... En vain. Il se dépêcha de marcher, et ouvrit une porte ne fer dans un coin. Elle se retourna alors. Deux araignées géantes étaient là, attendant qu’on les chevauche pour filer. Adamante acquiesça lentement devant les explications de Shad.

« Vite, alors... »

Elle grimpa sur l’araignée, qui se mit à partir, du haut de ses huit multiples pattes. Les hommes-porcs poussaient des hurlements ignobles, et n’essayèrent même pas de les stopper.



Il avait tué ses enfants. Tout était clair, maintenant, dans sa tête. Il descendait un escalier en fer qui tremblait sur place, et, malgré sa douleur, malgré la souffrance physique qui étrillait chacun de ses membres, ses pensées étaient claires, cohérentes. Il avait découvert à Zerrikania une orbe magique, infernale, qui lui avait montré le futur... Le pire des futurs possibles, l’Apocalypse, le chaos formien... L’Orbe lui avait montré des jours sombres en devenir. Il avait vu la fin des temps, et l’Orbe lui avait dit que le seul moyen de protéger l’humanité était de rappeler ses anciens créateurs, qui avaient été bannis il y a des millénaires. Tout lui revenait en tête : ses insomnies interminables, la souffrance qu’il ressentait continuellement en sachant ce qui allait arriver... Les êtres humains seraient tués, massacrés, ou, pire, récoltés, utilisés comme ressources pour permettre à des envahisseurs galactiques ancestraux de renforcer leur influence. Un futur effrayant, des images horribles qui l’avaient poursuivi toute la nuit, et qui l’avaient amené où il était là, à rencontrer le Baron, puis le Professeur, et à fonder la Machine.

L’escalier l’amena dans un couloir que l’homme traversa rapidement.

« Mandus !! »

Le Professeur jaillit d’un coin d’ombre, l’envoyant heurter le mur, devant une double porte menant à l’Orbe.

« Tu ne peux pas l’en empêcher, Mandus, c’est trop tard ! Il le faut !! »

Oswald se débattit, et le repoussa. Le Professeur disparut à nouveau, puis l’homme s’avança vers l’épaisse double porte. Il était en sueur, il avait mal partout, mais sa détermination était inébranlable. Ses doigts tournèrent la manivelle, et la double porte s’ouvrit dans un grincement, montrant un long escalier menant à un temple... Une reproduction du temple zerrikanien. Oswald s’avança lentement, et tomba à genoux devant ce spectacle.

*Allez, Oswald, allez, n’abandonne pas maintenant !*

Lui seul pouvait le faire, et il se releva à nouveau, marchant lentement, laissant derrière lui des traînées de sang. Cet escalier était interminable, comme s’il était en train de s’étaler, de se distendre à l’infini. Dans sa tête, le Professeur continuait à le narguer, lui hurlant de faire demi-tour, lui ordonnant de ne pas y aller, qu’il était trop tard, que tout était terminé. Oswald serrait les dents, s’appuyant contre le mur, en continuant à grimper. Il crachait du sang parfois, titubant lentement, la tête venant lui tourner. Oswald tomba à genoux, à nouveau, fermant les yeux. Il avait chaud, il se sentait mal à l’aise. Sa tête n’était plus qu’un amas ensanglanté de douleur.

Oswald continua à marcher, ou à ramper... Tout se mélangeait dans sa tête, et il atteignit le Cœur... Il atteignit la structure centrale. L’Orbe était là, sur un piédestal, l’éclairant comme un phare, et il tomba à genoux.

« Mes petits... Mes petits... »

Deux cadavres grimaçants lui faisaient face. Des cadavres qui commençaient à pourrir, reliés par des tubes à l’Orbe. Deux petits corps fébriles encore dans leurs beaux habits, des habits rapiécés et poussiéreux. Oswald se mit à pleurer, incapable de retenir ses larmes devant les deux corps momifiés.

« Il fallait le faire, Oswald... Qu’essaies-tu donc de prouver en faisant ça ? De racheter ton âme ? Nous avons fait ce qu’il fallait faire... »

Le Professeur était derrière lui, et continuait à parler, mais il ne l’écoutait plus. Oswald se releva. Le temps lui était compté, ses joues étaient un mélange de crasse, de larmes séchées, et de croûtes de sang. Ses deux mains se posèrent sur l’orbe, et il serra dessus, en grinçant des dents. Non, ce n’était pas encore totalement terminé... Il y eut comme un gémissement plaintif, et Oswald vit des yeux grimaçant set infernaux le regarder, une bouche qui semblait cracher les flammes de l’Enfer. Deux pointes traversèrent son corps, du sang jaillit de sa bouche, de ses doigts, rougissant l’Orbe, la recouvrant. La lumière se mit à flamboyer, à brûler, faisant disparaître le sang, faisant abandonner la douleur.

« C’est beau... Si beau... »

Il n’y avait plus que du blanc autour de lui, du blanc qui l’envahissait, du blanc qui effaçait toute la noirceur de sa Machine... Plus de douleur, plus de souffrance, plus d’hésitation. Son corps était transpercé par de multiples pointes, et le blanc était partout, devenant immaculé. Plus de douleur...

...Plus rien.



Les gardes nexusiens avaient réussi à reprendre l’abattoir, et étaient en train d’aider les décombres quand le séisme éclata. Plusieurs maisons s’écroulèrent, les rues bordant l’abattoir se retrouvèrent ouvertes en deux... Puis il y eut l’explosion. Elle jaillit des profondeurs de l’abattoir, et tout le monde la ressentit. Les magiciens qui avaient senti la perturbation, l’ouverture de la faille, sentirent l’explosion magique. Depuis sa terrasse, la Reine vit l’énorme dôme blanc jaillir des bas-fonds. Les mages ashnardiens sentirent la perturbation depuis leurs boules de cristal. Les satellites tekhans enregistrèrent l’anomalie. À Sylvandell, les dragons dorés poussèrent des hurlements catastrophés en plein milieu de la nuit. Les Anges, depuis leurs cités célestes, posèrent leurs regards sur Nexus.

Le dôme blanc recouvrit toute la ville, et provoqua une violente onde de choc. Une onde qui aurait pu anéantir toute la ville, mais qui fila le long des murs, comme un flash lumineux. Elena ferma les yeux sous le choc, et, quand elle les rouvrit, tout semblait différent.

De l’abattoir, il ne restait plus rien qu’un immense cratère... Dans lequel quelques gardes virent des araignées géantes déposer des coins, avant de repartir dans le trou. Les gardes s’approchèrent, et ouvrirent les cotons, avant d’entendre une voix les appeler. En s’approchant des gravats, en les repoussant, ils virent le corps fatigué d’Adamante Mélisi.

« C’est la magicienne de la Reine ! Appelez des guérisseurs, vite !!
 -  Mais qu’est-ce que c’est ?
 -  Brancardiers ! »

Adamante sombre à son tour dans l’inconscience.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le lundi 29 septembre 2014, 16:53:19
Se réveiller dans un lieu inconnu est toujours un acte quelques peu dérangeant en soit. La Louve jusqu’à présent plongée dans l’inconscience recommençait à revenir peu à peu à la réalité. Au début, ce ne fut que murmures et chuchotement qu’elle put ouïr mais bien vite, ces  légères tonalités de voix se muèrent pour devenir une cacophonie d’ordres lancés, de pleures, de cris de douleurs et d’instant de joie. Refermant les yeux et se pinçant légèrement les paupières avec le pouce et l’index, la lycane eut l’amère impression qu’on était en train de lui cogner violemment la tête. Un réveil quelque peu douloureux. Soufflant, et s’habitant à l’ambiance de l’endroit, elle rouvrit les yeux et se mis à observer plus en détails.

Le premier élément qui la frappa fut le fait qu’elle se trouvait dans une sorte de temple, quelques gardes étaient postés ici et là, surveillant les blessés. Des prêtresses allaient et venaient aux chevets de certains d’entre eux, les soignants tour à tour. La Louve observait en silence, reconnaissant un ou deux Espers qui s’étaient retrouvés bloqués dans des tubes sous la Machine et qui alimentaient le Cœur.  Repensant à cela, un frisson traversa son échine. Shub-Niggurtath, avait-il seulement était stoppé ? Et quid d’Adamante, Clatyon Shaw et de Jacques de Mallembraix ?  Tout en pensant à eux, l’Okami les cherchait du regard, mais aucunes traces. 

A bien y réfléchir, la mage de la Reine ne devait pas se trouver dans la même pièce que la majeure partie des blessés et devait être plus protégés tout comme l’agent de la Couronne. Mais pour l’ex-taulard ? Aurait-il était mis à l’écart pour être interrogé ? Après tout, il avait été le chef de la révolte dans les Bas-Fonds. Un léger grognement d’amertume s’extirpa de la gorge de la Terranide.  Ne pas savoir ce qui avait bien pu se passer depuis sa perte de conscience la gênait grandement.

Des bruits de pas la firent sortir de ses pensées. Une prêtresse du temple, portant un plateau repas s’approchait de son lit de fortune. Posant la petite collation devant la Terranide, elle s’assura par la suite de son état, lui posant quelques questions d’ordres médicales. Le strict minimum en soit. Après tout, mise à part des brûlures et un manque de mana,  Shad n’avait pas autant souffert que certaines des personnes se trouvant ici. Et il était fort à parier que la nourriture allait non seulement l’aider à requinquer son énergie mais également à faire le plein de capacité magique. Remerciant d’un simple hochement de tête la prêtresse, la lycane porta par la suite le breuvage jusqu’à ses lèvres. Le goût n’était pas exquis en soit, mais c’était mangeable. Et elle avait vu bien pire niveau nourriture.
 Tout en mangeant,  Shad ne peut s’empêcher de repenser aux évènements passés, à cette fameuse nuit. Quelle histoire, mais quelle histoire ! Tout n’était que démesure et pourtant, tout était vrai. Pensive, elle se mit à se demander ce qu’elle devait faire maintenant. Devait-elle attendre ? Après tout, elle s’était rendue chez Mandus sans l’accord de la Couronne et avait pénétrée dans une propriété privée sans autorisation. Et tout cela car elle avait suivi Clayton et un noble dans leur enquête. Cette petite excursion avait tôt fait de les mener en Enfer.  Elle soupira. Elle verra bien. Au pire, elle se doutait que la Couronne ou la milice savait où la trouver.

L’Okami termina son repas, sentant ses bienfaits. Puis, elle s’accorda encore quelques instants, observant tout simplement les malades présents. Une autre prêtresse vint à sa rencontre, lui donnant une petite enveloppe cachetée. Voilà qui répondrait à sa question précédente.  Usant d’une de ses griffes, la Terranide l’ouvrit et lu la missive, avant de la refermer et de se lever. Peut-être aurait-elle dû attendre un peu plus et se laisser soigner mais pour sa part, la Louve était en mesure de se mouvoir sans peine. Après, il était sûr qu’elle n’allait pas de suite utiliser une grande quantité magique dans les heures qui suivent mais elle ne pouvait pas également les faire attendre.  Elle prit donc la direction de la sortie du petit temple, continuant à observer si elle voyait un visage familier dans tous ceux qui étaient présents.


Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le mercredi 01 octobre 2014, 12:59:19
« ...Une onde magique perçue jusqu’à Tekhos !
 -  Comment est-ce que ça pu nous échapper ? Merde, cet abattoir était pile sous notre nez !
 -  Il faut s’attendre à une réaction des Tekhanes, si elles apprennent la technologie utilisée là-dessous...
 -  Ma chère, les Tekhanes sont pour l’instant tout en bas de ma liste de priorités ! Des putains de tentacules, une émeute, une attaque de monstres ! Nexus violée dans son intimité par un simple homme d’affaires ?! Je n’ose y croire ! Ce Mandus avait forcément des complices, des gens qui l’ont aidé et qui ont couvert cette aberration !
 -  C’était un vortex, une faille dimensionnelle... Je l’ai clairement senti, et elle ne menait pas n’importe où... Elle menait droit vers un Grand Ancien. Ce que nous avons risqué dépasse l’entendement... »

Le réveil de Ronald Langley n’avait pas été des plus agréables, et il avait le sentiment que le reste de la journée ne serait guère mieux. Les bas-fonds de Nexus étaient en ébullition. En plein milieu de la nuit, des espèces de croisements abominables entre des loups-garous et des porcs avaient fondu dans la ville, massacrant les gens, faisant couler le sang. La Garde civile avait été désemparée, et, au milieu du chaos, l’abattoir d’Oswald Mandus avait littéralement volé en éclats. Au milieu des flammes et des incendies, une espèce de bombe magique avait jailli des profondeurs de l’abattoir, déferlant dans la ville, l’impact se faisant ressentir partout... Jamiël avait reçu des vingtaines de messages télépathiques, et des corbeaux et des messagers affluaient dans tous les sens pour comprendre ce qui venait de se passer.

Les temples et les casernes des bas-fonds étaient remplies de blessés, de moribonds, des gardes patrouillaient dans les rues pour brûler les cadavres des hommes-porcs, ou, plus généralement, pour faire le ménage, pour déblayer, ou pour fouiller les profondeurs de l’abattoir. Langley avait instauré un cordon de sécurité autour de l’abattoir, et se déplaçait sur son cheval, en compagnie de Jamiël. C’était une matinée grisâtre, avec un léger vent marin qui faisait remuer les cheveux du chambellan.

Outre les blessés, les gardes avaient également amené des personnes dans un état cadavérique. Leurs corps étaient rachitiques, souffrant de déshydratation, d’une sous-alimentation, et semblaient totalement éreintés. Ils avaient été amenés dans un fort des bas-fonds, et plusieurs magiciens et de multiples guérisseurs s’activaient à les soigner. Leur particularité ? Ils étaient tous des ESPers... Ronald n’avait pas encore recollé toutes les pièces du puzzle, et Adamante, qui aurait pu fournir des explications, se trouvait au Palais d’ivoire, en compagnie d’Elena. La Reine avait expressément demandé à ce que personne ne la dérange, et Ronald, incapable de rester en place, était parti avec Jamiël près de l’abattoir.

Jamiël observait le cratère. Il y avait plusieurs trous, ici et là, et des soldats s’y étaient aventurés. Sous l’abattoir, il y avait une vaste crypte abandonnée, un ancien mausolée datant de l’époque où Nexus n’avait pas encore d’égouts, et avait enterré ses cadavres pour lutter contre la prolifération de monstres et d’épidémies, l’idée étant de concentrer les goules et les autres monstres nécrophages dans des endroits hermétiquement clos. Les soldats avaient cependant rapporté de nombreux cadavres... Des araignées géantes, et de monstrueux hommes-porcs. Jamiël avait inspecté un homme-porc sur le site, pour en arriver à la conclusion qu’il faudrait une autopsie approfondie.

Pendant ce temps, Elena, elle, s’était effectivement entretenue avec Adamante. La magicienne était éreintée, blessée, mais, grâce à ses pouvoirs magiques, elle avait pu se remettre, et avait expliqué toute l’histoire à Elena... Elle lui avait expliqué comment Oswald Mandus était devenu fou lors de son expédition à Zerrikania, en s’emparant d’une orbe magique abritant très probablement les connaissances de Shub-Niggurath, ainsi que sa démence. Il avait été infesté par la présence du Grand Ancien dans l’orbe magique, puis avait ensuite créé la Machine, en utilisant comme couverture un abattoir populaire, ce qui lui avait permis de s’implanter dans les bas-fonds, et de capturer des personnes qui avaient servi à alimenter le Cœur de la Machine, un immense catalyseur magique qui avait permis d’ouvrir une faille dimensionnelle.

« C’est aberrant... »

Adamante avait ensuite expliqué que Shad avait appelé des araignées géantes, qui les avaient défendus contre les hommes-porcs... Ensuite, Oswald avait détruit la Machine. Comment ? Adamante l’ignorait, mais, vu l’explosion magique qui avait agité Nexus et le monde des magiciens, elle soupçonnait qu’il avait détruit l’orbe, ou inversé le processus, déversant le contenu du catalyseur dans la nature.

« Mais c’est terminé... Non ?
 -  Ne sois pas si naïve, Elena... Jacques de Mallenbraix... Il a parlé d’une autre personne, d’un baron et d’un château... Oswald n’aurait jamais pu construire une telle chose sous notre nez, sans que personne ne le voit. Il avait des soutiens, il a bénéficié d’une assistance, c’est évident...
 -  Mais... Qui ? Quel fou aurait voulu qu’un Grand Ancien revienne ?
 -  Cette... Cette machine était immense, Elena... Elle servait à concentrer la magie, mais... Cette concentration a peut-être d’autres objectifs que de réveiller un Grand Ancien en créant une faille dimensionnelle. Crois-moi, Elena, il faut une magie phénoménale pour atteindre la prison d’un Grand Ancien. Je ne pensais même pas que c’était possible...
 -  Moi non plus... » intervint soudain une voix à côté d’elles.

Elena sursauta et Adamante se retourna... Avant que la Reine ne constate qu’il ne s’agissait que d’un Ange (http://nsa30.casimages.com/img/2013/02/26/13022609203754407.jpg)...

« Que... ?
 -  Les Grands Anciens relèvent de la compétence de ceux qui les ont enfermés, Reine Ivory... Ce qui inclue notamment les Anges. Je m’appelle Yehaël, Ange de la Pureté... Et j’aimerais m’entretenir avec cette Terranide qui a invoqué ces araignées géantes. »

Elena ne dit rien sur le coup, mais son air était soupçonneux. Pourquoi les Anges n’étaient-ils pas intervenus rapidement, si les Grands Anciens leur tenaient tant à cœur ? Comme si elle lisait dans ses pensées, Yehaël, une Ange au visage redoutable, aussi beau que sévère, tourna sa tête vers elle, plantant ses yeux dans les siens.

« Parce que nous l’ignorions... Votre magicienne a raison, Reine Ivory... Mandus a bénéficié de puissants soutiens, et j’ai bien peur que cette histoire ne soit que le commencement de grands troubles à venir. »

Voilà qui était très rassurant ! Elena avait envoyé une missive à Shad pour lui dire qu’elle la remerciait chaleureusement, et qu’elle pourrait repasser au Palais d’Ivoire quand bon lui semblerait. Néanmoins, Yehaël avait d’autres objectifs, et Adamante se releva péniblement.

« Nexus a toujours été en bons termes avec les Cieux, Yehaël... Je vais vous conduire auprès de Shad.
 -  Je vous en remercie, magicienne Adamante. »

La voix de l’Ange débordait d’une inaltérable assurance, et Adamante attrapa sa main, puis tourna sa tête vers Elena.

« Ne t’inquiète pas, je reviens vite... »

Joignant le geste à la parole, elle se téléporta alors.. Et apparut à l’entrée du temple, au milieu de roseaux et d’arbres, juste devant Shad. Les gardes, surpris, levèrent les yeux en voyant une Ange, les badauds poussèrent des cris, et Yehaël regarda autour d’elle, avant d’observer un garde :

« Va dire à tes supérieurs que d’autres Anges vont venir pour soigner ceux qui étaient piégés dans l’abattoir.
 -  Euh, je... Oui, Madame, bien sûr ! » répliqua, un peu hébété, le soldat, avant de partir.

Adamante sourit ensuite à Shad.

« Tu vas bien, Shad ? Je te présente Yehaël... L’Ange de la Pureté. »

Yehaël observa lentement la femme, en fronçant les sourcils. Elle sentait les émanations démoniaques sortir du corps de la femme, amenant sur ses lèvres un rictus légèrement goguenard. Mais non... Ce n’était pas cette force qui avait permis d’invoquer les araignées.

C’était une autre force que Yehaël avait perçue.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mercredi 01 octobre 2014, 18:07:16
La Terranide était tout juste sortie du temple qu’une vive lumière signe d’une téléportation se matérialisa devant elle. Passant sa main devant ses yeux pour se protéger de cette luminosité soudaine, la Louve reconnu après-coup Adamante, la magicienne de la Reine Elena Ivory mais nota rapidement la présence d’un autre être à ses côtés. Elle cligna des yeux, légèrement surprise, ne s’attendant nullement à voir apparaître devant elle un ange.  Mais  l’étonnement laissa bientôt place un autre sentiment. Face à la question de la magicenne, la Terranide hocha simplement la tête en signe d’affirmation, observant en silence l’ange qui se tenait devant elle.

Son regard traduisait une certaine haine envers elle, une haine tournée vers les Cieux qui ne lui avaient apportés la moindre petite aide, même aussi insignifiante soit-elle. La Louve leur en voulait de ne pas aider plus ceux qui les priait, qui réclamait leur soutient dans les moments difficiles. Et voilà maintenant qu’un de ces êtres angéliques avait daigné se rendre sur Terra. Sans doute n’était-ce lieu qu’à l’histoire morbide et sordide entourant l’abattoir. Les émanations chaotiques venant du Grand Ancien avait dû être ressenti dans le royaume des Anges et l’un de leur représentant était donc descendu à Nexus pour une inspection.  Mais quel rapport avec elle maintenant ? La Lycane commençait à être fatiguée de toute cette affaire et espérait que cette dernière soit maintenant à son épilogue. Sauf que la présence de Yehaël lui confirmait le contraire. Ce n’était là que le début lié à un projet aux mensurations encore insoupçonné.

Le fiel dans le regard de la Terranide s’apaisa et elle porta ce dernier sur son avant-bras où elle s’était mise à sentir une présence. Une sensation de pattes courants le long de son épiderme et remettant jusqu’à son épaule. Cependant, la lycane ne laissa pas l’araignée finir sa course, bloquant le passage avec sa main, la faisant monter sur cette dernière. L’arachnide se déplaça par un bond rapide et se positionna dans le creux de la main gauche de Shad, avant d’émettre une légère stridulation. Une mise en garde à l’intention des deux interlocutrices de la Terranide. Au bout de ses crochets, on pouvait y distinguer une goutte d’un puissant poison.  Mais étrangement, c’était comme si l’arachnide avait senti que l’ange était venue pour elle. Ou plutôt pour ses géantes consœurs.  La lupine observa « l’enfant d’Elise » un instant avant de prendre finalement la parole.

« Je n’aurais jamais cru voir un ange en vrai. Mais j’ose imaginer que sa présence n’est pas là simplement pour de simple civilité n’est-ce-pas ? »

Au même instant, comme l’avait indiqué plus tôt Yehaël, d’autres anges arrivèrent. Etres de lumières, irradiant de bontés et de bienveillance. Pour l’Okami qui vivait en présence de démons et d’une vampire, la différence était de mise. Bientôt chaque ESper, chaque blessé fut soigné par l’un de ces êtres lumineux, retrouvant  rapidement santé et vitalité. Et en toute franchise, la Louve ne s’attendait nullement à recevoir également un soin rapide, ce dernier faisant cicatriser ses dernières blessures, soignant ses mains meurtris et brûlées et lui redonnant un peu de tonus. C’était une manière curative des plus efficaces, cela elle ne pouvait le nier. Perchée dans sa paume, l’araignée sauteuse se tenait toujours prête à attaquer au moindre faux pas, bien que son venin ne pourrait guère faire réellement de mal à Yehäel. La Terranide tapota de l’index juste à côté de l’arachnide et cela eut pour effet de calmer la bestiole, cette dernière se mettant dans une position plus détendu, se mettant même à se laver en passant ses pattes sur son abdomen et sa tête aux multiples yeux. La Louve remercia également son soigneur avant de poser une question qu’elle avait l’impression d’avoir posé de nombreuses fois ces dernières heures.

« Enfin, en quoi puis-je vous aider ? »

Une manière succincte de demander ce qu’on lui voulait à présent.Pour sa part, ils avaient déjà dû tout voir, tout observer là-haut, alors pourquoi diable venir interroger de simples mortels ?  Les Cieux ne pouvaient-ils donc pas observer les éléments passés à l’aide d’une quelconque faculté ?  Pour dire vrai, tout cela rendait confuse la Terranide qui ne savait plus ce qu’elle devait réellement penser. Certes, elle se doutait qu’elle aurait quelques comptes à rendre mais pas devant un ange !

« Je suis.. .Cependant surprise que vous n’êtes pas arrivée plus tôt. »

Une petite pique. Sans doute allait-elle s’en mordre les doigts mais on ne pouvait nier que voir débarquer les anges après le massacre pouvait donner lieu à certaines interrogations. La Terranide soupira, déclarant finalement :

« Enfin, je suis à votre disposition »

Cette simple affirmation l’étonna. Jamais, elle n’aurait pensée déclarée cela un jour. Comme quoi, la Terranide allait de surprises en surprises de jour en jour.

Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le samedi 04 octobre 2014, 02:35:29
Les autres Anges arrivèrent assez rapidement, traversant les nuages, formant comme des cônes lumineux s’abattant dans les bas-fonds de Nexus. Les fenêtres habituellement closes des masures s’ouvrirent, les gens sortirent dans la rue, les prêtres et leurs ouailles s’agenouillèrent sur le sol en remerciant la Bénédiction divine. Une vingtaine d’anges arrivèrent, flamboyants de beauté, étincelants de grâce et de splendeur, leurs corps semblant comme auréolés d’un halo doré. Adamante devait admettre être impressionnée. Elle savait que les Anges avaient passé un pacte ancestral avec les démons fixant, dans des considérations assez générales, un pacte global de non-intervention dans les affaires des Plans Intérieurs. Ce pacte était notamment assorti d’un certain nombre d’exceptions, au nombre desquelles on trouvait les Grands Anciens. Soigner ainsi les blessés ne rentrait, techniquement parlant, pas dans le cadre d’un projet visant à s’assurer que la résurrection du Grand Ancien n’avait pas eu lieu, mais les Anges en profitaient, allant soigner les ESPers. Aucun garde n’osa lever l’arme contre eux, tous s’écartant prudemment, en se regardant, circonspects. Beaucoup eurent également des érections en observant les silhouettes gracieuses qui se découpaient devant eux. Tous ces Anges étaient d’une beauté éternelle, sculpturale, des formes parfaites.

Yehaël, elle, se tenait devant Shad, et sentit le sarcasme perler dans la bouche de cette Terranide... Et vit une araignée se déplaçant sur son corps. Son regard s’attarda brièvement sur cette créature, puis retourna se planter sur Shad.

« Pourquoi je ne suis pas arrivé plus tôt... Hum... Peut-être aurais-tu préféré que j’arrive plus tôt en ce qui te concerne, Shad. On ne cache rien à la Lumière, et je sens sur ton corps l’odeur d’une personne néfaste que j’ai déjà rencontrée... Dans un passé lointain. »

Rien n’échappait à Yehaël. Jamais morte, elle se souvenait encore très bien de la Grande Guerre, le Grand Conflit ayant opposé les Anges aux démons, et qui avait eu des conséquences dévastatrices, en provoquant un violent et sanglant schisme au sein des Cieux. Néanmoins, l’Ange de la Pureté n’était pas là pour ça, mais cette odeur, pour l’appeler ainsi, venait la titiller.

« Nous ne sommes pas intervenus plus tôt pour un grand nombre de raisons, jeune Louve... Parce que nous venons d’une autre dimension, parce que Terra est tellement impure qu’il nous est difficile de percevoir à travers la noirceur de l’âme de ses habitants pour voir les véritables menaces qui pèsent sur ce monde... Ou encore parce que l’ennemi qui manipulait Mandus a su masquer sa présence à la perfection. »

Adamante tiqua à cette phrase.

« Vous voulez dire que... ?
 -  Je veux dire ce qui est évident, magicienne Adamante. »

Vu comme ça... Yehaël n’était pas connue pour être très diplomate, et très encline aux compromis. Elle représentait la Pureté, et elle représentait si bien cet attribut qu’elle n’avait pas rejoint Lucifer quand ce dernier avait choisi de trahir le Conseil et de renier les Cieux, en organisant une croisade vengeresse en Enfer pour achever les Princes Infernaux, et ainsi instaurer l’hégémonie des Cieux dans tous les univers possibles. De plus, elle n’avait pas spécialement envie de s’engager avec une discussion théologique face à des gens qui pensaient que tout leur était dû.

Yehaël regarda à nouveau la Terranide.

« Sais-tu où se trouve de Mallenbraix ? L’espion royal qui vous accompagnait dans la Machine, celui que vous avez récupéré dans la Machine... Car je n’ai pas réussi à le retrouver.
 -  Il n’est pas dans les camps ? demanda Adamante, surprise.
 -  Non... »

Yehaël baissa ensuite légèrement les yeux.

« Ce talisman que tu as est un cadeau très précieux. Il recèle une magie très puissante. »

Adamante avait déjà pu sentir cette puissance... Et elle l’avait vu à l’œuvre au sein de la Machine. La référence à ce talisman chassa de son esprit ce que l’Ange avait dit au début sur Shad, et sur ses fréquentations. Elle avait, de fait, des soucis plus importants en tête, comme gérer la crise de la Machine, trouver les éventuels complices de Mandus, et les appréhender pour de bon.

Et où donc était passé Mallenbraix ?

*Quelque chose me dit que la réponse se trouve dans ce qu’il reste de la Machine, et que je risque de ne pas l’apprécier...*
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le mardi 07 octobre 2014, 14:54:25
La Louve dû admettre qu’elle ne savait que trop dire en cet instant. Elle observa  Yehaël en silence, apparemment la réponse de l’ange lui avait convenu pour l’heure. La lycane hocha donc la tête en signe de compréhension et pour signifier en silence que le sujet était clos. Après tout, ce n’était ni le moment, ni l’enjeu et une plus grande affaire était  à élucider. La Machine et tout ce qui l’entourait gardaient encore une grosse part de mystère. Tout comme les véritables pouvoirs du médaillon qu’Elise lui avait offert. Talisman qui semblait à nouveau apporter la curiosité et cette fois de pas n’importe qui. D’une ange ! Rien que ça ! La Louve passa sa main sous son haut pour extraire le collier qui était pour l’heure caché à la vue de tous. Elle observa un instant ses motifs, les symbôles et l’araignée qui y était stylisée.

« Je dois avouer que..c’est un beau cadeau. Il me protège du poison et semble me protéger en appelant des araignées. Il m’avait permis également de trouver une trappe secrète au sein de la Machine et ainsi éviter un destin funeste. Mais je ne le contrôle pas. »

A ces mots, la lycane retira complétement le médaillon, avant de le tendre à Yehaël. Elle sentit néanmoins un léger lien entre l’objet magique et elle-même et vit que l’araignée stylisée semblait prendre vie.  C’était comme une sorte de protection, un sort qui empêcherait une autre personne de mettre ce talisman mise à part la lycane. Mais cette dernière jugeait que temps que le collier ne serait pas mis autours d’un cou, il n’y avait pas de grandes craintes à avoir.

« Et j’imagine que vous voulez le voir, sinon vous ne m’en aurez pas parlé.  Faites donc mais ne le portez pas. Quoique, en tant qu’ange vous ne risquez pas grand-chose. Pour ce qui est de Mallembraix…Je l’ai vu pour la dernière fois lors de notre dernier affrontement avec Mandus. Je pensais qu’une araignée l’avait également sortie comme tous les autres personnes présentes…. »

Alors pourquoi n’était-il pas également avec eux ? Pourtant elle n’avait vu aucune araignée chutait leur de leur ascension risquant ainsi de tuer leur précieux paquetage. Avaient-ils subit un accident finalement ?  Quoi qu’elle puisse penser, la réponse se trouver à l’ancien emplacement de l’abattoir. Là où maintenant n’apparaissait qu’un imposant cratère.  Et c’est vers ce dernier que le trio s’était mis à se mouvoir. La louve put facilement voir les regards des badauds se posaient sur Yehaêl, admiratifs. Les prêtes quant à eux, ne cessaient de prier, remerciant les Cieux pour leurs présences divines. Aujourd’hui, Nexus était nimbée de lumières, mais dans cette lumière subsistait une part forte de ténèbres.

Arrivée aux abords de l’imposant cratère, l’Okami eut un léger recul. Comment ne pas repenser à toutes les horreurs qui s’étaient trouvés en ce lieu ? Et comment également retrouver Jacques si ce dernier était effectivement encore présent quelques part ici, enfouis sous des tonnes de gravats ? Non, il ne pouvait être en vie. Son corps risquait plus d’être retrouvé dans un bien piteux état. Et si son corps n’était pas retrouvé, ce n’était qu’à partir de cela qu’on pouvait espérer qu’il soit encore en vie. Finalement, la Terranide osa poser son regard sur l’imposant cratère.

« Et comment allions-nous faire pour le trouver ? »

C’était immense. Sur les parois et dans des niches fraîchement creusée à même la roche, la lycane put apercevoir du mouvement. Mais ce qui bougeait se trouvait dans l’ombre et il était difficile de bien en voir les formes.  Tentant de voir, sa ligne de mire fut soudainement attirée par le médaillon que tenait encore Yehaël. Ce dernier s’était mis à s’illuminer doucement. Face à cela, la Louve souffla. Elle qui pensait qu’il s’agissait d’hommes-porcs elle venait d’avoir la confirmation que sa crainte était infondée. Mais la question concernant Mallembraix subsistait encore. Elle se tourna donc vers Adamante.

« Vous ne pouvez pas le détecter par magie ? »

La magie d’Adamante avait déjà servie à explorer un lieu à la recherche d’indice, alors pourquoi ne pourrait-elle pas servir pour retrouver une personne dans un espace donné ? La lycane savait que quant à elle, sa magie ne serait pas de grands secours pour retrouver l’espion de la Couronne. Le mieux qu’elle pourrait faire serait encore de se transformer et de le pister. Mais cela risquait de prendre bien trop de temps. Pourtant, elle se doutait bien que l’ange ainsi que la mage  savaient déjà comment régler ce léger souci. En pensant à Yehaël, elle ne put s’empêcher de glisser son regard vers cette dernière et plus particulièrement sur ce qu’elle tenait en main, se demandant si ses interrogations avaient reçus leurs réponses.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le jeudi 09 octobre 2014, 03:00:33
Yehaël inspecta le talisman magique pendant quelques secondes, avant de le rendre à sa propriétaire légitime. Adamante pouvait sentir la magie qui en vibrait. Elle était puissante, et, si elle aimait à se dire qu’elle était une magicienne talentueuse, elle avait suffisamment d’humilité pour s’incliner devant l’expertise d’une Ange guerrière, membre de la Milice des Cieux. Yehaël lui rendit son talisman, puis se retourna. Elle avait pu constater que le talisman, s’il abritait une puissante magie, n’était pas maléfique, et elle n’avait donc aucune raison de le prendre à la Lycane. Elle le remit donc, et marcha ensuite vers ce qui restait de l’abattoir : un trou béant encerclé par les autorités. Les soldats s’affairaient dessus et dedans, ramenant continuellement des cadavres, que ce soit des corps d’humains ou de monstres. Mallenbraix était introuvable, et Adamante avait un mauvais pressentiment, avec l’intime conviction que cette histoire n’était pas totalement terminée, et que l’Ange savait plus de choses qu’elle ne voulait l’avouer... L’arrivée des Cieux était en soi une preuve suffisante, car, si tout était terminé, ils n’auraient jamais pris le risque de venir en force, violant ainsi le pacte de non-intervention passé jadis entre les Démons et les Anges pour mettre fin au Grand Conflit.

Aucun garde n’essaya de stopper Yehaël, qui descendit dans l’un des trous permettant d’entrer dans ce qu’il restait de la Machine. Adamante la suivait, et n’avait même pas à utiliser une orbe lumineuse : les plumes des deux ailes blanches de Yehaël rayonnaient dans la nuit. Yehaël caressait les murs sombres du bout des doigts. La souffrance et le vice suintaient à travers ces derniers, et elle ne pouvait s’empêcher de se demander comment les êtres humains pouvaient faire preuve de tant de cruauté entre eux. Certes, Mandus avait été influencé par Shub-Niggurath, mais n’y avait-il réellement que ça ? Est-ce que, fondamentalement, l’Homme n’était-il pas programmé pour être une créature sauvage et tueuse ? Un être monstrueux, capable du pire comme du meilleur ? Shad sortit Yehaël de ses pensées en lui demandant si elle ne pouvait pas utiliser sa magie pour le repérer.

« S’il est en vie, les chances pour que j’y arrive sont faibles... Je ne l’ai jamais rencontré, et Nexus comprend tellement d’êtres vivants qu’il peut se fondre dans la masse sans problème. Et, s’il est mort... Et bien, ça règle malheureusement la question, car un cadavre n’émet aucune magie. »

Adamante avait une position nuancée sur la question. Les esprits, les fantômes errants, étaient généralement rattachés à leurs dépouilles, mais jamais une Ange ne s’abaisserait à employer une telle magie, car il s’agissait de nécromancie, une magie qu’on rangeait habituellement dans la catégorie des arcanes noirs. Yehaël, Adamante et Shad s’avancèrent ainsi dans les décombres, croisant des patrouilles. Il y avait, outre des soldats, des mages, des experts, qui inspectaient certaines pièces. Les Tekhanes viendraient sûrement, car cette technologie dépassait de loin ce dont Nexus était capable.

« Même avec le Portail fermé, je continue à sentir la puissance de Shub-Niggurath..., marmonnait Yehaël. Cette présence est comme un poison qui empoisonne l’air ambiant... »

La magicienne ne commenta pas. Elle sentait également cette présence, mais de manière très atténuée par rapport à l’Ange. Du moins, c’est ce qu’elle disait. Après un certain temps, il apparut inutile de continuer les investigations dans la carcasse de la Machine, et le trio retourna à l’air libre. Là, elles croisèrent Langley, qui leur expliqua que les cadavres étaient regroupés dans la morgue d’un fort à proximité. Yehaël le remercia.

« Je vais aller voir. Merci pour votre assistance, magicienne Adamante et Terranide Shad, mais je ne vais pas vous retenir plus longtemps.
 -  Hey ! »

Adamante parla dans le vide, car Yehaël s’était envolée, filant vers le fort. La magicienne grommela, un peu irritée d’être laissée là comme ça, et regarda Shad

« Je ne sais pas pour toi, mais j’ai envie d’avoir le fin mot de cette histoire... Après ce que nous avons traversé, c’est un minimum. »

Elle fila donc vers le fort, qui se trouvait à une vingtaine de minutes de là. La cour était remplie de corps qu’on avait recouverts de bâches, de gardes sur les murs, et de guérisseurs. Yehaël était là, en compagnie de deux autres Anges.

« Tu en es sûre ?!
 -  Remettrais-tu mes connaissances en cause, Yehaël ? rétorqua une autre Ange.
 -  Non, Bath, bien sûr que non… »

L’Ange qui lui parlait s’appelait Bath-Kol (http://th08.deviantart.net/fs51/PRE/f/2009/308/7/a/Bath_Kol_by_GENZOMAN.jpg), aussi surnommée par les mortels « Voix de Dieu ».

« C’est l’homme que tu recherches, et il est mort depuis plusieurs jours. »

Adamante cligna des yeux, surprise, et se rapprocha. Les Anges se tenaient devant un corps malingre, rachitique, qui avait commencé à se décomposer. Il n’avait plus de cheveux, mais il était impossible de se méprendre. C’était Mallenbraix... Un Mallenbraix qui était mort depuis plusieurs jours. Adamante cligna lentement des yeux, indécise.

« Mais, alors... Qui était l’homme que nous avons sauvé dans la Machine ? »

Yehaël la regarda un peu, puis les autres Anges, et Shad.

« J’ai vérifié si l’objet qu’elle portait n’était pas l’orbe que nous recherchions, mais ce n’est pas le cas. Et, dans la Machine, je n’ai pas senti sa présence. Elle n’est plus là.
 -  L’orbe ? demanda Adamante, en se doutant toutefois de la réponse.
 -  Celle que Mandus avait trouvé à Zerrikania..., confirma Yehaël. Elle n’est plus dans la Machine. »

Il était possible qu’elle ait été détruite... Mais, visiblement, les Anges avaient une autre théorie.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Shad Hoshisora le samedi 11 octobre 2014, 21:00:36
La Louve observait le macchabé tout comme la majeure partie des personnes présentes en ce lieu. Ce n’était pas Mallenbraix. La personne qu’ils avaient sauvée au cœur de la Machine n’était pas Mallenbraix. Le vrai se trouvait devant eux, mort depuis maintenant plusieurs jours. Comment cela pouvait-il seulement être possible ? Le prisonnier avait eu le même timbre de voix, la même odeur que l’espion rencontré lors de son passage dans le poste de garde. Sauf qu’il n’y avait eu que deux jours entre ces deux rencontres et au vue de l’état de décomposition dont été sujet jacques, il ne pouvait s’agir de lui.

« L’homme qui était venue me chercher au poste de garde, ce n’était déjà pas le vrai n’est-ce-pas ? Cela fait à peine deux jours, il faut un peu plus de temps pour se retrouver dans un tel état après sa mort…Alors qui ? »

Voilà également pourquoi Shad n’avait su distinguer qu’il ne s’agissait que d’une infâme copie du vrai.  Pour elle,  le faux avait toujours était le vrai. Elle n’avait donc pas pu les différencier. Elle ne fit aucun commentaire quant au médaillon et le fait qu’il soit potentiellement l’orbe. La véritable était pour l’heure introuvable tout comme le faux Mallenbraix. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : Les deux étaient liés. L’imposteur était sans doute partie avec l’orbe.

« Qui peut bien copier parfaitement une personne…Et si l’orbe n’est plus dans la Machine, tout comme cet homme ne pouvons-nous pas en déduire qu’il l’a emmené ? Ce n’est qu’une supposition, mais Mandus ne vous avait-il pas crié le nom d’un endroit avant de mourir ? Bre..Bru..Bronnenbourg ? »

Elle n’y avait pas réellement fait attention sur le coup. Mais elle se souvenait qu’avant de se suicider et de détruire la Machine, Mandus avait crié des informations à la mage royale.  Tout comme elle se rappela qu’il leur avait mentionné que le Professeur était réel, qu’il n’était pas seulement le fruit de son imagination, de sa folie engendrée par les murmures de Shub-Niggurath. Tout cela  était insensé ! Il y’avait là bien trop d’informations, bien trop d’indices qui menaient à la fois quelques part et nulle part. La Lycane ne put réprimer un grognement d’agacement tandis qu’elle observait toujours l’espion mort.

« L’homme que nous avons sauvé ne peut-être qu’un utilisateur des arcanes, sinon comment aurait-il pu survivre à l’explosion ? Et s’il a bien emmenée l’orbe avec lui, nous pouvons craindre qu’un nouvel Mandus verra le jour d’ici peu. Si ce n’est peut-être pas déjà le cas. Et puis, il y’a t’il qu’une seule orbe ? Et quid du Zerrikanien ? Ne peut-il pas nous renseigné ? Il voulait tuer Mandus non ? Donc il devait savoir… »

La Terranide se tut. Elle en demandait bien trop. Mais qui ne pouvait pas lancer pleins d’interrogations face à de tels faits ? Et si les anges avaient daignés descendre sur Terra pour cette affaire, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose. L’ampleur y était bien trop importante pour que quiconque qui  était lié de près ou de loin à toute cette histoire ne se sente pas concernée. Elle ne posa pas plus de questions mais demeurait songeuse, cherchant à savoir qui avait pu être l’homme qu’ils avaient libéré dans la Machine. Et surtout, quel était son objectif.
Titre: Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
Posté par: Elena Ivory le dimanche 12 octobre 2014, 13:45:42
Les questions fusaient dans la petite bouche de Shad, faisant écho aux interrogations qu’Adamante se posait dans sa tête. Qui était cet homme ? Qui était ce faux-Mallenbraix, ce mage qui s’était fait passer pour l’espion royal afin de les piéger ? Quel était le rapport avec Brennenburg, que Shad venait de mentionner ?

« Je... Mandus a parlé de Brennenburg, mais sans en dire plus. Je pense qu’il s’agit d’un château, mais... Tout cela est bien maigre. »

Si Yehaël savait quelque chose, elle n’avait pas envie de le dire. Sans doute estimait-elle, avec cette hauteur si propre aux Anges, qu’un problème relevant de la compétence des Anges ne pouvait pas être résolu par les humains. Ou alors, elle considérait que s’acoquiner avec une magicienne étatique reviendrait à se rapprocher pour trop des États, et violerait ainsi le pacte de non-intervention. Yehaël restait muette, tout en observant la dépouille de l’homme. Adamante, honnêtement, ne savait guère quoi en penser. Cependant, la Machine était détruite. Oswald Mandus avait été stoppé, et Nexus avait été sauvé. Elle pouvait se permettre de sourire, d’être satisfaite, d’autant plus que la partie avait été serrée, et qu’elle avait bien failli perdre. L’homme était peut-être un simple Ashnardien qui était venu pour obtenir des informations sur l’Orbe. Adamante ne croyait pas trop à cette théorie.

« Vous ne comptez pas nous en dire plus ? demanda-t-elle alors à l’Ange de la Pureté.
 -  Rien de ce que je pourrais dire ne vous aidera, magicienne. Néanmoins, sachez que ce que vous avez fait hier ne fut pas vain, et que vous avez accompli un exploit. Je suis heureuse et soulagée de voir qu’il existe encore des êtres vivants de cette réalité qui méritent mon respect. »

Adamante ne savait pas trop comprendre compliment. L’Ange déploya ses ailes. Elle n’avait plus rien à faire ici, et s’envola, laissant Adamante avec Shad et les autres Anges. Bath-Kol, qui était un peu plus chaleureuse que sa consœur, leur expliqua que les blessés ne craignaient rien, mais qu’ils ne pouvaient guère en faire plus, le reste relevant, fort logiquement, de la compétence de Nexus.

« Je vous remercie pour votre aide.
 -  Je suis désolée de vous aider si tardivement... »

La délicate magicienne sourit délicatement en haussant les épaules. La cavalerie arrivait toujours en retard, après tout. Dans un concert de plumes et d’auras lumineuses, les Anges s’envolèrent, afin de rejoindre les Cieux, disparaissant dans le ciel en formant des éclairs argentés. La Mélisaine se retrouvait avec une ville sauvée, des centaines de blessés, une infinité de questions, et peu de réponses, les rares réponses qu’elle avait eues ayant surtout ouvert des questions supplémentaires.

La femme se retourna vers la Terranide.

« Je ne te remercierais jamais assez pour ton aide, Shad. Si j’étais toi, je conserverais précieusement ton médaillon, j’ai le sentiment qu’il te sera encore fort utile. »

Adamante ignorait si les deux femmes étaient appelées à se revoir... Shad avait déjà accompli plus que son devoir dans cette affaire. L’abattoir était détruit, Shub-Niggurath avait échoué, Oswald Mandus était mort, et sa machine infernale détruite. Bientôt, des ingénieures tekhanes arriveraient pour en inspecter les tréfonds, et espérer comprendre le fonctionnement de cette mécanique infernale.

Elle ignorait où se trouvait le mage s’étant fait passer pour Mallenbraix, mais elle était sûre qu’il n’était plus là depuis longtemps. Il avait dû filer la queue entre les jambes.



Le navire marchand était parti tôt ce matin du port. Il n’avait aucune raison de délocaliser son planning, et les marins à bord ignoraient tout de l’abattoir Mandus et des émeutes ayant eu lieu la veille. Ils avaient dormi dans les auberges longeant le bord de mer. Certains avaient été réveillés en pleine nuit en pensant qu’un orage venait de s’abattre, et leur esprit, en faisant preuve de cette extraordinaire capacité à rationaliser l’incompréhensible, s’était persuadé qu’ils avaient eu un cauchemar, et ils s’étaient paisiblement rendormis, seuls, ou en compagnie des prostituées avec lesquelles ils avaient passé la nuit. Le navire marchand ne pouvait guère se permettre d’être en retard pour sa cargaison, et transportait aussi de simples passagers. Il partait pour un long voyage, et avait appareillé au milieu de multiples navires, comme à chaque matinée.

Leur passager, assurément un mage vu sa robe multicolore, s’était enfermé dans sa cabine, verrouillant la porte à double tour, puis se tenait devant une boule de cristal rouge. La pièce était plongée dans la pénombre, le seul éclairage venant de ladite boule, qui diffusait une lueur pourpre dans toute la pièce.

« Est-ce que c’est fait ? lâcha une voix venant de la boule de cristal.
 -  Évidemment, vous devriez savoir que je n’ai pas pour habitude d’échouer.
 -  Je ne remettais pas en doute vos compétences. J’ai senti l’onde magique. Que s’est-il passé ?
 -  Mandus s’est sacrifié en héros. C’était l’un des scénarios prévisibles.
 -  Forcément, puisque vous aviez agi dans ce sens en utilisant des Poltergeist dans sa maison. »

Le mage acquiesça silencieusement, et sortit de ses affaires ce qu’il restait de l’orbe magique : une boule brisée, en plusieurs morceaux. Elle était fracturée, fissurée, ne ressemblant plus à rien.

« Vous pourrez la réparer ?
 -  Oui... Il le faut. Que les Nexusiens pensent que tout ça n’avait que pour but de réveiller Shub-Niggurath nous arrange bien. Vous avez pu échapper à votre vieille amie, n’est-ce pas ?
 -  Hum... Comme d’habitude, Yehaël est arrivée trop tard. Mais le résultat de cette expérience est sans appel. »

Une petite pause s’instaura entre les deux.

« La Machine de Mandus fut un parfait prototype. »

La communication se termina, et l’Homme en Noir, qu’on avait pour habitude d’appeler Randall Flagg, bien que ce ne soit pas son vrai nom, se redressa lentement. Dehors, une tempête se rapprochait, et des matelots risquaient d’être blessés. Il avait l’occasion de faire une bonne action. Qui de mieux qu’un magicien n’ayant aucun nom pour prendre l’apparence d’autres personnes ?

FIN ?