Le Grand Jeu

Plan de Terra => Les contrées du Chaos => Dictature d'Ashnard => Discussion démarrée par: Mélisandre Cairn le mardi 15 octobre 2013, 17:00:28

Titre: Outrage et jouissance [Steph'] - [Terminé]
Posté par: Mélisandre Cairn le mardi 15 octobre 2013, 17:00:28
Une place publique d'Ashnard.

Traverser les landes avait été une épreuve qui s'inscrivait à présent dans sa chair rompue de fatigue. Harassée par une longue et terrible marche au travers des steppes infestées de créatures belliqueuses, Mélisandre arborait sur son visage émacié et son corps affamé les stigmates de son éprouvant voyage. Son regard s'ouvrait toujours sur une indescriptible volonté de persévérance tenace : ne pas flancher, surtout -ne pas flancher, mais la fougue passionnée qui l'habitait d'ordinaire s'était réduite à une maigre étincelle, entretenue par un lit de braises moribondes.
A mi-chemin, arrivée à l'extrême pôle de ses capacités physiques, la démone avait dû tordre sa fierté à l'autorité de sa raison et se résigner à attirer les faveurs de l'instigateur du périple. Partageant dès lors sa couche princière, car seuls les princes marchands s'avéraient assez excentriques et fortunés pour entreprendre la traversée des landes jusqu'à Ashnard- la captive avait pu prétendre à un vieil hongre sur lequel chevaucher et poursuivre le voyage. L'esclavagiste connaissait la valeur de sa cargaison, dont elle constituait probablement la fine fleur. Aussi avait-il consenti à lui conférer en plus un statut d'immunité au sein de la caravane, privilège qui devait lui épargner le désagrément de se faire saillir par toute la cohorte de mercenaires, laquelle faisait autant office d'escorte que de geôliers. Cet apanage revint en effet au reste du groupe, car Mélisandre n'était pas la seule à transiter pour être vendue comme esclave dans le royaume du tyran Mordret. Ainsi, à leur arrivée aux portes de la ville, si elle n'était pas au meilleure de sa forme ni de sa fraîcheur, ce n'était en rien comparable à l'état général des aux autres prisonniers.

La brunette chassa la mèche barrant son visage d'un soupir sec. L'aube perçait difficilement l'épaisseur filandreuse des nuages. Le vrai visage d'Ashnard se déployait au fur et à mesure que le convoi s'enfonçait dans la ville, toujours terne et désolante sous le ciel de plomb. Une atmosphère oppressante flottait comme un poison sur les terres opprimées. La brume matinale étreignait les corps des vivants et des morts dans une étole inquiétante et vaporeuse, et le sol sous leurs pas se craquelait à la manière d’une biscotte trop sèche, blessant la corne des pieds nus.
La place s'arrachait doucement à son engourdissement, se préparant à recevoir l'ébullition de la vente. On s'affairait de tous côtés, pressé, nerveux. Les artères de la ville se mirent progressivement à fourmiller d'activités plus ou moins recommandables. Le flux de l'effervescence ne tarda pas à converger vers la place du marché, là où la foule de curieux commençait à se masser pour tenter d’apercevoir la marchandise.
Placés sur une haute estrade, les captifs furent exposés au sévère jugement des chalands, enchaînés et écrasés par le poids de leur lassitude servile. Mélisandre dominait la masse indistincte de la populace, l’œil quelque peu éteint, mais suffisamment fière encore pour demeurer droite et jauger l'assistance. Un nabot à la truffe épatée ne tarda pas à l'approcher, et elle se redressa pour le toiser de toute la hauteur de son arrogance. Avant qu'il n'aie le temps de la dépouiller des loques couvrant encore l'indécence de son corps fourbu, elle l'apostropha :

" Savez-vous pourquoi - "

Sa question fut aussitôt noyée par le brouhaha ambiant, car à sa grande surprise, sa voix s'était brisée au milieu. Après s'être éclaircie la gorge, elle fit une nouvelle tentative, d'une voix que supportait désormais son aplomb de fauve :

" Si je porte ces fers, l'ami, c'est que le dernier à avoir essayé de me dénuder est tombé à genoux devant moi, plus mort que vif. "

Le type suspendit son geste et se mit à la contempler d'un air parfaitement stupide, ahuri par la conteneur de ses paroles. Elle esquissa l'ombre d'un sourire, les prunelles opaques. Comme elle surprenait son regard circonspect sur les chaînes qui entravaient douloureusement ses poignets, elle s'inclina vers lui pour ajouter :

" Et je n'ai même pas eu besoin de le toucher. Les gens de ce pays ont des aptitudes remarquables, n'est-ce pas ? Effrayantes, mais remarquables. On ne sait jamais sur qui on va tomber. "

La démone se lécha subrepticement les lèvres, à la manière d'un prédateur évaluant sa prochaine proie. Oh, bien sûr, rien n'était aussi redoutable que son bluff, car en vérité, elle se savait aussi vulnérable qu'elle l'était en réalité. Néanmoins la combine fonctionna, et l'affreux avorton grommela, décontenancé. Son mufle émit un vrombissement de contrariété, après quoi, il s'éloigna d'une démarche où se dandinait tout le grotesque de sa petite personne. Il s'en alla quérir l’appui d'un des geôliers un peu plus loin, celui qui arborait une paire de cornes ciselées sur le front, depuis longtemps connu au sein de la caravane pour le maniement sévère de son fouet et le désert navrant de sa tête vide. Un frisson d'adrénaline rampa discrètement le long de son dos.

" Mélisandre. J'aurais dû m'en douter, " maugréa le mercenaire en arrivant à sa hauteur, flanqué du gnome, lequel demeurait prudemment en retrait sur l'estrade.

La main calleuse du soldat se porta machinalement au fouet battant sa cuisse. Il avait toujours apprécié l'excitation que lui procurait le contact de ce symbole d'autorité. La jeune femme ignora sciemment la menace latente-sans quoi les tressaillements de son corps auraient probablement trahi sa nervosité.

" Ce petit personnage désirait savoir combien de fois il fallait être cocu pour obtenir les mêmes cornes que les vôtres, " déclara-t-elle d'une traite, désinvolte, baissant les yeux sur la victime de son accusation, avant de désigner les excroissances disgracieuses de son geôlier.

Ce dernier eut un léger spasme de la main, raffermissant en même temps sa prise sur le manche du fouet. Seul son regard haineux était en mesure de dénoncer la rage brûlante qui lui tenait lieu d'humeur en cet instant car sinon, son expression demeura figée, abasourdie de fureur. Son poing ganté de fer vola sans attendre à la rencontre de la mâchoire du nabot, qui, après avoir émis un craquement lugubre, fut violemment propulsé hors des limites de la tribune, parmi les exclamations de surprise de la foule.
Mélisandre ne prit pas le temps de se réjouir de la tournure des évènements. D'autres occasions de ce genre ne se présenteraient sans doute pas. Elle rassembla ses esprits et se concentra, s'astreignant au calme le plus complet. L'instant d'après, ses fers frappaient le sol, toujours scellés, mais les bracelets vidés de leur prisonnière. La charmante créature avait brusquement disparu de la surface de la scène.
Un œil attentif cependant pouvait distinguer, parmi la cohue, une petite chatte noire sauter au bas de l'estrade et fausser compagnie à tout ce beau monde en se faufilant lestement entre leurs jambes.

Le félin s'écarta rapidement de l'épicentre de l'agitation, se réfugiant vers le fond de la place, là où la foule se clairsemait. Elle sauta sur le comptoir d'une échoppe décrépite, à l'ombre de la devanture, puis s'assit tranquillement, adoptant une pose presque indolente. De là, on percevait nettement les cris déchirants du gnome qu'on flagellait en public.
La chatte porta lentement la patte à son museau et y apposa une lèche râpeuse pour en lustrer le poil, l'air parfaitement détaché. Voir un autre écoper d'une punition qui lui revenait faisait partie de ces petits plaisirs dont elle se délectait outrageusement.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mercredi 16 octobre 2013, 18:52:14
Les braillements du supplicié faiblissaient à présent, ne surgissant plus que de manière très irrégulière et succincte. Soit que leur émetteur arrivait en bout de course, soit qu'on avait mis fin à son calvaire. La petite chatte interrompit sa toilette, le temps de tendre l'oreille, à l'affût, voir si elle discernait toujours le claquement sec du fouet qui lacérait aussi bien l'air que la chair. Mais non. La vente semblait avoir repris son cours habituel, attirant son lot de badauds. Il était temps pour elle de se retirer avant qu'on ne se rende compte de son évasion, bien qu'il lui paraissait peu probable d'être d'emblée suspectée sous cette forme. Elle préférait ne pas trop tarder en chemin cependant, quitter Ashnard au plus vite pour atteindre des terres moins inhospitalières, surtout avec sa nouvelle condition de fugitive. Le temps de se faire oublier, du moins. Si on lui remettait la main dessus avant, elle ne s'en sortirait sans doute pas indemne. Loin de là. Mais les risques qu'elle endossait, elle les justifiait par le mépris et la répugnance que son indépendance vouait à la vie de servitude. Sa fierté mêlée d'orgueil la poussait à s'affranchir de tout ce qui était susceptible de la brider. A n'importe quel prix -ou presque.

Néanmoins, le félin avait peut-être déjà fait preuve de trop d'imprudence. C'est la pensée qui la traversa lorsque l'or liquide de ses prunelles avisèrent la silhouette de l'inconnu, tout près, drapé d'une cape conférant de l'ampleur à sa démarche. Dédaignant la vulgarité de sa main ouverte, la chatte soutint d'entrée de jeu l'intensité de son regard, un instant captivée par leur flamboiement, réprimant de ce fait l'éclosion d'un frisson. Le duvet de sa nuque se hérissa néanmoins à hauteur du garrot, inexplicablement électrifié. Elle n'était pas effrayée, non... Seulement, elle décelait quelque chose de particulier chez cet individu. Quelque chose contre lequel son instinct la mettait sourdement en garde. Il dégageait, en outre, une puissante aura démoniaque, alors qu'elle n'était elle-même qu'un démon anonyme, dont la jeunesse concurrençait l'inexpérience. Mais être intimidée ne lui vint pas à l'esprit.

L'élégant félidé, au poil un peu plus terne que d'habitude, fit onduler l’extrémité de sa queue en l'écoutant. Inutile de jouer le rôle de la bête effarouchée plus longtemps, lui souffla sa conscience. Pas avec lui.
Elle suivit l'orientation de son regard et se leva, prête à obtempérer. Quitter la place était la meilleure chose à faire, du reste. Elle s'éloigna en cinq foulées galopantes jusqu'à atteindre l'orée de la ruelle et s'y engouffra sans hésitation. L'animal n'avait toutefois pas filé assez vite pour donner l'impression d'une fuite, car là n'était pas son intention.
Profitant de son avance, la chatte se cala sous un porche, de façon à se draper dans l'obscurité ambiante. L'étreinte des ténèbres lui offrit un semblant d'intimité pendant que sa silhouette s'élançait et se modelait pour adopter les courbes exquises d'une jeune femme entièrement nue.

Mélisandre se mordilla farouchement la lèvre inférieure en mesurant l'étendue de sa vulnérabilité. Les murs suintants qui l'encadraient léchaient sa peau nue comme pour en goûter la sensibilité, déclenchant de violents tressaillements dans ses membres, désagréables. Elle plaqua son dos contre la porte condamnée, derrière elle, afin de demeurer dans le couvert de l'ombre. Des échardes sournoises égratignèrent aussitôt la chute de ses reins et l'harmonieux arrondi de son fessier. L'épaisseur des ténèbres estompait les traces de contusions arborées par son corps brimé, comme le témoignage silencieux des épreuves traversées. La démone pressa son bras droit contre sa poitrine, et remonta sa cuisse contre la chaleur diffuse de son intimité pour en couvrir la nudité. Il s'agissait moins de pudeur que d'une volonté de paraître moins vulnérable face à ce qui l'attendait. De ses lèvres entrouvertes s'échappa le souffle régulier mais fébrile de sa respiration, et elle se mit à compter les secondes qui la séparaient encore de son prochain tête à tête. Il y avait mieux à faire que fuir. Elle en était persuadée.

" Bonjour, " susurra sa voix dans un léger murmure, alors qu'elle reconnaissait l'ombre de l'étranger.

Il allait vite comprendre en inhalant son parfum, aux notes capiteuses et métissées de nervosité.

" Vous n'allez prévenir personne, ajouta-elle rapidement, car je me doute que vous ne cachez pas votre jolie tête sous ce chapeau par hasard. La ville d'Ashnar est un piège aux mâchoires perfides. Vous avez tout autant intérêt que moi à rester discret. Et c'est ce que nous allons faire. "


L'outrecuidance de son aplomb lui revenait enfin. La brunette exposa furtivement les traits de son visage à un faisceau de lumière tamisé, se penchant imperceptiblement vers son interlocuteur.

" Soyez aimable. Ôtez votre manteau et votre couvre-chef, et donnez-les moi. Je crois en avoir davantage besoin que vous. "

Sa main libre se tendit à son tour vers l'imposante stature du démon, ouverte, pour le solliciter. Un sourire fugace flotta sur ses lèvres.

" Après quoi j'envisagerai de vous tenir compagnie le temps que les choses se tassent. Vous m'avez tout l'air d'être un charmant personnage. "

Son ton était caressant. L'urgence de la situation la contraignait à un pragmatisme des plus efficaces. La belle avait en effet besoin de vêtements pour traverser la ville -car elle ne pourrait décemment pas conserver son apparence de chatte indéfiniment, et si possible d'un accompagnateur, car les recherches se focaliseraient dans un premier temps sur les femmes isolées, qui correspondraient à sa description. Elle susciterait moins de suspicion si elle était flanquée d'un type comme lui.

" Où est c'te garce ?! "


Mélisandre détacha brusquement son regard du démon pour épier l'embouchure de la ruelle, ombrageuse et anxieuse.

" TROUVEZ-LA BORDEL ! "

Son nez se plissa de contrariété, tandis qu'un frisson hérissait sa peau dénudée, désespérément exposée.

" S'ils nous débusquent, je prétendrais que vous avez profité de la mêlée pour me détacher et tenter de me voler. "

Son regard de fauve se confronta de nouveau à celui de l'homme, avec une intensité renouvelée. Elle souriait en douce.


" Les voleurs ne sont pas appréciés, ici plus qu'ailleurs. Ces messieurs préfèreront me croire parce qu'ils auront moins à perdre à s'en prendre à vous qu'à moi. Ils vous traîneront sur la place pour faire de vous un exemple, plutôt que d'avoir à gâcher la marchandise que je constitue. A leurs yeux j'ai de la valeur, plus que vous, et ils sont une vingtaine, vous n'aurez pas le temps d'exposer vos droits ou vos arguments. "


L'impudente leva son visage vers le sien, redressant le menton avec défi. Créer l'illusion d'une position de force, voilà ce qui pourrait la sauvegarder. Oh, évidemment, elle avait conscience du degré de danger auquel elle s'exposait, mais à choisir, elle préférait endurer sa répartie plutôt que le fouet des mercenaires.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mercredi 16 octobre 2013, 23:50:46
Mélisandre l'observait attentivement, blottie dans l'ombre de sa petite cavité et le tiède réconfort de ses bras. Elle le dévisageait avec l'assurance qui la caractérisait, l’œil sobre, plein de réserve. Elle se devait d'être sur ses gardes, aussi la défiance se déchiffrait sur sa figure cernée de mèches noires. Mais la peur demeurait définitivement absente. Si elle se méfiait du diable, elle ne le craignait visiblement pas, quand bien même qu'elle sentait la brûlure de son regard sur son corps nu, avec une acuité accrue. Elle ne se laissa pas troubler, peu disposée à déposer les armes devant lui. L'effrontée n’identifiait que trop bien le miel de son regard, parfaitement étudié pour appâter son gibier. Il lui revenait de lui faire comprendre qu'elle n'en n'était pas un.

La première réplique du séduisant démon manqua de peu de la faire rire. Un petit rire amusé, discrètement spontané, car il mettait le doigt sur une vérité aussi drôle qu'affligeante : elle pouvait exiger et fanfaronner tant qu'elle voulait, le fait est qu'elle restait à poil dans le pire lieu qui soit. Là. Dans le fin fond d'une ruelle Ashnardienne. Bien vu, l'ami.
Mais son enthousiasme se volatilisa bien vite. La jolie brune se figea en inspirant doucement au contact de son index, pourtant très bref. Elle frémit, malgré elle, le regard légèrement plus oblique, presque torve.

La sulfureuse démone saisit vivement ce qu'il lui présenta, pressée de se couvrir. Ce qu'elle fit, se retournant face à la porte close, présentant l'espace de quelques secondes la cambrure de son dos à l'homme. Elle enfila le gilet en prenant soin de le boutonner en entier, noua la cape autour de sa taille comme une jupe de bohémienne puis vissa le chapeau sur sa tête -ce qui lui conféra un petit air renfrogné.
Mélisandre fit de nouveau face au mystérieux inconnu, s'appliquant à lisser l'étoffe du gilet sous lequel pointait -à son grand désespoir, l'insolence de ses tétons dressés. Elle leva les yeux vers le démon, le temps qu'il épingle l'insigne sur sa poitrine, avant de ranger quelques mèches récalcitrantes sous sa coiffe. Finalement, un léger sourire naquit au coin de ses lèvres lorsqu'elle lui emboîta le pas, un rien moqueuse.

" A la bonne heure, " répliqua-t-elle d'une voix légère, forçant l'allure pour ne pas se laisser distancer par ses grandes enjambées.

La féline prit soin de rabattre les pans de son couvre-chef sur son joli minois, lequel se brouillait dès lors dans l'ombre, le rendant méconnaissable. Elle se permit néanmoins la fantaisie d'un coup d’œil critique sur l'austère façade de l'auberge, une fois arrivée devant.

" Bonne idée, lança-t-elle à l'intention de son accompagnateur, appuyé d'un regard railleur. Puisque votre bourse est en si meilleure état que la mienne, vous allez pouvoir vous en servir. J'ai soif, et je meurs de faim. "

Et sans rien ajouter d'autre, la belle se détacha de l'arrogant personnage pour pousser la porte de la Nuit Rouge et en franchir le seuil seule. Un molosse aux babines écumantes l'accueillit dans le vestibule, solidement enchaîné au mur d'en face. Dès qu'il aperçut Mélisandre, il se rua sauvagement en avant, à moitié étranglé par son collier. Ses aboiements enragés faisaient trembler les murs. La jeune femme se garda de reculer, hors de portée. Statique face à la bête, elle le gratifia d'un regard à la fois moqueur et dédaigneux.

" Sale bête, " glissa-t-elle, le sourcil dressé sur le mépris de ses prunelles.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le jeudi 17 octobre 2013, 05:18:54
Mélisandre avait éludé les questions de son noble étranger d'un simple sourire, espiègle, à l'ombre de son chapeau. Elle l'avait senti impatient durant le trajet. Désireux d'en savoir davantage sur elle, pour mieux la cerner. Apparemment, ce qui lui échappait avait le don de le travailler, car elle l'avait trouvé songeur tout du long. L'agaçait-elle ? Cette idée la fit sourire doucement. L'affriolante brunette avait marché à sa hauteur et s'était fiée  à son regard et à son attitude pour  déterminer leur point de chute. Elle ne connaissait pas Ashnard si bien que ça. Même si elle s'y était déjà rendue auparavant, pour des affaires qui ne regardaient qu'elle. Et certainement pas en tant "qu'esclave".

La jeune femme nargua le molosse jusqu'à ce que retentisse la voix de son propriétaire, toute aussi tonitruante que celle de son foutu cabot. Ce dernier jappa sourdement, puis se tut, les babines frémissantes de rage, retroussées sur une rangée de crocs jaunis. Ces bêtes serviles méritaient bien leur place aux pieds de leur maître, ou enchaînés à un mur.
La diablesse émit un léger claquement de langue pour exciter une dernière fois l'animal, avant de jeter un regard circulaire dans la grande salle, surprenant le salut timoré du dénommé Silat. Elle rentra dans la pièce pour s'en approcher, d'un pas souple, délié, qui faisait ondoyer sa jupe improvisée, fendue au niveau de la cuisse. Elle lui adressa un coup d’œil limpide, chaleureux même, en passant à sa hauteur, raflant au passage une miche de pain sur sa table. C'était un joli garçon. Le valet de son bel inconnu, à l'évidence. Elle se demanda brièvement s'il s'en servait comme intermède sexuel, à ses heures perdues. Ce qui la fit revenir au démon, qu'elle contempla tirer une chaise à son intention, en retrait. Elle ne manquerait pas de lui poser la question d'ailleurs, bien qu'elle se doutait de la réponse. Avec un peu de chance, elle titillerait sa susceptibilité.

Une fois de plus, Mélisandre s'exécuta en prenant place face au beau diable, sans s'offusquer de son ton péremptoire, pressée de se sustenter. Elle sortit le pain récemment ravi de son gilet et mordit dedans, vorace, cédant à l'appel de son estomac vide, trop affamée pour se préoccuper de la qualité de la croûte pourtant douteuse. Pour autant, elle ne délaissait pas son interlocuteur, qu'elle étudiait soigneusement, le regard sombre et pénétrant. Elle n'avait pas quitté son chapeau, par excès de prudence. Les rares clients que comptait l'auberge se distribuaient en rangs éparses, éparpillés, pareils à des moutons égarés, perdus dans la contemplation de leur choppe de bière.
La féline consentit à mâcher et à avaler sa dernière bouchée de pain dans l'optique de l'échange à venir. Elle épousseta négligemment le haut de son gilet, constellé de miettes, tout en récapitulant d'une voix narquoise :

" Donc, si je fais le point, vous êtes un nobliau appartenant à la haute société Nexusienne, relativement influant, puissant, jouissant d'une place et d'une notoriété certaine au sein de la confrérie Rougelames -en plus d'être pingre. "

L'impudente avait compté sur ses doigts tout en énonçant chaque détails, insistant particulièrement sur le dernier d'entre eux, l’œil moqueur. Délibérément provocante. Elle s'interrompit le temps de s'adresser au garçon de table pour lui réclamer un grand verre de lait et une autre portion de sanglier, souriante.
Elle se pourlécha ensuite les lèvres.

" Je puis également ajouter sans craindre de me tromper que vous êtes bouffi de vanité. Même plus que moi. Chose assez exceptionnelle pour mériter d'être soulignée. "


La ravissante donzelle s'accouda sur la table, parfaitement à l'aise. D'humeur mutine.

" Heureusement j'ai une monnaie d'échange. J'en sais à présent davantage sur vous que vous sur moi. Aussi je vous propose le marché suivant : vous m'invitez à votre table et en échange, durant le déroulement du repas, je répondrai aux questions que vous soulèverez. Sans détours. "

Mélisandre pencha légèrement la tête de côté, attentive, mais aussi un rien fascinée -il fallait l'admettre, par le magnétisme du Nexusien, et le dessin de ses muscles sous la délicate étoffe de sa chemise.
Elle arqua un sourcil réticent à sa dernière remarque.

" Navrée si je vous ai offensé, noble étranger, minauda-t-elle, malicieuse. Je me permets cependant de vous faire remarquer que j'ai passé l'âge des remontrances. "

Elle s'autorisa un regard en arrière, vers les cuisines, alléchée par les odeurs de nourriture. Impatiente.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le vendredi 18 octobre 2013, 16:14:48
La féline faisait glisser l'ombre de son regard sur les bras et le buste de son complice, l'air distraite, comme concentrée sur ce qu'elle voyait. Le textile de la chemise peinait à contenir sa musculature sculpturale, largement mise en valeur par ses bras croisés, où se devinait d'ailleurs le sillon des muscles, fermes et imposants. Tout en lui transpirait une puissance brute et résolument masculine, rehaussée par sa posture, presque autoritaire. Mais la petite chatte ne saurait décidément pas s'y soumettre. En vérité, la jolie brunette se sentait peu concernée par l'aura impérieuse qu'il libérait -alors qu'une seule de ses mains aurait probablement suffit à la maîtriser. Elle observa son index éprouver la rigidité de son biceps, en rythme, tandis qu'il s'exprimait. Sans doute la sobre manifestation de l'irritation qu'il sentait poindre.

Un noble d'en bas. La précision fit doucement inspirer la belle, et elle enfouit son trouble au fin-fond de l'abîme de ses prunelles, raidit sur sa chaise, quelques secondes. D'habitude, elle préférait s'épargner les rencontres avec les régisseurs infernaux. D'une part, parce qu'elle détestait avoir des comptes à rendre, et d'autre part parce qu'attirer leur attention n'était jamais une bonne chose. Sa nature solitaire et indépendante l'amenait tout simplement à s'abstenir de pénétrer dans leur sphère. Par ailleurs, il n'était pas impossible que sa dernière bévue soit remontée jusqu'à d'éminentes oreilles démoniaques... Après tout, ce...  Morgan avait appartenu à une classe supérieure, lui aussi. Et si sa mort ne pouvait pas lui être directement imputée, nul doute qu'elle y avait largement contribué.
Mélisandre renifla, quelque peu décontenancée. Évidemment, elle avait flairé sa condition de démon supérieur, mais à vrai dire, elle ne l'avait pas imaginé en seigneur infernal. Voilà qui allait sérieusement corser l'aventure. En fait... il lui faudrait redoubler de vigilance.

L'indécente fugitive jeta un bref coup d’œil vers Silat, attablé à l'écart, pensive. Elle n'était pas nerveuse. Mais préoccupée. Un haussement d'épaules laconique sembla néanmoins la débarrasser de ce malaise passager. Le beau diable ignorait qui elle était, et il semblait peu probable que des échos de cette affaire lui soient parvenus. Si tel était le cas, alors, force serait de constater qu'elle jouait de malchance.
Du coup, la consigne du mâle résonna comme un conseil avisé, et Mélisandre ne put s'empêcher d'ébaucher un sourire en relevant les yeux vers lui, l'air badin. Le prendre de haut ? Oh, elle y avait songé. Son impertinence l'aurait en temps normal poussée à le faire, mais elle choisit, cette fois, de céder du terrain à sa sagesse, si tant est qu'elle en possédait une once. La jeune femme se contenta de chasser une mèche chatouillant son museau, lequel s'était légèrement froissé sous la caresse. Son silence camouflait la réflexion de son esprit, tandis qu'elle écoutait l'homme, placide. Presque sage.

Sa situation ? Eh bien, la sulfureuse démone en avait pleinement conscience. Elle savait tout aussi bien qu'un moment auparavant, ses épaules supportaient le poids de l'esclavage, qu'elle était nue et vulnérable, et cachait la misère de sa condition dans la pénombre d'une ruelle sordide. A présent, elle semblait hors d'atteinte de ses geôliers, possédait une tenue -certes extravagante, mais décente, et s'apprêtait à dévorer un repas chaud en charmante compagnie, dans une auberge. Oh et, elle allait siroter un savoureux verre de lait, aussi. D'ailleurs, sa main gracile s'empara de la coupe lorsque cette dernière se matérialisa devant elle. L'odeur qui s'exhalait des plats de viande la faisait saliver. Prenant une gourmande lampée d'une main, elle s'attaqua à la découpe de sa venaison de l'autre, armée d'un couteau, faisant sciemment patienter le ténébreux personnage, dont elle sentait le regard s'appesantir au fil des secondes. Elle ingurgita plusieurs morceaux de viande, généreusement saucés au préalable, puis épongea le nuage laiteux au-dessus de sa lèvre avant de consentir à prendre la parole, le regard pétillant de satisfaction.

" Qui parle de vous causer du tort ?, lâcha-t-elle, reprenant presque aussitôt sur le ton feint et mielleux de l'analyse critique. A moins que vous souhaitiez simplement mettre en lumière votre position plus avantageuse que la mienne en les comparant toutes deux. Ce qui laisserait supposer que je vous fais douter au point que vous vous sentiez obligé de rétablir votre autorité par vos titres, peut-être parce que vous la sentez bancale ou inefficace... qui sait."


Mais l'effrontée savait parfaitement de quoi il en retournait en réalité, car il s'agissait ni plus ni moins d'une mise en garde à peine travestie, qui lui faisait l'effet d'une badine allégrement agitée au-dessus d'elle, ce qui lui soutira un léger frisson d'excitation, semblable à l'adrénaline. Le genre d'excitation qui vous poussait à mesurer vos faits et gestes en connaissance de cause -ou bien à battre en retraite. Chose qui ne lui ressemblait pas.
L'affamée céda de nouveau à son appétit et enfourna une autre bouchée de sanglier, qu'elle savoura longuement, avant d'essuyer les contours de sa bouche d'un revers de main, faute de serviette.

" Je ne me pensais pas si intimidante, pourtant, " précisa-t-elle pour elle-même, alors qu'elle achevait son verre d'une traite.

Après quoi, elle fit planer un nouveau silence, toute affairée qu'elle était à dévorer le contenu de son assiette. Ce n'est que lorsque celle-ci fut à moitié vide qu'elle reprit d'une voix mesurée, gratifiant son interlocuteur d'un regard appuyé :

" Une démone. Bien vu. "

Un instant d'hésitation succéda sa réplique. Mais il fallait bien jouer le jeu. Mélisandre contempla le vide navrant de son verre tout en le manipulant, soupirant.

" Humaine... autrefois, " souffla-t-elle, plus bas, manifestement désireuse de  passer outre.

Puis elle reprit couteau et fourchette et piqua sèchement un morceau qui subit aussitôt un sort équivalent au reste de son repas.

" Mmmh... Pour le reste, je dirais que c'était pour couvrir un homme qui m'a rendu service. Je savais que je ne resterai pas longtemps une esclave, de toute manière. "

La ravissante créature croisa le regard brûlant du noble infernal, tempérant la fougue de sa propre arrogance pour se plier au jeu des questions-réponses. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de passer à l'offensive à son tour, un sourire résolument goguenard suspendu aux lèvres :

" Silat met-il à votre disposition ses charmes, en plus de ses services  ? "

Elle jeta un coup d’œil inquisiteur par-dessus son épaule, jaugeant le concerné, à la fois amusée et curieuse.

" Je dois admettre que vous avez bon goût. Vous permettez que je m'entretienne avec lui à sa table, rien qu'une minute ? Promis, je ne vous délaisserai pas longtemps. "

La démone, aux allures de bohémienne, esquissa le geste de se lever de table. Élégante, toujours.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le samedi 19 octobre 2013, 22:13:50
Mélisandre s'adonnait à un jeu éminemment dangereux, dont elle percevait à présent les deux issues envisageables. Dans l'une d'elle, la petite chatte serait sauve, et dans l'autre... Mmmh... Elle observait la véhémence frénétique avec laquelle le mâle venait à bout de sa pièce de viande, partagée entre la distraction qu'il offrait et la prudence qui s'imposait face à une telle manifestation d'acharnement et de vigueur. La féline était trop réceptive à l'agitation houleuse de son interlocuteur pour ne pas percevoir la tension sexuelle autour de leur table, intense et musquée, presque palpable. Ainsi les pulsions du démon entraient en résonance avec ses bas-instincts, puissants et irraisonnés. Allait-elle entreprendre de les apprivoiser, ou bien continuer à les exciter ? Jouer avec le feu, mais ne pas se brûler. Voilà une entreprise téméraire.
La jeune femme laissa s'épanouir un petit sourire en recevant sa critique. Plutôt que de s'en offenser, elle se pencha très légèrement vers lui, le regard pétillant, tout en le dévisageant avec insistance.

" Mon plan de fuite n'en n'était peut-être pas un. Peut-être que j'attendais sur cette place la venue d'un noble seigneur, mais que ce dernier est arrivé un peu tard. Mais qu'importe puisqu'à présent, il se rattrape en m'offrant le gîte et le couvert. "

Lorsque l'attention de la belle s'était redirigée vers Silat, ce n'était pas vraiment pour les attraits qu'il présentait -bien qu'ils demeuraient indéniables, mais le laisser penser à son fortuné mécène n'était pas pour lui déplaire. A vrai dire, à choisir, elle se dirigerait naturellement vers le beau diable. Comment s'en défendre ? Il l'attirait, indéniablement, et elle concédait à ses propres instincts qu'ils avaient le mérite d'être plein d'audace, même s'ils la déroutaient parfois. Mais quelque soit la force de l'attraction, elle ne s'y plierait pas, car elle entrevoyait, entre ses mains, les affres de l'asservissement qui la rebutaient tant.

Mélisandre se mordilla délicatement la lèvre sous l'implacable regard ambré de l'homme, attentive. Son clan ? Parlait-il d'un cercle fermé de démons supérieurs ? Non. A voir Silat, ça n'en n'était pas un. Pas encore... Elle continuait à épier le jeune éphèbe qui se tenait à l'écart, sans pudeur, quitte à le rendre mal à l'aise.
Encore une mise en garde. La féline émit un léger soupir. Elle n'accordait qu'un crédit modéré à sa petite histoire. Peut-être était-ce là le moyen de la pousser à la faute, après tout. Attendait-il l'ultime provocation de sa part pour justifier une riposte aux allures de réprimande ? Oh oui, elle aimait le défier, lui et son indéfectible arrogance, mais là encore, il y avait mieux à faire. Elle suivit l'arabesque suggestive que sa langue dessina sur sa bouche, en un clin d'oeil, soustrayant le tressaillement discret de sa personne sous un masque impassible.

" Cela voudrait-il dire que vous n'êtes pas complètement ingrat ?, s'étonna-t-elle, dotée d'une déférence surfaite. Je tiendrais ma langue si vous-même tenez la votre. N'opposez aucune objection à ce que je vais lui demander. De plus, n'oubliez pas, je vous prie, que contrairement à votre valet, je ne vous appartiens pas. Et on ne pose pas les mains sur ce qui ne nous appartient pas sans y être invité, et cela vaut aussi pour les suzerains. "


Évidemment, la brunette aurait préféré s'entretenir seule avec le garçon, car son influence risquait fort de pâtir de celle que son maître détenait sur lui. Elle ferait avec, cependant, confiante. Il n'y aurait qu'à adapter son discours et se garder de faire de faux-pas. Comme elle reposait une partie de son attention sur l'écuyer, l'imposant démon lui parut soudain comme un fauve menaçant faisant planer sur elle la menace tacite de sa gueule hérissée de crocs. Et ce seul constat lui fit doucement plisser les yeux, les rétines réduites à deux fentes opaques.

" Bonjour, Silat, " répondit Mélisandre d'une voix mesurée et douce, qui contrastait avec la contrariété néanmoins tempérée de son regard.

Elle pencha la tête de côté tout en le scrutant. Son couvre-chef jetait des ombres troublantes sur les traits raffinés de son minois, lequel s'esquissait dans un jeu d'ombres et de lumières. Outre l'anxiété fébrile qu'il dégageait, le jeune homme exhalait l'odeur caractéristique de la paille et du cuir bien entretenu, mêlée à celle plus entêtante du cheval. A l'évidence, les deux comparses étaient venus montés. Ce qui justifiait sans doute le choix de l'auberge, qui possédait une écurie attenante, en plus du confort relatif de quelques chambres.

" Plusieurs choses. D'abord, tu vas aller seller ton cheval en le chargeant de tes effets, car ton maître entend prolonger notre tête à tête. Ainsi tu auras le temps de me dégotter d'autres habits, plus seyants. Une élégante robe rouge, si possible. Mais avant de partir tout de suite après avoir préparé ta monture, tu iras monter de l'eau chaude dans une des chambres, car je prévois de me débarbouiller, de façon à être présentable pour ton précepteur. J'insiste : tu ne le fais qu'une fois avoir bridé ton cheval, car je tiens à ce que l'eau soit brûlante, je ne veux pas qu'elle aie le temps de refroidir. Ça me laissera le temps de finir de manger. Et avant de redescendre, tu m'attendras afin que je juge du travail accompli. Si je suis satisfaite, je te donnerais des raisons de l'être aussi. Après quoi tu pourras enfin chevaucher en quête d'habits convenables. "

Mélisandre lui adressa un charmant sourire, chaud et encourageant, avant de l'inviter à disposer d'un signe ample de la main.
Puis, sans rien ajouter, l'envoutante féline se leva pour de bon. Elle contourna la table, lentement, et d'un pas feutré, approcha du lion. Elle se posta derrière sa chaise, et d'un élan doux et désirable, inoffensif en tout cas, glissa sa main gauche au contact de sa poitrine. Et tandis qu'elle décrochait d'une patte de velours le petit écusson des Rougelames de sa chemise, elle dévia l'attention du grand mâle en lui restituant son chapeau, le plaçant délicatement au-sommet de sa tête, alors que son souffle tiède s'égarait irrésistiblement au creux de sa nuque, libérant la cascade moirée de sa crinière sombre, laquelle dégringola élégamment sur ses épaules.

" Allez-vous m'autoriser un moment d'intimité avec votre joli garçon, le temps de me débarbouiller ? Il a l'air docile, plus que vous, " glissa-t-elle doucement à son oreille, mutine, avant de se détacher de lui, un demi-sourire en coin.

La jeune femme réintégra sa place initiale, parfaitement à l'aise. L'objet de son vol avait déjà disparu entre les plis de sa jupe improvisée, et elle entreprit d'achever son assiette, harponnant de sa fourchette les morceaux de viande rescapés.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le lundi 21 octobre 2013, 01:11:02
Mélisandre suspendit sa fourchette, figée à mi-chemin entre l'assiette et sa ravissante petite bouche, prisonnière du trouble de sa propriétaire. La jeune femme leva brièvement les yeux sur le démon. A cet instant, tout ce qu'il y avait de farouche et de sauvage en elle se concentrait au fond de ses prunelles, à l'encre aussi noire qu'un gouffre. Leur éclat rappelait un ciel d'orage pris dans la tourmente. C'était tout ce qui trahissait le déplaisir de la diablesse cependant, car le reste de son visage demeurait aussi lisse et paisible que la surface d'un lac. La demoiselle glissa finalement le morceau de viande piqué au bout de son couvert entre ses lèvres, et s'appliqua à le mâcher, lentement.
Son homme était loin d'être né de la dernière pluie. Rien d'étonnant à ce qu'il flaire l'embrouille. Il se défiait d'elle, et c'était bien ainsi. En vérité, susciter sa suspicion était un élément qui s'imbriquait dans l’échafaudage de son plan -qui relevait surtout de l'improvisation, il fallait l'avouer. Ce qu'elle souhaitait ? Se retrouver seule, un moment, ou en tête à tête avec son brave valet. L'éloigner d'elle, en somme. Sans quoi il la neutraliserait toujours. Et quoi de mieux, pour cela, que de détourner son attention ? L'écurie, les chevaux, Silat... tout n'était qu'un prétexte. Pourvu qu'il ne soit pas toujours là à avoir un œil sur elle.
Mais alors, qu'est-ce qui la contrariait tant ? La réponse résidait dans les dernières paroles de son interlocuteur, car à partir du moment où le Nexusien abattait ses cartes et dévoilait ses intentions, le jeu se mourrait et la partie prenait fin, la mettant dans une position très délicate. Son compagnon s'était visiblement lassé de leur petit manège. Il était plus que temps de couper court à leur échange, car elle n'avait nullement l'intention de se laisser prendre dans ses filets.

La belle, quant-à elle, avait encore quelques cartes à jouer. Elle se leva, en même temps que son hôte, droite, une indéfectible fierté dans sa posture. Un fouillis de mèches sombres encombrait son visage, tout à fait indéchiffrable. Un oeil attentif pouvait néanmoins remarquer la tension dans ses phalanges, recroquevillées pour former deux poings fermés sur la table. Elle se mordit férocement la langue pour s'empêcher de répliquer. Venait-il vraiment de la congédier comme une enfant dans sa chambre ? Il ne fallait pourtant pas qu'elle le retienne davantage.
La brunette inspira profondément en suivant le noble du regard tandis qu'il se rendait aux écuries, disparaissant dans le vestibule. Après quoi, elle laissa libre cours au déferlement de sa colère en envoyant valser la moitié du couvert par terre, dans un vacarme fracassant de vaisselle brisée. Les protestations vagissantes de l'aubergiste ne tardèrent pas à fuser.

" OH L'SOUILLONNE T'VAS M'PAYER CA ! "

" Naturellement. Mettez-le sur la note. "


Le tenancier écrasa ses énormes battoirs sur le comptoir, empourpré de colère, aboyant après elle comme son fichu cabot -dans son indifférence totale.
Mélisandre marcha d'un pas résolu vers les escaliers pour rejoindre Silat. Elle savait parfaitement ce qu'il lui restait à faire. Son esprit s'employait déjà à y mettre les formes lorsqu'un détail l'alerta et la fit s'immobiliser sur le seuil de la première marche. Le molosse  s'était brutalement tu et n'émettait plus que des jappements plaintifs dans le hall. Un cliquetis de chaîne retentit alors, discret, mais tellement familier qu'il ne pouvait décemment pas échapper à son ouïe. Ses chaînes.. La fugitive fit volte-face. Son cœur cessa alors de battre, une demi-seconde durant.

Un Terranide (http://img15.hostingpics.net/pics/255074badwolf.jpg) colossal se découpait dans l'encadrure de la porte, tellement monstrueux qu'il dut se courber pour la dépasser. Il présentait l'apparence d'un énorme loup, croisé avec lion, ou avec un quelconque prédateur de gabarit équivalent. Son mufle humide se tenait en avant, humant la salle, furetant avec avidité. Dressé sur ses deux pattes arrière, il devait bien toiser les 2m50. A son attitude, il paraissait évident qu'il pistait quelque chose, ou quelqu'un. Des bracelets en fer forgés, reliés par une solide chaîne, pendaient mollement à sa ceinture. La jeune femme ne l'avait jamais vu, mais le doute n'était pas permis : on l'avait envoyé la traquer. Au regard plein de convoitise qu'il posa sur elle, tout le monde dans la salle compris qu'il venait de débusquer sa proie. Au grand soulagement de tous.
La démone n'esquissa pas le moindre geste lorsque la créature avança vers elle, l'engloutissant dans son ombre, démesurée. En comparaison, elle avait l'allure d'une vulgaire fillette. Ce qui ne l'empêcha pas de planter son regard ombrageux dans le sien, sans ciller. Le Terranide passa sa langue chaude sur les contours de sa gueule, recueillant l'écume de ses babines, comme s'il savourait déjà sa victoire. Son propre regard, d'un bleu métallique, détaillait attentivement le corps tétanisé de sa victime, d'une façon proprement obscène.

" Bien bien bien... Petite Mélisandre, c'est ça ? Ma foi, tu corresponds à la description. Tu sais ce qu'il t'attend ? "

Sa voix caverneuse possédait des intonations grondantes et graves, ouvertement menaçantes, qui faillirent ébranler la brunette, laquelle ne parvenait pas à endiguer le flot d'images terrifiantes qui affluaient dans son esprit comme un poison, en proie au doute. Mais elle ne pouvait pas se permettre de perdre la face.

" Vous faîtes erreur. "

Son ton tranchant et catégorique contrastait cependant avec les pulsations frénétiques de son cœur. Elle récupéra l'insigne des Rougelames et l'épingla tranquillement à son gilet, de manière assez ostentatoire pour que la bête le relève.

" Mon flaire ne se trompe jamais, " grogna le grand mâle en emprisonnant le bras de la frêle jeune femme entre ses griffes, si fort qu'il la blessa, l'entaillant méchamment.

Mélisandre serra les dents, sans se laisser démonter. Ses prunelles se confrontèrent à celles brûlantes de bestialité de son bourreau.

" Je ne suis pas seule. Mon valet est avec moi. Silat ? SILAT ?! Aie la gentillesse d'aller aux écuries, chercher ton maître, " lança-t-elle d'une voix forte.

L'aplomb de la démone le déconcerta un instant, car il défit légèrement son emprise. A la place de quoi il glissa une griffe acérée sous son menton, afin de longuement sonder ses pupilles, à la recherche d'une trace de mensonge.

" Voyez-vous ça. Inutile qu'il se déplace, nous allons y aller ensemble, grommela-t-il. On m'a prévenu, pour ta langue de vipère. Si tu me mens, je te ferais tâter de ma ceinture avant de - beuarf, je ne vais pas te gâcher la surprise. Allons-y. "

Sur ce, l'imposante créature la faucha par la taille, ignorant ses protestations. Il la cala fermement sous son bras, la soulevant sans peine, puis se détourna vers la sortie. Penchée vers l'avant, l'effrontée voyait le sol défiler sous elle, au rythme cadencé de sa marche, bringuebalée d'une façon qui faisait horreur à son orgueil.

" Hmphf... Bordel... " marmonna-t-elle entre ses dents, jetant un œil prudent à la figure hiératique de son geôlier, en contre-plongée.

" Et il s'appelle comment, ce type ? Tu n'as pas mentionné son nom, tout à l'heure, " fit remarquer ce dernier en baissant les yeux sur elle, tiraillé par la suspicion.

Décidément, elle avait une sainte horreur des clebs. Elle renifla, pleine d'amertume.

" L'écurie est juste là. Vous lui demanderez. Voulez-vous bien me poser, à présent ? J'ai deux jambes, je m'en sers généralement, pour marcher. "

Le Terranide s'immobilisa alors. Et au frisson d'irritation qui traversa sa musculature, elle sut que ça n'augurait rien de bon.

" Bon. Comme tu refuses de me répondre, autant commencer les réjouissances. "

Ils étaient devant les écuries, à présent. Il la lâcha brusquement, la retenant d'une patte griffue par l'épaule, et déboucla sa ceinture, qu'il fit coulisser dans un claquement sec pour la libérer.

" Je n'aime pas les menteuses, esclave " déclara-t-il en la toisant d'un air sévère.

Mélisandre se renfrogna. L'exaspération qu'elle ressentait face à son impuissance la disputait à la crainte que lui inspirait la raclée à venir.

" Et moi je n'aime pas les chiens galeux dans ton genre, " répliqua-t-elle en désespoir de cause, acerbe, non sans déglutir en voyant le bras menaçant du Terranide se lever au-dessus d'elle.

Ah, douce Mélisandre... Aussi fière qu'imprudente.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mercredi 23 octobre 2013, 23:00:47
Aussi loin qu'elle s'en souvenait, jamais un homme n'avait porté la main sur elle. Oh, bien sûr, elle avait été quelque peu brusquée durant la traversée des landes, contrainte de tenir la cadence de la caravane, mais elle avait su s'arroger des privilèges qui l'avait prémunie contre les miliciens et autres bêtes abjectes. Même lorsqu'elle s'était livrée aux esclavagistes, elle avait farouchement entretenu cette flamme de dignité qui, comme une étincelle salvatrice, avait suffisamment ébloui ses geôliers pour les tenir à l'écart.
Alors, lorsque l'ombre menaçante du Terranide plana sur elle, la conscience émoussée de l'humaine qu'elle était autrefois ressurgit, très brève, le temps d'un écho de sa vie passée, qui s'imposa à son esprit comme l'extrait d'un vieux film. Les images défilèrent devant son regard, ouvert sur le vide. Un humain la giflait d'un revers de main assez violent pour la mettre à genoux. Elle s'écroulait, et, sans s'avouer vaincue, levait les yeux sur le visage de ce type. Il la toisait. Mais, dans son regard, elle déchiffrait le reflet désespéré de l'amour dévorant qu'elle lui portait. Elle aimait cet homme. Cette certitude, poignante, lui étreignit violemment le cœur.

Mélisandre se courba en avant, nauséeuse soudain. Tandis que sa main pressait son estomac, une pluie de gouttelettes chaudes retomba sur elle, l'ancrant un peu plus dans la réalité de l'instant. Sa surprise fut à la mesure de son soulagement lorsqu'elle vit la patte du Terranide convulser sur les pavés sanglants -détachée du reste du corps. La jeune femme recula promptement pour se mettre hors de portée de la créature, les tympans vrillés par son hurlement abominable.

" Silat... ? "

Les grognements féroces de la bête couvrirent sa stupéfaction, alors que l'adolescent affrontait le déchaînement dévastateur de sa furie sanglante, échappant à chacun des coups portés avec l'adresse d'un jeune cabri. La démone n'en revenait pas. Lui, l'adolescent timoré, si prompt à s'émoustiller ? Son étonnement estompa la réminiscence de son mauvais rêve, et fit bientôt place à un sentiment de satisfaction proche de la jubilation. Voilà que ce qu'elle avait si ardemment désiré se concrétisait. Elle tenait enfin l'occasion de s'éclipser en douceur. Cependant... elle ne pouvait nier une part de responsabilité sur ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux, et même s'il semblait maîtriser la situation, le jeune Silat risquait bel et bien sa peau -pour une inconnue. Son courage était admirable. Allait-elle vraiment se contenter de fuir en le laissant se débrouiller ?

" Préviens l'autre apollon, " souffla-t-elle pour elle-même, certaine que le bellâtre s'en voudrait de manquer une occasion d'être héroïque.

La belle se dirigea vers l'entrée de l'écurie, pressée de se rendre utile. Mais quand elle posa les mains sur le battant, les portes s'ouvrirent à la volée, avec tant de brutalité qu'elle aurait probablement fini assommé si elle n'avait pas eu le réflexe de bondir en arrière. Le grand mâle surgit alors, le poing armé d'une arbalète dont il usa pour mettre un terme au combat. Maître et valet agirent dès lors de concert pour terrasser le monstre, qui ne tarda pas à s'effondrer au milieu de la rue.
La brunette frémit en devinant les râles d'agonie, pleine de dégoût. Elle approcha pour observer de plus près le géant défait, sur le point de suffoquer dans ses propres rejets de sang et de bave écumante, émettant des borborygmes immondes. Elle ne manqua pas non plus de remarquer la petite bourse en cuir attachée à son pantalon.

Mélisandre soupira en douce, songeant à l'opportunité qui venait de lui passer sous le nez. Pourtant, après cette scène, elle aurait dû se sentir en sécurité auprès des deux hommes. Mais elle n'était pas si naïve. C'est à ce moment là que la voix désormais familière l'extirpa de ses  songeries, en lui présentant, contre toute attente, l'arbalète, et son pouvoir de vie ou de mort. Elle la saisit, à deux mains, puis contempla le visage du démon, calme elle aussi, tâchant de décrypter ses pensées. Il ne pouvait décemment pas lui faire confiance. Il le savait, elle le savait. Il lui offrait cependant une nouvelle opportunité. Celle de choisir. Rester ou fuir. Mais l'avait-elle vraiment, ce choix, après tout ? Choisirait-elle de les menacer tous deux, pour tenter de s'échapper, au mépris de ce qui venait de se dérouler ? Quand on avait un animal d'un gabarit comme celui du Terranide gisant à ses pieds, l'idée devenait grotesque. Ils en étaient venus à bout en un clin d’œil, alors, elle...  La diablesse renifla, sèchement. Il la prenait pour une idiote. Du reste, elle n'était pas assez désespérée pour prendre des risques aussi irraisonnés.

La jolie bohémienne prit cependant le temps d'examiner le mécanisme de l'arbalète, laissant planer une tension presque tangible. Elle lâcha brusquement un carreau dans la cuisse du grand loup, lui soutirant une plainte aiguë, mais étranglée.

" Oups, " minauda-t-elle en s'accroupissant à la hauteur du gibier.

Sa main gauche alla maladroitement déloger la pointe du projectile, déchirant les chairs déjà sanglantes. Pendant ce temps, son autre main allait chercher la bourse suspendue aux maillons de son pantalon, avec le doigté et la discrétion que conférait l'habitude. Elle en profita également pour récupérer, de manière ostensible cette fois, les chaînes en fer forgées, qu'elle balança négligemment sur son épaule. Après quoi, elle se redressa et arma de nouveau l'arme, avant de la tendre à Silat.

" Je pense que le privilège te revient, " déclara-t-elle avec une tendresse que motivait la reconnaissance, un demi-sourire aux lèvres.

Puis, elle se tourna face à son maître, en se composant un masque impénétrable. Elle allait le forcer à la laisser filer. Mais cette fois, à son exemple, elle le ferait en jouant cartes sur table. Elle fit un petit pas vers lui, si proche à présent qu'elle pouvait presque percevoir la chaleur dégagée par son imposante musculature. Mmmh... Il ne fallait pas qu'elle se laisse troubler.

" Bien. Il paraît évident désormais qu'ils me cherchent. Ils me traqueront tant que je resterais à Ashnard, et ils me trouveront, peu importe les ruses employées : mon accoutrement, les statuts que je m'arrogerais, le lieu où je me trouve dans cette ville... "

Elle fit une pause, le temps d'agiter les maillons de la chaîne qu'elle portait en travers de son épaule.

" Ce Terranide a emmené ces bracelets en fer parce qu'ils sont imprégnés de mon odeur, et ça, je peux difficilement y faire quelque chose, à part me planquer dans une décharge. Il n'a eu qu'à remonter ma piste, et tout porte à croire qu'il y en aura d'autres. "

Mélisandre inspira légèrement. L'air était saturé en soufre, et la poussière brûlante soulevée par les passants irritait la gorge. Et ça ne l'avait pourtant pas empêché de la retrouver. Bon, d'accord, elle l'avait probablement attiré avec le vacarme qu'elle avait fait à l'auberge, mais tout de même...
 
" Il s'agit d'esclavagistes. Vous savez aussi bien que moi de quoi ils sont capables. Le danger que Silat ou vous-même encourez en restant aux côtés d'une fugitive est bien réel, vous venez d'en avoir un aperçu. Je dois partir, quitter cette ville au plus vite. J'ai déjà trop traîné. Donnez-moi votre nom, je saurai vous retrouver pour vous faire parvenir ma gratitude. En attendant, je vais aller aux écuries, enfourcher un cheval, et partir dénicher un mercenaire en mesure de traverser les landes avec moi jusqu'à Nexus. "

Elle le pointa du doigt, se voulant dissuasive, équipée d'une détermination farouche.

" Et vous n'allez certainement pas m'en empêcher, parce que vous savez que me laisser partir est la meilleure des options. Mais ne soyez pas chagriné, je suis convaincue qu'un tas de putains se féliciteraient de recevoir votre noble virilité en elles, et qu'elles n'attendent que vous.  Hélas, je n'en fais pas partie. C'est comme ça. Allez donc tempérer votre déception auprès de charmantes pucelles. Il doit bien y en avoir sur le marché.  "

La donzelle acheva sa tirade par un sourire, à mi-chemin entre la douce raillerie et la malice. Puis elle adressa un coup d’œil fugace au jeune valet par-dessus son épaule.

" Si tu viens de Terre alors retournes-y. Ne deviens pas comme ton maître, " lui lança-t-elle, tout en restant volontairement évasive.

Et, sans s'attarder davantage, la démone marcha vers les écuries, s'évertuant à ignorer les picotements désagréables de son bras entaillé.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le jeudi 24 octobre 2013, 14:45:53
Mélisandre avait à peine dépassé le seuil de l'écurie que son ouïe captura les bruits de pas dans son dos, assez énergiques pour trahir une forme d'impatience. Malgré sa nervosité grandissante au fur et à mesure qu'elle entendait le beau diable se rapprocher, inéluctablement, elle laissa fleurir un vague sourire au coin de ses lèvres. Elle avança encore, mesurant sa cadence, dépassant les premières stalles. Lorsqu'il l'atteignit finalement, ils étaient à la hauteur du ballot de foin qui servait à présent de linceul mortuaire au défunt Terranide, dont l'un des énormes pieds dépassait. Une seule botte de paille ne permettait pas de camoufler toute l'étendue de son corps proprement monumental. L'odeur de son cadavre ensanglanté excitait les chevaux. Mais la belle fugitive ne s'en préoccupa pas davantage, car un terrible frisson la parcourue, si violent que même les mains de l'infernal avaient dû peiner à le contenir. Elle cessa de respirer, immobile, neutralisée par son contact, lequel s'avérait dépourvu de retenu ou même de pudeur. Il était ferme et résolu à la posséder. Elle le sentait, comme lui devait sentir son appréhension, et les battements survoltés de son cœur. Le puissant mâle pressa son corps contre elle, pleinement à sa merci. Il se faisait insistant, il voulait s'imposer, s'attribuer sa volonté pour la modeler selon ses envies, prendre tout ce qu'elle serait disposée à lui offrir. L'asservir à ses pulsions, et puis la prendre, elle, toute entière. Mélisandre percevait tout ça, dans l'avidité de son souffle tiède, sur sa peau nue, et au travers de la caresse que sa main lui prodigua sous son gilet, laissant sur son ventre le sillage brûlant de son passage. L'indocile releva doucement le menton, comme pour accueillir les doigts puissants de l'homme sur sa gorge. Elle expira, lentement, en entrouvrant les lèvres. Ses pupilles se dilatèrent comme deux petits puits noirs enflammé de désir, tandis que la voix grave de son geôlier retentissait comme une délicieuse sentence à ses oreilles. Puis elle sentit sa bouche, vorace, explorer l'ovale de son visage et se repaître de la saveur velouté de sa peau, ce qui lui arracha un nouveau tressaillement.

" Je comprends mieux ce que vos conquêtes ressentent, entre vos mains... glissa-t-elle en un souffle ténu, troublée. Vous les piégez. "

Sans avoir à baisser les yeux vers le bras meurtris sur lequel s'égara une de ses paumes, Mélisandre devina qu'il venait d'en résorber les plaies au soulagement brusque et inattendu qui s'imposa dans son membre. De toute manière, son esprit était accaparé par des sensations bien plus pressantes et entêtantes que la douleur diffuse de ses entailles. Des sensations qui grouillaient dans son bas-ventre, et qui, pareilles à un lit de braises rougeoyantes, s'attisait au feu de ses attouchements. Sa main, sur son sein désormais exhibé, fit d'ailleurs naître un début d'incendie. Elle sentit ses tétons s'ériger fièrement, et celui prisonnier de sa paume se tendre et se raidir comme pour repousser l'assaillant. Un léger soupir s'échappa d'entre ses lèvres, dont il esquissait les contours, d'un doigt tentateur.

" Mmmh... Vous les faîtes paraître telles qu'elles veulent se voir. Belles. Désirables. Mais surtout, uniques. Pourtant c'est faux. Car elles ne sont que les outils de votre volonté, forgées par et pour votre bon plaisir " poursuivit-elle, en tentant de réguler l'emballement frénétique de son cœur.

La belle parvint enfin à s'affranchir de son immobilité, domptant son trouble, bataillant contre la brume concupiscente qui menaçait de griser son esprit. Elle repoussa doucement les mains chaudes et cajoleuses de l'éphèbe des courbes affriolantes de son corps émoustillé, puis se retourna vers lui, les yeux embués du désir qu'il avait allumé. Elle présentait tous les signes d'une excitation grandissante, ce qui ne prédisposait pas son amant à se défier d'elle. Ou du moins, pas de la manière dont elle comptait s'y prendre... Il avait tellement confiance en lui. Il paraissait si certain de son fascinant magnétisme, de ses mains si entreprenantes... Oh, la féline se serait inclinée si seulement, sa propre fierté ne lui dictait pas une autre conduite. L'arrogance de son gardien était si prononcée que l'utiliser contre lui serait une véritable partie de plaisir.

" Je n'aime pas qu'on décide à ma place de ce que je veux, ou ne veux pas, petit seigneur, susurra-t-elle avec l'ombre d'un sourire, résolument aguicheur. Mais je veux bien tenter de me laisser prendre au piège, avec vous. "

Sur ce, l'exquise créature plia les genoux devant l'homme pour se mettre à la hauteur de son bassin, avant de procéder comme à son habitude : tandis qu'elle s'affairait d'un côté à déboutonner son pantalon, elle s'appliquait de l'autre à faire doucement glisser les chaînes précédemment récupérées par terre, à ses pieds, faisant mine de se délester. Penchée en avant, son initiative demeurait insoupçonnable, d'autant plus qu'elle s'assurait de focaliser son attention ailleurs, en l'occurrence, sur la pipe que sa belle bouche toute proche, lui faisait miroiter. Son regard taquin soutenait le sien, ardent. Elle avait atteint le boxer du démon quand deux petits clic caractéristiques et à intervalle réduit retentirent dans l'écurie. Dès lors Mélisandre s'empressa de reculer. Elle se redressa, lentement, en contemplant son œuvre : la cheville du beau diable était à présent liée à celle beaucoup plus imposante du Terranide mort. Oh, il pouvait bien tenter de traîner sa masse conséquente derrière lui, de scier son pied avec un quelconque outil, ou bien de forcer la serrure, le temps qu'il s'exécute, elle aurait le temps de prendre la poudre d'escampette. Les chaînes des esclavagistes étaient réputées pour être parmi celles les plus solides de Terra.
La jeune effrontée le gratifia d'un petit sourire, resplendissant de défi.

" Moi, je ne vous préviens pas. C'est bien plus drôle, lança-t-elle en passant tranquillement son pouce contre ses lèvres, comme pour se souvenir de la sensation de son doigt contre sa bouche. Vous ne m'en voudrez pas, si je ne m'attarde pas. Silat n'est pas enchaîné à une carcasse de 200kg, lui. "

La donzelle fit volte face et pressa le pas pour atteindre le cheval de l'écuyer dans les premiers boxes qui, comme convenu, s'avérait pansé et sellé. Elle glissa son pied dans l'étrier et d'une poussée, passa sa jambe par-dessus la croupe, tout en souplesse. Après quoi elle prit le petit trot, en prenant soin de passer au large du séduisant prisonnier, tout en bataillant pour reboutonner son gilet. Si elle avait eu plus de temps, elle se serait assurée que personne n'essaie de la prendre en filature en laissant les chevaux s'enfuir, mais, ce serait aussi manquer de prudence et de discrétion. Comme elle allait franchir les portes de l'écurie, elle crut bon d'accorder un dernier coup d’œil au noble, arrêtant sa monture.

" Je serais fâchée que vous tentiez de me retrouver pour me punir. Sachez que je serais tout de même ravie de vous revoir, dans d'autres conditions. Je vous aime bien. "

Elle piocha une pièce d'or dans sa nouvelle bourse, récemment subtilisée, puis la lança dans sa direction. Évidemment, il s'agissait d'un geste symbolique. Peut-être pour le remercier pour les habits, le dîner, sa nouvelle broche Rougelames, pour le Terranide aussi, sa plaie guérie, le cheval et tout le matériel sur son dos, et puis, sa compagnie et celle de son valet. Ou bien, il pouvait s'agir de ce geste plein de morgue que les hommes avaient parfois pour récompenser une putain qu'on avait bien baisé.
Sur ce, Mélisandre pressa les flancs de sa monture pour prendre un pas actif, et sortir de l'étable, un irréductible sourire aux lèvres.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le vendredi 25 octobre 2013, 18:50:40
L'Indocile laissa échapper un rire léger, presque joyeux, qui vibra dans l'air comme une provocation mélodieuse en entendant la remarque aguicheuse du gaillard, juste après que la pièce a atterri dans sa main. Elle s’emploierait donc à mettre le plus de distance possible entre le désir de ce séduisant diable et elle. Se doutant que de simples liens en métal ne suffiraient pas à retenir un long moment un individu de son envergure, l'évadée adopta le petit galop dès qu'elle s'éloigna des artères principales de la ville. De nombreux regards s'attardaient sur elle tandis qu'elle dépassait la foule, des œillades concupiscentes ou dédaigneuses qui rampaient sur les parties dénudées de son corps qu'un simple gilet et une cape reconvertie ne parvenaient pas à couvrir intégralement. Elle les ignorait tous cependant, juchée sur les hauteurs de son robuste étalon, hors de portée de leur avidité ou de leur mépris. On l'aurait sûrement abordée à plusieurs reprises si elle n'avait pas arboré cet air de froide résolution, cumulé à son allure altière de gitane sulfureuse. Ceux qu'elle n'intimidait pas d'un regard -et il y en avait, reculaient en reconnaissant l'insigne épinglée à sa poitrine, car la réputation des Rougelames jouissaient d'une notoriété largement répandue, assez pour lui garantir une certaine sérénité.

Bonne cavalière, Mélisandre chevaucha sans encombres jusqu'aux portes d'Ashnard, là où les plaines déployaient sans limites leur immensité aride et tourmentée. Elle avait, en chemin, fait l'inventaire des gibecières supportées par la selle. Elles ne contenaient pas grand chose : des longes et des portions de grain pour les chevaux, quelques chakrams dont elle ne saurait de toute manière pas se servir, et, plus utile, un bon couteau de chasse dans son étui en cuir qu'elle avait précautionneusement glissé contre sa hanche. Mais alors qu'elle considérait les landes d'un œil pensif, le martèlement d'un galop furieux sur la terre sèche l'incita à tourner la tête. Au même moment, elle sentit, entre ses cuisses, les spasmes de sa monture, laquelle s'affaissa brutalement sous elle, soulevant un nuage de poussière dense. Elle aurait été emportée dans sa chute si son instinct ne l'avait poussée à sauter pour se préserver de la rudesse du choc.

" Fait chier... " marmonna-t-elle, encore sous le choc, alors qu'elle se redressait, enveloppée de particules ocres, rangeant quelques mèches indisciplinée derrière son oreille.

Elle posa un regard torve sur le cavalier, aussi splendide que haïssable sur son étalon noir, tandis que sa main allait doucement au contact de son couteau, sur lequel elle referma sa poigne. Le beau brun mit pieds à terre, décidément très opiniâtre, dans un face à face inégal. Le 2ème round allait se jouer ici.

" J'apprends quand le professeur est bon, " répliqua-t-elle avec désinvolture.

Comme la pièce fusait vers elle, ses réflexes abusèrent son bon sens : sa main libre l'attrapa au vol, annihilant ses chances d'esquiver la collision, brutale. Une seule pensée l'effleura durant leur dégringolade : il était foutrement rapide, et elle, foutrement idiote.

" Hmpf-.. "

Mélisandre se retrouva fermement plaquée au sol, coincée sous l'imposante musculature de l'infernal. Cette fois, elle n'avait pas pu échapper au heurt, et l'impact lui soutira un petit grognement, mi-plaintif mi-contestataire. Elle avait faillit lâcher la garde de son couteau, tant il l'avait prise au dépourvu. L'étui avait d'ailleurs été éjecté en tombant, et sa paume s'était blessée sur le fil de la lame. Elle sentait le saignement ruisseler entre ses phalanges. Avec un peu de chance, l'odeur de l'hémoglobine attirerait un prédateur. Ce n'était pas ce qui manquait sur les landes, et la vue des deux étalons affalés, totalement exposés à l'avidité des carnivores allait probablement y contribuer.
La belle sentait sous elle un sol chaud, palpitant, dont les gerçures s’apparentaient à de vieilles plaies ouvertes et poussiéreuses. On devinait sans peine qu’il s’était déchiré par le passé, de manière surnaturelle, pour laisser éclater la puissance destructrice des éléments. L’environnement en portait d’ailleurs les stigmates : des flèches rocheuses jaillissaient de la terre rouge en rangées de crocs irrégulières, pointant leur tête guerrière vers le ciel de plomb en signe de victoire. Et comme la violence s’inscrivait dans un cercle persistant, aujourd’hui encore, la menace planait sur les landes, insoupçonnée, en fantôme errant. Ashnard supportait la brutalité sommaire de ses habitants dans une espèce de résignation amère, et les plaines qui la cernaient se résumaient à une éponge sanguinolente essuyant la nature belliqueuse de ses sujets sur un tableau noir.

L'effrontée ficha l'opacité brûlante de ses prunelles dans celles de son poursuivant. Elle tenta de remuer un peu, histoire d’évaluer sa situation : elle était complètement bloquée sous sa masse. Ses bras et son buste ne pouvaient pas bouger, prisonniers. Ses jambes bénéficiaient d'une marge de manœuvre un peu plus conséquente mais à peine mieux. La jolie brune soupira, blasée. Tout ça, pour en arriver là ?
Bien sûr, elle aurait pu tenter de le blesser à son tour avec le poignard. Sa main était suffisamment mobile pour pouvoir l'atteindre au flanc. Mais elle ne le ferait pas. Le frapper alimenterait au mieux sa colère, et elle y était trop exposée. Il se contenterait sans doute d'attraper son poignet -de le briser peut-être, pour lui arracher l'arme. Il était assez fort pour surmonter la douleur qu'elle pourrait lui infliger. Il pouvait manifestement se soigner. Non, c'était une mauvaise idée. Elle perdrait bêtement sa dague. Et puis...
Les lèvres du mâle se rapprochèrent, survolant les siennes, entrouvertes. Son souffle tiède balaya son visage, tout encrassé par sa folle chevauchée. La féline fronça les sourcils, farouche, loin d'être apprivoisée. Son coeur s'emballa néanmoins, cognant dans sa poitrine comme un petit oiseau affolé.

" Mmmh... C'est embarrassant, confia-t-elle dans un murmure. J'ai engagé plusieurs mercenaires en chemin, pour m'accompagner. Le temps de se préparer et ils seront là. Je leur ai donné rendez-vous sur la plaine. Je ne voudrais pas être diminuée devant mes hommes, je risquerais de perdre en crédibilité. Je suis certaine que vous pouvez comprendre. "

La belle glissa doucement la langue contre sa propre bouche, pour l'humecter, avant de sourire en douce, énigmatique. Mentait-elle ? Elle affichait un ravissant minois en tout cas, assez confiante pour ne pas laisser transparaître sa nervosité.

" L'or que je leur ai promis est encore sur mon cheval. Je suis navrée, petit seigneur, mais vous ne m'aurez pas. A moins de me prendre de force, mais, vous n'êtes pas comme ça. Nous le savons tous les deux. "

Elle continua à soutenir le regard si particulier du démon, provocante.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le vendredi 25 octobre 2013, 22:39:39
La peste insubordonnée pinça les lèvres devant l'échec de sa tentative. Le bel éphèbe se fichait éperdument de ce qu'elle racontait. Pourtant, elle restait fermement convaincue de ses derniers mots : il ne l'aurait pas. Et s'il fallait que la seule dignité qu'il lui reste se trouve dans la lutte, et bien, elle lutterait, car l'Indocile n'était pas disposée à se laisser posséder. Elle baissa les yeux en même temps que lui sur l'écusson métallique agrafé à son gilet, affichant une moue à mi chemin entre la culpabilité et la nonchalance des fautifs pris sur le fait. Lorsque le duc des enfers se mit à rire, elle perçut les vibrations de son torse musculeux se répandre en échos dans son corps captif, et elle souffla, agacée, repoussant les cheveux rebelles de sa figure. Puis elle fronça légèrement le nez en le sentant reporter tout son poids sur elle, l'immobilisant au point de la rendre impotente. Un soupir plein d'irritation siffla entre ses dents, et elle se mordit la langue en devinant ses intentions. Comme si elles suivaient un processus de guérison accéléré, ses lésions se résorbèrent sous l'influence de sa magie, et sa précieuse dague se dissipa dans l'air, laissant sa paume vide et lisse. Mélisandre se renfrogna davantage. Pensait-il l'amadouer par des tours de passe-passe ? Elle le jaugea, longuement, sur la défensive. Son impuissance concourait à la rendre ombrageuse -elle détestait ne pas avoir l'ascendant sur la situation.

Qu'il lui laisse entrevoir la moindre opportunité, et elle la saisirait. Le noble Nexusien semblait en être conscient et demeurait vigilant. Après tout, elle lui avait donné de bonnes raisons de l'être. Elle décrypta la lueur d'envie qui flamboyait au fond de son regard comme une danseuse incandescente, cette tentation d'assoiffée qui crépitait furieusement et ne s'éteindrait qu'une fois s'être consumée au contact de ce qu'il convoitait tant. Mais que convoitait-il, au juste ? D'abord, elle songea à sa bouche, dont il paraissait sur le point de s'emparer, jusqu'à ce qu'il perde ses lèvres et ses intentions dans son cou, abandonnant sur sa peau nue la chaleur d'un baiser. Mélisandre frémit, fermant les yeux, entièrement réceptive au souffle du démon qu'elle sentit se balader sur sa gorge, puis revenir vers son visage, dont il embrassa la naissance, près de la mâchoire. Elle laissa s'écouler une poignée de secondes avant de lever le voile de ses paupières, dardant un regard insondable dans celui de son délicieux bourreau. Calme.

" Parce que vous êtes effrayant... " murmura-t-elle, dans une confession douce et maîtrisée, ses yeux fouillant les siens.

La jeune femme mordilla doucement sa lèvre inférieure, contemplative. Il était si proche qu'elle pouvait aisément inhaler le parfum de son dangereux diablotin. Un parfum qu'elle n'était pas prête d'oublier, connoté au péril, à l'excitation, au désir, au jeu, à l'exaspération... A quelque chose auprès duquel on peut se réchauffer ou se brûler.

" Peu importe les méthodes employées, je ne vous abandonnerai pas la victoire. Et si vous ne me la laissez pas non plus, et bien, il faudra vous faire une raison : ni vous ni moi n'obtiendrons ce que nous voulons. "

Mélisandre ébaucha un sourire, fugace, prétentieux, qui frisait l'insolence.

" A partir de là, c'est à vous de voir. S'il faut que je sois insupportable pour que vous me laissiez filer, je le serais, au-delà de l'imaginable, " décréta-t-elle en dressant un sourcil frileux au-dessus de son regard sombre, passablement amusée.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le dimanche 27 octobre 2013, 02:13:33
Mélisandre se surprit à sourire, en douce, tandis que le beau diable égarait de délectables baisers dans son cou. En l'écoutant, l'idée qu'elle avait pu aller trop loin l'effleura. Et si elle s'était vraiment fait prendre à son propre jeu ? La ferveur qu'il mettait dans chaque bécot évoquait l'adoration fanatique qu'un fidèle voue à ses figures transcendantes. Une vénération charnelle, d'un instant, qui aurait pu la combler si elle n'avait si ardemment souhaité échapper à son emprise. Les deux infernaux continuaient à se jauger, persuadés l'un et l'autre qu'il n'y aurait qu'un gagnant. Mais lorsque qu'il vint emprisonner son visage pour dompter ses velléités de révolte, elle sentit, une nouvelle fois, qu'il troquait son masque de séducteur contre celui du mâle, autrement plus dangereux et dominateur, celui qui n'admettait aucune demi-mesure. Un masque de conquérant, assorti à un corps puissant et viril, qui n'éprouverait aucune difficulté à asservir le sien -pour son propre bien, à en croire ses paroles. Ses lèvres côtoyèrent la bouche de l'impudente sans pour autant s'en emparer, attisant son besoin urgent de se soustraire à son influence. Le regard de l'insoumise s'assombrit, manifestant sa rébellion, muette, mais que son corps bridé brûlait de formuler. Elle tressaillit violemment sous la caresse de sa main, laquelle fut perçue comme une provocation félonne par tout son être, comprimé sous l'autorité de sa musculature. Évidemment, la ravissante diablesse n'était pas indifférente à la tendresse de ses sollicitations -ce seul constat, celui de sa peau tiède savourant les assauts de son bourreau, suffisait à exacerber son irritation. Force était de constater qu'il n'avait pas entièrement tort, du reste : réceptif à ses cajoleries, son corps était visité par d’innombrables frissons d'aise -mais de là à l'admettre...
 
Cet homme divin allait contre sa nature d'indomptée et espérait soutirer d'elle des plaisirs dont elle lui interdirait l'accès aussi longtemps qu'il lui plairait. Oh, elle se privait également de délicieux moments de plénitude, mais cette perte s'avérait largement compensée par la satisfaction qu'elle retirait à tyranniser ses instincts de mâle alpha.

" Vous essayez seulement de vous convaincre vous-même... vous parlez trop, et -hmmpf... "

Mélisandre s'interrompit brusquement, assaillie par les lèvres de son homologue masculin, auxquelles s'ajoutèrent bientôt sa langue, véritable tortionnaire qui cette fois, faillit lui extorquer un soupir appuyé, proche du gémissement lascif. Elle lutta pour l'étouffer dans sa gorge, quand bien même qu'il ne réclamait qu'à jaillir, poussant le barrage de ses lèvres, sans parvenir à le franchir toutefois. Lorsque le ténébreux diable s'en prit au lobe de son oreille, elle crut céder. Ce qui n'arriva pas, cependant, et elle inspira à fond, profitant du répit qu'il lui laissait, tandis qu'il s'exprimait. Puis, contre toute attente, le poids de sa captivité s'allégea.
Elle le regarda se lever, impassible, puis se mordilla à nouveau la lèvre en avisant sa main tendue, hésitante, avant de s'en saisir d'une poigne résolue. Elle ne plierait pas l'échine face à ce monstre de vanité.

" Si j'étais une reine, je m'empresserais de vous faire mettre une muselière, " lâcha-t-elle en s'époussetant, jouissant de sa liberté de mouvement pour remettre un peu d'ordre dans sa tenue quelque peu rudimentaire.

La diablesse pencha légèrement la tête de côté tout en le lorgnant à travers les mèches entremêlées de sa crinière sombre. L'ombre d'un sourire plana, plein d'énigmes. Chaque chose en son temps.

" Vous allez nous faire perdre un temps précieux à déblatérer. Si je dois être une reine je veux en avoir l'allure. Je sais déjà où trouver la robe qui m'habillera. "

La belle fit volte-face et marcha jusqu'à sa monture, toujours étendue dans la poussière, sonnée. Elle récupéra les cordes tressées à l'intérieur des sacoches qu'elle lança négligemment au grand brun.

" Vous tiendrez mon cheval en longe, puisque vous n'avez pas confiance en moi. Je nous guiderai jusqu'à l'échoppe où nous ferons halte avant de retourner à l'auberge, décréta-t-elle, pleine d'aplomb. Vous avez de l'or, sur vous ? Montrez-moi que vous n'êtes pas riche pour rien. "

Mélisandre soupesa sa propre bourse, avant d'émettre un claquement de langue appréciateur.

" Il est vrai que jusque là je n'imaginais pas grand chose en votre compagnie, mais puisque vous m'y poussez, je veux bien entrevoir tout ce que vous êtes en mesure de m'apporter, déclara-t-elle, caustique, le regard pétillant de malice. Pressez-vous ! "

Sur ce, elle désigna leur coursier, pareils à deux tas de viandes inertes.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le dimanche 27 octobre 2013, 18:19:53
Son air de défi la fit sourire, juste avant de s'accroupir près de l'alezan pour récupérer les longes.

" Un jour, je vous prouverai le contraire, " se contenta-t-elle de rétorquer.

La jeune femme s'apprêtait à répliquer à son autre remarque lorsque, désormais tout proche, il captura son menton, la faisant se raidir. Son visage à la merci du sien, elle retint son souffle, prête à braver l'offensive, son regard inébranlable versé dans celui du Duc, rivalisant sans ciller ni émettre la moindre protestation. Elle suivit l'orientation de ses yeux ambrés toutefois, baissant les siens, résolument plus sombres, sur leurs lèvres qui se narguaient et auxquelles étaient suspendues des promesses silencieuses d'allégresses, des promesses qui ne demandaient qu'à être décrochées, là, dans l'instant...
L'Indocile s'arracha à cette vision troublante le temps de contempler le visage de son persécuteur, profitant qu'il soit momentanément aveugle, l'écoutant à peine. Des hennissements retentirent soudain sur les landes et elle tourna la tête vers les chevaux, désormais fringants. Si elle s'étonnait des facultés stupéfiantes du beau diable, elle ne le montrait pas.
La féline se racla doucement la gorge, prête à larguer un sarcasme de son cru, mais il se mua en une moue maussade quand l'écusson lui fut arraché. Le petit objet s'avérait bien utile, surtout dans sa condition d'évadée, et elle aurait eu d'autres projets pour lui s'il ne lui avait été si honteusement confisqué. Il commence à apprendre. Comme le réclamer n'aurait servi à rien, Mélisandre enfourcha son cheval, soupirant. Sa main leste rattrapa la bourse en cuir, tandis qu'un sourire victorieux fleurissait au coin de sa bouche. Elle était pesante. Un de perdu, dix de retrouvés. La cavalière fit voluptueusement jouer son assiette en faisant glisser son bassin vers l'avant, et l'étalon se mit en branle, tirant celui du noble à sa suite.

" Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous demander votre nom, " fit-elle remarquer en lui jetant une œillade furtive.

Dès qu'ils eurent franchi les portes de la ville, Mélisandre se mit à regretter de ne pas avoir conserver le chapeau texan -détail qu'elle avait bien souligné- sous la main. Des regards appuyés accompagnaient leur progression, et parmi eux se trouvaient peut-être des sentinelles ou des mercenaires. Elle fit en sorte d'ensevelir son visage sous une frange dense, s'arrangeant pour ne pas trop attirer l'attention. Elle les guida à travers un dédale de ruelles sombres, s'enfonçant dans les recoins les plus malfamés de la ville, là où la puanteur saisissait la gorge de ses doigts fétides. Son itinéraire pouvait paradoxalement se justifier par une mesure de précaution, car ses poursuivants la pensaient seule, et une femme seule n'irait certainement pas risquer sa peau dans des endroits aussi lugubres. Néanmoins, l'Indocile avait une autre idée en tête, et quand elle se mit à transvaser environ un tiers du contenu de la bourse du grand brun dans la sienne, plus modeste, de façon tout à fait ostensible et provocante, ce n'était pas de l'inconscience ou de la bêtise. Les pièces produisaient un son caractéristique en s'entrechoquant et ne tardèrent pas à accaparer l'attention de la vermine grouillante des bas-fonds. Les ombres hostiles de plusieurs silhouettes se mirent à les prendre en chasse, installant une tension palpable, presque suffocante, tandis qu'ils avançaient à un pas mesuré. L'imprudente flatta doucement l'encolure de son alezan pour tempérer sa nervosité. 

" Shhht... " souffla-t-elle délicatement à l'oreille mobile de son coursier, avant de se redresser, et de l'arrêter au beau milieu de la voie.

L'étalon de son compagnon n'eut d'autres choix que de suivre son exemple, étant raccordé au sien. Un regard circulaire l'informa qu'une bonne dizaine de vauriens, pillards et autres violeurs les épiait dans l'ombre.

" Je suppose qu'il est inutile de spécifier que cet homme là est plus riche que vous ne le serez jamais, lança-t-elle à haute voix, tout en surveillant le concerné du coin de l’œil, hors de portée. Messieurs, il est à votre merci. Les étalons et l'or reviendront à celui qui parviendra à le désarçonner. "

Sans attendre et pour stimuler les troupes, l'exquise effrontée déversa le contenu de la poche de cuir dans la fange, occasionnant une cohue où se ruèrent chaque criminel. Les étalons piaffèrent, sur le point de céder à la panique. Mélisandre passa alors la deuxième bourse autour de son cou, puis sauta. Lorsqu'elle atteignit le sol, elle avait revêtu l'apparence d'une petite chatte noire aux yeux perçants. Ses habits, abandonnés dans la boue, furent piétinés par le déferlement rugissant de féroces Ashnardiens. Si une minorité s'étonna de la soudaine disparition de la belle, la plupart prirent d'assaut le puissant infernal, lequel s'avéra très vite aux prises avec des mains fiévreuses et cupides, cherchant à le déloger de son destrier. Certains avaient déjà dégainé leur couteau et menaçaient quiconque voulait s'arroger une part du butin.

Trois foulée bondissantes suffirent à la minette pour s'écarter de l'agitation désordonnée. La bourse ballottait, suspendue à sa nuque, au rythme de sa cavalcade. Elle s'orienta à travers les méandres des venelles et galopa jusqu'à l'auberge de la Nuit Rouge -le dernier endroit où il penserait à venir la chercher.
Mélisandre passa devant le molosse assoupi du vestibule puis escalada l'escalier. Là, elle reprit forme humaine, essoufflée et nue, la peau couverte d'une fine pellicule de sueur. Elle renifla, le temps de reprendre haleine. Il lui fallait trouver d'autres vêtements à se mettre sur le dos. Et vite. Elle avait eu un aperçu des fascinants pouvoirs du Nexusien, et ne doutait pas qu'il ressortirait de ce mauvais tour plus échauffé que jamais. Il finirait par revenir ici, inévitablement. S'attarder était une mauvaise idée.

" Silaaaat ? " appela-t-elle devant la rangée de portes closes. " Nous sommes rentrés. Ton maître souhaite que tu le rejoignes aux écuries pour l'aider à desseller les chevaux. "

Après quoi, elle tâtonna contre le mur, et, ayant repéré une porte entrouverte, s'introduisit à l'intérieur, à l'affût. 
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le dimanche 27 octobre 2013, 22:45:22
L'incorrigible féline se laissa aller contre le mur de la chambre vide, s'octroyant une petite pause en s'adossant. Elle tendit l'oreille pour entendre Silat dévaler les marches. Comme la pression retombait lentement, en même temps qu'un silence réconfortant, l'adrénaline quitta ses veines. La brûlure de sa balafre se réveilla alors, et la belle porta la main à son visage, les lèvres pincées sur son déplaisir. L'enfoiré ne l'avait ratée que de peu. Une estafilade sanglante barrait son minois, de la pommette jusqu'à la saillie de son arcade sourcilière, peu profonde, mais suffisamment marquée pour l'élancer. Elle considéra les traces de sang sur ses doigts avec mauvaise humeur.

" Mon petit seigneur est fâché, " souligna-t-elle d'un ton faussement contrit, arquant un sourcil tatillon, moqueuse.

Le poids de la bourse irritait son cou, et elle la balança négligemment sur le lit, avant de se rapprocher de la porte. Au son qu'avait produit le valet en sortant, elle saurait retrouver la bonne chambrée et la piller allégrement. Possédant déjà une petite fortune au bout de lacets de cuir, elle se contenterait de fringues décentes et de tout ce qui serait en mesure de lui être utile par la suite. Mais lorsque sa paume voulu abaisser la poignée, cette dernière lui résista, parfaitement inerte. Elle s'obstina, jusqu'à ce que des pas pesants émanent de la cage d'escalier, la statufiant sur place. Bordel, si vite ?! Un frisson glacé rampa le long de son échine, ne sachant que trop bien ce qui l'attendait, si elle restait.
Mélisandre ferma le verrou et recula jusqu'à la fenêtre, dont elle tenta de repousser les battants, s'acharnant plusieurs secondes. En pure perte. Allons ma fille... réfléchis !

La fugitive glissa une main fébrile dans sa crinière dense, dégageant son visage balafré. Son regard éperdu sonda la pièce, à la recherche d'un sauf-conduit, tandis que les pas se rapprochaient, lourds de sens, traînant derrière eux les représailles qui paraissaient inéluctables, à présent.
La jeune femme se mordit férocement la lèvre puis se présenta face à la porte, à une distance raisonnable de cette dernière. Elle inspira à fond. L'attente, tout bonnement intenable, s'écoulait sur la mesure des pulsations de son cœur, lequel battait à tout rompre. Heureusement, elle fut de courte durée, car il apparut brutalement dans l'encadrure de la porte -proprement défoncée par l'intensité de sa colère. Mélisandre se tînt droite et nue face à lui, hiératique, les poings serrés sur son angoisse. Sa vision, terrifiante -tout ce sang, et cette fureur qui l'abreuvait-, la fit doucement déglutir, mais elle ne broncha pas. Elle alla même jusqu'à grimacer un sourire en réponse à son petit quolibet.

" Je...- ne... " laissa-t-elle tomber platement, avant qu'il ne fonde sur elle.

L'Indocile recula d'un pas, soudain pressée contre sa musculature compacte, mesurant toute l'étendue de sa fragilité face au colosse. Elle ne lutta pas lorsqu'il accapara ses lèvres, frémissant violemment, mêlant son souffle nerveux à celui du forcené. C'était la première fois que sa poitrine comprimée était au contact de son torse musculeux. Une protestation étouffée s'éleva néanmoins dès qu'il hasarda sa paluche contre sa croupe, définitivement réfractaire.
Mélisandre avala une goulée d'air frais en interrompant momentanément la fièvre de leur baiser, portant ses deux mains à celle qui emprisonnait son visage, sans hésiter à y planter ses ongles. Farouche, toujours.

" Mmmmhf... Je conçois votre colère et je suis prête à m'excuser, s'il le faut, parce que j'ai été une vilaine fille haleta-t-elle tout en levant son regard fauve vers le sien. Mais je vous défends d'en faire une raison pour étancher votre frustration. Ce n'est pas comme ça qu'on fait l'amour à une femme. "

La donzelle frissonna encore, la peau luisante de sueur, à laquelle se mêlait désormais des traînées de sang qui n'appartenaient ni à lui ni à elle. Elle chercha à se détacher, doucement, en essayant de se dégager, sans quitter des yeux l'impétueux démon, dont elle redoutait à présent aussi bien l'envie que la colère.

" Je ne fuirai plus, " ajouta-t-elle, sans cesser de se mordiller la lèvre, l'air aussi fautive qu'une enfant sur le point d'être réprimandée.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mercredi 30 octobre 2013, 00:52:00
Le majeur du Duc sinua le long de son échine, semant à sa suite les prémisses d'un formidable frisson qui fit aussitôt poindre l'extrémité de ses mamelons. Comme elle esquissait le geste de battre en retraite, il se rappela sèchement à elle, la plaquant davantage encore contre lui et le contact inflexible de son torse puissant. Mélisandre se grandit en sentant son autre main se loger sous l'affriolant ourlet de son cul, émettant à son tour un léger grondement, lequel aurait pu s'avérer dissuasif si seulement elle n'avait pas été en si mauvaise posture, face à ce séditieux démon, dont la force surpassait outrageusement la sienne. Ses bras repliés tentaient d'offrir une piètre résistance, coincés entre leur deux corps si parfaitement complémentaires. Elle percevait toute la fièvre de son désir, qui semblait, pour le moment, concentrée au bout de ses doigts et sur la chair délicatement rosée de ses lèvres. Ces dernières épousèrent les siennes dans un élan passionnée, désarmant la féline plusieurs secondes, durant lesquelles ses ongles imprimèrent de longues griffures sur ses pectoraux. Il ne tarda pas à s'enquérir de ses seins, comme pour interroger son degré d'excitation. Voilà un bon moment déjà qu'ils s'érigeaient en avant, provocateurs. La rigidité presque douloureuse des tétons sollicitait l'attention de l'infernal, avides d'égards, eux aussi. Mélisandre se mordit la lèvre, s'interdisant la moindre manifestation d'aise, le regard brûlant, autant de rage contenue que de l'éclosion de son désir.

Lentement, la diablesse céda à la pression exercée contre elle, reculant à pas feutrés vers le lit, délectablement vulnérable dans sa nudité . Qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Il la dominait, par sa charpente et l'étendue de ses pouvoirs. Elle ne quittait pas le contact de son regard cependant, le soutenant sans broncher, sans concevoir le moindre instant de se départir de son allure défiante et sauvage. L'arrière de ses cuisses buta contre le sommier, et elle se laissa partir en arrière. Aussitôt, la bosse de la bourse incommoda la ligne de son dos, et elle l'attira doucement dans sa paume tandis que le grand mâle se débarrassait de son ceinturon.

" Charmant, " commenta-t-elle en dressant un sourcil, réprimant en même temps le tressaillement de son corps exposé.

Les paroles crues eurent l'effet d'un tisonnier attisant les braises d'un foyer. Et le foyer se trouvait actuellement dans son bas ventre, où crépitèrent une poignée d'étincelles, langoureuses. La belle s'humecta les lèvres avant d'être rejointe par l'amant terrible. Oh, ça, il était diablement beau. Son charme dévastateur s'enorgueillissait sans doute d'avoir charrié les fantasmes d'un nombre conséquent de femmes. A nouveau, son corps contraignit le sien pour la cantonner à son rôle de captive, dont elle s’accommodait si mal. Elle le fixait d'un air revêche, nullement disposée à se laisser baiser. Sa main libre agrippa les épaules de son persécuteur, assez cruelle pour y apposer la marque de ses griffes. Sentir cette ombre virile et impitoyable planer sur elle l'emplissait d'un sentiment de rébellion.

" Mmm-..m..mm... "

L'Indocile enfouit toutefois son visage dans les draps et l'entremêlement inextricable de sa crinière sombre, refusant de lui offrir cette satisfaction, alors qu'elle geignait doucement sous les initiatives de sa bouche. Bon sang.... Son mamelon s'étira d'une manière exquise entre ses lèvres expertes, tout luisant de salive.

" Vous êtes le diable... " articula-t-elle entre deux soupirs, tandis que s'esquissait un sourire fugitif.

Un bras puissant s'enroula autour de sa taille, possessif, l'attirant contre lui. Le dos de Mélisandre s'arqua légèrement, gracieuse, accentuant le contact entre leur deux intimités. Elle prit le temps de contempler les traits composant son visage, les yeux plissés, charbonneux. La peau tiède du noble réchauffait celui de sa prisonnière, à la texture déjà enflammée.

" Je ne devrais pas vous le dire... ", commença l'exquise effrontée, le toisant avec impudence.

Sa main gauche glissa derrière la nuque de l'arrogant, presque tendrement, exerçant une légère pression pour l'inviter à approcher, de façon à ce que ses lèvres susurrent à son oreille :

" Mais je vous le ferai payer mille fois. "

A ce moment là, sa main chargée inclina la poche de cuir qui déversa une cascade d'or sur le vieux plancher. Les pièces s'éparpillèrent, tintinnabulant. La porte béait sur le couloir et les escaliers, et quelques unes dévalèrent les marches à grands bruits.
Sans prendre le temps d'expliquer son geste, la ténébreuse diablesse emprisonna le lobe de son oreille entre ses incisives, tirant doucement dessus en une invitation au jeu, fiévreuse.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mercredi 30 octobre 2013, 21:11:43
Mélisandre suivit la course d'un des écus d'or qui disparut bien vite de son champ de vision, laissant son regard flotter dans le vide. Elle l'entendit seulement rebondir sur les marches, plusieurs fois. Les paroles du beau diable résonnèrent dans son esprit comme une litanie grave, à la portée incertaine. Oui, elle serait sans doute parfaite à ses côtes. Non, elle se fichait des conséquences. Il s'était déjà retourné contre elle une fois et à présent, elle récoltait ses baisers et ses caresses. Mais la balafre en travers de son minois l'élançait encore, suffisamment pour lui rappeler que leur jeu n'était pas innocent.
La belle entrouvrit les lèvres, d'où s'extirpèrent un souffle chaud, expiré avec emballement, alors que son redoutable adversaire dévalait ses courbes. La démone enfouit ses mains dans la tignasse brune coupée court, imposant à son tour sa présence et son contrôle, peu désireuse de demeurer passive. Il aborda la petite niche de son bassin, qui devint un écrin à baisers, avant d'être investi par sa langue, terriblement suave. Il allait la goûter. Il lui offrait là un avant-goût de ce qui allait se passer, un entracte avant d'entamer la vraie performance. Et dieu que c'était bon... La féline rejeta doucement la tête en arrière, tendue, préparant son corps à recevoir l'onde de plaisir qui ne tarderait sans doute pas à la submerger, tendrement prodiguée par sa bouche, et sa langue. Cette amorce en la matière suffisait à électriser tous ses sens. Il était si proche de son sanctuaire qu'il pouvait sans doute en respirer le parfum, entêtant et capiteux.
L'impudente baissa les yeux assombris par son désir sur son tortionnaire, puis déglutit. Il explora alors l'intérieur de ses cuisses, et le rivage de son intimité, humide. Il pouvait la sentir se cambrer doucement entre ses mains, et contenir l'impétuosité de son envie, martyrisant pour cela ses propres lèvres sous ses délicieux assauts. Elle menaçait de s'embraser entre ses doigts. Heureusement, le Duc se décida à mettre le feu au poudre. Elle tremblait presque, fébrile, lorsqu'il exhiba la bille gonflée d'excitation de son sexe, toute imbibée d'un ardent désir.

" Mmmm..-..aaa..aaAAAh... "

Mélisandre crispa brusquement ses doigts dans sa chevelure, s'enflammant d'un coup, incapable de retenir le gémissement de délivrance. Son cœur galopant satura ses veines de sang bouillonnant, sous le simple effet de son coup de langue. Le carcan des mains masculines, sur elle, décupla l'épanouissement de son frisson d'assoiffé. Un nouveau regard, enivré cette fois, pressa son geôlier de l'abreuver de plaisir. Encore.
La redoutable féline gémit encore, se consumant sous l'effet de cette fièvre extatique qu'entretenait la cadence du démon, impitoyable. Sa peau cuivrée, moite et scintillante, se couvrit de reflets mordorés.

" Aaah-h.h.... oui-.... mmhm-f... "

L'Indocile jeta un regard troublé dans le couloir, où elle reconnut la silhouette naissante du tavernier, grimpant les escaliers, comme il ramassait les pièces. La chambre puait le sexe à plein nez et pourtant, elle parvint à distinguer l'odeur de peur qui tenaillait le brave homme. D'ailleurs, il tenait son molosse par sa chaîne, épaisse, qui cliquetait au fur et à mesure que le duo avançait. Son petit seigneur avait dû lui foutre une sacrée trouille en débarquant -comme à elle, cela dit. La gémisseuse attendit qu'il soit à portée de voix, toute frémissante qu'elle était, comblée par son amant.

" Ehh-... mmh-... "

Elle passa la langue sur ses lèvres, luttant contre le plaisir qui tendait à disperser son esprit et à l'éparpiller dans la nébulosité de son tourment, divin.

" Amène-n ... aaa-h... n-nous... mmh... un verre de l-lait... aamph... ton meilleur alco- AAA-h... et un torchon -r-rouge... mmm-aaah... "

Il fallut peu de temps au tenancier pour remonter, plateau en main, chargé de la commande, toujours accompagné de son chien. Mélisandre referma sa poigne sur la tignasse de son persécuteur, ondulant au rythme de sa langue, virevoltante, l'enjoignant à ralentir son traitement, resserrant les cuisses.
Elle désigna la table de chevet du menton. Le cuistot s'arracha alors à la contemplation du tableau pour s'exécuter. Après quoi il sortit de la chambre, entraînant le cabot grondant à sa suite, tout en continuant à se baisser pour récolter les pièces, disséminées.

" J'ai soif... " souffla la belle à l'intention de son superbe amant, cherchant à se défaire de la délicieuse étreinte.

Elle tendit les bras vers la petite table, s'étirant au maximum, arquant son dos, pour finalement atteindre les deux coupes. Elle les ramena vers eux, et présenta le verre de bourbon au mâle, avant de jeter un oeil furtif vers le torchon rayé de rouge délaissé sur le plateau.

" Trinquons, " lança-t-elle avec un petit sourire, toute essoufflée, les joues empourprées.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le jeudi 31 octobre 2013, 17:53:37
Elle s'assit. Les fourmillements dans son bas-ventre ne s'apaisèrent pas, ou peu, comme elle l'avait pourtant imaginé en se détachant de lui. De légères contractions titillaient encore ses entrailles, vicieuses, l'obligeant à fournir un effort supplémentaire pour ne pas renverser le contenu des deux verres. Elle se forçait aussi à travailler sa respiration, laquelle ressemblerait à un halètement licencieux et suffocant si elle n'avait pas mis un point d'honneur à la contrôler. Par-dessous tout, elle s'attachait à ignorer les petits frissons de son intimité délaissée, moite de désir, aussi ouverte et épanouie qu'une fleur gorgée de soleil et d'eau.
Mélisandre cligna des yeux, deux fois, face à la mauvaise humeur naissante de son partenaire, s'interrogeant. Est-ce qu'elle le prenait pour un con ? L'effrontée  arbora pour l'occasion son sourire le plus hypocrite. Elle prit le temps de rabattre la frange qui lui tombait sur les yeux malgré ses deux mains encombrées, épongeant son front à l'aide de son avant-bras :

" Non. Mais au fond vous devez certainement l'être pour croire que j'ai l'intention de vous sucer la b-.. EEEH ! "

La protestation avait surgi brutalement comme la moitié des deux coupes venait de se répandre sur elle, cela sous l'impulsion de ce qu'elle avait d'abord pris pour une accolade abrupte de la part du diable. Elle darda un regard plein de reproches dans celui du beau mâle, puis elle approcha le verre de lait de son visage, dans la ferme intention de noyer sa contrariété, mais il disparut avant même de toucher ses lèvres, en même temps que le reste, d'ailleurs. Cette fois... c'était trop.
Mélisandre inspira à fond, mâchoire crispée, laissant lentement retomber ses paumes vides sur ses genoux maculés d'alcool et de lait. Elle suivit le dangereux Duc du regard, ne contenant son indignation coléreuse qu'à grande peine. Un tressaillement discret la traversa lorsqu'il frotta doucement la tige érigée de son sexe, dont elle devinait parfaitement les contours sous le textile du boxer. Menace latente ?
Résistant contre l'envie de se tortiller pour apercevoir ladite rune, Mélisandre mordilla sa lèvre, renfrognée.

" Vous avez raison de vous méfier de moi, " rétorqua-t-elle avec un mépris non dissimulé, les pupilles réduites à deux fentes hostiles.

Le démon l'attrapa sans prévenir, l'attira à lui, puis la fit tournoyer, désamorçant sa colère un court instant. Désorientée par son geste, la belle se laissa faire, virevoltant avec cette grâce incomparable, assortie à la souplesse féline d'une femme à l'aise dans son corps. Le tracé qu'elle décrivit se termina néanmoins sur les genoux de son amant, brusquement. Si elle s'était sentie grisée un instant plus tôt, l'Indocile goûtait désormais à l'amertume de ceux qui viennent de se faire berner. Elle se crispa, prisonnière, à nouveau, terriblement inconfortable.
 
" Ne vous avisez surtout pas... " grinça-t-elle entre ses dents, frémissante d'angoisse et de fureur à l'idée qu'il pouvait seulement envisager de faire ça.

Comme à chaque fois qu'il la touchait, Mélisandre frémit, transportée par l'extase d'une vague de châleur. La paume chaude et virile cajola son cul d'une façon indescriptible, qui la fit se cambrer doucement, pareille à une chatte jouissant de caresses bien agréables. Jusqu'à  ce que la première claque survienne, du moins.

" Aaa-ïee ! " protesta-t-elle, suffoquée.

La punie gronda, plantant sauvagement ses ongles dans la jambe de l'éphèbe en guise de représailles. Assiégée par l'humiliation, elle baissa la tête, dissimulant son visage sous la cascade moirée de sa crinière. Mais il arpentait si bien son corps, caressant son dos et ses cheveux, effleurant l'intérieur de ses cuisses avec tant de volupté qu'elle sentit les prémisses de l'orgasme s'emparer d'elle. Chaque fessée se répercutait en ondes charnelles et délicieuses, électrifiant tout son être. Elle se tortilla doucement sur ses genoux, fiévreuse et palpitante, disputée entre la douleur cuisante du châtiment et la sensation d'enivrement, puissante et impérieuse. Un petit filet humide ruisselait de sa fente jusqu'aux genoux de son tortionnaire. Mélisandre secoua la tête, s'essoufflant à force de refuser à son corps les affres de la jouissance. Elle était pareille à une funambule, suspendue au-dessus d'un gouffre. Il s'agissait d'une longue agonie dont la délivrance ne viendrait qu'avec cette jouissance, imminente, mais qu'elle s'efforçait de repousser, définitivement trop fière pour fléchir, là, sur ses genoux.

" De grâce... je-.. je vais... "

Jouir. La jeune femme jeta une œillade implorante par-dessus son épaule, éperdue. Un long gémissement s'échappa d'entre ses lèvres. Elle haletait, tiraillée entre son besoin d'abdiquer et son orgueil.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le vendredi 01 novembre 2013, 00:39:15
Mélisandre hocha fébrilement la tête, accrochée au regard du grand Duc. Oh oui, elle allait jouir, et pas qu'un peu ! Avait-elle déjà été autant à la merci d'un homme qu'en cet instant ? Sa mémoire de démone fut catégorique : jamais. Ce constat aurait dû l'aider à lutter avec plus d'acharnement, mais la jeune femme était gangrénée par l’obsession de jouir, à présent. Du reste, son cul l'élançait trop pour qu'elle puisse se permettre d'autres échauffourées avec son persécuteur. Elle n'était définitivement pas en position de rivaliser, cette fois. Les claques lui soutiraient des gémissements de plus en plus passionnés, douloureusement exquises.

Jouis.
L'ordre, péremptoire suffit à la faire basculer dans l'overdose de plaisir. Elle capitula d'emblée, vibrant avec violence contre lui, comme si elle n'avait fait qu'attendre son feu vert pour imploser.

" MMM--..m..h...f.f.... AAAA...a..AAAH ! "

Il introduisit sa main entre la chaleur torride de ses cuisses pour la tourmenter encore et s'assurer de lui arracher l'orgasme, précieux sésame. Ce dernier s'éternisa sous ses caresses, dévastateur. Elle ferma les jambes, dans une vaine tentative de repousser l'assaut, à bout de souffle, tremblante. Mais le beau diable la terrassa sans peine, alors que sa paume émettait des bruits de succion évocateurs, pour ne pas dire franchement obscènes contre sa fente, inondée. Le plaisir devenait une épreuve, insoutenable.

" Aaaa-h.... AAASSEZ ! "

L'Indocile avisa le visage du séduisant brun, peinant à reprendre pied, hors d'haleine, encore allongée en travers de ses genoux. Pour la première fois, elle avait sciemment baissé les armes. Elle s'était abandonnée entre ses mains chaudes, sévères mais tendres. La donzelle se pourlécha doucement les lèvres, les pupilles dilatées et sombres. Le fiel de l'humiliation se mêlait au miel des retombées de sa jouissance, tempérant les pénibles répercussions de la punition. Elle se promit d'être plus prudente, à l'avenir. Moins insolente, peut-être. Ou du moins de manière moins ouverte.
Le bel arrogant la délivra pour l'étendre sur le lit, ce qu'elle fit, heureuse d'échapper à son autorité un moment, non sans surveiller ses faits et gestes, farouche. Elle le dévisageait, de cet air ombrageux et félin qui la faisait paraître si sauvage. Elle semblait le mettre au défi d'oser la toucher encore. Ce qu'il n'hésita pas à faire, cependant, du bout des doigts. La sauvageonne se mordit la lèvre tandis que son dos se creusait sous l'indécente caresse de son amant. Un frisson la secoua lorsqu'il atteignit la naissance de sa croupe, sensible et écarlate. Mmmh... Trop pour qu'elle n'admette le moindre contact sans broncher. Heureusement, il se retira, et elle continua à l'épier, lovée dans les draps, encore sous le coup de son dernier orgasme.

" Un peu trop dur à mon goût, " fit-elle remarquer en glissant un regard circonspect sur la verge, vaillante, et, il fallait l'admettre, assez impressionnante vue sous cet angle.

Son cœur s'emballa encore comme il approchait dans une posture résolument dominante, titillant la vanité de la belle. Le regard du puissant mâle pesait toutefois sur ses épaules, suffisamment autoritaire pour qu'elle se tienne tranquille.

" Mmmmh... "

La captive sentit l'extrémité de son mandrin s'immiscer en elle, galvanisant tout son petit corps. Un gémissement lascif au bord des lèvres, Mélisandre profita de sa lucidité presque intacte pour sourire en douce, à l'écoute de son diablotin. Voilà qui la ravissait.

" Laissez-moi venir sur vous... " glissa-t-elle à son tour, parfaitement immobile, à peine empalée sur son chibre.

Sa voix comportait des notes de malice, mielleuse. La capricieuse se tira légèrement en avant, rompant le contact brûlant de leur intimité, au risque de susciter l'irritation de son petit seigneur. Elle pivota, de façon à s'allonger sur le dos, face à son amant. Là, elle apposa ses deux paumes sur le torse musculeux, et poussa, l'incitant à se redresser pour s'asseoir -ou mieux, s'allonger. Tandis qu'elle le fixait, ses prunelles abritaient l'impérieuse résolution de repasser aux commandes.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le samedi 02 novembre 2013, 23:45:21
" J'attends l'exercice pratique avant de confirmer, " provoqua l'affriolante indécente, répliquant par un regard mutin à son ton désinvolte.

Il s'installa au-dessus d'elle, place qu'il devait affectionner à sa juste valeur puisque sa douce et tendre en était privée. Sa virilité buta contre son petit puits humide, comme pour affirmer sa suprématie masculine, qui, aussi détestable qu'elle pouvait la trouver, ne tarda pas à appliquer des caresses tellement délectables le long de sa fente qu'elle oublia l'espace d'un instant de guerroyer. Un soupir bienheureux quitta ses lèvres alors que sa chatte jouissait de la sensibilité toute émoustillée de ses chairs rosées, parcourues de petits frissons chauds et moites au contact de sa queue. Ils se propageaient dans son bas-ventre en réveillant les échos de sa jouissance, remuant les braises de sa passion. La jeune femme aurait pu se laisser masturber ainsi une longue, longue éternité, à éprouver tous les délices de ce chibre contre sa féminité. Sentir son gland glisser à la rencontre de son clitoris et entrouvrir ses lèvres intimes était à la fois euphorisant et odieusement tentateur. Il aurait fallu d'une simple poussée à son amant pour la pénétrer et mettre un terme au supplice, pour démontrer son hégémonie sur la féline, et elle, son impuissance. La cyprine badigeonnait son membre roide sur toute sa longueur lorsqu'elle imposa à son partenaire l'interruption de leur échange, tyrannisant leur désir respectif, tant qu'elle le pouvait encore.
Mélisandre sourcilla à la réplique de son tendre tortionnaire, vaguement amusée. Leur joute s'était entamée dès l'instant de leur rencontre et elle ne voulait toujours pas lui concéder la moindre victoire sur elle sans qu'il ne la lui réclame avec ses mains, sa bouche, son corps ou sa verge.

" Et voilà longtemps que je m'arroge les droits qu'il me plaît d'avoir. "

Il était fort. Si fort -d'une manière qui rendit sa tentative risible et dérisoire. Il ne manquait que la force oui à la belle pour échapper à son emprise et... de plus en plus, la volonté, aussi. Il se pressa contre elle, contre sa poitrine aux mamelons durcis, contre son ventre chaud, et ses lèvres, gourmandes. Les deux démons partagèrent l'intensité d'un baiser, concupiscent, d'autant plus charnel qu'elle savait qu'il allait bientôt la posséder, et qu'importe si elle luttait, il viendrait la conquérir, en dépit de toutes les barrières qu'elle dresserait entre eux. C'était ce que signifiait son corps viril contre le sien, vulnérable, tandis qu'ils s'embrassaient avec fièvre.
A présent sur le ventre, l'Indocile brûlait de cette excitation impatiente de voir les rôles être enfin attribués. Elle n'aurait plus à batailler une fois qu'il s'emparerait d'elle, car lui ne lui laisserait qu'un seul choix, celui d'abdiquer. Mais était-elle vraiment tenue de le faire... ?

" Ma place n'est certainement pas au bout de votre chibre, mais libre à vous de le penser ou d'essayer de me le faire croire, "souffla-t-elle à son tour, électrisée par les paroles du beau diable et la bouche qui agaçait son oreille.

Mélisandre sentit une salve de mouille irriguer les cannelures luisantes de son intimité comme ses mains puissantes la firent se cambrer sous lui, offrant son cul aux initiatives de sa virilité qu'elle devinait turgescente de désir et impérieuse. Elle tressaillit, hantée par la certitude qu'il lui ferait dès à présent au moins autant de cadeaux qu'elle, c'est à dire aucun. Résistant contre l'envie de surveiller la progression de son mandrin, la captive fixa un point sur le mur d'en face, assiégée par la nervosité, alors que l'inéluctable allait se produire d'une seconde à l'autre, la délivrant de l'attente et l'assujettissant à ses instincts. Puis elle sentit son membre gagner du terrain en se glissant en elle, investissant l'étroitesse de sa petite caverne aux merveilles.

" Mmmmm-..aa..h... "

L'insolente se cramponna à la tête du lit, emportée par une vive décharge de plaisir qui l'irradia toute entière. Il la tenait, fermement, l'empêchant de se soustraire aux assauts inflexibles de sa queue épaisse. C'était bon. A un point qui frisait l'intolérable.
L'Indocile rejeta la tête en arrière pour gémir son désarroi, le regard embrumé, le visage marqué par le plaisir d'être comblée au plus profond. C'était un doux châtiment, que d'être conquise de la sorte. Son dos se creusa davantage pour s'offrir à l'intrusion lubrique de sa verge en elle, laquelle lui prodiguait de voluptueuses sensations, à chaque poussée. Elle se mit à onduler entre ses mains, entamant une danse sensuelle sous les yeux de son persécuteur, prenant plaisir à se contracter autour de son mandrin pour lui faire éprouver tous les reliefs de son intimité. Elle venait au contact de son bassin, imprimant le rythme plutôt que d'en laisser le choix à son amant, optant pour une cadence lascive, lente et émotive.

" Ha-nn.. c'est un a-aah... autre moment... que j'attends... mmmh... " fit-elle l'effort d'articuler, aux prises avec son allégresse, d'une intonation séditieuse et hachée.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le dimanche 03 novembre 2013, 21:09:20
Sigmund Leterfroy.

Un riche négociateur comme Sigmund Leterfroy n'admettait pas de voir sa cargaison se volatiliser en pleine nature. Des années qu'il faisait transiter des caravanes d'esclaves de tout le royaume jusqu'aux portes d'Ashnard, et jamais un seul de ses biens ne s'était sauvé sans être repris et dûment châtié dans les heures suivantes. On n'échappait pas à Leterfroy. Alors, entrevoir la possibilité de voir sa réputation ternie par les frasques d'une catin de bas étage, une esclave insignifiante, sans envergure ni avenir, une femme esseulée et sans ressources, l'insupportait au plus haut point. Dire qu'il l'avait dorlotée, sur le trajet des landes, en échange de son petit cul. Mélisandre. Rien qu'évoquer son nom faisait resurgir la bile de son aversion, dans sa bouche. Mais il ne devait pas laisser à son imagination la possibilité de divaguer sur la manière dont il lui ferait passer l'envie de lui fausser compagnie. Non. Elle n'était pas assez stupide pour qu'il se permette d'être oisif. Pas s'il voulait passer à son adorable petit cou le collier de chienne qu'elle méritait.
Il avait fait surveiller plusieurs sorties de la ville par ses hommes, et en avait dépêché d'autres sur ses traces. La garce chercherait sans doute à quitter Ashnard au plus vite afin de mettre le plus de distance possible entre elle et lui. Il ne pouvait que lui donner raison, à cette petite greluche. Mais l'affaire traînait. Bien trop à son goût. C'est pourquoi il s'était lui-même mis à sa recherche. En personne. Pute. Il la connaissait assez pour savoir que ce ne serait pas de trop, d'encadrer la bande d'incapables qu'il se farcissait. Aucun d'eux n'avait su lui dire par quel miracle elle était parvenue à détaler. Rien à foutre. Parce qu'il tenait enfin une piste. Une piste des plus concluantes.

" Quel con, " déclara Leterfroy en décochant un coup de botte dans la carcasse du Terranide à moitié enseveli sous la paille.

C'aurait dû l'étonner. Peut-être le sidérer. Comment diable avait-elle pu faire ça ? Car c'était la son fait, il en était persuadé. Mais la satisfaction avait supplanté le moindre sentiment de stupéfaction, car il touchait au but -il le sentait. Les chiens jappaient, surexcités, et tiraient comme des forcenés sur leur collier. Sigmund se retourna vers les quatre mercenaires et leur fit signe de remonter la piste sur laquelle se jetèrent les limiers, d'un même élan furieux.



Pendant ce temps Mélisandre goûtait à toute la puissance virile déployée par son partenaire. Elle le sentait revendiquer son corps, à chaque fois que son sexe s'enfonçait en elle, implacable et dur, dégageant un passage étroit et humide en elle. Il la désirait, avec ardeur, et le lui montrait de la façon la plus bestiale qui soit. La belle avait sous-estimé la dimension de son mandrin, cependant. La sensation diffuse d'être doucement mais surement écartelée à son passage, surtout lors des premières limées, contribuait à la faire vibrer aussi intensément. Heureusement son geôlier l'avait fait jouir d'une façon diablement efficace tout à l'heure, lubrifiant ses parois, désormais souples et accueillantes pour son chibre, rendant l'insertion moins éprouvante qu'elle aurait dû l'être.

" Aaa-.... mmm...a.aa..a.. ! "

La captive encaissait les pénétrations qui se convertissaient en décharges jouissives, enflammant sa peau, ses sens, son ventre. Il s'appliquait à ramoner son intimité et à soutirer des gémissements érotiques à sa bouche bruyante, laquelle ne tarissait pas de petits cris d'aise, à chaque assaut de son bassin. Elle se sentait prisonnière. Du démon et du plaisir qu'il lui infligeait.


Sigmund Leterfroy

Comme les portes restaient obstinément closes, malgré ses imprécations et ses sommations péremptoires à l'encontre du tenancier, il ordonna à sa troupe de simplement les défoncer. Un y alla à la hache de guerre, un autre à coups de pieds, le troisième à la masse. Le dernier quant à lui contenait l'ébullition frénétique des chiens au bout de leur laisse. Sigmund se prit à rêvasser, au rythme des heurts, lourds et répétés, tandis que le bois émettait des geignements sourds, sur le point de céder. Elle devait forcément être là. Son flair et celui des limiers ne pouvaient pas se tromper. Oh, comme il avait hâte de la revoir...



La diablesse émit une note plaintive, accompagnée d'une œillade réprobatrice par-dessus son épaule, les muscles gainés comme son amant venait de la gratifier d'un coup de rein véhément. Leurs ébats se poursuivaient, et ses courbes féminines s'esquissaient sous une pellicule de sueur dont les reflets luisants voguaient sur les ondulations lascives de son corps possédé. Derrière elle, le démon s'était laissé emballer par une fièvre frénétique. Il la pilonnait, sauvagement, animé du besoin primaire de la sentir capituler. La belle haletait, submergée par les offensives fougueuses. La queue du Duc limait sa chatte, sans répit ni retenue. Il n'était plus question d'apprivoiser mais bien de dominer, et à vrai dire, il était en passe d'atteindre son objectif, tant ses coups de boutoir éprouvaient la résistance de Mélisandre. Cette dernière tressaillait, comblée et disciplinée par son dard, acculée aux portes d'un plaisir indicible, métissé de révolte, de désir, de peine et d'asservissement.
Redressant la tête à cause de sa poigne autoritaire sur sa chevelure noire, elle s'offrit davantage encore à son traitement, contrainte de se cambrer et d'essuyer la cadence endiablée des pénétrations. Il l'investissait en profondeur, faisant peser sur elle tout le poids de son hégémonie, brisant sa volonté en même temps que sa fierté.
Mélisandre gémit plus fort, les prunelles dilatées, à l'exemple de son intimité brûlante, incapable de formuler l'indignation farouche que lui inspirait chaque fessée sur son cul déjà rudoyé. Son corps ne lui appartenait plus. Sa conscience aliénée se focalisait sur le bâton de chair qui la ramonait, et autour duquel elle se raidissait, éperdue, étourdie de plaisir.

" aaa.. aa-..A..AAAAh ! "




Le cri d'extase galvanisa Leterfroy qui poussa à son tour une clameur jubilatoire au bas des marches, reconnaissant le timbre de voix.

" Aaaah... Là haut ! "

D'un geste nonchalant il ordonna à un des hommes de s'occuper du tavernier réfractaire et de son molosse rugissant au rez-de-chaussé, puis gravit les escaliers, flanqués des trois autres, lentement, patiemment. Maintenait qu'il la savait toute proche, se presser ne rimait à rien. Il préférait savourer. Bientôt les retrouvailles, ma jolie.

" Ca ne m'étonne pas de toi, je dois dire, mais j'admets que tu me déçois beaucoup. "

Sigmund se tenait dans l'encadrement de la porte -laquelle gisait encore contre la cloison de la chambre, béante, presque sortie de ses gonds. Il adossa une épaule indolente contre le mur, souriant, comme il était de bon ton de l'être lorsqu'on parvenait à ses fins. Le reste des mercenaires campait derrière lui, se régalant du spectacle, obscène.

" Tu me le présentes ?  demanda Leterfroy d'un ton caustique, faisant glisser ses iris sur le grand brun. C'est ma marchandise que tu baises, " ajouta-t-il, glacial.

Sale raclure de merde. Il se dispensa néanmoins de le spécifier haut et fort, préférant une issue diplomatique, profitable à tous. Sauf à toi, peut-être, ma petite garce. Après tout, il restait un négociant, et il n'avait pas manqué de remarquer le magot dispersé au pied de leur lit. Dès lors il se mit à considérer l'homme d'une façon moins austère, et plus intéressée, fort de l'assurance d'être le plus intimidant, et donc le plus influent, dans ses démarches.

" Elle est mignonne, hein ? Tu m'en donnes combien ? "

Il esquissa un petit pas de côté, parfaitement innocent, laissant entrevoir aux amants la menace tacite de ses hommes, armés jusqu'aux dents.
Mélisandre peinait à rassembler les morceaux éparses de sa lucidité. Elle n'avait pas même trouvé la force de s'étonner de la présence presque surnaturelle de l'esclavagiste. Néanmoins son offre la fit brutalement atterrir. Elle s'empressa de plaquer sa paume contre la bouche du diable pour le bâillonner, et prendre la parole à sa place, encore traversée de frissons lubriques :

" Mmhf... C'est ... mmphf... mon or que v- mmmf.. vous... voyez là. "

Pour une fois, ce n'était pas complètement faux. Elle ne l'avait pas volé -son petit seigneur le lui avait donné. Elle s'appliqua à reprendre son souffle avant de poursuivre :

" J'achète ma liberté. 30 000 pièces d'or, " déclara-t-elle, pleine d'aplomb, en dépit de sa situation relativement précaire.

Bon. Elle n'avait pas fait le compte, mais il devait bien y en avoir assez.

" T-t-t... Tu vaux - .. " commença son interlocuteur, derrière son sourire mielleux, avant qu'il ne soit brutalement interrompu par l'Indocile.

"... pas un sou de plus. Les fugitives balafrées sont rarement un produit très recherché, " riposta-t-elle en redessinant le sillon de l'estafilade, sur son visage.

" Et si on laissait à ton ami l'opportunité de donner son avis ? "

La jeune femme inspira doucement, en jetant un regard appuyé au concerné. Ombrageuse. Elle ressentait encore la chaleur troublante de son corps blotti contre le sien.

" Je doute de lui convenir. Il préfère les bonnes petites soumises, " asséna-t-elle avec un sourire en coin, moqueuse. " 30 000 ou rien ! "
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mardi 05 novembre 2013, 00:07:06
Mélisandre s'incurva sous l'impulsion du démon, pliant son corps à la volonté de son assaillant, dont la poigne ferme cramponnait toujours la crinière dense de la diablesse. Il asseyait son autorité, et elle peinait à se débattre contre l'ennemi invisible qui rampait partout sur sa peau nue, l'accablant d'aise et de peine, qui investissait ses membres et ses entrailles comme un doux envahisseur à chaque fois que l'homme venait en elle et que sa bite buttait au fond de son puits humide. Le plaisir s’immisçait dans les moindres recoins de son anatomie, et tenter d'endiguer sa progression se résumait en somme à une vaine tentative motivée par sa fierté, elle-même bien vite balayée par les affres de son tourment. Pourquoi le nier ? Il entendait la posséder, et il y employait toute sa personne, se jetant dans la mêlée avec une hargne guerrière. La jeune femme était réduite à l'impuissance, subissant ses assauts répétés, et seuls ses ongles, férocement enfoncés dans le bois du sommier, manifestaient encore sa lutte acharnée. Son corps dépravé la trahissait hélas, empalé sur sa verge, offert aux vices et aux caprices du grand mâle, outrancièrement gorgé du plaisir pervers d'être conquis par sa puissance virile. Sa bouche se faisait gémissante et son bassin dévergondé, ondulant fiévreusement pour réclamer d'être baisé. Le conquérant voulait régner, en maître incontesté et incontestable, affirmant sa suprématie sous ses coups de boutoirs, brutaux. Le dernier bastion de la résistance résidait dans l'esprit de la belle, dont la volonté faiblissait, au fur et à mesure qu'il la limait, la mettant au supplice.

" RR-aaah.... AAAh..a.h... mm...-...aaa.... "

Un grondement rauque s'échappa d'entre les lèvres de la captive, répondant à la fessée administrée par la main rustre du beau diable. La claque réveilla sa nature d'indomptée et elle referma ses doigts sur le poignet de son persécuteur, enfouit entre ses mèches sombres, trop éprouvée par la baise sauvage toutefois pour espérer seulement la déloger de là. Elle le griffa, emportée par la fièvre de son traitement, incapable d'interdire à son propre corps les spasmes impudiques qui la faisaient ondoyer sur son mandrin. Elle se serait sans doute affaissée s'il ne l'avait pas tenue aussi fermement, la maintenant en place, présentée à son plaisir et à sa queue, laquelle la fourrait impitoyablement, encore et encore, l'amenant au bord d'une félicité de débauche.

" S-salaud ... mmmm-..a.a.h... !  " parvint-elle à articuler, dans un soupir grisé, les prunelles enflammées, en guise de répartie.

Il la caressait, flattant la cambrure de son dos et l'arrondi de ses formes, éminemment féminines. Les bras de la féline tremblaient, comme ses cuisses d'ailleurs, menaçant de la faire s'écrouler sur les coudes, ébranlée par la folle chevauchée. Mais elle restait courbée, prisonnière, le cul bombé, redressé par la courbure de son échine, maintenue ainsi par l'autorité implacable de la poigne du Duc, dans sa crinière. Sa chatte proprement ramonée laissait perler l'afflux de cyprine, mouillant l'intérieur de ses cuisse et faisant retentir dans la chambre d'obscènes claquements mouillés.

" a.a.a..-..aAAH .. ! "

Elle releva à peine les bruits sourds du rez-de-chaussé, subjuguée par les vagues ardentes qui noyaient ses sens et sa raison, alors qu'elle demeurait complètement exposée à leur déferlement incessant, son intimité s'ouvrant et se refermant au passage de sa virilité, en un port violé, à la dérive.
Encore une claque. Cette fois l'orgasme faillit survenir, violent. Il grésilla  au creux de son ventre, sur le point d'éclater, pernicieux, en un tourbillon abyssal. Mais l'Indocile se fit violence pour le contenir, et ses efforts furent courronnés de succès, la vision impromptue de Leterfroy et de ses hommes ayant stimulé sa détermination. Non, pas comme ça, pas maintenant !

" Mmm..a.a.. a.ampf "

Son regard enfiévré toisa l'assemblée, comme son cavalier exhibait le masque exalté de son visage (comme le reste d'ailleurs) à leur concupiscence, emplissant sa captive d'un sentiment de mépris inégalé jusque là. Un mépris qui l'aida à neutraliser le brasier de son corps éprouvé. L'Indocile gémit, invaincue, encore habitée d'un semblant de dignité et de rage, rage d'être saillie de la sorte, face à ce public dégradant. Elle bloqua la fluidité de son déhanché, pour seulement se raidir, essoufflée, sur son chibre, puis crisper ses doigts autour des bras puissants de l'infernal, refusant d'apparaître comme une bête domestiquée. Mais l'effrontée continuait à vibrer contre lui, chaque fibre de son corps s'accordant sur la certitude de l'instant : elle le haïssait.
C'est donc frémissante de colère qu'elle le réduisit au silence en prenant la parole, surmontant ses instincts pour les plier à sa volonté retrouvée. Évidemment, le ténébreux seigneur ne manqua pas de le lui faire payer, et sa bite, rudement enfoncé en elle, lui soutira plusieurs plaintes indécentes qui ravirent l'auditoire. De toutes ses forces, elle repoussa à nouveau les prémisses de sa jouissance, se concentrant sur son plaidoyer.
En pure perte.

" NON ! "

Mélisandre sentit une clameur atterrée se coincer dans sa gorge en entendant l'offre du diable. Elle secoua la tête, sombre, puis franchement écœurée en regardant les esclavagistes partir sur cette dernière transaction. Déjà, l'étalon lui faisait goûter l'amère déception de sa défaite en l'enfilant sur son chibre, à nouveau, sans la ménager. Ils s'emboitaient si bien, avec tant d'aisance, que son aine claqua directement contre sa croupe, et l'orgasme qui s'était cristallisé dans son bas-ventre se déchaîna.

" M-m... h-.aa.a.AAAAh...-.bor... DEL... ! "

La jeune femme jouit, sans pouvoir faire autre chose que de sentir tout son être palpiter furieusement autour de cette verge, secouée de contractions spasmodiques et divines. Les ondes de plaisir pillèrent le moindre soupçon de résistance dans son corps, lequel s'abandonna, jouissant sans retenue, ravagé par l'intensité de l'orgasme. Tandis qu'elle se faisait emporter loin sur les rivages de la jouissance, la féline jeta un regard plein d'insubordination au démon, résolue à lui faire payer ses affronts. Mais pour le moment, elle n'était pas en mesure de parler. Seulement de gémir, et de trembler, les mains refermées sur les draps, coléreuse et rancunière.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mardi 05 novembre 2013, 21:57:26
Mélisandre se tordait langoureusement sous le grand Duc, irradiée par l'intensité subite de son orgasme. Les draps étaient chauds et moites sous le couple, à l'image du corps alangui de la féline. Tout en se tortillant dans sa prison charnelle, la belle sentit l’irrégularité d'une forme ronde près de sa main, qu'elle enveloppa discrètement dans sa paume, reconnaissant  le contact du cuir. La bourse. Vide et éventrée. Elle la ramena près d'elle, tremblante, complètement vannée. Les mots du dominateur résonnaient dans la brume de son esprit. Ils prenaient presque forme, aussi affûtés qu'une lame, et incisaient cruellement les lambeaux de sa fierté.
La jeune femme entrouvrit légèrement les lèvres, le regard éteint, détourné de celui de son bourreau. Elle peinait à appréhender la réalité, tout en fixant la table de chevet, sur-laquelle reposait une lampe à huile asséchée. Elle peinait à se convaincre qu'elle avait joui, violemment, sur son dard, entre ses mains, et qu'à présent il continuait à la profaner en traînant sa dignité dans la boue, et qu'elle ne faisait rien, RIEN contre ça. Était-elle si lâche, si misérable, pour le laisser lui extorquer ces gémissements plaintifs, sans même lui opposer le début d'une résistance ? Avait-elle renoncé ? Pouvait-elle s'y complaire au point de capituler et de se trahir ?
L'Indocile mordit violemment son poing pour s'empêcher de geindre. L'imposant chibre ratissait sa chatte, sans relâche, ni répit, la faisant frémir convulsivement. Ses chairs intimes s'échauffaient au fur et à mesure des va-et-vient qui se succédaient à une cadence infernale. Elle était brûlante. Et si sensible. Chaque fois qu'il la pénétrait, elle sentait son corps se contracter et ses abdos se gainer pour encaisser l'afflux de plaisir, qui n'en était plus vraiment. Le dessin de ses muscles saillait sous sa peau ambrée, luisants de sueur, comme ils travaillaient de concert avec la musculature de son amant, en une succession éprouvante d'allers et venues. Son traitement devenait toute bonnement intolérable. Jamais elle n'avait imaginé pouvoir être possédée si fort, si vivement, avec tant d'acharnement, de désir et de violence.

" mmh...-mmhf.. a- ! "

Elle étouffa un nouveau gémissement. Son cul la cuisait, rouge, palpitant. Pourtant il le harcelait de claques aussi douloureuses que dégradantes. L'impudente serra les dents, déterminée à ne plus lâcher un seul son, puis entreprit de défaire le lacet de cuir de la bourse, tandis que le redoutable diable poursuivait sa besogne en la pilonnant, vociférant des paroles qu'elle s'attachait désormais à engluer dans son indifférence.
Faire un nœud coulant réclamait de la précision, ce que ses doigts fournirent avec beaucoup de difficulté sur la cordelette. Son corps sans cesse cahoté de frissons fiévreux se faisait bousculer par le démon, lequel s'appliquait à la bourrer, proprement. Heureusement la perspective jouait en sa faveur et ses manigances demeuraient indécelables, à l'abri du regard orangé. Les nœuds coulants, elle en avait fait des tas, par le passé -c'était ceux là qu'on utilisait pour le bivouac à cheval. Aussi parvint-elle à ses fins, à force de volonté, tenant au creux de sa main un petit collier en cuir, d'une dimension miniature.

Mélisandre devina, à la fébrilité du puissant mâle, qu'il était sur le point de jouir. Son chibre tressauta avant de se vider dans son intimité. Elle se statufia alors une poignée de secondes, haletant doucement, le coeur battant -dans l'expectative peut-être d'une caresse, d'un mot encourageant, d'un baiser d'amnistie suite à cette baise impitoyable. Mais ces quelques secondes ne furent rien de plus au final que le temps nécessaire à l'infernal pour reprendre son matraquage, au grand désespoir de la donzelle, qui sentit l'amertume succéder à l'espérance.

" Non... " souffla-t-elle à son persécuteur comme elle sentait sa poigne s'emparer de son cou, soulignant son nouveau statut, mortifiée de honte.

Une fessée bien sentie la fit trembler sous lui. Il se pensait définitivement maître de la situation. C'est le moment que tu attendais.
Mélisandre jaillit de sa torpeur, le regard noir et opaque, résolue comme au premier instant de leur rencontre. Elle jeta son bras sur la lampe à huile du chevet, et la brisa contre le mur avant de la laisser choir dans un bruit de verre. Un éclat resta dans sa main, et elle s'en servit pour le presser contre la gorge de l'homme, à quelque centimètres au-dessus d'elle. L'effrontée profita de l'instant de flottement pour se retirer de son emprise -elle sentit le contact incandescent et visqueux de sa queue épaisse contre sa cuisse comme elle glissa à l'extérieur de sa chatte. Un soupir d'aise quitta ses lèvres. Délivrance. Elle avait agit d'une vitesse fulgurante -le seul moyen pour ne pas être aussitôt contrée.

" Ne bougez pas, et ne prononcez aucune formule " intima-t-elle d'un ton grondant, faisant pénétrer l'aspérité du verre dans son cou afin d'être plus persuasive.

Une goutte de sang perla de la plaie et glissa paresseusement le long de sa gorge. Lentement, l'Indocile se tourna sur le côté, s'allongeant sur le flanc pour mieux toiser son adversaire, qu'elle tenait en respect au bout de son tesson.
Sa main libre sinua alors vers ses testicules. S'étirant pour les atteindre, elle en effleura la peau toute hérissée de chair de poule, sans cesser de soutenir le regard du salopard. Le sien brûlait de rancune, farouche.

" C'est vous la petite salope, " murmura-t-elle d'une voix légèrement éraillée, tout en passant le nœud coulant autour de sa paire de couilles.

Elle le serra d'un coup sec, tirant sans vergogne sur le lacet de cuir pour compresser sa virilité. Prenant plaisir à reprendre les choses en main.

" Shht...- Maintenant que je vous tiens -un sourire franchement railleur s'épanouit au coin de sa ravissante bouche, concentrez-vous, nous allons jouer à un jeu. Je vais compter jusqu'à trois. A trois, la rune dans mon dos aura disparu. Si vous faîtes quoi que ce soit de déplaisant à la place, je vous fais très mal. "

Mélisandre souffla sèchement pour dégager son visage. Ses traits s'esquissaient sous l'apparence d'un masque de détermination inébranlable, et indéchiffrable. Oh, oui, elle connaissait les risques qu'elle encourait. Un esclave qui se retourne contre son maître était presque systématiquement exécuté. Mais la diablesse n'en était pas exactement une. Rien ne permettait de la reconnaître comme telle. Par ailleurs, le Grand Duc avait investi une somme si faramineuse qu'envisager cette solution revenait à tolérer le plus grossier des gaspillages.
Le plus urgent restait de ne pas s'éterniser. La sauvageonne restait très vulnérable à son contact, quand bien même qu'elle possédait quelques moyens d'intimidation. Elle n'oubliait pas à qui elle avait affaire.

" Un... deux... "

L'Indocile exerça une pression plus forte sur la cordelette de cuir, resserrant le nœud coulant pour appuyer sa position d'autorité.

" Trois. "
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mercredi 06 novembre 2013, 21:04:27
Mélisandre sonda le regard mordoré du Grand Duc. Les iris de la belle brillaient d'un éclat sauvage. Il pouvait sans doute y voir miroiter son propre reflet et contempler l'image de son visage, partagé entre l'attraction de l'instant et la profonde inimité que la démone suscitait chez lui. Ils se jaugèrent ainsi de longues secondes, captifs du magnétisme qu'ils dégageaient. Le tesson pénétra dans la chair du diable brun, comme pour le rappeler à la réalité. Mais il ne sembla pas s'en rendre compte, alors qu'il se penchait sur elle, pareil à une ombre menaçante, pour l'engloutir à nouveau. Toutefois l'Indocile avait d'autres projets. Elle n'était pas disposée à laisser le piège se refermer sur elle. Elle tourna l'éclat de verre dans la plaie pour fourrager à l'intérieur et garder le contrôle de la situation. Ficeler ses bourses fut ensuite un jeu d'enfant.
Comment pouvait-il continuer à fanfaronner après ça ? Le beau sourire crâneur de son petit seigneur lui fit se mordiller la lèvre, délicatement.

" Vous ne devriez pas trouver cela fascinant. Vous devriez penser à ce qui vous attend, parce que je tiens parole, " déclara la splendide diablesse, la bouche proche de celle de son opposant.

C'est vrai. Ils ressemblaient à deux fauves, dangereux et imprévisibles. La féline resserra son emprise sur sa virilité, tendant vigoureusement la cordelette. Elle sentait encore, entre ses cuisses, la consistance poisseuse du jus de leur jouissance.
Sa remarque la fit néanmoins sourire en douce. Un sourire subtil, et éphémère, qui fit étinceler ses prunelles. Elle approcha son visage de son oreille, pour susurrer :

" Il y a de ces femmes qui ne laissent jamais indifférent et qui suscitent des passions violentes. Elles ne sont pas de celles qu'on tient au bout d'une laisse. J'aimerais que vous le reteniez. "

Les lèvres la jeune femme effleurèrent son cou, avant d'entamer le décompte.
Elle s'incurva avec satisfaction en sentant la main puissante capituler et effacer la marque de son dos. Elle se rassasia de la chaleur de sa rage, nectar dont elle se délecta tout en contemplant ses traits qui planaient au-dessus d'elle. Chacun son tour. Enfin, elle pouvait se sentir à nouveau entière. Plus rien ne canalisait son pouvoir.

" Merci. "

Mélisandre laissa s'installer le début d'un silence en guise de réponse, tandis que ses lèvres s'étiraient en un doux sourire, roublard. Elle épongea la larme de sang qui traçait un sillon rouge sur la peau de l'éphèbe, d'une phalange tendre.
Il ne fallait pas qu'elle s'attarde. Elle sentait, dans chacun de ses membres, peser les retombées de ses extravagantes escapades. Elle était perclus de fatigue. Son petit seigneur ne l'avait pas ménagée non plus. Seul le brasier de sa détermination lui permettait de demeurer vaillante, face à son semblable.

" Ce soir, ce sera donnant-donnant. "

Sur ces paroles, la pression se relâcha.
Mélisandre défit lentement son emprise, logeant l'extrémité de la cordelette entre ses dents. Sa silhouette se modifia, parcourue de tressaillements, se réduisant en un clin d'oeil à une forme féline et noire. La minette aux yeux d'ambre effleura le menton de l'infernal du bout de la queue avant de sauter sur le plancher, emportant avec elle le lacet de cuir qui se raidit d'un coup sec, vibrant furieusement en s'étirant au maximum, exerçant une formidable pression sur le nœud-coulant. Ce dernier fini par rompre et la chatte fila ventre à terre, disparaissant hors de la chambre, en bonne vicelarde qu'elle était.



4 jours plus tard, dans une taverne sordide d'Ashnard.


La jeune femme s'inclina sur son verre, rempli à ras bord d'un lait brûlant. Elle souffla délicatement dessus, ridant sa surface lisse et immaculé, façonnant des volutes de fumée qui s'élevèrent jusqu'à son visage pour l'emmailloter. Ses pommettes se colorèrent, arborant des nuances plus chaudes, réchauffées par les émanations vaporeuses. Les nuits à Ashnard pouvaient s'avérer glaciales. Du reste, le feu qui flambait dans l'âtre parvenait à peine à maintenir une température acceptable dans la grande salle. Même les flammes qui crépitaient semblaient le faire en frissonnant. Mais ça ne justifiait pas la méprise du tenancier, car Mélisandre préférait boire son lait à peine tiède, ou bien à température ambiante, chose qu'elle avait pris soin de spécifier. A croire qu'il s'était davantage intéressé au contenu de son corsage qu'à celui de sa commande. Et comment lui en vouloir ? Sa taverne était si miteuse que peu importe l'endroit où l'on attardait le regard, sa misère sautait aux yeux, en même temps que sa décrépitude. Le gérant ne devait pas avoir souvent l'occasion d'observer quelque chose propice aux réjouissances dans son commerce. Alors, lorsqu'il avait matière à ravir ses mirettes, il le faisait, et sans vergogne. D'autant plus que le visage de sa mystérieuse cliente demeurait dans l'ombre de sa capuche, jetant sur ses traits des ténèbres opaques et inquiétantes. Pourtant, parmi tous les chalands présents, la fugitive ne faisait certainement pas partie des plus redoutables. Et c'était précisément la raison pour laquelle elle se risquait à fréquenter un lieu au moins aussi malsain que les habitués qui s'y rendaient.
A vrai dire, elle prospectait pour des mercenaires. Deux ou trois. Des types cupides, pour qui l'appel de l'or serait plus fort que celui de la boisson ou d'une couche douillette, assez stupides pour qu'elle soit en mesure de les manipuler, et suffisamment retors pour qu'ils lui soient utiles.

L'Indocile posa les coudes sur la table. Portant la choppe fumante à ses lèvres d'une main, elle pianotait sur le bois de l'autre, attentive aux sombres gaillards présents dans la salle. La plupart était disséminé sur les bancs. Un petit groupe s'était rassemblé près de l'âtre et conversait à voix haute. Leur échange était ponctué de brusques accès d'hilarité, gras et tapageurs, qui jetaient dans la salle une espèce de mauvaise humeur latente. Un des maraudeurs accoudé au comptoir faisait grincer ses maxillaires, ruminant son irritation.

" Eh l'dame. Ouais. "

Mélisandre leva les yeux sur le bougre qui l'accosta. Courtaud, de constitution trapue, à la face marbrée de petits vaisceaux sanguins éclatés, il sentait la vinasse et le purin. Il tanguait doucement sur ses deux jambes, deux choppes de bière à la main. Complètement saoul.

" Z'avez l'air d'quoi sous vo't c'puchon ? " grommela-t-il, bourru, en esquissant le geste de toucher le visage de la jolie brune.

Cette dernière saisit son poignet au vol, d'une poigne impérieuse, puis sourit dans l'ombre de sa capuche.

" Vous voulez voir ? " demanda-t-elle tout bas, enjôleuse.

Comme escompté, l'ivrogne se pencha dangereusement sur elle, saturant l'air d'alcool. Aussi leste qu'il était lent, engourdi par la boisson, elle rafla la anse de son propre verre pour éclabousser sa figure rubiconde de lait brûlant. L'ébouillanté trébucha en arrière, les paumes plaquées contre la brûlure de son visage, gémissant comme un agonisant aux pieds de la démone.

" AAAAAH LA PUTAIN ! "

Un silence de mort s'installa dans taverne. Et quelques regards dévièrent leur attention sur la porte, qui grinça à ce moment là, s'ouvrant sur l'imposante silhouette d'un homme. Le vent s'engouffra et sans même se retourner pour guetter le nouveau venu, Mélisandre frissonna, s'engonçant discrètement dans l'ombre de sa cape.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le jeudi 07 novembre 2013, 16:52:49
La porte s'ouvrit donc sur le silence consterné de la salle -seulement perturbé par les geignements de l'ivrogne. A l'extérieur, une bise glaciale conspuait contre la morne façade de la taverne. L'enseigne oscillait en produisant un son lugubre de ferraille mal huilée. La jeune anonyme faisait dos à l'entrée, appuyée contre le dossier de sa chaise, le regard portant loin. Comme quelques jours auparavant, elle se mit à dénombrer les secondes qui les séparaient. Les lourdes semelles retentirent sur le plancher en se rapprochant de sa table. De nombreux curieux suivaient l'avancée du mystérieux individu, mais pas Mélisandre, qui avait déjà jeté sa capitulation en pâture à l'inéluctable.
Le pas du grand mâle était mesuré. Il savait où il allait, et s'y rendait avec l'assurance d'un chasseur parvenu au bout de sa traque. A l'évidence, il avait su d'emblée où chercher. Elle ne décelait pas d'impatience dans sa démarche. Il était seul et serein. Signe qu'il savait parfaitement où et quand débusquer son gibier. Un sourire fleurit sur le visage de la brunette pour saluer son arrivée. Elle l'invita à s'asseoir, mais il avait déjà saisit le siège pour se l'approprier.
Elle se remit à pianoter sur la table, tout en le dévisageant, elle aussi, attendant qu'il engage la conversation.

" Me mettre des gens à dos ? "

Mélisandre détourna un instant le regard vers la masse gémissante, étendue par terre. Des deux chopes de bière qu'il tenait en l'abordant, une seule ne s'était pas renversée. Il semblerait que, dans sa chute, il a eu la curieuse présence d'esprit d'abandonner l'une d'elles sur le coin de la table. La donzelle referma les doigts sur la rescapée et la fit glisser vers son invité.

" Pas depuis la dernière fois que vous avez grimpé dessus. "

Un petit sarcasme pour la route. C'était gratuit. Maintenant qu'elle se retrouvait sous le feu du regard orangé, elle avait diablement envie de le défier. Sûrement pour démontrer à lui comme à elle-même qu'aucune chevauchée ne serait en mesure de dompter son tempérament. 
Elle fit signe au garçon de table qui s'avança pour prendre commande.

" Un verre de lait. Et s'il est encore bouillant un autre de tes clients en pâtira. Je le veux tiède. "

Elle en revint rapidement au démon, laissant au serveur le soin de traîner le soiffard par les épaules hors de la salle. Elle l'entendit pester tout bas mais ne releva pas, toute absorbée qu'elle était par la contemplation de son voisin. Doucement, le cordon de sa capuche se défit sous l'agilité de ses doigts, et glissa en arrière, laissant ses traits s'ébaucher au-dessus de la flamme vacillante d'une bougie. Ses prunelles scintillaient, à la manière d'un fauve qui convoitait quelque chose. Elle arborait toujours la balafre qu'il lui avait fait en travers du minois. L'estafilade avait déjà bien cicatrisé, et barrait discrètement la partie gauche de sa frimousse, de l'arcade à la joue en lui conférant un petit air revêche. La belle avait du employer ces quatre derniers jours à des affaires bien pressantes pour que des cernes si prononcées apparaissent sous son regard. 

" J'ai deux questions pour vous, Connor, " lâcha-t-elle, audacieuse.

Avec une nonchalance toute assumée, la féline s'étira sur sa chaise, faisant craquer l'articulation de sa nuque et de ses épaules. Elle semblait fourbue.

" Comment m'avez-vous retrouvée, et qu'est-ce que vous êtes venu chercher, exactement ? Au vu de notre dernier tête à tête, il me semblait pourtant clair que je ne voulais plus avoir affaire à vous. "

La fugitive adressa un signe de tête expéditif au garçon qui revint apporter la commande. Elle entoura son verre d'une main assurée, jaugeant la température. Tiède.
Une ruse narquoise crépitait au fond de son regard tandis qu'elle examinait son interlocuteur.   

" Je vous accorde mon mépris, en ce qui me concerne. Bientôt doublé de mon indifférence, si vous êtes incapable d'apporter une réponse satisfaisante à mes questions. "

L'Indocile, fidèle à elle-même, paraissait se moquer des répercussions de son comportement, lequel s'annonçait résolument souverain. Mettre à rude épreuve la patience de Stephen était une de ses activités favorites du moment. Du reste, elle n'était pas l'esclave de ses volontés, et comptait bien le lui prouver. Il risquait d'être foutrement déçu, s'il escomptait réclamer le dévouement servile de la diablesse. Elle préférait mettre les choses au clair avant d'aller plus loin.
Elle leva le verre jusqu'à ses lèvres et sirota sa boisson, sans quitter des yeux le beau diable. 
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le vendredi 08 novembre 2013, 23:13:21
La démone pencha la tête de côté, circonspecte, quittant un moment le regard de son invité pour scruter le contenu de sa gibecière. Ses prunelles se rétrécirent, signe de sa défiance, au vu de son contenu. Le cuir crissa souplement lorsqu'il enfila les gants, avec un soin tout étudié. Ils moulaient admirablement chacune de ses phalanges. Quand les avait-il choisis ? Après sa fugue ? Belle paire, Mister Connor. Pour sa part Mélisandre manipulait son verre, affectant un air détaché.

" Il faudra que vous me disiez quel est votre genre de femme, au juste, que je puisse m'appliquer à ne pas y ressembler. "

L'impudente décocha l'ombre d'un sourire, derrière lequel elle maquilla les prémisses de son trouble. Le Grand Duc s'était forgé un masque impénétrable, parfaitement indéchiffrable, lisse et abscons. Il était en train de se composer un personnage. Un personnage hermétique au sien, étanche aux émotions. Car les émotions poussaient à la faute, et cette fois, il ne voulait en commettre aucune. Son intention était claire : il ne lui laisserait pas avoir de prise sur lui. Cette nouvelle stratégie piqua au vif la curiosité de la féline. Toutefois, en considérant à nouveau ses paroles et le manège de ses mains, elle dû bien reconnaître que sa curiosité s'avérait métissée d'une certaine réserve, prudente. Elle n'aima pas non plus la manière dont il dédaigna sa chope. Il se méfiait d'elle, et calculait ses manœuvres. 
La réponse, à sa première question, la laissa sur sa faim. Sa moue réticente laissait clairement transparaître qu'elle n'était pas convaincue. Elle avait pris des précautions. Un chat ne se fait pas aussi facilement prendre en filature. Du reste... si elle s'était fait surveiller durant tout ce temps, alors, il faudrait envisager la possibilité que Stephen soit au courant de ses manigances. Auquel cas...

La belle pourlécha doucement ses lèvres, songeuse. Elle l'aurait imaginé fou de rage, dans un pareil cas de figure. Ou bien, justement, la rage aurait pu faire place à un sentiment beaucoup plus insidieux, la haine, laquelle aurait pu justifier l'attitude du beau brun, là, maintenant, tandis qu'ils se jaugeaient, et qu'il demeurait froid. Elle l'évalua, de longues secondes, tout en réprimant un frisson. Elle ne parvenait pas à le lire. C'était déstabilisant. Et effrayant.
Elle baissa les yeux sur son verre, l'esprit vagabond, noyant ses réflexions dans la contemplation du lait, immobile et figé, comme l'expression de son visage. Fuir serait inutile.

" Mh mh. Ce qui veut dire, en d'autres termes, que plus personne n'est en mesure de prouver ou de justifier votre acquisition, ce jour là. Vous avez éliminé tous les témoins de l'échange, et il n'existe aucune preuve tangible. Je ne suis donc officiellement pas votre propriété. C'est brillant. Merci. "

Cette fois, elle opta pour le petit sourire persifleur en guise de façade. Pourtant, elle n'en menait pas large. Que voulait-il lui faire comprendre, exactement ? Seulement fanfaronner ? L'intimider ? Elle mettait le doigt sur la faille de sa démarche cependant, espérant lui soutirer une réaction.
Il prit une lampée de sa commande, désinvolte. Le cuir accompagnait ses mains, qui se crispaient puis s'étiraient en émettant un son caractéristique, faisant tiquer l'Indocile. La menace était toute calculée. Il avait décidé de la faire planer sur leur échange, tacite, embusquée au creux de ses paumes, depuis le début. Il voulait qu'elle l'appréhende en la prenant dans sa ligne de compte. Son stratagème était simple, mais efficace. Mélisandre pour sa part n'était pas une idiote. Il était venu revendiquer ce qui, selon lui, lui revenait de droit. Et il s'y prenait de la plus sournoise des façons.
La diablesse eut un petit hochement de tête entendu, passant la langue sur la rangée de ses incisives. Le message du beau diable était passé. Une partie d'elle-même était fière de le lui avoir inspiré, tandis qu'une autre se débattait, aux prises avec la voix de sa raison : elle devait abdiquer dans l'instant, si elle ne voulait pas définitivement perdre le contrôle de la situation. En clair, les petites manœuvres du fourbe influaient directement sur le comportement de la donzelle, laquelle n'en avait que trop conscience. Elle se mordit férocement la lèvre, comme il ne prenait même plus la peine de grimer ses intentions. Son bas-ventre se crispa. En gros, il lui proposait nonchalamment l'humiliation publique ou la reddition. L'enfoiré lui fit sciemment opter pour la seconde option.

La sulfureuse démone avala son lait d'une traite, avant de frapper le verre sur la table, de méchante humeur. Sans un mot, elle se leva et sortit, escortée de son insupportable petit seigneur. Le froid nocturne l'agressa aussitôt, pas assez néanmoins pour refroidir la brûlure de son exaspération. Elle s'emmitoufla à l'intérieur de sa cape. Quelques enjambées suffirent pour atteindre l'étable, rustique mais réchauffée par la présence des bestiaux. Une collection de chandelles éclairaient les cloisons en placardant les ombres vacillantes des cochons et des bœufs sur le lambris.   

" Fermez les portes, derrière, on gèle, " lança-t-elle en reniflant, les joues glacées et roses.

Elle s'était déjà détournée de lui pour approcher de la stalle, ou une belle jument grise fourrageait dans le foin. Elle l'avait louée pour la nuit, soucieuse d'offrir un peu de confort à sa monture alors que les températures à l'extérieur avoisinaient zéro. Des chevalets et de lourds tréteaux de bois servaient à soutenir le matériel de labours et occupaient la plupart de l'espace.
Mélisandre s'accouda au box, ses prunelles sombres rivées sur la pouliche. Il faudrait qu'elle lui trouve un nom. Passant négligemment la main dans ses cheveux pour les discipliner, après avoir enlevé sa capuche, elle prit la parole, faisant dos à son interlocuteur :

" Qu'ai-je en échange, si je vous suis jusqu'à Nexus ? Je ne veux pas devenir une esclave. "

Pas même la vôtre.
L'effrontée pivota, de façon à toiser le séduisant mâle, donnant l'illusion d'une assurance inébranlable.

" Levez la main sur moi et vous me fortifierez dans mes convictions, " acheva-t-elle, farouche, tandis que son regard dérivait inexorablement sur ses mains, gantées. 
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le samedi 09 novembre 2013, 18:05:39
Mélisandre évalua le moelleux de l'écharpe, jetée en travers de ses épaules. Elle l'effleura sur la longueur, du bout des doigts, estimant sa valeur. Ecailles de dragon. Elle même n'était que chichement vêtue (http://img11.hostingpics.net/pics/719234ml1.jpg) d'un corset de cuir et d'un pantalon de toile, avec des bottes lacées qui remontaient jusqu'au dessous du genoux. Une cape ample parachevait le tout, censée garantir son anonymat, qui n'avait d'ailleurs plus vraiment lieu d'être, maintenant que son petit seigneur l'avait retrouvée. La jeune femme savait apprécier le raffinement du luxe à sa juste valeur. Elle prisait le faste, l'éclat splendide de l'apparat, et se complaisait d'habitude à habiller ses courbes d'étoffes somptueuses, rivalisant de superbe et d'ostentation. D'ordinaire, elle exaltait sa féminité pour être ce fruit défendu, convoité et admiré, désiré, sans pour autant se laisser cueillir.   
Elle caressa l'écharpe, inestimable, d'un geste nostalgique, avant de lever les yeux sur l'infernal. Il tâtait sa barbe d'une main gantée.

" Vous seriez surpris de savoir ce que je peux faire ou ne pas faire à Ashnard, " répliqua-t-elle d'un ton de défi.

Elle s'écarta de la stalle, venant se poster au milieu de la petite allée, tout en conservant une distance raisonnable avec le grand mâle. Elle donnait l'impression d'être pleine de hardiesse, dressée face à lui comme l'irréductible petit bout de femme qu'elle était. Il ne s'était pas encore hasardé à se rapprocher d'elle. Ce détail fit éclore un sourire intérieur en elle. Le lion se méfiait de la lionne, et il se montrait prudent, quand bien même que sa force surpasse de loin la sienne. Le contraire eut été une erreur navrante.   
L'Indocile redressa doucement le menton, pétrie de fierté, alors que ses iris se rétrécissaient en reconnaissant la tonalité du cuir, moulant son poing. Elle aurait voulu paraître plus intimidante. Au moins autant que Stephen. Mais force était de constater qu'elle ne disposait pas des mêmes arguments. Qu'importe. Elle ne reculerait pas. La remarque du beau diable lui soutira un sourcillement brocardeur.

" Vous êtes bien présomptueux, pour pouvoir prétendre être ce mâle. " 

La diablesse sursauta en entendant la cloison trembler sous sa main. La pression venait de monter d'un cran. Elle ferma les yeux, pour contenir son trouble, inspirant discrètement. La grise avait relevé la tête dans son box, et tournait en rond, nerveuse. Elle refusa de les rouvrir. De toute manière, la brunette devinait sa présence. Elle sentait qu'il se rapprochait, à pas de loup. Fuir n'était pas envisageable. Elle pouvait affronter. Ou rendre les armes. Inconsciemment, et toujours sans voir Stephen, la belle humecta ses lèvres en même temps que lui, bercée par les paroles, traîtresses, lourdes de promesses charnelles. Sa dernière phrase lui fit l'effet d'un petit électrochoc cependant.
Mélisandre rouvrit brutalement les yeux, les pupilles dilatées comme une chatte à l'affût, excitée par un quelconque appât. Elle annihila la distance qui les séparait encore et présenta son visage ombrageux au Grand Duc, tandis que son cœur palpitait sur un rythme effréné, dans sa poitrine. Elle récupéra l'écharpe pour la lui passer doucement autour du cou, afin de s'en servir comme d'un collier, qu'elle tira sèchement vers le bas, à sa hauteur, pour murmurer : 

" Mettez-moi des liens, et je promets de vous étrangler avec, jusqu'à ce vous n'ayez plus qu'un seul choix : les rompre. "

Sans relâcher sa prise, elle dégaina un couteau, jusque-là logé contre sa hanche. La lame était émoussée. Elle le présenta au démon supérieur par le manche, appuyé d'un regard sombre.

" Prenez-le, je ne veux pas être tentée de l'utiliser contre vous," se contenta-t-elle de dire, avant de laisser l'écharpe lui glisser entre les doigts, dénouant son emprise.

Elle déglutit, en douce. C'était la première fois, en quatre jours, qu'elle respirait son parfum. Sans céder aux exigences de ses instincts qui lui hurlaient de battre en retraite, Mélisandre poursuivit :

" J'accepte de vous suivre jusqu'à Nexus. J'emmène ma jument, avec moi. Mais si l'audace vous prend de me toucher sans que je ne vous y ai expressément invité, je vous ferais goûter à un enfer que vous n'avez jamais encore connu auparavant. Le mien. Que je vous infligerais. Vu ? "

Elle ponctua ses dernières imprécations d'un index véhément, pressé contre le torse musculeux de son interlocuteur, les yeux plissés.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mardi 12 novembre 2013, 01:59:52
Stephen avait probablement dû faire appel à toute la force de sa volonté pour tempérer l'intensité de sa colère. Il emprisonna sèchement le poignet de l'impudente, en faisant naître un élancement désagréable dans son articulation. Oh oui, elle percevait la ferveur sa rage, et si elle plongeait son regard dans le sien avec tant d'intrépidité, c'était bien pour la traquer dans les moindres recoins de sa conscience.

" Je n'ai pas peur... " contesta-t-elle en approchant son visage du sien, tandis que lui tentait d'édifier les bases de son autorité, à travers de vaines paroles.

Comme s'il savait par avance que les mots ne guériraient pas la belle de sa propension à le défier, il la prit de court en la courbant sur l'un des chevalets. Brutalement pliée en avant sur le support de bois, Mélisandre mit quelques secondes à retrouver son souffle. Ses mains cherchèrent instinctivement un appui pour se redresser, mais l'emprise du démon était bien trop ferme. Même pour un membre de la caste infernale, sa force demeurait phénoménale. Elle ne parvint qu'à émettre un grondement sourd en guise de protestation, alors que son ventre compressé épousait la courbure raide du lourd tréteau. Son intuition lui fit deviner les intentions du puissant mâle avant même que ce dernier ne glisse les doigts sous les coutures de son pantalon.

" HEY ! grogna la diablesse en lui jetant un regard massacrant. Connor, je vous interdis de seulement l'envisager ! NON ! "

Serrer les cuisses ne l'empêcha pas davantage d'exhiber le galbe incomparable de sa croupe. Plutôt que de s'étouffer en invectives indignées, consciente que ça n'arrangerait rien à la situation, la démone leva les yeux au ciel, excédée par l'attitude du beau diable. Il lui restait encore le fin tissu de sa lingerie, au moins. Une simple culotte de coton. Elle se prit à remercier le ciel pour avoir pensé à en enfiler une, au matin. Mélisandre jura en douce en l'entendant énoncer la sentence, gigotant malgré elle pour tenter d'échapper à la pression impitoyable de sa main, contre son dos. Un frisson la secoua, provoqué à la fois par le verdict et la caresse qu'elle sentit le long de son échine.     
 
" Ca vous amuse, peut-être ? Je ne suis plus une vulgaire gamine qu'on punit en lui administrant une fessée, " lâcha-t-elle, acerbe, tandis que son regard s'assombrissait.

Elle rangea sèchement une mèche derrière son oreille. Elle n'avait qu'une hâte : que la leçon prenne fin au plus vite. Aussi se contraignit-elle à apprivoiser la perspective d'être réprimandée par la sévérité de ses mains. Elle n'avait aucun moyen d'y mettre un terme. Au moins pouvait-elle espérer écourter la correction en demeurant stoïque. Sa nervosité grandissait, cependant. La première claque ne semblait pas décidée à survenir. Un fourmillement torride, au creux de son ventre, l'indisposait. D'abord insoupçonnable, la sensation s'intensifiait, au fil des secondes. C'est alors qu'un claquement sec retentit, la faisant se figer -même le flux du temps avait paru se suspendre, le temps qu'elle interprète ce qui venait de se dérouler : Stephen avait ôté sa ceinture, et l'extrémité de celle-ci l'avait titillée. Cette fois, l'Indocile pâlit. Elle ne se hasarda pas à lorgner la menace qui planait, juste derrière. Ses doigts agrippèrent le rebord du chevalet, et ses lèvres se pincèrent. Son bourreau crut bon d'éprouver sa ténacité en faisant courir la lanière de cuir sur son cul. La bouche de Mélisandre devint sèche et le fil de ses pensées s'embrouilla.       

" Non, " riposta-t-elle simplement.

Tous ses muscles se raidirent. En considérant la force herculéenne que son petit seigneur était capable de déployer, il tenait là l'opportunité de lui faire très mal. Mais l'effrontée s'obstinait. Allons bon, il n'a même pas encore commencé, tu ne vas pas déjà céder ?! La ceinture quitta les rondeurs de sa croupe et elle vit l'ombre de son bras se lever, au-dessus d'elle, menaçante et offensive. Elle encaissa en sursautant, mais sans lâcher le moindre son. Sa fierté le lui interdisait. Il n'avait pas frappé si fort que ça. En fait, au vu de ce qu'il pouvait faire, il s'était même montré plutôt indulgent. Néanmoins le foyer de la douleur était bel et bien présent, sur ses fesses, et elle ne doutait pas qu'une empreinte rouge et cuisante s'y épanouissait désormais.

" NON ! " répéta-t-elle en écho, dents serrées.

Hmf. Cette fois un glapissement avait failli lui échapper. Elle s'était empressée de le ravaler avant qu'il n'éclose, au bord de ses lèvres. Ses poings s'étaient serrés plus forts, sur le bois, au point d'en faire blanchir ses phalanges. La secousse de l'impact s'était répercutée jusqu'entre ses cuisses, et une délicieuse vibration avait fait se crisper son bas-ventre. Mélisandre redressa la tête en déglutissant. Elle se cambra, pantelante, en sentant l'implacable main s'insinuer entre ses jambes, pourtant fermées. Le fond de sa culotte était tapissé de mouille. La caresse du cuir n'apaisait pas la brûlure de son cul. Elle la devinait, plus qu'elle n'en jouissait, à travers le coton de sa lingerie.
Il l'humiliait encore. La diablesse banda chacun de ses muscles pour absorber la souffrance de la troisième volée, laquelle se propagea malgré tout, tout en lui soutirant le début d'un gémissement.

" mphf..-..a..h.. "

Son cœur s'affolait. Comme ses sens.

" ARRETEZ! " réclama-t-elle d'une voix rauque, où vibrait une rage à peine contenue. 
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le vendredi 15 novembre 2013, 22:39:53
Pas de l'humiliation ? Alors pourquoi était-elle si vibrante de colère ? La belle se focalisa sur la vision de ses poings fermés sur la terrible sensation de sa fragile impuissance. Elle se sentait désarmée et dégradée. Le goût de son amertume se dulcifia néanmoins au contact réconfortant du revers de sa main sur l'irritation de ses fesses. Mélisandre frémit, passant la langue sur la sécheresse de ses lèvres. Il avait une voix douce, lorsqu'il n'était pas en colère. Mais le contenu de ses paroles l'était beaucoup moins.

" Connor, s'il-vous-plaît... " prononça-t-elle malgré la crispation de ses maxillaires. 

Il s'agissait moins d'une supplication que d'une réclamation. Vaine de toute évidence, car de nouveau, la ceinture siffla, et la féline contint encore la complainte de sa peine. Son corps s'était rigidifié, tendu sous la menace du cuir. Elle lui jeta une œillade sombre. Qu'attendait-il d'elle ? Il l'effleura, puis ses doigts s'égarèrent vers des latitudes plus tropicales. Chaudes et moites. Elle ferma les yeux. Peut-être pour échapper à cet instant absurde et ridicule où son corps clamait haut et fort sa traîtrise. 

" Je ne crierai pas. "

Elle s'était obligée à le dire d'une voix égale. Comme si tout ce manège ne l'atteignait pas, et qu'il s'agissait d'une assertion. Ses prunelles noires le dévisageaient par-dessus son épaule, tandis qu'il la maintenait toujours cambrée sur le chevalet. Voir la sangle quitter sa paume fut un vrai soulagement -indécelable sur ses traits cependant. Ses pupilles se dilatèrent, fascinées qu'elles étaient par le geste de ses dents, pinçant le cuir du gant pour progressivement dénuder sa main. Mais son hypnose prit brutalement fin lorsque qu'il claqua sèchement des doigts. Ses membres devinrent aussitôt aussi lourds et encombrants qu'un fardeau de plusieurs tonnes, lestés par la magie du démon, dont les pouvoirs vinrent à bout de sa résistance, dans un mouvement aussi enfantin et futile qu'un claquement de doigt . Incapable de bouger, la jeune femme demeura voûtée en avant, les jambes légèrement écartées, complètement à la merci de l'homme. Chose qui la révulsait. Son petit seigneur se trouvait au sommet de la hiérarchie infernale et il jouissait du fait qu'elle se trouve au bas de l'échelle.

" Lâche, " prononça-t-elle sans chercher à diminuer le fiel de son mépris.

Pourtant il n'y avait pas de règles qui régissaient leur petit jeu. Mais elle le honnissait et il fallait qu'il le sache. Elle le ne le lâcha pas du regard, supportant la force de son dédain même quand sa culotte glissa sur ses chevilles. Son front se plissa et sa bouche se tordit en sentant ses phalanges s'aventurer entre ses cuisses. Elle les macula de mouille. La honte ne pouvait toutefois pas supplanter son besoin impérieux de révolte. Surtout à l'écoute de ses dires.

" La petite chienne a tenu vos petites couilles en laisse, " crût-elle bon de rappeler.

Mélisandre le vit brutalement disparaître entre ses jambes, et un frisson enfiévré la parcouru.

" Aaa..a.a.h... "

Elle sentit son souffle, avant sa langue. Son dos se creusa en dessinant une délicieuse courbe concave, mettant en valeur sa croupe, honorée de quelques belles marques rouges. Une salve de cyprine goutta de ses lèvres intimes, gorgés d'un désir luisant. Stephen la récolta, avec sa bouche. La diablesse rejeta alors la tête en arrière pour respirer plus fort, visitée par des soubresauts incompressibles, tandis qu'il la lapait avec l'avidité passionnée d'un amant. 

" Oo..oh... Mmmh... ! "

Un soupir brûlant quitta ses lèvres entrouvertes. Sa petite fleur secrète s'ouvrait en exposant son délicat pistil. Ses corolles s'évasèrent sous les coups de langue, réclamant l'orgasme. Les jambes de Mélisandre tremblaient doucement. Elle allait venir. Il n'y avait pas d'autres alternatives à ce traitement divin. La démone ne parvint pas à réprimer l'ondoiement de son corps apprivoisé, qui encourageait et accompagnait ses lampées. Il fallait qu'il l'achève, qu'il amène son plaisir à ce paroxysme éprouvant et ultime qu'était la jouissance, qu'il continue à déguster l'humidité torride de sa petite chatte, jusqu'à ce qu'elle propulse en elle un séisme extatique, et sans retour. Il fallait qu'il la fasse jouir ! MAINTENANT !

" Mm-.aaah... mm.. m. mmm... "

Les portes de la jouissance ne s'ouvrirent pas cependant. Condamnée à camper devant, la fébrile créature lança un regard éperdu à Stephen, lequel avait quitté son poste, sans lui accorder le moindre orgasme. Un baiser et le pincement de ses dents sur son cul ne suffirent pas à atténuer l'intensité de sa frustration. Ils y contribuèrent plutôt. Son sexe ruisselait. Elle avait chaud. Son cœur battait la chamade. BON SANG. Le regarde de l'Indocile flamboyait. Il la gratifia d'une petite claque, sur la croupe, et elle grogna. Elle accueillit toutefois ses caresses en continuant à onduler doucement sous sa main, frémissante. Comprenant parfaitement où il voulait en venir désormais, Mélisandre plia les bras pour laisser reposer sa tête contre le tréteau, le visage tourné vers son persécuteur. Elle l'épiait, à travers l'enchevêtrement inextricable de sa crinière, tout en rassemblant ses esprits, intimant à son corps et à ses sens excités un retour au calme, s'immobilisant bientôt sous ses cajoleries. Elle pondérait ses instincts et étouffait l'incendie de son désir, même si les picotements de son cul puni et le grouillement incandescent dans son ventre ne semblaient pas vouloir s'apaiser. L'exercice s'avérait pénible. Mais sa volonté l'y aida. Elle ne lui concéderait pas la victoire.

" C'est inutile. Je ne dirai rien de tel. En revanche, je promets d'être sage durant notre voyage jusqu'à Nexus, si vous me libérez dès à présent. "

L'Indocile se lécha à nouveau les lèvres. Son regard était pénétrant, et crépitait toujours.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le samedi 16 novembre 2013, 17:40:18
Oh oui, elle percevait l'aura puissante et dominatrice de Stephen. Elle pesait sur elle, inquiétante et troublante, comme le linceul où devait reposer sa rédemption. Une rédemption d'esclave à maître. Mais il y avait, au-delà du simple vœux de domination, l'empreinte d'une tendresse assumée mais sévère, propre à l'homme qui chérit et honore son rôle de figure d'autorité. Stephen ne cherchait plus à la briser. Seulement à l'apprivoiser, de la manière la plus appropriée, et la plus avisée. Toutefois l'Indocile ne semblait toujours pas disposée à l'être, et à l'exemple d'un petit fauve sauvage, rechignait à ne serait-ce qu'admettre qu'elle était à sa place, là, entre ses mains, à la portée de sa tutelle et de son éducation rigoureuse.
Vilaine jeune fille ?

" Je le serai encore ! " grogna-t-elle, impulsive, en une réaction de révolte épidermique, qui prévalait manifestement sur son bon sens.

Car ce n'était assurément pas ainsi qu'elle résolverait la situation, ni qu'elle convaincrait Connor d'être indulgent, avec son petit cul, ou de mettre un terme à la correction. Elle se sentait quand même assez hardie pour le provoquer encore. Sa frustration contribuait à la rendre irascible. 
La belle se mordit férocement la lèvre tout en prenant une légère inspiration, émoustillée. Le beau diable pressait son érection contre son entrejambe, imbibant généreusement l'étoffe de son pantalon de cyprine. La croupe de la diablesse se redressa admirablement, comme son dos se creusait, pour frotter instinctivement sa petite chatte contre la protubérance brûlante de sa verge, prisonnière des vêtements. Comment faire autrement et négliger la tentation ? Son corps était trop éprouvé par les prémisses de sa jouissance injustement refoulée et son esprit trop grisé pour la combattre. Si seulement elle n'était pas si fière, si pétrie de vanité, si farouche, elle pourrait... -

" Aaaah..-... "

Mélisandre gémit. Malgré elle. Malgré la force de ses convictions. Il avait fermement empoigné sa crinière, et elle s'était cambrée davantage, tout en dardant l'abîme de ses prunelles dans les siennes. D'abord elle avait senti sa main, contre sa hanche, possessive et virile, avant de vibrer, tout contre l'extrémité de son chibre, qui venait d'entamer une poussée, entre ses chairs, ivres de désir, l'emplissant d'espoir. Soulage-moi ! Tout en elle rugissait son envie d'être comblée à présent. De sa peau, hérissée de frissons enflammés, aux tremblements de ses membres, et de l'ondulation sensuelle de son bassin. La démone le dévorait d'un regard ardent, teinté de bravade, qui réclamait qu'il la prenne, sans attendre, de toute la longueur de son mandrin, et qu'il force l'entrée de ses lèvres pour revendiquer l'orgasme qui languissait à l'intérieur d'elle-même. A la place de quoi, il se retira, pour laisser place à une cruelle désillusion. Elle le suivit des yeux, porteurs explicites de son blâme, sans prononcer une seule parole. Sa frustration était à la mesure de son amertume, si virulents qu'ils la bâillonnaient, et la contraignaient à un silence des plus évocateurs.   

L'impudente frémit au contact de ses doigts. Maigre consolation, laquelle n'en était pas vraiment une, d'ailleurs, car elle s'apparentait davantage à une prolongation de son petit jeu, pervers et diabolique. La poigne de Stephen asservit son cou, étouffant ses velléités de rébellion, asseyant de manière suggestive son ascendance, sur elle et son petit corps tourmenté. Mélisandre n'opposa pas de résistance, assaillie par des vagues torrides d'un plaisir ineffable, comme l'expertise de son doigté assiégeait l'embonpoint de son petit bouton d'amour, gonflé de bien-être. Mais elle n'était pas dupe, et si elle se faisait gémissante, et gigoteuse, elle savait qu'il ne lui permettrait pas de jouir. Parce que tu es une vilaine fille. 

Plutôt que de braquer sa déception sur son membre turgescent, fièrement pointé vers elle, l'Indocile continua à dévisager Stephen, avec toute l'outrecuidance possible dans un tel contexte. Encore une fois, et sans surprise -mais toujours avec regret, il l'abandonna aux portes du septième ciel. Elle se sentie aussi lésée que la première fois. Il dû surement le lire sur son visage, car il la consola d'un long baiser, lascif et doux, qui soutira un frisson enfiévré à la jeune femme et se répercuta jusqu'entre ses cuisses. Elle offrit sa joue, à la caresse de sa main, d'une façon trop spontanée pour que ce soit clairement volontaire. Et ce geste lui délia la langue :

" Mmmh... Je m'en contente et m'en accommode à merveille, " lança-t-elle, le souffle légèrement court, avec une désinvolture étudiée, tout en s'empressant de se redresser, une fois affranchie de l'emprise de son sortilège.

Hélas la belle ne mentait pas toujours avec la même habilité et cette fois, le mensonge était grossier. Facile à déceler. Il suffisait d'inspirer et de renifler le parfum capiteux de sa frustration, pour mesurer l'étendue de sa contrariété.
La jeune effrontée passa la main sur son douloureux fessier, et sans oser y risquer un regard, remonta vivement sa culotte et son pantalon, froissés sur ses chevilles, tout en affichant un air de circonstance, relativement renfrogné. Le tissu adhérait à ses cuisses halitueuses d'une manière tout à fait désagréable, mais elle n'émit aucune plainte, se contentant de contourner son petit seigneur pour rentrer dans la stalle de sa jument. Elle rafla bride et selle, et se dépêcha de la préparer, avant de glisser son pied dans l'étrier et de monter dessus. Comme à son habitude, la grisette renâcla un instant, puis céda finalement aux ordres de sa cavalière. Cette dernière accompagna le pas de sa monture avec son bassin, s'arrêtant devant Stephen pour le toiser de haut. Il y avait, dans la manière de monter de la belle, quelque chose qui n'était pas naturel cependant. Au lieu d'être fluides et réguliers, ses déhanchés semblaient raides. Les frottements de la selle sur son périnée lui soutiraient des trépidations incontrôlables. En fait, à chaque fois que son canasson se mettait en branle, le mouvement de balancier stimulait insidieusement sa petite chatte. Mélisandre se mordilla la lèvre et crispa sa main sur son bas-ventre, tout en s'efforçant d'avoir une allure naturelle.   

" Et bien ? Où est votre cheval ? " questionna-t-elle, hautaine.
Titre: Re : Outrage et jouissance [Steph']
Posté par: Mélisandre Cairn le mercredi 20 novembre 2013, 00:45:46
Une pensée réconfortait en effet l'Indocile, car si elle se voyait ainsi privée du délice sensuel de la jouissance, son admirable amant s'en trouvait également dépossédé. Mélisandre le dépassa sans daigner lui accorder un regard. Cependant sa main frôla celle de son petit seigneur, occupée à entretenir son érection. La féline perçut l'incandescence de son désir, à travers l'étoffe et la chair, si bien qu'un léger spasme tourmenta à nouveau l'écrin intime de son sexe. Se doutait-il seulement, qu'à cet instant, ses chastes résolutions ne tenaient qu'à un fil ?

" Oui, je mens, admit-elle doucement, tandis qu'une flamme concupiscente embrasait encore le fond de ses prunelles. Et maintenant que vous le savez, j'espère sincèrement que vous y penserez tout le trajet durant. "

La belle s'était ensuite concentrée sur la tâche simple et rébarbative de panser et seller sa jument, afin de distraire à la fois son corps et son esprit. En s'approchant du Duc, montée sur sa grise, elle l'avait longuement jaugé. Sa volonté opiniâtre s'était forgée au cœur d'un matériau trop solide pour se tordre sous l'influence de ses petites insinuations grivoises, même si par ailleurs, elle devait faire preuve d'une retenue exemplaire pour ne pas laisser transparaître son trouble. 

" J'ai dit que je serai sage, Connor. Pas que j'allais biberonner votre verge. "

Elle lui adressa un simple sourire, discrètement effacé par la lancinante sensation de ses fesses colorées, frottant contre la toile de son pantalon. Le beau diable aurait pu se montrer bien plus rude dans le châtiment administré. Mais il l'avait relativement épargnée, et ça, elle le prenait dans sa ligne de compte. Aussi n'émit-elle qu'un bref soupir lorsqu'il enfourcha à son tour son cheval. Ce dernier s'ébroua sèchement, raclant la terre battue de l'étable d'un antérieur agacé. Sa cavalière contint sa nervosité, ferme dans ses mains et la pression de ses jambes. La route va être longue.

Son épiderme frémit en reconnaissait le contact de Stephen, contre les rênes, et le dos de sa main. La démone inspira. Il cherchait constamment le contrôle. Ce contrôle qu'elle rechignait tant à lui remettre. Quand est-ce qu'il consentirait à la laisser partir ? Avait-il au moins envisagé la chose ? Elle percevait sa présence, masculine et autoritaire, derrière elle. Elle aurait pu s'avérer réconfortante, si Mélisandre n'avait pas été si intimement convaincue que le nobliau lui réservait quelques mauvaises surprises encore. Cette pensée lui soutira un sourire fugitif. A vrai dire la diablesse n'était pas en reste non plus. Leur bras de fer était loin d'être terminé. Néanmoins elle tiendrait parole, et les deux infernaux chevaucheraient de concert jusqu'à Nexus.

" Mmmh... "

Le baiser abandonné sur son cou électrisa l'Indocile, laquelle perçut un fourmillement caractéristique sur sa peau, qu'elle confondit pourtant avec les frissons de son émoi, irrépressibles. Ses talons heurtèrent les flancs de la pouliche avec empressement. Se penchant en avant, la belle ouvrit les portes, et la petite troupe fut accueillie par une bise glaciale, à l'extérieur. Inconsciemment, le dos de la jeune femme épousa la musculature de Stephen pour y rechercher un peu de chaleur. Le duo s'enfonça ensuite dans la nuit Ashnardienne, qui les engloutis, laissant derrière eux l'outrage d'une jouissance à peine consommée, toujours suspendue à l'orgueil des deux fauves.